no 41 à 60

41.    10 août 1908 — L'amour ne dit jamais "assez".

Étant dans mon état habituel, j'étais inondée d'amertume et de privations. Après avoir communié, je me plaignais à Jésus béni au sujet de la manière dont il m'a laissée et de l'inutilité de mon état. Avec compassion, il me dit:

«Ma fille, rien n'a altéré les cadeaux que nous avons échangés entre nous, car leur valeur réside dans leur origine. Supposons que deux personnes soient unies par un lien d'amitié ou dans le mariage, qu'elles se soient fait des cadeaux et s'aiment au point d'être devenues inséparables, chacune ayant copié l'autre et ressentant l'être de l'autre en elle-même. Supposons de plus que, par stricte nécessité, elles soient contraintes d'être séparées l'une de l'autre. Est-ce que leurs dons réciproques seront amoindris ou leur amour diminué à cause de cette séparation? Bien au contraire, leur éloignement n'aura pour effet que de faire grandir leur amour et de les amener à accorder plus de soins aux cadeaux échangés, dans l'attente d'autres cadeaux-surprises au moment de leur retour.

«Plus encore, puisque chaque personne a reproduit l'être aimé en elle, c'est comme s'il n'y avait pas de distance entre elles, chacune ressentant la voix de l'autre en elle-même. Chacune sent l'autre couler dans ses pensées, ses travaux et ses pas; elle la sent à la fois éloignée et proche, elle la cherche mais ne peut la trouver, elle la touche mais elle ne peut s'en emparer. Par conséquent, leurs âmes sont dans un continuel martyre d'amour.

«En ce qui te concerne, si ma justice m'amène à te priver de moi et à demeurer loin de toi pour un bout de temps, peux-tu dire que je t'ai enlevé mes dons et qu'il y a une diminution d'amour?»

Je rétorquai: «C'est trop dur d'endurer mon état, ma chère Vie. Et qu'est-ce que je fais ici si tu ne me laisses pas souffrir pour que mes semblables soient épargnés des punitions? Tu m'as dit plusieurs fois que tu empêcherais la pluie, et il ne pleut plus. Ainsi, rien ne peut te faire échec, tout ce que tu dis, tu le fais. Si tu étais près de moi comme avant, je te dirais tant de choses que tu me laisserais gagner! Comment peux-tu dire que la distance n'est rien?»

Il reprit: «C'est précisément pour cette raison que je suis forcé de me tenir à distance, pour ne pas te laisser gagner, mais pour faire place à la justice. En agissant ainsi, il y a des bénéfices: le manque d'eau amènera la famine, le peuple sera humilié et, après des massacres et des guerres, la grâce les trouvera plus disposés à être sauvés. N'est-ce pas également un bénéfice que, alors que la guerre est sur le point de s'ajouter à la famine, qu'en te gardant ainsi, elle soit retardée et, en conséquence, que plus d'âmes soient sauvées?»

Il ajouta: «L'amour ne dit jamais "assez". Même si l'amour fouette l'âme et la met en pièces, ces pièces crient "amour". L'amour ne dit jamais "assez" et, non content, il pulvérise ces pièces, les réduit à néant et, dans ce néant, il souffle son feu et lui donne sa propre forme. Rien d'humain ne s'y mêle, mais seulement le divin. C'est alors que l'amour chante sa gloire, sa bravoure, ses prodiges, et dit: «Je suis content. Mon amour a gagné, Il a détruit l'humain et bâti le divin.»

«Il arrive à l'amour comme à un artisan talentueux qui, ayant beaucoup d'objets qui ne sont pas à sa main, les met en pièces, les met au feu et les laisse là jusqu'à ce qu'ils soient fondus et aient totalement perdu leur forme. Par la suite, il fait d'eux de nouveaux objets, plus beaux et plus plaisants, dignes de son talent. Il est vrai que, pour les humains, cette activité de l'amour est très dure, mais quand l'âme verra ce qu'elle aura gagné, elle verra comment la beauté aura remplacé la laideur, la richesse, la pauvreté, la noblesse, la vulgarité. Alors, elle chantera elle aussi les gloires de l'amour.»

42.    14 août 1908 — notre volonté sert de pinceau à Jésus pour peindre son image dans notre coeur, et sa Volonté nous sert de pinceau pour peindre notre image dans son Coeur.

Ayant reçu la sainte communion, j'ai vu en moi l'Enfant Jésus comme s'il cherchait quelque chose d'important. Je lui ai dit: «Mon beau Petit, qu'est-ce que tu cherches avec tant d'attention?» Il me répondit: «Ma fille, je cherche le pinceau de ta volonté pour que je puisse peindre mon image dans ton coeur. En fait, si tu ne me donnes pas ta volonté, il me manque le pinceau avec lequel je puisse me peindre librement en toi. Et pendant que ta volonté me servira de pinceau, l'amour sera le colorant me permettant de peindre toute les couleurs de mon image. De plus, au même titre que la volonté humaine me sert de pinceau, Ma Volonté sert de pinceau à l'âme afin qu'elle puisse peindre son image dans mon Coeur. En moi, elle trouvera d'abondantes couleurs d'amour pour la variété des couleurs.»

43.    19 août 1908 — L'âme doit semer le bien par toute sa personne.

Ayant complété une méditation sur «celui qui sème le bien récoltera le bien et celui qui sème le vice récoltera le mal», je me demandais quel bien je pourrais cultiver en tenant compte de mon état de misère et d'inhabileté. À ce moment, je me suis sentie comme si on cultivait en dedans de moi et j'ai entendu Jésus me dire:

«L'âme doit cultiver le bien avec tout son être. L'âme possède une intelligence et elle doit s'en servir pour comprendre Dieu, pour ne penser qu'au bien et ne permettre à aucune mauvaise semence d'entrer en elle. Cela, c'est cultiver le bien avec son esprit. C'est la même chose en ce qui concerne sa bouche: elle ne doit jamais dire de mauvaises choses, c'est-à-dire des mauvais mots. Il en va de même pour son coeur: il ne doit aimer que Dieu seul, ne désirer que lui, ne palpiter que pour lui et tendre uniquement vers lui. Avec ses mains, on ne doit faire que de saints travaux. Avec ses pieds, on ne doit avancer que suivant les exemples de Notre-Seigneur.»

En entendant cela, je me suis dit: «Ainsi, dans ma position, je peux cultiver le bien, même au milieu de mon extrême misère.» Cependant, je pensais à cela avec une certaine peur des comptes que le Maître me demandera: est-ce que, oui ou non, j'aurai semé le bien? Et, dans mon intérieur, je l'ai entendu me dire: «Ma bonté est si grande que ceux qui me font connaître comme étant sévère, exigeant et rigoureux sont très fautifs. Oh! quel affront ils font à mon amour! Je ne demanderai pas de comptes autres que ceux correspondant au petit champ que j'aurai confié à l'âme. Je ne demanderai de comptes à l'âme que pour la récompenser selon sa récolte.

«Je récompenserai l'âme par rapport à son intelligence: plus elle m'aura compris pendant sa vie terrestre, plus elle me comprendra dans le Ciel, et plus elle me comprendra, plus elle sera inondée de joie et de béatitude. Par rapport à sa bouche, je lui donnerai les diverses saveurs divines et sa voix s'harmonisera à celle de tous les autres bienheureux. Par rapport à ses travaux, je lui donnerai mes dons, et ainsi de suite.»

44.    23 août 1908 — Le signe pour savoir s'il y a faute de l'âme quand elle est privée de la présence Jésus.

Alors que j'étais dans mon état habituel, je m'interrogeais beaucoup sur l'état de mon âme et je me disais: «Qui pourrait dire le mal qui se trouve dans mon âme pour que le Seigneur me prive ainsi de lui et me laisse abandonnée à moi-même?»

À ce moment, il vint brièvement et m'inonda de sa divine Présence: tout mon être fut concentré sur lui; aucune fibre et aucun mouvement de mon âme ne tendaient pas vers lui. Par la suite, il me dit: «As-tu vu, ma fille? Le signe qu'il y a culpabilité en l'âme quand elle se trouve sans moi est que, au moment où je reviens lui manifester Ma Présence, elle ne se trouve pas complètement remplie de Dieu et n'est pas immédiatement disposée à s'immerger en moi, de telle manière que pas même une fibre d'elle-même ne soit fixée sur son Centre. S'il y a faute de l'âme ou qu'il y a en elle quelque chose qui n'est pas complètement à moi, je ne puis la remplir complètement et elle ne peut s'immerger complètement en moi. La culpabilité ne peut entrer en Dieu. Par conséquent, tranquillise-toi, ne cherche pas à te troubler.»

45.    26 août 1908 — La constance dans le bien amène l'âme à croître en pleine santé, alors que l'inconstance entraîne en elle toutes sortes de déficiences.

Me trouvant dans mon état habituel, j'étais affligée et presque hébétée à cause de mes privations coutumières. Jésus vint comme en passant et me dit: «Ma fille, ce que je veux que tu prennes à coeur, c'est la constance dans le bien, tant à l'intérieur de toi qu'à l'extérieur. La répétition de l'acte de m'aimer et la constance dans le bien font grandir la Vie divine dans l'âme, et cela avec tant de force que cela peut être comparé à un enfant qui, grandissant dans le bon air et avec une bonne alimentation, grandit en pleine santé jusqu'à ce qu'il ait atteint sa stature normale, sans avoir besoin du médecin et de remèdes. Il devient si robuste qu'il peut aider les autres.

«Par contre, l'âme qui n'est pas constante est comme un enfant qui ne se nourrit pas toujours avec des aliments sains et qui respire un air infect. Il devient maladif et, à cause de sa mauvaise alimentation, ses membres ne se développent pas adéquatement, il se développe avec des défauts: une tumeur se forme à un endroit, un abcès à un autre. En conséquence, il marche en boitant et parle avec difficulté. On peut dire qu'il est un pauvre infirme.

«Bien que certains de ses membres soient en bon état, ses membres défectueux sont plus nombreux. Et même s'il consulte des médecins et prend des médicaments, cela ne lui fait pas beaucoup de bien parce que son sang est infecté par une atmosphère polluée et que ses membres sont faibles et défectueux à cause de sa malnutrition. Il deviendra un adulte, mais sans atteindre sa vraie stature; il aura toujours besoin d'aide et ne pourra pas aider les autres. Il en va ainsi pour l'âme inconstante: c'est comme si elle se nourrissait avec de mauvais aliments. En s'appliquant à des choses qui ne sont pas de Dieu, c'est comme si elle respirait de l'air pollué. Ainsi, la Vie divine grandit en elle difficilement et pauvrement, car il lui manque la force et la vigueur de la constance.»

46.    2 septembre 1908 — Un signe qu'on possède la vraie charité est son amour pour les pauvres.

Je vis des jours amers à cause de la privation continuelle de Jésus béni. Il est venu brièvement et m'a dit: «Ma fille, un signe pour reconnaître si quelqu'un possède la vraie charité est son amour pour les pauvres. En fait, s'il aime les riches et est disponible à leur endroit, il peut le faire parce qu'il espère obtenir quelque chose d'eux ou qu'il sympathise avec eux, ou à cause de leur noblesse, de leur intelligence, de leur éloquence, ou même parce qu'il en a peur.

«Cependant, s'il aime les pauvres, s'il les aide et les supporte, c'est qu'il voit en eux l'image de Dieu; ainsi, il ne s'arrête pas à leur rudesse, leur ignorance ou leur misère. À travers leur misère, comme à travers une vitre, il voit Dieu, de qui il espère tout. Il les aime, les aide, les console comme s'il le faisait à Dieu lui-même. C'est là la véritable vertu: elle part de Dieu et aboutit en Dieu.

«D'autre part, ce qui est issu de la matière produit la matière et aboutit en elle. Aussi splendide et vertueuse que puisse sembler la charité, si on n'y sent pas la touche de Dieu, celui qui la pratique et celui qui la reçoit en sont agacés; de plus, elle conduit parfois à commettre des fautes.»

47.    3 septembre 1908 — Jésus est lumière, et la lumière est vérité.

Me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni se fit voir toute lumière et me dit ces simples mots: «Je suis lumière. Mais de quoi est faite la lumière? Quel est son fondement? La lumière est vérité. Ainsi, je suis lumière parce que je suis vérité.

Conséquemment, pour être lumière et avoir de la lumière dans toutes ses actions, tout doit être vérité. Où il y a artifice et duplicité, il ne peut y avoir de lumière, mais seulement de l'obscurité.»

À la suite de ces quelques mots, il disparut à la vitesse de l'éclair.

48.    5 septembre 1908 — Dieu ne change pas. Ce sont les créatures qui, selon leur état d'âme, ressentent différemment les effets de la Présence de Dieu en eux.

Pendant que je causais avec mon confesseur, il m'a dit: «Comme ce sera terrible de voir l'indignation de Dieu! Cela est si vrai que, au jour du jugement, les méchants diront: «Montagnes, tombez sur nous, détruisez-nous, afin que nous ne voyions pas la face de Dieu indigné!» Je lui dis: «En Dieu, il ne peut pas y avoir d'indignation, les choses se passent plutôt selon l'état de l'âme.

«Si l'âme est bonne, les qualités et les attributs de Dieu l'attirent et elle est consumée du désir de s'immerger complètement en lui. Si elle est mauvaise, la Présence de Dieu l'écrase et la fait s'enfuir loin de lui. Se voyant rejetée et n'ayant en elle aucune semence d'amour pour ce Dieu si saint et si beau, pendant qu'elle se voit elle-même si mauvaise et si laide, l'âme veut plutôt fuir la Présence de Dieu et même se détruire elle-même. En Dieu, il n'y a pas de changement, c'est plutôt nous qui ressentons les choses différemment suivant l'état de notre âme.»

Par après, je me suis dit: «Comme j'ai été stupide en parlant ainsi!» Plus tard, pendant que je faisais ma méditation du jour, Jésus vint brièvement et me dit: «Ma fille, tu as bien parlé. Je ne change pas et ce sont plutôt les créatures qui peuvent ressentir différemment ma Présence, suivant leur état d'âme. En fait, comment une personne qui m'aime pourrait-elle être apeurée alors qu'elle ressent la totalité de mon Être couler en elle et former toute sa vie? Peut-elle vraiment être gênée par ma beauté si elle s'efforce de s'embellir toujours plus dans le but de me plaire et d'être comme moi? Elle ressent la totalité de mon Être divin circuler dans ses mains, ses pieds, son coeur et son esprit, de telle sorte que mon Être lui appartient totalement. Et comment pourrais-je avoir honte d'elle? Cela est impossible!

«Ah! ma fille, le péché jette tant de désordre dans la créature qu'elle en vient à vouloir se détruire elle-même pour ne pas avoir à soutenir ma Présence. Au jour du jugement, ce sera terrible pour les méchants. Ne voyant aucune semence d'amour en eux, mais plutôt de la haine envers moi, ma justice m'imposera de ne pas les aimer. Et les personnes qui ne sont pas aimées, on ne veut pas être auprès d'elles et on cherche à les éloigner de nous. Je ne voudrai pas les avoir auprès de moi et elles ne voudront pas y être; nous nous fuiront l'un l'autre. Uniquement l'amour unit tout et rend tout le monde heureux.»

49.    6 septembre 1908 — Jésus souffrit sa Passion afin de s'incorporer toute l'humanité.

Me trouvant dans mon état habituel, je réfléchissais sur le mystère de la Flagellation, quand Jésus vint. Il pressa ses mains sur mes épaules et me dit en mon intérieur: «Ma fille, je voulais que ma chair soit déchiquetée et que mon sang ruisselle de toute mon Humanité pour réunir en moi toute l'humanité perdue. En fait, de tout ce qui a été déchiqueté de mon Humanité — chair, sang, cheveux —, rien ne demeura dispersé à ma Résurrection, mais tout fut réuni à nouveau à mon Humanité.

Ce faisant, j'incorporai toutes les créatures à moi. Si donc quelqu'un se sépare de moi, c'est par sa volonté obstinée et pour être perdu à tout jamais

50.    7 septembre 1908 — Autant l'âme est privée pendant cette vie, autant elle sera riche dans la vie éternelle.

Étant dans mon état habituel, Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, plus l'âme se prive de choses ici-bas, plus elle sera comblée dans le Ciel; plus on est pauvre sur la terre, plus on sera riche dans le Ciel; plus on est privé de plaisirs, d'amusements, de voyages, de balades sur la terre, plus on sera comblé en Dieu. Oh! combien l'âme pourra se balader dans l'étendue des Cieux, spécialement dans les Cieux incommensurables des attributs de Dieu! En fait, chacun des attributs de Dieu est un Ciel de plus, un Paradis de plus. Chez les bienheureux, quelques-uns sont comme en marge des attributs de Dieu, d'autres se trouvent en leur milieu et d'autres se trouvent plus haut encore: plus ils y circulent, plus ils goûtent et se réjouissent.

Ainsi, quiconque se départit des choses terrestres, mêmes des plus petites, choisit le Ciel. Plus il aura connu le mépris sur la terre, plus il sera honoré; plus il aura été petit, plus il sera grand; plus il aura été soumis, plus il dominera; et ainsi de suite. Cependant, combien choisissent de se priver sur la terre pour être comblés dans le Ciel? Presque personne!»

51.    3 octobre 1908 — Si l'âme se garde toujours dans l'attitude de faire le bien, la grâce demeure avec elle et donne vie à toutes ses actions.

Ce matin, Jésus béni se fit voir un peu comme une ombre et me dit: «Ma fille, quand l'âme se maintient dans l'attitude de faire le bien, la grâce est avec elle et donne vie à toutes ses actions. Si, cependant, elle devient indifférente à faire le bien ou accomplit le mal, ma grâce se retire: incapable de pactiser avec ces choses et de communiquer sa vie, consternée, elle se retire avec beaucoup de déplaisir.

«Veux-tu que la grâce soit toujours avec toi et que ma Vie forme la tienne? Reste dans l'attitude de toujours faire le bien. Ainsi, la totalité de mon Être se développera en toi et tu seras moins portée à te chagriner quand tu seras privée de ma Présence. En fait, sans me voir, tu me toucheras à travers tous tes actes et cela adoucira en partie la souffrance de ma privation.»

52.    23 octobre 1908 — La science divine se manifeste dans les travaux bien faits.

Alors que j'étais dans mon état habituel, Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, la science divine se manifeste dans les travaux faits avec droiture. En fait, la droiture contient toute la beauté et le bien que l'on puisse trouver: l'ordre, l'utilité, la beauté, la connaissance. Un travail est bon dans la mesure où il est fait dans l'ordre, mais s'il est mal agencé, mal foutu, on ne peut rien en tirer de bon. Toutes les choses que j'ai faites, des plus grandes aux plus petites, sont bien ordonnées et s'avèrent utiles, car elles furent faites dans la droiture.

Dans la mesure où la créature est bonne, elle est habitée par la science divine. Dans la mesure où elle agit avec droiture, de bonnes choses sortent d'elle. Cependant, si elle travaille négligemment, cela peut compromettre le résultat de son travail et la compromettre elle-même, car la science divine sera alors mise en veilleuse.

Quiconque n'agit pas dans la rectitude s'écarte des chemins de la justice, de la sainteté et de la beauté, c'est-à-dire des chemins de Dieu. Il est comme une plante qui a peu de terre sous elle: les rayons brûlants du soleil, les forts vents et le froid empêchent la science divine de se manifester en elle. Il en va ainsi pour ceux qui travaillent négligemment: ils se privent du sol de la science divine et dépérissent dans leur propre désordre.»

53.    20 novembre 1908 — Quand l'âme fait de l'amour sa nourriture quotidienne, son amour devient stable et sans soubresaut.

Étant dans mon état habituel, j'étais remplie d'amertume et de privations. Ce matin, Jésus béni est venu pendant un court moment et je me suis plainte à lui de mon état. Mais, plutôt que de me répondre, il s'est approché et m'a dit:

«Ma fille, l'âme vraiment aimante n'est pas satisfaite de m'aimer émotivement et anxieusement, elle n'est satisfaite que lorsqu'elle a fait de l'amour sa nourriture quotidienne. C'est alors que son amour devient solide et sérieux, débarrassé de l'inconstance habituelle chez les créatures. Et puisqu'elle a fait de l'amour sa nourriture, celui-ci est diffusé dans tous ses membres et lui donne la force de soutenir les flammes d'amour qui la consument et alimentent sa vie. Parce qu'elle possède l'amour en elle, elle ne fonctionne plus par anxiété ou selon ses émotions, mais elle sent seulement qu'elle aime de plus en plus.

Tel est l'amour des bienheureux dans le Ciel: c'est mon propre amour. Les bienheureux brûlent, mais sans anxiété et sans tapage; cela se fait dans la stabilité et d'une manière admirablement sérieuse.

«C'est là le signe que l'âme en est venue à se nourrir d'amour; son amour perd de plus en plus les caractéristiques de l'amour humain. S'il n'y a qu'anxiété et émotions, c'est le signe que l'âme n'a pas fait de l'amour sa nourriture, mais que c'est seulement des parties d'elle-même qu'elle a vouées à l'amour. Ainsi, parce qu'elle n'est pas entièrement amour, elle n'a pas la force de le contenir en elle et c'est ainsi qu'elle a ces émotions de l'amour humain. Cette âme est très démonstrative mais sans stabilité, alors que la première est stable comme une montagne qui ne bouge jamais.»

54.    16 décembre 1908 — En la privant de sa Présence, Jésus fait de Luisa une grande martyre.

Vivant mes jours dans l'amertume, je me plaignais à Notre-Seigneur en lui disant: «Avec quelle cruauté tu m'as laissée! Tu m'avais dit que tu m'avais choisie comme ta petite fille et que tu me garderais toujours dans tes bras. Cependant, qu'en est-il maintenant? Tu m'as jetée par terre et, plutôt que d'être ta petite fille, je vois que tu as fait de moi une petite martyre. Et, bien que petit, mon martyre est aussi cruel et âpre qu'amer et intense.»

À ce moment, Jésus bougea en moi et me dit: «Ma fille, tu te trompes. Ma Volonté ne fait pas de toi une petite martyre, mais une grande. Si je t'ai donné la force de supporter avec patience et résignation la privation de ma Présence — ce qui est la chose la plus douloureuse et la plus amère qui existe, au point qu'aucune autre peine au Ciel et sur la terre ne l'approche ou ne lui ressemble —, n'est-ce pas là l'héroïsme de la patience et l'ultime degré de l'amour, en comparaison duquel tous les autres amours sont dépassés et presque annulés? N'est-ce pas là un grand martyre?

«Tu dis être une petite martyre parce que tu penses ne pas souffrir tellement. Ce n'est pas que tu ne souffres pas, mais que le martyre de ma privation absorbe toutes tes autres souffrances, les faisant presque disparaître. En fait, ta situation d'être sans moi fait que tu ne prêtes pas attention à tes autres souffrances et que tu en viens à ne pas ressentir leur poids. Par suite, tu dis que tu ne souffres pas.

«Je ne t'ai donc pas jetée par terre, je te garde plutôt bien agrippée dans mes bras. Plus encore, je te dis que si j'ai donné à Paul ma grâce efficace lors de sa conversion, je te donne cette grâce à toi presque continuellement. Le signe de cela est que tu continues à faire intérieurement tout ce que tu faisais quand j'étais avec toi presque continuellement, ce que tu sembles faire présentement seule et par toi-même. Que tu sois tout immergée en moi et liée à moi en pensant sans cesse à moi, même si tu ne me vois pas, cela n'est pas de toi, c'est une grâce spéciale et efficace. Et si je te donne beaucoup, c'est le signe que je t'aime beaucoup et que je veux que tu m'aimes aussi beaucoup.»

55.    25 décembre 1908 — Comment faire pour que Jésus naisse et croisse dans notre coeur.

Me trouvant dans mon état habituel, je m'ennuyais du petit Bébé Jésus et, après beaucoup de tribulations, Jésus apparut en moi sous la forme d'un petit bébé et me dit: «Ma fille, la meilleure manière de me faire naître dans son coeur, c'est de se vider de tout, parce qu'en trouvant l'espace vide, je peux y placer mes biens. Si j'y trouve de la place pour y placer tout ce qui m'appartient, alors seulement je peux m'y installer pour toujours. On peut dire qu'une personne qui est venue vivre chez une autre y est heureuse seulement si elle y trouve suffisamment d'espace libre pour y placer tous ses biens; autrement, elle n'y est pas heureuse. Il en va ainsi pour moi.

Une deuxième manière pour me faire naître et augmenter mon bonheur en une âme est que tout ce qu'elle contient, tant intérieurement qu'extérieurement, soit pour moi. Tout doit être fait pour m'honorer et accomplir mes ordres. Si, même une seule chose — une pensée, un mot —, n'est pas pour moi, j'en suis malheureux et, alors que je dois être le Maître, on fait de moi un esclave. Comment puis-je tolérer cela?

Une troisième manière est l'amour héroïque, l'amour magnifié, l'amour sacrificiel. Ces trois amours font grandir mon bonheur d'une façon merveilleuse, parce qu'elles rendent l'âme capable d'actions dépassant ses forces, vu qu'elle agit uniquement avec ma force. Ces amours font croître l'âme en coopérant non seulement à augmenter son amour pour moi, mais aussi celui des autres. Cette âme en viendra à tout endurer, même la mort, pour triompher de tout et pouvoir me dire: «Je n'ai rien d'autre, tout en moi est amour pour toi.» De cette manière, l'âme ne me fera pas seulement naître en elle, mais elle me fera croître; je formerai un magnifique paradis dans son coeur.»

Pendant qu'il disait cela, je l'ai regardé et, de petit qu'il était, il est devenu subitement gros, de telle manière que je suis restée complètement remplie de lui. Ensuite, tout disparut.

56.    27 décembre 1908 — Les "je t'aime" d'un Dieu sont la récompense de ceux qui disent des "je t'aime" à Jésus.

Je méditais sur les moments où la Reine Maman donnait du lait au Bébé Jésus et je me disais: «Que se passait-il alors entre la Maman la plus sainte et le petit Jésus?» À ce moment, j'ai senti Jésus bouger en moi et je l'ai entendu me dire: «Ma fille, quand je suçais le lait de la poitrine de ma très douce Maman, je suçais en même temps l'amour de son Coeur, et c'était beaucoup plus ce dernier que le premier que je suçais. C'était comme si elle me disait: «Je t'aime, je t'aime, ô Fils!» et que je lui répondais: «Je t'aime, je t'aime, ô Maman.» Et je n'étais pas seul: à mes "je t'aime", le Père, le Saint-Esprit ainsi que toute la création — les anges, les saints, les étoiles, le soleil, les gouttes d'eau, les plantes, les fleurs, les grains de sable, tout les éléments — se joignaient à moi en disant: «Nous t'aimons, nous t'aimons, ô Mère de notre Dieu, dans l'amour de notre Créateur.»

Ma Mère en était tout inondée. Il n'existait pas un seul petit espace où elle ne m'entendait pas lui dire que je l'aimais. Son amour était derrière tout cela, presque seul, et répétait: «Je t'aime, je t'aime!» Cependant, elle ne pouvait m'égaler, parce que l'amour de la créature a ses limites, son temps, alors que mon amour est incréé, sans fin, éternel.

La même chose arrive à chaque âme quand elle me dit: «Je t'aime!» Je lui dis aussi: «Je t'aime», et toute la création se joint à moi en l'aimant à travers mon amour. Oh! si les créatures comprenaient le bien et l'honneur qu'elles se procurent à elles-mêmes simplement en me disant: «Je t'aime!» Cela est suffisant pour qu'un Dieu les honore en leur répondant: «Je vous aime moi aussi!»

57.    28 décembre 1908 — Jésus prédit des tremblements de terre, des inondations et des guerres.

Étant dans mon état habituel, j'ai eu l'impression que la terre vacillait sous mes pieds et voulait se dérober. Je me suis sentie inquiète et me suis dit: «Seigneur, Seigneur, qu'est-ce qui se passe?» Il me dit en mon intérieur: «Tremblements de terre!» sans rien ajouter.

Je n'ai presque pas fait attention à lui et j'ai poursuivi mes activités intérieures comme à l'accoutumée. Environ cinq heures plus tard, j'ai soudainement ressenti sensiblement un tremblement de terre. Dès que celui-ci eut cessé, un peu confuse, je me suis retrouvée hors de mon corps et j'ai pu voir des choses terribles. Cette vue est cependant disparue rapidement et je me suis retrouvée à l'intérieur d'une église. Un jeune homme habillé de blanc et provenant de l'autel vint à moi. Je pense que c'était Notre-Seigneur, mais je n'en suis pas sûre. S'approchant de moi et avec un regard imposant, il me dit: «Viens!»

Je haussai les épaules sans bouger et, présumant qu'il était en train d'envoyer des fléaux, j'ai dit: «Seigneur, veux-tu vraiment me prendre maintenant?» Le jeune homme se jeta alors dans mes bras et, à l'intérieur de moi, je l'ai entendu me dire: «Viens, ô ma fille, pour que je puisse en finir avec le monde, je vais en détruire une bonne partie par des tremblements de terre, des inondations et des guerres.»

Ensuite, je suis revenue dans mon corps.

58.    30 décembre 1908 — En vivant sa petite enfance, Jésus a divinisé la petite enfance de chaque créature.

Je méditais sur la petite enfance de Jésus et je me disais: «Mon petit Bébé, à combien de peines as-tu voulu te soumettre! Il ne t'a pas suffi de venir sous la forme d'un adulte, tu as aussi voulu prendre la forme d'un bébé et souffrir dans les langes, dans le silence et l'immobilité de ta petite Humanité, dans tes pieds, dans tes mains, etc. Pourquoi tout cela?»

Comme je réfléchissais à cela, il remua en moi et me dit: «Ma fille, mes oeuvres sont parfaites. J'ai voulu venir comme un petit bébé pour diviniser tous les petits sacrifices et toutes les petites actions qu'il y a dans la petite enfance. Ainsi, jusqu'à ce que les bébés commencent à commettre des péchés, tout reste absorbé dans mon enfance et est divinisé par moi. Quand les péchés commencent à apparaître, alors commence une séparation entre moi et la créature, une séparation douloureuse pour moi et triste pour elle.»

Je lui dis: «Comment cela peut-il se faire puisque les bébés n'ont pas l'âge de raison et ne sont donc pas capables de gagner des mérites?» Il reprit: «Premièrement, parce que je donne les mérites par ma grâce et, deuxièmement, parce que ce n'est pas leur volonté qui peut les empêcher de gagner des mérites, ils sont dans l'état de la petite enfance tel que voulu par moi.

«Un jardinier qui a mis en terre une plante n'est pas seulement honoré par elle, mais il en cueille les fruits, même si la plante n'a pas l'usage d'une raison. Il en est ainsi pour un artisan qui sculpte une statue, et pour plein d'autres choses. Seul le péché détruit tout et sépare la créature du Créateur. Pour tout le reste, même pour les choses les plus simples, tout vient à la créature par moi et me revient avec la marque d'honneur du Créateur.»

59.    2 janvier 1909 — Même sous les décombres, Jésus se trouve moins mal que dans plusieurs tabernacles.

C'est avec grande répugnance et par obéissance que je vais continuer à parler de ce qui est arrivé à partir du 28 décembre concernant le tremblement de terre. Je réfléchissais sur le sort de tant de pauvres gens ensevelis vivants sous les décombres, et aussi à celui de Jésus Eucharistie également enseveli sous les décombres. Je me disais: «Il me semble que le Seigneur doit dire à ces personnes: "Je subis le même sort que vous à cause de vos péchés. Je me tiens avec vous pour vous aider et vous donner la force. Je vous aime tellement qu'il suffit d'un dernier acte d'amour de votre part pour que vous soyez sauvés et que j'ignore tout le mal que vous avez fait dans le passé."

«🙏 Ah! mon Bien, ma Vie et mon Tout, je t'adore sous les décombres et, partout où tu te trouves, je t'envoie mes enlacements, mes baisers et toutes mes énergies pour te tenir compagnie. Oh! comme j'aimerais pouvoir te dégager et te placer en des endroits plus confortables et plus dignes de toi! 🔥»

À ce moment, mon adorable Jésus me dit intérieurement: «Ma fille, tu as parlé quelque part de l'amour excessif que j'ai pour les gens, même quand je les châtie. Cependant, il y a plus encore. Sache que, mon sort dans le sacrement de l'Eucharistie est peut-être moins malheureux sous les pierres, que dans les tabernacles. Les sacrilèges commis par les prêtres et par le peuple sont si nombreux que je deviens lassé de descendre dans leurs mains et dans leurs coeurs, au point de me sentir contraint de les détruire presque tous. Et que dire des ambitions et des scandales de certains prêtres? Tout est ténèbres en eux, ils ne sont plus la lumière qu'ils sont supposés être. Et quand ils ont cessé de communiquer ma lumière, le peuple tombe dans des excès et ma justice est forcée de les détruire.»

Souffrant beaucoup de la solitude à cause de son absence et craignant que quelques violents tremblements de terre ne se produisent ici même, j'étais si accablée que je me sentais mourir. Jésus vint comme une ombre et me dit, compatissant: «Ma fille, ne te sens pas si oppressée. À cause de toi, j'épargnerai cette ville de dommages sérieux.

«Vois par toi-même si je ne dois pas continuer à punir: au lieu de se convertir, les gens, en entendant parler de la destruction d'autres provinces, disent que ce sont ces régions qui sont la cause de ces châtiments et continuent à m'offenser! Comme ils sont aveugles et insensés! Toute la terre n'est-elle pas dans mes mains? Ne puis-je pas ouvrir des abîmes dans leurs régions et les avaler eux aussi? Pour leur montrer cela, je causerai des tremblements de terre à d'autres endroits où il n'y en a ordinairement pas.»

Pendant qu'il disait cela, il sembla tendre ses mains vers le centre de la terre, y prendre du feu et l'approcher de la surface de la terre. Alors la terre était secouée et des tremblements de terre se faisaient sentir, à certains endroits plus intensément qu'à d'autres. Il dit: «Ceci n'est que le début des châtiments; qu'est-ce que ce sera à la fin?»

60.    8 janvier 1909 — Les fruits de la communion.

Ayant reçu la sainte communion, je me demandais quoi faire pour m'approcher encore plus de Jésus béni. Il me dit:

«Pour te rapprocher encore plus de moi, au point de fondre ton être dans le mien comme le mien est fondu dans le tien, tu dois en toutes choses prendre ce qui est de moi et laisser ce qui est de toi. Si tu en arrives à ne penser qu'à des choses saintes, à ne regarder que le bien et à ne chercher que la gloire et l'honneur de Dieu, tu laisseras ton esprit et épouseras le mien. Si tu ne parles et n'agis que pour le bien et par amour pour Dieu, tu laisseras ta bouche et tes mains en les remplaçant par ma bouche et mes mains. Si tu marches toujours saintement et dans des sentiers droits, tu marcheras avec mes pieds. Si ton coeur n'aime que moi, tu le remplaceras par mon Cœur pour n'aimer qu'avec mon amour, et ainsi de suite pour tout le reste. Ainsi, tu seras enveloppée de toutes mes choses et moi de toutes les tiennes. Peut-il exister une union plus étroite que celle-là?

«Si l'âme atteint le point de ne plus se reconnaître elle-même, mais ne reconnaît que l'Être divin en elle, ce sont là les fruits des bonnes communions et l'objectif divin les concernant. Mais combien mon amour est frustré et combien sont minimes les fruits que les âmes tirent de la communion, au point que la majorité demeurent indifférentes et même dégoûtées de cette divine Nourriture!»