Vincent PADARE-AF Orléans
Maxence MARCHAND-AF Orléans
Jean-Michel OUVRY-SACREBLEU
Xavier GIRARD-ENSA BOURGES
ESAD ORLEANS
Industrie majeure, à la pointe de la créativité artistique, des nouveaux usages et des technologies numériques, le jeu vidéo, dont le marché français a bondi de 11,3% en 2020 pour atteindre 5,3 milliards d'euros, peut se targuer de reposer en France, sur un tissu dynamique de studios et d'éditeurs intégré au sein d’un écosystème bien structuré et actif, avec notamment des clusters régionaux, des laboratoires de recherche et des écoles de formation de grande qualité formant continuellement des talents réputés à l’international. La croissance de l'industrie du jeu vidéo a eu des retombées disparates selon les régions. Le Centre-Val de Loire, le Grand Est ou la Normandie représentent chacune moins d'1% des entreprises du secteur. Cette fuite des talents s'explique en partie par des raisons financières, mais pas seulement.
Dénué de fonds d'aide dédiés au jeu vidéo, le Centre-Val de Loire ne regroupe que 0,7% des entreprises liées au jeu vidéo. En revanche, la région parisienne voisine se taille la part du lion avec 41% des entreprises, suivie par les régions Auvergne-Rhône-Alpes (11,6%), Occitanie (11,1%) et Nouvelle Aquitaine (10,6%). Un partage tout aussi disparate que les aides régionales distribuées aux créateurs de jeux : l'Île de France peut allouer jusqu'à 200 000 euros sur trois ans à une entreprise, en Nouvelle Aquitaine l'aide à la production de jeu vidéo est plafonnée à 150 000 euros, et en Occitanie le montant maximal est de 50 000 euros.
Mais ce qui joue aussi énormément dans la motivation d'une entreprise à s’implanter dans une zone géographique spécifique, c'est la présence d'un "écosystème dynamique" alliant entreprises déjà implantées dans le monde de l'informatique, mais aussi de l'art et du design, des infrastructures, et bien sûr des écoles à même de former les "talents", le nerf de la guerre pour ces sociétés. L’enjeu pour un territoire souhaitant s’inscrire sur la carte des pôles d’attraction du jeu vidéo, consiste à réunir tous les ingrédients d’un terreau propice à l’émergence de cette dynamique des ICC : acteurs économiques du numérique, soutien aux entreprises, appui à l’innovation, formation et renforcement des compétences de la main d’œuvre, création de tiers-lieux et d’évènements culturels dédiés.
Cette volonté politique d'implanter le jeu vidéo sur un territoire s'illustre aussi dans le domaine de la formation. A ce titre, l’exemple d’Angoulême est particulièrement inspirant. La Ville accueille notamment l'établissement public Cnam-Enjmin, l'une des écoles de jeu vidéo les plus cotées du secteur alors que le dynamisme culturel de la ville a aussi fait émerger des associations et des sociétés de production audiovisuelle.
La dynamique French Tech Loire Valley a été impulsée dès 2015 par Orléans Métropole et Tours Métropole Val de Loire avec l’appui de la Région Centre-Val de Loire. Rejointe rapidement par les communautés « Tech » de Blois, Bourges, Chartres, Châteauroux et Dreux, c’est un écosystème numérique performant et proactif qui s’est progressivement construit à l’échelle régionale. Le collectif a été reconnu en 2019 comme l’une des 38 Communautés French Tech localisées en France. Progressivement, les départements se dotent de structures susceptibles d’attirer des cadres franciliens exerçant en télétravail. Des tiers-lieux sont déjà actifs en Centre-Val de Loire, à savoir le Lab’O à Orléans (45), le MAME à Tours (37) et la Cité de l’Innovation de Chartres (28). Ce maillage continue de s’étoffer au sein d’autres agglomérations régionales à travers l’ouverture de nouveau tiers-lieux à Châteauroux (36) et à Dreux (28), La Cité du Numérique, Châteauroux (36) et le Pôle éco-numérique à Dreux (28). Les Human Tech Days, la semaine régionale du Numérique, a été lancée en 2019 et interroge sur la place de l’Humain dans la société numérique. Cet évènement a permis de mettre en lumière l’écosystème numérique régional dans sa diversité et sa vitalité.
La région compte par ailleurs quelques grands employeurs du numérique. Le 1er est un établissement industriel détenu par le franco-italien STMicroelectronics. Le site de Tours, comptant plus de 1 400 salariés, est un des 11 sites de production du leader mondial des semi-conducteurs. Le 2e acteur régional le plus important par sa taille est une entreprise de services numériques : ATOS. Avec ses multiples divisions, le groupe informatique français compte 1 200 salariés en Centre-Val de Loire dont près de 400 installés sur son siège d’Olivet (45). Cette phase favorable semble perdurer puisque l’effectif devrait à court terme être complété par une cinquantaine d’ingénieurs dont une bonne partie de jeunes diplômés formés à l’Université d’Orléans. Le territoire accueille également de grandes enseignes comme IBM et Thales (45).
- Dans le domaine de l'esport, la région CVL a montré sa capacité à s'impliquer sans se trahir, comme à l'occasion du Fortnite Centre-Val de Loire Tour animé par les joueurs de Solary et le youtubeur tourangeau Nota Bene.
- La startup tourangelle My-Serious-Game s’est fait connaître pour la mise au point d’applications pédagogiques pour divers clients comme Fnac/ Darty, Thélem Assurances ou encore IFSImulation. Portée par son succès, la startup créée en 2014 a levé 3 millions d’euros en 2018.
- Géomotifs et son application éponyme utilisent le patrimoine comme support de jeu à travers des parcours thématiques à Tours, Orléans ainsi qu’au château de Sully-sur-Loire.
- Guild Studio, 1er studio de création de jeux vidéo de l'agglomération Orléanaise et du Loiret.
- formation : ESAD, école du code, MIAGE, etc..
- 5 jeux sont sortis dans les 6 derniers mois via des studios de la région Centre et un évènement comme Matricule Bis est l’occasion de soutenir la filière.
Festival dédié aux jeux vidéo, aux arts numériques et à la culture du DIY, "MATRICULE BIS" met à l'honneur l'industrie culturelle et créative en région Centre et la communauté artistique qui l'anime. Ce festival s'inscrit en complémentarité des initiatives déjà en place (Ateliers Game Makers, Bird of Prey, game Jam de Coda School, Orléans Game festival etc..), tout en se différenciant par sa transversalité et hybridité ambitieuse. Il a de plus l'avantage de drainer avec lui toute l'expérience de la frenchtech Community Loire Valley en la matière. Le festival se veut être une plateforme interdisciplinaire et collaborative pour les créations ludiques indépendantes, alternatives ou expérimentales. Mais plus encore, un espace de réseautage, d'exposition, d'échanges sur des sujets qui influencent et inspirent les créateurs, permettent de questionner notre rapport au ludique et aux enjeux soulevés à l’ère du métavers et des I.A nouvelle génération.
Le Programme de cette 2ème édition, dans ses grandes lignes, s’articulera d’abord autour de la reconstitution temporaire d’une salle d’arcade de retro-gaming, dans la tradition des fêtes foraines et de l’ambiance des hackers spaces des années 90. Le lieu se positionnera comme un musée interactif dont les street artistes assureront une partie de la scénographie avec leur peinture qui doteront le tiers lieu d’une esthétique singulière, que viendront compléter des dispositifs d’immersion lumineuse et sonore. Le lieu intégrera également des expositions d’artistes visuels et numériques, dans la continuité de celle de 2023, de François GUTHERZ qui interrogeait notre rapport à la réalité en reconstituant avec l’outil midjourney, une série d’images d'archive de son enfance. Dans cet écrin cyberpunk, une exposition originale de bornes d'arcades sera montée sous la supervision de Xavier GIRARD, Florent DELOISON et JULIEN FLEUREAU par les étudiants de l'Ecole supérieure d'art et de design d'Orléans, avec des cartes arduino et selon les principes de l'opensource afin d'y installer des émulateurs de jeux 8 et 16 bits. Les bornes viendront ré-interroger les contrôleurs classiques des arcades pour proposer des expériences de jeu originales, voire farfelues. Le thème de cette exposition s'appuiera sur un partenariat avec l'Institut français de Bucarest, pour proposer un regard croisé « EST-OUEST », d'histoires parallèles du jeu video en Europe de l'Ouest et de l'Est.
Par ailleurs, le festival sera le théâtre d’une Gamejam, hackathon du jeu vidéo, où les participants, groupés en équipes, assignés à des fonctions précises (game, music, level, chara designers, scénariste, programmeur etc...) devront créer un jeu dans un temps limité (48 à 60h). Cet atelier sera animé par des intervenants spécialisés en partenariat avec le CRIJ.
Par ailleurs, avec le concours de l’Association OREGAMI de Christophe TRAN, une compétition d’e-sport (tekken streetfighter, fornite, just dance) et de speedrun seront organisées et diffusées sur vidéoprojecteur sur place ainsi que sur twitch. La participation du champion d’Europe de simracing, le berrichon Théo Rochelle est invisagée.
Cet évènement sera également l’occasion de mettre à l’honneur nos studios de développement : show case « comment développe-t-on un jeu », Corner spécifique présentant les jeux de la région Centre Val de Loire sur des PC disponibles en test, Organisation d’un Tournoi sur un des jeux multijoueurs de la région.
Tout au long de l’évènement, des démonstrations de casque de réalité virtuelle et mixte dernier cri, seront proposées pour prendre le pouls des innovations en la matière. Le CRIJ animera notamment son jeu de la bombe à désamorcer ainsi que des ateliers de graffitis virtuels. A la faveur des récentes avancées en intelligence artificielle, des concours exceptionnels d’éloquence et de création graphique, assistés par chatgpt et midjourney, animés par l'asso étudiante Orléoquence, seront organisés pour le plus grand plaisir des spectateurs qui assisteront à une création à couper le souffle en temps réel.
En clôture du festival, une conférence sera l’occasion de réunir au aréopage de chercheurs, penseurs, acteurs du jeu vidéo, parmi lesquels Xavier GIRARD, Directeur des Etudes à l'ENSA de Bourges. La conférence sera ponctuée d’un concert suivi d’un DJ set pour animer le dancefloor . La programmation musicale dans son ensemble sera assurée par des DJ du collectif le Syndisque et intègrera notamment le groupe Hadoken qui rejouera en live, avec leurs instruments, les soundtracks de nos jeux classiques. Plus globalement, l’animation de notre scène principale sera construite à travers des partenariats média tels que Radio Campus, animateurs Twitch, Zoteli (webtv du 108)...) pour structurer une programmation spectaculaire (conférences, performances de jeu, oprésentation de jeux indés etc..).
Cette édition sera enfin l'occasion de faire la part belle aux femmes dans le jeu vidéo (avec des figures comme Tatiana Vilela Dos Santos, Chloé Desmoineaux, Leslie Astier, Ana Maria DE JESUS, aaxona....) et aux relations intimes qu'entretiennent le 9eme art et le jeu vidéo.