Les cabanes de vigneron

Petit patrimoine rural de Virac

Les cabanes de vigneron


Une dizaine de cabanes de vigneron parsèment de leur silhouette le plateau Viracois. Aujourd’hui point de repaire pour le promeneur, autrefois elles ont joué un rôle important dans le travail : de la vigne , agricole et pastorale. Sûrement plus nombreuses au siècle dernier, beaucoup ont dû disparaître lors du remembrement ou agrandissement de parcelles. Présentes en France dans 51 départements situés dans les deux tiers sud, surtout dans les régions vinicoles. Témoins des temps passés, elles méritent que l’on s’intéresse à ce petit patrimoine rural.

La majorité de ces constructions ont dû être construites au cours du XIXème siècle. Leur datation est assez difficile car il ne subsiste que peu de traces sur le cadastre et les actes notariés. Après la révolution, les paysans ont pu acquérir leurs propres terres provenant des grands domaines nobiliaires. Avec l’arrivée de la charrue, travaillant plus profondément, soulevant de plus en plus de pierres calcaires, ne sachant qu’en faire, ils construirent murs et cabanes.

Une architecture rurale sans architecte, toute simple, sans prétention surtout dans le gaillacois. Un peu plus élaborée chez nos voisins du Quercy ou de forme cylindrique avec encorbellement incliné vers l’extérieur ou voûte clavée formant le toit. Toujours réalisée avec des pierres trouvées lors d’épierrements des vignes ou champs alentour, empilées judicieusement et sans mortier. Parfois en pierre de taille pour les plus riches. Les plus petites ne comportent qu’une seule pièce, les ouvertures orientées au sud ou à l’est, d’autres possèdent un étage pouvant servir de grenier et parfois une cheminée qui permettait de faire du feu pour se réchauffer en hiver lors de la taille des vignes. Souvent construite au pied d’un arbre pour profiter de l’ombre en été. On y trouvait parfois une cuve à eau pour recueillir l’eau de pluie pour sa consommation personnelle et les soins de la vigne. Les murs sont couverts de stigmates de sulfate de cuivre.

Construites avec beaucoup de soins, véritable résidences secondaires, elles étaient nécessaire au travail du vigneron, lien entre ce dernier et sa vigne. Elles servaient au stockage des outils, d’abri aux travailleurs appelés en renfort notamment lors des vendanges. Ces derniers étaient parfois nombreux à se retrouver dans la cabane après une dure journée de labeur. De véritables fêtes s’organisaient où l’on buvait et dansait sur une piste improvisée. Parfois les enfants accompagnaient leurs parents, et la cabane devenait alors leur terrain de jeux favoris.

Au siècle dernier alors qu’elles étaient encore bien utiles au vigneron, elles servaient aussi d’abri aux amoureux et étaient un lieu privilégié pour des lunes de miel de nombreux couples. Les plus anciens se souviendront à la limite de notre commune, une cabane servant de résidence principale à un couple défavorisé et démuni. Une autre servant de rendez vous des jeunes pour le départ des virées du samedi soir « Personnellement à ce jour je connais du côté de Vaour une cabane occupée à l’année, antenne télé, boîte aux lettres, cheminée fumante, peugeot 403 plateau garée devant, témoignent d’une présence, vision d’un autre siècle !!! »

Elles ont aussi servi à des utilisateurs clandestins, vagabonds et marginaux, ainsi, dans certains départements un arrêté préfectoral a exigé leur destruction pour éviter les squats.

Hormis le terme « cabane de vigneron », on parle communément de « cabane en pierres séches » une centaine de dénominations ont été recensées en France suivant les régions ; caselle, gariote, cabanon, capitelle, borie, cadole…..sont des termes largement employés pour désigner ces constructions.

La diminution du vignoble, les nouvelles techniques d’exploitation de la vigne, l’apparition du tracteur, ont rendu ces cabanes inutiles aux exploitants. Beaucoup sont en état d’abandon. Mais après avoir connu l’oubli, on assiste à des restaurations, des circuits de découvertes. La vigne disparaît, les cabanes restent debout, dans notre mémoire et notre cœur. Un patrimoine bien attachant qu’il faudrait préserver.


Sources : Témoignages d’anciens

Wikipédia, Michel Dhalluin