Des objets du quotidien

Marie-Jo Hernandez (Laeken) : une bouteille d'eau

Une bouteille en verre remplie d’eau, un objet anodin, banal j’ai envie de dire mais qui m’a suivie pendant le temps du confinement.

Sur la table de télétravail, la table basse du salon, dans la chambre.

J’avais cassé ma carafe d’eau avant le confinement et entre mille et une choses du quotidien, je n’y avais plus pensé.

Et puis est arrivé le confinement et je n’avais pas remplacé ma carafe, j’ai donc lavé cette bouteille de jus, gardé l’étiquette que je trouvais jolie et je l’ai remplie d’eau.

Difficile de dire pourquoi j’aime cette bouteille, j’aime ces couleurs, elles me rassurent et m’apaisent.

J’aime la regarder.

Il y des choses qui ne s’expliquent pas.

Barbe à Papa (Anderlecht) : un rasoir

J’ai longtemps jalousé mes congénères à la pilosité faciale généreuse. Ils arborent de jolies toisons tantôt longues et soignées, tantôt courtes et faussement négligées. Cela leur confère un look masculin, viril, cool ou rebelle. Tandis que moi, j’ai toujours eu l’impression d’avoir un poil trop rare, quelques touffettes éparses et rachitiques. Je n’ai jamais osé laisser pousser ma barbe au-delà de quelques jours. Le résultat me paraît trop moche et j’appréhende le jugement d’autrui. A intervalles réguliers, j’empoigne mon vieux rasoir qui m’accompagne depuis que je suis adolescent. Face aux poils, ses lames ne font pas de quartier…

Puis, de façon assez inattendue, est survenu le confinement. Reclus chez moi, je me plonge dans un état régressif. L’homme des cavernes qui sommeillait en moi se réveille. Tout à coup, toute sophistication parait superflue, vide de sens. Fer à repasser, boutons de manchettes, sorties et mondanités sont relégués au placard. Les semaines passent. Mon rasoir prend la poussière, à côté du lavabo. De loin en loin, je lui jette un regard méfiant et frondeur. Pendant ce temps, mes poils poussent. Et petit à petit, je m’attache à ma barbe !

Christiane (Viroflay-France) : le séchoir

Comme ma femme (celle du chariot de course) est en télétravail dans notre pièce nommée bureau, je suis confinée dans notre salon, salle à manger…

Mais, notre bureau, dans la vie d’avant, servait de : salle de piano, salle de chant, salle d’ordinateur, salle de peinture et, tous les 2/3 jours de salle à sécher…

« Plume » et moi vivons désormais dans notre salle à manger séchoir.

Je me console car, en ce temps de confinement, le repassage rendu superflu nous évite de vivre aussi dans la salle de repassage !

Françoise Ledru (Braine-L'alleud) : un transplantoir, un ordinateur, un téléphone et une paire de chaussures

Le transplantoir, outil de jardinage par excellence, il me sert aussi bien pour replanter légumes ou plantes, que pour enlever les indésirables. Le confinement m’a donné du temps, que j’ai utilisé notamment pour jardiner plus que de coutume (1 à 2h par jour) … et quoi de mieux que le jardinage pour laisser ses pensées virevolter, suivre leurs circonvolutions, et aller à la rencontre de soi-même… que du bonheur ! Jardiner, c’est aussi aller à la rencontre de la nature, entendre les oiseaux chanter, les grenouilles croasser, les chevaux s’ébrouer, et bien sûr voir les fourmis s’affairer, les vers de terre se balader, fleurs et légumes pousser … et se rendre compte que le monde n’est pas confiné, seuls les hommes le sont !Les chaussures, indispensables à la promenade du soir ! Et oui, le confinement m’a aussi donné le temps de faire de longues balades quotidiennes en couple, … et d’aller ainsi à la rencontre de mon mari ! Je sais, ça fait sourire mais c’est tellement vrai !
Rares sont les moments où pendant l’année nous prenons le temps de nous retrouver une à deux heures par jour pour discuter. Hors confinement nous nous croisons et nous parlons si peu, emportés par le rythme incessant de nos activités respectives, toujours en décalé… rien de tel qu’une promenade pour entamer de longues discussions, futiles ou plus profondes, mais toujours régénérantes.Le téléphone, une des seules portes de contact avec l’extérieur. Pour certains, collés 24h/24 à leur GSM, le confinement n’a rien changé ; pour moi qui ne suis pas une adepte des réseaux sociaux, What’s App fut une bouffée d’air frais et surtout l’occasion de rencontrer mes voisins, toutes ces personnes que l’on ne croise qu’une ou deux fois par an et que l’on ne connait guère… nous avions créé un groupe What’s App de la rue voici quelques mois, que personne n’utilisait vraiment. Le confinement nous a réunis, plusieurs fois par jour, autour des blagues envoyées par les uns et les autres (je n’ai jamais autant ri que pendant cette période !), des commentaires, petits mots d’encouragement, demandes d’aides ou autres trucs et astuces. Quelle joie de se sentir membre de cette petite communauté, créée grâce au confinement !
L’ordinateur, utilisé le plus souvent comme outil de travail, m’a permis d’aller à la rencontre de la culture au quotidien : œuvres d’art, pièces de théâtre, documentaires, … chaque jour fut l’occasion d’entrer virtuellement dans un musée et d’y découvrir une œuvre ou un artiste, de regarder une pièce de théâtre que j’avais justement loupée « en live » et que je rêvais de voir, de prendre le temps de se plonger dans un documentaire … autant de rencontres culturelles que l’on zappe souvent pendant l’année faute de temps.Bien sûr, téléphone et ordinateur m’ont aussi permis d’aller plus souvent que de coutume à la rencontre de mes amis et membres de la famille, jamais oubliés mais trop peu contactés en temps ordinaires.En conclusion, quel bonheur de reprendre le temps d’aller vers de belles rencontres !

Sophia (Woluwé) : un caddie

Je l'avais reçu il y a des années, mais jusqu'à présent je ne l'avais jamais utilisé. Son image, généralement associée à celle d'un âge plus avancé, jouait en sa défaveur. D'objet encombrant dans mon hall d'entrée, son statut s'est sensiblement amélioré depuis le confinement. Je l'utilise principalement pour faire les courses pour ma mère qui habite à quelques pâtés de maisons. Il me permet de transporter des charges plus lourdes telles que les bouteilles et boîtes de conserve. Je le regarde d'un oeil presque affectueux à présent et j'espère encore pouvoir parcourir de nombreux kilomètres en sa compagnie.

Jeannine (Molenbeek) : un ordinateur et des téléphones

Je suis tout particulièrement attachée à mon ordinateur et aux téléphones fixe et portable. Ils me permettent des contacts quotidiens avec mes enfants, mes amis et des personnes parfois même perdues de vue.

L’ordinateur me procure des plaisirs dont je ne profitais pas beaucoup avant le confinement. Il me permet de visiter des musées, de regarder des spectacles d’opéra, d’écouter des grands orchestres, de revoir des films oubliés.

Le téléphone est primordial pour me rassurer. Âgée je vis seule, loin de mes enfants.

Je possède aussi une tablette qui me suit partout mais je l’utilise pour faire la photo, je ne peux donc pas vous la montrer .

J’ai acquis l’ordinateur en 2001, pour réaliser mon projet de récit de vie .

Je participe à des ateliers d’écriture et pendant le confinement j’y consacre beaucoup de temps. Le carnet de notes est indispensable.

La technologie me sauve pendant cette claustration forcée .

Louane (Anderlecht) : un téléphone

Mon téléphone est devenu très important depuis le début du confinement parce que j'ai pu appeler ma famille, mes amis... Grâce au téléphone, je suis aussi en contact avec mon institutrice.

J'ai cassé mon ancien téléphone le dernier weekend avant le confinement et j'ai pu acheter celui-ci à la toute dernière minute, le mercredi où tous les magasins devaient fermer à midi, je suis arrivée dans le magasin à 11h du matin. Ouf !


Michèle Grenier (Forest) : un calendrier cube

Ce calendrier perpétuel est un cadeau reçu d'amis au retour de leur séjour à New-York. Il vient du Musée d'art moderne (MoMA).

Les jours s’écoulaient, s’égrenaient, sans date pour les distinguer. J’ai eu le 25 mars un anniversaire à souhaiter et une carte à composer. J’ai donc mis ce jour-là mon décor en scène avec un bouquet de fleurs dans le champ et pris une photo. J’ai depuis fait chaque jour une photo différente. Choix de la pièce, de l’angle de prise de vue, de la lumière, des objets dans le champ. Afin de donner accès et faire partager mon décor, mes étagères, l’état de mon bureau, la théière du jour… Casse-tête certains jours, évidence d’autres. Mais chouette rendez-vous d’astreinte artistique miniature afin que chacun sache quel jour on était.