no 21 à 40

21.    23 janvier 1908 — Jésus ne vient jamais dans l'âme inutilement. L'âme qui tergiverse donne le temps et l'espace à l'ennemi pour gagner la bataille.

Quand il est venu, M. m'a dit que, dans ces visites de Notre-Seigneur, je ne gagnais aucun mérite et que je méritais quelque chose seulement quand je pratiquais la vertu. Il me demanda aussi de prier pour certains de ses besoins. Dans le cours de la journée, je me sentais interpellée par ces propos.

En essayant d'éclaircir cette question, je me suis dit: «Mon adorable Bien, tu sais que je ne me suis jamais souciée de la question des mérites, mais seulement de t'aimer. Il me semble qu'ils veulent faire de moi une servante dans ta maison, comme si je devais m'intéresser aux gains. Non, je ne veux pas être une servante, mais ta fille. Mieux encore, je veux que tu sois mon Bien-Aimé et moi, que je sois tout à toi. Mais cette pensée me revient souvent.»

Par la suite, alors que j'étais dans mon état habituel, mon Jésus béni vint et me dit: «Ma fille, M. ne t'a pas dit la vérité. Quand je viens dans une âme, je ne viens jamais inutilement, mais je lui apporte quelque chose d'utile. Tantôt je lui parle des vertus, tantôt je la corrige, tantôt je lui communique ma beauté, de telle manière que toute autre chose lui paraisse laide, etc.

«Et même si je ne dis rien à cette âme, il est certain que l'amour continue à se développer en elle: plus elle m'aime, plus je l'aime en retour. J'ajouterai que les mérites de l'amour sont si grands, si nobles et si divins que, comparés aux autres mérites, ils sont d'or pur alors que ces derniers sont de plomb. Quand M. vient te voir, il ne vient pas comme une statue et, en conséquence, il essaie de te dire des choses et de te faire du bien, mais il le fait à la manière d'une créature. Et moi, qui suis le Créateur, est-ce que je ferais des choses inutiles?»

À ce moment, je me suis souvenue des intentions que M. m'avait recommandées et j'ai prié le Seigneur pour qu'il lui réponde. Pendant que je faisais cette demande, il me sembla voir M. avec un vêtement couleur argent et un voile noir descendant de sa tête et lui couvrant une partie des yeux. Et ce voile semblait s'étendre à une autre personne placée derrière lui. Je ne comprenais rien à tout cela et Jésus béni me dit: «Le vêtement d'argent que tu vois sur lui est la pureté de ses intentions et le voile noir l'humain qui y est mêlé. L'humain qui s'y mêle est comme un voile qui recouvre la lumière de la vérité qui brille dans son esprit; parfois il le fait agir dans la peur ou l'amène à agir pour satisfaire quelqu'un d'autre et non pas selon la vérité que ma grâce fait luire en son esprit.»

Je dis à Jésus: «Seigneur, accorde-lui ce qu'il demande, car il s'agit de quelque chose qui concerne beaucoup ta gloire.» Il répondit: «Pour une âme irrésolue, la remise au lendemain donne à l'ennemi le temps pour gagner la bataille, alors que ne pas lui accorder de temps et se montrer résolu et inébranlable lui ferment la porte et procurent à l'âme le bénéfice de ne pas même s'exposer à la bagarre. Ainsi, si M. veut atteindre son but rapidement, c'est la bonne manière; je serai avec lui et nous serons victorieux. Par la suite, ceux qui se seront le plus opposés seront ceux qui lui seront le plus favorables et qui l'admireront le plus, voyant qu'il aura renoncé à leurs vues humaines.»

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🤯 Qui est "M"?

22.    6 février 1908 — Comment savoir si une âme est dans la grâce.

Me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, un bon moyen de savoir si une âme est dans ma grâce est que l'âme est prête à coopérer quand la grâce se présente. La grâce peut se comparer au courant électrique qui agit seulement si l'appareil a été préparé pour que le courant passe. Si la préparation n'a pas été faite ou que des fils sont cassés ou détruits, alors, même si le courant se présente, la lumière ne peut se communiquer.»

Puis il disparut.

23.    7 février 1908 — La vie est un fardeau qui, avec Jésus, devient un trésor.

Me trouvant dans mon état habituel, je pensais au fardeau énorme que Jésus béni portait quand il était sous la croix, et je me disais: «Seigneur, la vie est également un fardeau — mais quel fardeau! — spécialement parce que toi, mon Dieu très haut, tu es très loin.»

À ce moment, il vint et me dit: «Ma fille, c'est vrai que la vie est un fardeau. Cependant quand l'âme porte ce fardeau avec moi et qu'elle considère qu'à la fin de cette vie elle pourra décharger ce fardeau en moi, elle verra que ce fardeau sera transformé en un trésor comportant des perles, des pierres précieuses, des diamants et toutes les richesses aptes à la rendre heureuse pour toute l'éternité.»

24.    9 février 1908 — La manière d'être avec Jésus. Nécessité de l'amour.

Après la communion, je disais: «Seigneur, tiens-moi toujours serrée sur toi parce que je suis trop petite et que, étant si petite, je pourrais me perdre.» Il me répondit: ❤️ «Je veux t'enseigner la manière d'être avec moi. 📌«Premièrement, tu dois entrer en moi, te transformer en moi et prendre pour toi ce que tu trouves en moi.

 📌 Deuxièmement, quand tu te seras remplie de moi complètement, sors à l'extérieur et opère en coopération avec moi comme si toi et moi ne faisions qu'un, de telle manière que si je bouge, tu bouges aussi, et si je pense, tu penses à la même chose que moi. En d'autres mots, tout ce que je fais, tu le fais toi aussi.

 📌 «Troisièmement, avec ces actes que nous avons faits ensemble, retire-toi pendant un instant, rends-toi au milieu des créatures et donne à tous et à chacun toutes les choses que nous avons faites ensemble: donne ma Vie divine à chacun. Immédiatement après, reviens en moi pour me donner au nom de tous toute la gloire qu'ils doivent me donner. Prie, excuse-les, répare, aime, oh! oui, aime-moi pour tous, rassasie-moi d'amour!

«En moi il n'y a aucune passion. Cependant, s'il pouvait y en avoir une, ce serait l'amour. En fait, l'amour en moi est plus qu'une passion, c'est ma Vie, et si les passions peuvent être détruites, ma Vie ne le peut pas. Vois combien il m'est nécessaire d'être aimé. Donc, aime-moi, aime-moi!»

25.    12 février 1908 — L'âme courageuse fait en un jour ce que l'âme timide fait en une année.

Me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni vint brièvement et me dit:

«Ma fille, la timidité fait obstacle à la grâce et nuit à l'âme. Une âme timide ne sera jamais apte à gérer de grandes choses, ni pour Dieu, ni pour le prochain, ni pour elle-même. L'âme timide agit comme si elle avait les jambes liées; incapable de marcher librement, elle a les yeux toujours fixés sur elle-même et sur les efforts qu'il lui faut pour marcher. La timidité lui fait garder ses yeux baissés, jamais haut. Quand elle agit, elle tire sa force non pas de Dieu, mais d'elle-même et, par conséquent, au lieu de gagner de la force, elle en perd. Si la grâce ensemence en elle, il lui arrive comme à un pauvre fermier qui, ayant ensemencé et travaillé son petit champ, moissonne peu ou rien du tout. L'âme courageuse fait en un jour ce que l'âme timide fait en une année.»

26.    16 février 1908 — La croix est le meilleur moyen pour savoir si l'on aime vraiment le Seigneur.

Me trouvant dans mon état habituel, je me demandais pourquoi seule la croix nous permet d'être sûrs que nous aimons le Seigneur, même s'il y a beaucoup d'autres choses, par exemple les vertus, la prière et les sacrements, qui pourraient aussi nous permettre de savoir si nous aimons vraiment le Seigneur. Pendant que je pensais ainsi, Jésus béni vint et me dit:

«Ma fille, il en est bien ainsi. Seule la croix permet d'être sûr que nous aimons vraiment le Seigneur, mais la croix portée [mais elle doit être portée] avec patience et résignation. S'il y a patience et résignation devant la croix, c'est que l'amour de Dieu est présent. En effet, vu que la nature est très réfractaire à la souffrance, si la patience est là, cela n'est pas naturel mais divin, c'est-à-dire que l'âme n'aime pas le Seigneur seulement avec son propre amour, mais aussi avec l'amour divin. Alors, comment douter que cette âme aime vraiment Dieu, si elle l'aime avec l'amour divin lui-même?

«Concernant les autres choses, y inclus les sacrements, l'âme peut aussi avoir l'amour divin en elle, mais ces choses ne peuvent donner la certitude que donne la croix. L'amour pourrait ne pas être là à cause du manque de bonnes dispositions. Quelqu'un peut très bien aller à confesse, mais s'il lui manque les bonnes dispositions, on ne peut conclure qu'il aime Dieu. Si quelqu'un va communier, il reçoit bien la Vie divine, mais on ne peut dire que cette Vie divine reste en lui que s'il a vraiment les dispositions requises.

«Quelqu'un peut communier ou aller à confesse, mais quand les occasions se présentent, si la patience manque, l'amour manque aussi puisque l'amour ne se reconnaît qu'à travers le sacrifice. La croix, la patience et la résignation sont des fruits produits uniquement par la grâce et par l'amour.»

27.    9 mars 1908 — Les battements de coeur de Jésus contiennent les battements de coeur de toutes les créatures.

Pendant que j'étais dans mon état habituel, Jésus béni vint brièvement. Il sembla s'approcher tout près de moi pour me faire entendre les battements de son Coeur. Ces battements étaient très forts, et chacun était accompagné de plusieurs petits battements. Jésus me dit:

«Ma fille, c'est l'état dans lequel se trouvait mon Coeur pendant ma Passion. Toutes les vies humaines palpitaient dans mon Coeur; avec leurs péchés, elles étaient toutes en position de me donner la mort. Mais, en dépit de leur ingratitude, mon Coeur, mû par la force de l'amour, redonnait la vie à chacun. C'est pourquoi mon Coeur palpitait avec tant de force. Mes battements contenaient tous les battements de coeur humains, les faisant se transformer en battements de grâces, d'amour et de délices divins.» Ensuite, il disparut.

Comme j'avais reçu plusieurs visiteurs durant la journée, je me sentais fatiguée et, intérieurement, je me plaignais à Notre-Seigneur en lui disant: «Enlève les créatures d'autour de moi, car je me sens très oppressée; je ne sais pas ce qu'elles me trouvent et veulent de moi. Aie pitié de moi à cause de la violence que je dois me faire continuellement pour me garder avec toi intérieurement et être avec les créatures extérieurement!»

À ce moment, la Vierge Maman vint et, avec sa main droite pointée vers mon intérieur, où mon aimable Jésus semblait se trouver, elle me dit: «Ma chère fille, ne sois pas déprimée, car les créatures vont où se trouve un trésor. Et comme il y a en toi le trésor de la souffrance dans lequel se trouve mon doux Fils, elles viennent à toi. Quant à toi, tout en t'occupant d'elles, ne te laisse pas distraire de ton trésor — la croix et mon Fils, mais fais-le aimer par chacun. Ainsi, tu les renverras tout enrichies.

28.    13 mars 1908 — La chaleur de l'union à Jésus féconde l'âme en neutralisant les intempéries des inclinations humaines.

J'étais dans mon état habituel quand un démon faisant des choses étranges se montra. Dès qu'il eut disparu, je n'ai plus pensé à lui ni à son étrange comportement, tout occupée que j'étais avec mon suprême et seul Bien. Par la suite, une pensée me vint: «Comme je suis mauvaise et insipide: rien ne m'impressionne!»

Jésus béni me dit: «Ma fille, il y a des régions où les plantes ne sont pas soumises au froid, aux gelées ou à la neige. Ainsi, elles ne sont pas dépouillées de leurs feuilles, de leurs fleurs et de leurs fruits, et si elle prennent une pause, c'est pour un temps court après que leurs fruits ont été cueillis; il y a le temps nécessaire pour qu'il puisse en pousser d'autres.

«En fait, la chaleur du soleil les féconde d'une manière admirable et elles ne sont pas sujettes à des délais, comme c'est le cas pour les plantes dans les régions froides. Ces pauvres plantes, à cause du froid et de la neige sévissant pendant de longs mois, sont contraintes à ne donner que peu de fruits et pour un temps très court, ce qui éprouve presque la patience du fermier qui les cultive.

«Les âmes qui sont arrivées à l'union avec moi sont comme la première catégorie de plantes: la chaleur de mon union dissipe le froid de leurs inclinations humaines qui voudraient les rendre stériles et dépouillées de leurs feuilles et de leurs fruits divins. Les gelées des passions et la neige des perturbations voudraient empêcher les fruits de la grâce de se manifester en elles, mais leur union avec moi les protège; rien ne les impressionne vraiment et rien n'entre dans leur intérieur qui puisse nuire à notre union et à notre repos. La totalité de leur vie gravite autour de moi.

«Ainsi, leurs inclinations et leurs passions sont pour Dieu. Et si, parfois, il y a une petite pause, ce n'est rien d'autre qu'une absence momentanée de ma Présence en eux, de manière à ce que je puisse leur donner par la suite la surprise de plus grandes consolations et récolter plus de fruits de patience et d'héroïsme qui auront mûri durant mon absence.

«C'est tout le contraire chez les âmes imparfaites. Elles ressemblent à des plantes des régions froides, sensibles à toutes les perturbations. Leur vie est basée davantage sur les impressions que sur la raison et les vertus. Les inclinations, les passions, les tentations, les troubles et tous les événements de la vie sont pour elles comme le froid, la neige, les gelées et la grêle qui gênent le développement de mon union avec elles. Et quand il semble qu'elles ont eu une belle floraison, il suffit d'un revers, de quelque chose qui les indispose pour que cette belle floraison se flétrisse et tombe sur le sol. Ainsi, elles sont toujours au début, produisent très peu de fruits et mettent à l'épreuve ma patience pendant que je les cultive.»

29.    15 mars 1908 — Les tempêtes n'ont aucune emprise sur les âmes remplies de Dieu.

Ce matin, je me sentais plus que jamais oppressée à cause de la privation de mon suprême et unique Bien. Cependant, en même temps, j'étais calme et sans cette anxiété qui m'amène ordinairement à me promener entre le Ciel et la terre jusqu'à ce que je l'aie trouvé. Je me disais: «Quel changement! Je me sens pétrifiée par la douleur de ton absence et, en même temps, je ne pleure pas et je sens une paix profonde m'habiter complètement; aucun souffle d'opposition n'entre en moi.» À ce moment, Jésus béni vint et me dit: «Ma fille, ne t'inquiète pas. Tu dois savoir que lorsqu'il y a une forte tempête en mer, cette tempête n'est que superficielle: la mer profonde est parfaitement calme, ses eaux sont tranquilles, et les poissons, quand ils détectent la tempête, vont se blottir dans l'eau profonde pour y être plus en sécurité. La tempête déferle vraiment là où l'eau est peu profonde, où elle peut l'agiter de la surface jusqu'au fond et même déplacer son eau vers d'autres points de la mer.

«C'est ce qui arrive avec les âmes. Quand elles sont complètement remplies de Dieu au point de déborder, les tempêtes ne peuvent aucunement les secouer, car aucune force ne peut défier Dieu; tout au plus l'âme peut sentir la tempête superficiellement. Bien plus, quand l'âme détecte la tempête, elle met ses vertus en ordre et court se blottir dans les profondeurs de Dieu. Ainsi, même s'il semble extérieurement y avoir tempête, cela n'est qu'apparence; c'est alors que l'âme jouit le plus de la paix, du repos, de la tranquillité dans le sein de Dieu, comme le poisson au fond de la mer.

«C'est tout l'opposé pour les âmes qui sont vides de Dieu ou ne le contiennent qu'un peu: les tempêtes les secouent complètement; si elle n'ont qu'un peu de Dieu, elles perdent le peu qu'elles ont. D'ailleurs, ça ne prend pas une grosse tempête pour les secouer, le moindre vent est suffisant pour que leurs vertus se dissipent.

Plus encore, les choses saintes elles-mêmes, qui forment une nourriture délicieuse pour les âmes remplies de Dieu, se transforment en tempêtes pour ces âmes. Elles sont battues par tous les vents. Il n'y a jamais de calme en elles car, logiquement, là où la totalité de Dieu ne se trouve pas, l'héritage de paix ne se trouve pas non plus.»

30.    22 mars 1908 — L'état de Luisa en est un de prière continuelle, de sacrifices et d'union à Dieu.

Étant dans mon état habituel, je me suis trouvée hors de mon corps et il me sembla voir M. et d'autres prêtres. Un jeune homme d'une divine beauté s'approcha de moi et me donna de la nourriture. Je l'ai prié d'offrir aussi cette nourriture à M. et aux autres. Alors, s'approchant de M., le jeune homme lui en donna une bonne portion en lui disant: «Je partage ma nourriture avec toi et, de ton côté, satisfais ma faim en me donnant des âmes.» Il disait cela en montrant le travail que M. veut accomplir. Il lui donna aussi intérieurement de fortes impulsions et inspirations. Ensuite, il donna de la nourriture aux autres.

À ce moment, une femme vénérable se présenta, et ceux qui avaient reçu de la nourriture s'assemblèrent autour d'elle et lui demandèrent des explications sur mon état. La femme leur répondit: «L'état de cette âme en est un de prière continuelle, de sacrifices et d'union à Dieu. De plus, pendant qu'elle est dans cet état, elle est exposée à tous les événements de l'Église, du monde et de la justice de Dieu; alors elle prie, répare, désarme et empêche autant qu'elle le peut les châtiments que la justice de Dieu veut envoyer sur les créatures. Par la suite, les choses sont toutes suspendues.»

En entendant cela, je me suis dit: «Je suis si méchante mais ils disent que c'est mon état.» Pendant ce temps, je me suis trouvée près d'une petite fenêtre très haute par laquelle je pouvais voir tout ce qui se passait dans l'Église et dans le monde, et les châtiments qui étaient près de tomber. Qui pourrait tous les décrire? J'abandonne pour ne pas être trop longue. Oh! comme j'ai gémi et prié! J'aurais voulu me mettre en pièces afin de contrer tout cela. Puis, tout disparut instantanément et je me suis retrouvée dans mon corps.

31.    25 mars 1908 — La tentation peut être vaincue facilement. S'il y a passion, le démon a plus de force.

Alors que j'étais dans mon état habituel, Jésus vint brièvement et me dit: «Ma fille, la tentation peut facilement être vaincue, car le démon est la créature la plus lâche qui puisse exister. Il suffit d'un acte opposé, d'un mépris ou d'une prière pour le faire fuir. En fait, ces actes le rendent plus peureux et, afin de ne pas avoir à supporter la confusion, dès qu'il s'aperçoit que l'âme est résolue à ne pas prêter attention à ses suggestions, il s'enfuit terrifié.

Cependant, si l'âme ne peut pas facilement se libérer, cela signifie qu'il ne s'agit pas uniquement d'une tentation, mais d'une passion enracinée dans l'âme qui, jointe à la tentation, la tyrannise. Ainsi l'âme est incapable de se libérer elle-même. Où il y a passion, le démon a plus de force pour duper l'âme.

32.    29 mars 1908 — Les âmes paisibles font les délices de Dieu.

Ce matin, quand Jésus béni vint, il semblait vêtu d'un manteau noir. S'approchant de moi, il sembla me placer en dessous de ce manteau et me dit: «Ainsi, je vais envelopper toutes les créatures comme dans un manteau noir.» Puis il disparut.

Je me suis sentie interpellée à cause de certains châtiments. Je l'ai prié de revenir, vu que je ne puis plus me passer de sa Présence. Mais je continuais d'être interpellée par la vision que je venais de voir. Après que j'aie longuement insisté, il vint, apportant dans sa main une tasse de liquide. Il m'en donna à boire et me dit: «Ma fille, les âmes paisibles mangent à ma propre table et boivent à ma propre coupe et, de plus, l'Archer divin ne cesse de décocher des flèches sur elles. Aucune de ces flèches n'est perdue; toutes blessent l'âme aimée et celle-ci s'évanouit pendant que l'Archer poursuit avec ses flèches; tantôt elles la font mourir d'amour, tantôt elles la ramènent à une nouvelle vie d'amour. D'autre part, à partir de ses blessures, l'âme lance ses flèches pour blesser celui qui l'a tant blessée. C'est ainsi que l'âme paisible fait les délices et l'amusement de Dieu.

Pour ce qui est des âmes agitées, si le divin Archer leur envoie des flèches, celles-ci sont perdues par l'âme, ce qui laisse le divin Archer amer, mais amuse le diable.

33.    5 avril 1908 — Toutes les prérogatives de la Reine Maman proviennent du divin Fiat. Dieu regarde plus un petit geste fait dans sa Volonté qu'une grande action réalisée hors d'elle.

Étant dans mon état habituel, je me suis retrouvée hors de mon corps dans un jardin où j'ai vu la Reine Maman assise sur un trône très élevé. Je brûlais du désir de monter jusqu'au haut du trône pour baiser sa main. Et comme je tentais de m'y rendre, elle descendit et me donna un baiser bruyant sur la figure. En la regardant, j'ai vu comme une lumière dans son intérieur dans laquelle était écrit le mot "Fiat". De ce mot descendaient des mers sans fin de vertus, de grâces, de grandeur, de gloire, de joie, de beauté, et de tout ce que contient notre Reine Maman. Tous ces biens provenaient du Fiat. Oh! comme il est puissant, fécond et saint ce Fiat! Qui pourra comprendre cela? Il est si grand que j'en reste muette. Ainsi, je m'arrête ici.

Je la regardais tout éblouie et elle me dit: «Ma fille, toute ma sainteté m'est venue du mot Fiat. Je n'ai jamais bougé le moindrement, pas même pris une seule respiration, pas fait un seul pas ni fait aucune autre action, si ce n'est dans la Volonté de Dieu. Ma vie, ma nourriture, mon tout était la Volonté de Dieu. Cela produisit en moi des mers de sainteté, de richesses, de gloire et d'honneur! Tout était divin, non pas humain.

Plus l'âme est unie et identifiée à la Volonté de Dieu, plus elle peut être dite sainte et plus elle est aimée de Dieu. Et plus elle est aimée de Dieu, plus elle est favorisée, parce que la vie de l'âme n'est rien d'autre que le produit de la Volonté de Dieu. Comment Dieu pourrait-il ne pas aimer cette âme, puisqu'elle est sa propre chose? Par conséquent, on ne doit pas se préoccuper de savoir si on fait beaucoup ou peu, mais plutôt si cela est voulu de Dieu ou pas. En fait, le Seigneur regarde plus les petites choses si elle sont faites dans sa Volonté que les grandes faites hors de sa Volonté.

34.    8 avril 1908 — Quiconque vit dans la Divine Volonté est en communion continuelle avec Jésus. Comment savoir si son état est conforme à la Volonté de Dieu.

J'étais affligée de ne pouvoir communier chaque jour. Mon bon Jésus vint et me dit: «Ma fille, je veux que rien ne te trouble. C'est vrai que communier est une grande chose, mais combien de temps dure l'union étroite entre l'âme et moi? Un quart d'heure tout au plus. Ce que tu dois chérir le plus est le complet renoncement à ta volonté au profit de la mienne car, pour celui qui vit dans ma Volonté, il y a union étroite non seulement pendant un quart d'heure, mais toujours, toujours! Ma Volonté est [une] communion continuelle avec l'âme. C'est non seulement une fois par jour, mais à chaque heure, à chaque instant que l'âme qui fait ma Volonté est en étroite communion avec moi.»

Je vivais des jours très amers à cause de la privation de mon suprême et unique Bien, et aussi à cause de la pensée persistante que mon état n'était peut-être qu'une fumisterie. Ma souffrance était augmentée par mon obligation de demeurer continuellement dans mon lit, sans mouvement ni occupation, dans l'attente de mon confesseur. J'étais de plus privée de mon habituelle somnolence. Tout cela, accompagné de mes larmes incessantes, me tourmentait au point d'en tomber malade.

Plusieurs fois j'ai prié mon confesseur de me donner la permission de m'asseoir dans mon lit, suivant mon habitude, et de faire mon travail habituel de broderie quand je n'étais pas assoupie et que Jésus ne me faisait pas partager un mystère de sa Passion en tant que victime. Mais mon confesseur me défendait cela absolument. Il disait que cet état, même privée de mon Bien suprême, devait être considéré comme un état de victime à cause de la douleur de la privation de Jésus et aussi en vertu de l'obéissance.

J'ai toujours obéi, mais mon coeur martyrisé me disait constamment: «Est-ce que ceci n'est pas une pure lubie? Où se trouve ta somnolence, ton état de victime? Lève-toi, lève-toi! ne cherche pas d'excuses! Travaille, travaille! Ne vois-tu pas que tes prétentions te conduisent à la damnation? N'as-tu donc pas peur? Ne penses-tu pas au terrible jugement de Dieu? Ne vois-tu pas que pendant tant d'années, tu n'as fait que te creuser un abîme dans lequel tu resteras enfermée pour l'éternité?»

Ô Dieu! Qui pourrait dire la torture cruelle qui tourmentait mon âme, qui m'écrasait et me plongeait dans une mer de douleurs? Mais l'obéissance tyrannique ne me laissait pas même un atome de ma propre volonté. Que la Volonté de Dieu soit faite, elle qui veut que les choses se passent ainsi!

La nuit dernière, alors que j'étais dans mon état habituel et au milieu de ces cruels tourments, je me suis trouvée entourée de personnes qui disaient: «Récite un Pater, un Ave et un Gloria en l'honneur de saint François de Paule; cela t'apportera un peu de soulagement dans tes souffrances.» Pendant que je faisais ainsi, le saint m'apparut, m'apportant une petit pain qu'il me donna en me disant: «Mange-le.»

Je le mangeai et me suis sentie toute fortifiée. Puis je lui ai dit: «Cher saint, je voudrais te dire quelque chose.» Il me répondit très aimablement: «Que veux-tu me dire?» Je poursuivis: «J'ai peur que mon état ne soit pas selon la Volonté de Dieu. Durant les premières années de cette maladie, que je vivais alors par intervalles, je me suis sentie appelée par Notre-Seigneur à devenir une victime. Et je fus prise de souffrances et de blessures intérieures telles qu'il apparaissait extérieurement que j'étais en état de crise. Mais, maintenant, je crains que c'était mon imagination qui me causait ces maux.»

Sur quoi le saint me dit: «Un signe certain pour savoir si un état est selon la Volonté de Dieu, c'est que l'âme soit prête à faire autrement si elle apprend que la Volonté de Dieu ne veut plus cet état.» Mais, n'étant pas convaincue, j'ajoutai: «Cher saint, je ne t'ai pas tout dit. Écoute bien. Au début, cela était intermittent. Ensuite, le Seigneur m'appela à une immolation continuelle et ça fait 21 ans que je suis continuellement alitée. Qui pourrait dire toutes mes tribulations? Il me semble que, parfois, Dieu me laisse seule et me prive de la souffrance, l'unique amie fidèle de mon état, et je reste tout écrasée, sans Dieu et sans le soutien de la souffrance, d'où les doutes et les craintes que mon état pourrait ne pas être selon la Volonté de Dieu.»

Plein de bonté, le saint me dit: «Je te répète ce que je t'ai déjà dit. Si tu es prête à faire la Volonté de Dieu quand tu la connais, ton état correspond à sa Volonté.»

Par la suite, j'ai ressenti fortement dans mon âme que, si je connaissais clairement la Volonté de Dieu, je serais prête à y souscrire, même au prix de ma vie. Par la suite, je fus plus tranquille. Que Dieu soit toujours remercié!

35.    3 mai 1908 — Pour l'âme qui fait la Volonté de Dieu, celle-ci circule dans tout son être comme son sang.

J'étais dans mon état habituel. Pendant un court moment, j'ai senti Notre-Seigneur auprès de moi. Il m'a dit: «Ma fille, pour l'âme qui fait ma Volonté, celle-ci circule dans tout son être comme son sang. Ainsi, cette âme est en contact continuel avec moi, avec ma puissance, ma sagesse, ma charité et ma beauté; elle prend part à tout ce qui est mien. Comme elle ne vit plus dans sa propre volonté, celle-ci vit dans la mienne, et comme Ma Volonté circule dans sa volonté, sa volonté circule dans tout mon Être et je sens continuellement son contact.

«Tu ne peux pas comprendre combien, à cause de cela, je me sens porté à l'aimer, à la favoriser, à répondre à chacune de ses demandes. Si je ne lui répondais pas, c'est à moi-même que je ne répondrais pas. En effet, puisqu'elle vit dans ma Volonté, ce qu'elle demande n'est rien d'autre que ce que moi-même je veux et, parce qu'elle obtient tout ce qu'elle demande, elle est heureuse pour elle-même et pour les autres. Sa vie est plus au Ciel que sur la terre. C'est le fruit que produit ma Volonté: béatifier l'âme à l'avance.»

36.    12 mai 1908 — Par leur mauvais exemple, les riches ont entraîné les pauvres au mal.

Me trouvant dans mon état habituel, je suppliais Notre-Seigneur d'être assez bon de mettre la paix dans les âmes, celles-ci étant en discorde et les pauvres voulant attaquer les riches. Il semble que les gens sont assoiffés de sang humain, qu'ils ne peuvent plus s'endurer eux-mêmes. Si le Seigneur ne s'en mêle pas, nous sommes sur le point d'avoir les châtiments dont il m'a souvent parlé.

Il vint brièvement et me dit: «Ma fille, il y a une juste justice. Les riches ont été les premiers à donner le mauvais exemple aux pauvres, à quitter la religion, à négliger leurs devoirs. Ils sont rendus à avoir honte d'entrer dans les églises pour assister à la messe, pour y accomplir leurs obligations.

«Les pauvres se sont nourris du mauvais exemple des riches et, incapables de se contenir, ils essayent de les attaquer et même de les tuer. Il n'y a pas d'ordre sans soumission à Dieu. Les riches se sont séparés de Dieu. Les gens se rebellent contre Dieu, contre les riches et contre tout le monde. La balance de ma justice est remplie et je ne peux plus la contenir.»

37.    15 mai 1908 — Les hommes préparent deux tempêtes: l'une contre le gouvernement et l'autre contre l'Église.

Étant dans mon état habituel, je me suis retrouvée hors de mon corps au milieu de révolutions. Les gens me paraissaient plus que jamais décidés à faire couler le sang. J'implorai le Seigneur et il me dit: «Ma fille, il y a deux tempêtes que les hommes préparent: l'une contre le gouvernement et l'autre contre l'Église.»

J'ai cru voir des leaders s'enfuir. Le roi sembla tomber aux mains de l'ennemi. Les riches couraient de grands dangers et certains étaient mourants.

Ce qui m'attristait le plus, c'était que la révolution était aussi dirigée contre l'Église et que, parmi les chefs révolutionnaires, se trouvaient des prêtres.

Quand ces choses eurent atteint leurs extrêmes limites, il sembla qu'une puissance étrangère intervint. Je m'arrête ici parce qu'il s'agit de choses décrites ailleurs.

38.    22 juin 1908 — La Divine Volonté triomphe de tout.

Ce matin, je me sentais très oppressée à cause de la privation de mon adorable Jésus. Je me disais: «Je n'en peux plus! Comment puis-je continuer sans ma Vie? Quelle patience on a besoin avec toi! Quelle vertu pourrait bien t'inciter à venir?»

À ce moment, il vint et il me dit: «Ma fille, la vertu qui triomphe de tout, qui conquiert tout, qui nivelle tout et qui adoucit tout est la Volonté de Dieu; elle comporte une telle puissance que rien ne peut lui résister.»

Pendant qu'il disait cela, un chemin rempli de pierres, d'épines et de montagnes escarpées apparut devant moi. Quand ce chemin fut placé dans la Divine Volonté, par le pouvoir même de cette Volonté, les pierres furent pulvérisées, les épines changées en fleurs et les montagnes nivelées. Dans la Divine Volonté, toutes les choses ont la même apparence, la même couleur. Que sa très sainte Volonté soit toujours bénie!

39.    30 juin 1908 [31 juin 1908 selon le site Italien] — Le véritable esprit de droiture et de charité.

J'étais dans mon état habituel, saturée d'amertume et de privations. Il me sembla voir des gens se rebeller et intensifier la bagarre contre les riches. Le très doux Jésus me dit d'un ton plaintif: «C'est moi qui donne la liberté aux pauvres, car je suis fatigué des riches, il en ont assez fait! Combien d'argent gaspillé dans les bals, au théâtre, en voyages inutiles, en vanités, et même dans le péché! Pendant ce temps, les pauvres ne peuvent avoir assez de pain pour se nourrir! Ils ont été asservis: il sont dégoûtés et amers. Si les riches leur avaient donné seulement ce qu'ils ont dépensé en choses inutiles, mes pauvres auraient été heureux; mais les riches les ont traités comme des étrangers, ils les ont même méprisés, gardant pour eux le confort et les amusements comme un droit associé à leur condition et laissant les pauvres dans la misère, comme si cela correspondait à leur condition.»

Pendant qu'il disait cela, il sembla retirer ses grâces aux pauvres, ce qui avait pour conséquence de les rendre agressifs contre les riches afin que des choses graves se produisent. En voyant tout cela, j'ai dit: «Ma chère Vie et mon plus grand Bien, c'est vrai qu'il y a des mauvais riches, mais il y en a aussi des bons, par exemple, ces dames dévotes qui font des dons à l'Église, et aussi tes prêtres qui font tant pour tous.»

Jésus reprit: «Ah! ma fille, reste tranquille et ne touche pas à ce point très pénible! Je pourrais te dire que je ne connais pas ces dames dévotes. Elles font des aumônes où elles veulent, à leurs fins, pour que les gens soient à leur service; elles dépensent des milliers de lires pour les personnes qui leur plaisent mais, pour celles qui en ont vraiment besoin, elles ne daignent même pas donner un sous. Puis-je dire qu'elles font l'aumône par amour pour moi?

«Juge par toi-même: ces personnes savent-elles répondre aux vraies nécessités? Donnent-elles beaucoup où ce n'est pas nécessaire, en refusant de donner même peu où il y a nécessité? Ainsi, tu peux juger que ces personnes n'ont pas un véritable esprit de charité, une véritable pureté d'intention et conclure que mes pauvres sont oubliés, même par ces personnes dévotes.

«Et les prêtres! Ah! ma fille, c'est encore pire! Tu dis qu'ils font du bien à tous? Tu te leurres! Ils font du bien aux riches, ils ont du temps pour les riches. Mais, là encore, les pauvres sont presque exclus. Les prêtres n'ont pas de temps pour eux, ils n'ont pas un mot de réconfort leur dire, ils les renvoient, allant jusqu'à prétexter qu'ils sont malades. Je peux dire que si les pauvres se sont éloignés des sacrements, les prêtres ont contribué à cela, car ils ont toujours du temps pour confesser les riches, mais peu pour les pauvres. Ainsi, les pauvres se lassent et ne reviennent pas.

«Si une personne riche se présente, les prêtres n'hésitent pas un moment: temps, paroles de réconfort, aide; ils trouvent tout pour les riches. Puis-je dire qu'ils ont un véritable esprit de charité s'ils choisissent ceux qu'ils veulent écouter? Et qu'en est-il des pauvres? Ou bien ils les envoient ailleurs, ou bien ils les oppressent tellement que si mes grâces ne les avaient pas aidés d'une manière spéciale, ils auraient disparu de mon Église. Seulement quelques prêtres ont un véritable esprit de droiture, une vraie charité.

Après cela, je suis restée plus amère que jamais, implorant sa miséricorde.

40.    26 juillet 1908 — L'obéissance est la porte permettant à Jésus d'entrer dans l'âme.

Étant dans mon état habituel, Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, l'obéissance est la porte me permettant d'entrer dans l'âme. S'il n'y a pas cette porte, je peux dire qu'il n'y a pas de place pour moi dans cette âme et je suis forcé de rester à l'extérieur.»