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I. Marie-Madeleine FRAGONARD. Une histoire de la littérature française.
Sources : FRAGONARD M.-M., Précis d'histoire de la littérature française, P., Didier, 1981. POTELET H., Mémento de littérature française, P., Hatier, 1990. Philippe Van Goethem. http://users.skynet.be/fralica/refer/theorie/annex/histlitt.htm
Le Moyen-Âge
Tendances générales :
***Du VIIIe au XVe siècle, la culture française est marquée par la féodalité qui laissera bientôt la place à l'absolutisme des rois.
Au cours de ces 700 ans, qui ne constituent pas un ensemble homogène, des constantes apparaissent :
1. La culture est internationale grâce au latin et la vie religieuse imprègne toute l'activité sociale et culturelle.
2. La langue officielle (administration, sciences, poésie) c'est le latin ; il n'existe d'ailleurs pas une langue française, mais deux groupes de parlers « vulgaires » : au Sud les parlers d'Oc ; au Nord les parlers d'Oïl. Le français (dialecte de l'Ile-de-France) ne s'imposera que vers 1539 (Ordonnance de Villers-Cotterêts), au même rythme que la consolidation du pouvoir royal.
3. La culture (latine) est réservée à une élite soit qu'elle possède les livres très coûteux, soit qu'elle sache les lire. Les gens d'Église sont les seuls à détenir simultanément ces deux capacités.
4. Beaucoup de textes se sont perdus ce qui nous laisse une impression d'incohérence.
5. Les textes de cette époque sont destinés à être dits (rythme, versification, résumés, reprises, refrains...) ; ils ne sont pas figés, mais modifiés au hasard du plaisir des diseurs : le texte n'est qu'un aide-mémoire permettant à l'interprète de broder. On ne cherche pas, comme aujourd'hui, l'originalité, mais plutôt le maintien de la tradition. Les auteurs puisent dans un univers de convention qui n'évoluera que très lentement.
6. À côté de textes sérieux, il y a tout un courant parodique (cfr le Carnaval) ainsi les Carmina burana, poésie des Goliards.
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Le Haut Moyen-Age (VIIIe — XIe siècle)
La renaissance carolingienne se caractérise par le retour à l'idéal impérial. La culture est mise au service du pouvoir politique (écoles, sciences, études et poésie latines).
En 842, le premier texte écrit (et conservé !) en « français », Les Serments de Strasbourg, illustre la rivalité entre les héritiers du fils de Charlemagne.
Par la suite l'empire carolingien se disloque, abbayes et bibliothèques sont ravagées ou abandonnées.
Le désordre anarchique des invasions normandes finit par susciter la féodalité où le pouvoir royal, très affaibli, s'appuie sur des doctrines religieuses (sacre du roi). La conception du découpage de la société en trois ordres s'établit : guerriers, ecclésiastiques, travailleurs. L'Église catholique joue un rôle important : limitation des guerres ; progrès économiques (Cluny) ; échanges culturels (pèlerinages) ; architecture romane.
En littérature cette époque a laissé des textes marqués par les préoccupations guerrières ou religieuses
• des textes religieux et des chroniques
• une poésie épique, les chansons de geste (Chanson de Roland)
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Chronique : récit des faits historiques rédigé au jour le jour, constituant la première forme de l'Histoire comme genre littéraire. POTELET
Chansons de Geste (du latin gesta = exploits) : longs poème épiques écrits pas des auteurs anonymes et récités par des jongleurs. Les chansons de geste racontent, mêlant histoire, légende et merveilleux, les exploits de personnages historiques (Charlemagne, Guillaume d'Orange...). Au nombre d'une centaine, elles comportent entre 2.000 et 20.000 vers distribués en strophes ou laisses de longueur variable. La laisse est caractérisée par le retour de la même assonance (répétition de la même voyelle accentuée) à la fin de chacun des vers qui la constituent (ex. : visage, montagne). POTELET
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• le succès des épopées chevaleresques inspirera des remaniements parodiques (Roman de Renard)
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La Renaissance du XIIe
Stabilité retrouvée, progrès économique, accélération des échanges (foires de Champagne), essor des villes, expansion militaire (Croisades).
Trois groupes sociaux sont à l'origine d'une renaissance culturelle le clergé, l'aristocratie, la bourgeoisie :
L'Église crée les Universités (Abélard). On y étudie la théologie, la médecine, le droit et les arts libéraux (Trivium : grammaire, rhétorique, dialectique) et Quadrivium : arithmétique, géométrie, astronomie, musique). L'Université développe un mode de pensée essentiellement basé sur les symboles.
L'aristocratie dispose de davantage de loisirs et les cours se divertissent de manière moins brutale. Après 1150, le courant courtois se développe, caractérisé par une certaine codification des rapports amoureux : la fine amor est décrite en termes de vassalité à la seule maîtresse de la récompense en « joy ». Cette conception contraste avec la brutalité des moeurs et des lois. Elle donne lieu à une poésie close et parfois difficile.
Quelques exemples :
Les chansons volontiers narratives (chansons de croisades, d'aube, de toile...) et poèmes de trouvères et de troubadours comme Jaufré Rudel ou des auteurs plus personnels comme Chrétien de Troyes, Rutebœuf ou Marie de France. Progressivement apparaît une poésie non chantée où les marques du rythme sont plus nettes et les rimes plus travaillées (lais, ballades). Une oeuvre étonne par son originalité : Aucassin et Nicolette.
Le récit s'exprime en des romans en vers du cycle de Bretagne, ce terme correspond à l'ensemble actuellement appelé Bretagne et Royaume-Uni. (Tristan et Yseut , Lancelot, Perceval , Lancelot- Graal) inspirés par la légende du roi breton Arthur.
Les villes commencent à édifier les cathédrales gothiques dont la décoration est destinée à instruire les illettrés. Autour du marché et des édifices religieux, se tiennent les jeux théâtraux, jeux de la Passion ou miracles comme le Miracle de Théophile.
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L'apogée culturel du XIIIe
Prospérité économique, échanges (Italie-Pays-Bas), expansion de la Chrétienté (Ordre des Templiers, Chevaliers Teutoniques, Reconquista, Marco Polo), problèmes politico-religieux (hérésies, Cathares, Inquisition), affermissement du pouvoir royal et apparition du concept de nation.
Les formes nées au XIIe se prolongent. En outre, quatre domaines sont créateurs : la science, l'histoire, la morale, le récit.
*** Littérature bourgeoise : à partir du XIIIe siècle, avec l'apparition des bourgs et de la bourgeoisie, se développe une littérature plus populaire, dite bourgeoise, d'inspiration comique et satirique ou empreinte de réalisme mêlé de lyrisme personnel. POTELET
• En sciences : la scolastique (Thomas d'Aquin) et l'alchimie font progresser les savoirs. La philosophie d'Aristote transmise d'abord par les commentateurs arabes (Averroès) devient une référence capitale.
• En Histoire : Villehardouin, Joinville
• la littérature moralisante : les fabliaux s'intéressent à la vie quotidienne et à la satire sociale.
On diffuse bon nombre de recueils de proverbes, d'arts d'aimer, d'arts de mourir.
• Le Roman de la Rose (Guillaume de Lorris & Jean de Meung) allégorie de la quête de l'Amour, apparaît pour longtemps comme le type même du littéraire, c'est-à-dire une fiction derrière laquelle se cache la Vérité.
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L'Occident en crise (1300-1450)
Le début du XIVe siècle est plutôt prospère. Le roi ne délègue plus ses pouvoirs à ses vassaux. Après 1350, le climat général est marqué par une grande inquiétude. En effet, les famines (surpopulation et stagnation agricole) et la Grande Peste suscitent des comportements hystériques. La Guerre de Cent Ans (Jeanne d'Arc) ruine la France et affaiblit les pouvoirs du roi et du pape. Des mutations importantes vont se produire dans les mentalités.
La recherche scientifique se disperse, certains domaines de recherche (politique, par exemple) échappent à l'emprise religieuse.
La thématique chevaleresque recule. Par contre la poésie courtoise garde sa vigueur avec notamment les œuvres poétiques de Christine de Pisan, Charles d'Orléans.
Le théâtre est très actif : passions et mystères (Arnoul Gréban et Jean Michel, Le Mystère de la Passion, mais aussi textes allégoriques (moralités) ou comiques (soties et farces) La Farce de Maître Pathelin. [Farce : à l'origine, pièce comique introduite (comme la farce à l'intérieur d'un mets) entre les différents épisodes des mystères. POTELET]
En histoire, Froissart apporte une réflexion sur l'organisation politique.
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http://gallica.bnf.fr GALLICA. Bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France [BNF]. - accès direct aux 70 000 documents numérisés du Moyen Âge au début du XXe siècle!
http://classes.bnf.fr Les dossiers pédagogiques de la Bibliothèque Nationale de France [BNF].
http://expositions.bnf.fr/carolingiens/ Trésors carolingiens.
http://classes.bnf.fr/idrisi/. al-Idrîsî: la Méditerranée au XIIe siècle.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_011d_Litterature. Histoire de la littérature française des origines à nos jours. © 2000-2016 Josée Larochelle, Edwin Rossbach.
http://www.cartesfrance.fr/histoire L'histoire de France à travers les cartes.
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https://www.youtube.com/watch?v=_QkKFEpNiLM Astérix le Gaulois Film Complet Français.
http://ekladata.com/psfZNrl6yE8lBl2rouPXJ8W7SeE.pdf Astérix le Gaulois. Étude de la première page de la BD “Astérix le Gaulois”.
https://www.youtube.com/watch?v=B5Q2nBN3qwo TUROLD – La Chanson de Roland, lue par Denis Podalydès (Festival d'Avignon, 2013). Publié Apr 9, 2016. Enregistrée à Avignon le 21 Juillet 2013, lecture de La chanson de Roland, dans la traduction de Frédéric Boyer, par Denis Podalydès de la Comédie-Française. Mise en ligne par Arthur Yasmine, poète vivant.
https://www.youtube.com/watch?v=IzazoMyRB8E
FILM COMPLET I La chanson de Roland (1978). En France, au Moyen Âge, des pèlerins et des comédiens, en route pour Saint-Jacques-de-Compostelle, racontent La Chanson de Roland aux villageois lors de leurs étapes. Titre original: "La Chanson de Roland". Réalisation: Frank Cassenti Scénario: Frank Cassenti, Michèle-Anne Mercier, Thierry Joly. Film. La Chanson de Roland (1978). Frank Cassenti : La Chanson de Roland (1978) Pierre Clémenti, Klaus Kinski, Alain Cuny, Dominique Sanda.
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II. Introduction à la littérature épique et aux chansons de geste. Caractéristiques de la société féodale et les liens de vassalité. L'honneur. La chevalerie. Le code moral du chevalier. La religion.
DOCUMENTS :
(1) Feodalite caracteristiques 1.pdf :
La société médiévale est fondée sur la transmission héréditaire du pouvoir, des titres et de la richesse. Elle présente donc une structure hiérarchique rigide. La société est divisée en trois classes ou ordres :
-ceux qui prient, c'est-à-dire les clercs et les hommes d’Église
-ceux qui combattent et qui dirigent, les guerriers (chevaliers et seigneurs)
-ceux qui travaillent, soit les paysans et les artisans.
Ce monde est très cloisonné (=divisé, compartimenté). Chacun y est le vassal de quelqu'un d'autre, c'est-à-dire son subalterne : le serf est soumis à son seigneur ; l'écuyer, à son chevalier ; le chevalier, à son roi ; l'amant courtois, à sa dame. L'Église elle-même est calquée sur ce modèle.
C'est l'hommage qui lie les hommes entre eux. Il s'agit d'un contrat liant deux personnes par un serment de protection et de travail (le fort protège le faible, qui travaille pour lui). En fait, les deux personnes unies par l'hommage ont des devoirs l'une envers l'autre, elles ont des obligations réciproques.
Le vassal doit à son seigneur :
le service d'ost - l'assistance militaire ;
le service de conseil (siéger à la cour ou au tribunal) ;
l'aide aux quatre cas, c'est-à-dire une aide financière spéciale (pour la rançon, l'armement du fils aîné, le mariage de la fille aînée ou le départ pour la croisade).
Le seigneur, quant à lui, doit à son vassal :
la protection ;
-l'entretien (c'est-à-dire qu'il lui fournit de quoi vivre, le plus souvent une terre avec des paysans - un fief).
Il faut savoir que ces serments ne peuvent être rompus, sous peine d'être accusé de félonie. Cela peut causer parfois quelques problèmes. En effet, que faire quand on est lié à plusieurs seigneurs qui se font la guerre entre eux ? C'est le concept d'hommage-lige qui permet de répondre à cette épineuse question ; il s'agit de l'hommage principal, celui qu'il faut respecter en priorité.
Le roi, bien sûr, est au-dessus de cette organisation socio-politique, puisqu'il est élu par Dieu...
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(2) "Féodalité-Wiki".pdf : extraits.
Féodalité
La féodalité est un système politique ayant notamment existé en Europe entre le Xe siècle et le XIIe siècle, dans lequel l'autorité centrale s'associe avec les seigneurs locaux et ceux-ci avec leur population selon un système complet d'obligations et de services. Le terme « féodalité » est issu du latin médiéval1 feodum, « fief », qui vient probablement lui-même du francique fehu, « bétail », et/ou du gotique faihu, « argent, possession »2. Le mot « féodalité » est un mot savant et tardif employé au XVIIe siècle. Il dérive du mot fief par l’intermédiaire de l’adjectif féodal. Fief et Féodal sont beaucoup plus anciens : sous leur forme latine — la seule usitée à l’origine — « fief », en latin fevum, remonte au Xe siècle, mais ne s’est guère répandu qu’au XIe siècle, tandis que « féodal », feodalis date du XIe siècle.
Principes
On peut caractériser le féodalisme par l'ensemble des institutions et usages contractuels entre suzerains et vassaux : le suzerain doit à son vassal l'entretien, généralement sous la forme d'une concession de fief (terres ou droits, ou encore rente), et la protection. En retour le vassal est tenu de fournir à son suzerain aide et conseil (foi et hommage).
Ce type de relations, au départ limité à l'aristocratie guerrière, où le roi, « suzerain des suzerains », attribue des fiefs à ses fidèles pour protéger plus efficacement son domaine, s'est étendu à l'ensemble de la société, les « serfs », personnes attachées à la terre du seigneur, ayant un rapport de vassal à suzerain avec leur seigneur. La féodalité désigne alors une société caractérisée par la hiérarchie des terres et des personnes, le morcellement des terres et de l'autorité, la domination de la classe combattante. Le vassal était celui qui, ayant reçu une propriété territoriale nommée bénéfice ou fief, se trouvait par là dans la dépendance du garant de cette propriété, auquel il devait foi et hommage, en échange d’une assistance de son suzerain dans certains cas. Le suzerain était celui qui, ayant conféré le fief, avait droit à l'aide du vassal.
Du reste, le même seigneur pouvait être suzerain pour certains fiefs (ceux qu'il avait conférés), et vassal pour d'autres (ceux qu'il avait reçus). Ainsi Sigismond, roi des Burgondes, écrit-il en 518 à l'empereur romain Justin, installé à Constantinople, pour rappeler les liens de dépendance personnelle que ces deux personnes entretiennent l'une envers l'autre : Sigismond n'est que le délégué de l'empereur sur un certain nombre de comtés, et il n'est délégué du Princeps que parce qu'il lui a rendu hommage ; ce lien entre vassalité et service public perdure jusqu'au XIVe siècle.
La féodalité : relations entre guerriers
La féodalité, comme relation entre professionnels de la guerre, est née entre Loire et Meuse au IXe siècle, de la dissolution de l'Empire carolingien détruit par les agressions extérieures (Normands, Sarrasins, Hongrois) et morcelée à l'intérieur entre les héritiers et leurs partisans. Elle s'étendit à l'Allemagne, l'Italie du Nord, l'Espagne chrétienne dans un premier temps ; puis à l'Italie du Sud, à l'Angleterre par la conquête normande, et fut transposée dans les États latins d'Orient avec les Croisades. Ce mode d'organisation politico-sociale s'est développé dans une société presque exclusivement rurale, sous-peuplée, où la richesse et la puissance se confondent avec la possession de la terre.
***Ce système est né de la disparition de toute autorité publique, et de l'insécurité majeure : invasions extérieures, guerres à l'intérieur d'un royaume, famines (souvent issues des guerres). Il implique la prédominance d'une caste de guerriers professionnels (qui n'existe pas à proprement parler à l'époque mérovingienne) et des relations d'homme à homme, qui permettent son extension à toute la société par la suite. La féodalité est issue de la présence d'un régime seigneurial dès la fin de l'Empire romain, où l'aristocratie guerrière s'était partagée la terre. Elle y agrège le régime vassalique de l'époque mérovingienne, où les hommes libres se mettent au service d'un puissant contre sa protection, et contre un bénéfice s'il n'est pas propriétaire. Ces bénéfices étaient aussi attribués comme récompense aux compagnons du puissant.
Ce système de liens personnels hiérarchisé fut utilisé et renforcé par les Carolingiens, qui y voyaient un moyen d'être à la tête de tous les hommes libres. ***Cependant les invasions du IXe siècle brisent le lien envers le souverain, et renforcent les pouvoirs des puissants locaux : comtes, ducs, marquis. La hiérarchie se met en place, le clergé s'y intègre. Le seul privilège du roi est, en France, de ne prêter en général hommage à personne.
***En 987, Hugues Capet consomme le triomphe de la féodalité en renversant la dynastie régnante ; mais aussi dès la même époque commence la lutte du pouvoir royal contre la féodalité. Hugues Capet et ses premiers successeurs ne sont encore vraiment souverains que dans leurs domaines personnels.
***Au XIIe siècle, la féodalité se modifie, avec l'arrêt des invasions, l'expansion démographique et économique. La chevalerie, base du système, se ferme et devient uniquement héréditaire. L'aide du vassal se limite aux quatre cas <= une aide financière spéciale aux 4 cas : l'adoubement du fils aîné, le mariage de la fille aînée, le départ à la croisade, le paiement de la rançon). Son fief devient sa pleine propriété, et le roi de France renforce son pouvoir (notamment par la procédure de l'appel judiciaire).
La féodalité comme organisation de la société
Tout comme la disparition de la puissance centrale avait favorisé l'apparition de principautés, les désordres publics qu'elle avait entraînés avaient suscité un fort sentiment d'insécurité. Sur le modèle des relations d'homme à homme, des liens se créèrent entre
la classe guerrière et la classe des paysans. Dans le système tel que présenté par les élites médiévales, pour l'essentiel cléricales, le chevalier assurait la protection aux paysans, qui en échange lui fournissaient subsistance et moyens de s'équiper.
La protection revêtait plusieurs formes :
guerrière : combat personnel du chevalier contre des attaques ;
défensive : abri procuré par le château pour les personnes, le bétail et les récoltes ;
chasse : autant qu'un entraînement à la guerre, la chasse avait une utilité pour la communauté paysanne, qui se voyait ainsi débarrassée des animaux sauvages destructeurs des cultures (cerfs, daims, chevreuils, sangliers) ou menaçants pour le bétail (loups, renards, ours).
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(3) "Vassalité-Wiki".pdf : extraits.
Vassalité
Héritière du compagnonnage d'arme du haut Moyen Âge, la vassalité est la situation de dépendance d’un homme libre (vassal, du celtique *uasso-1, 2, jeune homme, écuyer, par le latin médiéval, vassus puis vassalus) envers son seigneur par la cérémonie de l’hommage. Le système féodo-vassalique s’est développé à cause de l’affaiblissement de l’autorité publique après l’effondrement de l’empire carolingien (Xe - XIe siècle) : l’empereur, les rois et bientôt les princes territoriaux étaient incapables de faire régner l’ordre et d’imposer leur pouvoir aux seigneurs locaux. Un réseau de relations d’homme à homme s’impose donc, donnant des droits et des devoirs pour chacun d’entre eux, une pyramide sociale allant théoriquement du roi au grand seigneur (grand feudataire), seigneur, vassal et arrière-vassal (Vavasseur) mais dont l'effectivité dépend de l'autorité du supérieur.
Des obligations réciproques
Même si la vassalité allie deux hommes libres, il est cependant évident que ces hommes ne sont pas égaux. Sur le plan juridique, les deux hommes sont de nature militaire et de ce fait sont égaux, ils sont de même nature. Par la cérémonie de l'hommage féodo-vassalique, le seigneur devient supérieur à son vassal. Le seigneur, contrairement au vassal, dispose du droit de ban, c'est-à-dire le droit de punir, contraindre et juger. Le vassal se met sous la protection d'un plus puissant. Néanmoins cette puissance doit beaucoup au nombre, à la loyauté et la puissance relative de ses vassaux, d'où la réciprocité. On parle donc de contrat synallagmatique car il engage les deux parties à l'acte qui ont des obligations l'une envers l'autre.
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(4) La chevalerie.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_007_chevalerie
La chevalerie [=les chevaliers]
La chevalerie est une caste supérieure de guerriers au code moral très strict, et se donnant pour mission de protéger la veuve et l’orphelin.
Au cours du XIe siècle, dans tout l’Occident chrétien, se développe une nouvelle classe sociale, celle des chevaliers. En fait, pour être juste, on devrait dire la caste des chevaliers, car les chevaliers n’ont jamais fait partie de la grande classification qui va de soi au Moyen Âge parce qu’au départ, ils sont recrutés dans toutes les classes. Ils sont d’abord et avant tout des spécialistes de la guerre, rassemblés autour des maîtres du pouvoir, les aidant à défendre le territoire et à maintenir la paix. [...]
Si, au départ, le chevalier provient de n’importe quelle couche de la société, la chevalerie se trouve peu à peu rassemblée par sa situation privilégiée au faîte de l’édifice politique et social. En effet, l’évolution récente de l’art de la guerre a fini par rendre plus efficaces les combattants dont l’armement était complet – armement dont la pièce maîtresse était le cheval. Rapidement, donc, les chevaliers se sont élevés au-dessus de la piétaille. Même si tous deux font la guerre, il ne faut pas confondre chevalier et soldat : le chevalier ne touche pas de solde. On comprend donc qu’au XIIe siècle, seuls les plus riches peuvent posséder un cheval et tout l’équipement nécessaire (la lance et l’épée, l’écu, le heaume et le haubert). La caste des chevaliers, déjà étroite, s’est refermée progressivement jusqu’à se réserver le titre, transmis de génération en génération. Ainsi, il existe une justification démocratique de l’aristocratie : les meilleurs et les plus forts ont été choisis par les victimes de l’oppression. La noblesse est donc directement issue du peuple qui, incapable de se défendre lui-même, confie son sort à des protecteurs.
Les seigneurs se préparent très jeunes au métier des armes. Ils sont tout d’abord pages, c’est-à-dire qu’ils aident le suzerain à s’habiller et font de légères tâches pour lui (messages, courses, etc.). Ils sont ensuite valets, puis, écuyers – ils s’occupent alors des chevaux, entretiennent les armes, portent les bagages, etc. Vers l’âge de quinze ans, ils sont enfin admis au combat. C’est par la cérémonie de l’adoubement que l’écuyer devient chevalier. Le rituel, assez complexe, commence la veille de la cérémonie : le futur chevalier doit prendre un bain, jeûner et passer la nuit en prières. Après la messe et la communion du matin, on remet au jeune homme ses armes défensives et offensives. On le frappe ensuite violemment, soit de la main, soit du plat d’une épée : c’est la colée, qui vise à éprouver le jeune chevalier et à montrer sa force. Il est ensuite invité à prouver son habileté et sa puissance au jeu de la quintaine. Enfin, le nouveau chevalier doit prêter serment sur la Bible, promettre fidélité à son seigneur et protection aux pauvres, à la suite de quoi on le fête en donnant un grand banquet en son honneur.
Ceux qui sont chargés de protéger le peuple doivent posséder diverses qualités. Son code moral, très strict, donne au chevalier des valeurs de référence. Il doit d’abord être preux, c’est-à-dire vaillant. Par le mot « prouesse », on désignait l’ensemble des qualités morales et physiques qui font la vaillance d’un guerrier. Le chevalier doit donc être fort physiquement et psychologiquement. Il doit être fort, agile, rapide et courageux. Devant le danger, un chevalier ne recule pas. Il ne craint pas pour sa vie, puisqu’il la voue à protéger les faibles. Mais une prouesse, si elle n’est pas connue, ne sert strictement à rien. Le vainqueur d’une épreuve sort toujours davantage grandi lorsqu’il y a des témoins. Il doit aussi être loyal. En effet, le premier devoir du chevalier est de tenir parole. S’il rompt la foi qu’il a jurée, c’en est fait de sa réputation. Il faut savoir que la chevalerie est une fraternité dont tous les membres s’entraident. D’ailleurs, il est important que les chevaliers puissent se faire confiance, puisqu’ils vont combattre ensemble : ils doivent être assurés que leurs camarades ne les laisseront pas tomber. La largesse est aussi une valeur du chevalier modèle. Il s’agit du mépris du profit, voire de la prodigalité. Un chevalier ne devait pas s’attacher aux richesses, mais les distribuer autour de lui dans la joie. Enfin, un bon chevalier fait preuve de mesure, c’est-à-dire qu’il sait réprimer les excès de sa colère, de son envie, de sa haine, de sa cupidité, qu’il est capable de rester maître de lui-même dans le feu de l’action. La mesure est donc l’équilibre entre la prouesse et la sagesse. Afin de l’enseigner aux futurs chevaliers, on les faisait jouer... aux échecs. La courtoisie a aussi contribué à promouvoir la mesure – quand elle n’a pas elle-même versé dans l’excès. On peut dire d’un chevalier qui suivait ces règles morales qu’il vivait selon une éthique de l’honneur. En fait, ce qu’un chevalier doit redouter, c’est la honte, plus encore que la mort. [...]
Si, à la vérité, c’est souvent pour leur force brutale que les premiers chevaliers étaient choisis, c’est un autre tableau que présente la littérature, où ils doivent non seulement être forts et courageux, mais beaux. Dans le monde courtois, la laideur est une tare, une faiblesse. Les chevaliers doivent aussi avoir du charme et de l’esprit, être polis et bien élevés, être courtois, en somme. Il est bien certain que la chevalerie arthurienne, telle qu’elle est décrite dans les romans, représente un idéal et n’a jamais existé, mais la littérature a ceci d’intéressant que, opérant une synthèse entre le mythe et la réalité de l’époque, elle donne une image minutieuse de la façon dont on voyait le chevalier idéal au XIIe et au XIIIe siècle, dans les cours des grands féodaux de l’époque.
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(5) Le code moral du chevalier.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_009_ChevCaract2
LE CODE MORAL DU CHEVALIER
Son code moral très strict donne au chevalier des valeurs de référence. Il doit d'abord être preux, c’est-à-dire vaillant. Par le mot « prouesse », on désignait l'ensemble des qualités morales et physiques qui font la vaillance d'un guerrier. Le chevalier doit donc être fort physiquement et psychologiquement. Il doit être courageux. Devant le danger, un chevalier ne recule pas. Il ne craint pas pour sa vie, puisqu'il la dédie à protéger les faibles. Il doit aussi être loyal. En effet, le premier devoir du chevalier est de tenir parole. S'il rompt la foi qu'il a jurée, c'en est fait de sa réputation. Il faut savoir que la chevalerie est une fraternité dont tous les membres s'entraident. D'ailleurs, il est important que les chevaliers puissent se faire confiance, puisqu'ils vont combattre ensemble : ils doivent être assurés que leurs camarades ne les laisseront pas tomber. La largesse est aussi une valeur du chevalier modèle. Il s'agit du mépris du profit, voire de la prodigalité. Un chevalier ne devait pas s'attacher aux richesses, mais les distribuer autour de lui dans la joie. Enfin, un bon chevalier fait preuve de mesure, c’est-à-dire qu'il sait réprimer les excès de sa colère, de son envie, de sa haine, de sa cupidité, qu'il est capable de rester maître de lui-même dans le feu de l'action. La mesure est donc l’équilibre entre la prouesse et la sagesse. Afin de l'enseigner aux futurs chevaliers, on les faisait jouer... aux échecs. La courtoisie a aussi contribué à promouvoir la mesure – quand elle n'a pas elle-même tombé dans l’excès.
Ainsi, les qualités d’un bon chevalier sont :
- prouesse
- loyauté
- largesse
- mesure
- courtoisie
On peut dire d'un chevalier qui suivait ces règles morales qu'il vivait selon une éthique de l’honneur (règles de comportement et de convenances).
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la cérémonie d’adoubement (cérémonie qui fait de l’homme un chevalier)
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(6) "Honneur-Wiki".pdf
Honneur
L'honneur peut se définir comme un lien entre une personne et un groupe social qui lui donne son identité et lui confère le respect. L'honneur se gagne par des actes admirés par la collectivité ; on subit la honte en conséquence d'actes méprisés. En ce sens, l'honneur est un attribut collectif, comme la vertu est un attribut individuel. Il peut y avoir des vertus secrètes ; d'honneur secret, point.
Origines
L'honneur procède « Du lat. class. honos, honoris, masc. « honneur rendu aux dieux, décerné à qqn, marque de considération; charge, magistrature, fonction publique »; à l'époque médiév., honor désigne surtout la charge octroyée par le roi au comte, au duc, aux officiers royaux. » L'honneur est une marque de vénération, de considération attachée elle aussi à la vertu et au mérite. Consécutivement, l'honneur est donc une forme d'estime dont on jouit après le combat comme une récompense. Il faut alors comprendre que, pour bénéficier de l'honneur, pour être qualifié d'honorable, il fallait donc avoir combattu.
Déclinaisons de la notion d'honneur
Dans le cadre de cette filiation sémantique, l'honneur semble être à l'origine un concept social, patrimonial et moral positif, qui se décline de la manière suivante :
Bien accordé par un suzerain à ses hommes : C'est une récompense, un butin patrimonial qui est plus ou moins synonyme de fief. Le terme reste en usage pour l'Angleterre où Guillaume le Conquérant avait pris soin à ne pas laisser s'établir des principautés. L'un des plus importants, l'honneur de Richmond passera à la famille ducale de Bretagne mettant les ducs bretons dans une situation difficile lors de la guerre de Cent Ans. On connaît aussi l'honneur de Leicester qu'a possédé un temps la famille de Grandmesnil.
Actes de distinction : (rendre les honneurs à...) les honneurs militaires ou les honneurs funèbres, Dame d'honneur ; les diplômes ou Prix d'honneur ; les médailles d'honneur et la décoration de la Légion d'honneur ; les titres décernés Honoris Causa ou à titre honoraire ; être fait citoyen d'honneur d'une ville ; passer sous une haie d'honneur ; faire l'honneur de sa maison à quelqu'un signifie lui faire honneur. Par extension, rentrent dans cette catégorie toutes les distinctions qui font honneur à quelqu'un (décorations, coupes, titres honorifiques ou de noblesse, trophées artistiques, etc.), ainsi que le fait de mettre en lumière ou à l'affiche (mettre à l'honneur) une personne, un événement, un fait, une chose, un métier, une catégorie (générationnelle, sociale...), un comportement (le civisme, par exemple), un territoire, etc.
Dignité, fierté, loyauté, éthique d'un individu, ou d'un groupe : une déclaration sur l'honneur ; donner sa parole d'honneur ; piquer d'honneur revient à persuader quelqu'un que son honneur est en cause ; prendre tout au point d'honneur équivaut à de l'extrême susceptibilité quant à l'honneur ; engager son honneur ou celui du groupe auquel on appartient (l'honneur d'un officier ou de l'Armée) ; honneur national ; tomber au champ d'honneur ; fors l'honneur (François Ier) ; mettre un point d'honneur à, code d'honneur...
Il s'agit à la fois d'une notion sociologique et culturelle, contingente : de la sensibilité individuelle et/ou collective (familiale ou sociétale) ; de la morale et des mœurs d'une époque donnée ; des circonstances.
Les origines viriles de l'honneur
Les origines de l'honneur relient cette notion à la victoire sur le champ de bataille.
Durant l'antiquité, la défaite était cruelle et le vainqueur pouvait humilier l'adversaire. « Vae Victis ! ». Les vaincus, en perdant le contrôle sur leur destin, perdaient, avec tous leur biens y compris les plus précieux, leur honneur dans l'humiliation. Au besoin, le suicide permettait d'échapper à l'ennemi et au déshonneur. Cassius et Brutus se suicidèrent après leurs défaites contre les triumvirs. Dans la société romaine, le pouvoir sur les choses et les gens était exercés par les hommes. Aussi l'honneur, associé au pouvoir sur soi et ses dépendants, épouse, enfants, esclaves, est-il, comme la vertu (de vir, homme), une qualité virile. Cependant, une femme exerçant le pouvoir, la reine d'Égypte, Cléopâtre, préfère-t-elle aussi, dans des circonstances semblables, mourir plutôt que d'être exhibée comme vaincue dans le triomphe d'Auguste.
Au Moyen Âge, les chevaliers se souciaient plus de l'honneur de leur lignée que du sort de la bataille, c'est-à-dire de se comporter avec bravoure et panache que de se comporter de manière efficiente. [...]
L'honneur est d'abord une valeur collective. Il s'attache à la lignée, à la tribu, à la nation.
[VOIR LA SITUATION DIFFÉRENTE DES FEMMES PAR RAPPORT À CELLE DES HOMMES]
Ainsi, l'honneur perdu d'une femme, c'est-à-dire le fait pour elle d'avoir des relations sexuelles avec un homme qui n'y a pas été intégré (ou à la lignée duquel elle n'a pas été intégrée) est d'abord celui de la lignée. Celle-ci repose sur l'idée que les hommes se perpétuent par le sang dans des femmes, considérées à peu près comme un vase où se développe la semence. Pour que la lignée se poursuive, il faut que la filiation ne puisse être mise en doute. La virginité d'une femme, sa sexualité ne lui appartiennent pas. C'est un mécanisme de clan, une affaire familiale. C'est l'honneur de la famille, au premier rang duquel se trouve le père, puis le mari, que de protéger la femme de toutes relations hors cadre ou de toutes tentations. Aujourd'hui encore, bien que sous une forme souvent atténuée, se perpétue cette idée que la famille est éclaboussée par la conduite d'une femme, comme elle l'est d'ailleurs par celle des hommes qui manquent à la probité, à la parole donnée, et par ses membres affligés d'une difformité physique, et qu'elle doit donc se plier à certains codes comportementaux et vestimentaires dans ses relations avec les hommes, à peine de mettre en cause l'honneur de son clan.
Ces aspects guerriers et claniques expliquent en partie la survivance de certains codes d'honneur, notamment au nord ou au sud de la Méditerranée, chez des peuples repliés sur leurs valeurs familiales, leur territoire et leur tradition de résistance face aux invasions multiples qu'ils ont connues. On pense à la vendetta, à l'omertà et au machisme qui caractérisent le code d'honneur en Sicile et en Corse, ou le Kanoun très stricte en Albanie et en Kabylie. Mais ces origines guerrières, qui permettaient d'obtenir un fief, une ville, un territoire, et donc un titre, que l'on transmettait à sa descendance avec les valeurs viriles qui en étaient la source, expliquent aussi qu'en Occident, l'honneur fut d’abord associé au fait d'être bien né (sous-entendu, issu de cette noblesse guerrière) et d’être ainsi capable, dans l'action, d'une grandeur pouvant dépasser les exigences du strict devoir ou de la stricte utilité. C'est ce qui a fondé les valeurs de la noblesse patriarcale (toutes origines progressivement confondues) pendant quelques siècles.
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(7) La religion.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_004a_Religion
La religion
Il est difficile de s’imaginer l’importance de la religion du Moyen Âge, tant elle ressemble peu à celle qu’elle occupe aujourd’hui. Mais, à une époque où les gens ne savaient ni lire ni écrire, où les saintes Écritures étaient réservées aux seuls gens de robe (clercs, prêtres, etc.), où un pape pouvait excommunier un roi, la religion était le point d’ancrage de la politique, de la vie quotidienne, de la société : elle était le principal ciment social, puisque tous avaient la foi.
La religion chrétienne du XIIe siècle n’est, bien sûr, pas celle des origines. Les disciples du Christ ont propagé la bonne parole, ont baptisé. Ceux qu’on appelle les Pères de l’Église ont formulé, d’après leur interprétation de la Bible, une série de règles qu’on appelle des dogmes, auxquels on doit obligatoirement croire. Certaines de ces croyances ont amené des divergences d’opinion, voire de graves disputes. C’est ainsi que se sont séparées les Églises d’Orient et d’Occident au XIe siècle et qu’a eu lieu le grand schisme d’Occident au XIVe siècle.
Au XIIe siècle, le christianisme semble à la fois simple et complexe. D’une part, son manichéisme est flagrant ; la vision du monde qu’il sous-tend est ainsi fort simple et ressemble un peu à celle du cinéma américain contemporain : il y a le bien et le mal qui s’opposent. Les bons vont au Paradis et les méchants, en Enfer. Pour ceux qui ne sont pas tout à fait méchants, qui ont cherché à racheter leurs fautes d’une quelconque façon, on a inventé à cette époque un endroit transitoire : le Purgatoire, lieu où l’homme expie ses péchés grâce aux prières que les vivants disent pour lui, et où il attend la délivrance... parfois jusqu’au jugement dernier. La représentation de Dieu qu’on se fait aussi est fort simple : c’est un Dieu juge, qui récompense ou qui punit, qui voit tout et qui sait tout. [...]
Au Moyen Âge, la religion occupe ainsi une place plus qu’importante : elle est le moteur de la vie quotidienne. En effet, on remarquera d’abord que c’est elle qui marque le passage du temps. Non seulement compte-t-on les années depuis la naissance du Christ (on parle alors d'anno domini), mais on ponctue les années elles-mêmes de fêtes religieuses : Noël, Carême, Pâques, Pentecôte, etc. Elle encadre aussi la vie humaine par les sacrements : baptême à la naissance, confirmation du jeune adulte, confession (pénitence) et communion (eucharistie) annuelles, mariage, extrême-onction du mourant. Elle a de plus une fonction de protection, à travers le culte des saints. Les hommes du Moyen Âge avaient, de fait, une croyance qui peut paraître aujourd’hui quelque peu superstitieuse : ils pensaient que, du haut des cieux, les saints les regardaient et que, s’ils les invoquaient au bon moment, s’ils portaient une médaille les représentant ou une de leurs reliques, s’ils se rendaient en pèlerinage à un lieu spécifique pour chaque saint, ceux-ci pouvaient empêcher qu’il ne leur arrive malheur. D’ailleurs, chaque corps de métier avait son patron, c’est-à-dire qu’il était représenté par un saint. C’est ainsi que s’est développé un culte assez complexe, chaque saint ayant sa spécialité. [...] La religion jouait enfin un rôle important dans l’art médiéval, puisque la Bible, si elle n’était lue que par les seuls prêtres et moines, était source d’inspiration tant pour les peintres que pour les écrivains, musiciens, sculpteurs et architectes, qui illustraient pour le peuple les histoires et les leçons religieuses.
Si elle est importante dans la vie personnelle de l’homme et dans celle du village, la religion a trois champs d’influence majeurs. Elle est d’abord une puissance spirituelle. En effet, si étrange que cela puisse paraître, il revient aux gens de robe de prier – et c’est dans ce sens que la société du Moyen Âge est divisée en trois ordres. C’est que seuls ceux qui ont étudié connaissent les mots pour s’adresser à Dieu au nom de ceux qui se battent et de ceux qui travaillent. Il est donc normal que ce soit eux qui définissent la foi et la morale. [...]
Toutefois, le droit médiéval est fondé sur l’image présentée plus haut d’un Dieu juge. En effet, on a la croyance que le Tout-Puissant est du côté des justes – c’est d’ailleurs pourquoi le duel judiciaire semble justifié aux yeux de l’homme du XIIe siècle. Par exemple, pour distinguer le coupable de l’innocent, on les marque tous deux au fer rouge : Dieu guérira plus rapidement l’innocent ; de même, on n’a qu’à jeter une personne dans l’eau pour savoir si elle est innocente : si c’est le cas, elle coulera, car l’eau rejette les éléments impurs. La religion est aussi une puissance intellectuelle et culturelle. Les clercs jouent un rôle culturel important, puisqu’ils sont les seuls à savoir lire et écrire. Ils sont les intellectuels du XIIe siècle et ont pour mission de préserver la culture et de faire progresser la « science » en étudiant et en commentant plus en profondeur la Bible, les Pères de l’Église et Aristote. La religion est enfin une puissance économique. En effet, les monastères que font construire les nombreux ordres religieux et la culture des vastes terres sur lesquelles ils sont édifiés emploient nombre de travailleurs. Les religieux prélèvent aussi une dîme, c’est-à-dire que tous doivent remettre une partie de leur avoir chaque année pour contribuer au salaire des officiants et à l’entretien de l’église.
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III. Marie-Madeleine FRAGONARD. Une histoire de la littérature française.
Sources : FRAGONARD M.-M., Précis d'histoire de la littérature française, P., Didier, 1981. POTELET H., Mémento de littérature française, P., Hatier, 1990. Philippe Van Goethem. http://users.skynet.be/fralica/refer/theorie/annex/histlitt.htm
Genèse de l'Humanisme (1450-1540)
L'Europe retrouve son dynamisme et la découverte des nouveaux mondes (Afrique, Inde, Amérique) contribue à l'enrichir. La mobilité retrouvée des hommes permet l'influence italienne et la diffusion des valeurs del' Humanisme, à savoir :
• le retour aux textes antiques grecs et latins, en entier et dans la langue originale ;
• la vulgarisation de la philosophie néo-platonicienne ;
• l'exaltation des capacités de l'Homme considéré comme un résumé du monde et apte à le
dominer, aussi bien qu'à comprendre Dieu par sa création.
Le désir de rénover la religion s'appuie sur ce cadre philosophique : Luther, Calvin, Érasme. Vers 1540, l'imprimerie assure aux œuvres une diffusion plus étendue (Gutenberg, Plantin Moretus). En 1530 est créé le Collège de France.
Toutes les sciences bénéficient de ce renouveau : archéologie, magie, astronomie, médecine et surtout droit et histoire : Commynes (inventeur de notions comme civilisation, évolution, structure politique).
En poésie : François Villon. (Ballade des pendus) Vers 1500 apparaissent les indices d'une évolution :
• la fiction narrative se répand (premières nouvelles imitées de l'italien) ;
• la poésie en latin subsiste et imite les Anciens considérés comme des modèles parfaits ; après la vogue d'une langue très technique, pleine de jeux formels (Grands Rhétoriqueurs), une tendance au retour au naturel se fait jour en poésie avec Clément Marot qui reste toutefois marqué par ce style savant.
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SUR LA CHANSON DOUCE FRANCE
https://www.youtube.com/watch?v=1ecHYtO0roY
Douce France, chanson française symbolisant l'identité française et l'adhésion à la France. Douce France est créée par Charles Trenet en 1943. Il l'interprète l'année même aux Folies Bergères où son refrain est repris par le public comme un acte de résistance. À la libération, elle est malgré tout considérée comme étant d' « esprit pétainiste ».
***Son titre est inspiré d'un lieu commun sur la France apparu vers l'an 1080 dans la Chanson de Roland.
https://eduscol.education.fr/chansonsquifontlhistoire/Douce-France
Ces chansons qui font l'histoire. Oui mais quelle France ?
La chanson de Charles Trenet nous renvoie à un passé mythifié de notre pays... bien utile pour raconter tout ce que l’on veut sur la France. Douce France est une de ces chansons emblématiques de l’œuvre de Charles Trenet, d’une part, et emblématique de notre cher pays d’autre part. Cette chanson nous rappelle évidemment des images de la France de toujours, des images d’un pays relié à une sorte de temps idéal.
D’ailleurs, cette chanson a été écrite pendant la seconde guerre mondiale et aujourd’hui, on l’utilise souvent dans des documentaires ou dans des émissions qui évoquent les années 30-40-50 – un peu les années Trenet. Or la chanson parle de son enfance à lui, Charles Trenet, pas de la nôtre. Et il était né en 1913. Donc il parle de la France autour de 1920. Enfin, quand je dis « il parle », je fais référence à l’auteur. En 1944, quand Charles Trenet signe Douce France, il n’enregistrera pas sa chanson. La première version qui passe à la radio et que l’on trouve chez les disquaires, c’est celle de Roland Gerbeau.
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https://www.youtube.com/watch?v=LqPY2SXmQgk
La version de Rachid Taha. Rock'N'Raï.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/rachid-taha-une-france-douce-amere-6424433
Rachid Taha : une France douce-amère.
Au milieu des années 1980, pour le musicien franco-algérien Rachid Taha, l’important est de rappeler que la culture est affaire de mélanges. L'histoire de son engagement musical commence à la fin des années 1970 à Lyon, avec son groupe "Carte de Séjour". En 1985, place de la Concorde à Paris, face à une extrême droite en pleine expansion, la formation musicale reprend ironiquement la chanson de Charles Trenet, Douce France.
Rachid Taha commentait ce choix en 1987 pour FR3 Rennes : "On aimerait bien qu’on pose la question à Charles Trenet : pourquoi cette chanson a été écrite en 1943 ? C’est quelque chose de très important pour nous, en fait. On l’a reprise parce qu’il y avait certains discours d’hommes politiques... Charles Trenet, je pense qu'il avait un peu la même vision vis-à-vis des Allemands que nous vis-à-vis de certains discours xénophobes en France."
D’abord chanté lors du concert géant de la Concorde organisé par SOS Racisme, mais peu diffusé ensuite par les radios, le morceau est finalement distribué à l’Assemblée nationale.
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[Paroles de "Douce France"]
Il revient à ma mémoire des souvenirs familiers
Je revois ma blouse noire lorsque j'étais écolier
Sur le chemin de l'école je chantais à pleine voix
Des romances sans paroles, vieilles chansons d'autrefois
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Douce France, cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance, je t'ai gardée dans mon cœur !
Mon village au clocher, aux maisons sages
Où les enfants de mon âge ont partagé mon bonheur
Oui je t'aime et je te donne ce poème
Oui je t'aime dans la joie ou la douleur
Douce France, cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance, je t'ai gardée dans mon cœur !
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J'ai connu des paysages et des soleils merveilleux
Au cours de lointains voyages tout là-bas sous d'autres cieux
Mais combien je leur préfère mon ciel bleu mon horizon
Ma grande route et ma rivière, ma prairie et ma maison
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Douce France, cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance, je t'ai gardée dans mon cœur !
Mon village au clocher, aux maisons sages
Où les enfants de mon âge ont partagé mon bonheur
Oui je t'aime et je te donne ce poème
Oui je t'aime dans la joie ou la douleur
Douce France, cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance, je t'ai gardée dans mon cœur !