📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 8


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française de — Book of Heaven 

par l'équipe de bénévoles de Guy Harvey

1.    23 juin 1907 — L'acte le plus beau consiste à s'abandonner dans la Volonté de Dieu.

Alors que je me trouvais dans mon état habituel et que Jésus béni n'était pas venu, je me demandais quel est l'acte qui plaît le plus au Seigneur et qui peut le plus l'inciter à venir: le regret de ses péchés ou la soumission patiente. Pendant que j'entretenais ces pensées, il vint brièvement et me dit:

«Ma fille, l'acte le plus beau et qui me plaît le plus, c'est l'abandon total dans ma Volonté, l'abandon tel que l'âme oublie que son être existe, alors que tout en elle est Divine Volonté. Même si le chagrin pour les péchés est louable, il ne détruit pas l'être propre de la personne, mais s'abandonner complètement à ma Volonté détruit l'être propre et l'amène à reprendre possession de l'Être divin.

«En s'abandonnant dans ma Volonté, l'âme me donne plus d'honneur parce qu'elle me donne tout ce que je peux demander à la créature et [ce] qui me permet de reprendre en moi ce qui est sorti de moi. L'âme en vient ainsi à retrouver la seule chose qu'elle doit posséder, c'est-à-dire Dieu avec tout ce qu'il possède. Tant qu'elle demeure totalement dans la Volonté de Dieu, l'âme possède Dieu. Si elle quitte ma Volonté, elle retrouve son être personnel avec tous les maux de la nature corrompue. »

2.    25 juin 1907 — Qu'elle soit au repos ou qu'elle marche, l'âme doit toujours demeurer dans la Divine Volonté.

Ce matin, je me sentais comme stoppée, sans pouvoir avancer ni reculer, et je disais à Jésus: «Seigneur, je ne peux dire ce que je ressens, mais cela ne m'afflige pas. Que je sois derrière, stationnaire ou en avant, en autant que je sois dans ta Volonté, je suis toujours bien. Quel que soit l'endroit ou le chemin où je me trouve, ta Volonté est toujours sainte et je suis toujours bien.»

À ce moment, Jésus béni vint et me dit: «Ma fille, courage! N'aie pas peur si tu te sens stationnaire, mais sois attentive pour faire tes pauses dans ma Volonté, sans la quitter le moindrement. Moi aussi je fais mes pauses en elle mais, alors, en un clin d'oeil, je fais plus que je n'ai fait pendant des années et des années. Vois, pour le monde, il semble que je suis arrêté, car, puisqu'il mérite d'être sévèrement châtié et que je ne le fais pas, il semble que je ne bouge pas. Cependant, si je prends la baguette dans ma main, tu verras ce qu'il adviendra de tous ces arrêts.

Ce doit être la même chose pour toi: en restant toujours dans ma Volonté, si tu vois qu'elle te veut arrêtée, alors arrête-toi et réjouis-toi dans ma Volonté. Si tu vois que ma Volonté veut que tu marches, alors marche en elle, ainsi tu marcheras avec moi et tu auras la même volonté que moi. Reste continuellement dans l'ordre de ma Volonté, que tu sois arrêtée ou en mouvement, et tu seras toujours bien.

3.   ler juillet 1907 — Dans la Divine Volonté, on ne pense plus à ses péchés.

Je lisais à propos d'une sainte qui pensait toujours à ses péchés et qui demandait à Dieu le regret et le pardon pour eux, et je me disais: «Quelle différence entre cette sainte et moi! Je ne pense jamais à mes péchés et cette sainte pensait toujours aux siens. Il est évident que je suis dans l'erreur.»

À ce moment, j'ai senti Jésus bouger en moi et, comme à travers un éclat de lumière, il me dit: «Insensée, insensée! ne veux-tu pas comprendre? Quand ma Volonté a-t-elle produit des péchés et des imperfections? Ma Volonté est toujours sainte et l'âme qui vit en elle est déjà sainte, elle jouit de ma Volonté, s'en nourrit, et pense à tout ce qu'elle contient.

«Même si, dans le passé, cette âme a pu commettre des fautes, parce qu'elle se trouve dans la beauté, la sainteté et l'immensité de ma Volonté, elle oublie la laideur de son passé et ne pense qu'au présent, à moins qu'elle ne quitte ma Volonté. Dans ce cas, parce qu'elle est revenue dans son être, ce n'est pas surprenant qu'elle se souvienne de ses péchés et de ses misères.

«Garde bien dans ton esprit que, dans ma Volonté, ces pensées de péchés et de soi-même ne peuvent entrer. Si l'âme les ressent, cela signifie qu'elle n'est pas stable et bien fixée en moi, mais qu'elle me quitte parfois

Par la suite, alors que je me trouvais dans mon état habituel, j'ai vu Jésus pendant un bref moment. Il m'a dit: «Ma fille, la vérité, même si elle est persécutée, on ne peut faire autrement que de la reconnaître comme telle, et le temps vient où même la vérité persécutée sera connue et aimée.

«Dans ces tristes temps, tout est mensonge et duperie, et pour que la vérité puisse régner, l'homme a besoin d'être battu et détruit. Une partie des châtiments viendra des hommes eux-mêmes qui se détruiront les uns les autres; d'autres châtiments proviendront de moi, en particulier pour la France où il y aura tant de morts qu'elle en sera presque dépeuplée.»

4.    4 juillet 1907 — L'âme doit ruminer en son esprit les vérités reçues du Seigneur.

Je pensais: «Comme je suis devenue mauvaise! Cependant, le Seigneur ne me réprimande pas et ne me corrige pas.» Pendant que je pensais ainsi, j'ai senti Jésus bouger en moi et il me dit:

«Ma fille, continue d'avancer, continue d'avancer! Si je suis bonté, douceur et miséricorde, je suis aussi justice, force d'âme et puissance! Si je te voyais régresser ou commettre des fautes volontaires après toutes les grâces que je t'ai données, tu mériterais d'être frappée et, en effet, je te frapperais. Si je ne le fais pas, tu peux par toi-même comprendre pourquoi. De même, si je ne te parle pas continuellement, c'est pour que tu rumines en ton esprit les vérités que je t'ai enseignées. Entre en ton intérieur, unis-toi à moi, et je serai toujours avec toi pour agir en toi.»

5.   10 juillet 1907 — Luisa a commencé à vivre réellement quand elle a commencé à être victime.

Pendant que j'étais dans mon état habituel, je me suis retrouvée hors de mon corps avec mon adorable Jésus. Le voyant couronné d'épines, je lui ai ôté sa couronne et, de mes deux mains, je l'ai placée sur ma tête en la pressant fermement. Oh! comme j'ai senti les épines me pénétrer! Cependant, je me sentais heureuse de souffrir pour alléger les souffrances de Jésus. Je lui ai dit: «Mon bon Jésus, dis-moi s'il reste beaucoup de temps avant que tu m'emmènes au Ciel.»

Il me répondit: «En vérité, très peu.» Je repris: «Ton "très peu" pourrait bien être dix ou vingt ans. Déjà j'ai atteint quarante-deux ans.» Il reprit: «Ce n'est pas vrai, tes années n'ont commencé qu'au moment où tu as commencé à être victime. Ma bonté t'a appelée et tu peux dire que, depuis ce temps, tu as réellement commencé à vivre. Tout comme je t'ai appelée à vivre ma vie sur la terre, ainsi, dans un temps très court, je t'appellerai à vivre ma vie dans le Ciel

À ce moment, deux colonnes sortirent des mains de Jésus béni qui, par la suite, ne firent qu'une. Il plaça ces colonnes fermement sur mes épaules de telle manière que je ne pouvais pas m'enlever d'en dessous. Quand il m'appelait à lui, personne ne venait placer ses épaules sous ces colonnes et elles restaient suspendues dans ses mains; à ce moment, des massacres de toutes sortes arrivaient.

J'ai compris que ces colonnes représentaient l'Église et le monde, lesquels sont sortis des mains très saintes de Jésus et sont gardés à l'intérieur de ses saintes plaies. Ils seront toujours là, mais si le bon Jésus ne trouve pas où les poser [ces colonnes], très rapidement il se fatiguera de les tenir dans ses mains, et gare aux malheurs horribles qui surviendront! Ces malheurs sont tels et si nombreux que je crois qu'il vaut mieux ne pas en parler.

6.    14 juillet 1907 — L'âme qui n'a pas de vides d'amour ne va pas au purgatoire.

Étant dans mon état habituel, Jésus vint brièvement et, sans réfléchir, je lui ai dit: «Seigneur, hier j'ai été à confesse. Si j'étais morte et vu que la confession remet les péchés, ne m'aurais-tu pas amenée directement au Ciel?»

Il me dit: «Ma fille, il est vrai que la confession remet les péchés. Cependant, le moyen le plus sûr et le plus certain pour échapper au purgatoire est l'amour. L'amour doit être la passion prédominante de l'âme: l'amour en pensées, l'amour en paroles et l'amour en actions. Tout, absolument tout, doit être enveloppé d'amour! Ainsi, l'amour incréé, trouvant que l'âme est totalement amour, absorbe en lui l'amour créé. En fait, le purgatoire ne fait rien d'autre que de combler les vides d'amour présents dans l'âme, et quand ces vides sont comblés, l'âme se rend au Ciel. S'il n'y a pas de ces vides dans l'âme, elle n'a rien à faire au purgatoire.»

7.    17 juillet 1907 — La paix est le vrai signe que l'on vit dans la Divine Volonté.

Je me trouvais dans mon état habituel quand Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, le vrai signe qu'une âme vit dans ma Volonté, c'est qu'en toute circonstance, elle demeure en paix. Ma Volonté est si parfaite et sainte qu'elle ne peut produire même l'ombre d'une agitation.

Si, dans les contradictions, les mortifications ou l'amertume, l'âme se sent troublée, elle ne peut dire qu'elle est dans ma Volonté [elle n'est pas dans ma Volonté]. Si elle se sent résignée et, en même temps, troublée, elle peut dire qu'elle est au mieux dans l'ombre de ma Volonté. L'âme qui est hors de ma Volonté ressent toutes ces perturbations, mais non pas l'âme qui est dans ma Volonté.»

8.    19 juillet 1907 — Aucun défaut ou aridité ou tentation ne peut cohabiter avec la Divine Volonté.

Ayant échangé avec quelqu'un sur la Divine Volonté, j'ai affirmé que si une personne se trouve dans la Divine Volonté et ressent l'aridité, elle doit garder sa paix. Par la suite, alors que j'étais dans mon état habituel, Jésus me corrigea en me disant: «Ma fille, sois très prudente quand tu parles de ma Volonté, car ma Volonté est si heureuse qu'elle forme notre béatitude même. La volonté humaine, d'autre part, est si malheureuse que si elle pouvait entrer dans notre Volonté, elle détruirait notre bonheur et engagerait la guerre contre nous.

Ni les aridités, ni les tentations, ni les défauts, ni les turbulences, ni le froid ne peuvent cohabiter avec ma Volonté, parce qu'elle est lumière et contient toutes les saveurs. La volonté humaine n'est rien d'autre qu'une petite goutte de noirceur remplie de choses dégoûtantes. Par conséquent, si une âme se trouve dans ma Volonté, dès qu'elle y est entrée, à son contact même, sa petite goutte de noirceur a été dissoute par ma lumière afin que cette lumière puisse habiter en elle; la chaleur de ma Volonté a dissout sa froideur et ses aridités; ma saveur divine a enlevé sa fadeur; et mon bonheur l'a libérée de sa tristesse.»

9.    6 août 1907 — Jésus ne fait voir à Luisa que des châtiments.

Étant dans mon état habituel, je me suis retrouvée hors de mon corps dans une église, et j'ai cru voir une très belle dame avec des seins si remplis de lait qu'ils semblaient sur le point d'éclater. M'appelant, la dame me dit: «Ma fille, ceci représente l'état de l'Église. Elle est toute pleine d'amertume intérieure et, de plus, elle est sur le point de goûter l'amertume extérieure. Toi, souffre un peu pour que ces amertumes soient amoindries.» En disant cela, elle ouvrit ses seins et, formant un vase avec ses mains, elle les remplit de lait qu'elle me donna à boire. C'était très amer et ça me causa tant de souffrances que je ne sais comment le dire.

À ce moment, j'ai vu des gens impliqués dans une révolution, entrant dans les églises, dépouillant les autels, les brûlant, tentant d'assassiner des prêtres, cassant les statues et faisant des milliers d'autres insultes et abus. Pendant qu'ils faisaient cela, le Seigneur envoya du Ciel plus de châtiments; beaucoup furent tués. Cela ressemblait à un chahut général contre l'Église, le gouvernement et entre les gens eux-mêmes. J'étais effrayée.

Je suis revenue dans mon corps et je me suis retrouvée en présence de notre Reine Mère accompagnée d'autres saints. Ils priaient Jésus-Christ de me faire souffrir. Jésus semblait ne prêter aucune attention à eux, mais ils insistaient. Ennuyé, Jésus béni dit: «Ne m'importunez pas, autrement je vais la prendre avec moi!» Il me semble que j'ai souffert un peu.

Je peux dire que, globalement, durant ces derniers jours, quand je me trouvais dans mon état habituel, je ne voyais que des révolutions et des châtiments. Jésus béni était presque toujours taciturne et, de temps en temps, il me disait simplement des choses comme: «Ma fille, ne me fais pas violence; autrement je te ferai quitter cet état.» Alors je lui répondais: «Ma Vie et mon Tout, si tu veux être libre de faire ce que tu veux, prends-moi avec toi. Ainsi tu pourras faire tout ce que tu voudras.»

Ces jours-ci, ça prend beaucoup de patience pour traiter avec Jésus béni.

10.    22 août 1907 — L'âme doit être dans le monde comme s'il ne s'y trouvait personne d'autre que Dieu et elle-même. Le manque de détermination est ce qui renouvelle le plus la Passion de Jésus.

Alors que j'étais dans mon état habituel, Jésus vint pour un bref moment et me dit: «Ma fille, pour que ma grâce ait libre accès à l'âme, elle doit être dans le monde comme s'il n'y existait rien d'autre que Dieu et elle-même, parce que toute autre pensée ou chose se placent entre l'âme et Dieu, empêchant la grâce d'entrer dans l'âme et l'âme de recevoir la grâce.»

Un autre jour, il me dit: «Ma fille, ce qui renouvelle le plus ma Passion est le manque de détermination. Ah! ils sont assez lâches pour non seulement ne pas tenir leurs engagements entre eux, mais aussi envers moi. Et c'est seulement avec moi qu'ils en arrivent à une telle lâcheté et ingratitude, même s'ils savent que je souffre grandement à cause de cela. À un moment, ils promettent et, au moment d'après, ils renient leur promesse.»

11.   (...) Septembre 1907 — Plus l'âme est constante en toute chose, plus elle est proche de la divine perfection.

Je vis des jours très amers dans une continuelle privation de mon Jésus. Au plus, il vient comme une ombre ou un éclair et presque toujours avec des menaces de châtiments. Ô Dieu, quel enfer! Il semble que le monde est secoué; tous sont dans l'attitude de se révolter et de s'entretuer. Le Seigneur semble retirer sa grâce et les hommes deviennent comme des bêtes féroces. Je fais mieux de garder le silence parce que parler de ces choses aigrit trop ma pauvre âme qui est bien suffisamment remplie d'amertume.

Ce matin, il est venu brièvement et m'a dit: «Toutes les œuvres de Dieu sont parfaites et leur perfection se reconnaît à leur rondeur ou, au moins, à leur carrure [leur aspect carré]. Ainsi, aucune pierre ne se trouve dans la Jérusalem Céleste qui ne soit ronde ou carrée.»

Je n'ai rien compris à cela, jusqu'à ce que, en regardant la voûte des cieux, j'ai observé que les étoiles, le soleil et la lune ont une forme ronde. La terre est également ronde. Toutefois, je ne pouvais pas comprendre la signification de tout cela. Jésus ajouta: «La rondeur est la même dans toutes ses parties. Pareillement, l'âme, pour être parfaite, doit être la même en toutes circonstances, dans la prospérité ou l'adversité, dans la douceur ou l'amertume. Elle doit être égale en tout, de telle manière qu'elle soit comme un objet rond. Autrement, si l'âme n'est pas égale à elle-même en toute chose, elle ne pourra pas entrer, belle et jolie, dans la Jérusalem Céleste, elle ne pourra pas orner comme une étoile la patrie des bienheureux. Ainsi, plus l'âme est la même en toute chose, plus elle s'approche de la perfection divine.»

12.    3 octobre 1907 — Se choisir soi-même fait obstacle à la grâce et fait de Dieu son esclave.

Je me trouvais dans mon état habituel et Jésus béni ne venait pas. J'étais affligée par son absence et aussi par la pensée que mon état de victime pourrait ne plus être la Volonté de Dieu. Il me semblait que j'étais devenue nauséabonde devant Dieu, digne seulement d'être prise en horreur. Pendant que je pensais ainsi, il vint soudainement et il me dit: «Ma fille, quiconque se choisit lui-même, même pour un moment, repousse la grâce, se fait le maître de lui-même et fait de Dieu son esclave.» Puis il ajouta: «La Volonté de Dieu fait prendre possession de Dieu, et l'obéissance est la clef pour ouvrir la porte et prendre cette possession.» Ensuite, il disparut.

13.    4 octobre 1907 — La croix greffe la Divinité sur l'humanité perdue.

Poursuivant dans mon état de privation et, de ce fait, avec peu de souffrances, je me disais: «Non seulement je suis privée de Jésus, mais aussi du bienfait de la souffrance. Ô Dieu, tu veux me soumettre au feu et à l'épée et toucher aux deux choses qui me sont les plus chères et qui forment ma véritable vie: Jésus et la croix. Si, pour Jésus, je suis abominable à cause de mon ingratitude, c'est juste qu'il ne vienne pas, mais toi, ô croix, que t'ai-je fait pour que tu m'aies quittée d'une manière si barbare? Ah! ne t'ai-je pas toujours bien reçue quand tu venais? Ne t'ai-je pas toujours traitée comme une fidèle compagne? Ah! je me souviens que je t'aimais tant que je ne savais pas comment vivre sans toi et que, parfois, je te préférais à Jésus lui-même. Je ne sais pas ce que tu m'as fait pour que je ne puisse plus vivre sans toi. Cependant, tu m'as laissée! Il est vrai que tu m'as fait beaucoup de bien: tu étais la voie, la porte, la chambre, le secret et la lumière dans laquelle je pouvais trouver Jésus. C'est pour cela que je t'aime tant. Et maintenant, tout est fini pour moi!»

Pendant que je réfléchissais ainsi, Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, la croix fait partie de la vie, et seulement ceux qui n'aiment pas leur propre vie n'aiment pas la croix, parce que c'est uniquement par la croix que j'ai greffé la Divinité sur l'humanité perdue. Seulement la croix continue la Rédemption dans le monde, greffant à la Divinité quiconque la reçoit. Et si quelqu'un ne l'aime pas, cela signifie qu'il ne connaît rien aux vertus, à la perfection, à l'amour de Dieu et à la vraie vie.

«Il lui arrive comme à un homme riche qui a perdu sa fortune et à qui on fournit le moyen de la retrouver — et même plus. Combien n'aimera-t-il pas ce moyen? N'investira-t-il pas sa propre vie dans de ce moyen afin de retrouver sa vie à travers ses richesses? Il en va ainsi pour la croix. L'homme est devenu très pauvre et la croix est le moyen non seulement de le sauver de la misère, mais de l'enrichir de tous les biens. La croix est la fortune de l'âme.»

Puis il disparut et je suis restée plus amère encore en pensant à ce que j'avais perdu.

14.    12 octobre 1907 — Jésus montre à Luisa des endroits dévastés par sa justice.

Après avoir passé plusieurs jours dans la privation et les larmes, Jésus est finalement venu ce matin. Il m'a dit: «Ah! ma fille, tu ne sais rien de ce qui doit arriver dans l'année qui vient. Oh! que de choses vont arriver! Regarde!»

À ce moment, je me suis retrouvée hors de mon corps en compagnie de Jésus. J'ai vu des places effondrées, des villes complètement brûlées, des régions inondées desquelles avait disparu tout ce qui s'y trouvait. D'autres endroits avaient connu des tremblements de terre avec des dommages considérables et des morts. Ailleurs, il y avait des révolutions dont certaines si violentes qu'on ne pouvait poser les pieds sans marcher sur du sang humain. Qui pourrait raconter toutes les tragédies qu'on pouvait voir!

Ensuite, mon bon Jésus m'a dit: «As-tu vu? Ah! ma fille, courage et patience dans l'état où tu te trouves car, pendant qu'elle veut se déverser sur les créatures, la justice s'apaise en se déversant sur toi, et le vide de tes souffrances remplit le vide de leurs souffrances. Mettons la justice en marche! Cela est nécessaire, car les créatures deviennent beaucoup trop audacieuses; ainsi, tout se terminera, et je serai avec toi comme avant.»

15.    29 octobre 1907 — Le sacrifice est le bois qui alimente le feu de l'amour.

Étant dans mon état habituel, je me suis retrouvée hors de mon corps et j'ai vu Jésus Enfant monter sur mon lit. Il frappa mon corps avec ses mains et me donna aussi quelques coups de pied. Après m'avoir bien battue et piétinée, il disparut. Je réintégrai mon corps, mais sans comprendre la raison de ces coups. J'étais cependant contente, puisque j'avais été toute proche de Jésus pendant qu'il me battait.

Encore toute rossée, je fus surprise de nouveau par Jésus béni qui, enlevant de sa tête sa couronne d'épines, la fixa sur ma tête avec une telle force que les épines pénétrèrent en moi. Puis, se plaçant en mon intérieur, comme en position pour avancer, il me dit: «Ma fille, comment vas-tu? Allons-y, allons plus avant dans les châtiments pour le monde!»

Je devins tout effrayée en voyant qu'il unissait ma volonté à la sienne pour que nous poursuivions à nous deux les châtiments du monde. Il ajouta: «Ce que je te dis, tu ne dois pas l'oublier. Rappelle-toi que, il y a quelque temps, je t'ai fait voir les punitions présentes et celles que je m'apprêtais à envoyer; et toi, te présentant devant ma justice, tu plaidas si fort pour l'humanité en t'offrant pour souffrir n'importe quoi, qu'il te fut concédé qu'au lieu de châtier pour dix, je châtierais pour cinq. C'est pour cela que, ce matin, je t'ai frappée, afin de pouvoir t'accorder ce que tu désires: au lieu de faire dix, je ferai cinq

Il ajouta: «Ma fille, l'amour est ce qui ennoblie l'âme et la met en possession de toutes mes richesses. Le véritable amour n'admet aucune restriction, même si l'un est inférieur à l'autre. Ce qui est à moi est à toi: voilà le langage de deux êtres qui s'aiment vraiment, car l'amour véritable transforme. Ainsi, la beauté de l'un fait disparaître la laideur de l'autre et le rend beau; si l'un est pauvre, je le rends riche; s'il est ignorant, je le rends savant; s'il est vil, je le rends noble. Deux êtres qui s'aiment ne font qu'un dans leurs battements de cœur, dans leurs respirations, dans leurs volontés, et si d'autres battements de coeur ou respirations veulent entrer en eux, ils se sentent étouffés, blessés, et deviennent malades.

«L'amour vrai est santé et sainteté. Avec lui on respire un air embaumé, celui de l'amour lui-même. Mais c'est dans le sacrifice que l'amour est plus particulièrement ennobli, renforcé, confirmé et intensifié. L'amour est la flamme et le sacrifice le bois qui l'alimente. S'il y a plus de bois, les flammes sont plus hautes et le feu va en augmentant.

«Qu'est le sacrifice? C'est se vider soi-même dans l'amour et dans l'être de la personne aimée; et plus on se sacrifie, plus on est consumé dans l'être de la personne aimée, perdant son propre être et acquérant tous les traits et la noblesse de l'Être divin. Remarque qu'il en va ainsi dans le monde naturel, quoique très imparfaitement.

Quel est celui qui acquiert un nom, la noblesse, l'héroïsme? Est-ce le soldat qui se sacrifie, s'implique dans la bataille et met sa vie en danger pour l'amour du roi, ou bien celui qui reste les mains sur les hanches? Certainement le premier. Il en va de même pour le serviteur. Qui peut espérer s'asseoir à la table de son maître? Est-ce le serviteur fidèle qui sait se sacrifier, investir sa vie, et qui est rempli d'amour pour son maître, ou est-ce le serviteur qui, tout en s'acquittant de sa tâche, évite de se sacrifier quand il le peut? Certainement le premier. Il en va ainsi pour le fils avec son père, l'ami avec son ami, etc.

«L'amour ennoblie et unit. Il est un. Le sacrifice est le bois qui permet au feu de l'amour d'augmenter. L'obéissance, quant à elle, ordonne tout cela.»

16.    3 novembre 1907 — L'âme doit collaborer avec la Divine Volonté en toute chose.

Ce matin, me trouvant dans mon état habituel, j'ai senti Jésus bouger en moi. Il me répétait sans arrêt: «Allons de l'avant.» En entendant cela, je devins crispée et j'ai dit: «Seigneur, pourquoi dis-tu: "Allons de l'avant"? Dis plutôt: "J'irai de l'avant avec les châtiments." J'appréhende de faire participer ma volonté à cela.»

Il poursuivit: «Ma fille, ma Volonté et la tienne ne font qu'un, et si je dis: "Allons de l'avant avec les châtiments", ne dis-je pas la même chose concernant le bien que je fais aux créatures, lequel surpasse — oh! de combien! — les châtiments? De plus, n'es-tu pas unie à moi dans les si nombreux châtiments que je n'envoie pas? Ceux qui sont unis à moi dans le bien ne doivent-ils pas l'être aussi dans les mortifications? Entre toi et moi, il ne doit pas y avoir de division.

«Tu n'es rien d'autre qu'un petit brin d'herbe à qui Dieu s'est plu à accorder une vertu merveilleuse. Ceux qui ne connaissent pas la vertu que contient ce petit brin d'herbe le piétinent et ne le regardent même pas. Ainsi, ceux qui ne connaissent pas le don que j'ai mis en toi et la vertu que contient mon petit brin d'herbe, non seulement te piétinent, mais ne comprennent pas combien il me plaît de donner de la valeur aux plus petites choses.»

Après cela, il sembla pencher sa tête sur la mienne. Je lui ai dit: «Oh! s'il te plaît, fais-moi sentir tes épines.» Il me répondit: «Veux-tu que je te frappe?» Sur quoi je répondis: «Oui!» À ce moment, une baguette avec des boules de feu se trouva entre ses mains et, en voyant le feu, j'ai dit: «Seigneur, j'ai peur du feu, bats-moi seulement avec la baguette.» Il poursuivit: «Tu ne veux pas être battue, je m'en vais!» Ainsi, il disparut sans me laisser le temps de le prier de me battre comme il lui plaisait. Oh! comme je suis restée perplexe et chagrinée! Mais lui, qui est toujours si bon, me pardonnera.

17.    18 novembre 1907 — À travers son néant, la créature est remplie de l'Être divin.

Me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni vint brièvement et, en le voyant, je lui ai dit: «Ma douce Vie, comme je suis devenue mauvaise! Je me sens réduite à rien, je ne ressens plus rien, tout est vide en moi. Je ne ressens en moi qu'un enchantement et, dans cet enchantement, je t'attends afin que tu m'emplisses. Mais j'attends en vain; au contraire, je me sens toujours revenue à rien.»

Jésus me dit: «Ah! ma fille, tu t'affliges parce que tu te sens réduite à rien? À ce sujet, je te dis que plus une créature est réduite à rien, plus elle est remplie par le Tout. Et s'il reste en elle ne fût-ce qu'une ombre d'elle-même, cette ombre m'empêche de me donner complètement à elle. Tes retours constants à ton néant signifient que tu perds ton être humain pour recouvrer l'Être Divin.»

18.    21 novembre 1907 — L'amour entre le Créateur et ses créatures.

Me trouvant 🙏 dans mon état habituel, je m'unissais à Notre-Seigneur en fondant mes pensées, mes battements de coeur, mes respirations et tous mes mouvements avec les siens, avec l'intention d'aller vers toutes les créatures pour leur communiquer tout cela. — De plus, comme j'étais unie à Jésus dans le Jardin des Oliviers, je donnais à chaque créature, ainsi qu'aux âmes du purgatoire, les gouttes de son Sang, ses prières, ses souffrances et tout le bien qu'il faisait, de telle sorte que tous leurs mouvements, battements de coeur et respirations soient réparés, purifiés et divinisés. — De plus, je distribuais ses souffrances comme remède pour tous. 🔥

Pendant que je faisais ainsi, Jésus béni me dit en mon intérieur: «Ma fille, par ces intentions, tu me blesses continuellement et, puisque tu le fais souvent, une flèche n'attend pas l'autre, causant toujours en moi de nouvelles blessures.»

Je lui dis: «Comment est-il possible que tu sois blessé par moi quand tu me fais tant souffrir en me faisant attendre après ta venue? Que sont ces blessures? Correspondent-elles à l'amour que tu me portes?» Il reprit: «En fait, je n'ai rien dit de tout ce que j'ai [encore] à te dire. L'âme qui est en pèlerinage ne peut comprendre tous les bienfaits et l'amour qui circulent entre le Créateur et les créatures; elle ne peut pas comprendre que ses actions, ses paroles et ses souffrances font partie de ma Vie, et que seulement en agissant comme toi, elle peut faire du bien à tous. 

«Je te dis seulement que tes pensées, tes battements de cœur, tes mouvements, tes membres et tes souffrances sont autant de lumières qui proviennent de toi et, quand elles m'atteignent, je les répands pour le bien de chacun pendant que je te retourne trois fois autant de lumières et de grâces. De plus, au Paradis, je te donnerai de la gloire pour chacun.

Il suffit que je te dise qu'il y a au Paradis une telle union et une telle proximité que le Créateur est l'orgue et la créature le son, le Créateur le soleil et la créature les rayons, le Créateur la fleur et la créature le parfum. Peut-on y vivre sans l'autre? Non, certainement pas!

Penses-tu que je ne tiens pas compte de tous tes actes intérieurs et de toutes tes souffrances? Comment le pourrais-je, puisqu'ils proviennent de moi-même et ne font qu'un avec moi? J'ajoute aussi que chaque fois que ma Passion est rappelée, elle qui est un trésor à la disposition de tous, c'est comme si on la mettait sur un distributeur pour la multiplier et la distribuer pour le bien de tous.»

19.    23 novembre 1907 — Si l'âme souffre de distractions à la communion, c'est qu'elle ne s'est pas donnée totalement à Jésus.

Ayant entendu parler d'une personne qui est facilement distraite durant la communion, je disais à Jésus en mon intérieur: «Comment est-il possible d'être distraite pendant qu'on est avec toi? Une personne peut-elle ne pas être tout absorbée en toi?»

Par la suite, me trouvant dans mon état habituel, j'ai fait mes actes intérieurs coutumiers et c'était comme si des distractions voulaient entrer en moi. Mais Jésus béni mit ses mains devant elles pour les empêcher d'entrer en moi. Il me dit:

«Ma fille, si l'âme souffre de distractions ou de troubles, c'est un signe qu'elle ne s'est pas totalement donnée à moi. En fait, si l'âme s'est totalement donnée à moi, puisqu'elle est totalement mienne, je sais comment garder sous bonne garde mon cadeau. Mais, si elle ne m'a pas tout donné, à cause de sa volonté libre, je ne peux pas lui accorder ce soin, et elle est contrainte de souffrir ces choses importunes qui dérangent mon union avec elle. Cependant, quand l'âme est totalement mienne, elle n'a aucun effort à faire pour rester calme, c'est mon entière responsabilité d'empêcher l'entrée en elle de tout ce qui pourrait troubler notre union.»

20.    (...) Décembre 1907 — Dans chacune de ses actions, l'âme doit avoir l'intention de rencontrer amoureusement Jésus.

Me trouvant dans mon état habituel, je réfléchissais sur le moment où Jésus béni rencontra sa Mère bénie sur le chemin du Calvaire. Et comme je compatissais avec eux, le doux Jésus me dit: «Ma fille, ma Mère sortit le jour de ma Passion uniquement pour rencontrer et supporter son Fils. Pareillement, chez l'âme qui aime vraiment, son intention dans toutes ses actions est uniquement de rencontrer son Bien-Aimé et de le soulager du poids de sa croix. Et puisque la vie humaine est un enchaînement continuel d'actions, tant extérieures qu'intérieures, l'âme rencontre sans cesse son Bien-Aimé.

«Cette âme ne fait-elle que rencontrer son Bien-Aimé? Non, non! elle le salue, l'embrasse, le console et l'aime, ne fût-ce que par un petit mot en passant. Et son Bien-Aimé est satisfait et content. Et comme chaque action comporte un sacrifice, si cette action est faite avec l'intention de rencontrer le sacrifice qu'elle contient, elle servira à me soulager du poids de ma croix.

«Et quelle n'est pas la joie de cette âme qui, par le moyen de ses actions, se garde toujours en contact avec moi? Mon amour pour elle augmente à chaque nouvelle rencontre avec moi faite par le biais de ses actions. Cependant, comme sont peu nombreux ceux qui se servent de leurs actions pour en faire le moyen le plus court de venir à moi, de s'attacher à moi et de me soulager des nombreuses afflictions que me causent les créatures!