Des alibis

« Avant », ce chariot, c’était le symbole des courses qu’il « fallait faire » le week-end, au détriment d’autres occupations beaucoup plus attrayantes. On le trainait un peu comme un boulet, et on ne voyait en lui qu’un objet utilitaire.

Désormais, au temps du confinement, il est devenu le signal de la sortie, de l’aventure, de l’air frais sur les joues. Il attend devant la porte que celle-ci s’ouvre enfin, pour aller rouler dans les rues désertées entrainant avec lui l’heureux confiné qui, le temps d’un approvisionnement, retrouve les joies de la flânerie et de l’exploration. Passeport vers la sortie, il est devenu l’allié de nos excursions toujours trop courtes. Et quand nous rentrons à la maison, après nous être soigneusement lavé les mains et avoir rangé les provisions alibi, nous garons devant la porte ce précieux chariot, comme l’invitation à un prochain rendez-vous clandestin.