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ATTENTION !!! Tout ce qui est rajouté à la dernière minute ou comme résultat des discussions en classe, sera libellé comme NOUVEAU en vert.
le jeudi 17 AOÛT
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THÈMES DU JOUR :
I. Introduction générale : A. et B. présentation du cours et du site du cours.
II. Introduction au Moyen Âge : chronologie historique du Moyen Âge ;
géographie médiévale ; introduction à l’histoire de la langue française ;
les langues d’oïl et la langue d’oc ; les premiers textes :
Les Serments de Strasbourg, les Cantilènes.
III. Introduction à l'histoire de la langue française.
*IV. Les textes 1 : Les Serments de Strasbourg.
*V. Les textes 2 : Les Cantilènes ou la littérature hagiographique.
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I. Introduction générale : présentation du cours et du site du cours.
A. LE COURS s'organise autour de trois pistes de travail / fils conducteurs : [1] la constitution/consolidation d'une nation ("la France") et d'une identité nationale ("française") [2] l'évolution et la codification d'une langue ("le français"), et [3] la formation d'un patrimoine culturel/littéraire national ("la littérature française").
G. Vapereau. Esquisse d'Histoire de la Littérature Française. Paris : Hachette, 1914.
"Divisions et subdivisions. [...]
L'histoire de la littérature française, comme celle de toute littérature européenne, offre trois grandes périodes, correspondant aux divisions mêmes de l'histoire générale
1" Le Moyen âge,
2° La Renaissance,
3" Les Temps modernes.
Des subdivisions plus ou moins nombreuses peuvent être établies, soit d'après des points de repère chronologiques, comme les siècles ou les règnes, soit d'après l'influence dominante des hommes et des œuvres, ou d'après les conséquences d'événements qui changent les conditions d'existence extérieure ou morale de la société.
***Si la division par siècles s'applique aux diverses phases de notre littérature depuis la Renaissance, c'est au contraire, d'après les genres et les œuvres qu'il nous parait nécessaire de diviser la longue période littéraire du moyen âge, où, en dehors des limites chronologiques ordinaires, on voit les mêmes genres se continuer et souvent les mêmes œuvres se reprendre de siècle en siècle, en se transformant suivant les idées, les mœurs, l'état social contemporain.
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LES GRANDES LIGNES ORGANISATRICES:
organisation chronologique/division par périodes
division par genres/auteurs/oeuvres
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histoire de la littérature
analyse des oeuvres
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B. LE SITE DU COURS : Examinez les différentes parties du site du cours pour commencer à comprendre le format de celui-ci et vous habituer à son emploi fréquent.
(A) *ACCUEIL : C'est la page d'introduction au cours [Home page]. Il s’agit de la vue d’ensemble du cours. En haut de cette page, à votre droite, vous trouverez les titres d'autres pages du cours. Il y a d'autres sous-pages ["LES LIENS ET DOCUMENTS I-VII", "LES ÉVALUATIONS / COIN DES CONSEILS" et "LE PLAN DU COURS/'el sílabo'"] sous les boutons "Accueil" et “More”.
***(B) *LE JOUR PAR JOUR DU COURS. PLAN DU COURS ET EMPLOI DU TEMPS : Celle-ci est la page la plus importante pour le déroulement du cours. Vous y trouverez le jour par jour du cours : ce qu’on va faire dans chaque session collective (= les « thèmes » qu’on va discuter, le travail préliminaire requis pour vous préparer, les devoirs, les textes à lire, les recommandations, les consignes, les annonces, etc.) et tout ce dont vous aurez besoin pour l’accomplir. Regardez aussi les documents réunis dans les pages des « LIENS ET DOCUMENTS I-VII » (=il y en a pour tous les genres et tous les siècles étudiés dans le cours) et dans les FICHIERS en bas OU en haut des pages. C’est là que vous trouverez les textes que nous étudierons et tous les autres documents du cours. ATTENTION !!! Tout ce qui est rajouté à la dernière minute ou comme résultat des discussions en classe, sera libellé comme NOUVEAU en vert. C'est une page toujours en cours de construction.
(C) *LES LIENS ET DOCUMENTS I-VII : Vous y trouverez tous les documents (=documents imprimés et filmiques obligatoires et/ou recommandés) employés dans le cours, y inclus les textes que nous lirons et discuterons en classe, les références aux guides/consignes pour les lire et les analyser et le code d’évaluation que j’utiliserai pour corriger et commenter vos travaux. Ce sont des pages toujours en cours de construction.
(D) *LES ÉVALUATIONS / COIN DES CONSEILS : Comme les mots l'indiquent, il s'agit des exercices pour recevoir une évaluation et des conseils/recommandations de toutes sortes, surtout de grammaire de rédaction. C'est une page toujours en cours de construction.
(E) *LE PLAN DU COURS/"el sílabo" : Vous y trouverez le programme officiel du cours.
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II. Introduction au Moyen Âge : chronologie historique du Moyen Âge; géographie médiévale ; introduction à l’histoire de la langue française; les langues d’oïl et la langue d’oc ; les premiers textes : Les Serments de Strasbourg, les Cantilènes.
DOCUMENTS :
I. Chronologie historique du Moyen Âge.
A. La pré-histoire :
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Époque primitive
Époque celtique ou gauloise
Époque romaine
Invasion germanique
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G. Vapereau. Esquisse d'Histoire de la Littérature Française. Paris : Hachette, 1914.
"Époque primitive. –Il est difficile de marquer l'époque précise où commence la langue française, et, dans cette langue, les premiers germes d'une littérature. Pendant la suite d'invasions dont l'ancien sol gaulois a été le théâtre, notre histoire, notre langue et notre littérature sont tour à tour celtiques, romaines, franques, gallo-romaines ou gallo-franques.
De l'époque celtique ou gauloise, nous savons peu de chose, soit sur la langue elle-même, soit sur la littérature, et ce sont des éléments bien incertains de t'une et de l'autre qu'on peut retrouver aujourd'hui dans l'idiome de nos paysans bretons et dans leurs chansons populaires, quand on y va chercher, à quinze siècles de distance, les souvenirs des chants sacrés des druides.
Époque romaine. – La langue et la littérature des Romains ont laissé dans l'histoire de l'ancienne Gaule des traces plus faciles à recueillir. Toutes nos contrées du Midi, de Marseille à Bordeaux, de Lyon à Toulouse, ont eu leurs écoles d'éloquence et de poésie latine, et il y eut un moment où l'Empire romain en décadence trouva son principal éclat littéraire dans ses provinces gauloises. Mais ce développement tout latin du génie gaulois appartient à l'histoire de la littérature romaine et nous touche seulement par l'influence que celle-ci a exercée sur nos populations indigènes, leur langue et leur caractère.
Invasion germanique. L'élément germanique qui, après l'invasion des Francs en Gaule, a une si grande part dans les transformations politiques et ethnographiques de l'Europe, n'a qu'une très médiocre importance littéraire. Les diverses tribus germaniques, également voisines de leur origine barbare, n'avaient guère de traditions de culture intellectuelle à se transmettre, et chacune d'elles, sur le point ou elle s'établit, en est aux premiers tâtonnements d'une grossière poésie, qui va prendre ses allures et ses formes propres dans la diversité des circonstances locales et historiques. Loin de participer au réveil du peuple gaulois, l'élément tudesque s'élimine visiblement de la langue, comme des idées de la nation reconstituée de ce côté du Rhin par Charlemagne, et l'on est étonné de voir combien peu de mots d'origine germanique subsistent, à côté du latin, dans les plus anciens monuments de la première langue vulgaire française, désignée sous le nom de langue romane."
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B. Le Moyen Âge par les dates :
RAPPEL HISTORIQUE
http://www.espacefrancais.com/histoire-de-la-france-moyen-age/
Moyen Âge : la fin de l’Empire romain d’Occident (476) - la prise de Constantinople par les Turcs ottoman (1453)
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(1) les CELTES/GAULOIS
(2) les FRANCS
(3) les CAROLINGIENS (737-987)
(4) les CAPÉTIENS (987-1328)
(5) les CAPÉTIENS-VALOIS (1328-1337), branche collatérale des Capétiens directs
(6) ***la Guerre de Cent Ans - 1337-1453
(7) Louis XI (1461-1477) - achève la reconquête du royaume
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La pré-histoire : les CELTES/GAULOIS
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaulois_(peuples)
"Les Gaulois (en latin : Galli, en grec ancien : Γαλάται (Galátai)) étaient l'ensemble des peuples protohistoriques habitant la Gaule, au sens défini par Jules César dans le cadre du récit de ses conquêtes militaires. Ce concept ethno-culturel, né de la vision romaine de l'espace continental européen alors peu connu des géographes antiques, sert usuellement à désigner l'ensemble des peuples celtiques ayant occupé les territoires de la France, de la Suisse et de la Belgique actuelle et d'une partie de l'Allemagne actuelle (par exemple, la ville de Trèves actuelle, allemande, est située sur le territoire de la Gaule Belgique). [...]
Les Gaulois se nommaient eux-mêmes « Celtes » (« Celtae » en latin) en leurs langues ou plus exactement Keltoï écrit en alphabet grec. Pour la Gaule ils disaient Keltiia et peut-être aussi Litaouî « la (terre) large », par opposition à Louerio « la terre entourée d'eau » qui désignait les îles britanniques."
MOTS ET DATES CLÉS :
la Gaule Celtique (av. J.C. 753 - 52 av. J.C.)
*Vercingétorix (82 av. J.C. - 46 av. J.C.) - la reddition d’Alésia (52 av. J.C.)
la Gaule Romaine (en 58 av. J.C., l’armée romaine, dirigée par Jules César entre en Gaule et reste à partir de la reddition d’Alésia en 52 av. J.C. - 476)
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L’histoire : les FRANCS
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_France
"Le nom de la France est issu d'un peuple germanique, les Francs. Clovis (466-511), roi des Francs saliens, scelle par son baptême à Reims l'alliance de la royauté franque avec l'Église catholique. Il unit les tribus franques salienne et ripuaire et conquiert un ensemble de territoires en Gaule et en Germanie qui sont agrandis par ses descendants mérovingiens, puis par la deuxième dynastie franque des Carolingiens fondée en 751. [...]
***Le nom de France n'est employé de façon officielle qu'à partir de 1190 environ, quand la chancellerie du roi Philippe Auguste commence à employer le terme de rex Franciæ (roi de France) à la place de rex Francorum (roi des Francs) pour désigner le souverain. Le mot était déjà couramment employé pour désigner un territoire plus ou moins bien défini, comme on le voit à la lecture de la Chanson de Roland, écrite un siècle plus tôt. Dès juin 1205, le territoire est désigné dans les chartes sous le nom de regnum Franciæ, c'est-à-dire royaume de France en latin. ***On ne peut ainsi parler d'histoire de France, au sens propre, et de conscience nationale française qu'à partir du xiie siècle."
MOTS ET DATES CLÉS :
*les Francs (451 - avènement du chef franc Mérovée) / les Mérovingiens (ancêtre : le roi Mérovée), la première dynastie de rois francs.
Clovis I, petit-fils du roi Mérovée (couronné en 481 / converti au christianisme en 496 à Reims / mort 511 et partage du royaume entre ses quatre fils)
Paris <la cité des Parisii> (l’ancienne Lutetia <Lutèce> devient la capitale du royaume franc en 508)
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les Carolingiens (737-987)
Charles Martel devient maire du palais d’Austrasie (716) et commence à gouverner seul (737)
Pépin le Bref (751 - 768), fondateur de la dynastie carolingienne
***Charlemagne <Charles I> (768-814), couronné empereur de l’empire à Rome par le pape Léon III (800) et partage son royaume entre ses trois fils Charles, Louis et Pépin. Néanmoins, après sa mort, les comtes et les vassaux de celui-ci parviennent peu à peu à rendre leur fonction héréditaire, et les petits-fils de Charlemagne se partagent l'Empire au traité de Verdun (843) ; Charles obtient la Francie occidentale, qui correspond approximativement aux deux tiers occidentaux de la France actuelle et dont les frontières varieront peu jusqu'à la fin du Moyen Âge. Le nouveau royaume doit toutefois affronter trois vagues d'invasions différentes aux IXe et Xe siècles, menées par les musulmans, les Vikings et les Hongroise. À la même époque, les pouvoirs des anciens comtes continuent d'augmenter tandis que le pouvoir royal diminue ; une société féodale se met en place, caractérisée par sa division en trois ordres : le clergé, la noblesse et le tiers état.
les Vikings « les Normands » - s’installent définitivement dans la partie nord-ouest de la France vers la fin du IX siècle.
Guillaume de Normandie <Guillaume le Conquérant> (1066 couronné roi d’Angleterre)
Louis V, dernier roi carolingien (mort en 987)
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Les Capétiens (987-1328)
Néanmoins, les premiers rois capétiens ne contrôlent directement qu'une portion très faible du territoire français, appelée le domaine royal, et certains de leurs vassaux sont beaucoup plus puissants qu'eux. Au XIIe siècle, le pouvoir royal commence à s'affirmer contre les princes du royaume, mais doit faire face à partir des années 1150 à la naissance d'un « empire Plantagenêt » regroupant dans un même ensemble l'Angleterre et le tiers ouest de la France.
MOTS ET DATES CLÉS :
Hughes Capet, comte de Paris et d’Orléans, est élu roi (987)
les Croisades (1095, Urbain II prêche la première croisade-1270)
***Louis VII et Aliénore d’Aquitaine, Henri Plantagenêt, duc de Normandie et de Bretagne, duc d’Aquitaine et roi d’Angleterre
Philippe Auguste (1180 - 1223) (1204 conquête de la Normandie)
Louis IX <Saint Louis> (1226-1297) Régence de Blanche de Castille jusqu’à 1236)
Henri III d’Angleterre devient vassal du roi de France (1258-9) - restitution d’une partie des possessions anglaises par Saint Louis.
Philippe IV (Philippe le Bel) - (1285-1314)
Charles IV le Bel, dernier roi capétien. Meurt en 1328.
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les Capétiens-Valois (1328-1337)
La lignée des Capétiens directs se termine par les règnes successifs des trois fils de Philippe IV qui meurent sans héritier mâle. Lorsque Charles IV le Bel, le dernier fils de Philippe le Bel, meurt en 1328, c'est la première fois depuis l'élection d'Hugues Capet que le défunt roi n'a pas d'héritier mâle. Deux prétendants sont en lice, Édouard III, roi d'Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel et Philippe de Valois, neveu de Philippe le Bel. L'assemblée des grands du royaume préfère Philippe car il est de France et plus mûr que son jeune rival anglais. Cet événement marque le début de la dynastie des Capétiens-Valois, branche collatérale des Capétiens directs.
Philippe VI (1328 sacré à Reims)
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***la Guerre de Cent Ans - 1337-1453 (1337 Edouard II revendique le trône de France -1453 capitulation de Bordeaux)
La guerre de Cent Ans oppose la France et l'Angleterre pour la succession au trône de France, de 1337 à 1453.
La Grande Peste en France (1348)
Jean le Bon (1356)
Charles V (1364-1380)
Charles VI (1380-1422)
le Traité de Troyes (1420) - fin de la cohésion nationale construite lentement par les Capétiens et les Valois
Jeanne d’Arc <la Pucelle d’Orléans> (1412 -1431) - 1429 délivre la ville d’Orléans à Charles
Charles VII (1429 sacré à Reims) - entame la reconquête de la France
Charles VII fait la paix avec les Bourguignons en 1435 (traité d'Arras) et privés de leur puissant allié, les Anglais sont finalement chassés de France en 1453 après la bataille de Castillon. Les rois de France regagnent ensuite prestige et autorité. Ils ont encore affaire à forte partie avec les ducs de Bourgogne, Philippe le Bon et Charles le Téméraire, qui ont joint les Pays-Bas à leurs possessions bourguignonnes et se posent parmi les plus puissants souverains d'Europe. Charles VII et son fils Louis XI les considèrent comme leurs principaux rivaux.
*Louis XI (1461-1477) - achève la reconquête du royaume
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***TRANSITION DU MOYEN ÂGE À LA RENAISSANCE ET AUX TEMPS MODERNES
***Le XIVe siècle et la première moitié du XVe siècle voient la France plonger dans une crise grave, dont les expressions sont multiples. La guerre de Cent Ans, menée contre l'Angleterre et née d'un problème de succession à la tête du royaume de France, ravage le pays. Toutefois, la crise des XIVe et XVe siècles n'est pas seulement politique ou militaire ; elle est aussi démographique : à partir de 1347, la peste noire tue au moins un tiers de la population du royaume ; sociale : les insurrections paysannes et urbaines se multiplient ; mais également économique et religieuse. Si la monarchie est également touchée par cette crise, elle en sort renforcée : ***le pouvoir central, qui s'est déplacé dans la vallée de la Loire, se dote de nouvelles institutions, met en place une armée et un impôt permanents, et amorce le passage du Moyen Âge à la Renaissance.
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https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france.html
Histoire de France. Histoire pour tous.
https://fr.wikipedia.org/wiki/France#Histoire
Histoire de la France.
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II. Géographie médiévale.
http://www.cartesfrance.fr/histoire
L'histoire de France à travers les cartes.
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III. Introduction à l'histoire de la langue française.
http://www.espacefrancais.com/histoire-de-la-langue-francaise
La langue française, en grande partie issue du latin parlé.
De même que le latin, le gaulois fait partie de la famille des langues européennes. Lorsque les Romains ont conquis la Gaule en 52 av. J.-C., le latin parlé des soldats et des fonctionnaires romains s’est rapidement répandu ;
***dès le IVe siècle, la langue gauloise avait presque totalement disparu au profit d’un latin déformé par l’accent gaulois, et imprégné de mots germaniques correspondant aux diverses invasions.
L’ancien français (IXe – XIIIe siècle), encore proche du latin
***Le premier texte en français dont nous ayons connaissance date de 842. Il s’agit des Serments de Strasbourg échangés entre Louis le Germanique, de langue germanique, et Charles le Chauve, de langue française, contre leur frère Lothaire, chacun s’exprimant dans la langue de l’autre, et non en latin comme c’en était la coutume.
La France se divisait alors en deux zones linguistiques : on distinguait, dans le Midi, les dialectes où oui se disait oc, appelés par la suite dialectes de langues d’oc, et dans le Nord, les dialectes où oui se disait oïl, définissant ainsi les langues d’oïl. Les dialectes d’oïl furent prépondérants dans la mesure où Paris devint la capitale des rois : l’ancien français en est issu.
***De grands textes littéraires ont été écrits en ancien français du XIe au XIIIe siècle, textes écrits en vers et souvent chantés comme la Chanson de Roland, qui relate des faits de chevalerie sous Charlemagne, ou les romans courtois, avec, par exemple, Lancelot pour héros.
Comme le latin, l’ancien français comportait des déclinaisons : selon la fonction du mot dans la phrase, la terminaison en était différente. Ceci permettait de disposer les mots dans un ordre plus libre qu’en français moderne. Des six terminaisons du latin, ne sont restées en ancien français que celles du sujet et du complément.
À la suite des invasions des Vikings en Normandie (Xe siècle) et de la constitution de l’empire arabe (du VIIIe au XIVe siècle), la langue française s’est enrichie en empruntant des mots qui lui manquaient.
— Quelques emprunts à la langue normande comme : agrès, crique, hauban, vague, varech...
— Quelques emprunts à la langue arabe comme : alambic, amiral, chiffre, coton, douane, échec, goudron, hazard, magasin, orange, sirop, sucre, zéro...
***La langue d'oïl vs la langue d'oc
Historiquement la langue d'oïl, ou simplement oïl (prononciation : o-il [ɔ.il], ou-il [u.il], oui [wi], o-ille [ɔj] ), est la langue romane qui s’est développée dans la partie nord de la Gaule, puis dans la partie nord de la France, dans le sud de la Belgique (Belgique romane) et dans les îles Anglo-Normandes, et qui était parlée au Moyen Âge. Elle se confond dans un premier temps avec l’ancien français, qui englobe alors les différents dialectes d’oïl. L’unité de la langue prend fin au cours de la période du moyen français. Par la suite, les langues d'oïl constituent une branche de la famille des langues gallo-romanes formée par les langues issues des dialectes de cette dernière. Cette branche du nord a conservé un substrat celtique plus important et a subi une plus grande influence du germanique que sa cousine occitano-romane du sud, la langue d'oc.
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IV. Les textes 1 : ***Les Serments de Strasbourg.
[IMPORTANT POUR L'ÉVOLUTION DE LA LANGUE FRANÇAISE]
https://pokaa.fr/2019/04/04/les-serments-de-strasbourg-en-842-la-ville-accueillait-la-naissance-de-la-langue-francaise/
***Les Serments de Strasbourg : un échange en deux langues. En 842.
Il se trouve que la linguistique va s’introduire dans un acte qui paraissait à première vue strictement politique.
Résumons la situation. Deux camps se font face, ils vont s’allier. Tous sont des Francs. Pour autant, ils ne parlent pas la même langue. Ceux de l’Ouest parlent le roman (ancêtre du français) et ceux de l’Est le tudesque (ancêtre de l’allemand). Et c’est là que réside toute l’originalité des deux serments qui vont être prononcés. Pour être sûrs de bien être compris par les troupes de son frère, chacun d’eux va prononcer son serment dans la langue de l’autre. Charles en tudesque et Louis en roman.
Apparaît alors la deuxième originalité ; à savoir que cet échange est relaté dans un texte écrit, non pas en latin comme il était de coutume pour tous les documents de l’époque mais dans les deux langues « nouvelles ». Ainsi les Serments de Strasbourg sont la première trace écrite du roman, la langue qui donnera dans les siècles suivant le français (le tudesque l’avait déjà été quelques années auparavant). ***Voilà pourquoi on dit que cet événement marque symboliquement la naissance du français.
Bien qu’étant un marqueur originel de la langue française, le Serments de Strasbourg en roman ne ressemblent que de loin au français que l’on parle aujourd’hui et vous auriez bien du mal à le comprendre en le lisant. C’est pourquoi parler de « naissance de la langue française » n’est pas tout à fait approprié. La langue française n’est pas née d’un coup en 842 à Strasbourg. Cet acte serait plutôt une sorte de confirmation écrite d’un processus qui avait commencé depuis longtemps déjà. Le vieux latin était en perte de vitesse, dépassé par une langue un peu bâtarde, certes descendante du latin mais transformée petit à petit en un dialecte vulgaire : le roman (« du mauvais latin mâché et remâché par l’usage quotidien »). Et du roman naquit par la suite l’ancien français qu’on appelle aussi langue d’oïl (en opposition à la langue d’oc qui sera usée dans le Sud de l’Europe).
Par ailleurs, il est nécessaire de rappeler que la France en tant que telle n’existe pas encore, tout du moins pas vraiment. Certes le royaume de Charles le Chauve (la Francie occidentale) englobe une bonne part de la France actuelle (voir carte) mais toute la France actuelle ne parlait pas encore la langue d’oïl – l’Alsace en est le bon exemple.
La version originale des Serments de Strasbourg a disparu mais heureusement on les connaît aujourd’hui grâce à deux copies, dont la plus vieille a été effectuée un peu avant l’an Mil. À l’origine, les Serments avaient d’abord été consignés par un noble, chroniqueur de l’époque, prénommé Nithard, dans le livre 3 de son Histoire des fils de Louis le Pieux. Il est lui-même petit-fils de Charlemagne et donc cousin des trois frères de l’histoire et a participé en personne à la rencontre de Strasbourg. Son audace réside en ce point : il écrit son livre en latin, comme il est de coutume mais il va conserver les Serments dans leurs versions romane et tudesque. Ainsi il est le premier à graver dans la roche la langue « française ».
***Pour conclure, rappelons que politiquement, l’histoire se solda dix-huit mois plus tard, en 843, lorsque le Traité de Verdun acta la scission de l’Empire carolingien en trois royaumes : la Francie occidentale pour Charles le Chauve, la Francie orientale pour Louis le Germanique et, entre les deux, un royaume-tampon pour Lothaire Ier. […]
Avec le recul, on pourrait simplifier les choses en disant que ce traité créa la France d’un côté et l’Allemagne de l’autre en lieu et place du vaste empire chrétien qui était l’idéal de leur père Louis le Pieux et de leur grand-père Charlemagne. ***Ce traité est donc certainement plus important d’un point de vue strictement politique mais les Serments de Strasbourg ont une valeur symbolique et linguistique indéniable toujours reconnue de nos jours. Pour autant, le latin fera encore de la résistance et ***ce n’est qu’en 1539 que l’Ordonnance de Villers-Cotterêts, édictée par le roi de France François Ier, instaurera le français comme langue administrative à la place du latin.
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Voici le serment de Louis le Germanique en langue "romane", la langue de son frère Charles [avec une traduction en français moderne} :
Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, dist di in avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fradre Karlo, et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dift, in o quid il mi altresi fazet ; et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai, qui meon vol cist meon fradre Karle in damno sit.
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Pour l’amour de Dieu et pour le peuple chrétien et notre salut commun, à partir d’aujourd’hui, en tant que Dieu me donnera savoir et pouvoir, je secourrai ce mien frère Charles par mon aide et en toute chose, comme on doit secourir son frère, selon l’équité, à condition qu’il fasse de même pour moi, et je ne tiendrai jamais avec Lothaire aucun plaid qui, de ma volonté, puisse être dommageable à mon frère Charles.
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V. Les textes 2 : ***Les Cantilènes ou la littérature hagiographique. La Cantilène (ou la Séquence) de sainte Eulalie (environs de l’an 880-882).
[IMPORTANT POUR L'ÉVOLUTION DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE]
Brix, Michel. Histoire de la littérature française : voyage guidé dans les lettres du xie au xxe siècle. Louvain : de Boeck, 2014, 2017.
"***Les premiers textes « littéraires » en ancien français sont des hagiographies, soit des récits de vies de saints. Rien de surprenant à ce constat : l’activité d’écriture était à l’époque le fait exclusif de gens d’Église. Ces hagiographies sont étroitement dépendantes de sources et de modèles latins. La plus ancienne est la Cantilène (ou la Séquence) de sainte Eulalie, qu’on date des environs de l’an 880. La Cantilène, texte très court (29 vers), se trouve accompagnée, sur le manuscrit où on l’a découverte, d’un éloge de la sainte en latin : les deux textes étaient sans doute destinés à être chantés et à entrer dans une célébration liturgique, à la suite de l’Alleluia (d’où leur nom de séquence/sequentia).
On conserve d’autres exemples d’hagiographies, qui sont postérieures mais également très courtes. Plus longue est en revanche la Vie de saint Alexis (625 vers décasyllabiques), dont les médiévistes situent la composition au milieu du XIe siècle.
L’apparition d’hagiographies en français répond sans doute à un souci pastoral et suggère que la connaissance du latin était de moins en moins partagée parmi les fidèles. Elle est significative aussi des objectifs majeurs poursuivis par la littérature en ancien français : porter, par l’exemple (l’exemplum est une anecdote édifiante destinée à illustrer des sermons), à la vertu et à la piété."
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Bescherelle - Chronologie de la littérature française.pdf
Chronologie de la littérature française. Du Moyen Âge à nos jours. Sous la direction de Johan Faerber, Alain Couprie, Nancy Oddo, Laurence Pauline. Paris : Hatier, 2014.
***Vers 881-882 : La "littérature" Française voit le jour.
La Séquence de sainte Eulalie est une transposition du latin en langue d’oïl destinée à vulgariser le martyre de la sainte auprès des Fidèles lors de la messe. Les vingt-neuf vers de la Séquence de sainte Eulalie marquent la naissance de la littérature française.
Une découverte tardive
Découverte en 1837 dans un manuscrit de la bibliothèque de Valenciennes, la Cantilène ou Séquence de sainte Eulalie est le premier texte poétique conservé qui soit rédigé en langue d'oïl. Cette langue, alors appelée «roman », est le dialecte, issu du latin, que l'on parle dans le nord de la France et qui évoluera vers le fran-çais moderne.
C'est pourquoi, bien qu'elle ne compte que vingt-neuf vers et que son auteur demeure incertain, la Séquence a pris une grande importance historique, linguistique et même musicologique.
La vie d'une sainte
Les reliques de sainte Eulalie avaient été placées en 878 dans l'abbaye de Saint- Amand, près de Valenciennes, où le manuscrit fut rédigé.
La Cantilène raconte comment Eulalie, à peine âgée de treize ans, refusa de renier sa foi et subit courageusement le martyre : on la brûla, mais «elle ne brûla point » et lorsqu'on la décapita, «en forme de colombe, [elle] s'envola au ciel». Voilà une vie exemplaire pour catéchiser les fidèles lors de la liturgie !
De la liturgie à la littérature
Chanté lors de la messe, entre deux alléluias, le tout premier texte en langue romane est donc totalement intégré à la liturgie : son rôle pédagogique prime sur son aspect littéraire, même si le récit se caractérise par une belle énergie narrative : beaucoup de verbes, peu d'adjectifs et des effets de surprise pour stimuler l'imagination.
Dans cette lignée, on peut également citer la Vie de saint Alexis (1050) qui fournira le modèle des strophes de décasyllabes épiques pour les chansons de geste.
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Le premier poème de la littérature française.
Au sein du manuscrit, La Cantilène figure entre un poème latin et un poème allemand du même copiste, témoignant du milieu trilingue où elle est née. Peut-être le contact avec la langue allemande, qui s'écrivait déjà à cette époque, a-t-il facilité le passage au français écrit.
Le manuscrit est conservé dans un ouvrage relié en peau de cerf, avec des traces de poils qui lui valent son nom de liber pilosus, livre poilu.
Manuscrit de La Cantilène ou Séquence de sainte Eulalie, IXe siècle. Valenciennes. Bibliothèque municipale.
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Si le passage du latin parlé aux langues romanes s’est fait spontanément, celui de la langue romane parlée à son écriture a nécessité le savoir des clercs et l'aide des institutions religieuse et politique. ***L’Eglise joue ainsi un rôle clé dans l’expansion du français en invitant les prêtres, en 813, lors du Concile de Tours, à prêcher en langue vulgaire pour être compris des illettrés.
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le mardi 22 AOÛT
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THÈMES DU JOUR :
I. Introduction à la littérature épique et aux chansons de geste. Discussion des caractéristiques de la société féodale et les liens de vassalité. L'honneur. La chevalerie [=les chevaliers]. Le code moral du chevalier. La religion.
II. Introduction à la Chanson de Roland. Analyse du document CHANSON DE ROLANDassemblee trahison.pdf
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DOCUMENTS À LIRE ET À PRÉPARER I [LES DOCUMENTS COMPLETS SE TROUVENT À LA PAGE DES "LIENS ET DOCUMENTS I : INTRODUCTION AU MOYEN ÂGE ET AUX CHANSONS DE GESTE"]
(1) Feodalite caracteristiques 1.pdf
(2) "Féodalité-Wiki".pdf : extraits.
(3) "Vassalité-Wiki".pdf : extraits.
(4) "Honneur-Wiki".pdf
(5) La chevalerie [=les chevaliers]
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_007_chevalerie
(6) Le code moral du chevalier.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_009_ChevCaract2
(7) La religion.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_004a_Religion
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DOCUMENTS À LIRE ET À PRÉPARER II [LES DOCUMENTS COMPLETS SE TROUVENT À LA PAGE DES "LIENS ET DOCUMENTS I : INTRODUCTION AU MOYEN ÂGE ET AUX CHANSONS DE GESTE"]
(1) La chanson de gest 2.pdf
(2) La chansons de geste.
(3) CHANSON DE ROLAND Resume.pdf
(4) CHANSON DE ROLANDassemblee trahison.pdf
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NOUVEAU :
*RAPPEL DE LA SESSION ANTÈRIEURE :
LE CONTEXTE HISTORIQUE POUR COMPRENDRE LES CHANSONS DE GESTE, NOTAMMENT LA CHANSON DE ROLAND :
LA GAULE ET LES GAULOIS (De 753 aJC à 52aJC) – Vercingétorix
LA GAULE ROMAINE (De 52aJC à 476) – Jules César
LES FRANCS (De 451 à 737) - les Mérovingiens : Mérovée- >Clovis I <481/496>
LES CAROLINGIENS (De 737 à 987) – Charles Martel, ***Charlemagne <768-814>
Les Serments de Strasbourg 842 -> Le Traité de Verdun 843
LES CAPÉTIENS (DE 987 à 1328) – ***Les Croisades <Xie-XIIIe siècles : 1095-1270
*THÈME À DEVELOPPER :
DANS LA CHANSON DE ROLAND IL S'AGIRA D'UN POÈME ÉPIQUE* ÉCRIT À LA FIN DU XIe SIÈCLE - L'ÉPOQUE DES PREMIÈRES CROISADES ET DE LA FÉODALITÉ COMME STRUCTURE SOCIO-POLITIQUE DOMINANTE- QUI RACONTE, À SA MANIÈRE, UN ÉVÉNEMENT SURVENU AU VIIIe SIÈCLE, PENDANT LE RÈGNE DE CHARLEMAGNE.
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Épopée en vers ou Poème épique :
Long poème ou vaste récit en vers au style soutenu qui exalte un grand sentiment collectif souvent à travers les exploits d'un héros historique ou légendaire.
Long poème ou récit de style élevé où la légende se mêle à l'histoire pour célébrer un héros ou un grand fait.
Long poème narratif racontant les actions célèbres d'un héros ou d'un peuple dans un contexte souvent merveilleux.
Long poème d'envergure nationale où l'on raconte les exploits historiques ou mythiques d'un héros ou d'un peuple.
A. Introduction à la littérature épique et aux chansons de geste. Discussion des caractéristiques de la société féodale et les liens de vassalité. L'honneur. La chevalerie [=les chevaliers]. Le code moral du chevalier. La religion.
(1) Feodalite caracteristiques 1.pdf :
La société médiévale est fondée sur la transmission héréditaire du pouvoir, des titres et de la richesse. Elle présente donc une structure hiérarchique rigide. La société est divisée en trois classes ou ordres :
-ceux qui prient, c'est-à-dire les clercs et les hommes d’Église
-ceux qui combattent et qui dirigent, les guerriers (chevaliers et seigneurs)
-ceux qui travaillent, soit les paysans et les artisans.
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(2) "Féodalité-Wiki".pdf : extraits.
Féodalité
La féodalité est un système politique ayant notamment existé en Europe entre le Xe siècle et le XIIe siècle, dans lequel l'autorité centrale s'associe avec les seigneurs locaux et ceux-ci avec leur population selon un système complet d'obligations et de services. Le terme « féodalité » est issu du latin médiéval1 feodum, « fief », qui vient probablement lui-même du francique fehu, « bétail », et/ou du gotique faihu, « argent, possession »2. Le mot « féodalité » est un mot savant et tardif employé au XVIIe siècle. Il dérive du mot fief par l’intermédiaire de l’adjectif féodal. Fief et Féodal sont beaucoup plus anciens : sous leur forme latine — la seule usitée à l’origine — « fief », en latin fevum, remonte au Xe siècle, mais ne s’est guère répandu qu’au XIe siècle, tandis que « féodal », feodalis date du XIe siècle.
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(3) "Vassalité-Wiki".pdf : extraits.
Vassalité
Héritière du compagnonnage d'arme du haut Moyen Âge, la vassalité est la situation de dépendance d’un homme libre envers son seigneur par la cérémonie de l’hommage.
Des obligations réciproques
On parle donc de contrat synallagmatique car il engage les deux parties à l'acte qui ont des obligations l'une envers l'autre.
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(4) "Honneur-Wiki".pdf
Honneur
L'honneur peut se définir comme un lien entre une personne et un groupe social qui lui donne son identité et lui confère le respect. L'honneur se gagne par des actes admirés par la collectivité ; on subit la honte en conséquence d'actes méprisés. En ce sens, l'honneur est un attribut collectif, comme la vertu est un attribut individuel. Il peut y avoir des vertus secrètes ; d'honneur secret, point.
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(5) La chevalerie [=les chevaliers]
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_007_chevalerie
La chevalerie
La chevalerie est une caste supérieure de guerriers au code moral très strict, et se donnant pour mission de protéger la veuve et l’orphelin.
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(6) Le code moral du chevalier.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_009_ChevCaract2
LE CODE MORAL DU CHEVALIER
Son code moral très strict donne au chevalier des valeurs de référence.
Ainsi, les qualités d’un bon chevalier sont :
- prouesse
- loyauté
- largesse
- mesure
- courtoisie
On peut dire d'un chevalier qui suivait ces règles morales qu'il vivait selon une éthique de l’honneur (règles de comportement et de convenances).
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(7) La religion.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_004a_Religion
La religion
Il est difficile de s’imaginer l’importance de la religion du Moyen Âge, tant elle ressemble peu à celle qu’elle occupe aujourd’hui. Mais, à une époque où les gens ne savaient ni lire ni écrire, où les saintes Écritures étaient réservées aux seuls gens de robe (clercs, prêtres, etc.), où un pape pouvait excommunier un roi, la religion était le point d’ancrage de la politique, de la vie quotidienne, de la société : elle était le principal ciment social, puisque tous avaient la foi.
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B. Introduction aux chansons de geste et à la Chanson de Roland. Analyse du document CHANSON DE ROLANDassemblee trahison.pdf
(1) La chanson de gest 2.pdf
Le courant épique : présente des caractères stéréotypés : monde divisé entre le bien et le mal (=monde manichéen), qui s’opposent ; évoque des temps où se déploie une énergie conquérante (mais apparaît plusieurs siècles après – jamais contemporain de l’événement) ;
se lie à une société féodale ; a un caractère fortement national ; présente une galerie de conduites exemplaires ; interprète l’événement par le mythe.
La chanson de geste est l’incarnation française du poème épique. Elle est écrite en vers, divisés en laisses.
Elle est toujours plus ou moins liée à Charlemagne.
Elle valorise la vie militaire par : l’apologie de la force physique, des exploits ; l’apologie de la bravoure, de la hardiesse ; l’apologie de la loyauté au suzerain ; une condamnation parallèle du félon, de l’Infidèle. Elle développe peu la psychologie des personnages.
Anthologie et Courants épique et courtois, Cégep de Lévis-Lauzon, 1995.
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(2) La chansons de geste.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_011d_Litterature
La chanson de geste
Dès le XIe siècle, des poèmes, les chansons de geste, racontent les aventures de chevaliers pendant des événements historiques remontant aux siècles antérieurs (gesta, en latin, signifie « action » ou « fait exceptionnel »). Mais c’est bien l’idéal de la société féodale qui est en fait mis en scène : respect absolu des engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualités guerrières au service de la foi. Le chevalier obéit à un code d’honneur très exigeant : méprisant la fatigue, la peur, le danger, il est irrémédiablement fidèle à son seigneur. Le chevalier vit pour la guerre, il est fier de ses exploits guerriers. La femme n’a pas de place dans cet univers.
[Les croisades]
Il faut savoir qu’à compter du XIe siècle, époque animée d’une très grande ferveur religieuse, les seigneurs féodaux entreprennent de grandes expéditions militaires en Terre sainte pour libérer le tombeau du Christ des mains de l’envahisseur musulman. Ce sont les croisades. En même temps qu’elles affermissent le régime féodal et consacrent le prestige de la classe aristocratique, les croisades engendrent un idéal humain : celui du chevalier croisé (« qui prend la croix »), sans peur et sans reproche. Le preux chevalier est un modèle de toutes les vertus : homme d’une générosité sans limites, il se montre vaillant au combat, loyal à son seigneur, à sa patrie et à son Dieu. Le sens de l’honneur lui importe autant que sa vie (du moins, c’est ce que la légende a retenu ; en réalité, ces expéditions furent également l’occasion de libérer, avec la bénédiction de l’Église, des instincts guerriers, de pillage et de tuerie).
***Les chansons de geste sont ainsi l’expression littéraire de ces entreprises autant militaires que religieuses. Ce genre littéraire est typiquement médiéval. L’analyse psychologique y importe bien moins que l’exaltation nationale. C’est l’histoire revue et corrigée par la légende et le merveilleux. Les récits aiment exagérer les faits d’arme accomplis [=style hyperbolique]. Prouesses physiques, exploits extraordinaires, luttes merveilleuses et parfois même affrontements téméraires contre des monstres et des forces maléfiques mettent en valeur les chevaliers, symboles du bien. Les qualités du héros sont encore magnifiées lorsqu’elles sont mises au service de Dieu, suzerain suprême. D’ailleurs, afin de mettre davantage en relief les qualités exceptionnelles du héros épique, on l’oppose régulièrement à un antagoniste, félon et traître – le félon suprême étant celui qui refuse de se soumettre à Dieu, plus grand des souverains : le musulman, ou Sarrasin (ou Infidèle).
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Les chansons de geste sont écrites en vers et sont divisées en strophes de longueur variable, qu’on appelle laisses. Les vers ne riment pas : ils sont plutôt construit sur l’assonance, qui est la répétition de la dernière voyelle accentuée du mot (par exemple : mal / face ; la première laisse de la Chanson de Roland se termine avec les mots : magnes / Espaigne / altaigne / remaigne / fraindre / muntaigne / aimet / recleimet / ateignet). Ces assonances contentent le sens musical d’un public qui ne lit pas, mais entend déclamer le récit en même temps qu’elles permettent au conteur de se rappeler le vers suivant.
["La "rime" est le retour de la même syllabe dans la terminaison de deux ou plusieurs mots, et spécialement pour les mots qui se trouvent à la fin des vers..." wkidifference.fr]
Texte adapté de Michel LAURIN, Anthologie littéraire du Moyen Âge au XIXe siècle, Québec, Beauchemin, 2000, et de Denise BESSETTE et Luc LECOMPTE, Anthologie et Courants épique et courtois, Cégep de Lévis-Lauzon, 1995.
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----------- DÉFINITIONS ET VOCABULAIRE ---------
La rime, l'assonance et l'allitération sont des techniques poétiques couramment utilisées pour créer des effets sonores et rythmiques dans la poésie.
La rime correspond à la répétition des sons finaux de deux ou plusieurs vers. Il existe différents types de rimes, tels que la rime masculine (où seuls les sons finaux des mots masculins riment) et la rime féminine (où les syllabes finales accentuées des mots féminins riment). Par exemple, dans le premier couplet de La chanson de Roland, les vers "Carles li reis, nostre emperere magnes / Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne" riment sur le son "nes". Le poème utilise également des rimes féminines, qui se terminent par une syllabe féminine. Par exemple, dans le deuxième couplet, les vers "De la bataille as Sarrasins unt mult perdu" riment sur le son "u".
L'assonance correspond à la répétition de sons de voyelles identiques ou similaires dans des mots situés à proximité l'un de l'autre. Le poème utilise fréquemment des assonances pour créer un effet de répétition sonore. Par exemple, dans le premier couplet, les mots "Carles", "nostre", "pleins" et "Estre" présentent une assonance sur le son "e". Dans le quatrième couplet, les mots "molt", "turnet", "curun", "dum" et "seint" présentent une assonance sur le son "u".
L'allitération correspond à la répétition de sons de consonnes identiques ou similaires dans des mots situés à proximité l'un de l'autre. Le poème utilise également des allitérations pour créer un effet de répétition consonantique. Par exemple, dans le premier couplet, les mots "Carles", "reis" et "emperere" présentent une allitération sur le son "r". Dans le troisième couplet, les mots "Rencesvals", "Roi", "s'est" et "Roelant" présentent une allitération sur le son "r". Dans le sixième couplet, les mots "carnalment", "curun", "Costentin" et "cum" présentent une allitération sur le son "c".
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Ces figures de style ont plusieurs fonctions dans un poème, notamment :
Créer un effet rythmique : Les assonances et les allitérations peuvent aider à créer un rythme régulier ou irrégulier dans un poème, ce qui peut contribuer à renforcer le sens et l'émotion du texte.
Ajouter de l'émotion : Les assonances et les allitérations peuvent également ajouter une dimension émotionnelle au poème en créant un effet de répétition qui peut être hypnotique ou évocateur.
Souligner les thèmes : Les assonances et les allitérations peuvent aider à souligner les thèmes clés du poème en mettant en évidence certains mots ou phrases.
Créer des images mentales : Les assonances et les allitérations peuvent aider à créer des images mentales dans l'esprit du lecteur en associant des sons particuliers à des objets ou des actions spécifiques.
***En somme, les assonances et les allitérations sont des outils précieux pour les poètes, car ils peuvent aider à créer un effet sonore qui renforce le sens et l'émotion du poème.
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(3) CHANSON DE ROLAND Resume.pdf
La Chanson de Roland
***Fondement historique
Après la campagne de Charlemagne en Espagne, l'épopée raconte la résistance héroïque de son arrière-garde, le 15 août 778, face à une attaque surprise de Maures au col de Roncevaux dans les Pyrénées, perdant l'éminent marquis de Bretagne, Roland, champion, neveu et peut-être fils de l'empereur Charlemagne. Mais la plupart des historiens s'accordent maintenant pour dire que les chevaliers carolingiens ont, en fait, affronté la guérilla basque et non l'armée sarrasine.
***En pleine époque de reconquête de l'Europe et de conquêtes en Orient, il est fort possible que ce texte ait été écrit pour donner un fondement historique aux croisades, et transformer une guerre territoriale en guerre sainte.
On a aussi émis l’hypothèse que les principaux passages de la Chanson de Roland auraient été composés, (selon Joseph Bédier, 1864-1934), sur les routes des pèlerins allant à Saint-Jacques-de-Compostelle et passant par le col de Roncevaux, par les trouvères qui récitaient des fragments aux lieux de haltes. Des analogies existent avec le Poema del mio Cid, [...] avec des influences de la poésie arabe de al-Andalus.
Les quatre parties de la chanson
1. La trahison de Ganelon : Ganelon, le beau-frère de Charlemagne et beau-père de Roland a trahi Roland car il était jaloux de la préférence de Charlemagne envers son neveu. Il intrigue avec le calife Marsile, roi des Sarrasins pour s’assurer de la mort de Roland. Cette partie va de la laisse 1 à 79 dans la chanson.
2. La bataille de Roncevaux : Roland et son compagnon le chevalier Olivier meurent dans la bataille et beaucoup de Sarrasins et de Français aussi. Cette partie va de la laisse 80 à la laisse 176.
3. La vengeance de Charlemagne sur les Sarrasins: Roland avait sonné du cor pour que Charlemagne vienne aider l’arrière-garde mais quand ses armées arrivèrent, Roland était déjà mort. Charlemagne venge alors son neveu en battant les Sarrasins. Cette partie va de la laisse 177 à la laisse 266.
4. Le jugement de Ganelon : Après la bataille, Charlemagne fait juger Ganelon qui est condamné à mourir écartelé. Cette partie va de la laisse 267 à la laisse 291.
Synopsis
Marsile, roi Maure souhaitant épargner sa ville Saragosse de l'avancée de l'armée des Francs, convient d'un traité de paix avec Charlemagne. Ce dernier se demande qui sera envoyé comme émissaire à Marsile, qui a une grande réputation de traîtrise. Celui qui sera envoyé courra donc un grand danger. L'empereur refuse que ses chevaliers préférés prennent ce risque. On décide enfin, sur proposition de Roland, d'envoyer Ganelon.
Mais Ganelon, corrompu et haineux envers Roland, décide de trahir Charlemagne et propose un plan à Marsile. Marsile fera semblant de conclure la paix avec Charlemagne, qui se retirera. Roland commandera l'arrière-garde. Les Sarrasins attaqueront alors par surprise l'arrière-garde isolée. Une fois Roland, le plus vaillant des chevaliers de Charlemagne, tué, Ganelon considère que l'armée de Charlemagne ne vaudra plus rien. Marsile approuve le plan. Ganelon rejoint Charlemagne, qui se retire avec son armée. Roland prend comme prévu la direction de l'arrière-garde, tandis que Ganelon reste en compagnie de l'empereur.
Les Sarrasins attaquent Roland dans le défilé de Roncevaux. Le chevalier Olivier, grand ami de Roland, signale une large troupe sarrasine approchant l'arrière-garde. Il demande à Roland de sonner du cor (ou olifant) pour avertir Charlemagne. Roland préfère mourir en guerrier plutôt que de se déshonorer en appelant à l'aide (il avait un dicton qui disait: il faut toujours avancer et jamais reculer).
Les hommes de Roland se battent contre une force (commandée par Marsile) vingt fois supérieure à la leur, et malgré la bravoure de ses hommes, l'arrière-garde de Charlemagne est exterminée. Lorsqu'il ne reste plus que soixante combattants, Roland fait sonner son olifant tellement fort que "sa tempe éclate". Charlemagne, quant à lui, continue à s'éloigner avec le gros de l'armée, persuadé par Ganelon que le son du cor, qu'il entend, n'est pas un appel à l'aide.
Mais Charlemagne finit par soupçonner le pire et chevauche vers le lieu de l'embuscade. Pendant ce temps, tous les chevaliers de l'arrière-garde meurent, mais Roland et l'archevêque Turpin blessés arrivent à faire fuir l'armée maure avant de s'effondrer tous les deux.
Roland a encore la force d'essayer de briser son épée Durandal contre un bloc de marbre, sans succès: la lame luit et flamboie sans s'ébrécher. Il s'allonge face à l'Espagne pour mourir et c'est alors que saint Michel, Chérubin et saint Gabriel emportent son âme vers le paradis.
Quand Charlemagne rejoint son arrière-garde, il est trop tard, Roland est mort et la bataille est terminée. L'armée de Marsile a subi de lourdes pertes, mais elle est renforcée par une immense armée représentant l'ensemble des peuples musulmans. Cette armée affronte l'armée de Charlemagne.
Il s'engage alors une seconde bataille, aux effectifs énormes (et totalement invraisemblables pour l'époque), mais littérairement moins célèbre que la première. Charlemagne détruit l'armée sarrasine avant de retourner à Aix-la-Chapelle. Là, il doit apprendre la triste nouvelle à la belle Aude, sœur d'Olivier et fiancée de Roland, qui meurt sur le coup à cette annonce.
Source : Chanson de Roland, wikipedia.fr
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La Chanson de Roland est la plus célèbre des chansons de geste (du latin gesta, action aventureuse). Créée à la fin du XIe siècle par un poète anonyme – que certains croient être Turolde, dont on peut lire le nom dans la dernière laisse du poème –, elle raconte, en l’amplifiant et le dramatisant, un épisode des guerres menées par Charlemagne contre les Sarrasins : la désastreuse bataille qui se serait déroulée à Roncevaux.
[AVERTISSEMENT : la plupart des historiens s'accordent maintenant pour dire que les chevaliers carolingiens ont, en fait, affronté la guérilla basque (des montagnards basques chrétiens) et non l’armée sarrasine.]
Résumé : Charlemagne fait la guerre en Espagne depuis sept ans. Il rentre en France après avoir soumis Pampelune, mais il a été trahi par un de ses barons, Ganelon. Au passage de Roncevaux, le traître le convainc de placer Roland à la tête de l’arrière-garde. Onze autres barons se joignent à Roland, qui se choisissent seulement 20 000 chevaliers – pour s’opposer aux 100 000 Sarrasins qui vont les attaquer. Avant la bataille, Olivier, son meilleur ami, tente de convaincre Roland d’appeler Charlemagne à la rescousse, mais il refuse, par orgueil. Tout le monde mourra, les 100 000 Sarrasins et les 20 000 Français. Roland meurt le dernier, juste avant l’arrivée de Charlemagne, qui anéantit le reste de l’armée sarrasine (de 300 000 hommes). L’archange Gabriel emporte l’âme de Roland au paradis.
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La Chanson de Roland comporte environ 4 000 vers (dans sa version la plus ancienne ; elle en compte 9 000 pour un manuscrit de la fin du XIIIe siècle) en ancien français répartis en laisses assonancées (=une assonance est la répétition d’une même voyelle ou un même son vocalique dans une phrase ou un vers), transmises et diffusées en chant par les troubadours/trouvères et jongleurs. Neuf manuscrits en diverses langues nous sont parvenus. Le manuscrit d’Oxford, le plus complet et considéré comme l’original, est en anglo-normand. C'est un exemple classique de chanson de geste par le glissement de l'Histoire à la légende, et par la célébration épique des vertus de la chevalerie, de l'honneur féodal et de la foi.
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(4) CHANSON DE ROLANDassemblee trahison.pdf
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le jeudi 24 AOÛT
ATTENTION!!!! VOIR LES MODIFICATIONS DANS LE PROGRAMME PRÉVU POUR AUJOURD'HUI.
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THÈMES DU JOUR :
NOUVEAU :
GRAND THÈME : L'analyse de la Chanson de Roland comme texte littéraire et reflet de la société de l'époque (=organisation socio-politique, valeurs, croyances, etc.).
SOUS-THÈME I : religion, féodalité et vassalité : le chevalier comme preux et guerrier au service de Dieu et du seigneur féodal, le champ de bataille. Les valeurs : piété, fidélité, courage/bravoure.
SOUS-THÈME II. Analyse des thèmes, des personnages, des figures de style. La Chanson de Roland comme représentation du monde féodal avec tous ses cérémonies, ses codes de conduite, ses valeurs, ses croyances, etc.
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DOCUMENTS À LIRE ET À PRÉPARER :
[Les liens et les documents se trouvent dans les ARCHIVES au début de à la page LIENS ET DOCUMENTS I: INTRODUCTION AU MOYEN ÁGE ET AUX CHANSON DE GESTE]
CHANSON DE ROLANDassemblee trahison.pdf [révision]
CHANSON DE ROLANDOlivier demande à Roland.pdf
CHANSON DE ROLANDcombat des chevaliers.pdf
CHANSON DE ROLANDMort Roland.pdf
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III. Petit exercice diagnostique. [VOIR LA PAGES DES "ÉVALUATIONS"]
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NOUVEAU : 8/23
NOUS ALLONS CONSACRER LA SESSION D'AUJOURD'HUI À L'ANALYSE DES EXTRAITS DE LA CHANSON DE ROLAND.
VOICI L'ORDRE DANS LEQUEL NOUS ALLONS DISCUTER LES DOCUMENTS :
Nous allons commencer avec des extraits de textes qui se trouvent dans les documents de la session antérieure. Ces documents vous donnent un résumé du poème et les critères à utiliser pour son analyse.
I. RÉSUMÉ DE LA CHANSON DE ROLAND
(3) CHANSON DE ROLAND Resume.pdf
La Chanson de Roland - Résumé.
Les quatre parties de la chanson
1. La trahison de Ganelon : Ganelon, le beau-frère de Charlemagne et beau-père de Roland a trahi Roland car il était jaloux de la préférence de Charlemagne envers son neveu. Il intrigue avec le calife Marsile, roi des Sarrasins pour s’assurer de la mort de Roland. Cette partie va de la laisse 1 à 79 dans la chanson.
2. La bataille de Roncevaux : Roland et son compagnon le chevalier Olivier meurent dans la bataille et beaucoup de Sarrasins et de Français aussi. Cette partie va de la laisse 80 à la laisse 176.
3. La vengeance de Charlemagne sur les Sarrasins: Roland avait sonné du cor pour que Charlemagne vienne aider l’arrière-garde mais quand ses armées arrivèrent, Roland était déjà mort. Charlemagne venge alors son neveu en battant les Sarrasins. Cette partie va de la laisse 177 à la laisse 266.
4. Le jugement de Ganelon : Après la bataille, Charlemagne fait juger Ganelon qui est condamné à mourir écartelé. Cette partie va de la laisse 267 à la laisse 291.
Synopsis
Marsile, roi Maure souhaitant épargner sa ville Saragosse de l'avancée de l'armée des Francs, convient d'un traité de paix avec Charlemagne. Ce dernier se demande qui sera envoyé comme émissaire à Marsile, qui a une grande réputation de traîtrise. Celui qui sera envoyé courra donc un grand danger. L'empereur refuse que ses chevaliers préférés prennent ce risque. On décide enfin, sur proposition de Roland, d'envoyer Ganelon.
Mais Ganelon, corrompu et haineux envers Roland, décide de trahir Charlemagne et propose un plan à Marsile. Marsile fera semblant de conclure la paix avec Charlemagne, qui se retirera. Roland commandera l'arrière-garde. Les Sarrasins attaqueront alors par surprise l'arrière-garde isolée. Une fois Roland, le plus vaillant des chevaliers de Charlemagne, tué, Ganelon considère que l'armée de Charlemagne ne vaudra plus rien. Marsile approuve le plan. Ganelon rejoint Charlemagne, qui se retire avec son armée. Roland prend comme prévu la direction de l'arrière-garde, tandis que Ganelon reste en compagnie de l'empereur.
Les Sarrasins attaquent Roland dans le défilé de Roncevaux. Le chevalier Olivier, grand ami de Roland, signale une large troupe sarrasine approchant l'arrière-garde. Il demande à Roland de sonner du cor (ou olifant) pour avertir Charlemagne. Roland préfère mourir en guerrier plutôt que de se déshonorer en appelant à l'aide (il avait un dicton qui disait: il faut toujours avancer et jamais reculer).
Les hommes de Roland se battent contre une force (commandée par Marsile) vingt fois supérieure à la leur, et malgré la bravoure de ses hommes, l'arrière-garde de Charlemagne est exterminée. Lorsqu'il ne reste plus que soixante combattants, Roland fait sonner son olifant tellement fort que "sa tempe éclate". Charlemagne, quant à lui, continue à s'éloigner avec le gros de l'armée, persuadé par Ganelon que le son du cor, qu'il entend, n'est pas un appel à l'aide.
Mais Charlemagne finit par soupçonner le pire et chevauche vers le lieu de l'embuscade. Pendant ce temps, tous les chevaliers de l'arrière-garde meurent, mais Roland et l'archevêque Turpin blessés arrivent à faire fuir l'armée maure avant de s'effondrer tous les deux.
Roland a encore la force d'essayer de briser son épée Durandal contre un bloc de marbre, sans succès: la lame luit et flamboie sans s'ébrécher. Il s'allonge face à l'Espagne pour mourir et c'est alors que saint Michel, Chérubin et saint Gabriel emportent son âme vers le paradis.
Quand Charlemagne rejoint son arrière-garde, il est trop tard, Roland est mort et la bataille est terminée. L'armée de Marsile a subi de lourdes pertes, mais elle est renforcée par une immense armée représentant l'ensemble des peuples musulmans. Cette armée affronte l'armée de Charlemagne.
Il s'engage alors une seconde bataille, aux effectifs énormes (et totalement invraisemblables pour l'époque), mais littérairement moins célèbre que la première. Charlemagne détruit l'armée sarrasine avant de retourner à Aix-la-Chapelle. Là, il doit apprendre la triste nouvelle à la belle Aude, sœur d'Olivier et fiancée de Roland, qui meurt sur le coup à cette annonce.
Source : Chanson de Roland, wikipedia.fr
II. POUR LES ANALYSES :
(1) La chanson de gest 2.pdf
Le courant épique : présente des caractères stéréotypés : monde divisé entre le bien et le mal (=monde manichéen), qui s’opposent ; évoque des temps où se déploie une énergie conquérante (mais apparaît plusieurs siècles après – jamais contemporain de l’événement) ;
se lie à une société féodale ; a un caractère fortement national ; présente une galerie de conduites exemplaires ; interprète l’événement par le mythe.
(2) La chansons de geste.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_011d_Litterature
La chanson de geste
[...] c’est bien l’idéal de la société féodale qui est en fait mis en scène : respect absolu des engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualités guerrières au service de la foi. Le chevalier obéit à un code d’honneur très exigeant : méprisant la fatigue, la peur, le danger, il est irrémédiablement fidèle à son seigneur. Le chevalier vit pour la guerre, il est fier de ses exploits guerriers. La femme n’a pas de place dans cet univers.
[Les croisades]
[...] les croisades engendrent un idéal humain : celui du chevalier croisé (« qui prend la croix »), sans peur et sans reproche. Le preux chevalier est un modèle de toutes les vertus : homme d’une générosité sans limites, il se montre vaillant au combat, loyal à son seigneur, à sa patrie et à son Dieu. Le sens de l’honneur lui importe autant que sa vie (du moins, c’est ce que la légende a retenu ; en réalité, ces expéditions furent également l’occasion de libérer, avec la bénédiction de l’Église, des instincts guerriers, de pillage et de tuerie).
***Les chansons de geste sont ainsi l’expression littéraire de ces entreprises autant militaires que religieuses. Ce genre littéraire est typiquement médiéval. L’analyse psychologique y importe bien moins que l’exaltation nationale. C’est l’histoire revue et corrigée par la légende et le merveilleux. Les récits aiment exagérer les faits d’arme accomplis [=style hyperbolique]. Prouesses physiques, exploits extraordinaires, luttes merveilleuses et parfois même affrontements téméraires contre des monstres et des forces maléfiques mettent en valeur les chevaliers, symboles du bien. Les qualités du héros sont encore magnifiées lorsqu’elles sont mises au service de Dieu, suzerain suprême. D’ailleurs, afin de mettre davantage en relief les qualités exceptionnelles du héros épique, on l’oppose régulièrement à un antagoniste, félon et traître – le félon suprême étant celui qui refuse de se soumettre à Dieu, plus grand des souverains : le musulman, ou Sarrasin (ou Infidèle).
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Les chansons de geste sont écrites en vers et sont divisées en strophes de longueur variable, qu’on appelle laisses. Les vers ne riment pas : ils sont plutôt construit sur l’assonance, qui est la répétition de la dernière voyelle accentuée du mot (par exemple : mal / face ; la première laisse de la Chanson de Roland se termine avec les mots : magnes / Espaigne / altaigne / remaigne / fraindre / muntaigne / aimet / recleimet / ateignet). Ces assonances contentent le sens musical d’un public qui ne lit pas, mais entend déclamer le récit en même temps qu’elles permettent au conteur de se rappeler le vers suivant.
["La "rime" est le retour de la même syllabe dans la terminaison de deux ou plusieurs mots, et spécialement pour les mots qui se trouvent à la fin des vers..." wkidifference.fr]
Texte adapté de Michel LAURIN, Anthologie littéraire du Moyen Âge au XIXe siècle, Québec, Beauchemin, 2000, et de Denise BESSETTE et Luc LECOMPTE, Anthologie et Courants épique et courtois, Cégep de Lévis-Lauzon, 1995.
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----------- DÉFINITIONS ET VOCABULAIRE ---------
La rime, l'assonance et l'allitération sont des techniques poétiques couramment utilisées pour créer des effets sonores et rythmiques dans la poésie.
La rime correspond à la répétition des sons finaux de deux ou plusieurs vers. Il existe différents types de rimes, tels que la rime masculine (où seuls les sons finaux des mots masculins riment) et la rime féminine (où les syllabes finales accentuées des mots féminins riment). Par exemple, dans le premier couplet de La chanson de Roland, les vers "Carles li reis, nostre emperere magnes / Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne" riment sur le son "nes". Le poème utilise également des rimes féminines, qui se terminent par une syllabe féminine.
L'assonance correspond à la répétition de sons de voyelles identiques ou similaires dans des mots situés à proximité l'un de l'autre. Le poème utilise fréquemment des assonances pour créer un effet de répétition sonore. Par exemple, dans le premier couplet, les mots "Carles", "nostre", "pleins" et "Estre" présentent une assonance sur le son "e". Dans le quatrième couplet, les mots "turnet", "curun", "dum" et présentent une assonance sur le son "u".
L'allitération correspond à la répétition de sons de consonnes identiques ou similaires dans des mots situés à proximité l'un de l'autre. Le poème utilise également des allitérations pour créer un effet de répétition consonantique. Par exemple, dans le premier couplet, les mots "Carles", "reis" et "emperere" présentent une allitération sur le son "r". Dans le troisième couplet, les mots "Rencesvals", "Roi", "s'est" et "Roelant" présentent une allitération sur le son "r". Dans le sixième couplet, les mots "carnalment", "curun", "Costentin" et "cum" présentent une allitération sur le son "c".
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Ces figures de style ont plusieurs fonctions dans un poème, notamment :
Créer un effet rythmique : Les assonances et les allitérations peuvent aider à créer un rythme régulier ou irrégulier dans un poème, ce qui peut contribuer à renforcer le sens et l'émotion du texte.
Ajouter de l'émotion : Les assonances et les allitérations peuvent également ajouter une dimension émotionnelle au poème en créant un effet de répétition qui peut être hypnotique ou évocateur.
Souligner les thèmes : Les assonances et les allitérations peuvent aider à souligner les thèmes clés du poème en mettant en évidence certains mots ou phrases.
Créer des images mentales : Les assonances et les allitérations peuvent aider à créer des images mentales dans l'esprit du lecteur en associant des sons particuliers à des objets ou des actions spécifiques.
***En somme, les assonances et les allitérations sont des outils précieux pour les poètes, car ils peuvent aider à créer un effet sonore qui renforce le sens et l'émotion du poème.
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III. LES DOCUMENTS :
Ces documents se trouvent dans les Archives au début de à la page LIENS ET DOCUMENTS I: INTRODUCTION AU MOYEN ÁGE ET AUX CHANSON DE GESTE.
CHANSON DE ROLANDassemblee trahison.pdf
CHANSON DE ROLANDOlivier demande à Roland.pdf
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POUR LA SESSION DU 29 AOÛT :
CHANSON DE ROLANDcombat des chevaliers.pdf
CHANSON DE ROLANDMort Roland.pdf
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SUPPLÉMENTAIRE : SUR L'ORALITÉ DE LA LITTÉRATURE MÉDIÉVALE.
http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_011b_Litterature#:~:text=L'auteur%20au%20Moyen%20%C3%82ge,intellectuelle%20%C2%BB%20n'existe%20pas.
Histoire de la littérature française. La littérature médiévale.
Au Moyen Âge, le livre comme nous le connaissons aujourd'hui n'existe pas. D'ailleurs, fort peu de gens, à part les clercs, savent alors lire et écrire. La littérature, en ce temps, est principalement orale, c'est-à-dire qu'elle est racontée par les troubadours ou les trouvères. Les gens, réunis dans la cour du château, écoutent les contes des jongleurs.
Le jongleur est celui qui plaisante (joculari, en latin) et qui bavarde (jangler, en latin). Sa mémoire exceptionnelle lui permet de se rappeler les centaines, voire les milliers de vers des divers récits que le peuple aime à entendre - c'est, d'ailleurs, la rime qui lui permet de retenir le texte, qu'il modifie souvent à son gré. Il mime pour eux divers passage, il rend le texte « vivant ».
Il faut comprendre que c'est le passage de l'« oralité » à l'écriture qui permet aux œuvres de durer, et qui donnent vraiment leurs lettres de noblesse aux auteurs, qui acquièrent le véritable statut d'écrivain.
Même si les genres littéraires ne sont pas encore vraiment codifiés, les auteurs apportent une grande attention à la forme de leurs écrits. Il est important pour eux de suivre la tradition, sans chercher l'originalité. D'ailleurs, l'anonymat est la règle d'or pour les écrivains du Moyen Âge. Ils n'essaient pas de se démarquer, mais d'intégrer au mieux la tradition, de réécrire des textes antérieurs, d'en rassembler des éléments épars. L'auteur au Moyen Âge se considère comme un traducteur ou un continuateur plutôt que comme un créateur. La notion de « propriété littéraire » ou de « propriété intellectuelle » n'existe pas à cette époque-là. Le texte n'appartient pas à un auteur et il est normal de s'en servir, de le plagier, de le remanier, de le poursuivre ou d'en changer le début.
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le mardi 29 AOÛT
La Chanson de Roland, suite.
NOUVEAU : 8/26
Préparez-vous pour discuter les 4 extraits de La chanson de Roland (=analyse de la présence des éléments du système féodal + les éléments littéraires : figures et d'autres traits stylistiques, versification, etc.) et commencez à préparer le devoir à rendre jeudi (VOIR LA PAGE DES ÉVALUATIONS).
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THÈMES DU JOUR :
I. Finir l'analyse des extraits de La chanson de Roland. Faire la révision de l'ensemble de l'unité sur les chansons de geste et la Chanson de Roland.
Discuter comment la Chanson de Roland illustre les traits caractéristiques de la féodalité comme système social, politique, éthique et religieux, c’est-à-dire :
(a) les codes de comportement, surtout la relation de vassalité
(b) les valeurs et les vertus du chevalier guerrier
(c) l’esprit religieux.
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*SUPPLÉMENTAIRE : POUR L'IMAGE ET LA CONCEPTION DE LA FRANCE QUI S'EST CRÉÉE À TRAVERS LE TEMPS ET SURTOUT PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE, voir la chanson de Charles Trenet DOUCE FRANCE (1943) + et la version de Rachid Taja (1985).
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LES DOCUMENTS :
Ces documents se trouvent dans les Archives au début de à la page LIENS ET DOCUMENTS I: INTRODUCTION AU MOYEN ÁGE ET AUX CHANSON DE GESTE.
CHANSON DE ROLANDassemblee trahison.pdf [révision]
CHANSON DE ROLANDOlivier demande à Roland.pdf
CHANSON DE ROLANDcombat des chevaliers.pdf
CHANSON DE ROLANDMort Roland.pdf
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- SUPPLÉMENTAIRE -
POUR L'IMAGE ET LA CONCEPTION DE LA FRANCE QUI S'EST CRÉÉE À TRAVERS LE TEMPS ET SURTOUT PENDANT LES ANNÉES APRÈS LA SECONDE GUERRE MONDIALE, VOIR LA CHANSON DE CHARLES TRENET DOUCE FRANCE
https://www.youtube.com/watch?v=1ecHYtO0roY
Douce France, chanson française symbolisant l'identité française et l'adhésion à la France. Douce France est créée par Charles Trenet en 1943. Il l'interprète l'année même aux Folies Bergères où son refrain est repris par le public comme un acte de résistance. À la libération, elle est malgré tout considérée comme étant d' « esprit pétainiste ». Son titre est inspiré d'un lieu commun sur la France apparu vers l'an 1080 dans la Chanson de Roland.
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https://eduscol.education.fr/chansonsquifontlhistoire/Douce-France
Ces chansons qui font l'histoire. Oui mais quelle France ?
La chanson de Charles Trenet nous renvoie à un passé mythifié de notre pays... bien utile pour raconter tout ce que l’on veut sur la France.
Douce France est une de ces chansons emblématiques de l’œuvre de Charles Trenet, d’une part, et emblématique de notre cher pays d’autre part.
Cette chanson nous rappelle évidemment des images de la France de toujours, des images d’un pays relié à une sorte de temps idéal.
D’ailleurs, cette chanson a été écrite pendant la seconde guerre mondiale et aujourd’hui, on l’utilise souvent dans des documentaires ou dans des émissions qui évoquent les années 30-40-50 – un peu les années Trenet. Or la chanson parle de son enfance à lui, Charles Trenet, pas de la nôtre. Et il était né en 1913. Donc il parle de la France autour de 1920. Enfin, quand je dis « il parle », je fais référence à l’auteur. En 1944, quand Charles Trenet signe Douce France, il n’enregistrera pas sa chanson. La première version qui passe à la radio et que l’on trouve chez les disquaires, c’est celle de Roland Gerbeau.
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https://www.youtube.com/watch?v=LqPY2SXmQgk
La version de Rachid Taha. Rock'N'Raï.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/rachid-taha-une-france-douce-amere-6424433
Rachid Taha : une France douce-amère.
Au milieu des années 1980, pour le musicien franco-algérien Rachid Taha, l’important est de rappeler que la culture est affaire de mélanges. L'histoire de son engagement musical commence à la fin des années 1970 à Lyon, avec son groupe "Carte de Séjour". En 1985, place de la Concorde à Paris, face à une extrême droite en pleine expansion, la formation musicale reprend ironiquement la chanson de Charles Trenet, Douce France.
Rachid Taha commentait ce choix en 1987 pour FR3 Rennes : "On aimerait bien qu’on pose la question à Charles Trenet : pourquoi cette chanson a été écrite en 1943 ? C’est quelque chose de très important pour nous en fait. On l’a reprise parce qu’il y avait certains discours d’hommes politiques... Charles Trenet je pense qu'il avait un peu la même vision vis-à-vis des Allemands que nous vis-à-vis de certains discours xénophobes en France."
D’abord chanté lors du concert géant de la Concorde organisé par SOS Racisme, mais peu diffusé ensuite par les radios, le morceau est finalement distribué à l’Assemblée nationale.
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ATTENTION !!!
DEVOIR À ENVOYER le 31 AOUT AVANT MIDI.
[VOIR LES DÉTAILS DU DEVOIR SUR LA PAGE DES ÉVALUATIONS]
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le jeudi 31 AOÛT
***DEVOIR À RENDRE AVANT MIDI.
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THEME(S) DU JOUR :
I. Introduction à la littérature courtoise et discussion sur les caractéristiques de la courtoisie et de la littérature courtoise.
II. Introduction aux textes représentatifs de la littérature courtoise : Chrétien de Troyes: Lancelot ou le chevalier à la charrette (extraits) et Marie de France : « Le lai du rossignol (laüstic) ».
Les liens et les documents se trouvent ci-dessus et à la page LIENS ET DOCUMENTS II: LA LITTÉRATURE COURTOISE.
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DOCUMENTS À LIRE ET À PRÉPARER :
(1) COURTOISIE.pdf
(2) LITTERATURE COURTOISE Intro.pdf
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(3) CHRETIEN DE TROYES Intro1.pdf
(4) CHRETIEN DE TROYES intro2.pdf
(5) LANCELOT le chevalier a la charrette.pdf
(6) LANCELOT resumeparchap.pdf
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I. et II. Introduction à la littérature courtoise et discussion sur les caractéristiques de la courtoisie et de la littérature courtoise [=DES romans ET DES lais]. Introduction aux textes représentatifs de la littérature courtoise : Chrétien de Troyes: Lancelot ou le chevalier à la charrette (extraits) et Marie de France : « Le lai du rossignol (laüstic) ».
(1) COURTOISIE.pdf
La courtoisie.
À partir du XIe siècle dans le sud de la France, et du XIIe siècle dans le nord, la société féodale ajoute une nouvelle valeur à l’idéal chevaleresque : le service d’amour, qui met les préoccupations amoureuses au centre de la vie. La cour imaginaire du roi Arthur dans les romans de la Table Ronde devient le modèle idéal des cours réelles : non seulement le chevalier est brave, mais il a en plus le désir de plaire ; parce que les femmes sont présentes, le chevalier doit avoir des attitudes élégantes, des propos délicats. Dans le service d’amour, pour plaire à sa dame, le chevalier essaie de porter à leur perfection les qualités chevaleresques et courtoises : il doit maîtriser ses désirs, mériter à travers une dure discipline l’amour de sa dame. Cet idéal est bien celui des gens de cour.
En effet, le mot « courtois » signifie au départ « qui vient de la cour ».
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La courtoisie désigne une façon d’être, l’ensemble des attitudes, des mœurs de la cour seigneuriale dans laquelle les valeurs chevaleresques sont modifiées par la présence des dames. L’amour courtois est un code que doit suivre le chevalier.
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La cour [LA COUR REMPLACE LE CHAMP DE BATAILLE]
Sous l’influence de l’Église qui incitaient les seigneurs à faire la paix (trêve de Dieu), les mœurs s’adoucissent. Moins tournés vers les Croisades et la défense de leur fief, les seigneurs s’habituent à la vie de cour. Puis, peu à peu, les mœurs subissent aussi l’influence de l’univers féminin plus délicat. Sous l’instigation de femmes de haut rang, comme Aliénor d’Aquitaine, d’abord femme du roi de France, puis femme du roi d’Angleterre, s’instaurent des cours d’amour où les artistes chantent la femme, idéalisée, parfaite, inaccessible. Découlant du mot latin domina s’impose bientôt le mot français dame, titre donné à la femme et soulignant son caractère de maîtresse. Suzeraine, la femme l’est en effet en amour.
La dame [LA SOUZERAINE EN AMOUR] [TENSION ENTRE AMOUR ET MARIAGE]
L’amant courtois est séduit par la dame, une femme dotée d’une beauté et de mérites exceptionnels, qui est mariée, accomplie. Au Moyen Âge, il existe une forte tension entre l’amour et le mariage. On ne se marie pas alors pour l’amour : on se marie par intérêt, pour perpétuer la famille, pour s’allier à un clan. Le mariage est affaire de raison, et souvent décidé d’avance par les parents des époux.
Alors que le mariage est à la portée de tous, l’amour vrai, quant à lui, n’est ressenti que par les âmes nobles (c’est du moins le point de vue des auteurs du courant courtois). L’amour noble n’est ni banal ni vulgaire. Il n’est ni facile ni intéressé, même s’il est généralement éprouvé envers une femme d’une condition supérieure. Cet écart entre les statuts sociaux rend la femme inaccessible, l’élève au rang des divinités à adorer.
Le fin’amor [L'AMOUR NOBLE]
Si l’acte sexuel est la consécration de l’amour, le sentiment noble invite à la sublimation. Ne se laissant pas dominer par ses désirs charnels, l’amant courtois gagnera le cœur de sa dame en lui témoignant un amour empreint de délicatesse et de retenue. Sa passion doit l’amener à surpasser son désir pour la dame afin d’éprouver pour elle un amour raffiné, profond, véritable, un amour transposé sur un plan supérieur. Cet amour « spirituel » – on l’appelle fin’amor en langue d’oc, ce qui veut dire « amour parfait » ou « amour sublimé » – est caractérisé par le plaisir provoqué par la manifestation du divin chez l’autre. Le fin’amor est rare et, comme il a été déjà mentionné, incompatible avec le mariage.
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Ce sentiment incite le chevalier à se surpasser pour s’élever au niveau de sa dame : le cœur noble est l’idéal à atteindre pour l’homme.
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L’amant courtois [LE CHEVALIER AU SERVICE DE L'AMOUR]
L’amant courtois est un guerrier héroïque. On sait que le code du chevalier est basé sur l’honneur. Il est fort, adroit, mais, surtout, loyal envers son suzerain. Sa noblesse de cœur fait de lui un homme franc, poli et subtil.
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La force physique valorisée dans les textes épiques existe toujours, mais elle est maintenant canalisée dans les tournois, des combats rangés où le chevalier défend les couleurs ou même l’honneur de sa dame. La vaillance du chevalier est donc toujours exigée, mais elle trouve désormais une expression amoureuse. En fait, l’amour devient source de toute vaillance et de toute générosité.
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L’amant courtois est totalement soumis et dévoué à sa dame : abnégation, obéissance et discrétion sont ses mots d’ordre. Pour mériter l’amour de sa dame (qui fait preuve de froideur et de caprices), afin de prouver l’intensité et la constance de son amour, le chevalier devra se plier au « service d’amour », c’est-à- dire qu’il devra se soumettre aux coutumes de l’attente et sortir vainqueur d’une série d’épreuves souvent fixées par sa maîtresse. Mais cela lui importe peu : lorsque le cœur noble est épris, plus rien ne compte. Les exploits accomplis, la souffrance, le grandiront moralement. Rudement mis à l’épreuve, le chevalier amoureux doit même trouver de la joie dans la souffrance et la séparation. Les épreuves, preuve de sa perfection morale, lui permettront de conquérir sa bien-aimée et d’obtenir une récompense.
Quand il aime, le chevalier courtois rend hommage à sa dame, elle devient la suzeraine de son cœur : il s’y soumet aveuglément. La loyauté à la dame passe avant celle au suzerain : il doit faire preuve d’une obéissance totale, d’une fidélité indéfectible. Cette soumission amène ainsi, pour le chevalier, le conflit qui oppose son amour à son honneur. Renoncer à l’honneur pour l’amour représente le sacrifice le plus grand qu’il puisse faire.
Les joies d’amour
Après la discipline, l’attente, les épreuves, le sacrifice de son honneur, le chevalier peut enfin s’abandonner au plaisir sensuel. En effet, les troubadours, idéalistes mais aussi réalistes, voyaient l’acte sexuel – mérité de la sorte – comme le sacrement de l’amour. La vulgarité de la sexualité s’efface devant la discipline imposée. Une passion sans frein, qui ne recule pas devant le scandale, est choquante. Les conséquences sont désastreuses pour les amants : la dame perd son honneur, élément essentiel à sa perfection et... à son titre, alors que le chevalier voit ignorer sa valeur, qui n’est ni reconnue ni publiée.
Toutefois, il se peut que cet acte d’amour ne se produise jamais, et que les faveurs de la dame, jamais accordées, aient entretenu de beaux rêves, suscité d’ardents espoirs, inspiré des actes généreux. Ce complexe état d’âme créé par cette attente et cet effort est ce qu’on appelle la « joie d’amour ».
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(2) LITTERATURE COURTOISE Intro.pdf
La littérature courtoise du XIe au XVe siècle. [=DES romans ET DES lais].
Constitution de la société courtoise
Dès le XIe siècle se constituent, surtout dans le Midi et le Sud-ouest de la France, en Provence, en Aquitaine, des centres de vie aristocratique. Là, dans la paix, les moeurs des nobles s'adoucissent sous l'influence des dames, qui prennent sur les seigneurs un ascendant de plus en plus marqué.
Par suite de certains faits politiques, ces moeurs du Midi gagnèrent le Nord. Aliénor d'Aquitaine ayant épousé le roi Louis VII, avec elle et ses gens s'introduisirent à la cour de France des manières et des usages de leur pays. Ses deux filles épousèrent l'une, Alix, le comte de Blois, l'autre, Marie, celui de Champagne ; il n'est pas étonnant qu'elles aient apporté dans leurs cours respectives les goûts raffinés qu'elles tenaient de leur mère. La comtesse Marie de Champagne surtout exerça sur son entourage une influence prépondérante. Enfin, dans les croisades, les barons du Nord se mêlant à ceux du Midi connurent et prirent leurs façons de vivre.
A l'isolement où les seigneurs s'étaient longtemps tenus dans leurs châteaux, succède la vie en société, la vie de cour, qui réunit constamment dames et chevaliers. Des deux côtés on cherche à se faire valoir : les dames veulent mériter les hommages, les chevaliers veulent plaire par leur fidélité et leur bravoure.
En littérature, un tel public aimera des oeuvres moins rudes en leur fond et moins frustes en leur forme que ne l'étaient les chansons de geste ; il goûtera une poésie qui exalte les dames, représente les chevaliers accomplissant pour elles des prouesses, exprime les sentiments de l'amour. Enfin ce public, plus instruit, lira les oeuvres qui lui seront offertes, et dont la forme sera plus soignée par les poètes.
Ainsi, en même temps qu'elle s'initiait à la vie de cour sous l'influence du Midi, la société aristocratique du Nord se détournait des oeuvres qui l'avaient charmée jadis, les chansons de geste désormais passées de mode. Alors les trouvères lui présentent une littérature nouvelle, conforme à ses nouvelles aspirations. Elle se fait lire et lit des romans, elle écrit et chante des chansons : toujours, dans chansons et dans romans, c'est l'amour qu'il est question, et de chevalerie.
***Poésie narrative : les romans
Le mot roman signifie à l'origine un récit, une narration, en vers et en langue vernaculaire ( Les langues romanes) : c'est une oeuvre d'imitation ou d'invention. Le roman, qui se présente comme le récit d'une aventure plus ou moins fictive, s'oppose cette autre composition longue qu'est la chanson de geste, en ce que celle-ci a toujours, ou prétend avoir un fondement historique. ***Nous entrons ici dans la littérature proprement d'invention et d'imitation. La forme des romans est aussi plus soignée que celle des chansons de geste, avec des rimes, car ils sont destinés à être lus.
Dans ces romans règne l'amour courtois, par opposition aux sentiments féodaux des chansons de geste. Tandis que celles-ci chantent la guerre contre les infidèles ou les luttes entre grands vassaux, ceux-là racontent les aventures de chevaliers qui, tantôt pour obéir à la dame de leurs pensées, tantôt pour accomplir un voeu, exécutent des prouesses merveilleuses.
Caractères essentiels des romans [DES OEUVRES D'IMAGINATION]
Le lecteur des romans est d'abord surpris par l'abondance du merveilleux : enchanteurs, fées, fontaines miraculeuses, nains et géants, L'imagination des auteurs semble inépuisable.
Les exploits accomplis par les chevaliers ne sont pas, comme ceux des héros de chansons de geste, pris dans la réalité et amplifiés ; ils sont purement imaginaires et, au lieu d'avoir une utilité comme la destruction d'ennemis véritables, parfaitement vains.
L'amour, qui dans les chansons n'apparaissait guère, tient ici une place considérable, non seulement comme « mobile » des actions (c'est l'amour qui inspire tout le Tristan et qui règle la vie de Lancelot), mais comme objet d'une étude parfois très subtile : qu'on lise par exemple, dans le Chevalier au Lion, les premières entrevues d'Yvain et de sa dame.
Un attrait non médiocre de ces romans était sans aucun doute la peinture de la vie aristocratique : belles entrées princières dans les villes, riches intérieurs, toilettes soignées, somptueux festins, moeurs raffinées.
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Les Romans de la Table ronde
Les Romans de la Table ronde ont pour origine les traditions celtiques sur le roi Arthur et ses chevaliers. On y joint la légende du Graal, vase où Joseph d'Arimathie recueillit le sang de Jésus. Ces histoires bretonnes passent d'abord en France (XIIe siècle) sous forme de lais, dont les plus célèbres sont ceux de Marie de France.
Légendes Arthuriennes.
Les luttes des Celtes de la Grande-Bretagne contre les Saxons, aux Ve et VIe siècles ( L'Angleterre au Moyen âge), avaient inspiré, au Xe siècle, la chronique latine de Nennius, où apparaissait pour la première fois Arthur. Cette chronique fut développée et complétée, au commencement du XIIe siècle, par Gaufrey ou Jofroy (né à Monmouth, mort en 1154), dans son Historia regum Britanniae. Arthur, simple chef de clan, nous y est représenté comme un roi longtemps victorieux des ennemis de la Grande-Bretagne, et dont les chevaliers, les plus braves et les plus polis de la chrétienté, prennent place autour d'une table ronde, pour éviter toute querelle de préséance. Arthur finit par être mortellement blessé dans une bataille ; il disparaît alors, mais ses fidèles disent qu'il a été transporté dans le séjour des bienheureux, l'île d'Avalon, d'où quelque jour il reviendra (La légende d'Arthur et la légende de Frédéric Barberousse). Wace, en 1155, développe cette légende dans son roman en vers, le Brut.
Légende du Saint-Graal.
Aux légendes arthuriennes proprement dites, se mêla de très bonne heure celle du Saint-Graal. Le Graal serait le vase où Joseph d'Arimathie recueillit le sang du Christ;; ce vase fut confondu avec celui de la Cène. Le Graal, perdu, devait être retrouvé par un chevalier au coeur pur ; et Perceval fut le plus illustre des héros qui partirent à la quête du Graal.
***Les lais (XIIe siècle)
Sous leur forme la plus simple, les narrations brodées sur des sujets venus de (Grande-) Bretagne sont des lais, courts poèmes, sortes de nouvelles en vers, chantés par les bardes gallois. Les romans de la Table ronde ont été tirés de ces lais. Ces lais furent traduits en français au XIIe siècle.
Sur les vingt lais bretons que nous avons conservés, quinze sont dus à une certaine Marie, qui a vécu en Angleterre au XIIe siècle, mais qui était née en France, et que l'on appelle Marie de France. La prédominance y est donnée soit au fabuleux, soit au féerique, soit à la peinture de l'amour. En voici un exemple, du dernier type :
• Un chevalier vient tous les soirs contempler une dame accoudée à sa fenêtre; le mari de la dame lui demande ce qu'elle fait là; elle répond qu'elle écoute le rossignol; le mari, un brutal, fait tuer l'oiselet ; la dame envoie le corps de la petite victime au chevalier, qui le garde en une boîte d'or.
***Le roman de Tristan et Yseult (XIIe siècle).
On retrouve l'amour « plus fort que la vie et que la mort » dans la légende de Tristan. Les funestes amours de Tristan et d'Yseult (Iseult) furent un des sujets de romans les plus en faveur. Les deux rédactions principales sont de la seconde moitié du XIIe siècle (l'une est de Béroul, l'autre de Thomas).
Résumé :
• Tristan, prince de Léonois, est le neveu du roi de Cornouailles, Marc. En combattant un monstre qui désolait le pays, il est blessé à l'épaule. Emporté en Irlande sur une barque sans voile ni rames, il y est guéri par Yseult, la reine. Plus tard, il est chargé par son oncle d'aller chercher cette même Yseult que Marc doit épouser. Sur le navire qui les mène d'Irlande en Cornouailles, Tristan et Yseult boivent par erreur un philtre (ou breuvage magique) destiné à lier Yseult et Marc d'un amour inaltérable. De là une passion fatale qui les unit l'un à l'autre, et qui les fait souffrir puisqu'ils ne peuvent s'épouser.La suite de l'histoire nous présente de nombreux épisodes où cette passion fait le tourment des trois personnages. Le dénouement varie selon les diverses formes prises plus tard par le roman : dans une version Tristan et Yseult sont tués par Marc ; dans une autre ils sont guéris ; la fin la plus intéressante est celle qu'imagine Thomas :
• Tristan quitte le pays de Cornouailles pour la Bretagne et s'y marie. Blessé par une arme empoisonnée, il ne peut être guéri que par Yseult de Cornouailles. Aussi l'envoie-t-il chercher, à l'insu de sa femme, en recommandant au messager de mettre une voile blanche au navire s'il ramène Yseult, et une voile noire si la reine a refusé de venir (cf. la légende de Thésée et d'Egée). L'envoyé, Kaherdin, réussit dans sa mission, et Yseult revient avec lui ; cependant Tristan, étendu sur son lit, attend avec anxiété le retour du navire, qui, presque en vue de la côte. est d'abord ballotté pendant cinq jours par la tempête, puis est retenu par un calme plat. La femme de Tristan, qui a surpris son secret, guette à la fenêtre l'apparition du navire. Elle l'aperçoit, voile blanche au vent : par jalousie, elle annonce à Tristan que la voile est noire. Alors Tristan, ne pouvant retenir sa vie plus longtemps, meurt de douleur. Yseult, arrivée trop tard, expire auprès de lui.
***Les oeuvres de Chrétien de Troyes (mort en 1195).
De tous les poètes qui exploitèrent et adaptèrent au goût français la « matière de Bretagne », le plus célèbre est Chrétien de Troyes. On ne sait presque rien de sa vie. Il eut pour protectrice et pour inspiratrice une autre Marie de France (ou Marie de Champagne), femme du comte Henri Ier de Champagne, fille de Louis VIl et d'Aliénor d'Aquitaine.
Les oeuvres de Chrétien ne sont pas toutes parvenues jusqu'à nous. Après Tristan (vers 1160), qui a été perdu, et Erec, il écrivit Lancelot ou le Chevalier à la Charrette (vers 1170), Yvain ou le Chevalier au Lion et Perceval (vers 1175). Ce dernier roman est resté inachevé, interrompu peut-être par la mort de l'auteur.
Nous allons donner une rapide analyse des trois principaux poèmes.
• Le Chevalier au Lion. - Voici le vrai roman arthurien. Yvain, de la cour d'Arthur, se rend dans la forêt de Brocéliande, où il découvre une fontaine, abritée par un pin et entourée d'un perron d'émeraude. Il prend de l'eau, dans une tasse d'or suspendue au pin, et la répand sur le perron. Aussitôt s'élève une formidable tempête, car la fontaine est enchantée. Un chevalier ayant paru, Yvain l'attaque, le blesse mortellement et le poursuit jusqu'en son château. Là, il assiste aux funérailles de son adversaire, grâce à un anneau magique que lui a donné une chambrière, et qui le rend invisible.
Il aperçoit sa veuve et s'éprend d'amour pour elle. Grâce à une confidente de la châtelaine, il peut pénétrer jusqu'à la dame, qui elle- même ne peut résister à l'amour et épouse le meurtrier de son mari. Bientôt, désireux d'accomplir de nouveaux exploits, il quitte sa dame pour un an. Mais il oublie le terme fixé et, lorsqu'il revient, l'entrée de sa demeure lui est refusée. Alors, il se jette, par désespoir, dans de folles équipées. C'est dans l'une d'elles, qu'il délivre un lion d'un serpent qui l'enlaçait;; ce lion, reconnaissant, s'attache à lui : de là son titre de Chevalier au Lion. Enfin, sa vaillance lui obtient son pardon.
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• Lancelot ou le Chevalier à la Charrette. - Ce roman, dont le sujet a été donné à Chrétien de Troyes par sa protectrice elle-même, est beaucoup plus touffu; Il n'est pas d'ailleurs tout entier de la main de Chrétien. Le titre vient de ce que l'un des chevaliers de la cour d'Arthur, Lancelot, est parti à la recherche de la reine Guenièvre, femme d'Arthur, enlevée par Méléagant, fils de Bademagne, «roi du pays d'où l'on ne revient pas ». En chemin, Lancelot perd son cheval, et, pour ne pas interrompre sa poursuite, il accepte de monter sur une charrette conduite par un nain : c'était une sorte de déshonneur, auquel il se soumettait volontairement « pour le service de sa dame ». Nous avons ici un trait essentiel d'amour courtois. Lancelot franchit le pont périlleux, « tranchant comme le fil d'une épée». Après plusieurs épisodes, il délivre la reine, pour l'amour de laquelle il consent encore à se laisser humilier dans un tournoi, jusqu'à ce qu'elle lui ait donné l'autorisation de prendre sa revanche. Lancelot passait, au Moyen âge, pour le type du chevalier parfait, prêt à tout pour prouver son amour à la dame de ses pensées.
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• Perceval. - Le père et les deux frères aînés du jeune Perceval ayant été tuée dans des tournois, sa mère tente de conjurer la fatalité qui semble menacer toute la famille, en se retirant avec son dernier enfant dans un château perdu au milieu d'une vaste forêt ; elle espère que celui- ci échappera aux séductions de la chevalerie. Mais Perceval, errant dans la forêt, rencontre des chevaliers, s'entretient avec eux;; irrésistiblement tenté par leurs récits de prouesses, et malgré les protestations de sa mère, il part à la recherche du Graal. Il se rend dans le château du roi pécheur, où est gardé le vase mystérieux : il l'aperçoit ; il voit aussi une épée, un roi blessé et un plat. S'il eût demandé ce que c'était que le plat et l'épée, il aurait rompu l'enchantement qui retient le Graal ; mais il reste muet. Le poème est resté inachevé.
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[...]
***Le chantefable.
Il faut mettre à part un petit roman écrit mi-partie en prose, mi-partie en vers, une chante-fable (seconde moitié du XIIe siècle). Si la royauté de l'amour est caractéristique de la littérature romanesque, c'est bien un véritable roman que le chante-fable d'Aucassin et Nicolette, malgré son tour simplement fantaisiste, et non féerique.
• Aucassin et Nicolette. - Nicolette est une jeune captive sarrasine, reconnue au dénouement pour la fille du roi de Carthage ; elle est aimée d'Aucassin, fils du comte Garin de Beaucaire. Celui-ci contrarie leurs amours ; il fait enfermer son fils et Nicolette dans des cachots ; mais la jeune fille s'échappe et se réfugie dans la forêt voisine. Là, elle rencontre des bergers, à qui elle demande de prévenir Aucassin. Le comte, après la disparition de Nicolette, fait sortir son fils de prison ; Aucassin monte à cheval, se dirige vers la forêt, y trouve les bergers qui lui parlent de Nicolette, et la cherche de tous côtés. C'est alors qu'il rencontre un pauvre serf, hideux, pleurant un boeuf qu'il a perdu : il y a là un dialogue d'un simple et admirable réalisme, qui forme contraste avec la gentillesse des autres épisodes, - comme la scène du Pauvre, dans le Don Juan de Molière. Enfin, Aucassin et Nicolette se rejoignent et, après quelques aventures, peuvent se marier.
Ici la prose alterne avec les vers : il y a des couplets chantés et des parties de récit parlées ; de là vient l'appellation de chante-fable. Cette oeuvre délicieuse, seul spécimen d'un genre qui dut être très goûté au Moyen âge, est sans doute d'origine orientale ; elle nous serait venue par les Arabes d'Espagne.
Les romans antiques.
Les trouvères instruits, les clercs, veulent exploiter l'Antiquité pour varier les sujets de leurs romans. Mais ils n'imitent pas les oeuvres originales des anciens ; ils s'adressent à des compilateurs gréco-byzantins.
Rappelons qu'un classement conventionnel des épopées du Moyen âge range les romans antiques dans un troisième cycle (dont les deux premiers seraient celui de France et celui de Bretagne), que l'on intitule : cycle troyen ou de Rome la Grant. C'est la division donnée, au XIIIe siècle, par Jean Bodel :
Ne sont que trois matières à nul homme entendant, De France, de Bretagne et de Rome la Grant.
Mais cette classification est aussi inexacte que possible. Il n'y a d'épopées que les chansons de geste; la matière de Bretagne et l'Antiquité n'ont fourni que des romans.
Sources et esprit des romans antiques.
Les clercs connaissaient toute une mine féconde d'aventures dignes de piquer la curiosité des auditeurs par la nouveauté des paysages, des héros et des situations : c'était l'épopée grecque et latine. Mais ils ne traduisirent pas fidèlement, ils n'imitèrent même pas directement Homère, Virgile, Stace, ou des historiens comme Quinte-Curce. Les oeuvres antiques avaient suscité, dans le monde gréco-byzantin, des adaptations et des transpositions singulières : c'est à ces compilations que puisèrent les clercs du Moyen âge. Aussi ne faut-il leur demander aucune couleur locale. Déjà transformés et altérés à Alexandrie et à Byzance, les héros antiques deviennent, au XIIIe siècle, des chevaliers français.
Exemples de romans antiques.
Les plus célèbres ouvrages de ce genre sont : le Roman d'Alexandre, le Roman de Troie, le Roman d'Enéas, le Roman de Thèbes. Les héros y sont des chevaliers : aucune couleur locale.
• ***Le Roman d'Alexandre. - Ce poème de vingt mille vers de douze pieds (dit alexandrins depuis leur emploi dans ce roman), attribué à deux poètes, Lambert le Tort et Alexandre de Bernay, a pour source principale un roman grec, écrit à Alexandrie vers le IIe siècle de notre ère, attribué à Callisthène. L'auteur de cet ouvrage en avait puisé les éléments essentiels dans l'historien latin Quinte-Curce, mais il y avait mêlé toutes sortes de fables orientales.
• Le Roman de Troie. - Ce roman composé par Benoît de Sainte- Maure, comprend environ trente mille vers. C'est le mieux écrit et le plus célèbre des romans antiques. Les rôles de femmes y sont intéressants : Médée, Andromaque, Polyxène. Parmi les guerriers, Hector a toutes les préférences de l'auteur;; il est le type du parfait chevalier Ce roman eut un prodigieux succès en France et à l'étranger.
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(3) CHRETIEN DE TROYES Intro1.pdf
Chrétien de Troyes et le roman.
Chrétien de Troyes, bien que l'on ne sache quasiment rien de lui, est le plus grand romancier français du Moyen Âge. Il est d'ailleurs considéré comme le premier « romancier » médiéval. On présume qu'il est né autour de 1135. On suppose qu'il a fréquenté les cours de Marie de Champagne (sur l'ordre de laquelle il dit avoir écrit Lancelot, le chevalier à la charrette) puis de Philippe d'Alsace, comte de Flandres (à qui Perceval est dédié). Tout dépendant des sources, Chrétien de Troyes semble avoir écrit une quinzaine d'années, d'environ 1170 à 1185.
Sa grande culture laisse supposer une formation de clerc. On ne sait pas s'il a exercé le sacerdoce au sein de l'Église. On peut cependant affirmer qu'il était fier de sa condition d'intellectuel, qu'il célèbre dans les premiers vers de Cligès. Il y exprime, en effet, sa dignité de clerc s'estimant au moins l'égal des chevaliers, et la fierté du moderne héritier d'un passé fort prestigieux.
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Dans les prologues de ses romans, Chrétien expose de façon claire les grands principes de son art d'écrire, qui sont aussi ceux de son époque. Sa poétique s'articule autour de trois notions : la matière (le sujet), fournie par des sources orales ou écrites, le sens (la direction, l'orientation générale), qui est souvent imposé par le mécène, et la conjointure (la composition), qui donne cohérence et unité, et fait du roman une œuvre d'art.
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Chrétien de Troyes aura de multiples héritiers tout au long du Moyen Âge. Sa redécouverte, toutefois, est
relativement récente : ignoré à la fin du XIXe siècle, il n'est édité et traduit qu'après la Seconde Guerre mondiale.
(4) CHRETIEN DE TROYES intro2.pdf
Chrétien de Troyes, peintre de l'amour. Par Danielle Quéruel.
Clerc rompu aux exercices de rhétorique et à la lecture des œuvres d’Ovide en particulier de L’Art d’Aimer, Chrétien de Troyes (ca. 1135-ca. 1185) dépeint avec habileté les différents moments de l’amour. D’un récit à l’autre des personnages sont placés dans des situations diverses : une jeune fille qui avait toujours dédaigné l’amour découvre ce sentiment telle Soredamor dans Cligès, une jeune femme, Fénice, refuse de se donner à son mari parce qu’elle en aime un autre, Laudine, l’épouse d’Yvain, est désespérée que son mari ait oublié de la rejoindre au terme d’un an, Énide se lamente que son mari, Érec, oublie ses devoirs guerriers pour rester avec celle par amour... Cette diversité romanesque correspond à des approches successives de la vérité humaine.
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Psychologue attentif aux mouvements des cœurs tout autant que peintre de caractères, Chrétien de Troyes donne toute la mesure de son talent d’écrivain lorsqu’il s’agit de décrire les différents moments de l’amour : la découverte du trouble amoureux, l’éclosion des sentiments, les aveux et les hésitations, les tourments et les espoirs, la joie ultime lorsque les amants peuvent enfin s’aimer.
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De la beauté naît l'amour [LE COUP DE FOUDRE DEVANT LA BEAUTÉ DE LA DAME]
Chrétien de Troyes répète après Ovide et les clercs du Moyen Âge que c’est de la vue de la beauté que naît l’amour : les yeux sont les messagers du cœur et le coup de foudre est immédiat. Le chevalier est fasciné par la beauté de la jeune fille qu’il rencontre : Érec, ayant accepté l’hospitalité d’un vavasseur, est surpris par la très grande beauté de sa fille, Énide, et décide de l’emmener à la cour du roi Arthur et de l’épouser. Soredamor et Alexandre, héros de la première partie du roman de Cligès, tombent profondément amoureux l’un de l’autre en se voyant pour la première fois sur le bateau qui les emmène du royaume arthurien à la Petite-Bretagne. Soredamor, suivante de la reine Guenièvre, n’a jamais aimé et est troublée par la présence du jeune chevalier Cligès, qui fait partie lui-même de la suite d’Arthur. Yvain succombe au charme de Laudine alors qu’elle pleure son époux et que sa beauté est troublée par ses larmes. Ces moments où les personnages se voient pour la première fois sont autant de prétextes pour dessiner le portrait des chevaliers et des dames. Dire toutes les merveilles que Dieu a su mettre en une seule créature, l’éclat de ses yeux, la blondeur de ses cheveux, l’harmonie de ses traits, la grâce de sa silhouette relève d’un exercice d’école que connaissent tous les clercs médiévaux rompus aux arts de la rhétorique. Chrétien de Troyes joue sur les noms de ses héroïnes : Blanchefleur porte un nom qui suggère la blancheur et la fraîcheur de son teint ou Soredamor ("sor" = blond) inspire l’amour grâce à la couleur cuivrée de ses cheveux ;; il multiplie les comparaisons des tresses blondes avec l’or ou le cuivre, du teint blanc avec l’ivoire ou la neige, de l’éclat des yeux avec la vivacité d’un épervier, de la grâce de la silhouette avec l’œuvre d’un sculpteur. La mythologie sert aussi de repère : pour dire la beauté exceptionnelle du jeune Cligès, le romancier évoque Narcisse.
Apprécier la beauté est l’une des qualités du chevalier courtois, savoir deviner sous l’apparence la réalité du monde et des êtres est la preuve d’un profond raffinement. Pour dire comment Perceval, après avoir rencontré Blanchefleur, est capable de s’ouvrir à la courtoisie, Chrétien de Troyes a écrit l’une de ses plus belles scènes. Perceval, alors qu’il traverse une lande recouverte par la neige, y voit trois gouttes de sang. Une oie sauvage a été blessée en plein vol, par un faucon. Perceval, appuyé sur sa lance, contemple ces gouttes de sang qui lui rappellent l’éclat du visage de Blanchefleur et "les fraîches couleurs du visage de son amie qui est si belle" (Le Conte du Graal, vv. 4209-10). Il tombe dans une rêverie profonde au point d’oublier qui il est et où il est.
Toute la matinée, il contemple les gouttes de sang qui s’estompent peu à peu avec la chaleur du soleil. Seul Gauvain, chevalier courtois lui aussi, comprend que ne n’était pas "rêverie vulgaire, mais pensée douce et courtoise." (Le Conte du Graal, vv. 4458-59). Le Conte du Graal est un roman d’éducation et d’initiation : la découverte de la beauté et de la courtoisie est l’une des étapes de cet apprentissage et fait partie de la découverte de la chevalerie.
En présence de la beauté, le coup de foudre ne peut qu’être immédiat, mais le souvenir des flèches décochées par le Dieu Amour s’accompagne le plus souvent de l’évocation de la blessure et des tourments qui font souffrir ceux qui aiment : Soredamor dans le roman de Cligès ne sait quelle maladie la touche et l’épuise ;; plus tard, éclairée sur son mal par sa nourrice Thessala, ses souffrances redoublent car elle ne sait comment faire connaître ses sentiments au chevalier qu’elle aime. Ovide a transmis aux romanciers et poètes courtois cette tradition consistant à décrire l’amour comme une maladie qui fait que les amants rougissent, pâlissent, maigrissent, transpirent, perdent le sommeil... De longs monologues et des plaintes marquent ces moments de doute et d'attente. Chrétien de Troyes varie les situations et invente des péripéties complexes ou paradoxales : les regards se croisent, des personnages secondaires jouent le rôle de messagers, les mots qui révèlent les sentiments sont peu à peu prononcés. Comment ne pas sourire quand Yvain, au début du Chevalier au Lion, poussé par celle qu’il aime, Laudine, dont il vient de tuer le mari, à avouer son amour tandis qu’elle-même trouve du charme au meurtrier de son époux.
À partir du moment où les sentiments sont avoués, les étapes de la relation amoureuse sont rapidement parcourues et les obstacles franchis. Peu de descriptions des baisers, des caresses et des premières étreintes : la joie d’amour est très rapidement évoquée, mais de façon concrète, comme si l’amour ne pouvait qu’être partagé charnellement à partir du moment où les cœurs sont unis. Chrétien de Troyes, qu’il s’agisse d’une union dans le cadre du mariage ou au sein d’un adultère, suggère avec pudeur la joie indicible partagée par les amants : Érec oublie tout dans les bras d’Énide, Lancelot et Guenièvre enfin réunis connaissent un bonheur absolu.
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Chrétien de Troyes sait évoquer la réalité de l’union des corps avec discrétion, ***usant de prétéritions et de litotes, s’amusant à répéter que la joie des amants est si grande que le poète ne peut trouver de mots pour en parler.
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LES TEXTES :
(5) LANCELOT le chevalier a la charrette.pdf
(6) LANCELOT resumeparchap.pdf
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le mardi 5 SEPTEMBRE
La littérature courtoise, suite.
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THEME(S) DU JOUR :
I. Suite de la littérature courtoise : Marie de France et révision de Chrétien de Troyes.
II. Introduction à la littérature courtoise d'orientation didactique. Le Roman de la Rose (extraits), un exemple de littérature courtoise d'orientation didactique.
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DOCUMENTS À LIRE ET À PRÉPARER :
RÉVISION DES DOCUMENTS DE LA CLASSE PRÉCÉDENTE SUR LA COURTOISIE ET CHRÉTIEN DE TROYES.
LANCELOT le chevalier a la charrette.pdf
LANCELOT episode du peigne.docx
LANCELOT resumeparchap.pdf
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MARIE DE FRANCE : https://geudensherman.wordpress.com/lit-ma-fr/ma-1150-1250/marie-de-france-les-lais/#:~:text=Marie%20de%20France%2C%20la%20premi%C3%A8re,aussi%20la%20litt%C3%A9rature%20fran%C3%A7aise%20contemporaine.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_de_France_(po%C3%A9tesse)
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MARIE DE FRANCElaidurossignol frmod.pdf
MARIE DE FRANCE laiduchevrefeuillefrmod.pdf
MARIE DE FRANCE laustic anglonorm.pdf
MARIE DE FRANCELe lai de Lanval.doc
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Ci est le Roman de la Rose.docx
ROMAN DE LA ROSEresume.doc
ROMAN DE LA ROSE.doc
I. L'oeuvre de Marie de de France et révision de celle de Chrétien de Troyes.
https://geudensherman.wordpress.com/lit-ma-fr/ma-1150-1250/marie-de-france-les-lais/#:~:text=Marie%20de%20France%2C%20la%20premi%C3%A8re,aussi%20la%20litt%C3%A9rature%20fran%C3%A7aise%20contemporaine.
MARIE DE FRANCE
Marie de France, la première femme poète française, vécut, dans la seconde moitié du XIIe siècle, à la cour brillante de Henri II d’Angleterre et d’Aliénor d’Aquitaine. Elle était cultivée, connaissait le latin et l’anglais, et aussi la littérature française contemporaine. Elle a écrit un Isopet (recueil de fables ésopiques), et surtout des Lais. Nous ignorons du reste presque tout de sa vie. Son nom lui a été donné en 1581 par l’érudit Fauchet à partir de deux vers de l’épilogue de son Ysopet : "Marie ai nom, Si suis de France".
Le mot "lai", qui signifie chanson, a d’abord désigné une oeuvre musicale, exécutée par les musiciens bretons sur un thème tiré des vieilles légendes de leur pays. L’oeuvre créatrice de Marie de France a consisté à raconter ces mêmes légendes en de brefs poèmes narratifs, comparables à la nouvelle moderne. Il nous en reste une douzaine, de longueur variant entre 100 et 1000 vers. Ces lais présentent deux aspects dominants: le merveilleux, et la peinture de l’amour.
LE MERVEILLEUX.
Les lais restent proches du fantastique primitif, issu de l’âme rêveuse des Celtes et des Gallois. Marie de France nous transporte dans un monde mystérieux où les hommes se transforment en animaux, où les bêtes parlent, où les objets s’animent, où règnent les fées et les magiciens.
LA PEINTURE DE L’AMOUR.
Les sentiments tendres, l’émotion voilée et doucement mélancolique, tout cela est peint de manière très délicate et très féminine. La femme est une créature aimante et fidèle, prête à se sacrifier pour le bonheur de l’être aimé.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_de_France_(po%C3%A9tesse)
Marie de France
Marie de France (fl. 1160-1210)3 est une poétesse [=une poète] de la « Renaissance du xiie siècle », la première femme de lettres en Occident à écrire en langue vulgaire. Elle appartient à la seconde génération des auteurs qui ont inventé l'amour courtois.
Ses courts récits en vers, improprement appelés Lais de Marie de France, sont une adaptation en langue d'oïl de la matière de Bretagne. Ils ont rencontré un immense succès de son vivant dans toutes les cours de France et d'Angleterre dont ils célèbrent l'idéal chevaleresque, puis, la mode de la chevalerie expirant durant la guerre de Cent Ans, ont été oubliées. Ses fables inspirées d'Ésope en revanche ont été lues sans discontinuer du xiie au xviiie siècle, en raison d'une vivacité caractéristique qui a été imitée, en particulier par La Fontaine. Ce sont, à la suite d'une première traduction en anglais, le mouvement romantique et l'engouement pour les études de l'ancien français qui ont fait redécouvrir au xixe siècle ses contes tirés de lais bretons, qui sont aujourd'hui des classiques. Marie dite de France demeure cependant une énigme, dont rien n'est connu que les écrits et le prénom. [Les fables : ÉSOPE -> MARIE DE FRANCE -> LA FONTAINE]
Thématiques
Merveilleux breton
Poétesse, Marie dit avoir écrit et « assemblé » ses premiers textes à partir de « lais bretons ». Ce sont des légendes chantées en breton sur la rote ou la harpe voire la vièle par des bardes, lesquels sont, en Bretagne, en Cornouailles et au Pays de Galles, des officiers de cour garants de la notoriété du prince qu'ils servent. Ces vestiges d'une tradition orale ont pour caractéristique d'abolir la frontière entre l'histoire et la légende, le merveilleux et la réalité. Les personnages historiques y sont fils de fées. Un pont franchi fait imperceptiblement entrer dans un autre monde. Marie adapte ces légendes en vers, précisément en dialecte anglo-normand, nécessairement avec l'aide d'un de ses bardes les lui exposant en français. Ils sont aux romans bretons ce que seront plus tard les nouvelles par rapport aux romans. Un seul de ces contes, Lanval, est à proprement parler arthurien.
Amour et vie de cour
L'amour en est le sujet principal, non pas tel qu'elle l'y a trouvé mais tel qu'elle l'y a mis. Elle n'hésite pas en effet à faire preuve d'invention. Les lais dont elle s'inspire lui fournissent les éléments mais pas le cadre social nouveau, celui de ses lecteurs contemporains, dans lequel elle déploie ses intrigues et sa morale courtoise. Le plus souvent, il s'agit d'amour contrarié par la société. Neuf des douze contes racontent des amours adultères. Le plus court mais peut-être le plus beau de ces textes, le Chevrefoil, reprend ainsi l'histoire de Tristan et Iseut telle qu'elle l'a lue dans la version de Thomas de Bretagne.
Morale chevaleresque
Si plusieurs contes font intervenir le merveilleux, tous ont néanmoins le monde réel pour toile de fond, avec une conclusion plutôt pessimiste où la douleur et l'épreuve succèdent à la joie et au bonheur initial. La morale qui s'en dégage montre des préoccupations sociales mais c'est pour mieux affirmer les vertus féodales d'honneur, de fidélité, de justice, et partant louer un ordre aristocratique exaltant les rivalités et le mérite des uns à dominer, invitant les autres à se résigner à leur destin.
Désir féminin
Si la littérature de chevalerie de Marie de France correspond à la société des hommes qui la lisent, il n'en est pas de même des femmes. Ses personnages féminins, ce qui était rare étant données les mœurs de l'époque, vivent eux aussi des aventures, des expériences aux termes desquelles ils quittent définitivement leur vie antérieure, fût-ce par la mort.
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LES TEXTES :
MARIE DE FRANCElaidurossignol frmod.pdf
MARIE DE FRANCE laiduchevrefeuillefrmod.pdf
MARIE DE FRANCE laustic anglonorm.pdf
MARIE DE FRANCELe lai de Lanval.doc
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***II. Introduction à la littérature didactique. Le Roman de la Rose (extraits), un exemple de littérature courtoise d'orientation didactique.
DOCUMENTS À LIRE ET À PRÉPARER :
[LE ROMAN DE LA ROSE EST UN "ART D'AIMER" COURTOIS - DIDACTIQUE et LITTÉRAIRE]
ROMAN DE LA ROSE -expo.BNF
L’art d’aimer au Moyen Âge. Le Roman de la rose.
Le Roman de la rose, « Art d’aimer » courtois et érudit, a séduit des générations de lecteurs du XIIIe au XVIe siècle. Tout à la fois délicieusement aimable et misogyne, codifié et subversif, ce long poème traite d’un sujet intemporel : l’amour, ses joies, ses écueils, ses enjeux sociaux et spirituels. S’appuyant sur les collections de manuscrits enluminés de la BnF, l’exposition est une invitation à découvrir en images l’œuvre littéraire et l’influence culturelle de ce monument de la littérature médiévale.
« Grâce à cette exposition qui présente les plus beaux manuscrits enluminés du Roman de la rose, le public pourra découvrir un des succès littéraires du Moyen Âge », déclare Bruno Racine, président de la BnF.
Le plus célèbre des «Arts d’aimer» médiévaux
Le Roman de la rose est un long poème écrit au XIIIe siècle par deux auteurs successifs : Guillaume de Lorris et Jean de Meun. Prenant la forme d’un songe allégorique, il raconte la conquête d’une Rose - une jeune fille - par un jeune homme, l’Amant. Le texte appartient au corpus des Arts d’aimer médiévaux, héritiers de l’Ars amatoria d’Ovide, et relève d’une riche tradition didactique et littéraire. Son élégance, sa beauté formelle et la drôlerie vaudevillesque de certaines situations en ont fait un classique des bibliothèques médiévales. Environ trois cents copies manuscrites en sont conservées : ce chiffre considérable hisse le Roman de la rose au panthéon des œuvres littéraires de langue française.
Miroir de l’amour, miroir du monde
Le Roman de la rose fait de l’amour un sujet à part entière et balaie les situations possibles : chaste amitié, intérêt bien pesé, enfer conjugal, amour libre. Incartades grivoises et piques misogynes y côtoient cependant des considérations philosophiques d’une haute tenue. Ce mélange très maîtrisé d’érudition et d’effronterie, représentatif de la culture d’un clerc au Moyen Âge, a fait du Roman de la rose un texte à la fois admiré et décrié. Il a suscité au début du XV e siècle une querelle littéraire dans laquelle s’illustra la première auteure « féministe », Christine de Pisan.
La modernité du Roman de la rose
On connaît souvent, de nom, le Roman de la rose. Mais qui l’a lu ? Malgré plusieurs éditions, le texte reste méconnu en dehors des cercles universitaires. Or, cette œuvre, qui débute sous les auspices de la « fin’amor » et se clôt dans une atmosphère dionysiaque, pose l’éternelle question des rapports hommes/femmes et de la place des jeux amoureux dans la société.
L’exposition rassemble une centaine de manuscrits enluminés et d’imprimés anciens, parmi les plus beaux et les plus représentatifs des collections de la BnF et de prêteurs extérieurs. Elle invite à découvrir, en images, les moments-clés du récit ainsi que le contexte culturel de création et de réception du Roman de la rose.
Le Roman de la rose possède aussi sa bibliothèque numérique ; celle-ci a vu le jour grâce au partenariat entre la Johns Hopkins University (JHU) et la BnF ainsi qu’au généreux soutien de la Fondation Andrew W. Mellon. Elle rassemble actuellement un peu plus de 130 manuscrits numérisés, dont l’intégralité des Roman de la rose de la Bibliothèque nationale de France (www.romandelarose.org).
Présentation
Le Roman de la rose est le récit en vers d’une initiation amoureuse. Écrit à quarante ans d’intervalle par deux auteurs successifs, le poète Guillaume de Lorris et le clerc parisien Jean de Meun, l’œuvre a été achevée vers 1270. Elle a connu dès lors un succès auquel seul celui de la Divine Comédie de Dante peut être comparé.
Le Roman de la rose raconte la conquête d’une jeune fille, la Rose, par un jeune homme, l’Amant. Parallèlement au récit proprement dit, le texte déploie tout un éventail de situations possibles et livre un véritable arsenal de conseils aux amants. Le Roman de la rose s’inscrit dans la tradition didactique et littéraire des Arts d’aimer médiévaux, tous plus ou moins héritiers de l’Ars amatoria d’Ovide, maître reconnu en matière de conquête amoureuse. L’élégance, la beauté formelle, la drôlerie vaudevillesque ou le cynisme de certaines situations ont fait du Roman de la rose un classique des bibliothèques médiévales. Environ trois cents copies manuscrites en sont conservées ; ce chiffre est considérable et fait du Roman de la rose l’un des textes profanes les plus diffusés au Moyen Âge.
On connaît parfois, de nom, le Roman de la rose. Mais l’œuvre est souvent confondue avec l’ouvrage d’Umberto Eco, Le nom de la rose, qui ne partage avec elle qu’une immense érudition et un titre volontiers énigmatique. Malgré la magistrale édition de Félix Lecoy et plusieurs traductions en français moderne, le Roman de la rose reste méconnu en-dehors des cercles universitaires. Pourtant, cette œuvre qui débute sous les auspices de la « fin’amor » et se clôt dans une atmosphère dionysiaque, traite d’un sujet intemporel : l’amour, ses joies, ses écueils, ses enjeux sociaux et spirituels. Un certain nombre de questions que cette œuvre aborde, telles l’art de la séduction, la crudité du langage, la misogynie, la place de l’amour dans le destin de l’humain, sont d’une étonnante modernité.
Le Roman de la rose est un songe allégorique. Le narrateur raconte comment, en rêve, il est entré dans le jardin où réside le Dieu d’Amour et y est tombé amoureux d’un bouton de rose. Sa quête de la Rose est ponctuée par les interventions de diverses personnifications : Raison, Ami, Richesse, Faux-Semblant, La Vieille, Nature, Genius. Ceux-ci livrent tour à tour leur vision de l’amour, amical et dépassionné, cynique, intéressé, libre, voué à la procréation. Le Roman se clôt sur une scène d’amour métaphorique mais explicite, justifiée par une injonction d’ordre spirituel : la perpétuation de l’œuvre du Créateur.
L’exposition permet au visiteur d’appréhender l’œuvre littéraire et le contexte culturel du Roman de la rose en images, grâce à l’importante collection de manuscrits enluminés de la BnF.
Elle présente une centaine de pièces dans les salons historiques de la Bibliothèque de l’Arsenal, pour l’essentiel des manuscrits médiévaux et des imprimés anciens tirés des collections de la BnF (département des Manuscrits, Bibliothèque de l’Arsenal, Réserve des Livres rares), ainsi que des objets (département des Monnaies, médailles et antiques de la BnF, musée de Cluny, Musée du Louvre).
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https://www.alloprof.qc.ca/fr/eleves/bv/francais/l-allegorie-f1371
L’allégorie (figure de style) – une métaphore filée, un récit étendu.
L’allégorie est une figure qui utilise fréquemment la personnification. Elle décrit une idée abstraite en employant une image concrète et des procédés narratifs et descriptifs, c'est-à-dire en utilisant une histoire pour exprimer cette idée.
Le récit allégorique offre deux lectures possibles: le récit dans un premier degré, et les éléments abstraits qu'illustrent les symboles dans un second degré.
https://www.storyboardthat.com/fr/literary-terms/all%C3%A9gorie
Allégorie : un récit étendu dans lequel les personnages, le cadre et l'intrigue représentent à la fois une signification concrète et une signification symbolique.
L'allégorie vient du terme grec et latin, allegoria, qui signifie «parler autrement» ou «langage voilé». Une allégorie a deux significations : une signification littérale et une signification figurative, souvent symbolique. Les allégories sont un moyen courant pour un auteur d'aborder un événement de la vie réelle, un climat politique ou une personne d'une manière qui a une signification plus profonde. Le but d'une allégorie est de critiquer, de satiriser, de politiser ou d'instruire sur un sujet moral ou religieux. Les personnages principaux sont souvent des animaux personnifiés ou des concepts abstraits, tels que la Mort et l'Amour.
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LES TEXTES :
Ci est le Roman de la Rose.docx
ROMAN DE LA ROSEresume.doc
ROMAN DE LA ROSE.doc
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le jeudi 7 SEPTEMBRE
Introduction à la littérature bourgeoise/satirique : le Roman de Renart (=un renard/un goupil) et des fabliaux.
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THÈMES DU JOUR :
I. Révision de la littérature courtoise.
MOTS ET CONCEPTS CLÉS DE LA LITTÉRATURE COURTOISE :
la dame, la beauté, le raffinement des moeurs, le monde/la vie de la cour, le chevalier amant, le fin'amor/l'amour, le coup de foudre, l'initiation amoureuse, l'amour plus fort que la honte, l'amour vs l'honneur, l'amour plus fort que la mort, l'amour vs le mariage, l'allégorie, le merveilleux, un "lai"
***II. Introduction à la littérature bourgeoise/satirique.
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DOCUMENTS À LIRE ET À PRÉPARER POUR LA DISCUSSION EN CLASSE :
***(1) http://www.cosmovisions.com/litterature-bourgeoise.htm
La littérature bourgeoise et satirique
***(2) ROMAN DE RENARTlire.pdf
Le Roman de Renart
***(6) Fabliau - wiki. - Des contes à rire en vers.
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VOCABULAIRE IMPORTANT DE LA LITTÉRATURE BOURGEOISE/SATIRIQUE :
la satire : un portrait critique et moqueur d'un groupe d'individus ou d'une société. La satire cherche à dénoncer les travers de la société et des hommes.
la parodie : imitation burlesque; transposition comique de quelque chose.
l'anthropomorphisme : tendance à attribuer aux animaux et aux choses des caractéristiques humaines.
A. Introduction à la littérature bourgeoise/satirique : le Roman de Renart (= un renard/un goupil) et les fabliaux.
DOCUMENTS :
***(1) http://www.cosmovisions.com/litterature-bourgeoise.htm
La littérature bourgeoise et satirique
Tandis que la société aristocratique, féodale ou courtoise, s'adonne aux guerres privées et s'exalte à revivre, en écoutant les chansons de geste, les hauts faits des preux, - ou bien s'abandonne aux charmes de la vie chevaleresque avec fêtes et tournois, rêve des prouesses légendaires et impossibles à accomplir que racontent les romans (La littérature courtoise), et part aux croisades, - les bourgeois et les vilains sortent peu à peu de leur condition humble et souvent misérable.
Pendant les croisades surtout, mettant à profit l'absence des grands féodaux, puis leur abaissement au bénéfice du pouvoir royal, les bourgeois, enrichis par le commerce, achètent ou obtiennent de force leurs libertés communales.
L'élévation du peuple, l'accession de la bourgeoisie au rang de classe sociale, devaient avoir leur répercussion dans la littérature. Apparemment, c'était déjà pour satisfaire les goûts des petites gens que, dans le Pèlerinage de Charlemagne, chanson de geste de la meilleure époque, les trouvères avaient introduit la scène des gabs ou vantardises invraisemblables des barons en bonne humeur à l'issue d'un festin; et l'on a pu noter, en assistant à l'effacement des chansons, que, pour flatter un auditoire non-noble, ils en vinrent à sacrifier dans leurs compositions les seigneurs aux vilains.
***Pour plaire à leur public nouveau, capable de les bien rétribuer, mais que n'intéressaient pas les récits chevaleresques, ils travaillèrent sur d'autres sujets. L'esprit des oeuvres est aussi très différent. Désormais, c'est l'esprit de satire, de raillerie, de dénigrement, de gaité populaire et cynique, qui inspire toute une partie de la littérature française. C'est cet esprit bourgeois - celui du peuple des bourgs et des villes - que l'on a très improprement appelé l'esprit gaulois. Mais quel que soit le nom qu'on lui donne, il produira des oeuvres satiriques et irrévérencieuses, qui sont une revanche des faibles contre les puissants.
Les Fables [L'APOLOGUE : GENRE QUI OFFRE DES LEÇONS DE MORALE PRATIQUE]
Le Moyen âge a manifesté un goût tout particulier pour l'apologue. Il cherchait, en effet, dans les ouvrages de l'Antiquité, des leçons de morale pratique; et l'apologue, entre tous les genres, lui offrait la plus riche moisson d'exemples.
Le premier recueil de fables écrites en français et en vers est celui de Marie de France, qui, au XIIe siècle, traduit un Romulus anglais attribué au roi Alfred. Ce recueil porte le titre d'Ysopet (dérivé du mot Ésope). On possède plusieurs autres ysopets.
En dehors des fables transmises par l'Antiquité, il en circulait une foule dans la tradition populaire.
***Le Roman de Renart
Les sources du Roman de Renart.
Les contes d'animaux, auxquels vinrent se joindre, en se débarrassant de leur morale, un certain nombre de fables ésopiques, formèrent par leur agglomération, probablement au XIIe siècle, une sorte d'épopée animale.
« La grande innovation, dit Gaston Paris, est d'avoir individualisé les héros de ces récits et de leur avoir donné des noms propres. Autour de ces personnages, tous les épisodes se réunissent en un seul récit vraiment épique, qui va des premières querelles des deux compères à la mort d'Isengrin ou à la victoire de Renart. »
Les différentes branches du Roman de Renart.
Nous avons en français une série de branches composant l'ensemble vulgairement appelé le Roman de Renart ou, de façon plus exacte, le Cycle de Renart. Ces multiples branches françaises peuvent se grouper en deux cycles :
1° le cycle primitif (XIIe et XIIIe siècles), comprenant 30 à 40 branches, d'un total de 34.000 vers. Pierre de Saint-Cloud doit être l'auteur des deux premières;
2° au XIVe siècle, on a Renart le Nouvel (dont l'auteur est Jakemars Giélée), et Renart le Contrefait (c'est-à-dire refait d'après l'ancien poème), et qui compte 50.000 vers. A la fin du XIVe siècle, Eustache Deschamps y a ajouté un dernier poème de 3000 vers. Le tout dépasse 100.000 vers.
***Les personnages.
Les principaux héros de cette « ample comédie à cent actes divers », héros qui, à travers les différentes branches, restent toujours conformes à eux-même, sont : le goupil (latin vulpeculum) sur nommé Renart, nom propre devenu si célèbre que, de très bonne heure, on a délaissé le mot goupil, pour désigner exclusivement l'animal par son sobriquet; le loup, Isengrin; la goupille, Richeut ou Hermeline; la louve, Hersent; l'ours, Bruno; l'âne, Bernard; le blaireau, Grimbent; le chat, Tibert; le corbeau, Tiécelin; le moineau, Drouin ; etc. Ce sont là noms propres désignant l'animal, non pas d'après un de ses caractères, mais comme une personne. Tous les noms de ce premier groupe sont d'origine germanique.
Un second groupe porte des noms français et symboliques, tirés du caractère supposé ou du physique des animaux : le lion, Noble ; la lionne, Fière ou Orgueilleuse; le coq, Chantecler; le lièvre, Couart; le taureau, Bruiant; le mouton, Belin; le rat, Pelé; le limaçon, Tardif ; les poules, Blanche, Noire, Roussotte ; etc.
Au XVIe, siècle, les suites de Renart seront, de plus en plus, animées d'un esprit de raillerie systématique et virulente. Cet esprit se donne libre carrière dans Renart le Nouveau, et dans Renart le Contrefait, poème immense, décousu, et qui doit son succès aux allusions malignes et au pédantisme dont il est plein. Mais Renart y personnifie d'autant mieux l'esprit d'habileté, de fourberie, de résistance aux autorités, de libertinage dans tous les sens du mot; il annonce Pathelin, Panurge (Gargantua) et Figaro.
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Les Fabliaux
Fabliau est la forme picarde du mot français fableau (cf. biau et beau). C'est en Picardie, en effet, que le genre s'est le plus développé.
Le fabliau est essentiellement un conte en vers, destiné à exciter le rire. Mais cette définition doit être assez largement entendue; car, parmi les fabliaux, s'il en est qui vont jusqu'au cynisme, on en trouve qui, par la sentimentalité ou la gravité du sujet, se rangeraient plutôt dans la littérature chevaleresque ou édifiante. Il nous est parvenu environ 150 fabliaux, rassemblés aux XIIIe et XIVe siècles.
Esprit des fabliaux.
L'esprit qui anime les fabliaux n'est pas à proprement parler satirique; c'est plutôt une raillerie joyeuse, parfois excessive et grivoise, parfois aimable et bien-pensant. Souvent aussi, le fabliau n'est autre chose qu'une ingénieuse intrigue, sans autre prétention que de piquer et de satisfaire la curiosité.
Nous y voyons paraître, avec leur costume, leur parler et leurs gestes, les principaux types de la société aristocratique, cléricale, bourgeoise et populaire.
Origine des Fabliaux.
Les fabliaux sont-ils d'origine orientale? En Inde, le bouddhisme usait volontiers de contes et de paraboles. Par Byzance, puis à la faveur du mouvement créé par les croisades, ces contes se répandirent sur l'Europe; on en cita beaucoup dans les sermons. Mais un grand nombre des fabliaux français appartiennent simplement, par leurs sources, à cette vaste tradition orale qu'on appelle le folklore. Les auteurs des fabliaux déclarent souvent qu'ils ont entendu raconter leur histoire en tel pays, en tel village. Les mêmes contes se retrouvent, avec quelques variantes locales, dans plusieurs régions.
Fortune des fabliaux.
La vogue des fabliaux n'a pas fait vivre le genre au delà des premières années du XIVe siècle; du moins rien n'autorise à croire qu'il en fut autrement : la prose, en effet, l'emporta sur le vers dans la rédaction des contes. Mais l'esprit railleur qui cherche à rire partout et en tout, sans indulgence ni pitié et souvent sans finesse, passera dans la littérature dramatique, dans la farce.
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B. Analyse du Roman de Renart (Renard) et des fabliaux.
***(2) ROMAN DE RENARTlire.pdf
Le Roman de Renart
Tout d’abord, contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, le Roman de Renart n’est pas un roman ! le « roman » était la langue que l’on parlait entre le latin et l’ancien français. Les textes de l’époque étaient écrits soit en latin, soit en roman. Ces derniers étaient d’abord appelés « romans » en références à la langue utilisée. Puis le nom « roman » a désigné les fictions racontées en langue romane. [...]
Ensuite, [...] Le Roman de Renart a été écrit en vers, le plus souvent en octosyllabes (des vers de huit syllabes) et avec des rimes.
Autre particularité, Le Roman de Renart a plusieurs auteurs : une trentaine ! L’un des premiers est connu : il s’appelle Pierre de Saint-Cloud, surnommé Pierrot, et il commence, de 1170 à 1178, à raconter les aventures d’un personnage appelé « Renart ». Il est le premier à le faire par écrit, mais il n’a pas inventé ces aventures : il reprend ce que d’autres racontaient avant lui. Après lui, au XIIIe siècle, d’autres auteurs poursuivront ces récits. La plupart de ces auteurs sont anonymes.
Enfin, chaque épisode du Roman de Renart forme une histoire indépendante. L’unité est donnée par des personnages que l’on rencontre sans cesse : Renart, le héros, Ysengrin, le loup qui est l’oncle et l’adversaire du héros, Tiécelin, le corbeau, Chantecler, le coq, Noble, le lion, Hermeline, la renarde...[...]
Le personnage de Renart
Le héros du Roman de Renart est un animal que l’on appelait un goupil, en ancien français (la langue du Moyen Âge). Le Roman de Renart a connu une telle célébrité que le nom propre « Renart » est devenu le nom commun « renard », qui a remplacé le mot « goupil » du Moyen Âge.
Les autres personnages du Roman de Renart sont aussi des animaux (loup, lion...) mais ils agissent comme des êtres humains. [...] ils sont personnifiés.
Une œuvre orale
Au Moyen Âge, la plupart des gens ne savaient ni lire ni écrire. Ils se réunissaient pour écouter les conteurs. Les récits se transmettaient oralement. Le Roman de Renart est marqué par son caractère oral.
Le comique de situation
Dans le comique de situation, c’est la situation dans laquelle se trouvent les personnages qui fait rire parce qu’elle est ridicule, surprenante ou inattendue. Le comique peut également naître d’un malentendu ou, comme dans l’épisode des bacons, d’un renversement de situation, comme au théâtre.
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Sources du comique :
*le caractère : l’auteur met en lumière en les exagérant certains travers de ses personnages et, à partir d’eux, de la société.
*l'intrigue : le comique est lié aux complications de l’intrigue.
*les mœurs : dont le rire est provoqué par la peinture satirique des mœurs d’une époque.
*la grossièreté : qui fait rire par des procédés d’un comique grossier.
*la farce : comédie utilisant les procédés de la farce, c’est-à-dire fondée essentiellement sur un comique assez grossier ou primitif de mots, de gestes [les coups de batôns, par exemple] et de situations.
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La satire
Le Roman de Renart ne cherche pas seulement à faire rire. C’est aussi une critique de la société qui dénonce l’inégalité et les défauts des puissants : la cruauté des seigneurs, la lâcheté des courtisans, l’égoïsme des moines... C’est un texte satirique.
Une satire est un texte qui dénonce des comportements humains en les tournant en ridicule.
Pour le faire sans risque, les auteurs du Roman de Renart mettent en scène, non des humains, mais des animaux personnifiés.
Le renard dans la littérature
De l’Antiquité à nos jours, de nombreux écrivains ont mis en scène le renard dans leurs textes, comme par exemple Esope et La Fontaine dans leurs Fables ou les conteurs médiévaux dans le Roman de Renart.
***Le personnage de Renart est le symbole de la ruse et de l’intelligence.
(3) https://gallica.bnf.fr/themes/LitMAw.htm [Ce n'est plus disponible.]
Le Roman de Renart (v. 1170 - v. 1250)
Le Roman de Renart n'est pas un roman, mais un ensemble disparate de récits en octosyllabes de diverses longueurs, appelés dès le Moyen Âge des branches. On dénombre 25 à 27 branches de 300 à 3000 vers, dont la plupart des auteurs sont anonymes, soient quelques 25 000 vers. La branche II, la plus ancienne (v. 1170) est attribuée à Pierre de Saint-Cloud. Dès le XIIIe siècle les branches sont regroupées en recueils, auxquels des effets d'intertextualité de plus en plus nombreux confèrent une unité. Ces textes sont issus d'une longue tradition de récits animaliers en latin, notamment Ysengrinus (v. 1148-1149, 6500 vers en distiques latins, attribués au clerc flamand Nivard, où on trouve le personnage de Reinardus), ainsi que des fables ésopiques regroupées au Moyen Âge dans des recueils nommés Isopets. Le personnage de Renart rencontre un grand succès dès le Moyen Âge, et il est encore vivant aujourd'hui, surtout dans la littérature enfantine. Son nom a même remplacé le terme de goupil pour désigner l'animal.
***Renart est un héros complexe et polymorphe (parfois bon petit diable ou marginal redresseur de torts, parfois obsédé sexuel ou hypocrite démon). Il incarne la ruse intelligente (ou engin) liée à l'art de la parole : comme dans les fabliaux, la structure narrative de base est celle du bon tour joué par Renart, le décepteur. Ses aventures mettent en scène un monde animal aux caractéristiques largement mais pas totalement anthropomorphiques : la queue souvent dépasse de l'armure. Ces textes satiriques ont des fonctions diverses : parodie littéraire des chansons de geste et des romans courtois, mais aussi critique sociale (dénonciation de la faim, anticléricalisme), transgression de tabous religieux (Dieu est absent) ou psychologiques (l'antagonisme central entre Renart et Ysengrin le loup remonte à la scène primitive qu'est le viol de la louve). Les oeuvres les plus tardives (Renart le Bestourné (à l'envers) de Rutebeuf, ou l'anonyme Renart le Contrefait, 1319-1342) accentuent cette tonalité satirique.
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(4) https://gallica.bnf.fr/blog/03102019/le-roman-de-renart?mode=desktop
Le Blog Gallica.
LES RENCONTRES DE GALLICA (3 OCTOBRE 2019) ISABELLE BREUIL
Le Roman de Renart
Le Roman de Renart est une épopée animale subversive emblématique de la culture occidentale. Son héros incarne tout l’éventail de la ruse, de l’amusante plaisanterie au tour le plus machiavélique. La Bibliothèque nationale de France a le plaisir de vous inviter à cette rencontre de Gallica pour redécouvrir un texte classique souvent édulcoré et ses illustrations foisonnantes à la lumière des ressources en ligne : Gallica, BnF-archives et manuscrits, l’exposition virtuelle et Mandragore.
Son héros incarne tout l’éventail de la ruse, de l’amusante plaisanterie au tour le plus machiavélique. Sous l’argument animalier, ses auteurs se livrent à une satire sociale acerbe. Intégrant des éléments du folklore populaire tout comme les traditions savantes de la fable et du bestiaire, ils s’amusent également à parodier des genres nobles et des traditions littéraires telles que les chansons de geste, les romans courtois et la poésie lyrique.
Imitant l’extraordinaire vitalité de son héros qui échappe toujours à la mort et surgit toujours sous de nouveaux déguisements, le roman semble impossible à achever. Chaque manuscrit porte un texte différent ajoutant toujours de nouveaux rebondissements. La BnF a fait numériser 5 manuscrits enluminés du Roman qui présentent chacun leurs caractéristiques propres. L’un reprend les codes classiques des enlumineurs du XIVe siècle, l’autre, au décor plus naïf et foisonnant semble préfigurer la bande-dessinée.
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(5) https://multimedia-ext.bnf.fr/pdf/fiche_roman.pdf
De la parodie du roman de chevalerie
Le Roman de Renart est formé d’un ensemble de récits disparates appelés « branches », composés en vers entre la fin du xiie et la fin du xiiie siècle. Très tôt, ces récits, regroupés en recueils en partie illustrés, connaissent un immense succès.
Le héros en est, parmi tout un peuple d’animaux (Ysengrin le loup, Noble le lion, Tibert le chat, Brun l’ours...), un goupil appelé Renart qui, dans les premiers récits inspirés des fables, se livre à toutes sortes de ruses et de facéties. Mais rapidement ces animaux reconnaissables par une qualité ou un défaut adoptent un comportement anthropomorphique dans une épopée qui parodie de manière de plus en plus caustique la société médiévale – particulièrement chevaleresque – dans ses codes, ses usages, ses mœurs, mais aussi ses travers.
En voici un bel exemple :
Le combat singulier de Renart et d’Ysengrin
Roman de Renart, branche VI, Première moitié du XIVe siècle, BnF, Ms. fr., 12 584, f° 74 v° et 75.
C’est la réplique, point par point, tant dans l’équipement que dans l’action et les postures, d’un combat entre chevaliers, selon les codes habituels de représentation. Seules les têtes animales et les armoiries du bouclier d’Ysengrin introduisent un élément burlesque.
Les vignettes scandent le récit, au fil du texte versifié, comme les séquences d’un story-board : Renart affronte Ysengrin, le jette à terre, le bat, mais est finalement cruellement mordu par son adversaire.
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(6) Fabliau - wiki. - Des contes à rire en vers.
Fabliau (du picard, lui-même issu du latin fabula qui donna en français « fable », signifie littéralement « petit récit ») est le nom qu'on donne dans la littérature française du Moyen Âge à de petites histoires simples et amusantes, définies par Bédier comme des contes à rire en vers. Leur vocation est de distraire ou faire rire les auditeurs et lecteurs, mais ils peuvent prétendre offrir une leçon morale, parfois ambiguë.
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Les fabliaux sont de courts récits populaires du Moyen Âge, parfois en vers, le plus souvent satiriques. Ils commencent généralement par une phrase d'introduction du narrateur et se terminent par une morale.
Même s'ils comportent une visée morale, celle-ci n'est souvent qu'un prétexte. Les fabliaux visent la plupart du temps surtout à faire rire. Pour cela, ils recourent à plusieurs formes de comiques :
comique de gestes : coups de bâton, chutes...
comique de mots : répétitions, patois, jeu de mot, expression à double sens, quiproquo...
comique de situation : le trompeur trompé, renversement de rôles maître-valet, mari-femme...
comique de caractère : crédulité, hypocrisie, gloutonnerie...
Ils comportent très souvent une satire sociale, qui concerne de façon récurrente les mêmes catégories sociales : les moines, les vilains (paysans), les femmes.
Les auteurs en sont des clercs menant une vie errante, [...] des jongleurs, parfois des poètes ayant composé d'autres façons, des poètes-amateurs appartenant à des ordres différents du clergé. Dès lors, bon nombre de fabliaux sont anonymes et, si nous connaissons certains auteurs par leur nom, c'est là que se limite notre science. Les plus connus sont Rutebeuf, Philippe de Beaumanoir, Henri d'Andeli, Huon le Roi, Gautier le Leu, Jean Bodel.
Le public auquel s'adressaient les auteurs des fabliaux appartenait surtout à la bourgeoisie (même si parfois ces fabliaux pénétraient la haute société). C'est pourquoi leur conception du monde reflète majoritairement l'esprit de la bourgeoisie. Dans la forme des fabliaux on ne trouvera ni perfection, ni variété : la versification est monotone avec ses vers octosyllabiques disposés par deux (ou encore disposés de la manière la plus simple), les rimes sont plates et souvent incorrectes et le style tend vers la négligence voire la grossièreté. Ce qui caractérise le récit c'est la concision, la rapidité, la sécheresse, et l'absence de tout pittoresque. Pour donner aux fabliaux une certaine dignité littéraire on ne trouve que la rapidité dans l'action et la vivacité des dialogues.
Satire et morale
Le genre tout entier des fabliaux est nettement marqué par le naturalisme qui se retrouve dans le choix des sujets, une grande partie étant empruntée à la réalité quotidienne de la petite bourgeoisie. La bourgeoisie est représentée sans la moindre volonté de l'idéaliser, et la nature sans le moindre désir d'embellir les faits. Ce n'est pas là qu'on trouvera de belles descriptions de la nature ou des trésors d'imagination : ici les éléments essentiels sont la satire et la morale.
La première reste ici sous une forme rudimentaire : plaisanterie ou dérision, elle n'est conditionnée que très rarement par une intention consciente de l'auteur de se moquer de tel ou tel aspect de la vie. En revanche, la seconde joue un rôle assez important dans les fabliaux et c'est presque chaque récit qui se termine par une morale. Elle ne présente pas, cependant, une relation étroite avec le récit et n'en constitue pas le but. La morale peut d'ailleurs faire défaut sans porter préjudice au sujet du récit, et souvent même en vient à le contredire. La morale en arrive parfois à une certaine immoralité (qu'on pense à La Housse partie).
Les fabliaux poussent souvent la grossièreté jusqu'au cynisme et à l'obscénité. Dans leur grande majorité, les sujets se réduisent à représenter des aventures amoureuses chez des femmes de la bourgeoisie ou du monde rural avec des curés de campagne ou des moines [...]. La plupart du temps, c'est le mari qui est le dindon de la farce mais il arrive que ce soit le curé, dont il se venge. On ne dédaigne pas de nous décrire des ruses visant à se procurer tel ou tel bien, même chez des voleurs (Trois Larrons), ou plus noblement avec Le Vilain qui conquit paradis par plait.
Passent devant nous, représentés le plus souvent de façon comique, des représentants des diverses classes sociales, à majorité des prêtres, mais aussi des vilains et des bourgeois, alors que rares sont les personnages qui proviennent du monde des chevaliers et des puissants. Quelques fabliaux viennent à mettre en scène le sacré, voire les apôtres et Dieu lui-même, sans que ces personnages, traités sur un mode familier et comique, aient droit à un respect particulier (Saint Pierre et le Jongleur, Les Quatre Souhaits saint Martin etc.). En revanche, un fond de morale chrétienne dénué de toute référence au culte les imprègne parfois (Merlin Merlot, La couverture, L'ange et l'ermite).
L'esprit laïc dont les fabliaux sont pénétrés reporte l'intérêt sur la réalité, le quotidien. C'est un progrès immense par rapport à l'idéal médiéval de l'ascétisme. Même si l'esprit n'apparaît que dans sa manifestation la plus inférieure, la ruse, c'est un progrès considérable dans une époque qui ne lui attachait aucune importance et lui déniait la possibilité de percer les secrets de la nature.
D'un autre côté, face à la puissance grossière de l'argent, on proclame pour la première fois le principe que la ruse ou l'esprit constituent une vraie force (miex fait l'engein que ne fait force). Plusieurs auteurs enfin jouent le rôle de défenseurs des vilains opprimés en critiquant leurs oppresseurs (chevaliers, membres du clergé et fonctionnaires royaux) en faisant valoir les droits de la personne humaine et en condamnant les préjugés de caste (Constant du Hamel).
Ces caractéristiques font des auteurs de fabliaux, en plus des auteurs du Roman de la Rose (Jean de Meung ou Meun) et du Roman de Renart (anonyme), les précurseurs de la Renaissance. Derrière la haine contre la femme et son influence, très visible dans plusieurs fabliaux, il faut voir l'influence des sermons de l'Église. Certains fabliaux, toutefois, comme Le vair palefroi de Huon le Roi et La Bourse pleine de sens de Jean le Galois, défendent énergiquement la femme contre ceux qui la critiquent. On peut expliquer cette attitude peut-être par les relations qu'avaient ces auteurs avec la chevalerie et son culte de la féminité.
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LES TEXTES : VOIR LES ARCHIVES À LA PAGE DES LIENS ET DOCUMENTS SUR LITTÉRATURE BOURGEOISE OU SATIRIQUE.
ROMAN DE RENARD - Wiki.pdf
ROMAN DE RENARDRenart et Tiecelin.pdf
ROMAN DE RENARDle viol d'Hersent.pdf
ROMAN DE RENARDRenart vole les anguilles.pdf
ROMAN DE RENARDRenart et Chantecler.pdf
ROMAN DE RENARTRenart chez dame Hersent.pdf
ROMAN DE RENARTcombat de Renart et dYsengrin.pdf
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FABLIAU Le vilain qui conquit le paradis en plaidant.pdf
FABLIAU-Le vilain et l'oiselet.pdf
FABLIAUintro.pdf
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ATTENTION !!!
DEVOIR À ENVOYER le 12 SEPTEMBRE AVANT MIDI.
Examinez la façon dont « Le lai du chèvrefeuille » de Marie de France et « la mort des amants » dans Tristan et Yseult illustrent les traits caractéristiques de la « courtoisie ».
DOCUMENTS :
MARIE DE FRANCE laiduchevrefeuillefrmod.pdf
TRISTAN ET ISEUTla mort des amants.doc ou TRISTAN ET YSEULT extrait.pdf
[VOIR LES DÉTAILS DU DEVOIR SUR LA PAGE DES ÉVALUATIONS]
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le mardi 12 SEPTEMBRE
***N'OUBLIEZ PAS LE DEVOIR À RENDRE AUJOURD'HUI AVANT MIDI.
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THÈMES DU JOUR :
I. Analyse des textes de la littérature bourgeoise/satirique et
révision de l'ensemble de l'unité sur la littérature bourgeoise/satirique.
II. Présentation générale du théâtre comique (vs le théâtre religieux comme exemple théâtral de la littérature bourgeoise/satirique/populaire).
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DOCUMENTS À LIRE ET À PRÉPARER POUR LA DISCUSSION EN CLASSE :
ROMAN DE RENARD - Wiki.pdf
ROMAN DE RENARDRenart et Tiecelin.pdf
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FABLIAU Le vilain qui conquit le paradis en plaidant.pdf
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A. Analyse des textes de la littérature bourgeoise/satirique et révision de l'ensemble de l'unité sur la littérature bourgeoise/satirique.
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B. Présentation générale du théâtre comique (vs le théâtre religieux comme exemple théâtral de la littérature bourgeoise/satirique/populaire).
LE THÉÂTRE AU MOYEN ÂGE
La comédie
La comédie prend naissance à partir du XVe siècle, lors de la participation des laïques aux représentations théâtrales. Deux confréries joyeuses, associations rivales, se formèrent : les Clercs de la Basoche et les Enfants sans-souci.
Les farces (le Cuvier, le Franc Archer de Bagnolet [Villon ?]) étaient représentées, et peut-être aussi les moralités (Bien-Avisé et Mal-Avisé, - la Condamnation de Banquet ), par les Clercs de la basoche (Basoche désigne le Palais de justice) : les clercs de procureurs, de greffiers, de conseillers au Parlement, etc. formaient une ou plusieurs associations qui jouissaient de certains privilèges (élection d'un roi, droit de battre monnaie, etc...). Chaque année, au printemps, la Basoche était en fête pour la plantation du mai ; c'est probablement à cette occasion que les clercs organisent des montres des farces ou des moralités.
Les sotties formaient le répertoire des sots ou Enfants-sans-souci. Ce sont encore des clercs et des étudiants, mais plus jeunes et plus libres. Pour donner leurs représentations, les Sots portaient le costume des fous de cour : mi-partie jaune. mi-partie vert, avec le chapeau à grelots et à oreilles d'âne, et la marotte. Par-dessus ce costume, ils plaçaient un insigne particulier au rôle qu'ils incarnaient; et ainsi se trouvait figurée la philosophie de la sottie, à savoir que tous les hommes sont fous, et qu'ils ne diffèrent que par le genre ou le métier dans lequel ils exercent cette folie. ***La célèbre farce de Maître Pierre Pathelin est le chef-d'oeuvre dramatique du Moyen-âge sous le rapport de la régularité du plan, de la verve et de la conception.
Le théâtre religieux et le théâtre comique du Moyen âge ont eu une destinée toute différente. Entre les Mystères, oeuvres sans art ni unité, mais originaux, populaires et nationaux, et la Tragédie qui suivit, importation de la Grèce et de Rome, destinée à un public cultivé, et triplement verrouillée dans son unité, il n'y a d'autre communauté que le matériel de décors dont hérita l'Hôtel de Bourgogne. La Farce au contraire, une fois née, ne fut pas détrônée par la Comédie antique. Faite d'observation amusée et amusante, elle répondait trop bien au goût français pour disparaître. On la retrouve, plus ou moins profonde ou bouffonne, à tous les âges du théâtre en France.
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Le théâtre religieux
Les origines.
Le plus haut Moyen âge n'a pas ignoré le théâtre. Si nous remontons jusqu'au IVe siècle, nous trouvons une Clylemnestre imitée de Sénèque, une Orestie; nous apprenons qu'Apollinaire, Basile, Grégoire, prêtres chrétiens, écrivaient des tragédies chrétiennes à peu près dans le goût d'Euripide. Il y a eu un Christos Paschôn d'un nommé Grégoire, qui était comme un centon de vers d'Euripide.
Au Ve siècle, un symptôme d'un ordre tout différent et beaucoup plus important nous apparaît; il y a certaines manifestations de goût et d'esprit dramatique : aux funérailles de sainte Radegonde, deux cents religieuses chantent une espèce d'élégie autour de son cercueil, pendant que d'autres répondent, des fenêtres du monastère, par des plaintes et des gestes de deuil. Or le même fait est signalé pour d'autres funérailles illustres. Ce sont là des ébauches de représentations dramatiques qu'il faut au moins noter au passage, sans qu'on puisse dire ni savoir si elles ont eu la moindre influence sur le développement du goût dramatique qui eut lieu plus tard. Ce qui est très probable, c'est que le drame populaire français du XIIIe siècle a certainement été fortifié par les beaux spectacles que l'Église donnait dans l'enceinte de ses temples aux populations dès le Xe siècle.
La Nativité, miniature de Jean Bourdichon (Heures d'Anne de Bretagne, Bibliothèque Nationale). - Comme l'a démontré Émile Mâle (l'Art religieux à la fin du Moyen âge), toutes les scènes religieuses représentées par les miniaturistes du XVe siècle ont été jouées avant d'être peintes. Le théâtre a fourni aux artistes de groupements de personnages, des décors, des accessoires. C'est ainsi que l'idée d'agenouiller la Vierge devant son fils nouveau-né est prise aux Mystères. Le toit léger établi par saint Joseph est un décor de théâtre.
Le drame liturgique.
Certains jours de fête, le clergé ajoutait à l'office sacré une représentation dialoguée qui mettait sous les yeux des fidèles les principaux événements dont la solennité était la commémoration. A Noël, par exemple, on montrait aux fidèles la crèche, l'Enfant Jésus, la Vierge, l'ange annonçant la Nativité aux bergers, qui venaient ensuite adorer le Christ. C'est ce que l'on appelle le drame liturgique. Il avait pour théâtre l'église, pour acteurs les prêtres et les clercs, pour langue le latin.
***Laïcisation du drame.
Après ces débuts, qui datent du commencement du XIe siècle, le français fit au XIIe siècle son apparition dans le drame, qui est joué bientôt sur le parvis et par des laïcs. Le lien avec le lieu de culte reste encore étroit. Au XIIIe siècle nous voyons encore une Conversio Pauli en vers latins de dix syllabes avec rimes, qui est évidemment un jeu d'église. Ce qu'il faut dire avec plus de vraisemblance, c'est qu'au milieu environ du XIIe siècle, à l'imitation du drame liturgique, les pieux laïques se mirent, sur des tréteaux en place publique, à représenter des épisodes et scènes de l'histoire religieuse, et en français sans mélange de latin (ou à peu près); et ceci, décidément, c'était le théâtre français qui naissait.
La première oeuvre de ce genre que nous connaissions est la Représentation d'Adam (XIIe siècle). Elle fut jouée sur un théâtre en plein vent, devant l'église (les « rubriques » le prouvent). L'oeuvre, écrite en français, était interrompue de temps en temps par des textes liturgiques, en latin, lus par un clerc, et dont le drame n'était que le développement. Ce drame met en scène la chute du premier homme et le meurtre d'Abel, suivis d'une procession des prophètes qui ont annoncé le Christ.
Les Miracles.
Le théâtre, dans son progrès, devenait de plus en plus profane. Les sujets, au XIIIe et au XIVe siècles, ne sont plus toujours empruntés aux livres saints, mais à la légende, et l'humanité passe au premier plan. L'idée religieuse apparaît dans l'intervention miraculeuse des saints ou de la Vierge, d'où le nom de Miracles.
Les Miracles du Xlle siècle.
Du XIIIe siècle, il ne nous reste que deux oeuvres du genre sérieux : le Miracle de Théophile et le Jeu de saint Nicolas . [...]
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Le théâtre comique
Les origines.
Les origines du théâtre comique restent obscures. Il semble qu'il ne se soit développé qu'après le drame religieux et seulement vers le milieu du XIIIe siècle (en tout cas nous ne connaissons aucun texte avant le XIIIe siècle.). On croit que les jongleurs ne colportaient pas seulement des chansons de geste et des romans, mais qu'ils avaient un répertoire de dits, de monologues, etc. A deux ou trois, ils devaient jouer de petites pièces renouvelées du théâtre antique ou empruntées ait au fonds si riche des contes populaires.
Les deux plus anciennes pièces comiques que nous ayons sont d'un trouvère d'Arras, Adam de la Halle (1230-1288), et apparaissent comme isolées dans leur genre, et qui semblent prouver par leurs qualités de métier qu'elles appartiennent a un genre déjà traité et « mis au point » : il s'agit du Jeu de la Feuillée et du Jeu de Robin et Marion.
Le Jeu de la Feuillée (1262 environ).
Le Jeu de la Feuillée est un mélange de satire personnelle, de merveilleux et de tableaux réalistes, à propos duquel on évoque le souvenir de la comédie grecque d'Aristophane- : Sous une feuillée (tonnelle de verdure) se trouvent réunis plusieurs bourgeois d'Arras ; le poète lui-même (maître Adam), soit père (maître Henri) un médecin, un moine montreur de reliques, un fou et son père, le commun (le peuple), trois fées, la Fortune, etc. L'intrigue assez lâche de cette pièce n'est qu'un cadre dans lequel l'auteur place la satire très vive et personnelle de sa propre famille, de ses amis d'Arras, de la politique, de la médecine, etc. Il commence par tourner en ridicule les habitants de la ville d'Arras, qu'il est sur le point de quitter. Puis, la nuit venue, il nous fait assister à l'apparition des trois fées Morgue, Magloire et Arsite, précédées du chasseur fantastique' Hellequin. Enfin la pièce se termine par les propos des bourgeois qui boivent et jouent aux dés, assis sous la feuillée.
Le Jeu de Robin et de Marion.
Le Jeu de Robin et de Marion est une pièce très différente; c'est une idylle paysanne qui met en scène les amours d'un couple villageois, contrariées par la rivalité d'un chevalier : Marion, tout en gardant ses mouton, chante Robin qu'elle aime; survient un chevalier qui veut enlever la bergère; celle-ci le repousse, et Robin, suivi de ses amis, vient se réjouir et danser avec Marion. La pièce, simple et agréable, est, comme un opéra-comique, mêlée de chants dont l'auteur avait lui-même composé la musique. [...]
Le théâtre comique au XVe siècle.
C'est du XVe siècle, comme pour le drame sérieux, que date l'essor de la comédie. Elle comprend alors trois genres principaux : moralités, sotties et farces.
Les Moralités.
Le goût de l'allégorie, auquel le Roman de la Rose devra son succès, se retrouve au théâtre dans les moralités. Toutes ont pour but de nous enseigner l'amour du bien et la haine du vice par l'exemple de personnages allégoriques. Les Enfants de maintenant font la leçon aux pères de famille qui gâtent leurs fils. Bien avisé, mal avisé vont l'un au Paradis, l'autre en Enfer.
Ces pièces souvent ennuyeuses étaient jouées par la Basoche, corporation des clercs de procureurs du Parlement de Paris, qui trois fois par an donnaient des grandes fêtes suivies de représentations.
Les sotties.
Les sotties étaient des pièces satiriques où la folie humaine était jouée par des acteurs vêtus d'une robe jaune et verte et coiffés d'un chaperon à longues oreilles. Ces acteurs appelés sots étaient les héritiers des anciens célébrants de cette cérémonie bouffonne que l'Eglise avait autrefois tolérée et qu'on nommait la fête des Fous. Les sots de Paris s'appelaient les Enfants sans souci. Grâce au privilège de la folie, les sots avaient leur franc parler, même à la cour, et Louis XII les écoutait volontiers. En échange ils lui rendaient service, et, par exemple, le Jeu du Prince des sots (1512) de Pierre Gringoire qui mettait en scène le roi sous le nom de Prince des Sots, l'Eglise sous le nom de Mère Sotte, le peuple sous le nom de Sotte commune, fut utile à Louis XII dans sa lutte contre son adversaire, le pape Jules II.
Les Farces.
La farce, après n'avoir été qu'un intermède comique dans la représentation des mystères, conquit bientôt son individualité. C'était une comédie bouffonne, qui, comme le fabliau duquel elle se rapproche, ne songe qu'à se gausser des maris benêts, des femmes coquettes et rusées, etc., et cela sans prétentions didactiques.
L'avocat Pathelin. - Mais la farce de l'avocat Pathelin (ou Patelin). dont on ignore la date exacte et l'auteur, est la plus justement célèbre :
Pierre Pathelin, avocat sans scrupules et sans clients, après s'être fait remettre par Guillaume Jouaume six aunes de drap, contrefait si bien le délire de la fièvre, que le drapier, venu pour présenter sa note, se retire persuadé qu'il n'a pu voir une heure auparavant bien portant dans sa boutique un homme aussi malade. Mais quelle surprise quand, plaidant l'instant d'après contre son berger Thibaut l'Aigrelet, Guillaume le trouve défendu par le même Pathelin! Dans son trouble il mêle la question des moutons et celle du drap volé. Le juqe est ahuri d'une cause si étrange, surtout quand, à toutes les questions, l'Aignelet, sur les conseils de Pathelin, ne répond que par un bêlement, et il acquitte. Pathelin triomphe ; seulement quand il veut se faire payer à son tour, il n'obtient de son client trop docile qu'un « Bêe! ». C'est, comme on le voit, un vaudeville assez adroitement construit, avec des quiproquos amusants, et la situation toujours drôle du trompeur trompé.
Mais on y trouve mieux qu'un agencement ingénieux : il y a une esquisse des caractères. Guillaume est méfiant, mais vulnérable par la flatterie. L'Aignelet est balourd, mais madré comme un paysan. Pathelin est retors, prêt à tout, et cependant pris au dépourvu quand on lui emprunte ses armes. Le comique naît pour beaucoup de la vérité des caractères. C'est pourquoi le succès de Pathelin a été durable. Aujourd'hui encore il vit dans la langue par les mots patelin, patelinage, et par le dicton : « Revenons à nos moutons. »
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le jeudi 14 SEPTEMBRE
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THÈME DU JOUR :
I. Introduction à la poésie lyrique du Moyen Âge.
II. Introduction à la poésie de François Villon.
III. Analyse et discussion de François Villon : la “Ballade des pendus”.
VOIR AUSSI LES LIENS ET DOCUMENTS V : LA POÉSIE LYRIQUE DU MOYEN ÂGE.
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DOCUMENTS À LIRE POUR LA DISCUSSION EN CLASSE :
***1) La poésie médiévale française.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Po%C3%A9sie_m%C3%A9di%C3%A9vale_fran%C3%A7aise
***(3) Ballade.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ballade
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François Villon.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Villon
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La "ballade des pendus". François Villon, Poésies diverses.
http://www.bacdefrancais.net/ballade_des_pendus_villon.php
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I. Introduction à la poésie lyrique du Moyen Âge.
***1) La poésie médiévale française.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Po%C3%A9sie_m%C3%A9di%C3%A9vale_fran%C3%A7aise
La poésie médiévale française fait référence aux œuvres poétiques produites en France au cours du Moyen Âge.
C'est au XIIe siècle que, parallèlement à la poésie didactique, à la poésie épique (voir chanson de geste), à la poésie dramatique ou religieuse, se développe la première poésie lyrique d'expression française. Il s'agit d'une poésie où s'exprime un « je » personnel. Mais peut-on voir dans cette nouvelle poésie une tentative de se libérer des genres codifiés socialement et idéologiquement ?
Car le lyrisme n'est pas seulement expression du sentiment amoureux. S'il cherche à exprimer toute la sensibilité personnelle du poète, il le fait avec une recherche de musicalité. ***En effet, trouvères et troubadours sont avant tout des poètes musiciens, et la poésie lyrique médiévale sera longtemps tributaire de la musique médiévale.
La poésie lyrique médiévale est également redevable de la poésie latine tardive, qui continue son évolution en parallèle, avec des poètes tels que Venance Fortunat ou le mouvement des Goliards.
Influencés par le renouveau du culte de la Vierge au XIIe siècle et par la poésie arabe, les troubadours de langue d'oc créent une esthétique raffinée pour chanter l'amour. Ce sera le fin'amor ou encore l'amour courtois.
Un siècle plus tard (=le XIIIe siècle), les trouvères en langue d'oïl, c'est-à-dire en ancien français, développeront ce lyrisme dans le Nord de la France. Au XIVe siècle, la poésie lyrique cherche à se distinguer des genres musicaux dominés par le compositeur Guillaume de Machaut, tout en lui en empruntant les formes populaires de la chanson, du rondeau et surtout de la ballade.
***Le XIVe siècle est parcouru par un courant d'expression plus formaliste, qui explore les possibilités de cette langue nouvelle qu'est le français. Contemporains de François Villon les Grands rhétoriqueurs, tels que Jean Molinet et Jean Meschinot anticipent de l'esprit de la Renaissance.
(2) Versification française.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Versification_fran%C3%A7aise
***(3) Ballade.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ballade
Ballade désigne, au sens ancien, un poème médiéval à forme fixe composé de trois strophes et d'une demi-strophe appelée envoi, chacune étant terminée par un vers refrain, qui rappelle la forme chantée des origines. L'histoire de la poésie retient en particulier les ballades aux strophes carrées (le nombre de vers est égal au nombre de syllabes de chaque vers) de huit ou dix vers et aux thèmes très variés qu'ont composées des poètes comme Guillaume de Machaut, Eustache Deschamps (fin XIVe siècle), Christine de Pisan et François Villon (début et milieu du XVe siècle) ou encore Clément Marot au XVIe, alors que la Pléiade rejette le genre de la ballade comme vieilli, privilégiant des formes nouvelles comme le sonnet ou l'ode.
La ballade voit son sens évoluer dans les traditions anglaise et allemande à la fin du XVIIIe siècle pour aboutir à la ballade romantique, parfois instrumentale. En dehors du domaine littéraire, le mot ballade s'est appliqué à un type de chanson populaire, lente et mélodieuse : c'est le sens commun à la fin du XXe siècle.
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Une forme codifiée
La ballade est généralement composée de trois strophes terminées par un refrain, auxquelles s’ajoute un envoi d’une demi-strophe reprenant les rimes finales des strophes précédentes (croisées <ABAB> ou embrassées <ABBA>) et le refrain. L’envoi permet souvent au poète d’offrir sa ballade à un dédicataire royal ou divin : le dieu Amour, le prince, le Christ. Certains poètes choisissent des strophes carrées, dans lesquelles le nombre de vers dans les strophes est égal au nombre de syllabes de chaque vers. Ainsi, Charles d’Orléans utilise des huitains d’octosyllabes et François Villon utilise des dizains de décasyllabes.
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Les caractéristiques de la ballade sont :
composition en trois strophes suivies d'une strophe moitié moins longue ;
demi-strophe finale appelée « envoi » et adressée au prince ou au roi [***Le prince, auquel est souvent adressé l’envoi, renvoie aux Chambres de Rhétorique [=Sociétés littéraires sous un patronage.]. A l’origine, le « Prince » était le protecteur (un bourgeois riche) de la Chambre. Plus tard, quand l’envoi est devenu une pure figure de style, on adresse le poème à une dame, à un autre personnage que le protecteur.] ;
retour d'un refrain identique à la fin de chaque strophe ;
poème construit sur trois ou quatre rimes uniquement .
II. Introduction à l'oeuvre de François Villon. (XVe siècle)
François Villon. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Villon
Villon n'a pas tant renouvelé la forme de la poésie de son époque que la façon de traiter les thèmes poétiques hérités de la culture médiévale, qu'il connaît parfaitement, et qu'il anime de sa propre personnalité. Ainsi, il prend à contre-pied l'idéal courtois, renverse les valeurs admises en célébrant les gueux promis au gibet, cède volontiers à la description burlesque ou à la paillardise, et multiplie les innovations de langage. Mais la relation étroite que Villon établit entre les événements de sa vie et sa poésie l'amène également à laisser la tristesse et le regret dominer ses vers. Le Testament (1461-1462), qui apparaît comme son chef-d'œuvre, s'inscrit dans le prolongement du Lais que l'on appelle également parfois le Petit Testament, écrit en 1456. Ce long poème de 2.023 vers est marqué par l'angoisse de la mort et recourt, avec une singulière ambiguïté, à un mélange de réflexions sur le temps, de dérision amère, d'invectives et de ferveur religieuse. Ce mélange de tons contribue à rendre l'œuvre de Villon d'une sincérité pathétique qui la singularise par rapport à celle de ses prédécesseurs.
***OEUVRES : Le Lais (i.e. Le Petit Testament) - 1456. Le Testament (i.e. Le Grand Testament) - 1461-1462.
[…]
Le Testament (1461-2)
Le Testament est une œuvre beaucoup moins homogène que n'est le Lais. S'il reprend l'idée de parodie d'un acte juridique, ce n'est en fait qu'une colonne vertébrale sur laquelle viennent se greffer toutes sortes de digressions sur l'injustice, la fuite du temps, la mort, la sagesse… ainsi que des poèmes autonomes souvent présentés comme des legs. On retrouve cependant la plume vive et acerbe et l'humour tantôt noir et subtil, tantôt franchement rigolard et paillard qui caractérise Villon. Peut-être l'auteur souhaite-t-il présenter ici un large spectre de ses talents afin d'attirer l'attention d'un éventuel mécène, le Testament devenant une sorte de carte de visite. Le texte s'adresse aussi à ses anciens compagnons, soit la foule de miséreux cultivés que produit à cette époque la Sorbonne.
[...]
Le Testament passe pour être le chef-d'œuvre de Villon et l'un des plus beaux textes littéraires du Moyen Âge tardif.
III. Analyse et discussion de François Villon : la “Ballade des pendus”.
http://www.bacdefrancais.net/ballade_des_pendus_villon.php
La "Ballade des pendus". Analyse et texte.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ballade_des_pendus#strophe_2
"Ballade des pendus". [Ici vous trouverez le texte de la ballade et la transcription en français moderne.]
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***La Ballade des pendus
La ballade dite Ballade des pendus, parfois improprement appelée Épitaphe Villon, est le poème le plus connu de François Villon, et l'un des plus célèbres poèmes de la langue française. On s'accorde en général pour penser que cette ballade fut composée par Villon alors qu'il était emprisonné à la suite de l'affaire Ferrebouc, mais le fait n'est pas absolument établi. Le poème présente une originalité profonde dans son énonciation : ce sont les morts qui s'adressent aux vivants, dans un appel à la compassion et à la charité chrétienne, rehaussé par le macabre de la description. Cet effet de surprise est cependant désamorcé par le titre moderne. Le premier vers « Frères humains, qui après nous vivez », conserve de ce fait encore aujourd’hui un fort pouvoir d'évocation et d'émotion : la voix des pendus imaginée par Villon transcende la barrière du temps et de la mort.
Dans ce poème, François Villon, qui rit d'être condamné à la pendaison, s'adresse à la postérité pour solliciter la pitié des passants et émettre des souhaits : solliciter notre indulgence et notre pardon, décrire leurs conditions de vie, adresser une prière à Jésus. Au second degré, on peut percevoir dans cette ballade un appel de l'auteur à la pitié du roi, si elle a bien été écrite en prison.
Les différents types de personnages :
· Les personnages divins :
o « Dieu » (vers 4, 10, 20, 30, 35) : pour implorer la pitié ;
o « Prince Jésus » (vers 31) et « fils de la Vierge Marie » (vers 16) : il a le pouvoir de maîtriser les hommes ;
· Les hommes : « frères humains » (vers 1), « ses frères » (vers 11) et « hommes » (vers 34) : ils ont des défauts et Villon veut que ceux-ci prient pour le pardon des pendus en arguant qu'ils ne sont eux-mêmes pas exempts de défauts, et que s'ils prient pour eux, « Dieu en aura plus tost de vous mercis » (ils seront donc ainsi pardonnés pour leurs propres péchés).
· Les condamnés : Villon veut montrer aux hommes que les condamnés à mort souffrent (vers 5 à 9 et 21 à 29).
Différents champs lexicaux [=ensemble de mots appartenant à un même thème ; traitant d'un domaine commun.]
· Le champ lexical de la mort charnelle : « pieça, dévorée et pourrie » (vers 7), « débuez et lavés » (vers 21), « desséchés et noircis » (vers 22), « cavés » (vers 23), « arrache » (vers 24), « charrie » (vers 27). Il montre que les condamnés souffrent.
· Le champ lexical du corps : « chair » (vers 6), « os » (vers 8), « yeux » (vers 23), « barbe » (vers 24). Il provoque, en association avec la description des supplices des pendus une réaction de dégoût propre à susciter la pitié.
· Le champ lexical des choses qui font leur malheur : « infernale foudre » (vers 18), « pluie » (vers 21), « soleil » (vers 22), « pies, corbeaux » (vers 23), « vent » (vers 26).
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***[TOPOS : MEMENTO MORI : « Souviens-toi que tu vas mourir... »
Cette locution latine s'utilise depuis de nombreux siècles pour désigner un style artistique où toute création naît avec l'objectif de rappeler à l'humain sa mortalité. Le Memento mori était très en vogue au XVe.
la danse macabre / le transi
Parmi les autres formes de memento mori, on retrouve également la danse macabre (=allégorie picturale fréquente au Moyen Âge, représentant la mort entraînant dans une même danse des squelettes d’êtres humains de toutes conditions) et le transi (=une représentation terrible, parce que réaliste, du corps du défunt en décomposition dans sa sépulture, qui a effectivement le mérite de rappeler à tous l’inéluctable aussi bien que le caractère matériellement indéniable de la mort.)]
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https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pitaphe
Une épitaphe (du grec ἐπιτάφος / epi, « sur » et taphos, « tombeau ») est une inscription funéraire, placée sur une pierre tombale ou un monument funéraire, afin de rappeler le souvenir de la personne morte. Elle peut présenter le nom et les dates de la personne défunte, ou un texte qui fait l'éloge de cette personne.
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La structure de l'œuvre :
***Ce poème suit les règles de la ballade classique, les strophes ont donc autant de vers que ceux-ci ont de syllabes (soit des strophes de dix vers en décasyllabes). Les rimes sont croisées [=ABAB], cela ne fait toutefois pas partie des règles de la ballade. Chaque strophe se termine par un refrain (« Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre ! »). La dernière strophe enfin est un envoi de seulement cinq vers, normalement adressé à un haut dignitaire (organisateur du concours, mécène de l'artiste…) il est ici adressé directement au « Prince Jhesus » (vers 31).
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lyrisme : 9/14/2023
Le lyrisme est une tonalité, un registre artistique qui privilégie la musicalité, l'expression poétique et l'exaltation des sentiments personnels.
Le lyrisme est l’expression d’une émotion personnelle intense. La poésie lyrique traite des sentiments du poète (les thèmes récurrents sont l’amour, la mort, la nostalgie, la fuite du temps, la communion avec la nature, le destin, le sacré, etc.).
Les marques du registre lyrique :
l’emploi de la première personne surtout du singulier ;
les apostrophes (https://www.etudes-litteraires.com/figures-de-style/apostrophe.php) ;
le vocabulaire des émotions et des sentiments (→ champs lexicaux (https://www.etudes- litteraires.com/figures-de-style/champ-lexical.php) ;
une ponctuation expressive (points d’exclamation, points d’interrogation) ;
la présence d’adverbes d’intensité (https://www.etudes-litteraires.com/adverbe.php#5) ;
l’emploi de figures de style (comparaisons, métaphores , hyperboles, etc.)
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le mardi 19 SEPTEMBRE le jeudi 21 SEPTEMBRE [en ligne]
Dans la classe du mardi 19 septembre nous allons reprendre la poésie de François Villon à partir de la "Ballade des Dames du temps jadis".
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THÈMES POUR LA DISCUSSION DANS LA CLASSE :
***"La Ballade des Dames du temps jadis"
***"La Ballade des pendus"
***la ballade
***l'épitaphe
TRANSITION DU M.A. AU XVIe SIÈCLE
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DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION DANS LA CLASSE :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ballade_des_dames_du_temps_jadis
La Ballade des dames du temps jadis. [Analyse littéraire +TEXTE ORIGINAL ET EN FRANÇAIS MODERNE.]
https://www.ladissertation.com/Litt%C3%A9rature/Litt%C3%A9rature/%C3%89tude-de-l'oeuvre-Ballade-Des-Dames-du-temps-26116.html
Étude de l'oeuvre Ballade Des Dames du temps jadis de François Villon.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ubi_sunt#:~:text=Ubi%20sunt%20est%20une%20locution,o%C3%B9%20sont(%2Dils)%20%C2%BB.
Ubi sunt.
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***La Ballade des Dames du temps jadis (Testament, vv. 329-356)
Villon a inséré dans son Testament plusieurs ballades, dont certaines sans doute composées plus tôt. La plus célèbre est la Ballade des Dames du temps jadis (Testament, vv. 329-356 ; le titre est de Clément Marot) avec le fameux vers-refrain "Mais où sont les neiges d’antan ?"
Villon y énumère plusieurs dames, historiques, mythologiques ou contemporaines, et se demande où se trouvent ces personnes mortes. Il associe ainsi deux motifs traditionnels, l’ubi sunt et le tempus fugit, topos déjà exploités dans les huitains [Dans le domaine de la versification, petite pièce de poésie ou une strophe comprenant huit vers.] précédents (Testament, vv. 281-328).
Cette ballade a été abondamment commentée. Mais la clef poétique est dans le pluriel, les neiges; car Villon a été le premier à employer le mot au pluriel dans le cadre d’une plainte sur le temps qui passe.
En 1989, Paul Verhuyck a montré, arguments historiques à l’appui, que Villon a décrit des statues de neige, des sculptures de glace. La tradition médiévale des fêtes de neige est amplement attestée, avant et après Villon, avec p.ex. une danse macabre, Jeanne d'Arc, des figures mythologiques, une sirène, Roland, Rainouart, Flora ! Ainsi, le mystère poétique du motif d’ubi sunt réside dans une double mort : Villon ne se demande pas seulement où sont les dames mortes, mais aussi où sont leurs figures de neige, les neiges d’antan. Le mot d’antan avait au XVe siècle encore son sens étymologique : ante annum signifie l’année passée.
***Comme la Ballade des dames du temps jadis forme un triptyque avec la Ballade des seigneurs du temps jadis et la Ballade en vieil langage Françoys (Testament, vv. 357-412), on peut même se demander si la fête de neige ne se prolonge pas dans ces deux dernières ballades.
Si Villon a décrit des sculptures de neige, il a dû s’inspirer d’un hiver particulièrement froid. Or, l’histoire du climat nous apprend que l’hiver de 1457-1458 (n.st.) fut exceptionnellement sévère. Étant donné le sens étymologique d’antan, Villon a écrit cette ballade des dames un an plus tard, en 1458 (1458-1459 n.st.), donc à une époque où il fut absent de Paris. Quoique son Testament ait été écrit vraisemblablement en plusieurs étapes, sa forme définitive semble dater de 1461, après sa libération de la prison de Meung-sur-Loire.
Le Testament passe pour être le chef-d'œuvre de Villon et l'un des plus beaux textes littéraires du Moyen Âge tardif.
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https://www.youtube.com/watch?v=ucmL50H6Kgs
George Brassens chante "La ballade des dames du temps jadis.
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***D'AUTRES RÉFÉRENCES À LA PAGE DES "LIENS ET DOCUMENTS V : LA POÉSIE LYRIQUE DU MOYEN ÂGE"
***VERSIFICATION FRANÇAISE
https://fr.wikipedia.org/wiki/Versification_fran%C3%A7aise
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le jeudi 21 SEPTEMBRE [en ligne]
GRANDS THÈMES DE LA CLASSE :
I. Transition du Moyen Âge au XVIe siècle en poésie : Les Grands Rhétoriqueurs du XVe siècle. Clément Marot (1496-1544) et l'École Lyonnaise : Maurice Scève (1501-1564), Louise Labé (1524-1566).
->DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION :
La lecture en bas.
II. LE CONTEXTE ET L'ÉPOQUE (L'Histoire de la France au XVIe siècle) :
->DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION :
La lecture en bas.
III. Introduction au Commentaire littéraire/Commentaire composé.
***[VOIR LES CONSEILS DE RÉDACTION À LA PAGE DES "ÉVALUATIONS ET COIN DES CONSEILS [GRAMMATICAUX ET AUTRES"]
->DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION :
https://etudiant.lefigaro.fr/article/le-commentaire-de-texte-au-bac-de-francais-methodologie-et-conseils_4376b2a4-65cb-11e9-8e63-23165fe113f9/
Le commentaire de texte au bac de français: méthodologie et conseils. Publié le 23/04/2019 à 18:04 • Mis à jour le 01/04/2022 à 14:45.
https://www.cours-thales.fr/lycee/premiere/le-commentaire-litteraire
Le commentaire littéraire. 2022. QU’EST-CE QU’UN COMMENTAIRE LITTÉRAIRE ?
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I. Transition du Moyen Âge au XVIe siècle en poésie : Les Grands Rhétoriqueurs du XVe siècle. Clément Marot (1496-1544) et l'École Lyonnaise : Maurice Scève (1501-1564), Louise Labé (1524-1566).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grands_rh%C3%A9toriqueurs
Les Grands Rhétoriqueurs du XVe siècle.
Les grands rhétoriqueurs (ou « grands rhéteurs ») est un terme inventé au XIXe siècle pour désigner des poètes de cour de langue française du milieu du XVe siècle au début du XVIe siècle. [...]
Ils ne formaient pas une « école » mais, proches des princes, diplomates ou secrétaires, et communiquant parfois entre eux, ils ont adopté des « principes d’écriture » comparables. Ces poètes vivent dans des cours princières ou royales. Ils sont payés pour montrer leur virtuosité, mais aussi pour louer le mécène qui les nourrit. [...]
TECHNIQUES : Innovateurs, ils affirment leur virtuosité technique dans des poèmes amples et surchargés, développent les métaphores, multiplient les jeux poétiques [...] Ces occupations permettent d’explorer les potentialités de la langue française à un moment où celle-ci est en train de se stabiliser : ces poèmes ont une fonction d’illustration de la langue.
La poésie des grands rhétoriqueurs est une poésie complexe qui se caractérise par l’abondance d’ornements poétiques voyants, et notamment, par une versification complexe.
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II. Contexte de la littérature du XVIe siècle. Histoire de la France. Humanisme, Renaissance, Réforme.
DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION EN CLASSE :
***(2) SUR L'HUMANISME ET LA RENAISSANCE :
https://www.definitions360.com/humanisme/#:~:text=Caract%C3%A9ristiques%20de%20l'humanisme&text=la%20mise%20en%20valeur%20de,en%20valeur%20des%20%C3%A9motions%20humaines
Humanisme : Definition et caractéristiques.
Qu'est-ce que l'humanisme ?
*L'humanisme est un mouvement intellectuel qui a commencé en Italie au XVe siècle à la Renaissance et répandu dans toute l'Europe, rompant avec la forte influence de l'Église et de la pensée religieuse du Moyen Âge. Le théocentrisme (Dieu en tant que centre de tout) cède la place à l'anthropocentrisme, c'est-à-dire l'homme devient le centre d'intérêt.
Dans le domaine des sciences en particulier, la pensée humaniste s’est écartée des dogmes et des diktats de l’église. Elle a ainsi permis des grandes avancées dans des domaines tels que la physique, les mathématiques, l’ingénierie et la médecine.
***[VOIR L'IMPORTANCE DE L'ANTHROPOCENTRISME]
**L'humanisme a développé plusieurs thèmes, tous centrés sur la mise en valeur et la liberté de l'être humain. Parmi ces thèmes, on peut mentionner : la foi en l'homme, le renouveau pédagogique, le retour à la culture antique, la réflexion sur la politique, la spiritualité directe.
Les humanistes voient en l'homme, un être capable de changer le monde, de rendre l'humanité meilleure, grâce notamment à son intelligence, sa curiosité et sa sagesse. Pour les humanistes, il revient donc à l'homme de chercher de la connaissance et de la sagesse. ***Les humanistes prônent une nouvelle manière d'enseigner, c'est-à-dire un enseignement plus pragmatique et la diversification des disciplines. Ils veulent redéfinir la politique, ils sont pacifistes et ils veulent créer un monde idéal, où règne la justice.
***[VOIR LES IDÉES DE RABELAIS ET DE MONTAIGNE SUR L'ÉDUCATION IDÉALE ET L'INSTITUTION DES ENFANTS.]
***Les humanistes prônent aussi le retour à la culture antique pour redonner à l'homme toutes ses vertus. Dans le domaine religieux par exemple, les humanistes prônent la lecture de la bible, c'est-à-dire préfèrent un accès direct à la parole de Dieu à la place des explications des prêtres.
***[VOIR LA RÉVALORISATION DE LA CULTURE ANTIQUE.]
Caractéristiques de l'humanisme
Parmi les principales caractéristiques de l'humanisme on peut citer :
-le marquage de la transition entre le Moyen Âge et la Renaissance ;
-la mise en valeur de l'être humain ;
-l'émergence de la bourgeoisie ;
-l'accent mis sur l'anthropocentrisme, c'est-à-dire l'homme au centre de l'univers ;
-la mise en valeur des émotions humaines ;
-l’abandon des dogmes ;
-la valorisation de débats et opinions divergents ;
-la mise en avant garde du rationalisme et de la méthode scientifique. [...]
Humanisme et Renaissance
Le contexte historique de l'humanisme se confond à celui de la Renaissance, étant donné que c'est la pensée humaniste qui a établi les fondements idéologiques à la base du mouvement de la Renaissance.
Entre le XIVe et le XVIIe siècle, l'humanisme a déterminé une nouvelle posture par rapport aux doctrines religieuses en vigueur à l'époque, en proposant un départ et une interprétation plus rationnelle et anthropocentrique du monde.
Pendant la Renaissance, la pensée humaniste se caractérisait également par des tentatives visant à libérer l'homme des règles strictes du christianisme médiéval. De manière générale, l'humanisme à cette époque constituait une lutte contre l'obscurantisme médiéval et conduisait à la création d'un comportement scientifique exempt de normes théologiques.
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***https://www.definitions360.com/renaissance/
Renaissance : définition et caractéristiques
Qu'est-ce que la Renaissance ?
***La Renaissance est une période de l’histoire mais également un mouvement artistique qui a commencé en Italie aux XIVe et XVe siècles, puis dans toute l’Europe. Elle a pris fin vers la fin du XVIe siècle, notamment avec le maniérisme.
***La Renaissance est également la période qui marque la fin du Moyen Âge et le début des Temps modernes.***
***[LA RENAISSANCE COMME MOUVEMENT ARTISTIQUE ET PÉRIODE DE L'HISTOIRE]
Le terme renaissance est formé du préfixe itératif re- et de naissance. "Re" est un préfixe latin qui signifie «réitération», "naissance" vient du latin natus, né, issu de, qui a reçu le jour de. Par conséquent, la renaissance signifie littéralement naître de nouveau.
La Renaissance tire son nom de la volonté de retrouver la grandeur culturelle du passé gréco-romain, époque où la péninsule italienne était le centre du pouvoir impérial. Florence, Rome, Venise, Gênes, Naples et Milan ont été des scénario cruciaux dans son développement :
[DU THÉOCENTRISME À l'ANTHROPOCENTRISME ET L'INDIVIDUALISME]
La Renaissance s'oppose aux valeurs du Moyen Âge, période caractérisée par la consolidation d'une culture théocentrique et anti-individualiste. En revanche, la Renaissance s'est battue pour sauver les valeurs et les pratiques de l'antiquité classique et promouvoir l'anthropocentrisme et l'individualisme.
La Renaissance a contribué au développement du commerce en Méditerranée et à la formation d'une économie qualifiée par certains de proto-capitaliste. Elle a aussi contribué au développement de la recherche scientifique, la sécularisation de la société, l'apogée des universités et la séparation des concepts d'art et d'artiste, le respect de l’artisanat et artisans.
Origine de la Renaissance
***La Renaissance trouve son origine dans l'accroissement démographique, le développement des villes, des techniques (comme celle de l'imprimerie) et des échanges commerciaux, mais aussi dans l’´émergence d’une nouvelle bourgeoisie. Les changements survenus dans la société et dans l'économie ont entraîné des changements politiques importantes notamment la fin de la féodalité au profit de la notion d’Etat et d'institutions centralisées.
Dates de la Renaissance
Il n’y a pas consensus sur la date du début et de la fin de la Renaissance. On trouve cependant certaines références dans la littérature. D’après les auteurs, la Renaissance est associé à des événements historiques et à des noms d’auteurs, ainsi elle commence :
-dans la période qui marque la vie de Pétrarque (1304 – 1374) ;
-avec la première implantation portugaise en Afrique du Nord (1415);
-avec l'invention de l'imprimerie par Gutenberg (vers 1450);
-***avec la chute de Constantinople (1453) (date retenue par la France) ;
-*avec la prise de Grenade (la fin de la Reconquista, 2 janvier 1492). Cette date marque la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb et la fin du dernier royaume musulman de la péninsule espagnole.
Elle se termine avec l’abjuration de Galilée (1633) ou avec la mort de :
Charles Quint (1558) ;
Giordano Bruno (1600) ;
Henri IV (1610)
Shakespeare (1616) ;
Galilée (1642).
Caractéristiques de la Renaissance
***La Renaissance se caractérise principalement par l'anthropocentrisme, la sécularisation de la société, la valorisation de l'antiquité classique, l'apparition du gentleman, le rationalisme et le scientisme, l'individualisme.
L’anthropocentrisme
La Renaissance propose le passage d'une société et d'une culture théocentriques à une société anthropocentrique, dans laquelle l'être humain est vu comme le centre de l'univers. L'anthropocentrisme était philosophiquement basé sur l'humanisme anthropocentrique.
La sécularisation de la société
C'était le processus par lequel les secteurs civils de la société gagnaient une plus grande influence politique, économique et, surtout, culturelle, par rapport au pouvoir détenu jusque-là par la classe cléricale.
La valorisation de l'antiquité classique
La Renaissance a sauvé de nombreux documents produits dans l'antiquité classique écrits en latin, grec et arabe, qui ont été traduits dans des langues vulgaires au profit de la sécularisation.
L’apparition de l'idée du gentleman : l'idéal de l'homme
La Renaissance a créé l'idéal de l'homme multiple et savant qui devrait connaître tous les sujets. Un homme vertueux, irréprochable, cultivé, qui ne possède pas seulement les vertus, mais ayant également des connaissances solides sur la culture générale. Un homme qui aime le beau, qui sait le mettre en relief et connaît les bonnes manières. Un homme libéré de l'emprise des tabous ecclésiastiques.
***[VOIR LA CONCEPTION DE L'HOMME CHEZ RABELAIS ET MONTAIGNE.]
Le rationalisme et le scientisme
Durant la période de la Renaissance, on était convaincue que tout s'expliquait par la raison et la science. C'est pourquoi la science s'est épanouie et des scientifiques tels que Nicolás Copernicus, Galileo Galilei, Alonso de Santa Cruz, Miguel Servet et Leonardo De Vinci se sont démarqués.
L'individualisme
La Renaissance a favorisé l'idée de la conception de soi, de l'estime de soi, de l'auto-qualification et de l'auto-distinction de l'homme. [...]
La Renaissance et l'Humanisme
***Humanisme anthropocentrique
L'Humanisme est un mouvement intellectuel, philosophique et culturel étroitement lié à la Renaissance. C'est une doctrine philosophique qui consiste en la valorisation de l'homme et la recherche de son bien. [...]
La Renaissance, [...] proposait un humanisme anthropocentrique, qui consistait à valoriser l'être humain en tant qu'individu et sujet, indépendamment des justifications extérieures. Parmi ses principaux promoteurs, on peut citer Erasmus de Rotterdam, Tomás Moro et Leonardo Bruni, entre autres.
II. Introduction au Commentaire littéraire/Commentaire composé.
***[VOIR LES CONSEILS DE RÉDACTION À LA PAGE DES "ÉVALUATIONS ET COIN DES CONSEILS [GRAMMATICAUX ET AUTRES"]
->DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION :
https://etudiant.lefigaro.fr/article/le-commentaire-de-texte-au-bac-de-francais-methodologie-et-conseils_4376b2a4-65cb-11e9-8e63-23165fe113f9/
Le commentaire de texte au bac de français: méthodologie et conseils. Publié le 23/04/2019 à 18:04 • Mis à jour le 01/04/2022 à 14:45.
https://www.cours-thales.fr/lycee/premiere/le-commentaire-litteraire
Le commentaire littéraire. 2022. QU’EST-CE QU’UN COMMENTAIRE LITTÉRAIRE ?
Qu’est-ce qu’un commentaire littéraire ?
Un commentaire littéraire est d’abord un exercice d’écriture visant à expliquer un texte. C’est ensuite un exercice visant à proposer une interprétation de ce texte. Un texte littéraire n’est jamais écrit au hasard : il a toujours un but. Ce but peut être au niveau de l’auteur (partage des sentiments, des craintes, des combats ou des opinions…) ou au niveau de l’oeuvre en général (montrer le conflit familial, présenter la folie d’un personnage…).
En somme, il y a toujours un thème essentiel au texte, et c’est à vous de le trouver et de le développer. Pour réussir un commentaire littéraire, vous devez toujours garder à l’esprit cette question «Qu’a voulu dire l’auteur ?» et veiller à ce que votre analyse réponde bien à ce questionnement. Attention… en aucun cas cette question fait office de problématique (ce n’est pas la question qui doit être visible dans votre devoir, c’est plutôt un «fil rouge» à suivre).
Quels sont les attendus ?
Le commentaire littéraire est un exercice qui doit montrer vos capacités d’analyse et d’expression. En cela, la langue doit être impérativement soignée (faire attention à la ponctuation, à la syntaxe, à la concordance des temps, au registre de langue et bien entendu à l’orthographe) et votre devoir doit être bien organisé.
Vous devez utiliser des connecteurs logiques (essentiels!) et bien articuler vos idées. N’oubliez pas que vous cherchez à montrer que votre lecture du texte est pertinente, votre écrit doit aussi l’être! Vous devez, pour illustrer vos idées et les valider, «donner à voir» le texte. C’est à dire que vous devez analyser les différents procédés utilisés en les citant et en analysant leurs effets : comment comprendre telle figure de style ou telle tonalité? Vous pouvez pour cela mémoriser les trois ingrédients essentiels de la recette : PROCÉDÉS + ANALYSE+ CITATION. Attention : le texte n’est pas prétexte à vos idées. Ne faites pas dire au texte ce qu’il ne dit pas sous prétexte que cela «colle» avec votre idée. Vous devez partir de lui pour en dégager une interprétation et non l’inverse. Or, sur votre copie, vous commencerez par proposer votre idée, que vous expliquerez avec l’analyse du procédés et que vous illustrerez par la citation correspondante. Enfin, il ne s’agit pas d’établir un catalogue de procédés… si vous ne proposez pas d’analyse ni d’interprétation de ces derniers, votre travail ne servira à rien! Les trois ingrédients ne sont pas dissociables.
Par Angela Vidal, professeure de français au lycée et dans le cadre de nos préparations Cours Thalès.
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->EXEMPLE : COMMENTAIRE LITTÉRAIRE DE La Ballade des pendus de François Villon.
Introduction :
La Ballade des pendus, composée par François Villon, est l'un des poèmes les plus emblématiques de la poésie médiévale française. Œuvre majeure du Moyen Âge, elle se distingue par sa structure et son contenu reliés d'une façon exceptionnelle. Villon, poète au destin tourmenté, y donne la parole à des pendus imaginaires qui, depuis l'au-delà, partagent leur vision de la mort et de la justice divine. Ce poème suscite une réflexion profonde sur la condition humaine et l'injustice sociale. Dans cette analyse, nous aborderons trois axes de lecture : la forme poétique, la critique sociale, et l'universalité de la thématique.
Développement :
1. La forme poétique :
Composée de trois strophes de dix vers et d'un quintil {=strophe de cinq vers), appelé un "envoi", La Ballade des pendus suit la forme fixe de la ballade médiévale. Cette structure, combinée à l'emploi de rimes croisées, confère au poème une harmonie musicale qui contraste avec son sujet sombre. Villon utilise également le refrain du "Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !" pour renforcer le thème du pardon, créant ainsi une mélodie poétique soutenue du début jusqu'à la fin du poème. La forme contrainte de la ballade permet à Villon d'exprimer des émotions profondes tout en imposant une rigueur formelle. [AJOUTER DES CITATIONS DU POÈME]
2. La critique sociale :
Au-delà de sa structure, la Ballade des pendus est un cri poignant contre l'injustice sociale. Villon, lui-même confronté à la criminalité et à la marginalisation, utilise la voix des pendus fictifs pour dénoncer les abus du pouvoir et la cruauté de la justice de son époque. Les pendus, désormais libérés de la société, se moquent des privilégiés et des puissants qui les ont condamnés à mort. Le poème révèle ainsi la précarité de la vie à cette époque, mettant en lumière les inégalités sociales et la brutalité du système judiciaire médiéval. [AJOUTER DES CITATIONS DU POÈME]
3. L'universalité de la thématique :
Malgré son ancrage historique, la Ballade des pendus aborde des thèmes universels. Les pendus fictifs, en interrogeant sur le devenir de leurs vies passées, soulignent l'inéluctabilité de la mort et de la justice divine. Le poème invite ainsi le lecteur à méditer sur sa propre mortalité et à se questionner sur sa propre conduite. En ce sens, la Ballade des pendus transcende son contexte médiéval pour parler à toute l'humanité, faisant écho à des préoccupations intemporelles sur la vie, la mort et la moralité. [AJOUTER DES CITATIONS DU POÈME]
Conclusion :
La Ballade des pendus de François Villon est un chef-d'œuvre littéraire qui allie une forme poétique complexe à une critique sociale poignante et à une réflexion universelle sur la condition humaine. Ce poème demeure un témoignage intemporel de la capacité de la poésie à transcender les époques et à toucher le cœur des lecteurs, tout en rappelant l'importance de la justice et de l'égalité dans la société.
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le mardi 26 SEPTEMBRE
EXAMEN À FAIRE EN CLASSE
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le jeudi 28 SEPTEMBRE
le mardi 3 OCTOBRE
A. Introduction à la poésie du XVIe siècle. La poésie de La Pléiade. La Défense et l’illustration de la langue française (1549).
THÈMES :
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LE JEUDI 28 SEPTEMBRE :
***(1) INTRODUCTION GÉNÉRALE : LA POÉSIE AU XVIe SIÈCLE. LA PLÉIADE [RONSARD ET DU BELLAY] :
SUR La Défense et l’illustration de la langue française.
***(2) ANALYSE DE LA POÉSIE DE PIERRE DE RONSARD AVEC LA MÉTHODE DU COMMENTAIRE LITTÉRAIRE :
Pierre de Ronsard.
« Mignonne, allons voir si la rose ». Odes. (1550) A Cassandre Salviati.
la versification, l'ode
le thème du carpe diem
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LE MARDI 3 OCTOBRE :
***(2) ANALYSE DE LA POÉSIE DE PIERRE DE RONSARD AVEC LA MÉTHODE DU COMMENTAIRE LITTÉRAIRE :
« Quand vous serez bien vieille ». Sonnets pour Hélène. (1578). A Hélène de Surgères.
la versification, le sonnet
le thème du carpe diem
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DOCUMENTS À LIRE POUR LA DISCUSSION EN CLASSE :
POUR LE JEUDI 28 SEPTEMBRE :
***(1) SUR LA PLÉIADE ET SES POÈTES PRINCIPAUX (Joachim Du Bellay et Pierre de Ronsard) : [OBLIGATOIRE (***)]
http://www.bacfrancais.com/bac_francais/mouvement-la-pleiade.php
Les mouvements littéraires. La Pléiade. Les Pléiades, dans la mythologie grecque, sont les sept filles de Pléioné et d'Atlas, qui furent métamorphosées en groupe de sept étoiles (constellation du Taureau) après leur suicide. Au 3ème siècle avant J.-C., la Pléiade désignera un groupe de sept poètes grecs d'Alexandrie.
***En France, vers le milieu du 16ème siècle, Pierre de Ronsard prend l'initiative de regrouper autour de lui et de Joachim du Bellay une « Brigade idéale » de poètes, afin de former une nouvelle Pléiade. Cette constellation de sept « étoiles littéraires », baptisée « Pléiade » en 1553, connaîtra quelques changements. Elle comptera en son sein (en plus de Ronsard et Du Bellay) J.A. de Baïf, Pontus de Tyard, E. Jodelle, Dorat (successeur en 1582 de J. Peletier du Mans, lui-même remplaçant de Guillaume des Autels) et R. Belleau (successeur en 1554 de J. de La Péruse).
I) Genèse du mouvement
Le noyau dur de la future Pléiade, formé de Ronsard, Du Bellay et Baïf, s'est constitué dès 1547 au Collège de Coqueret de Paris, où les jeunes gens suivent les enseignements de l'helléniste Dorat. Dans son établissement, ils se nourrissent des grandes oeuvres de l'Antiquité grecque et romaine, notamment Pindare, Horace et Platon. Ils lisent en italien les poètes modernes l'Arioste et Pétrarque. Le recueil Canzionere de Pétrarque aura une influence déterminante sur les poètes de La Pléiade. Ils ambitionnent de l'imiter en donnant à la poésie moderne la grandeur des lettres anciennes.
En 1549, Du Bellay publie le manifeste fondateur de la Brigade, inspiré du Dialogo delle lingue de Speroni. L'art poétique y est défini comme devant être une libre imitation des Anciens, dans le respect des règles de versification françaises. La haute mission du poète de la Pléiade, conformément aux enseignements de Platon, est de se dédier tout entier à l'inspiration divine et la servir en devenant son instrument conscient. Le poète de La Pléiade se démarque totalement de l'amuseur médiéval en assumant ce don divin et la mission qu'il suppose : célébrer les valeurs éternelles.
En 1553, à l'occasion de la représentation de Cléopâtre captive, première tragédie humaniste du dramaturge et poète Jodelle, la Brigade s'enrichit de trois nouveaux membres issus du Collège de Boncourt : Jodelle, La Péruse et Belleau (ce dernier n'intègrera La Pléiade qu'à la mort de La Péruse en 1554).
***En 1553 la Brigade laisse place à la Pléiade.
***II) L'imitation des Anciens
L'imitation des Anciens constitue pour La Pléiade, non pas une vulgaire reproduction des oeuvres antiques, mais une assimilation et une appropriation des textes sources qui viennent imprégner et inspirer la plume des sept poètes. L'imitation des Anciens n'est pas servile mais libre. Elle s'accomplit dans le processus de re-création, donnant naissance à une oeuvre originale et personnelle qui doit s'approcher le plus possible de la perfection et répondre à l'idéal néoplatonicien. Les poètes de la Pléiade imitent également les écrivains contemporains italiens et se plaisent à s'imiter entre eux, acceptant de se nourrir mutuellement.
III) L'écriture poétique de La Pléiade
La Pléiade s'est donnée pour mission principale de redorer le blason de la langue française et de l'imposer comme langue poétique face à la prédominance du latin.
Dans sa vocation affirmée de faire revivre la richesse des textes anciens, La Pléiade ne s'impose aucune limite et exploite toutes les formes poétiques antiques (odes, hymnes, épopées, élégies...), tandis que les formes médiévales (ballades, rondeaux...) sont délaissées. Le mouvement donne ses lettres de noblesse au sonnet cher à Pétrarque et popularisé en France par Marot. Il ne néglige aucune tonalité (comique, tragique, lyrique, satirique...).
Contrairement au Moyen-Age qui privilégiait dans la métrique les prouesses techniques, il s'agit maintenant de viser la musicalité et l'harmonie : dans Hymnes, Ronsard exalte la majesté de l'alexandrin. L'alternance des rimes féminines et masculines est largement respectée dans ce même souci harmonique. Le poète soigne la rime, qui doit être riche. [ENRICHISSEMENT DE LA RIME]
Enfin, l'enrichissement du vocabulaire passe par l'utilisation de termes rares et anciens aussi bien que par l'invention de néologismes et l'emprunt à d'autres langues (anciennes, régionales ou étrangères). La syntaxe de leurs oeuvres est inspirée de la syntaxe grecque et latine. [ENRICHISSEMENT DU VOCABULAIRE]
Le style s'enrichit d'un foisonnement de figures propres à stimuler l'imagination et à se distinguer du langage prosaïque : allégories, métaphores, comparaisons, périphrases... [ENRICHISSEMENT DU STYLE AVEC DES FIGURES DE RHÉTORIQUE]
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http://www.espacefrancais.com/la-pleiade/
http://www.etudes-litteraires.com/pleiade.php
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http://www.cosmovisions.com/litteratureFrancaise16Poesie.htm
Ronsard et la Pléiade.
On a désigné sons le nom de Pléiade, dans l'histoire de diverses littératures, des groupes de sept poètes formant une sorte de constellation littéraire.
(1) Le premier auquel on ait appliqué cette désignation est celui qui florissait à Alexandrie sous Ptolémée Philadelphe et comprenait Lycophron de Chalcis, Alexandre l'Etolien, Philisan de Corcyre, Homère de Byzance, Sosithée d'Alexandrie (Troade), Sosiphanes de Syracuse et Aeantides ou Dionysiades de Tarse,
(2) On l'a attribué aussi aux savants dont Charlemagne encourageait les efforts : Alcuin, Angilbert, Riculfe, etc.,
(3) parfois même aux sept troubadours qui fondèrent à Toulouse en 1324 la Sobregaya companhia del gay saber (Jeux floraux).
***(4) Mais le groupe le plus célèbre qui ait porté ce nom, et le seul peut-être qui ce le soit appliqué à lui-même (après avoir pris d'abord dans la période de combat celui de brigade), est celui qui, vers le milieu du XVIe siècle, se forma autour de Ronsard.
[...] cette troupe de jeunes poètes accomplissaient une réforme littéraire. Jusque-là l'étude de l'Antiquité avait été négligée; on se contentait de suivre les traditions du moyen âge; des poètes comprirent qu'il y avait une autre voie à suivre. On vit une troupe d'écrivains sortir de l'école de Jean Dorat et marcher à la conquête de la poésie. Dorat, professeur de Baïf, eut aussi pour élèves Ronsard, Lancelot, Du Bellay, Muret. C'est Joachim Du Bellay qui se mit à la tête de cette révolution littéraire, et qui, entre 1549 et 1550, écrivit l'Illustration de la langue française. Il voulait faire faire un pas à la langue française qui, du reste, depuis François Ier, avait bien progressé. Du Bellay passe le Rubicon et déclare la guerre a l'école de Marot. Ronsard, Ponthus de Thiard, Remy Belleau, Etienne Jodelle, Baïf font la guerre aux modernes et plaident pour les anciens, auxquels ils gagnent Maurice Sève et Théodore de Bèze.
Outre Ronsard, la Pléiade se composait de Du Bellay, Jean Dorat, Rémy Belleau, Etienne Jodelle, Baïf et Pontus de Thyard, et l'on y ajoute aussi Amadis Jamyn. Laissant de côté les poètes les moins importants de la pléiade, il convient de retenir surtout les noms de Bellay, de Ronsard et de Jodelle, qui s'était donné une mission spéciale.
Joachim Du Bellay.
Joachim Du Bellay (1524.1560) a su mériter le surnom d'Ovide français, mais son plus grand titre de gloire est d'avoir écrit l'oeuvre qui donna le signal de la lutte contre l'ancienne école. Après avoir sonné la charge, il se retira du champ de bataille, et, lorsque la querelle s'envenima, il tenta de la pacifier. Le manifeste de la nouvelle école avait paru cinq ans après la mort de Marot et deux ans après l'Art poétique de Sébilet; ceux qui s'y enrôlèrent furent appelés la brigade, et une fois victorieux ils se mirent de leurs propres mains au ciel et s'appelèrent la pléiade.
***(2) Pierre de Ronsard.
Pierre de Ronsard (1524-1585) fut le véritable créateur de la pléiade. Cette pléiade, bien qu'elle comptât des poètes médiocres, fut couverte d'applaudissements unanimes, et Ronsard fut célèbre jusqu'à l'étranger. Elisabeth d'Angleterre lui adressa des éloges, et le Tasse, lorsqu'en 1571 il vint à Paris, voulut être présenté à Ronsard et lui lire son Godefroy. Plein de l'étude de l'Antiquité qu'il voulait introduire en France, Ronsard a écrit des odes, des sonnets, des églogues, des idylles gothiques et un poème héroïque, la Franciade; mais, si beaucoup de ces oeuvres sont lourdes, bizarres, pleines d'emphase, du moins au XVIe siècle reste-t-il maître dans l'élégie. Ronsard ne se contente pas de cultiver les genres : il règle tout, mais en brouillant tout; il se livra à un véritable pillage de l'Antiquité. Ne trouvant pas la langue suffisamment noble ni riche, il emprunta les mots eux-mêmes à l'Antiquité grecque et latine, et, prenant même les patois pour des dialectes, il conseilla de leur faire des emprunts. Ses tentatives d'enrichissement aboutirent à un amalgame de langues savantes et de patois provinciaux, bariolé d'italien, de mots grecs et latins, de mots savants et de mots de boutique, vrai pêle-mêle qui a donné à Ronsard une sorte d'immortalité ridicule. Mais si dans l'âge suivant, comme le dit Boileau, on devait voir tomber de ses grands mots le faste pédantesque, il n'en a pas moins mérité, par un certain côté, les honneurs que lui prodigua son siècle et jusqu'à la statue de marbre qu'on lui éleva. Jusque-là on s'était contenté de traduire les anciens, il sentit qu'on pouvait les imiter, et l'on doit également lui savoir gré d'avoir le premier visé à la noblesse et à l'éclat du langage.
Les théories de la Pléiade.
Cette jeune école, animée des plus nobles désirs, proscrit le rondeau, le triolet et introduit les grands genres, l'ode, la tragédie, l'épopée. La langue gagna beaucoup à ce généreux effort; elle s'enrichit de mots, de tours nouveaux et de formes poétiques. Les plus essentielles des théories qui fondaient ces choix sont exposées dans la Defense et Illustration de la langue françoise de Du Bellay (1548). Ce livre, manifeste et programme, est un ardent plaidoyer en faveur de la langue française. L'auteur démontre que cette langue n'a on elle-même rien qui la rende inférieure aux langues anciennes; que sa seule infériorité est d'avoir été maniée par des écrivains médiocres et qu'il suffirait, pour qu'elle égalât le latin et le grec, que de grands esprits la prissent pour véhicule de belles pensées et de nobles sentiments. Ces idées si pleines de bon sens avaient déjà été exprimées un siècle auparavant à propos d'une autre langue moderne par les érudits italiens, notamment par Léon-Battista Alberti, mais elles étaient toutes nouvelles en France.
Le tort de la Pléiade a été de croire que cet enrichissement de la poésie française ne pouvait se faire que par le pillage de l'Antiquité; elle s'est trop défiée de l'inspiration spontanée et a trop borné le rôle du poète à celui d'un traducteur ou du moins d'un adaptateur; elle a tourné le dos au peuple et est devenue une école de mandarins aristocrates et érudits. Son ambition a été surtout d'introduire en France les grands genres classiques : Ronsard, se faisant la part du lion, choisit l'épopée; Jodelle eut la poésie dramatique, lourde tâche à laquelle il était tout à fait inférieur; Belleau, la poésie pastorale et descriptive; tous se partagèrent la poésie lyrique, dont Ronsard avait déjà confisqué une bonne partie. Ils avaient d'abord conçu celle-ci, Ronsard notamment, à la façon de Pindare; ils marchèrent ensuite, mieux avisés et plus heureux, sur les traces d'Anacréon et d'Horace, sans jamais cesser de puiser à la poésie italienne; mais cet emprunt à une poésie moderne ne les rapprochait guère de leur temps, car ce qu'ils y prenaient c'est précisément ce qu'elle avait de plus raffiné et même de plus factice, puisqu'ils imitaient de préférence Pétrarque ou les Pétrarquistes, qui, en deux siècles d'imitation, avaient noyé tout ce qu'il y avait d'original on de profond dans la poésie du maître. On a donc eu quelques raisons de juger sévèrement les théories poétiques de la Pléiade.
En ce qui concerne la langue, on a été plus sévère encore, mais avec moins de justice et sans sa préoccuper toujours de bien comprendre des théories que l'on condamnait sur la foi de Boileau. On a jeté à la tête de Ronsard quelques vers ridicules et les pédantesques créations de Du Bartas dont il ne pouvait mais, et on n'a pas tenu assez de compte des conseils très sensés que Du Bellay et lui donnent à leurs amis; ces conseils peuvent se résumer ainsi : on doit enrichir la langue, non en y faisant entrer de force des mots grecs et latins, mais en formant, à l'image de ces deux langues, des dérivés et composés (c'est ce que Ronsard appelle, d'un mot heureux, le provignement), en faisant revivre des mots tombés de l'usage, en introduisant dans la langue littéraire des termes techniques ou empruntés aux dialectes. On peut reprocher à la Pléiade d'avoir en, en fait de langue, le souci de l'enrichissement plus que celui de la pureté; mais les moyens de l'obtenir étaient certainement les meilleurs. Si Ronsard et ses amis eussent eu un esprit plus créateur, ils se fussent spontanément, et en dépit même de leurs théories, dégagés de l'imitation antique; avec un peu plus de goût, ils eussent parlé une langue plus sobre et plus une, et notre grande période littéraire eût pu apparaître un siècle plus tôt. (A. Jeanroy).
(4) SUR La Défense et l’illustration de la langue française (1549) :
http://www.espacefrancais.com/defense-et-illustration-de-la-langue-francaise/
http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/Du_Bellay.htm
Joachim du Bellay. La Deffence et Illustration de la Langue Françoyse (1549). Texte intégral.
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B. Analyse et discussion de deux poèmes de Pierre de Ronsard avec la méthode du commentaire littéraire.
La poésie de Pierre de Ronsard (1524-1585). http://www.cosmovisions.com/litteratureFrancaise16Poesie.htm
Pierre de Ronsard fut le véritable créateur de la Pléiade. Plein de l'étude de l'Antiquité qu'il voulait introduire en France, Ronsard a écrit des odes, des sonnets, des églogues, des idylles gothiques et un poème héroïque, la Franciade; [...] au XVIe siècle reste-t-il maître dans l'élégie. http://www.cosmovisions.com/litteratureFrancaise16Poesie.htm
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https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775136-pierre-de-ronsard-biographie-courte-dates-citations/
BIOGRAPHIE DE RONSARD - ***DATES CLÉS :
11 septembre 1524 : Naissance de Pierre de Ronsard
Le 11 septembre 1524 naît en Vendômois l'un des plus grands poètes français de son époque, Pierre de Ronsard. Baptisé « prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard a marqué de son talent la littérature française de la Renaissance.
1553 : Formation de la Pléiade
Ronsard et du Bellay, inséparables depuis leur rencontre en 1547, fondent en 1549 un groupe de gens de lettres qui prend le nom de Brigade, rebaptisé la Pléiade en 1553. Le groupe se donne pour mission de définir de nouvelles règles poétiques. Ils rédigent en 1549 une « Défense et illustration de la langue française », prônant l’usage du français en poésie, contre celui du latin, jusqu’alors quasi-exclusif. Ils souhaitent rendre la langue française moins « barbare et vulgaire » en l’enrichissant, et re-populariser les genres poétiques utilisés pendant l’antiquité : élégie, sonnet, tragédie…
1552 : Parution des "Amours de Cassandre"
En 1552, Pierre de Ronsard publie Les Amours de Cassandre, un recueil en décasyllabes, qui confirme son talent, malgré quelques réticences de la cour suite à son changement de style. Le recueil est repris une première fois en 1553, et c'est à cette période qu'il gagne son surnom de "Prince des poètes". D'autres tomes suivent, faisant des Amours une œuvre dans laquelle Ronsard fixe les règles du sonnet.
1565 : Charles IX lui offre le prieuré de Saint-Cosme
Poète et aumônier du roi Charles IX entre 1560 et 1571, Pierre de Ronsard est récompensé par le roi qui lui offre le prieuré de Saint-Cosme, en 1565. Ce don permet à Ronsard de pouvoir s'éloigner de la cour et de se concentrer sur l'écriture de ses œuvres poétiques.
28 décembre 1585 : Mort de Pierre de Ronsard
Après une carrière de poète engagé, Pierre de Ronsard meurt des suites d'une longue maladie dans la nuit du 27 au 28 décembre 1585, entouré de ses amis. Il est enseveli dans la crypte de l'église du prieuré de Saint-Cosme, aujourd'hui en ruine.
B. ANALYSE ET DISCUSSION D'UN POÈME DE RONSARD :
->DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION :
POUR LE JEUDI 28 SEPTEMBRE :
(1) Pierre de Ronsard. « Mignonne, allons voir si la rose ». Odes. (1550) A Cassandre Salviati.
[L'ode est une forme de poème antique composée de trois sizains d'octosyllabes (dans chaque sizain, quatre rimes embrassées <abba> suivent deux rimes plates <aa>). Chez les Grecs, l'ode est un poème destiné à être chanté. C'est donc un poème lyrique destiné à célébrer de grands événements ou de hauts personnages ou encore à exprimer ses sentiments. Ici, c'est un poème qui exprime l'amour.]
https://bacdefrancais.net/mignonne.php
Mignonne. A Cassandre.
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au votre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
"Odes", I, 17
RAPPEL :
Versification française.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Versification_fran%C3%A7aise
->DOCUMENTS D'APPUI :
http://commentairecompose.fr/mignonne-allons-voir-si-la-rose/
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->DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION :
POUR LE MARDI 3 OCTOBRE :
(2) Pierre de Ronsard. « Quand vous serez bien vieille ». Sonnets pour Hélène. (1578). A Hélène de Surgères.
[Le sonnet de Ronsard comprend quatorze vers (généralement, des alexandrins : L'alexandrin est, en métrique française classique, un vers composé formé de deux hémistiches (ou sous-vers) de six syllabes chacun, soit un total de douze syllabes. L'alexandrin, qui doit son nom à sa première apparition dans le Roman d'Alexandre <poème narratif anonyme du xiie siècle>, est le mètre le plus utilisé dans la langue française, dans tous les types d'expression poétique comme les textes du théâtre classique.) répartis en deux quatrains à rimes embrassées <abba>, sur deux rimes, et un sizain correspondant à un distique <cc> (=en français, groupe de deux vers formant un sens complet.) suivi d’un quatrain à rimes embrassées <deed>, sizain que la typographie divise artificiellement en deux tercets <ccd eed> pour qu’ils répondent structurellement aux deux quatrains. On obtient ainsi la combinaison <abba abba ccd eed>.]
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, A
Assise auprès du feu, dévidant et filant, B
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : B
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle. A
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle, A
Déjà sous le labeur à demi sommeillant, B
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant, B
Bénissant votre nom de louange immortelle. A
Je serai sous la terre et fantôme sans os : C
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos : C
Vous serez au foyer une vieille accroupie, D
Regrettant mon amour et votre fier dédain. E
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : E
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. D
http://www.bacfrancais.com/bac_francais/318-ronsard-quand-vous-serez-bien-vieille.php
http://commentairecompose.fr/sonnet-pour-helene/
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POUR LA LECTURE À VOIX HAUTE/À HAUTE VOIX :
https://www.youtube.com/watch?v=Zigj1ylrgqg
"Quand vous serez bien vieille" Sonnets pour Hélène - Livre II - XXIV Pierre de Ronsard (1524-1585) Lecture : AB Portrait de couverture : Peintre inconnu Illustration de fond : Sandro Botticelli Fond musical : "Sad Minuet" - Sir Cubworth (YouTube Audio Library) Musique outro : "A Quiet Thought" - Wayne Jones (YouTube Audio Library)
https://www.youtube.com/watch?v=Wol9ZhTjPNM
La minute de poésie : Quand vous serez bien vieille [Pierre de Ronsard] Voix : Michael Mansour - Musique : Carl Aubut - Titre: Azur Montage : Robert Chidiac.
https://www.youtube.com/watch?v=nlpiODIWpsY
Sonnet | Poème écrit par Pierre de RONSARD (1524-1585) Extrait du recueil Sonnets Pour Hélène Dit par Laurent NOGATCHEWSKY.
RAPPEL :
Versification française.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Versification_fran%C3%A7aise
->DOCUMENTS D'APPUI :
http://www.bacdefrancais.net/quand-vous-serez-bien-vieille-ronsard.php
http://www.bacfrancais.com/bac_francais/318-ronsard-quand-vous-serez-bien-vieille.php?PARRAIN_ID=2895
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ATTENTION !
DES RÉFÉRENCES IMPORTANTES POUR L'ÉTUDE DE LA POÉSIE DE RONSARD :
ÉPICURE
HORACE
PÉTRARQUE
I
Épicure, philosophe grec (341 – 270 av. J.-C.)
Épicure, philosophe du plaisir minimal et de la non-souffrance. Épicure et Lucrèce sont les grands représentants du matérialisme antique : à leurs yeux, tout est matériel, y compris l’âme humaine.
L'épicurisme est un courant issu de la philosophie antique ayant pour objectif principal l'atteinte du bonheur par la satisfaction des seuls désirs « naturels et nécessaires ».
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https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775354-horace-biographie-courte-dates-citations/
Horace, poète latin (65 - 8 av. J.-C.)
Poète latin, Horace a fortement influencé le développement de la littérature latine. Auteur de poèmes lyriques tels que "Les Odes", la pensée morale tient également une place importante dans son oeuvre.
Véritable tournant dans l'oeuvre du poète, Les Odes marquent le passage de ce dernier vers le lyrisme. À travers l'harmonie de ses Odes, dont la forme savante et soignée, emprunte une grande variété de rythmes, Horace crée un lyrisme nouveau. Si certaines odes, comme les Odes romaines qui ouvrent le livre III célèbrent les grandeurs de Rome, ses anciennes vertus, et les triomphes d'Auguste, le poète n'en oublie pas ses thèmes de prédilection : la maîtrise de soi et de ses désirs, ainsi que le souci de l'essentiel. À travers ses odes morales, le poète exprime ses sentiments, notamment son intérêt pour l'épicurisme et le stoïcisme comme mode de vie. C'est d'ailleurs Horace, qui dans le premier livre de ses Odes fait naître la maxime Carpe diem, selon laquelle, il est important de vivre le moment présent et d'en tirer toutes les joies.
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https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775456-francesco-petrarque-biographie-courte-dates-citations/
Pétrarque, poète italien (1304-1374)
Poète toscan, Pétrarque est l'un des auteurs les plus importants de la littérature italienne médiévale. Précurseur de l'humanisme, il est connu pour son "Canzoniere", un recueil chantant les louanges de Laure de Sade. Pétrarque est considéré, au même titre que Dante et Boccace, comme l'un des auteurs majeurs ayant le plus contribué à l'utilisation du toscan (à l'origine de l'italien moderne) comme langue d'écriture et plus globalement au rayonnement de la littérature italienne. Considéré comme l'œuvre principale de Pétrarque, le Canzoniere est un recueil de 366 poèmes lyriques, tous dédiés à sa muse et principale source d'inspiration : Laure de Sade. Cette dernière a été aperçue par l'auteur à la sortie d'une église d'Avignon, une rencontre brève mais suffisante pour que Pétrarque tombe sous le charme de la jeune fille. Avec le Canzoniere, on observe une récurrence de l'utilisation des sonnets dans la structure de la plupart des poèmes. Beaucoup considèrent que c'est grâce à Pétrarque et à son Canzoniere que cette forme de poésie a gagné ses lettres de noblesse. Le pétrarquisme, un mouvement poétique du XVIe siècle où il est principalement question d'amour, a été grandement influencé par le Canzoniere de l'auteur italien. Et bien que les relations amoureuses tiennent un rôle de premier plan dans les poèmes de Pétrarque, d'autres thèmes plus profonds sont également abordés. Il est par exemple question de politique, de religion et de spiritualité.
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DES RÉFÉRENCES IMPORTANTES POUR LE COMMENTAIRE COMPOSÉ/LITTÉRAIRE DE LA POÉSIE DE RONSARD :
II
https://etudiant.lefigaro.fr/article/le-commentaire-de-texte-au-bac-de-francais-methodologie-et-conseils_4376b2a4-65cb-11e9-8e63-23165fe113f9/
Le commentaire de texte au bac de français: méthodologie et conseils. Publié le 23/04/2019 à 18:04 • Mis à jour le 01/04/2022 à 14:45.
POUR LE FORMAT DE L'INTRODUCTION DANS UN COMMENTAIRE LITTÉRAIRE :
***Introduire : 1 seul paragraphe (mais 4 étapes)
Étape 1: présenter le texte : nom de l’auteur, titre de l’œuvre et date de parution, contexte (siècle, mouvement littéraire).
Étape 2: situer l’extrait / résumer brièvement : situer la place de l’extrait dans l’œuvre complète (scène d’exposition, dénouement, incipit, ...). Résumer l’idée générale ou le thème du texte.
Étape 3: problématique: sous forme interrogative ou affirmative. Il s’agit du fil rouge de votre développement: chaque partie devra y apporter une réponse.
Astuce: pour trouver la problématique, il faut rechercher un paradoxe, une tension entre le fond (les idées, les enjeux, les thèmes) et la forme (la manière dont le texte est écrit, les caractéristiques génériques).
Étape 4: annonce du plan fluide en évitant les lourdeurs.
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EXEMPLES :
Pierre de Ronsard. « Quand vous serez bien vieille ». Sonnets pour Hélène. (1578). A Hélène de Surgères.
Introduction 1 :
En 1578, alors qu'il sent la vieillesse approcher, Pierre de Ronsard, « prince des poètes » au XVI° siècle, écrit les Sonnets pour Hélène. Ce recueil poétique célèbre son amour pour une jeune femme, Hélène de Surgères. Dans le 24° sonnet de la 2° partie, "Quand vous serez bien vieille", il lui présente d'abord un tableau saisissant de la vieillesse et de la mort, avant de lui proposer un véritable Carpe Diem.
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Introduction 2 :
Pierre de Ronsard, poète du XVIe siècle et chef de file du groupe de La Pléiade, est connu par-dessus tout pour sa poésie amoureuse, dont fait partie le recueil Sonnets pour Hélène auquel appartient le poème "Quand vous serez bien vieille". Publié en 1578, alors que Ronsard est déjà célèbre, le poème s’adresse à Hélène de Surgères. Dans ce sonnet en alexandrins, le poète s’efforce de la séduire en lui dressant le tableau de la vieillesse solitaire qui l’attend si elle refuse ses avances. Nous verrons que dans ce sonnet, Ronsard adopte une stratégie de séduction paradoxale, puis nous aborderons la morale épicurienne qui ressort de ce texte et pour terminer, nous soulignerons le pouvoir de célébration de la poésie que Ronsard met en avant dans ce poème.
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- RAPPEL -
POUR FAIRE L'ANALYSE DES POÈMES DE RONSARD ET DU BELLAY, ATTENTION :
(1) À la forme poétique et la versification
(2) Aux champs lexicaux
(3) Aux figures de style
(4) Au ton
(5) À l'énonciation/la voix poétique
(6) Aux TOPOI (=un motif, un thème qui se retrouve dans plusieurs œuvres) récurrents : la fuite du temps, le carpe diem, la comparaison femme-fleur, la dame cruelle, le poète-amoureux souffrant, la vie comme voyage, les représentations de l'amour, etc.
(7) les sources de l'Antiquité greco-romaine et l'influence italienne
(8) l'expression des sentiments personnels et la portée universelle du cette expression
(9) le rapport/la relation entre tous ces éléments
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AIDE-MÉMOIRE DE TERMES TECHNIQUES UTILISÉS POUR L'ANALYSE DE POÈMES
un vers, une strophe, un hémistiche, une césure, un enjambement, un rejet, un alexandrin, la syllabe comme unité de mesure, la métrique, octosyllabe, décasyllabe, sizain, quatrain, tercet, distique, la rime, des rimes croisées, des rimes embrassées, des rimes suivies ou plates, le "e caduc", une rime féminine, une rime masculine.
***VOIR AUSSI :
Versification française.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Versification_fran%C3%A7aise
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le jeudi 5 OCTOBRE
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THÈMES :
(1) Introduction à la poésie de Joachim du Bellay (1522-1560).
(2) ***(2) Lecture expressive, analyse et discussion du poème de Joachim du Bellay : « Heureux qui comme Ulysse ». Les Regrets. (1558).
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(1) Introduction à la poésie de Joachim du Bellay (1522-1560). Poète de la Renaissance, il est à l'origine de la Pléiade avec Pierre de Ronsard. Auteur de nombreux sonnets, dont les plus célèbres sont contenus dans Les Regrets publiés en 1558.
https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775062-joachim-du-bellay-biographie-courte-dates-citations/
Biographie courte de Joachim du Bellay - Joachim Du Bellay, poète français de la Renaissance, s'intéresse aux lettres après une courte carrière militaire. Né à Liré, dans la région angevine, en 1522, il découvre les auteurs de l'Antiquité grecque et romaine et compose alors ses premiers poèmes. Il écrit d'abord des sonnets amoureux en décasyllabe (vers de dix syllabes) comme dans l'Olive en 1549. Du Bellay choisit ensuite d'opter pour l'alexandrin (vers formé de deux hémistiches de six syllabes chacun), forme avec laquelle il signe son plus grand succès : Les Regrets en 1558. Après être gravement tombé malade, Joachim du Bellay meurt d'apoplexie le 1er janvier 1560 rue Massillon à Paris, âgé de 37 ans. Il sera inhumé dans une chapelle de Notre-Dame de Paris.
***Les Regrets (1558) de Joachim du Bellay -
Ce recueil de sonnets, écrit pendant un exil de quatre années à Rome, exprime sa nostalgie de la France mais également les doutes et aspirations du poète. En effet, écrit pendant le voyage du poète à Rome (1553-1557), où il accompagne un lointain parent à la Cour du Pape, Joachim du Bellay ressent un profond mal du pays. Les intrigues de la Cour papale, l'ennui produit par sa charge d'intendant et le profond attachement à la France et à sa province donnent un accès de mélancolie au poète. Le recueil comprend près de 191 sonnets, tous écrits en alexandrin, alternant l'élégie (=une élégie est un poème dont le sentiment dominant est la tristesse, la mélancolie. Le thème peut être la nostalgie, la mort, la fuite du temps, le deuil ou la rupture amoureuse, la peine, le regret, l'exil, le mal du pays, etc.), la satire et l'éloge. Il s'inspire notamment du célèbre mythe d'Ulysse, ce qui donne l'une de ses citations les plus célèbres : "Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage". Les Regrets sont publiés au retour en France de l'auteur, en 1558, par l'imprimeur Frédéric Morel.
JOACHIM DU BELLAY : DATES CLÉS
vers 1522 : Naissance du poète français Joachim du Bellay
L'année 1522 voit la naissance à Liré en Anjou, de Joachim du Bellay, l'un des plus grands poètes français de son époque. Avec Pierre de Ronsard, Joachim du Bellay formera la « Pléiade », une association de poètes. C'est au cours d'un voyage en Italie entre 1553 et 1557 qu'il écrira sa plus grande œuvre, « Les regrets », un recueil de sonnets élégiaques (=qui exprime la mélancolie, qui a la tristesse de l'élégie.) et satiriques. Joachim du Bellay décédera le 1er janvier 1560 à Paris.
1553 : Formation de la Pléiade
Ronsard et du Bellay, inséparables depuis leur rencontre en 1547, fondent en 1549 un groupe de gens de lettres qui prend le nom de Brigade, et qui sera rebaptisé Pléiade en 1553. Le groupe se donne pour mission de définir de nouvelles règles poétiques. Dans ce cadre, du Bellay rédige en 1549 une « Défense et illustration de la langue française ». Il y prône l’usage du français en poésie, contre celui du latin, jusqu’alors quasi-exclusif. Son projet est de rendre la langue française moins « barbare et vulgaire » en l’enrichissant avec ses amis de la Pléiade. Il souhaite également re-populariser les genres poétiques utilisés pendant l’antiquité : élégie, sonnet, tragédie…
1 janvier 1560 : La mort du poète Joachim du Bellay
Poète français né en 1522 en Anjou, Joachim du Bellay meurt le 1er janvier 1560 à Paris. Il fonde la Pléiade avec son ami Ronsard. Il s'agit d'un groupe de sept poètes français. Son ouvrage le plus connu reste Les Regrets, un recueil de 191 sonnets composés au cours de l'un de ses voyages à Rome. Son vers le plus célèbre fait d'ailleurs référence à un antique voyageur. Il commence par : "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage". Travailleur infatigable, Joachim du Bellay succombe d'une apoplexie, à sa table de travail, à l'âge de 37 ans.
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***(2) Lecture expressive, analyse et discussion du poème de Joachim du Bellay : « Heureux qui comme Ulysse ». Les Regrets. (1558).
->DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION DU JEUDI 5 OCTOBRE :
Joachim du Bellay. « Heureux qui comme Ulysse ». Les Regrets. (1558)
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, A
Ou comme celui-là /cestuy-là qui conquit la toison,* B
Et puis est retourné, plein d'usage et raison, B
Vivre entre ses parents le reste de son âge ! A
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village A
Fumer la cheminée, et en quelle saison B
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, B
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ? A
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, C
Que des palais Romains le front audacieux, C
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine : E
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin, F
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, F
Et plus que l'air marin, la douceur/doulceur angevine. E
*Jason. La toison d'or est la toison d'un bélier ailé volant nommé Chrysomallos, ou "bélier à la toison d'or", dans la mythologie grecque. Elle est surtout connue à travers l'histoire de Jason et les Argonautes, envoyés par Pélias, le souverain d'Iolcos, pour la récupérer auprès d'Éétès, le roi de Colchide. C'est Jason qui conquiert la toison avec l'aide de Medée. Médée, fille du Roi et magicienne, s'éprend du valeureux Jason. Elle lui fournit toutes les potions dont il a besoin pour réussir.
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->LES MODÈLES DE LECTURE ORALE :
https://www.youtube.com/watch?v=xUn8rYdWhNo
https://www.youtube.com/watch?v=Sd8fwiwusF4
https://www.youtube.com/watch?v=Jp3dOH3KagA
https://www.youtube.com/watch?v=ukVS-z4l_zE [chanté]
->LES ANALYSES ET LES COMMENTAIRES LITTÉRAIRES :
***https://www.bacdefrancais.net/heureux-ulysse-du-bellay.php
***http://commentairecompose.fr/heureux-qui-comme-ulysse/
->DOCUMENTS D'APPUI :
http://www.etudes-litteraires.com/du-bellay-sonnet-31.php
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- RAPPEL -
POUR FAIRE L'ANALYSE DES POÈMES DE RONSARD ET DU BELLAY, ATTENTION :
(1) À la forme poétique et la versification
(2) Aux champs lexicaux
(3) Aux figures de style
(4) Au ton
(5) À l'énonciation/la voix poétique
(6) Aux TOPOI (=un motif, un thème qui se retrouve dans plusieurs œuvres) récurrents : la fuite du temps, le carpe diem, la comparaison femme-fleur, la dame cruelle, le poète-amoureux souffrant, la vie comme voyage, les représentations de l'amour, etc.
(7) les sources de l'Antiquité greco-romaine et l'influence italienne
(8) l'expression des sentiments personnels et la portée universelle du cette expression
(9) le rapport/la relation entre tous ces éléments
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AIDE-MÉMOIRE DE TERMES TECHNIQUES UTILISÉS POUR L'ANALYSE DE POÈMES
un vers, une strophe, un hémistiche, une césure, un enjambement, un rejet, un alexandrin, la syllabe comme unité de mesure, la métrique, octosyllabe, décasyllabe, sizain, quatrain, tercet, distique, la rime, des rimes croisées, des rimes embrassées, des rimes suivies ou plates, le "e caduc", une rime féminine, une rime masculine.
***VOIR AUSSI :
Versification française.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Versification_fran%C3%A7aise
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le mardi 10 OCTOBRE
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THÈMES :
(1) Lecture expressive, analyse et discussion de deux poèmes de J. du Bellay : « Ces cheveux d’or ». L’Olive. (1549) et "Et je pensais aussi ce que pensait Ulysse".
(2) Récapitulation de la poésie de Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay.
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->DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION DU MARDI 10 OCTOBRE :
I
Joachim du Bellay. « Ces cheveux d’or ». L’Olive. (1549)
Ces cheveux d'or sont les liens, Madame, A
Dont fut premier ma liberté surprise, B
Amour, la flamme autour du cœur éprise, B
Ces yeux, le trait qui me transperce l'âme. A
Forts sont les nœuds, âpre et vive la flamme, A
Le coup de main à tirer bien apprise, B
Et toutefois j'aime, j'adore et prise B
Ce qui m'étreint, qui me brûle et entame. A
Pour briser donc, pour éteindre et guérir C
Ce dur lien, cette ardeur, cette plaie, D
Je ne quiers fer, liqueur, ni médecine : E
L'heur et plaisir que ce m'est de périr C
De telle main ne permet que j'essaie D
Glaive tranchant, ni froideur, ni racine. E
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->LE MODÈLE DE LECTURE ORALE :
https://www.youtube.com/watch?v=qvrIU-yzELU
->LES ANALYSES ET LES COMMENTAIRES LITTÉRAIRES :
***http://www.bacdefrancais.net/cheveux.php
***http://www.bacfrancais.com/bac_francais/309-du-bellay-cheveux-or.php
->DOCUMENTS D'APPUI :
http://etaj13.free.fr/fichesbac/francais/groupements/explications/dubellay01.htm
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II
Sonnet CXXX (130)
Et je pensais aussi ce que pensait Ulysse, A
Qu'il n'était rien plus doux que voir encore un jour. B
Fumer sa cheminée, et après long séjour B
Se retrouver au sein de sa terre nourrice. A
Je me réjouissais d'être échappé au vice, A
Aux Circés d'Italie, aux Sirènes d'amour, B
Et d'avoir rapporté en France à mon retour B
L'honneur que l'on s'acquiert d'un fidèle service. A
Las ! mais après l'ennui (1) de si longue saison (2), C
Mille soucis mordants je trouve en ma maison, C
Qui me rongent le cœur sans espoir d'allégeance (3). D
Adieu donques [donc], Dorat (4), je suis encore Romain, E
Si l'arc que les neuf Sœurs (5) te mirent en la main E
Tu ne me prête (6) ici, pour faire ma vengeance. D
Les Regrets , Joachim du Bellay (1522-1560).
Notes :
1 - L'ennui : la souffrance, le tourment.
2 - De si longue saison : de si longue période.
3 - Allégeance : soulagement.
4 - Dorat : L'humaniste et poète Jean Dorat dont Joachim du Bellay fut l'élève au collège de Coqueret.
5 - Les neuf Sœurs : les neuf Muses (les neuf filles de Zeus et Mnémosyne, représentant chacune un art).
6 - « prête » comme « encor » (deux vers plus haut) sont des licences poétiques, c'est-à-dire que le poète peut modifier l'orthographe pour des raisons de versification. L'arc prêté est celui de la satire permettant de châtier les prétendants, comme le fit Ulysse avec ceux qui pillaient le palais d'Ithaque dans L'Odyssée.
->LECTURE ORALE MISE EN MUSIQUE :
https://www.youtube.com/watch?v=9qoICbzBgKI Poème "Et je pensais aussi ce que pensait Ulysse" de Joachim du bellay sur une musique de Pierre Ortion et interprété par le groupe Thé EsseBé. Concert donné le 19 septembre dans le cadre des Lundi de Jeanne à Champtoceaux (49
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le jeudi 12 OCTOBRE
THÈMES ET ORGANISATION DE LA SESSION :
LECTURE OBLIGATOIRE POUR LA DISCUSSION EN CLASSE : CE QUI EST MARQUÉ EN JAUNE
(1) INTRODUCTION À L'OEUVRE DE FRANÇOIS RABELAIS - BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR ET RÉSUMÉ DE L'OEUVRE
***(2) ANALYSE ET DISCUSSION DU "PROLOGUE", GARGANTUA (1534) - VOUS TROUVEREZ L'EXTRAIT CI-DESSOUS
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THÈMES :
A. De la poésie à la prose. Introduction à l’œuvre de François Rabelais [Alcofribas Nasier -> pseudonyme et anagramme du nom de François Rabelais] :
Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua. Composés nouvellement par maitre Alcofribas Nasier. (1532),
La Vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, fils de Grandgousier. Composés nouvellement par maitre Alcofribas Nasier. (1534),
Le Tiers Livre des faits et dits Héroïques du noble Pantagruel, composés par M. François Rabelais, docteur en médecine et Calloier des Iles d'Hyères (1546),
Le Quart Livre des faits et dits Héroïques du noble Pantagruel. Composé par François Rabelais, Docteur en Médecine et Calloier des Iles d'Hyères (1548-1552),
Le Cinquième Livre (1564 - publication posthume. Il se peut que Rabelais n’en soit pas l’auteur.).
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***BIOGRAPHIE DE FRANÇOIS RABELAIS
https://www.bacfrancais.com/bac_francais/biographie-rabelais.php
RABELAIS François (1494-1553).
Rabelais est né près de Chinon, fils d'un avocat et propriétaire terrien. Il entra comme novice dans un monastère franciscain avant de devenir moine à Fontenay-le-Comte. Il apprit le grec et le latin, les sciences, le droit et les lettres, se faisant connaître des humanistes de son temps et correspondant avec Guillaume Budé. Il y demeura une quinzaine d'années avant que, ses études humanistes ayant été mal vues des hautes autorités de son ordre, il demandât à quitter les franciscains pour rejoindre le monastère bénédictin de Maillezais au pape Clément VII en 1525.
La suite immédiate de sa vie est quelque peu obscure. On sait qu'il devint prêtre séculier, puis on le retrouve en 1530 obtenant son baccalauréat en médecine à l'université de Montpellier. En 1532, il s'installe à Lyon pour pratiquer la médecine, mais également parce que la ville était un centre intellectuel et culturel important. Il commence par y éditer quelques oeuvres en latin pour l'imprimeur Sébastien Gryphe. A cette époque, une collection de petits livres très populaire circule à Lyon : « Gargantua : Les grandes et inestimables cronicques du grand et énorme géant Gargantua », récit des légendes du géant Gargantua. Inspiré par le succès de ces livres, Rabelais écrit alors l'histoire du fils de Gargantua, « Pantagruel » (1532), sous le pseudonyme d'Alcofribas Nasier (anagramme de François Rabelais). Pantagruel est un personnage médiéval que Rabelais transforma en géant. Immense succès populaire, ce récit picaresque, tout en humour débridé et en imagination libre est condamné par la Sorbonne. Rabelais est cependant protégé par le futur Cardinal du Bellay, alors évêque de Paris, qui l'emmène à Rome en tant que médecin personnel en 1534.
La même année, il écrit « Gargantua: La vie inestimable du grand Gargantua, père de Pantagruel », toujours dans le même style d'écriture riche mais licencieuse. Sous l'humour de ces deux volumes se cache une oeuvre gigantesque, à la démesure de ses personnages, pétrie de réflexions sur l'éducation, la politique et la philosophie. Il publiera d'autres oeuvres par la suite, avec « Le tiers livre » (1546), « Le quart livre » qui sera d'abord publié inachevé en 1548 puis dans sa version complète en 1552. Enfin, un « Cinquième livre » apparaît en 1562 après la mort de l'auteur.
On peut être frappé par la différence de ton entre l'humour exubérant et parfois vulgaire de « Pantagruel » et de « Gargantua » et l'humour sombre et plus acerbe du « Tiers livre » et du « Quart livre ». L'humour optimiste et plein d'espérance des deux premiers livres semble céder la place à un humour noir plus critique et cynique. Une lecture approfondie révèle toutefois que Rabelais n'a jamais perdu la foi en la nature humaine. Malgré la folie guerrière qui s'était emparée de son siècle entre catholiques et protestants, la pensée rabelaisienne garde l'espoir d'une vraie charité chrétienne et de l'humanisme réel.
Par la suite, après avoir obtenu son doctorat en médecine de l'université de Montpellier, il exerce un temps un peu partout en France, entre au service de Guillaume du Bellay, frère de Jean et gouverneur du Piémont, jusqu'à la mort de celui-ci en 1543. « Le tiers livre » est ensuite publié en 1546 avec privilège du roi, privilège qui lui a été accordée en 1545 par François 1er et qui lui permet d'écrire librement pendant dix ans. Malgré les condamnations de la Sorbonne, Rabelais était alors jusque là protégé des persécutions. La fin de règne de François 1er, qui avait été fatale à Etienne Dolet et envoyé Clément Marot en exil se révèla plus dangereuse pour lui, à point tel qu'il se retira en Lorraine en 1546 et 1547 pour pratiquer uniquement la médecine. Après la mort de François 1er, le Cardinal Jean du Bellay part à Rome et Rabelais l'y rejoignit. Avec le temps et l'aide de ses puissants protecteurs, il put de nouveau revenir en France et se fit nommer curé de Meudon en 1551 (sans devoir y séjourner à plein temps). La publication de son « Le quart livre » fut naturellement censurée par la Sorbonne et suspendue par le Parlement qui profite de l'absence du roi Henri II de Paris, suspension qui sera rapidement levée ensuite.
Rabelais meurt à Paris en 1553.
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***L'OEUVRE.
https://www.espacefrancais.com/francois-rabelais/
Analyse de l’œuvre.
Inspiré des romans de chevalerie, tels les Amadis de Gaule, très en vogue à l’époque, Pantagruel présente successivement les « enfances », puis les extraordinaires « prouesses » du héros. L’idée de mettre en scène un personnage de géant, plongeant d’emblée le lecteur dans l’imaginaire, semble provenir, quant à elle, d’un roman anonyme, les Grandes et Inestimables Cronicques du grand et énorme géant Gargantua, publié à Lyon alors que Rabelais y était médecin. Toutefois, plus que des modèles, il semble que ces récits tiennent surtout lieu de prétextes à l’auteur. En effet, délibérément inscrit dans la droite ligne des « histoires à rire », il est possible de voir d’abord dans Pantagruel une suite d’épisodes cocasses, dont l’aspect humoristique vise à mieux servir les principes de l’humanisme qui y sont développés. En témoigne la "lettre de Gargantua à Pantagruel," qui est un véritable programme pédagogique, où se trouve diagnostiquée toute la crise de la société et de la civilisation du XVIe siècle. Pour autant, cette œuvre ne se veut pas didactique. Résolument antidogmatique, ne faisant cas ni de la logique ni de la vraisemblance, elle affiche au contraire une constante liberté, qui tourne parfois à la désinvolture, façon de stigmatiser, dans le sillage d’Érasme, cet « amour de soi » qui interdit a priori toute « connaissance de soi ».
***Le symbolisme rabelaisien débouche ainsi tout naturellement sur l’utopie. Gargantua développe en effet le célèbre thème de la société idéale de l’abbaye de Thélème : « Fais ce que voudras. » L’homme, bon par nature, y est invité à régler librement une vie à sa mesure, aidé en cela par la culture humaniste, dont l’optimisme est la règle de base.
Plus explicitement que dans Pantagruel se précise ici la dimension sérieuse de l’œuvre, que le lecteur doit aller chercher au-delà du ton comique de la chronique gigantale.
[LA DOUBLE LECTURE]
***Le Prologue de Gargantua invite le lecteur à approfondir le sens du récit, à « rompre l’os » pour aller sucer la « substantifique moelle ». Il va de soi que cette invitation doit être considérée avec nuance, comme l’indique le ton sur lequel Rabelais s’adresse à ceux qui le lisent : ces « Buveurs très illustres », ces « Vérolés très précieux ». Ainsi l’œuvre est-elle à prendre comme le « silène » (petite boîte peinte d’un sujet comique et contenant de précieuses drogues médicinales) qui lui sert d’emblème. Quant à la gaieté du texte, elle se justifie avant tout « pour ce que rire est le propre de l’homme », et parce que, fondamentalement, toute plaisanterie est signifiante : Rabelais lui-même nous convie à superposer à la lecture comique une lecture symbolique, sans qu’aucune des deux doive nuire à l’autre.
Le Tiers Livre, publié sous le nom de Rabelais, contrairement à Gargantua et à Pantagruel, reprend les mêmes personnages, mais accorde le premier rôle au moine Panurge. Réflexion sur les dettes et sur le mariage, ce livre est certainement. plus inspiré que les précédents par l’actualité de l’époque, et notamment par la querelle des Femmes. Reste que le « sondage » effectué par Panurge, sous l’œil amusé de Pantagruel, pour savoir s’il faut se marier ou non est une satire de la quête de la vérité pour elle-même, opposée à l’idéal stoïcien valorisant la paix, la joie, la santé et les plaisirs corporels. La décision de poser la question à l’oracle de la Dive- bouteille servira de prétexte au Quart et au Cinquième Livres pour évoquer de nouvelles questions d’actualité. En effet, dans le Quart Livre, Rabelais prend clairement position contre les gens de justice et surtout contre le pape, avec lequel Henri II était alors en conflit. Le livre sera censuré par les théologiens de la Sorbonne en 1552.
Enfin, le Cinquième Livre se termine par la parole de l’oracle que Panurge était venu chercher : « Trinch » (c’est-à-dire « buvez »), qui, pour toute réponse, l’incite au plaisir du bon vin qui a la faculté d’« emplir l’âme de toute vérité, tout savoir et toute philosophie ». En bon disciple d’Érasme, Rabelais n’a pas hésité à mettre à contribution toutes les langues et tous les dialectes dans une œuvre où se mêlent culture populaire et culture savante, réalisme, philosophie, allégorie, divertissement et matière à réflexion profonde. Les chroniques rabelaisiennes sont aussi une formidable symphonie verbale polysémantique, où le créateur se livre à un véritable jeu sur les mots, qui excède de beaucoup la simple nécessité de l’expression.
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GARGANTUA.
https://www.espacefrancais.com/francois-rabelais-gargantua/
GARGANTUA. Présentation.
Gargantua est le deuxième roman de François Rabelais, après Pantagruel, publié vraisemblablement en 1534 sous le titre la Vie inestimable du grand Gargantua, père de Pantagruel (accompagné du sous-titre Livre plein de Pantagruelisme), et signé du pseudonyme d’Alcofribas Nasier, anagramme de François Rabelais. D’une structure comparable à celle de Pantagruel (1532), mais d’une écriture plus complexe, il conte les années d’apprentissage et les exploits guerriers du géant Gargantua. Plaidoyer pour une culture humaniste contre les lourdeurs d’un enseignement sorbonnard figé, Gargantua est aussi un roman plein de verve, d’une grande richesse lexicale, et d’une écriture souvent crue.
***La vie du père de Pantagruel [LE RÉSUMÉ DU LIVRE]
Quand (après le Prologue) Gargantua naît par l’oreille de sa mère au terme d’une grossesse de onze mois (chap. III-V), c’est en bramant « à boyre ! ». Et son père Grandgousier de constater : « que grant tu as » (gosier) ; d’où le prénom (chap. VI). Commence alors l’enfance du géant dans la liberté de ses organes, jusqu’à ce qu’il invente un merveilleux « torchecul », gaillard appel à la civilité ou carnavalesque conquête du monde (chap. VII-XII) ; après quoi viennent ses éducations (la théologienne, chap. XIII ; la « sorbonagre », chap. XX ; l’humaniste, chap. XXI-XXII) et la guerre picrocholine (chap. XXIV-XLIX), au cours de laquelle Gargantua rencontre frère Jean, « un vray moyne si oncques en feut depuys que le monde moyna ». Pour lui il fera bâtir l’abbaye de Thélème dont la seule règle, toute aristocratique et moins laxiste qu’il n’y paraît, est « Fay ce que vouldras » (chap. L-LV). Au dernier chapitre, une énigme trouvée dans les fondations de l’abbaye vient répondre à celle des Fanfreluches antidotées qui avait quasiment ouvert le roman (chap. II).
L’engendrement du texte
Alcofribas Nasier nous avait promis une suite et voilà que le texte de Gargantua s’installe en amont de Pantagruel qu’il semble répéter, comme la vie du père celle du fils. En réalité, ce livre est fils du précédent, ce qui signifie que, comme lui, il se déclare avant tout le produit d’une tradition folklorique, qu’il s’inscrit dans une double filiation épique et romanesque, tout en démarquant les formes complexes d’une écriture lettrée. Ajoutons que cette généalogie est une refondation, puisque le texte de Gargantua vient prendre la place des populaires Cronicques du grant et enorme géant Gargantua, qui avaient précédé Pantagruel ; que c’est aussi une archéologie, puisque le narrateur raconte avoir trouvé et déchiffré la généalogie du géant sur une plaque, dans un tombeau, avec une énigme qui restera telle pour le lecteur moderne. Et que c’est encore pour celui-ci un déplacement, puisque le Prologue lui a offert un très complexe pacte de lecture / interprétation, faux jumeau du pacte d’écoute / croyance de Pantagruel. D’ailleurs, malgré les symétries nombreuses — même ouverture de Gargantua sur un Prologue, même possibilité de le lire de manière linéaire (en trois temps) ou en inclusion autour d’un centre (ici, la vie des moines) —, malgré les semblables éclats du carnavalesque, le deuxième roman de Rabelais semble se glisser dans les interstices du premier pour en développer les différents motifs. Ce faisant, son géant de héros apparaît plus humain que ne l’avait été autrefois son fils ; plus humain, plus enfant d’abord, plus prince plus tard — l’idéal se démarquant plus nettement de la parodie — tandis qu’en grand massacreur, l’ami frère Jean prend le relais burlesque des prouesses « gigantales ».
***Le texte et son interprétation
Il ne faudrait pas cependant réduire Gargantua à un redoublement de Pantagruel, voire à sa réécriture « réussie », parce que mieux lisible. Deux ans plus tard, le contexte a changé. En octobre 1534, ***l’affaire des Placards a mis en danger la rencontre, évidente jusqu’alors, entre humanisme et Réforme. C’est peut-être ce qui explique que les contrastes et les tensions du déchiffrement soient dans Gargantua plus apparents que dans Pantagruel. D’autant que le récit est plus nettement inscrit dans l’histoire contemporaine, qu’il s’agisse de questions d’éducation opposant humanistes et théologiens ou de questions politiques portant sur les manières de faire la guerre et proposant de transparentes allusions à Charles Quint. En 1534, Rabelais est entré au service du cardinal Jean du Bellay, il le suivra à Ferrare en 1535 : aurait-il découvert, chemin faisant, les implications et la portée de l’écriture parodique ? Curieusement en effet, la lisibilité de Gargantua laisse apparaître plus nettement le problème crucial au XVIe siècle de l’interprétation : inscrit au cœur du Prologue à travers l’image de l’os à briser, il en a fait la plus sujette aux débats et aux contradictions de la critique moderne. Chacun brisant à son tour « l’os » du livre pour en sucer à sa manière la « substantificque moelle ».
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*** L’affaire des Placards est la polémique que provoqua le placardage clandestin d'un texte anticatholique sur les lieux publics à Paris et dans plusieurs villes de province, pendant la nuit du 17 au 18 octobre 1534.
Ces placards (affiches) sont d’une grande violence : ils traitent les rites de la messe de sorcellerie et accusent le pape, les évêques, les prêtres et les moines de mensonge et de blasphème.
Le roi et l'Église catholique réagissent fortement
Jusqu’alors les protestants étaient poursuivis par les parlements et parfois mis à mort comme hérétiques mais le roi lui-même était plutôt tolérant et clément envers eux. Il rêvait de rétablir l’unité de la chrétienté là où Charles Quint n’a pas réussi : il avait envoyé un ambassadeur auprès des principaux réformateurs en Allemagne et en Suisse.
Pour le roi, c’est l’échec de sa tentative de conciliation, mais surtout il considère qu’il s’agit d’un complot organisé qui menace sa propre autorité. L’affaire des placards provoque une indignation considérable dans l’opinion. Le roi décide de préserver le royaume de l’« hérésie ». Il déclenche la répression. De nombreux suspects sont inquiétés, emprisonnés, jugés, voire exécutés à Paris et en province. Beaucoup de protestants et de sympathisants s’enfuient.
En janvier 1535, l’Église catholique organise à Paris une procession expiatoire annoncée dans toutes les paroisses et à laquelle le roi participe. Le même jour six « hérétiques » montent sur le bûcher.
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https://sherpas.com/blog/resume-de-gargantua/
GARGANTUA (1534).
LA STRUCTURE DU ROMAN
Le roman de François Rabelais est composé de sections et de 58 chapitres. 📚
La naissance et l’adolescence de Gargantua (chapitres 1 à 13)
L’éducation médiévale (chapitres 14-15 et 20-22)
Le récit enchâssé : les cloches de Notre-Dame (chapitres 16 à 19)
L’éducation humaniste (chapitres 23-24)
Les guerres picrocholines (chapitres 25 à 51)
L’abbaye de Thélème (chapitres 52 à 57)
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LES PERSONNAGES 👨🦰
Gargantua : le héros principal de l’histoire, un géant, fils de Grandgousier et de Gargamelle.
Grandgousier : le père de Gargantua, mais aussi le roi à la fois généreux et pacifique.
Gargamelle : la mère de Gargantua
Maître Thubal Holoferne : le premier maître de Gargantua, un sophiste
Eudémon : compagnon d’aventure de Gargantua, élève de Ponocrates
Ponocrates : pédagogue qui soumet les deux enfants à une meilleure éducation / hygiène de vie
Gymnaste : celui qui enseigne l’art de la chevalerie à Gargantua
Picrochole : le roi voisin de Grandgousier. Il est aussi colérique, impulsif et déclare la guerre.
Jonotus de Bragmardo : sophiste de la Sorbonne
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RÉSUMÉ : [PLUS DÉTAILLÉ]
Chapitre 1 et 2
Le premier chapitre tourne autour des origines du personnage de Gargantua. Pour ce faire, Rabelais nous renvoie à son roman Pantagruel.
L’auteur évoque les origines des géants trouvés dans un tombeau de bronze.
Rabelais évoque le traité “Les Bulles d’air immunisées” trouvé dans ce tombeau.
Chapitre 3 et 4
Grandgousier épouse Gargamelle, fille du roi des papillons. Ils ont un enfant, que Gargamelle porte 11 mois.
Dans le quatrième chapitre, il est question d’un grand banquet où se trouvent Grandgousier et sa femme. Ce dernier lui conseille de pas se goinfrer, mais Gargamelle n’en fait qu’à sa tête.
Chapitre 5 et 6
Débat philosophique sur la boisson
Gargamelle met au monde Gargantua pendant le banquet. Gargantua naît par l’oreille de sa mère. Les premiers mots du nouveau-né sont : “À boire, à boire”
Chapitre 7 et 8
L’origine du prénom Gargantua : gosier = “gargante” en langue d’oc. L’auteur évoque l’alimentation de Gargantua qui a besoin de toutes les vaches laitières de la région.
👉 Gargantua aimait déjà boire du vin petit.
Description de Gargantua : vêtu d’un tissu, bien formé, bien habillé
Chapitre 9 et 10
Les couleurs de Gargantua sont choisies par Grandgousier : le bleu et le blanc (joie, bonheur et choses célestes).
Chapitre 11 et 12
Toutes les activités de Gargantua sont énumérées dans le chapitre 11. On apprend que Gargantua a une écurie de chevaux en bois.
Chapitre 13 et 14
Gargantua raconte à son père comment il se “torche le cul”. Il confie que l’oison est ce qu’il convient le mieux.
Le père de Gargantua le trouve extrêmement intelligent. Il décide de lui offrir une éducation avec un docteur sophiste.
[Dans la Grèce classique, les sophistes sont les maîtres de la philosophie et de la rhétorique.]
Chapitre 15 et 16
L’éducation de Gargantua est une catastrophe. Gargantua est incapable de répondre aux questions de son père. Grandgousier c.ongédie le précepteur. Du coup, Gargantua est envoyé à Paris à dos de jument (qui vient d’Afrique).
Chapitre 17 et 18
Arrivé à Paris, il est suivi pas les Parisiens et se réfugie en haut de Notre-Dame. Pour se venger de ces derniers, il vide sa vessie et noie les individus. Il vole les cloches de la cathédrale pour les mettre sur sa jument. Ding dong ! 🔔
Maître Janotus se rend à Paris pour récupérer les fameuses cloches.
Chapitre 19 et 20
Maître Janotus use de syllogismes et de comparaisons pour tenter de raisonner Gargantua et récupérer les cloches. Pour le remercier, Gargantua et ses précepteurs offrent à Maître Jonatus ce dont il prétend avoir besoin pour sa vieillesse.
[SYLLOGISME
Selon le dictionnaire, il s’agit d’un raisonnement à trois propositions dont la troisième (la conclusion) est déduite de la première par l’intermédiaire de la seconde :
Tous les Hommes sont mortels
Socrate est un homme
Donc Socrate est mortel]
Chapitre 21 et 22
Dans le chapitre 21, Rabelais détaille les activités que réalise Gargantua le matin : toilette, petit-déjeuner…
L’auteur énumère les jeux de cartes du protagoniste. Puis, on découvre le reste de ses occupations : il passe beaucoup de temps à boire et à ripailler.
Chapitre 23 et 24
Un nouveau précepteur arrive pour l’éducation de Gargantua. Il se nomme Ponocratès et change complètement le mode de vie du protagoniste. Il commence par lui faire avaler un médicament qui a pour mission de lui faire oublier tout ce qu’il sait déjà.
Changement de cap au sujet du rythme de travail et de l’hygiène de vie. Gargantua commence de nouvelles activités : aide aux travaux, écoute des leçons publiques, étude de l’art…
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***B. Discussion du "Prologue, GARGANTUA.
LIENS ET DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION :
***Le « Prologue ».
***http://www.bacdefrancais.net/gargantua-prologue.php
*Ici vous trouverez le texte en français moderne.
http://commentairecompose.fr/prologue-gargantua/
http://www.bacfrancais.com/bac_francais/gargantua-prologue.php
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http://ldm.phm.free.fr/Oeuvres/GargantuaFM.htm#Prologue
La Vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, fils de Grandgousier. Composés nouvellement par maitre Alcofribas Nasier. (1534), Oeuvre complète en français modernisé.
AUX LECTEURS :
Amis lecteurs, qui ce livre lisez,
Dépouillez vous de toute affection;
Et, le lisant, ne vous scandalisez pas :
Il ne contient mal ne infection.
Vrai est qu'ici peu de perfection
Vous apprendrez, si non en cas de rire ;
Autre argument ne peut mon coeur élire,
Voyant le deuil qui vous mine et consomme :
Mieux est de rire que de larmes écrire,
Pour ce que rire est le propre de l'homme.
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PROLOGUE DE L'AUTEUR :
Buveurs très illustres et vous, vérolés très précieux (c'est à vous, à personne d'autre que sont dédiés mes écrits), dans le dialogue de Platon intitulé Le Banquet, Alcibiade faisant l'éloge de son précepteur Socrate, sans conteste prince des philosophes, le déclare, entre autres propos, semblable aux Silènes. Les Silènes étaient jadis de petites boîtes comme on en voit à présent dans les boutiques des apothicaires ; au-dessus étaient peintes des figures amusantes et frivoles : harpies, satyres, oisons bridés, lièvres cornus, canes bâtées, boucs volants, cerfs attelés et autres semblables figures imaginaires, arbitrairement inventées pour inciter les gens à rire, à l'instar de Silène, maître du bon Bacchus. Mais à l'intérieur, on conservait les fines drogues comme le baume, l'ambre gris, l'amome, le musc, la civette, les pierreries et autres produits de grande valeur. Alcibiade disait que tel était Socrate, parce que, ne voyant que son physique et le jugeant sur son aspect extérieur, vous n'en auriez pas donné une pelure d'oignon tant il était laid de corps et ridicule en son maintien : le nez pointu, le regard d'un taureau, le visage d'un fol, ingénu dans ses moeurs, rustique en son vêtement, infortuné au regard de l'argent, malheureux en amour, inapte à tous les offices de la vie publique; toujours riant, toujours prêt à trinquer avec chacun, toujours se moquant, toujours dissimulant son divin savoir. Mais en ouvrant une telle boîte, vous auriez trouvé au-dedans un céleste et inappréciable ingrédient : une intelligence plus qu'humaine, une force d'âme prodigieuse, un invincible courage, une sobriété sans égale, une incontestable sérénité, une parfaite fermeté, un incroyable détachement envers tout ce pour quoi les humains s'appliquent tant à veiller, courir, travailler, naviguer et guerroyer.
À quoi veut aboutir, à votre avis, ce prélude, ce coup d'envoi ? C'est que vous, mes bons disciples, et quelques autres fois en disponibilité, lorsque vous lisez les joyeux titres de certains livres de notre invention comme Gargantua, Pantagruel, Fessepinte, La Dignité des Braguettes, Des Pois au lard assaisonnés d'un commentaire, etc., vous jugez trop facilement qu'il n'y est question au-dedans que de moqueries, pitreries et joyeuses menteries [mensonges] vu qu'à l'extérieur l'écriteau (c'est-à-dire le titre) est habituellement compris, sans examen plus approfondi, dans le sens de la dérision ou de la plaisanterie. Mais ce n'est pas avec une telle désinvolture qu'il convient de juger les oeuvres des humains. Car vous dites vous-mêmes que l'habit ne fait point le moine ; et tel a revêtu un habit monacal, qui n'est en dedans rien moins que moine, et tel a revêtu une cape espagnole, qui, au fond du coeur, ne doit rien à l'Espagne. C'est pourquoi il faut ouvrir le livre et soigneusement peser ce qui y est exposé. C'est alors que vous vous rendrez compte que l'ingrédient contenu dedans est de bien autre valeur que ne le promettait la boîte; c'est-à-dire que les matières traitées ici ne sont pas aussi frivoles que, au-dessus, le titre le laissait présumer.
Et, en supposant que, au sens littéral, vous trouviez une matière assez joyeuse et qui corresponde bien au titre, il faut pourtant ne pas s'arrêter là, comme enchanté par les Sirènes, mais interpréter dans le sens transcendant ce que peut-être vous pensiez être dit de verve. [ANNONCE LA DOUBLE LECTURE DU LIVRE]
N'avez-vous jamais attaqué une bouteille au tire-bouchon ? Nom d'un chien ! Rappelez-vous la contenance que vous aviez. Mais n'avez-vous jamais vu un chien rencontrant quelque os à moelle ? [DÉBUT DE LA COMPARAISON LIVRE - OS À MOELLE] C'est, comme le dit Platon au Livre II de La République, la bête la plus philosophe du monde. Si vous en avez vu un, vous avez pu remarquer avec quelle sollicitude il guette son os, avec quel soin il le garde, avec quelle ferveur il le tient, avec quelles précautions il l'entame, avec quelle passion il le brise, avec quelle diligence il le suce. Quel instinct le pousse ? Qu'espère-t-il de son travail, à quel fruit prétend-il ? À rien de plus qu'à un peu de moelle. Il est vrai que ce peu est plus délicieux que le beaucoup de toute autre nourriture, parce que la moelle est un aliment élaboré jusqu'à sa perfection naturelle, selon Galien au livre III des Facultés naturelles et au livre XI de L'Usage des parties du corps.
À l'exemple de ce chien, il vous convient d'avoir, légers à la poursuite et hardis à l'attaque, le discernement de humer, sentir et apprécier ces beaux livres de haute graisse; puis, par une lecture attentive et une réflexion assidue, rompre l'os et sucer la substantifique moelle (c'est-à-dire ce que je comprends par ces symboles pythagoriques) avec le ferme espoir de devenir avisés et vertueux grâce à cette lecture : vous y trouverez un goût plus subtil et une philosophie cachée qui vous révélera de très hauts arcanes et d'horrifiques mystères, en ce qui concerne tant notre religion que, aussi, la situation politique et la gestion des affaires. [LE MESSAGE CENTRAL DE LA LECTURE ANNONCÉE]
Croyez-vous, en votre bonne foi, qu'Homère écrivant L'Iliade et L'Odyssée, ait pu penser aux allégories par lesquelles Plutarque, Héraclide du Pont, Eustathe, Phurnutus, l'ont utilisé pour leurs rafistolages, et à ce que Politien a pillé chez ceux-ci ? Si vous le croyez, vous n'approchez ni des pieds ni des mains de mon opinion, selon le décret de laquelle Homère n'a pas songé davantage à ces allégories qu'Ovide en ses Métamorphoses n'a songé aux mystères de l'Evangile, théorie que certain Frère Lubin, un vrai pique-assiette, s'est efforcé de démontrer pour le cas où il rencontrerait par hasard des gens aussi fous que lui et, comme dit le proverbe, couvercle digne du chaudron.
Si vous ne le croyez pas, comment expliquer que vous n'adopterez pas la même attitude vis-à-vis de ces joyeuses et nouvelles Chroniques en dépit du fait que, quand je les dictais, je n'y pensais pas plus que vous qui, par hasard, étiez peut-être, comme moi, en train de boire ? Car, pour composer ce livre seigneurial, je n'ai jamais perdu ni passé d'autre temps que celui qui était fixé pour me refaire, c'est-à-dire pour boire et manger. Aussi est-ce le moment convenable pour traiter de ces hautes matières et de ces hautes disciplines, comme savaient bien refaire Homère, le modèle de tous les philologues, et Ennius, père des poètes latins, au témoignage d'Horace, bien qu'un maroufle ait dit que ses vers sentaient plus le vin que l'huile.
Un paltoquet en dira autant de mes livres, mais merde pour lui ! Le bouquet du vin est, ô combien, plus friand, riant, priant, plus céleste et délicieux que celui de l'huile ! Et si l'on dit de moi que j'ai dépensé plus en vin qu'en huile, j'en tirerai gloire au même titre que Démosthène, quand on disait de lui qu'il dépensait plus pour l'huile que pour le vin. Ce n'est pour moi qu'honneur et gloire, que d'avoir une solide réputation de bon vivant et de joyeux compagnon ; à ce titre, je suis le bienvenu dans toutes bonnes sociétés de Pantagruélistes. Un esprit chagrin fit à Démosthène ce reproche que ses Discours avaient la même odeur que le tablier d'un marchand d'huile repoussant de saleté. Aussi, interprétez tous mes gestes et mes paroles dans le sens de la plus haute perfection ; révérez le cerveau de fromage blanc qui vous offre en pâture ces belles billevesées et, autant que vous le pourrez, prenez-moi toujours du bon côté.
À présent, réjouissez-vous, mes amours, et lisez gaiement la suite pour le plaisir du corps et la santé des reins ! Mais écoutez, vits d'ânes, et puisse le chancre vous faucher les jambes ! Souvenez-vous de boire à ma santé pour la pareille et je vous ferai raison subito presto. [ATTENTION AU TON DU PROLOGUE]
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LIENS ET DOCUMENTS D’APPUI :
http://ldm.phm.free.fr/Oeuvres/GargantuaFM.htm#Prologue
La Vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, fils de Grandgousier. Composés nouvellement par maitre Alcofribas Nasier. (1534), Oeuvre complète en français modernisé.
Résumé de Gargantua.
http://www.bacfrancais.com/bac_francais/resume-gargantua-rabelais.php
http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/francois-rabelais/content/1831008-resume-gargantua-de-rabelais
Résumé de Pantagruel.
http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/resume-d-oeuvre/content/1831010-resume-pantagruel-de-rabelais
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-----ATTENTION-----
***EXAMEN À ENVOYER LE 17 OCTOBRE AVANT MIDI. VOIR LA PAGE DES ÉVALUATION POUR LES DÉTAILS.
EXAMEN II. COMMENTAIRE COMPOSÉ/LITTÉRAIRE D'UN DES POÈMES DE PIERRE DE RONSARD ET JOACHIM DU BELLAY QUI SE TROUVENT À LA PAGE DES ÉVALUATIONS.
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le mardi 17 OCTOBRE
THÈMES ET ORGANISATION DE LA SESSION :
THÈME I : L’ÉDUCATION DANS L'OEUVRE DE RABELAIS :
***Les méthodes d’éducation du Moyen Âge VS l’éducation idéale (humaniste).
LE CHAPITRE 21 [L'éducation "médiévale" rejetée] VS LE CHAPITRE 23 [L'ÉDUCATION IDÉALE - « Mens sana in corpore sano »]
http://www.ralentirtravaux.com/lettres/sequences/cinquieme/gargantua/chapitre-xxi.php
L’éducation de Gargantua selon les « précepteurs sophistes ». Gargantua. Chapitre XXI. [texte]
https://www.ralentirtravaux.com/lettres/sequences/cinquieme/gargantua/chapitre-xxiii.php
L’éducation de Gargantua selon Ponocrates. Gargantua. Chapitre XXIII [texte]
« Un esprit sain dans un corps sain » - la devise de la bonne éducation humaniste.
Cette citation du poète latin Juvénal (« Mens sana in corpore sano ») illustre l’idée qu’on ne peut séparer le corps et l’esprit, qu’une bonne éducation s’occupe et du moral et du physique à la fois par l’étude et le sport.
Elle reflète l’idéal humaniste qui place l’homme au centre de ses préoccupations.
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Rabelais, suite.
THÈME I : l’éducation. Les méthodes d’éducation du Moyen Âge VS l’éducation idéale (humaniste).
https://sherpas.com/blog/resume-de-gargantua/
GARGANTUA. Résumé.
Chapitre 13 et 14
Gargantua raconte à son père comment il se “torche le cul”. Il confie que l’oison est ce qu’il convient le mieux.
Le père de Gargantua le trouve extrêmement intelligent. Il décide de lui offrir une éducation avec un docteur sophiste.
[SYLLOGISME :
Méthode de raisonnement utilisée par les précepteurs sophistes :
Dans la Grèce classique, les sophistes sont les maîtres de la philosophie et de la rhétorique.
Selon le dictionnaire, il s’agit d’un raisonnement à trois propositions dont la troisième (la conclusion)
est déduite de la première par l’intermédiaire de la seconde :
(1) Tous les Hommes sont mortels
(2) Socrate est un homme
(3) Socrate est mortel]
Chapitre 15 et 16
L’éducation de Gargantua est une catastrophe. Gargantua est incapable de répondre aux questions de son père. Grandgousier congédie le précepteur. Du coup, Gargantua est envoyé à Paris à dos de jument (qui vient d’Afrique).
Chapitre 17 et 18
Arrivé à Paris, il est suivi pas les Parisiens et se réfugie en haut de Notre-Dame. Pour se venger de ces derniers, il vide sa vessie et noie les individus. Il vole les cloches de la cathédrale pour les mettre sur sa jument. Ding dong ! 🔔
Maître Janotus se rend à Paris pour récupérer les fameuses cloches.
Chapitre 19 et 20
Maître Janotus use de syllogismes et de comparaisons pour tenter de raisonner Gargantua et récupérer les cloches. Pour le remercier, Gargantua et ses précepteurs offrent à Maître Jonatus ce dont il prétend avoir besoin pour sa vieillesse.
***Dans le chapitre 21, Rabelais détaille les activités que réalise Gargantua le matin : toilette, petit-déjeuner…
L’auteur énumère les jeux de cartes du protagoniste. Puis, on découvre le reste de ses occupations : il passe beaucoup de temps à boire et à ripailler.
***Chapitre 23 et 24
Un nouveau précepteur arrive pour l’éducation de Gargantua. Il se nomme Ponocrates et change complètement le mode de vie du protagoniste. Il commence par lui faire avaler un médicament qui a pour mission de lui faire oublier tout ce qu’il sait déjà.
Changement de cap au sujet du rythme de travail et de l’hygiène de vie. Gargantua commence de nouvelles activités : aide aux travaux, écoute des leçons publiques, étude de l’art…
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->DOCUMENTS POUR LA DISCUSSION : Ch.14-15, Ch.21-2, Ch.23 (Gargantua)/ Ch.8 (Pantagruel)
http://www.bacdefrancais.net/gargantua-rabelais-15.php
Chapitre 15 : Comment Gargantua fut mis sous la tutelle d'autres pédagogues. Gargantua. [analyse]
INTRODUCTION :
Le texte se rattache à l’étude d’un mouvement culturel européen. Rabelais (1494 - 1553) fait dans Gargantua la satire des mentalités médiévales. Dans le chapitre 15, qui suit un chapitre qui ridiculise les méthodes d’éducation du Moyen Age (chapitre 14 : Comment Gargantua fut instruit en lettres latines par un sophiste), Rabelais fait la démonstration de la supériorité humaniste en opposant dans une scène le comportement de Gargantua qui étudie depuis plus de vingt ans sous la direction des sophistes à celui du jeune Eudémon, élève des humanistes qui n’a mis que deux ans pour assimiler parfaitement les principes de la rhétorique (art du discours) latine et des bonnes manières en usage dans une société aristocratique.
Le début et la fin du passage sont consacrés à la satire des conceptions médiévales tandis que la partie centrale expose les avantages de la méthode moderne.
LES AXES :
I. Satire de l’éducation médiévale
II. Eloge de l’éducation humaniste
III. L’intérêt argumentatif
I. Satire de l’éducation médiévale
1. Les inquiétudes du père
L’élève Gargantua est trop abruti par la méthode pour prendre conscience de ses erreurs. C’est le père qui observe les effets dévastateurs des deux pédagogues. Le jeune homme ne progresse pas mais de surcroît, il perd son bon sens et le sens de la réalité (accumulation d’adjectifs dévalorisants et rythmes binaires qui insistent sur ce constat).
2. Un conversation instructive avec un représentant de l’humanisme (Philippe des Marais) qui achève de l’éclairer en lui montrant la fausse science des sophistes (deux antithèses : savoir - bêtise ; sagesse - enveloppe vide) puis ses effets nocifs ("abâtardissant les bons et nobles esprits, et corrompant toute fleur de jeunesse") qui dégradent les qualités de l’élève.
La conclusion du père et de son ami est confirmée par l’attitude puérile de Gargantua incapable de répondre au discours d’Eudémon, se mettant à pleurer et se cachant la visage dans son bonnet. Les comparaisons empruntées au domaine animal achèvent de le ridiculiser puisqu’il " se mit à pleurer comme une vache" et qu’il est aussi inerte qu’un "âne mort". Gargantua a été démoli tant sur le plan moral que sur le plan intellectuel, d’où la fureur de Grandgousier qui veut se venger en tuant Maître Jobelin.
II. Eloge de l’éducation humaniste
Elle se fait par l’intermédiaire d’un test qui va se révéler concluant en tout point.
1. L’attention au corps
A l'inverse des sophistes influencés par la conception chrétienne de la suprématie de l’âme sur le corps qui négligent l’importance de la tenue et de la propreté des élèves, les humanistes, impressionnés par la beauté des statues grecques et Rabelais, en tant que médecin, accordent au corps une grande attention.
Messire des Marais avertit au départ que les jeunes gens "du temps présent" sont mieux formés intellectuellement ("meilleures paroles, meilleurs propos") mais aussi qu’ils ont une meilleure contenance dans le monde que ceux d’autrefois. Rabelais insiste sur la propreté par l’intermédiaire d’un groupe ternaire ("si bien coiffé, si bien tiré à quatre épingles, si bien épousseté") et complète par un quatrième point qui revient sur le bon maintien du jeune homme ("si bien élevé quant au maintien").
2. Le savoir
Au discours confus des théologiens qui sont qualifiés de rêveurs s’oppose une méthode claire inspirée par les traités de rhétorique antiques. Les cinq points fondamentaux de la rhétorique antique sont : inventio (invention), dispositio (plan), ornementatio (figures de rhétorique), elomtio (clarté) et actio (attitude, gestes). L’élève sait ce qu’il doit dire, il énonce ses idées selon un plan bien construit, son style est parfait.
Cette démonstration condamne sans appel la méthode des anciens maîtres de Gargantua.
III. L’intérêt argumentatif
1. La scène humanise les personnages en les plaçant dans une situation naturelle : les inquiétudes du père, la visite d’un ami, la fureur de Grandgousier lorsqu’il constate qu’il a été trompé. Cette situation permet à Rabelais d'exposer son point de vue sur l'éducation en jouant sur l'émotion du lecteur plutôt que par des discours théoriques.
***2. La scène permet également d’accentuer le décalage entre les deux types d’éducation par une présentation antithétique des succès de la méthode humaniste face aux aberrations des pratiques médiévales.
3. Enfin, pour Rabelais qui considère que le rire est le propre de l’Homme, la scène fournit l’occasion de présenter son point de vue dans une atmosphère ludique grâce aux hyperboles (exagérations) concernant les qualités et les défauts des deux méthodes (le comique des comparaisons avec l’âne et la vache, le pittoresque avec le vice-roi de Papeligosse et ses expressions populaires, et enfin la colère et la violence de Grandgousier).
LE CHAPITRE 21 VS LE CHAPITRE 23 : L'ÉDUCATION IDÉALE - « Mens sana in corpore sano »
I. LE CHAPITRE 21 :
http://www.ralentirtravaux.com/lettres/sequences/cinquieme/gargantua/chapitre-xxi.php
L’éducation de Gargantua selon les « précepteurs sophistes ». Gargantua. Chapitre XXI.
[LE TEXTE]
Il employait donc son temps de telle façon qu’ordinairement il s’éveillait entre huit et neuf heures, qu’il fût jour ou non ; ainsi l’avaient ordonné ses anciens régents (3), alléguant ce que dit David : Vanum est vobis ante lucem surgere (4).
[Au Moyen Âge, l’école est essentiellement faite par les religieux (moines, curés, clercs...). On n’y étudie pas vraiment les livres, mais plutôt les commentaires des livres ; on exerce sa mémoire plutôt qu’on ne s’exerce à réfléchir. On y apprend les arts libéraux :
- Le trivium (la grammaire, l’art de parler et d’écrire, et l’art du raisonnement),
- Le quadrivium (l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie et la musique).]
Puis il gambadait, sautait et se vautrait dans le lit quelque temps pour mieux réveiller ses esprits animaux (5) ; il s’habillait selon la saison, mais portait volontiers une grande et longue robe de grosse étoffe frisée fourrée de renards ; après, il se peignait du peigne d’Almain (6), c’est-à-dire des quatre doigts et du pouce, car ses précepteurs disaient que se peigner autrement, se laver et se nettoyer était perdre du temps en ce monde.
Puis il fientait, pissait, se raclait la gorge, rotait, pétait, bâillait, crachait, toussait, sanglotait, éternuait et morvait comme un archidiacre (7) et, pour abattre la rosée et le mauvais air, déjeunait de belles tripes frites, de belles grillades, de beaux jambons, de belles côtelettes de chevreau et force soupes de prime (8).
Ponocrates (9) lui faisait observer qu’il ne devait pas tant se repaître (10) au sortir du lit sans avoir premièrement fait quelque exercice. Gargantua répondit :
« Quoi ! n’ai-je pas fait suffisamment d’exercice ? Je me suis vautré six ou sept fois dans le lit avant de me lever. N’est-ce pas assez ? Le pape Alexandre faisait ainsi, sur le conseil de son médecin juif, et il vécut jusqu’à la mort en dépit des envieux. Mes premiers maîtres m’y ont accoutumé, en disant que le déjeuner donnait bonne mémoire : c’est pourquoi ils buvaient les premiers. Je m’en trouve fort bien et n’en dîne (11) que mieux. Et Maître Tubal (12) (qui fut le premier de sa licence (13) à Paris) me disait que ce n’est pas tout de courir bien vite, mais qu’il faut partir de bonne heure. Aussi la pleine santé de notre humanité n’est pas de boire des tas, des tas, des tas, comme des canes, mais bien de boire le matin, d’où la formule :
Lever matin n’est point bonheur ;
Boire matin est le meilleur. »
Après avoir bien déjeuné comme il faut, il allait à l’église, et on lui portait dans un grand panier un gros bréviaire (14) emmitouflé, pesant, tant en graisse qu’en fermoirs et parchemins, onze quintaux et six livres à peu près. Là, il entendait vingt-six ou trente messes. Dans le même temps venait son diseur d’heures (15), encapuchonné comme une huppe (16), et qui avait très bien dissimulé son haleine avec force sirop de vigne (17). Avec celui-ci, Gargantua marmonnait toutes ces kyrielles (18), et il les épluchait si soigneusement qu’il n’en tombait pas un seul grain en terre.
Au sortir de l’église, on lui amenait sur un char à bœufs un tas de chapelets de Saint-Claude (19), dont chaque grain était aussi gros qu’est la coiffe d’un bonnet ; et, se promenant par les cloîtres, galeries ou jardin, il en disait plus que seize ermites (20).
Puis il étudiait quelque méchante demi-heure, les yeux posés sur son livre mais, comme dit le poète comique (21), son âme était dans la cuisine.
Pissant donc un plein urinoir, il s’asseyait à table, et, parce qu’il était naturellement flegmatique, il commençait son repas par quelques douzaines de jambons, de langues de bœuf fumées, de boutargues (22), d’andouilles, et d’autres avant-coureurs de vin (23).
Pendant ce temps, quatre de ses gens lui jetaient en la bouche, l’un après l’autre, continûment, de la moutarde à pleines pelletées. Puis il buvait un horrifique trait de vin blanc pour se soulager les reins. Après, il mangeait selon la saison, des viandes (24) selon son appétit, et cessait quand le ventre lui tirait.
Pour boire, il n’avait ni fin ni règle, car il disait que les bornes et les limites étaient quand, la personne buvant, le liège des pantoufles enflait en hauteur d’un demi-pied.
Notes :
1 - Précepteurs : maîtres.
2 - Sophistes : dans l’antiquité, le sophiste est une sorte d’enseignant. Ici, le terme est péjoratif et désigne un maître capable de soutenir tout et son contraire par des arguments subtils.
3 - Régents : maîtres.
4 - Citation d’un psaume de l’Ancien Testament : Il est vain de se lever avant la lumière.
5 - Ses esprits animaux : selon la médecine de l’époque, liquide qui se propageait dans tout l’organisme pour y maintenir l’énergie vitale.
6 - Jacques Almain était un théologien du début du XVIe siècle. Il y a là un jeu de mot (se peigner à la main).
7 - Archidiacre : supérieur du curé.
8 - Soupes de prime : tranches de pain trempées dans un bouillon, qu’on mangeait au couvent à prime.
9 - Ponocrates est le nouveau maître de Gargantua. En grec, son nom signifie «bourreau de travail».
10 - Se repaître : se nourrir abondamment, engloutir.
11 - Le dîner est le déjeuner de l’époque.
12 - Maître Tubal est l’ancien maître de Gargantua.
13 - Le premier de sa licence : le premier dans le diplôme obtenu à l’université.
14 - Bréviaire : livre de prière.
15 - Heures : prières.
16 - Le diseur d’heures est emmitouflé dans le capuchon de son manteau comme une huppe l’est dans ses plumes.
17 - Sirop de vigne : la périphrase désigne le vin.
18 - Ces kyrielles : ces suites ininterrompues, interminables de prières.
19 - Saint-Claude est une ville du Jura célèbre pour ses objets en buis.
20 - Ermites : hommes vivant seuls dans la forêt.
21 - Le poète comique : Térence l’auteur d’Eunuque.
22 - Boutargues : genre de caviar.
23 - Avant-coureurs de vin : des apéritifs.
24 - Des viandes : les aliments en général (viande vient de «vivanda», ce qui sert à la vie).
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Maître Tubal Holoferne, le grand docteur sophiste, apprend à Gargantua à réciter par cœur l’alphabet à l’envers, et lui lit quelques livres en un peu plus de treize ans.
En hébreu, Tubal signifie « confusion ». Holoferne est le nom d’un général
de Nabuchodonosor, grand persécuteur des Juifs. Il est décapité par Judith.
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II. LE CHAPITRE 23 :
https://www.ralentirtravaux.com/lettres/sequences/cinquieme/gargantua/chapitre-xxiii.php
L’éducation de Gargantua selon Ponocrates. Gargantua. Chapitre XXIII. [texte]
« Un esprit sain dans un corps sain » - la devise de la bonne éducation humaniste.
Cette citation du poète latin Juvénal (« Mens sana in corpore sano ») illustre l’idée qu’on ne peut séparer le corps et l’esprit, qu’une bonne éducation s’occupe et du moral et du physique à la fois par l’étude et le sport.
Elle reflète l’idéal humaniste qui place l’homme au centre de ses préoccupations.
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[LE TEXTE]
Quand Ponocrates (1) découvrit la fâcheuse manière de vivre de Gargantua, il décida de le former aux belles-lettres (2) d’une autre manière. Mais, pour les premiers jours, il la toléra, considérant que la nature ne subit pas de mutations soudaines sans grande violence.
Pour mieux commencer sa tâche, il pria un savant médecin de ce temps-là, nommé Maître Théodore, de remettre s’il était possible Gargantua en meilleure voie. Le médecin le purgea selon les règles avec de l’ellébore d’Anticyre (3) et grâce à ce médicament il lui nettoya le cerveau de tout vice et de toute mauvaise habitude. Par ce moyen, Ponocrates lui fit aussi oublier tout ce qu’il avait appris avec ses anciens précepteurs, comme le faisait Timothée (4) avec ses disciples qui avaient été formés par d’autres musiciens.
Pour mieux y parvenir, il l’introduisait dans les cercles de gens savants qui se trouvaient là. Par émulation (5), son esprit se développa, le désir d’étudier autrement et de se montrer à son avantage lui vinrent.
Puis il le soumit à un tel rythme de travail qu’il ne perdait pas une heure de la journée. Au contraire, il consacrait tout son temps aux lettres et au noble savoir. Gargantua s’éveillait donc vers quatre heures du matin. Pendant qu’on le frictionnait (6), on lui lisait quelque page des Saintes Écritures (7) à voix haute et claire, avec la prononciation requise. Cette tâche était confiée à un jeune page, natif de Basché, nommé Anagnostes (8). Selon le thème et le sujet du passage, il se mettait à révérer, adorer, prier et supplier le bon Dieu, dont la lecture prouvait la majesté et les merveilleux jugements.
Puis il allait aux lieux secrets excréter (9) le produit des digestions naturelles. Là (10), son précepteur répétait ce qui avait été lu, lui exposant les points les plus obscurs et les plus difficiles.
En revenant, ils considéraient l’état du ciel, observant s’il était comme ils l’avaient remarqué le soir précédent, et en quels signes entrait le soleil et la lune, pour ce jour-là.
Cela fait, il était habillé, peigné, coiffé, apprêté et parfumé. Pendant ce temps, on lui répétait les leçons du jour précédent. Lui-même les récitait par cœur, et y mêlait quelques cas pratiques concernant la vie des hommes. Ils discutaient quelque fois pendant deux ou trois heures, mais cessaient habituellement lorsqu’il était complètement habillé.
Ensuite, pendant trois bonnes heures, la lecture lui était faite.
Cela fait, ils sortaient, toujours en discutant du sujet de la lecture, et allaient se divertir au Grand Braque (11) ou dans les prés, et jouaient à la balle, à la paume, à la pile en triangle (12), s’exerçant élégamment le corps comme ils s’étaient auparavant exercé l’esprit.
Tous leurs jeux se faisaient librement, car ils abandonnaient la partie quand cela leur plaisait, et ils cessaient d’ordinaire lorsque la sueur leur coulait par le corps ou qu’ils étaient las. Ils étaient alors très bien essuyés et frottés. Ils changeaient de chemise et, en se promenant doucement, allaient voir si le dîner (13) était prêt. Là, en attendant, ils récitaient clairement et éloquemment quelques sentences (14) retenues de la leçon.
Cependant, Monsieur l’Appétit venait, et ils s’asseyaient à table au bon moment.
Au début du repas, on lisait quelque histoire plaisante des anciennes prouesses (15), jusqu’à ce qu’il eût pris son vin.
Alors, si on le jugeait bon, on continuait la lecture ou ils commençaient à deviser (16) joyeusement ensemble, parlant, pendant les premiers mois, de la vertu, de la propriété, de l’efficacité et de la nature de tout ce qui leur était servi à table : du pain, du vin, de l’eau, du sel, des viandes, des poissons, des fruits, des herbes, des racines et de leur préparation. Ce faisant, Gargantua apprit en peu de temps tous les passages relatifs à ce sujet dans Pline, Athénée, Dioscorides, Julius Pollux, Galien, Porphyre, Oppien, Polybe, Héliodore, Aristote, Ælian et d’autres. Sur les propos tenus, ils faisaient souvent, pour être certains, apporter à table les livres cités. Et Gargantua retint en sa mémoire si bien si et entièrement les choses dites, qu’il n’y avait alors pas un médecin qui sût la moitié de ce qu’il savait.
Après, ils parlaient des leçons lues le matin, et, achevant leur repas par quelque confiture de coings, Gargantua se curait les dents avec un tronc de lentisque (17), se lavait les mains et les yeux de belle eau fraîche, et tous rendaient grâce à Dieu par quelques beaux cantiques (18) la louange de la munificence (19) et de la bonté divines. Sur ce, on apportait des cartes, non pour jouer, mais pour y apprendre mille petits amusements et inventions nouvelles, lesquels découlaient tous de l’arithmétique.
Par ce moyen, il prit goût à cette science des nombres, et tous les jours, après le dîner et le souper, il y passait son temps avec autant de plaisir qu’il en prenait d’habitude aux dés ou aux cartes. Il en connut si bien la théorie et la pratique, que Tunstal l’Anglais (20), qui avait amplement écrit sur le sujet, confessa que vraiment, en comparaison de Gargantua, il n’y entendait que le haut-allemand.
Et non seulement il prit goût à cette science, mais aussi aux autres sciences mathématiques, comme la géométrie, l’astronomie et la musique (21) ; car, en attendant la digestion de son repas, ils faisaient mille joyeux instruments et figures géométriques et, de même, ils pratiquaient les lois de l’astronomie.
Après, ils s’amusaient à chanter sur une musique à quatre et cinq parties ou à faire des variations vocales sur un thème.
Pour ce qui est des instruments de musique, il apprit à jouer du luth (22), de l’épinette, de la harpe, de la flûte traversière et de la flûte à neuf trous, de la viole (23) et du trombone.
Cette heure ainsi employée, la digestion achevée, il se purgeait de ses excréments naturels, puis se remettait à son principal objet d’étude pour trois heures ou davantage, tant pour répéter la lecture du matin que pour poursuivre le livre entrepris, mais aussi écrire, bien tracer et former les anciennes lettres romaines.
Cela fait, ils sortaient de leur demeure, accompagnés d’un jeune gentilhomme de Touraine, écuyer nommé Gymnaste, lequel enseignait à Gargantua l’art de chevalerie.
Changeant alors de vêtements, il montait un cheval de bataille, un roussin (24), un genet (25), un cheval barbe (26), cheval léger (27), et lui faisait faire cent tours de manège, le faisait sauter en l’air, franchir le fossé, sauter la palissade, tourner court en un cercle, tant à droite qu’à gauche.
Là, il ne rompait pas la lance, car c’est la plus grande sottise du monde que de dire : « J’ai rompu dix lances dans un tournoi ou une bataille » Un charpentier en ferait autant ! En revanche, c’est une louable gloire d’avoir rompu dix de ses ennemis d’une seule lance. De sa lance acérée, solide et rigide donc, il rompait une porte, enfonçait une armure, renversait un arbre, enfilait un anneau, enlevait une selle d’armes, un haubert (28), un gantelet (29). Tout cela, il le faisait armé de pied en cap.
En ce qui concerne les fanfares (30) et faire les petits claquements (31) de langue, sur un cheval, nul ne le faisait mieux que lui. Le voltigeur de Ferrare (32) n’était qu’un singe en comparaison. En particulier, on lui apprenait à sauter rapidement d’un cheval sur l’autre sans mettre pied à terre (ces chevaux étaient dits de voltige), à monter de chaque côté, sans étriers, la lance au poing, et à guider selon sa volonté le cheval sans bride, car de telles choses servent à la discipline militaire.
Un autre jour, il s’exerçait à la hache, laquelle coulait (33) si bien, multipliait tant les coups de pointe, portait tant de coups en taille ronde, qu’il aurait pu passer chevalier d’armes en campagne et en toutes épreuves.
Puis il brandissait la pique, assenait de l’épée à deux mains, de l’épée bâtarde (34), de la rapière (35), de la dague (36) et du poignard, avec armure, sans armure, au bouclier, à la cape, à la rondache (37).
Il courait le cerf, le chevreuil, l’ours, le daim, le sanglier, le lièvre, la perdrix, le faisan, l’outarde (38). Il jouait au ballon et le faisait rebondir en l’air, autant du pied que du poing. Il luttait, courait, sautait non avec trois pas d’élan, non à cloche-pied, non à l’Allemande car, disait Gymnaste, de tels sauts sont inutiles et ne servent à rien à la guerre, mais d’un saut, il franchissait un fossé, volait par-dessus d’une haie, montait six pas contre une muraille et parvenait de cette façon à une fenêtre de la hauteur d’une lance.
Il nageait en eau profonde, à l’endroit, à l’envers, sur le côté, de tout le corps, des seuls pieds, une main en l’air, laquelle tenant un livre, traversait toute la Seine sans le mouiller, et tirant son manteau par les dents, comme faisait Jules César. Puis, à la seule force du poignet, il montait dans un bateau. De celui-ci, il se jetait derechef à l’eau, la tête la première, sondait le fond, creusait les rochers, plongeait dans les abîmes et les gouffres. Puis il manœuvrait le bateau, le dirigeait, le menait rapidement, lentement, au fil de l’eau, à contre-courant, le retenait en pleine écluse, le guidait d’une main, de l’autre s’escrimant (39) avec un grand aviron (40), hissait la voile, montait au mât par les cordages, courait sur les vergues (41), ajustait la boussole, tendait l’écoute (42), tenait ferme le gouvernail.
Sortant de l’eau, il gravissait la montagne et la dévalait aussitôt. Il grimpait aux arbres comme un chat, sautait de l’un à l’autre comme un écureuil, abattait les grosses branches comme un autre Milon (43). Avec deux poignards acérés et deux poinçons (44) à toute épreuve, il montait en haut d’une maison comme un rat, puis en descendait de telle façon que ses membres ne souffraient aucunement de la chute.
Il lançait le dard (45), la barre, la pierre, la javeline, l’épieu, la hallebarde (46), bandait l’arc, tendait à coups de reins les fortes arbalètes de siège (47), visait de l’arquebuse (48) à l’œil, affûtait le canon (49), tirait à la butte (50), au perroquet, de bas en haut, de haut en bas, devant, de côté, en arrière comme les Parthes (51). On lui attachait à quelque haute tour un câble pendant à terre. Il y montait avec deux mains, puis dévalait si rapidement et avec tant d’assurance que vous ne feriez pas mieux dans un pré bien plat.
Gargantua monte à la corde. On lui mettait une grosse perche soutenue par deux arbres ; il s’y pendait par les mains, allait et venait sans rien toucher des pieds, si bien qu’à grande vitesse, on n’eût pu l’attraper.
Et, pour s’exercer le thorax et les poumons, il criait comme tous les diables. Une fois, je l’ai entendu appelant Eudémon (52), depuis la porte Saint-Victor jusqu’à Montmartre. Stentor (53) n’eut jamais une telle voix à la bataille de Troie.
Et, pour fortifier ses nerfs, on lui avait fait deux gros saumons de plomb, pesant chacun huit mille sept cents quintaux (54), lesquels il appelait haltères. Il les soulevait de chaque main, les élevait en l’air au-dessus de la tête, et les tenait ainsi, sans bouger trois quarts d’heure et davantage, ce qui révélait une force sans pareille.
Il jouait aux barres avec les plus forts, et, quand le point arrivait, il se tenait sur les pieds si solidement qu’il s’abandonnait aux plus aventureux parvenant à le faire bouger de sa place, comme faisait jadis Milon (55), à l’imitation duquel il tenait aussi une pomme de grenade dans sa main et la donnait à qui pourrait la lui ôter.
Le temps ayant été ainsi employé, Garagantua - frotté, nettoyé, les vêtements changés - revenait tout doucement. En passant par quelques prés ou autres lieux herbeux, ils examinaient les arbres, les plantes, et les commentaient à l’aide des livres des anciens qui ont écrit à leur sujet, comme Théophraste, Discorides, Marinus, Pline, Nicandre, Macer et Galien. Ils en emportaient à pleines mains au logis. Un jeune page, nommé Rhizotome (56), en avait la charge, ainsi que des binettes (57), des pioches, des serfouettes (58), des bêches, des sarcloirs (59) et d’autres instruments requis pour bien herboriser (60).
Arrivés au logis, pendant qu’on préparait le souper, ils répétaient quelques passages de ce qui avait été lu et s’asseyaient à table.
Notez que son dîner était sobre et frugal, car il mangeait seulement pour réfréner les abois de son estomac. Mais le souper était copieux et abondant, car il prenait autant qu’il lui était nécessaire pour s’entretenir et se nourrir. Voilà ce qu’est la vraie diète (61) prescrite par l’art de la bonne et sûre médecine, bien qu’un tas de médicastres (62), abêtis dans l’officine des sophistes, conseillent le contraire.
Durant ce repas, la leçon du dîner était continuée autant que bon semblait ; le reste se poursuivait en bons propos, tous instructifs et utiles.
Après que les grâces (63) étaient rendues, ils s’adonnaient au chant, jouaient d’instruments harmonieux ou se livraient à ces petits passe-temps qu’on fait avec les cartes, les dés et les gobelets. Ils demeuraient là, faisant grande chère et s’amusant parfois jusqu’à l’heure de dormir. Quelquefois ils allaient trouver la compagnie de gens savants ou de gens qui avaient vu des pays étranges.
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En pleine nuit, avant de se retirer, ils allaient à l’endroit de leur logis le plus découvert voir la face du ciel, et là ils observaient les comètes (s’il y en avait), les figures, les situations, les positions, les oppositions et les conjonctions des astres.
Puis avec son précepteur, il récapitulait brièvement, à la mode des Pythagoriciens (64), tout ce qu’il avait lu, vu, su, fait et entendu au cours de toute la journée.
Ils priaient Dieu le créateur, l’adorant et confirmant leur foi envers lui, le glorifiant de sa bonté immense et lui rendant grâce de tout le temps passé. Ils se recommandaient à sa divine clémence pour tout l’avenir.
Cela fait, ils allaient se reposer.
Notes :
1 - Ponocrates est le nouveau maître de Gargantua. En grec, son nom signifie « bourreau de travail ».
2 - La littérature, et le savoir en général.
3 - Cette herbe passait pour un remède à la folie.
4 - Thimothée faisait avaler de l’ellébore à ses disciples qui avaient appris la musique avec d’autres maîtres.
5 - Compétition, volonté d’égaler ou de surpasser quelqu’un.
6 - L’habitude des bains, fréquents au Moyen Âge, s’était perdue.
7 - La Bible.
8 - Anagnostes signifie « lecteur » en grec.
9 - Éliminer les déchets de l’organisme.
10 - Les personnes d’importance n’allaient pas seuls dans ces « lieux secrets ».
11 - Salle de jeu de Paume (l’ancêtre du tennis) située à Paris.
12 - Jeu de balle où les trois joueurs se plaçaient en triangle.
13 - Notre actuel repas de midi.
14 - Maximes, proverbes contenant des règles de conduite ou de morale.
15 - Chansons de geste, romans de chevalerie.
16 - Discuter.
17 - Pistachier.
18 - Chants consacrés à la gloire de Dieu.
19 - Grande générosité.
20 - Auteur d’un livre sur l’arithmétique.
21 - La musique fait alors partie des mathématiques.
22 - Instrument à cordes pincées.
23 - Instrument à cordes frottées.
24 - Cheval de valet ou de voyage.
25 - Petit cheval originaire d’Espagne.
26 - Très ancienne race de cheval originaire d’Afrique du Nord.
27 - Cheval destiné à être monté.
28 - Le haubert est une cotte de mailles portée au Moyen Âge par les hommes d’armes.
29 - Gant de peau couvert de lames de fer ou d’acier, faisant partie de l’armure.
30 - Faire marcher le cheval sur le rythme de la musique.
31 - Claquements destinés au cheval pour le flatter.
32 - Ville d’Italie pleine de cavaliers réputés.
33 - Voir l’expression « couler l’épée à travers le corps ».
34 - Épée permettant de se battre avec la pointe et le tranchant (voir l’expression « frapper d’estoc et de taille »).
35 - Épée longue et effilée.
36 - Épée courte.
37 - Petit bouclier rond.
38 - Oiseau échassier dont la chair était appréciée.
39 - Faisant de grands efforts.
40 - Rame.
41 - La vergue est une pièce perpendiculaire au mât servant à porter la voile qui y est fixée.
42 - Cordage servant à orienter une voile.
43 - Milon de Crotone est un athlète de la Grèce antique devenu légendaire en raison de sa force. Selon la légende, Milon, parvenu à un âge avancé, traversait l'Italie et, ayant trouvé en chemin un vieux chêne abattu et entrouvert, il entreprit d'achever de le fendre avec ses mains ; mais sous l'effort qu'il fit, il resta finalement prisonnier de l'arbre, ses mains étant prises comme dans un étau : il ne put se dégager, et, incapable de se défendre, il fut dévoré par des animaux sauvages.
44 - Instrument métallique pourvu d’une point servant à percer ou à graver.
45 - Arme garnie d’une pointe de fer qu’on lançait à la main.
46 - Arme à long manche à fer pointu d’un côté et tranchant de l’autre.
47 - Ces arbalètes mesuraient près de 20 mètres. Elles étaient munies d’un treuil pour les tendre.
48 - Arme à feu assez lourde.
49 - Disposait le canon afin de le tirer.
50 - Massif de terre où l’on place le but pour tirer et viser.
51 - L’empire Parthes était une importante puissance iranienne de la Perse antique.
52 - Avec Ponocrates, Eudémon est chargé de l’éducation de Gargantua.
53 - Dans la mythologie grecque, Stentor est le crieur de l'armée des Grecs lors de la guerre de Troie. Son nom est synonyme de voix puissante.
54 - Un quintal équivaut à 100 kilogrammes.
55 - Voir note (43)
56 - Rhizotome signifie, en grec, « coupe-racines ».
57 - Instrument de jardinage servant à biner (aérer la terre et détruire les mauvaises herbes).
58 - Outil de jardinage formé d'une petite pioche légère dont le fer est large et carré d'un côté et pointu de l'autre.
59 - Instrument de jardinage servant à sarcler (couper les mauvaises herbes).
60 - Recueillir des herbes ou des plantes pour apprendre à les connaître ou pour en former des collections.
61 - Au sens premier du mot : « régime de vie, genre de vie »
62 - Mauvais médecin.
63 - Prière que l’on fait après le repas.
64 - Personnes suivant l’enseignement de Pythagore.
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http://www.bacfrancais.com/bac_francais/gargantua-chapitre-23.php
La bonne éducation. Gargantua. Ch. XXIII. [analyse]
Rabelais : Gargantua : Chapitre 23 (La bonne éducation) (Commentaire composé)
Introduction : Au début du XVIème siècle en Europe, apparaît un mouvement philosophique, artistique et littéraire : l'humanisme. Bien que revendiquant le fait d'être le seul mouvement à ne pas avoir de manifeste, Gargantua de Rabelais, pourrait être considéré comme tel. L'un des principaux thèmes en est l'éducation, présentée à travers celle de Gargantua. Après avoir laissé tranquille son fils jusqu'à l'âge de cinq ans, puis après avoir suivi une éducation sophiste, ce dernier reçoit celle de Ponocrates, un jeune précepteur de la nouvelle école. Ce 23ème chapitre qui développe la "bonne éducation" est ainsi à opposé à celle du 21ème chapitre, aussi bien sur le plan du contenu que sur celui des méthodes.
I - Les contenus de l'éducation
a. Education physique : Le Corps
L'hygiène : Il change souvent de vêtements, se lave, se coiffe, se parfume (l38).
Le Sport : Il fait du sport plusieurs fois par jour, ils sont différents à chaque fois.
Régime : Sa nourriture est saine et équilibrée (l47-50;113-205).
Frugalité.
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b. L'esprit.
Retour aux textes originaux (Au Moyen Âge, les textes sont ignorés, on ne s'intéresse qu'aux multiples interprétations, et on se borne au regard subjectif du clergé). Gargantua lit les textes sacrés (l81-82).
Sciences arithmétiques (logique et musique)
Astronomie.
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c. L'âme.
Religion personnelle, esprit évangélique, religion d'action de grâce.
Au Moyen Âge, Dieu inspirait la crainte. Ici, Gargantua idolâtre Dieu tel qu'il devrait l'être (l29,80-82,229,244-247)
Transition : Opposition des contenus avec l'école scolastique : Les corps est entretenu et même éduqué contrairement au Moyen Âge qui le considérait comme un objet du Diable. L'esprit apprend les choses les plus simples et les plus utiles.
II - Les méthodes éducatives
a. Les conditions.
Possibilité de remplacer le précepteur, ce qui entraîne une confiance réciproque (contrairement aux collèges de l'époque où il n'y avait pas de liberté d'esprit) : (l46-47,64-65,77). Au Moyen Âge, l'élève est soumis, passif, muet.
b. Les méthodes proprement dites.
Vérification de la compréhension. on lui fait réciter les leçons apprises la veille (l40,57-58,74-76).
Journée parfaitement organisée et optimisée : simultanéité des activités.
Observation (les livres ne sont ouverts qu'après pour confirmation, différence avec le Moyen Âge où la culture était exclusivement livresque)
Esprit ludique, éducatif.
Soucis d'utilisation du savoir : Mise en pratique permanente dans la vie courante des théories et leçons apprise. On évite la contrainte, en faveur de la liberté, que l'on juge source d'épanouissement. On déguise le travail en jeu.
Les méthodes sont beaucoup plus variées et en rapport avec les facultés et capacités d'un enfant adolescent.
Conclusion : Entre les chapitres 21 et 23, Rabelais effectue une véritable démonstration en développant deux possibilités pour l'éducation de son héros. De plus, on peut noter que les thèmes abordés dans la "bonne" éducation sont tout à fait ceux prônés par l'Humanisme dans les contenus et dans les méthodes. Pour résumer sa conception de l'éducation , on peut citer une autre oeuvre de Rabelais : "Pantagruel" : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
http://commentairecompose.fr/lettre-gargantua-pantagruel-chapitre-8/
La lettre de Gargantua à son fils. Pantagruel. Chapitre 8. [analyse]
http://www.bacdefrancais.net/pantagruel-rabelais-1.php
La lettre de Gargantua à son fils. Pantagruel. Chapitre 8. [texte et analyse]
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http://ldm.phm.free.fr/Oeuvres/GargantuaFM.htm#Prologue
La Vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, fils de Grandgousier. Composés nouvellement par maitre Alcofribas Nasier. (1534), Oeuvre complète en français modernisé.
Textes sur le thème de l'éducation.
Rabelais, Gargantua, chap. XX : « L’étude et diète de Gargantua selon la discipline de ses précepteurs sorbonagres » [transcription modernisée]
Rabelais, Gargantua, chap. XXI - XXIII: « Comment Gargantua fut institué par Ponocrates en telle discipline qu’il ne perdait heure par jour
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le jeudi 19 OCTOBRE
THÈMES ET ORGANISATION DE LA SESSION :
THÈME I : la vie idéale : alliance de la nature humaine et du christianisme ; une expérience de vie épicurienne.
DOCUMENTS À LIRE POUR LA DISCUSSION :
CHAPITRE 57 : LA VIE IDÉALE - "Fais ce que voudras".
http://commentairecompose.fr/l-abbaye-de-theleme-rabelais-texte/
L'abbaye de Thélème. Gargantua. Chapitre 57. [texte]
[CE TEXTE SE TROUVE CI-DESSOUS]
http://commentairecompose.fr/abbaye-de-theleme/
L'abbaye de Thélème. Gargantua. Chapitre 57. [analyse]
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THÈME II : RÉVISION DE RABELAIS :
"Le rire est le propre de l'homme"
"Mens sana in corpore sano"
"Fais ce que voudras"
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http://www.bacdefrancais.net/gargantua-rabelais-theleme-57.php
L'abbaye de Thélème . Gargantua. Chapitre 57. [texte et analyse]
INTRODUCTION : Ce texte est extrait de l'œuvre Gargantua de Rabelais, publié en 1534. Rabelais se situe dans le courant humaniste qui se développe en Europe au XVème siècle, et se réfère aux textes antiques des Grecs et des Romains anciens.Nous sommes à la fin de la guerre Picrochole-Gargantua et pour récompenser frère Jean de sa lutte contre Picrochole, Gargantua fonde une abbaye nommée "Thélème". Elle est basée sur l'architecture du château de Chambord. Ainsi dans le chapitre 57 qui constitue l'épilogue de Gargantua, Rabelais qui a lui-même été moine donne sa vision d'une abbaye idéale et utopique.
LES AXES DE LECTURE :
I. L'éloge de l'abbaye de Thélème
1. Une population hors-norme [UNE ÉLITE]
2. L'éloge fait par Rabelais
II. Un abbaye contraire aux autres abbayes
1. Une population différente de celle d'une abbaye classique
2. Une abbaye sans contraintes
3. L'amour possible et idéalisé
III. La vie idéale dans l'abbaye de Thélème
1. Une utopie
2. Mais qui a ses limites
Abbaye traditionnelle = contrainte / Abbaye de Thélème = liberté
Point de vue humaniste de Rabelais : si les hommes n'ont pas de contrainte, alors ils vont s'incliner naturellement vers la vertu et peuvent ainsi vivre en communauté sans lois et selon leur bon vouloir.
CONCLUSION : L'abbaye de Thélème proposée par Rabelais au travers de Gargantua permet à Rabelais de dresser une critique de la religion. Il affirme également ses aspirations humanistes avec cette abbaye sans contraintes dans laquelle la vertu des Thélémites permet une vie harmonieuse en communauté. Pourtant, à y regarder de plus près, cette vie a aussi ses contraintes (subir les désirs des autres), et elle est réservée à une élite bien éduquée.
Texte situé à la fin de Gargantua : une conclusion qui rappelle les idées de l’humaniste Rabelais. Confiance totale en la nature humaine, pas question d’admettre des notions de pêché originel.
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[LE TEXTE]
Gargantua - Chapitre 57
Toute leur vie était employée, non par lois, statuts ou règles, mais selon leur vouloir et franc arbitre. Se levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur venait. Nul ne les éveillait, nul ne les forçait ni à boire, ni à manger ni à faire chose autre quelconque. Ainsi l'avait établi Gargantua.
En leur règle n'était que cette clause :
Fais ce que voudras
parce que gens libères, bien nés, bien instruits, conversant en compagnies honnêtes, ont par nature un instinct et aiguillon qui toujours les pousse à faits vertueux et retire de vice, lequel ils nommaient honneur. Iceux, quand par vile subjection et contrainte sont déprimés et asservis, détournent la noble affection, par laquelle à vertu franchement il tendaient, à déposer et enfreindre ce joug de servitude, car nous entreprenons toujours choses défendues et convoitons ce qui nous est dénié.
Par cette liberté, entrèrent en louable émulation de faire tous ce qu'à un seul voyaient plaire. Si quelqu'un ou quelqu'une disait : " Buvons ", tous buvaient. Si disait : " Jouons ", tous jouaient. Si disait : " Allons à l'ébat ès champs ", tous y allaient. Si c'était pour voler ou chasser, les dames, montées sur belles haquenées, avec leur palefroi gourrier sur le point mignonnement engantelé portaient chacune ou un épervier ou un laneret, ou un émerillon ; les hommes portaient les autres oiseaux.
Tant noblement étaient appris qu'il n'était entre eux celui ni celle qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d'instruments harmonieux, parler de cinq à six langages, et en iceux composer, tant en carme qu'en oraison solue. Jamais ne furent vus chevaliers tant preux, tant galants, tant dextres à pied et à cheval, plus verts, mieux remuant, mieux maniant tous bâtons, que là étaient. Jamais ne furent vues dames tant propres, tant mignonnes, moins fâcheuses, plus doctes à la main, à l'aiguille, à tout acte mulièbre honnête et libère, que là étaient. Par cette raison quand le temps venu était que aucun d'icelle abbaye, ou à la requête de ses parents, ou pour autre cause, voulût issir hors, avec soi il emmenait une des dames, celle laquelle l'aurait pris pour son dévot et étaient ensemble mariés ; et si bien avaient vécu à Thélème en dévotion et amitié, encore mieux la continuaient-ils en mariage ; d'autant s'entr'aimaient-ils à la fin de leurs jours comme le premier de leurs noces.
[MONDE IDEAL ET IDÉALISÉ / UNE UTOPIE
VIE LIBRE EN COMMUNAUTÉ VS VIE MONACALE TRADITIONNELLE ET SES CONTRAINTES : PAUVRETÉ - OBÉISSANCE - CHASTETÉ]
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le mardi 24 OCTOBRE
THÈMES ET ORGANISATION DE LA SESSION :
THÈME I. INTRODUCTION :
L'essai comme genre. [GENRE ARGUMENTIF ET SUBJECTIF]
MICHEL DE MONTAIGNE
***THÈME II : Introduction à l’œuvre de Michel de Montaigne (1533-1592) :
Les Essais (1580 - en deux livres, 1588 - en trois livres, 1595 - édition posthume).
THÈME III : le dessin central : la représentation et l’analyse de soi.
***« Au Lecteur ». Avant-propos. [TEXTE ET ANALYSES]
***Auto-portrait. « De la présomption ». Livre II. Chapitre XVII. [texte et analyse]
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THÈME I : Introduction à l’œuvre de Michel de Montaigne (1533-1592) : Les Essais (1580 - en deux livres, 1588 - en trois livres, 1595 - édition posthume).
A. L'essai comme genre. [GENRE ARGUMENTIF ET SUBJECTIF]
https://www.maxicours.com/se/cours/l-essai--premiere--francais/
L'essai est un genre argumentatif proche de la réalité et rejetant la fiction. Il est toujours écrit en prose, repose sur l’observation de faits et sur une analyse de l’auteur qui présente sa propre opinion sur un sujet donné, étayée d’arguments et d’exemples tirés de son expérience personnelle. L’argumentation est donc directe, ce qui en facilite la compréhension.
L’essai ne prétend pas, comme le traité, épuiser la totalité d’un sujet, mais seulement en donner un éclairage subjectif et partiel. En principe, il n'a pas vocation à être polémique — même si, dans la pratique, certains essais s'opposent violemment à des personnes ou à des idées qu'ils dénoncent.
***Le principal but de l'essai est d'exposer des idées.
Les sujets abordés sont donc variés : politique, société, culture, morale, religion, etc. Leur dimension est également variable, de même que leur organisation : on peut traiter d'un sujet unique ou fragmenter la réflexion sur de multiples objets. C'est pourquoi, dans les titres, on pourra trouver le mot « essai » au singulier ou au pluriel.
Le XVIe siècle, naissance de l’essai :
Au XVIe siècle, Montaigne, auteur humaniste, donne naissance à l’essai. Pour lui, il est le lieu d'une réflexion forcément partielle dont le principal sujet est l'auteur lui-même. Le mot « essai » doit donc être compris dans le sens de « tentative ».
La modestie affichée par le choix du mot « essai » doit également se comprendre autrement : les Essais de Montaigne ne sont pas organisés de façon rigoureuse, mais évoluent au contraire librement, en fonction de l'état d'esprit de l'auteur. Pour qualifier sa démarche, Montaigne parle d'une allure « à sauts et à gambades » (Essais, livre III, chapitre 9, « De la vanité »).
L'esprit de liberté qui règne dans ses Essais a également des répercussions sur le plan stylistique, puisque Montaigne choisit une langue familière, proche de celle qu'on utilise dans la conversation.
Exemple :
« Le parler que j'aime, c'est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu'à la bouche. »
Essais, livre I, chapitre 26, « De l'institution des enfants »
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B. BIOGRAPHIE DE MONTAIGNE.
https://www.bacfrancais.com/bac_francais/biographie-montaigne.php
Biographie de Montaigne :
Il est né le 28 février 1533 à Bordeaux. Son père a fait les guerres d'Italie. Il a un précepteur allemand qui lui a toujours parlé en latin. Il va au collège à 6 ans. Il a eu son bac et est magistrat à 21 ans après avoir fait des études de droit. Il est l'ami du poète Etienne de la Boétie. Deux évènements l'ont incité à écrire ses essais : le chagrin de la mort de son père et celle de la Boétie ainsi que son envie de se faire connaître. Il se retire chez lui et écrit mais souffre de calculs rénaux et part en voyage. Pendant ce temps il est élu maire de Bordeaux mais refuse. Il accepte convaincu par le roi. Il est réélu maire. Il est catholique mais tolérant. C'était l'ami d'Henri de Navarre. Ses essais sont plusieurs livres avec des chapitres thématiques. C'est lui qui crée le genre. Il y fait son autoportrait, parle beaucoup de la mort, est contre la tortue et les procès pour sorcellerie et contre la colonisation de l'Amérique car selon lui elle amène a des violences incroyables.
Montaigne est un héritier de l'humanisme mais il est presque déjà un penseur baroque car il constate que dans le monde, rien n'est stable.
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THÈME II : L'avant-propos : "Au lecteur." Le dessin central : la représentation et l’analyse de soi. [À COMPARER AVEC L'AVANT-PROPOS DE RABELAIS.]
http://www.bacdefrancais.net/avertilecteur.php
« Au Lecteur ». Avant-propos. [texte et analyse]
Introduction :
Montaigne a écrit Les Essais au 16ème siècle. Ce n’est pas une autobiographie mais un autoportrait. Il ne veut pas imposer une leçon au lecteur mais il nous invite à découvrir ses observations et ses réflexions.
Montaigne, dès la première ligne de son introduction, précise de façon étonnante que son œuvre est "de bonne foi", il ne ment pas. D'ailleurs il n'écrit pas pour un simple lecteur ni pour une quelconque renommée mais pour sa famille. Il y a une certaine agression envers le lecteur, il n'a aucune considération pour lui. Il précise bien les rapports qu'il veut entretenir avec lui, et aussi avec ses proches.
Texte étudié :
Au Lecteur
C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit, dés l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire. Mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein. Je l'ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis : à ce que m'ayant perdu (ce qu'ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver aucuns traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent, plus altière et plus vive, la connaissance qu'ils ont eue de moi. Si c'eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une marche étudiée. Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c'est moi que je peins. Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l'a permis. Que si j'eusse été entre ces nations qu'on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t'assure que je m'y fusse très volontiers peint tout entier, et tout nu. Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n'est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc ; de Montaigne, ce premier de mars mil cinq cent quatre vingts. (1580)
Montaigne - Les Essais.
I. Montaigne s'adresse au lecteur
Le lecteur est directement interpellé et tutoyé. Il est interpellé de façon impérative "t'avertit", "lecteur". Il est interpellé et mis à l'écart. Montaigne déclare qu'il n'a pas écrit ses Essais pour le lecteur ("Je n'y ai eu nulle considération de ton service").
Le projet de Montaigne paraît être défini négativement "ne ... que", "nulle ... ni".
Montaigne explique qu'il ne demande aucun commentaire ni jugement de la part des lecteurs, puisque ce livre ne leur est pas destiné ("Je n'y ai eu nulle considération de ton service").
Montaigne se dévalorise ironiquement en déclarant qu'il ne serait pas assez fort pour écrire un livre pour tout lecteur ("Mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein").Tout cela est un procédé pour interpeller le lecteur.
II. Montaigne déclare qu'il destine cet ouvrage à ses proches
Montaigne déclare qu'il veut donc limiter ses lecteurs à ses proches ("mes parents et amis"). Il donne une première justification à cette autobiographie : il veut lutter contre la mort. L'antithèse entre "perdu" et "retrouver" met en valeur sa justification. En quelque sorte l'écriture permettrait de survivre.
Il se justifie une seconde fois en expliquant qu'il ne veut pas que l'on ait une fausse image de lui. L'autobiographie, selon lui, met en jeu une communication entre les êtres, il peut ainsi mieux se faire connaître, mieux faire savoir ce qu'il est vraiment. "plus altière et plus vive", il veut tout faire connaître sur lui, et l'anaphore de "plus" montre même que cet ouvrage permettra à ses proches de mieux le connaître. L'emploi du mot "vive" montre également que Montaigne considère que l'écriture de ses Essais lui permettra en quelque sorte de survivre après sa mort.
III. Peinture de lui-même et limite à la sincérité
Montaigne définit son projet comme un système d'opposition entre ce qu'il a fait et ce qu'il n'a pas fait. Il le met en valeur par une opposition entre les formes temporelles (subjonctif imparfait et conditionnel pour ce qu'il n'a pas voulu faire et présent et conditionnel pour ce qu'il a fait).
"marche étudiée", "mieux paré", "artifice" sont les adjectifs employés pour montrer qu'il ne se présente pas de cette façon, mais de celle-ci : "façon simple, naturelle et ordinaire", "sans contention et artifice", 'tout entier et tout nu". Il veut donc se présenter le plus vrai, le plus simple possible. Il oppose son moi que l'on présente aux autres (moi social) et son moi profond (celui qu'il présente dans ses Essais). Montaigne oppose le champ lexical du simulé ("marche étudiée", "mieux paré", "artifice") au champ lexical de la simplicité ("façon simple, naturelle et ordinaire").
On note l'omniprésence du "je" ("je", "moi-même", déterminants possessifs "ma", "mes") dans tout le texte, montrant que le texte va effectivement être autobiographique. [...]
Montaigne donne des limites à l'écriture autobiographique, si Montaigne avait vécu ailleurs (il veut dire dans un pays de censure moins sévère), il aurait écrit sur lui encore plus de choses mais il est occidental et doit respecter certaines règles de la bienséance. On retrouve ici l'intérêt de Montaigne sur les civilisations étrangères, comme dans d'autres extraits de ses Essais (la fin du chapitre sur les cannibales par exemple).
Le but est strict, ce livre est placé sous le signe de la vérité et de la sincérité.
IV. Montaigne congédie le lecteur
Montaigne veut encore une fois décourager le lecteur en insinuant que ce livre n'aura pas d'intérêt pour lui : "ce n'est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain". L'anaphore de "si" suivie à chaque fois par des adjectifs péjoratifs ("frivole", "vain") montre bien la volonté de Montaigne de dévaloriser son ouvrage.
Montaigne se pose le problème auquel il est confronté, et c'est lui le premier écrivain à y être confronté, comment un sujet particulier peut-il intéresser un public ? Il est conscient du paradoxe de l'autobiographie.
Pour terminer, Montaigne pose la forme la plus logique de la conclusion "adieu donc". Il congédie le lecteur, et le terme "adieu" signifie qu'ils ne doivent plus se revoir, donc il demande au lecteur de refermer le livre et de ne plus lire la suite, ce qui est encore une fois un procédé pour piquer la curiosité du lecteur et bien au contraire l'encourager à continuer de lire.
http://commentairecompose.fr/au-lecteur-montaigne/
« Au Lecteur ». Avant-propos. [analyse]
L'omniprésence du "je". Le pacte de lecture : la "sincérité" et la stratégie de la séduction. Le portrait "humaniste".
La contrepublicité comme stratégie de séduction littéraire.
Au lecteur, Montaigne, conclusion
Montaigne ouvre les Essais par un préambule au lecteur, une démarche traditionnelle destinée à avertir le lecteur de ce qu’il va lire. Mais parce que cette préface est déjà tournée vers l’autoportrait, elle s’apparente davantage un prologue ou même un prélude : une petite œuvre servant d’introduction à une autre œuvre. En rejetant apparemment le lecteur Montaigne l’attire d’autant et symbolise bien l’esprit des Essais : une œuvre accueillante et hospitalière.
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http://www.bacfrancais.com/bac_francais/94-montaigne-les-essais-de-la-presomption.php
Auto-portrait. « De la présomption ». Livre II. Chapitre XVII. [texte et analyse]
MONTAIGNE : LES ESSAIS : LIVRE II : CHAPITRE XVII : DE LA PRESOMPTION : AUTOPORTRAIT (COMMENTAIRE COMPOSE)
Introduction :
Le texte est un extrait du second livre des Essais de Montaigne, auteur du XVIème siècle, cette oeuvre ayant un caractère autobiographique. Il s'agit ici d'un autoportrait et Montaigne a le projet de s'examiner avec sincérité ; mais forcément, un auteur qui fait son autoportrait ne peut être objectif ; celui-ci dépend toujours de la manière dont l'auteur se voit. C'est paradoxal de faire son autoportrait dans un chapitre sur la vanité. Montaigne va donc choisir de se peindre en éxagérant ses incapacités.
Texte étudié :
J'ay au demeurant, la taille forte et ramassée, le visage, non pas gras, mais plein, la complexion entre le jovial
et le melancholique, moyennement sanguine et chaude, Unde rigent setis mihi crura, et pectora villis :
La santé, forte et allegre, jusques bien avant en mon aage, rarement troublée par les maladies. J'estois tel, car je ne me considere pas à cette heure, que je suis engagé dans les avenues de la vieillesse, ayant pieça franchy les quarante ans. Minutatim vires Et robur adultum. Frangit, et in partem pejorem liquitur ætas.
Ce que je seray doresnavant, ce ne sera plus qu'un demy estre : ce ne sera plus moy : Je m'eschappe tous les jours, et me desrobbe à moy : Singula de nobis anni prædantur euntes.
D'adresse et de disposition, je n'en ay point eu ; et si suis fils d'un pere dispost, et d'une allegresse qui luy
dura jusques à son extreme vieillesse. Il ne trouva guere homme de sa condition, qui s'égalast à luy en tout
exercice de corps : comme je n'en ay trouvé guere aucun, qui ne me surmontast ; sauf au courir, en quoy
j'estoy des mediocres. De la Musique, ny pour la voix, que j'y ay tres−inepte, ny pour les instrumens, on ne m'y a jamais sçeu rien apprendre. A la danse, à la palme, à la lucte, je n'y ay peu acquerir qu'une bien fort
legere et vulgaire suffisance : à nager, à escrimer, à voltiger, et à saulter, nulle du tout. Les mains, je les ay si
gourdes, que je ne sçay pas escrire seulement pour moy ; de façon, que ce que j'ay barbouillé, j'ayme mieux
le refaire que de me donner la peine de le demesler, et ne ly guere mieux. Je me sens poiser aux escoutans :
autrement bon clerc. Je ne sçay pas clorre à droit une lettre, ny ne sçeuz jamais tailler plume, ny trancher à
table, qui vaille, ny equipper un cheval de son harnois, ny porter à poinct un oyseau, et le lascher : ny parler
aux chiens, aux oyseaux, aux chevaux.
Mes conditions corporelles sont en somme tres bien accordantes à celles de l'ame, il n'y a rien d'allegre : il y a
seulement une vigueur pleine et ferme. Je dure bien à la peine, mais j'y dure, si je m'y porte moy−mesme, et
autant que mon desir m'y conduit.
Montaigne, Les Essais, Livre II, Chapitre XVII, De la présomption.
Les axes :
I) L'autoportrait s'étend à une réflexion plus générale sur la vieillesse : Le passé est marqué par l’équilibre au niveau de la santé et du tempérament (lignes 1 à 6). Il a une bonne constitution mais sans excès : « entre », « non pas ... mais », « moyennement ».
Et d’autre part, il y a le présent et l’avenir où Montaigne sent que ses forces diminuent, l’abandonnent
: « demi être » (ligne 11), « je m’échappe », « me dérobe ». Il voit qu’il ne peut rien contre la fuite du temps : il sait que la vieillesse le mène inévitablement à la mort comme le montre la métaphore « les avenues de la vieillesse » où la vieillesse est comparée à un quartier. Cette opposition l’amène à prendre ses distances par rapport à lui-même et à se poser la question de l’identité : voir verbe de dépossession « je m’échappe », et l’expression « ce ne sera plus moi ».
II) Autoportrait où il met en évidence ses incapacités : Opposition avec son père pour le physique (lignes 15 à 17) : son père a des qualités que lui ne possède pas. Montaigne se compare à lui pour souligner leur différence, il le valorise et se dévalorise lui-même avec la généralisation et la négation : « n’en ai point eu », « rien », « on ne m’y a jamais », « nul du tout ». Le parallélisme syntaxique renforce l’opposition.[...] Les aptitudes sont atténuées et les incapacités accentuées.
III) Une distanciation par l'humour : La conclusion est plutôt humoristique puisqu’il trouve qu’il y a une correspondance entre son physique médiocre et son intellect, et en a l’air presque satisfait : « en somme ». Ce procédé de clôture où la fin reprend l’équilibre du texte donne une unité au texte de Montaigne.
Conclusion
Cet autoportrait qui insiste sur les incapacités est plus que modeste et serait conforme au projet d’écriture de Montaigne qui était de se peindre sans présomption avec un regard lucide parfois sévère ou amusé montrant qu’il ne se prend pas au sérieux. De plus, cet autoportrait s’élève au niveau de la réflexion philosophique avec le thème de la vieillesse.
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le jeudi 26 OCTOBRE
THÈMES ET ORGANISATION DE LA SESSION :
THÈME III : L’ÉDUCATION DANS L'OEUVRE DE MONTAIGNE :
Sur l'Institution des Enfants.
EXTRAITS POUR LA DISCUSSION :
(1) MONTAIGNE, Essais, I, 26 : Les qualités du précepteur idéal.
(2) MONTAIGNE, Essais, I, 26 : Les objectifs de l'éducation. Les qualités à développer.
(3) MONTAIGNE, Essais, I, 26 : Sur l'autorité.
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THÈME IV : LA PHILOSOPHIE CHEZ MONTAIGNE :
Du stoïcisme à l’épicurisme : "Que philosopher c'est apprendre à mourir" (Livre I, Chap. XIX) et Sur la vie à propos (Livre III, Chap. XIII).
EXTRAIT POUR LA DISCUSSION :
(4) Montaigne : Livre I, CHAPITRE XIX."Que Philosopher, c'est apprendre a mourir"
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Montaigne, suite.
THÉME III: L’éducation. [À COMPARER AVEC LES IDÉES DE RABELAIS SUR LE MÊME SUJET.]
***ATTENTION: VOICI LES TEXTES QUE NOUS ALLONS DISCUTER EN CLASSE***:
https://cotentinghislaine.wixsite.com/aimerlalitterature/montaigne
Analyse de trois extraits du chapitre 26 : le précepteur idéal - les objectifs de l'éducation - l'autorité
-I-
MONTAIGNE, Essais, I, 26 : Les qualités du précepteur idéal.
(1) On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme qui verserait dans un entonnoir, et notre
charge ce n’est que redire ce qu’on nous a dit. Je voudrais qu’il corrigeât cette partie, et que, de belle arrivée (28), selon la portée de l’âme qu’il a en main, il commençât à la mettre sur la
montre (29), lui faisant goûter les choses, les choisir et discerner d’elle-même ; quelquefois lui
ouvrant chemin, quelquefois le lui laissant ouvrir.
(2) Je ne veux pas qu’il invente et parle seul, je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour. (c) Socrate et, depuis Archésilas (30) faisaient premièrement parler leurs disciples, et puis ils parlaient à eux. «Obest plerumque iis qui discere volunt auctoritas eorum qui docent. » (31)
(3) Il est bon qu’il le fasse trotter devant lui pour juger de son train, et juger jusques à quel
point il se doit ravaler pour s’accommoder à sa force. A faute de cette proportion nous gâtons
tout, et de la savoir choisir, et s’y conduire bien mesurément, c’est l’une des plus ardues
besognes que je sache ; et est l’effet d’une haute âme et bien forte, savoir condescendre à ses allures puériles et les guider. Je marche plus sûr et plus ferme à mont qu’à val (32).
(4) Ceux qui, comme porte notre usage, entreprennent d’une même leçon et pareille
mesure de conduite régenter plusieurs esprits de si diverses mesures et formes, ce n’est pas
merveille si, en tout un peuple d’enfants, ils en rencontrent à peine deux ou trois qui rapportent quelque juste fruit de leur discipline.
(5) Qu’il ne lui demande pas seulement compte des mots de sa leçon, mais du sens et
de la substance, et qu’il juge du profit qu’il aura fait, non par le témoignage de sa mémoire mais de sa vie. Que ce qu’il viendra d’apprendre, il le lui fasse mettre en cent visages et accommoder à autant de divers sujets pour voir s’il l’a encore bien pris et bien fait sien, prenant l’instruction de son progrès des pédagogismes de Platon. C’est témoignage de crudité et indigestion que de regorger la viande comme on l’a avalée. L’estomac n’a pas fait son opération, s’il n’a fait changer la façon et la forme à ce qu’on lui avait donné à cuire.
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(28) «d’emblée»
(29) «à l’essai»
(30) Philosophe sceptique du III° siècle av. J.-C.
(31) «L’autorité de ceux qui enseignent nuit la plupart du temps à ceux qui veulent s’instruire.» (Cicéron, Des Dieux, IV)
(32) «vers la montagne que vers la vallée». Le précepteur doit donc d’abord s’adapter aux «allures puériles» de l’élève pour le hisser ensuite à une vie «honnête».
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-II-
MONTAIGNE, Essais, I, 26 : Les objectifs de l'éducation. Les qualités à développer.
Ce n’est pas assez de lui roidir l’âme. Il lui faut aussi roidir les muscles. Elle est trop pressée, si elle n’est secondée, et a trop à faire de seule fournir à deux offices. Je sais combien ahane la mienne en compagnie d’un corps si tendre, si sensible, qui se laisse si fort aller sur elle. Et aperçois souvent en ma leçon, qu’en leurs écrits mes maîtres font valoir, pour magnanimité et force de courage, des exemples qui tiennent volontiers plus de l’espessissure (1) de la peau et dureté des os. J’ai vu des hommes, des femmes et des enfants ainsi nés qu’une bastonnade leur est moins qu’à moi une chiquenaude ; qui ne remuent ni langue ni sourcil aux coups qu’on leur donne. Quand les athlètes contrefont les philosophes en patience, c’est plutôt vigueur de nerfs que de cœur. Or l’accoutumance à porter le travail est accoutumance à porter la douleur : «labor callum obducit dolori. » (2) Il le faut rompre à la peine et âpreté des exercices, pour le dresser à la peine et âpreté de la desloueure (3), de la colique, du cautère et de la geôle, et de la torture. Car de ces dernières ici encore peut-il être en prise, qui regardent les bons, selon le temps, comme les méchants. Nous en sommes à l’épreuve. Quiconque combat les lois, menace les plus gens de bien d’escourgées (4) et de la corde.
Et puis, l’autorité du gouverneur, qui doit être souveraine sur lui, s’interrompt et s’empêche par la présence des parents. Joint que ce respect que la famille lui porte, la connaissance des moyens et grandeurs de sa maison, ce ne sont à mon opinion pas légères incommodités en cet âge. En cette école du commerce des hommes, j’ai souvent remarqué ce vice, qu’au lieu de prendre connaissance d’autrui, nous ne travaillons qu’à la donne de nous, et sommes plus en peine d’emploiter notre marchandise (5) que d’en acquérir de nouvelle. Le silence et la modestie sont qualités très commodes à la conversation. On dressera cet enfant à être épargnant et ménager de sa suffisance, quand il l’aura acquise ; à ne se formaliser point des sottises et fables qui se diront en sa présence, car c’est une incivile importunité de choquer tout ce qui n’est pas de notre appétit.
Qu’il se contente de se corriger soi-même, et ne semble pas reprocher à autrui tout ce qu’il refuse à faire, ni contraster (6) aux mœurs publiques.
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(1) Épaisseur.
(2) « Le travail forme un cal contre la douleur. » (Cicéron, Tusculanes, II, 15).
(3) Déboîtement, luxation.
(4) Coups de fouet.
(5) Au lieu de chercher à apprendre d’autrui, nous ne cherchons qu’à afficher notre science, et sommes plus soucieux de débiter notre marchandise…
(6) S’opposer à, se mettre en contradiction avec…
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-III-
MONTAIGNE, Essais, I, 26 : Sur l'autorité.
Au demeurant, cette institution se doit conduire par une sévère douceur, non comme il se fait. Au lieu de convier les enfants aux lettres, on ne leur présente, à la vérité, que horreur et cruauté. Otez-moi la violence et la force ; il n’est rien à mon avis qui abâtardisse et étourdisse si fort une nature bien née. Si vous avez envie qu’il craigne la honte et le châtiment, ne l’y endurcissez pas. Endurcissez-le à la sueur et au froid, au vent, au soleil, et aux hasards qu’il lui faut mépriser ; ôtez-lui toute mollesse et délicatesse au vêtir et au coucher, au manger et au boire ; accoutumez-le à tout. Que ce ne soit pas un beau garçon et dameret, mais un garçon vert et vigoureux.
Enfant, homme, vieil, j’ai toujours cru et jugé de même. Mais, entre autres choses, cette police de la plupart de nos collèges m’a toujours déplu. On eût failli à l’aventure moins dommageablement, s’inclinant vers l’indulgence. C’est une vraie geôle de jeunesse captive. On la rend débauchée, l’en punissant avant qu’elle le soit. Arrivez-y sur le point de leur office : vous n’oyez que cris et d’enfants suppliciés, et de maîtres enivrés en leur colère. Quelle manière pour éveiller l’appétit envers leur leçon, à ces tendres âmes et craintives, de les y guider d’une trogne effroyable, les mains armées de fouets ! Inique et pernicieuse forme. Joint ce que Quintilien en a très bien remarqué, que cette impérieuse autorité tire des suites périlleuses, et nommément (1) à notre façon de châtiment. Combien leurs classes seraient plus décemment jonchées de fleurs et de feuilles que de tronçons d’osier sanglant ! J’y ferais pourtraire (2) la joie, l’allégresse, et Flora et les Grâces, comme fit en son école le philosophe Speusippe (3). Où est leur profit, que ce fût aussi leur ébat (4) . On doit ensucrer les viandes (5) salubres à l’enfant, et enfieller (6) celles qui lui sont nuisibles.
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(1) Spécialement.
(2) Représenter.
(3) Neveu de Platon, et son successeur à la tête de l’Académie.
(4) Que ce soit aussi leur lieu d’amusement.
(5) Les nourritures
(6) Rendre amères…
http://burmat.free.fr/Textes/Montaigne_InstitEnfants.pdf
Sur l'Institution des Enfants. Livre I. Chapitre XXVI. [texte]. Le texte complet du chapitre.
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LECTURE D'APPUI:
https://cotentinghislaine.wixsite.com/aimerlalitterature/montaigne
Michel de Montaigne, Essais, I, 26, "De l'Institution des enfants", 1580-1595. [analyse]
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THÈME IV : la philosophie.
***A. Du stoïcisme à l’épicurisme : Sur la mort (Livre I, Chap. XIX et Livre III, Chap. XII) et Sur la vie à propos (Livre III, Chap. XIII).
***ATTENTION: VOICI LE TEXTE QUE NOUS ALLONS DISCUTER EN CLASSE***:
"Que Philosopher, c'est apprendre à mourir."
A. http://philo.breucker.org/Montaigne-Essais-I-ch-XIX-Philosopher=apprendre-a-mourir.pdf
***Un texte de Montaigne sur la mort. Livre I : Chapitre XIX. [textes] -LE STOÏCISME-
Montaigne : Livre I, CHAPITRE XIX.
"Que Philosopher, c'est apprendre a mourir"
CICERON dit que Philosopher ce n'est autre chose que s'aprester à la mort. C'est d'autant que
l'estude et la contemplation retirent aucunement nostre ame hors de nous, et l'embesongnent à
part du corps, qui est quelque apprentissage et ressemblance de la mort : Ou bien, c'est que
toute la sagesse et discours du monde se resoult en fin à ce point, de nous apprendre a ne
craindre point a mourir. De vray, ou la raison se mocque, ou elle ne doit viser qu'à nostre
contentement, et tout son travail tendre en somme à nous faire bien vivre, et à nostre aise,
comme dict la Saincte Escriture. Toutes les opinions du monde en sont là, que le plaisir est
nostre but, quoy qu'elles en prennent divers moyens ; autrement on les chasseroit d'arrivée.
Car qui escouteroit celuy, qui pour sa fin establiroit nostre peine et mesaise ? [...]
L'eau, la terre, l'air et le feu, et autres membres de ce mien bastiment, ne sont non plus
instruments de ta vie, qu'instruments de ta mort. Pourquoy crains-tu ton dernier jour ? Il ne
confere non plus à ta mort que chascun des autres. Le dernier pas ne faict pas la lassitude : il
la declaire. Tous les jours vont à la mort : le dernier y arrive.
Voila les bons advertissemens de nostre mere Nature. Or j'ay pensé souvent d'où venoit celà,
qu'aux guerres le visage de la mort, soit que nous la voyons en nous ou en autruy, nous
semble sans comparaison moins effroyable qu'en nos maisons : autrement ce seroit une armée
de medecins et de pleurars : et elle estant tousjours une, qu'il y ait toutes-fois beaucoup plus
d'asseurance parmy les gens de village et de basse condition qu'és autres. Je croy à la verité
que ce sont ces mines et appareils effroyables, dequoy nous l'entournons, qui nous font plus
de peur qu'elle : une toute nouvelle forme de vivre : les cris des meres, des femmes, et des
enfans : la visitation de personnes estonnees, et transies : l'assistance d'un nombre de valets
pasles et éplorés : une chambre sans jour : des cierges allumez : nostre chevet assiegé de
medecins et de prescheurs : somme tout horreur et tout effroy autour de nous. Nous voyla desja
ensevelis et enterrez. Les enfans ont peur de leurs amis mesmes quand ils les voyent
masquez ; aussi avons nous. Il faut oster le masque aussi bien des choses, que des personnes.
Osté qu'il sera, nous ne trouverons au dessoubs, que cette mesme mort, qu'un valet ou simple
chambriere passerent dernierement sans peur. Heureuse la mort qui oste le loisir aux apprests
de tel equipage !
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LECTURES D'APPUI :
https://argoul.com/2021/10/01/que-philosopher-cest-apprendre-a-mourir-dit-montaigne/
"Que philosopher, c'est apprendre à mourir, dit Montaigne.
La mort est pour Montaigne la justification même de la philosophie. Car si philosopher c’est apprendre à mourir, cela signifie qu’une vie bonne est une vie bien remplie, quelle que soit sa durée. « Toute la sagesse et discours du monde se résout enfin à ce point, de nous apprendre à ne craindre point à mourir », écrit-il d’emblée. Et il ajoute : « De vrai, ou la raison se moque, ou elle ne doit viser qu’à notre contentement, et tout son travail tendre en somme à nous faire bien vivre, et à notre aise, comme dit la Sainte Ecriture ». Montaigne va donc contre les austérités chrétiennes prônées par certains protestants de son temps, dont les Puritains, et que certains catholiques parmi les plus intégristes apprécient volontiers. « Quoiqu’ils disent, en la vertu même, le dernier but de notre visée, c’est la volupté ». Eh oui, n’ayons pas peur des mots comme s’ils étaient le diable ! « Il me plaît de battre leurs oreilles de ce mot qui leur est si fort à contrecœur ». Vivre, c’est bien vivre, donc jouir à satisfaction.
Ce qui ne veut pas dire céder à tous les vices : « Et s’il signifie quelque suprême plaisir et excessif contentement, il est mieux dû à l’assistance de la vertu qu’à nulle autre assistance ». Car la vertu est un plaisir suprême, la tempérance une jouissance distillée, tout comme le chemin procure plus de plaisir que le but ou l’aventure que le trésor. [...]
La philosophie (antique) nous enseigne la vertu et la vertu nous enseigne « le mépris de la mort » car si l’on peut vivre longtemps la plupart sans pauvreté ni douleurs insupportables, « au pis-aller la mort peut mettre fin, quand il nous plaira, et couper court à tous autres inconvénients ». Si rien n’est pire que vivre, mettre fin à sa vie est une liberté que nous avons partout et en tous lieux, disaient les stoïciens. Mais il y a mieux : « la mort, elle est inévitable ». Autant ne pas en avoir peur car ce n’est point vivre que craindre mourir à tout instant. Y penser toujours, n’y céder jamais – telle est la sagesse. « Le but de notre carrière, c’est la mort, c’est l’objet nécessaire de notre visée : si elle nous effraie, comment est-il possible d’aller un pas avant sans fièvre ? »
[...] À tout moment chacun peut mourir, et Montaigne de citer outre la guerre, les accidents, les fausses routes, les gangrènes, les coups et les jeux violents, les ardeurs excessives « entre les cuisses des femmes ». À tout moment la mort nous guette mais il n’en faut point se donner de peine : « il me suffit de passer le temps à mon aise ; et le meilleur jeu que je me puisse donner, je le prends », dit Montaigne.
Il faut en revanche s’y accoutumer, « à tout instant représentons-là à notre imagination et en tous visages ». Car « la préméditation de la mort est préméditation de la liberté », explique Montaigne dans les pas de son ami La Boétie. « Qui a appris à mourir, il a désappris à servir. Le savoir mourir nous affranchit de toute sujétion et contrainte ». [...]
En attendant l’instant fatal, « la vie n’est de soi ni bien ni mal : c’est la place du bien et du mal selon que vous la leur faites. Et si vous avez vécu un jour, vous avez tout vu. Un jour est égal à tous les jours ». A chacun d’y mettre ce qu’il peut, si possible le meilleur et « nul ne meurt avant son heure. Ce que vous laissez de temps n’est non plus vôtre que celui qui s’est passé avant votre naissance ». Vivre, c’est bien vivre et en être heureux. « Où que votre vie finisse, elle y est toute. L’utilité du vivre n’est pas en l’espace, elle est en l’usage : tel a vécu longtemps qui a peu vécu (…). Il gît en votre volonté, non au nombre des ans, que vous ayez assez vécu ». Il faut remplir sa vie, à sa satisfaction, même enfant ou sans grade : « Un petit homme est homme entier, comme un grand ».
Mourir est un destin qui ne doit pas nous inquiéter, il viendra lorsqu’il viendra. Il faut plutôt se préoccuper de vivre, et cela est philosophie : puisque notre temps est court et incertain, vivons chaque jour comme s’il était le dernier, remplissons notre vie d’action et de voluptés – dont la vertu est la meilleure. Ainsi vivrons-nous en sage, et mourrons de même.
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https://fr.wikisource.org/wiki/Essais_(1907)/Livre_I/Chapitre_19
"Philosopher c'est apprendre à mourir.
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B. https://www.lettres-et-arts.net/histoire-litteraire-17-18eme/bonheur-xvieme-xviii-siecle/bonheur-chez-montaigne+73
***Texte sur le bonheur. « De l’expérience ». Livre III. Chapitre XIII. [texte et analyse] -L'ÉPICURISME-
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Sto%C3%AFcisme
Le stoïcisme est une école de philosophie hellénistique fondée par Zénon de Kition à la fin du ive siècle av. J.-C. à Athènes. Le stoïcisme est une philosophie de l'éthique personnelle influencée par son système logique et ses vues sur le monde naturel. Selon ses enseignements, en tant qu'êtres sociaux, la voie de l’eudaimonia (« ἡ εὐδαιμονία », le bonheur, la prospérité) pour les êtres humains consiste à accepter le moment tel qu'il se présente, à ne pas se laisser contrôler par le désir du plaisir ni la peur de la douleur, à utiliser son esprit pour comprendre le monde et à faire sa part dans le plan de la nature, à œuvrer avec les autres et à les traiter de manière juste et équitable.
Les stoïciens sont particulièrement connus pour leur enseignement moral, selon lequel « la vertu est le seul bien » pour les êtres humains et les choses extérieures telles que la santé, la richesse et le plaisir ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi (adiaphora, « ἀδιάφορα »), n'ayant de valeur qu'en tant que « matière sur laquelle la vertu peut agir ». Avec l'éthique aristotélicienne, la tradition stoïcienne constitue l'une des principales approches fondatrices de l'éthique occidentale de la vertu. Les stoïciens considèrent également que certaines émotions destructrices résultent d'erreurs de jugement, estimant que les gens doivent viser à maintenir une certaine volonté ou intention appelée prohairesis (« προαίρησις ») qui soit « en accord avec la nature ». Ils pensent que la meilleure preuve de la qualité philosophique d'un individu est non pas ce qu'il dit, mais la manière dont il se comporte. Pour mener une vie bonne, il faut, pour les stoïciens, comprendre les règles de l'ordre naturel, car selon eux tout est enraciné dans la nature.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picurisme
L'épicurisme est un courant issu de la philosophie antique ayant pour objectif principal l'atteinte du bonheur par la satisfaction des seuls désirs « naturels et nécessaires ». C'est une doctrine matérialiste.
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L'épicurisme entre en concurrence avec une autre grande pensée de l'époque, le stoïcisme, fondé en 301 av. J-C. En effet, les deux courants, matérialistes et monistes, sont l'un comme l'autre axés sur la recherche du bonheur mais proposent des moyens différents pour y parvenir. Il entretient également une polémique constante avec le scepticisme, dans la mesure où l'épicurisme est une doctrine dogmatique, c'est-à-dire croyant à la possibilité d'utiliser des critères de vérité pour fonder des connaissances certaines. Le critère de vérité épicurien est la sensation.
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le mardi 31 OCTOBRE
A. THÈME IV : LA PHILOSOPHIE CHEZ MONTAIGNE, SUITE :
Le scepticisme : « Des cannibales ». Livre I. Chapitre XXXI.
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***L'EXTRAIT QUE NOUS DISCUTERONS EN CLASSE :
***« Des cannibales ».
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B. THÈME V : RÉVISION DES ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE.
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C. THÈME VI : INTRODUCTION AU XVIIe SIÈCLE :
Le contexte général historique et linguistique.
L'Ancien Régime.
La légitimation de la langue française comme langue officielle et langue littéraire.
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A. Le scepticisme : « Des cannibales ». Livre I. Chapitre XXXI.
Le scepticisme :
1. Système philosophique qui repose sur la suspension du jugement. (Son fondateur est le philosophe grec Pyrrhon d'Élis, dont l'œuvre a été continuée par Sextus Empiricus.)
2. Attitude de doute en matière religieuse ; incrédulité.
3. Attitude de réserve, de doute devant un fait, une proposition quelconques : Une déclaration accueillie avec scepticisme.
4. Attitude anti-dogmatique.
***ATTENTION: VOICI LE TEXTE QUE NOUS ALLONS DISCUTER EN CLASSE***:
http://www.bacdefrancais.net/canni.php
***« Des cannibales ». Livre I. Chapitre XXXI. [texte et analyse]
Des Cannibales
Mais ces autres, qui nous viennent pipant des assurances d'une faculté extraordinaire qui est hors de notre connaissance, faut-il pas les punir de ce qu'ils ne maintiennent l'effet de leur promesse, et de la témérité de leur imposture ? Ils ont leurs guerres contre les nations qui sont au-delà de leurs montagnes, plus avant en la terre ferme, auxquelles ils vont tout nus, n'ayant autres armes que des arcs ou des épées de bois, apointées par un bout, à la mode des langues de nos épieux. C'est chose émerveillable que de la fermeté de leurs combats, qui ne finissent jamais que par meurtre et effusion de sang ; car, de déroutes et d'effroi, ils ne savent que c'est. Chacun rapporte pour son trophée la tête de l'ennemi qu'il a tué, et l'attache à l'entrée de son logis. Aprés avoir longtemps bien traité leurs prisonniers, et de toutes les commodités dont ils se peuvent aviser, celui qui en est le maître, fait une grande assemblée de ses connaissants ; il attache une corde à l'un des bras du prisonnier, par le bout de laquelle il le tient éloigné de quelques pas, de peur d'en être offensé, et donne au plus cher de ses amis l'autre bras à tenir de même ; et eux deux, en présence de toute l'assemblée, l'assomment à coups d'épée.
Cela fait, ils le rôtissent et en mangent en commun et en envoient des lopins à ceux de leurs amis qui sont absents. Ce n'est pas, comme on pense, pour s'en nourrir, ainsi que faisaient anciennement les Scythes ; c'est pour représenter une extrême vengeance. Et qu'il soit ainsi, ayant aperçu que les Portugais, qui s'étaient ralliés à leurs adversaires, usaient d'une autre sorte de mort contre eux, quand ils les prenaient, qui était de les enterrer jusques à la ceinture, et tirer au demeurant du corps force coups de trait, et les pendre après, ils pensèrent que ces gens ici de l'autre monde, comme ceux qui avaient sexué la connaissance de beaucoup de vices parmi leur voisinage, et qui étaient beaucoup plus grands maîtres qu'eux en toute sorte de malice, ne prenaient pas sans occasion cette sorte de vengeance, et qu'elle devait être plus aigre que la leur, commencèrent de quitter leur façon ancienne pour suivre celle-ci.
Je ne suis pas marri que nous remarquons l'horreur barbaresque qu'il y a en une telle action, mais oui bien de quoi, jugeant bien de leurs fautes, nous soyons si aveugles aux nôtres. Je pense qu'il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu'à le manger mort, à déchirer par tourments et par gênes un corps encore plein de sentiment, le faire rôtir par le menu, le faire mordre et meurtrir aux chiens et aux pourceaux (comme nous l'avons non seulement lu, mais vu de fraîche mémoire, non entre des ennemis anciens, mais entré des voisins et concitoyens, et, qui pis est, sous prétexte de piété et de religion), que de le rôtir et manger après qu'il est trépassé.
Chrysippe et Zénon, chefs de la secte stoïque , ont bien pensé qu'il n'y avait aucun mal de se servir de notre charogne à quoi que ce fut pour notre besoin, et d'en tirer de la nourriture ; comme nos ancêtres, étant assiégés par César en la ville de Alésia, se résolurent de soutenir la faim de ce siège par les corps des vieillards, des femmes et d'autres personnes inutiles au combat. “ Les Gascons, dit-on, s'étant servis de tels aliments, prolongèrent leur vie. ”.
Et les médecins ne craignent pas de s'en servir à toute sorte d'usage pour notre santé ; soit pour l'appliquer au-dedans ou au-dehors ; mais il ne se trouva jamais aucune opinion si déréglée qui excusât la trahison, la déloyauté, la tyrannie, la cruauté, qui sont nos fautes ordinaires.
Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie.
Extrait de : Des Cannibales - Montaigne, Les Essais
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LECTURES D'APPUI:
http://commentairecompose.fr/des-cannibales-montaigne/
« Des cannibales ». Livre I. Chapitre XXXI. [analyse]
http://commentairecompose.fr/des-cannibales-montaigne-texte/
« Des cannibales ». Livre I. Chapitre XXXI. [texte]
Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ; comme de vrai, il semble que nous n’avons autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et idée des opinions et usages du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits : là où, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. En ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies et plus utiles et naturelles vertus et propriétés, lesquelles nous avons abâtardies en ceux-ci, et les avons seulement accommodées au plaisir de notre goût corrompu. Et si pourtant, la saveur même et délicatesse se trouve à notre goût excellente, à l’envi des nôtres, en divers fruits de ces contrées à sans culture. Ce n’est pas raison que l’art gagne le point d’honneur sur notre grande et puissante mère Nature.
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***THÈME VI: INTRODUCTION AU XVIIe SIÈCLE. Rôle culturel et politique du XVIIe siècle à travers le temps et aujourd’hui. Le processus de nationalisation* de la FRANCE au XVIe et au XVIIe siècles. Le contexte général historique et linguistique.
***A. LE CONTEXTE ET LES DATES. Le rôle de la religion et des disputes religieuses dans ce processus. Les guerres internationales/extérieures et les guerres civiles/intérieures.
QUELQUES DATES ET ÉVÉNEMENTS IMPORTANTS
1495-1559 : La première moitié du XVIe siècle :
Les guerres d’Italie (1495-1559) - Charles VIII, Louis XII, François I. [vs Charles Quint] - les luttes pour la domination du sud et des routes commerciales, essentielles pour la vitalité économique du pays. -> en littérature et les arts : la Renaissance. La construction des châteaux, la construction du Louvre (1546-1559) - la recherche de plus d’ordre et de symétrie qui annonce l’art classique du XVIIe siècle. [L'INFLUENCE ITALIENNE]
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1547-1610 : La deuxième moitié du XVIe siècle :
***Les disputes religieuses/les guerres de Religion - l’Église de Rome vs la Réforme [guerre civile intérieure- les catholiques vs les Huguenots (calvinistes) pendant le règne de Henri II (1547-1560) -Avènement au trône de Charles IX et la régence de Catherine de Médicis (1560) - ***Massacre de la Sainte Barthélemy (1572 - massacre de protestants à Paris) ***Mariage de Henri de Navarre (futur Henri IV) et Marguerite de Valois (1572) - mort de Charles IX (1574) -
Henri III accède au trône (1574) et livre la guerre à la Sainte Ligue (lidérée par le duc de Guise) - Pacte avec Henri de Navarre - Henri III fait assassiner les Guise à Blois (1588) Assassinat de Henri III qui n’a pas d’héritier direct (1589) -
***Henri de Navarre, protestant, de la branche des Bourbons, descendant de Saint Louis, devient roi et lutte contre les catholiques de la Ligue (1590-1594) -
***Henri IV se convertit et se place sous le signe de la réconciliation et de la paix civile retrouvée (1594) -
***L’Édit de Nantes (1598), l’édit de « tolérance » (ou de « pacification ») promulgué pour mettre fin aux guerres de Religion et accorder des droits religieux, civils et politiques aux protestants. Il devait donc promouvoir l’unité civile - Cet édit prétend aussi renforcer le pouvoir royal face à la montée en puissance des nobles et l’autonomie des communes. La collecte des impôts et la création de nouvelles taxes commencent pour développer l’économie nationale et aider à centraliser cette économie dans les mains du monarque. L’activité culturelle et artistique reprend, il s’agit de l’émergence du style baroque (refus des règles, prône la liberté, la fantaisie, la démesure, le raffinement, un style hautement décoratif, etc.)
***Assassinat de Henri IV par Ravaillac - un catholique extrémiste (1610) -
1610-1661 : La première moitié du XVIIe siècle :
[L'ÉPOQUE DE LOUIS XIII + RICHELIEU]
***Nouvelle régence (1610-1617) : Marie de Médicis (catholique) Avènement au trône de Louis XIII (1617)
***Richelieu devient chef du cabinet du roi (1624) - création d’une espèce de monarchie bicéphale -
***Richelieu impose aux nobles des devoirs d’obéissance, de respect et de services envers le monarque. Il veut assurer les ressources du monarque (voir la marine, les colonies). La bureaucratie française commence à se développer : création du système des intendants, les représentants du roi dans les provinces : système de surveillance et de contrôle. C’est l’époque du développent du commerce, de l’industrie et de l’agriculture.
***Création de l’Académie française (1634/5), essor de la littérature et de l’art. C’est l’époque de Descartes et l’analyse scientifique, contre les dogmes, les croyances et les superstitions. Mort de Richelieu (1642) Mort de Louis XIII (1643)
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[L'ÉPOQUE DE LOUIS XIV + MAZARIN]
***Avènement au trône de Louis XIV (1643-1715) - ***Régence d’Anne d’Autriche avec Mazarin (1643-1652)
***1648/9-1652 - la Fronde : la révolte des nobles et des parlements contre Mazarin. Victoire des troupes conduites par Turenne (1652) Louis XIV reprend le pouvoir avec Mazarin (1652)
Mort de Mazarin (1661) - Louis XIV a 24 ans.
1661-1715 : La deuxième moitié du XVIIe siècle et le début du XVIIIe siècle :
[LE RÈGNE PERSONNEL DE LOUIS XIV]
***Louis XIV commence son règne personnel comme monarque absolu avec l’autorité du droit divin -
***Il prend ses ministres de la haute bourgeoisie, pas de la noblesse : Colbert, Louvois, Vaubin. Il renforce les intendants. Ceci avance la centralisation du pouvoir. 30 ans de guerre.
*** La période la plus glorieuse (1661-1685) du règne de Louis XIV coïncide avec la construction de Versailles et
***la période du classicisme (clarté et simplicité, règles précises, contraintes, etc.) et du modèle de l’honnête homme (une philosophie de l’homme social qui façonne les rapports humains dans la société et qui implique aussi une certaine déférence envers l’autorité, et donc le souverain, soucieux de préserver son pouvoir). L’installation définitive de la famille royale à Versailles. (1684)
***Révocation de l’Édit de Nantes (1685) - fin de la « tolérance » envers les protestants.
1688-1697- les guerres contre la coalition de la Ligue d’Augsbourg (voir la série Versailles à Netflix)
1702-1714 - les guerres de succession d’Espagne (voir la série La cuisinière de Costamar à Netflix)
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***B. L'Ancien Régime.
https://www.toupie.org/Dictionnaire/Ancien_regime.htm
Définition d'Ancien Régime. La Toupie. "Toupictionnaire" : Le dictionnaire de politique.
L'expression Ancien Régime* a été utilisée en 1789 par des députés de l'Assemblée nationale constituante pour désigner, avec une connotation négative, le régime monarchique en place jusqu'aux Etats généraux en juin 1789. Elle a été reprise par Tocqueville (L'Ancien Régime et la Révolution, 1856) et par les historiens du XIXe siècle pour désigner les deux siècles qui vont du règne d'Henri IV (1589-1610) à juin 1789.
***Encadré par la Renaissance et la Révolution française, l'Ancien Régime est l'ensemble des institutions et gouvernements de la France durant cette période. De par la continuité dynastique des Bourbons, il est marqué par une grande stabilité dans les domaines politique, administratif et social.
***L'Ancien Régime se caractérise par une monarchie absolue et de droit divin et une inégalité sociale fondée sur des privilèges de naissance pour la Noblesse et le rôle important joué par le Clergé. Il n'y a pas de constitution écrite et c'est le roi qui incarne l'Etat.
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***C. Le rôle de la langue dans la construction du sentiment national. La légitimation de la langue française comme langue officielle et langue littéraire.
http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/HIST_FR_s6_Grand-Siecle.htm
Le français au Grand Siècle (1594-1715).
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https://www.academie-francaise.fr/
https://www.academie-francaise.fr/linstitution/lhistoire
L’Académie française. La page officielle. L’actualité. Le dictionnaire. L’histoire depuis sa fondation en 1635. Les grandes dates. Le rôle de Richelieu.
Le français moderne est né à l'époque du Grand Siècle, qui connut une longue période de stabilité sociale et de prospérité économique et permit à la France d'atteindre un prestige jusqu'alors inégalé dans les domaines politique, littéraire et artistique. La France était, au XVIIe siècle, la plus grande puissance démographique et militaire de l'Europe; de plus, le pays était gouverné avec autorité par des fortes personnalités: Henri IV, puis Richelieu, Mazarin et Louis XIV, qui domina son époque pendant plus de cinquante ans.
Imposé par les souverains de France, le français était dorénavant considéré à égalité avec ce qu'on croyait être alors comme les trois «langues du bon Dieu»: l'hébreu, le grec et le latin. [...] Dans les faits, l'usage du français pour les actes publics fut imposé en 1621 pour le Béarn, en 1684 pour la Flandre, en 1685 pour l'Alsace et en 1700 pour le Roussillon. Et la liste de ces ordonnances royales pourrait s'étendre...
Sous le règne de Louis XIII (1610-1643), le cardinal de Richelieu s'employa à restaurer l'autorité royale au moyen d'une centralisation renforcée, d'une réorganisation de l'armée et de la marine, de la création d'une police omniprésente. Le puissant cardinal de Richelieu créa l'Académie française en 1634/5, qui fut chargée de faire un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique, et de prendre soin de la langue. Dans l'intention de son fondateur, l'Académie était formée d'une sélection de «gens d'esprit», dont l'autorité pourrait exercer une heureuse influence sur la langue et la littérature françaises.
Les tâches de l'Académie française ont été fixées en 1637 : elle devait nettoyer le français […] et sa fonction principale était de travailler […] à donner des règles certaines à la langue française, à la rendre «pure», «éloquente» et «capable de traiter des arts et des sciences». Il s'agissait essentiellement de privilégier la langue parisienne d'où toute tournure provinciale ou régionale devait être bannie.[…] Les mots mal employés, la contamination du langage cultivé par les régionalismes, les mots étrangers, les termes techniques et les jargons devaient être proscrits.
***QUELQUES DATES ET ÉVÉNEMENTS IMPORTANTS
XVIe siècle :
***1539 : Historiquement, le français est, en France, la langue officielle du droit et de l'administration, depuis l'ordonnance de Villers-Cotterêts* signée par le roi François Ier en 1539.
***1549 : Joachim du Bellay : Défense et Illustration de la langue française (1549). Avec le concours de Pierre de Ronsard et les autres membres du groupe littéraire du XVIe siècle connu d’abord sous le nom de la Brigade et après, de la Pléiade. Ce manifeste propose le projet suivant :
- défendre la langue française en lui accordant une place plus importante comme moyen d’expression dans des œuvres scientifiques, juridiques et littéraires ;
- enrichir le vocabulaire du français en introduisant des néologismes (parfois même des dérivés du latin, du grec et d’autres langues étrangères) ;
- employer des figures de rhétoriques venues de l’Antiquité grecque ou romaine ; prendre soin de la versification dans la poésie ;
- renforcer la poésie, comme expression littéraire par excellence, en adoptant de nouveaux genres poétiques, en prenant un soin spécial de la versification et du rythme de la langue poétique et en imitant les Anciens. Autrement dit, les poètes de la Pléiade se voient comme les héritiers des valeurs et des formes de l’Antiquité gréco-romaine.
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XVIIe siècle :
***Fondation de l’Académie française (1634/1635) par Richelieu. C’était la "police" de la langue et de la littérature françaises.
***François de Malherbe, poète (1555-1628). On le considère comme le premier théoricien de l’art classique, surtout à partir de l’éloge que Nicolas Boileau lui adresse (« Enfin Malherbe vint. ») dans son Art poétique (1674), poème didactique en alexandrins, considéré comme le grand traité de la doctrine classique en France.
***Nicolas Boileau : l'Art poétique (1674), poème didactique en alexandrins, considéré comme le grand traité de la doctrine classique en France].
***1694 : Première édition du Dictionnaire de l’Académie Française (1694) qui vise à fixer le sens des mots, à donner plus de précision et de pureté a la langue, à chasser les mots anciens, les mots inventés, familiers, provinciaux ou techniques, au nom d'un français plus « normalisé », plus « standardisé » [...]
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le mardi 7 NOVEMBRE
THÈMES DU JOUR ET ORGANISATION DE LA SESSION :
THÈME I : LE BAROQUE VS LE CLASSICISME
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***II. INTRODUCTION À l'OEUVRE DES "MORALISTES".
JEAN DE LA BRUYÈRE. LES CARACTÈRES.
L’art du portrait et de la caricature : « Giton et Phédon », Les Caractères de Jean de La Bruyère (1688-1696)
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TEXTES À LIRE POUR LA DISCUSSION EN CLASSE :
THÈME I : LE BAROQUE VS LE CLASSICISME
Les textes à lire se trouvent ci-dessous.
A. SUR LES MORALISTES :
LES MORALISTES CLASSIQUES.
Définition du moraliste.
B. SUR JEAN DE LA BRUYÈRE :
DATES CLÉS
C. SUR L’ART DU PORTRAIT ET DE LA CARICATURE : « Giton et Phédon », Les Caractères de Jean de La Bruyère (1688-1696)
I. Giton et Phédon, « Des biens de fortune », 83.
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***THÈME I. LE BAROQUE (=liberté, exubérance, compléxité, contrastes) VS LE CLASSICISME ET LA DOCTRINE CLASSIQUE (raison, ordre, règles, équilibre, mesure).
Des mouvements artistiques et littéraires d'où ressort l'affrontement entre la liberté, sous la forme d'expression du baroque, et l'ordre, qui prend la forme d'un classicisme qui s'appuie sur une langue ordonnée, basée sur la raison, en s'inspirant de l'Antiquité et en respectant des règles et des principes.
L'ESPRIT BAROQUE : [LIBERTÉ]
De l'esprit baroque, qui domine la première partie/moitié du siècle dans tous les arts (=influence italienne et espagnole, exubérance de l’imagination, de l'illusion et du style grandiose, effervescence du lyrisme libre et des grandes émotions, des images brillantes, recherchées, des contrastes marquées, des effets dramatiques, le règne des contraires, des inconstances, de la complexité, le mélange des genres, la surcharge décorative, des bizarreries de tout ordre, la recherche de la fantaisie, du merveilleux, de la virtuosité, des artifices, la production de la surprise et de l'étonnement ; à l'origine, c'est un terme utilisé en joaillerie pour désigner une perle irrégulière).
LE CLASSICISME : [ORDRE]
***À son contraire, le classicisme, qui commence à se former dans la première moitié du siècle (surtout à partir de la création de l'Académie française en 1634/5 et sous l'influence de Richelieu et la philosophie de René Descartes) et qui domine la scène littéraire, surtout le théâtre, de la deuxième moitié du siècle, surtout à partir de 1661.
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***https://101lavery.weebly.com/uploads/7/6/6/4/7664669/classicisme.pdf
Classicisme. Origine et définition de la notion. Littérature : Contextes, Caractéristiques, Théâtre (Les règles du théâtre classique, Tragédie, Comédie), Roman, La poésie en general, Autres, Musique, Peinture, Sculpture, Architecture.
***Le classicisme est un mouvement culturel, esthétique et artistique qui se développe en France, et plus largement en Europe, à la frontière entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle, de 1660 à 1715. Il se définit par un ensemble de valeurs et de critères qui dessinent un idéal s'incarnant dans l’« honnête homme » et qui développent une esthétique fondée sur une recherche de la perfection; son maître mot est la raison.
La centralisation monarchique, qui s'affirme dès 1630 sous l'autorité de Richelieu d'abord, puis de Mazarin, dépasse le cadre politique pour toucher le domaine culturel. Doctes et littérateurs regroupés dans diverses académies inventent alors une esthétique fondée sur des principes assez contraignants qui amèneront la critique moderne à assimiler, de façon souvent réductrice, classicisme et respect des règles qui doivent permettre la production d'œuvres de goût inspirées des modèles de l'art antique marqués par l'équilibre, la mesure et la vraisemblance.
Le classicisme concerne la littérature du XVIIe siècle, en particulier le théâtre, mais aussi d'autres arts comme la musique, la peinture ou l'architecture.
***La chaîne de la centralisation monarchique : Richelieu -> Mazarin -> Louis XIV.
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***LE CLASSICISME EST UN HUMANISME***
***LE CLASSICISME EST UNE ESTHÉTIQUE [=UN ART] ET UNE ÉTHIQUE [=UNE FAÇON D'AGIR, UNE FAÇON DE PENSER]***
Qu'est-ce que cela veut dire ?
***LE CLASSICISME CORRESPOND A UNE ESTHÉTIQUE (=codes de la création artistique et des formes artistiques, les façons de faire des oeuvres d'art, l'ensemble de principes sous-jacents aux oeuvres d'art ou d'une théorie artistique particulière, ce qui régule la création artistique et sa réception, ce qui détermine la définition même, la nature même de l'oeuvre d'art, etc.) INDISSOCIABLE (=qui ne peuvent pas être séparées) D'UNE ÉTHIQUE (=codes de conduite humaine, de comportement humain, de valeurs morales, de façon d'agir, de façon de croire et de penser, etc.)
*** Quand on parle de classicisme, esthétique et éthique se rejoignent.
Jean-Paul Sartre écrit dans Qu’est-ce que la littérature ? (1947) : « il y a classicisme […] lorsqu’une société a pris une forme relativement stable et qu’elle s’est pénétrée du mythe de sa pérennité, c’est-à-dire lorsqu’elle confond le présent avec l’éternel, […] lorsque la puissance de l’idéologie religieuse et politique est si forte et les interdits si rigoureux, qu’il ne s’agit en aucun cas de découvrir des terres nouvelles à la pensée, mais seulement de mettre en forme les lieux communs adoptés par l’élite ».
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A. SUR LES MORALISTES :
http://lavoixduntexte.fr/wp-content/uploads/2019/01/Focus-Moralistes-La-Fontaine-LaVoixduntexte-CZ.pdf
LES MORALISTES CLASSIQUES.
Au XVIIe siècle, la réflexion sur les mœurs se développe et se fait plus critique. L’aristocratie, aux mœurs plus policées, encourage les réflexions sur les comportements en société. Un nouvel espace littéraire se déploie alors où viennent s'inscrire différents ouvrages dits « moralistes » dont les plus célèbres sont les Maximes (1665) de La Rochefoucauld, Les caractères (1688) de La Bruyère et les Pensées de Pascal (posthume, 1670 pour l'édition de Port-Royal). Ces moralistes sont des auteurs qui s'adressent directement au public mondain de leur temps, qui installent leur pensée dans l'espace contemporain, et qui décrivent d'une manière critique les mœurs qui s'offrent à leur observation . Même si les « moralistes » écrivent en un temps où le christianisme et ses valeurs sont omniprésents, ils développent une certaine méfiance envers lui. Ils se détachent ainsi de la morale scolastique, morale scolaire qui était dominée par la pensée d'Aristote et de Saint Thomas d'Aquin. Elle présentait un monde bien ordonné dont les éléments se rangeaient dans des catégories bien définies. Fleurissaient les traités systématiques rédigés par des doctes qui avaient reçu un enseignement traditionnel et qui s'adressaient à d'autres savants.
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https://lettres.ac-versailles.fr/spip.php?article635#:~:text=%C2%AB%20Montaigne%2C%20La%20Rochefoucauld%20et%20La,mieux%20connu%20le%20coeur%20humain.%20%C2%BB
Définition du moraliste.
Le statut du moraliste face aux auteurs de spiritualité
[RÉFLEXION MORALE VS DÉVOTION ET PIÉTÉ]
Les moralistes du XVIIe siècle sont chrétiens. Leur réflexion morale s’exerce dans le cadre du christianisme, à côté d’une littérature de dévotion et de piété très importante. Comme les auteurs de spiritualité, des moralistes comme La Rochefoucauld et La Bruyère ne renoncent jamais à l’idée d’édifier le lecteur : il ne s’agit jamais de se contenter de plaire, mais toujours aussi d’enseigner.
Le point de vue des moralistes est différent : ils ne regardent pas l’homme comme capable d'être Dieu, mais l’homme à hauteur d’homme. Il s’agit pour eux d’une sagesse humaine. Ils forment un homme pour le monde à la sagesse civile, alors que le théologien le forme pour le salut éternet. Le point de vue des moralistes est anthropocentrique [=centré sur l'homme].
Même ceux des moralistes qui ont aussi d’évidentes préoccupations théologiques, comme Pascal ou Nicole, savent distinguer les deux, sans pour autant les exclure.
Le statut du moraliste face aux autres écrivains
Personne ne nie les préoccupations morales d’un Corneille ou d’un Molière. Au XVIIème siècle, les romanciers, les dramaturges, les moralistes, tous sont passionnés par « l’anatomie de tous les replis du cœur », pour reprendre l’expression de La Rochefoucauld dans une lettre au Père Thomas Esprit. C’est même la tendance très générale de l’ensemble de la littérature du XVIIème siècle.
Mais il faut aussi examiner la forme. Ce qui caractérise le moraliste, c’est de donner la forme de réflexions morales à ses préoccupations. La forme de la réflexion morale peut se couleur dans différents modèles qui vont recevoir des noms très variés : essai, portrait, caractère, maxime, peinture, sentence, adage, etc. Mais ce qui caractérise toutes ces réflexions morales, quelle que soit la forme adoptée, c’est la brièveté et l’autonomie. On ne peut pas vraiment parler de fragment, ce qui sous-entendrait une unité brisée ou inachevée. Ce sont des formes brèves qui tendent à une certaine autonomie, une certaine unité du sens.
Dès lors, s’interroger sur la figure du moraliste au XVIIème siècle, c’est aussi s’interroger sur la manière dont il écrit ses réflexions morales. Et s’ouvre ici tout une réflexion sur les liens entre littérature et morale. [LITTÉRATURE ET MORALE]
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B. SUR JEAN DE LA BRUYÈRE :
https://www.espacefrancais.com/jean-de-la-bruyere/
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https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775224-jean-de-la-bruyere-biographie-courte-dates-citations/
DATES CLÉS.
16 août 1645 : Naissance de Jean de La Bruyère
Jean de La Bruyère est issu d'une famille aisée. Il a suivi des études de droit à Orléans où il a obtenu son diplôme puis est revenu à Paris. Il ne plaide pratiquement pas et se contente de vivre de ses rentes. Il est surtout connu pour avoir écrit son seul et unique ouvrage, ayant connu un fort succès : Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle.
Automne 1687 : Parution des "Caractères" de La Bruyère
Jean de La Bruyère publie "Les Caractères", un recueil de maximes et de portraits qui s’inspire de l’œuvre de Théophraste. Le but est d’exposer les mœurs et surtout les défauts des êtres humains de l’époque. C’est dans le cadre de son poste de précepteur du duc de Bourbon qu’il a le temps et le loisir d’observer les gens de la cour. Aucun nom n’est donné dans l’œuvre. Par cette œuvre esthétique, philosophique et moraliste, il espère pouvoir amener l’humanité à corriger ses défauts.
15 juin 1693 : Discours de La Bruyère à l’Académie française
Récemment élu à l’Académie française, Jean de La Bruyère prononce un discours de réception qui ravive la querelle des Anciens et des Modernes. Celle-ci oppose les Anciens, qui soutiennent la littérature inspirée de l’Antiquité et les Modernes, qui préfèrent faire évoluer la littérature. Elle dure depuis 1687, lorsque Charles Perrault a lu un poème prônant l’époque de Louis XIV pour moderniser l’art et se détacher des critères antiques. Lors de son discours, Jean de La Bruyère prend clairement parti pour les Anciens et provoque la colère de nombreux écrivains de l’époque, tel que Corneille.
11 mai 1696 : Décès de Jean de La Bruyère
Écrivain célèbre dès 1687 grâce à la publication de son seul ouvrage, Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, Jean de La Bruyère a réussi à y traduire l'esprit du XVIIe siècle. Il fait alors partie des derniers écrivains à privilégier le style littéraire et à le remettre en avant. Il décède à Versailles suite à une crise d'apoplexie, le 11 mai 1696. À seulement 50 ans, son décès paraît prématuré selon les témoins de l'époque. Il était en bonne santé les jours précédant sa mort. Quelques soupçons subsistent sur un éventuel empoisonnement dont aurait été victime le moraliste. Sa sépulture n'est pas connue.
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C. L’ART DU PORTRAIT ET DE LA CARICATURE : « Giton et Phédon », Les Caractères de Jean de La Bruyère (1688-1696)
I. Giton et Phédon, « Des biens de fortune », 83.
Giton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes, l’œil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée.
Il parle avec confiance; il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit.
Il déploie un ample mouchoir, et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il éternue fort haut. Il dort le jour, il dort la nuit, et profondément ; il ronfle en compagnie. Il occupe à table et à la promenade plus de place qu’un autre. Il tient le milieu en se promenant avec ses égaux ; il s’arrête, et l’on s’arrête ; il continue de marcher, et l’on marche : tous se règlent sur lui. Il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole : on ne l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler ; on est de son avis, on croit les nouvelles qu’il débite.
S’il s’assied, vous le voyez s’enfoncer dans un fauteuil, croiser les jambes l’une sur l’autre, froncer le sourcil, abaisser son chapeau sur ses yeux pour ne voir personne, ou le relever ensuite, et découvrir son front par fierté et par audace.
Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps ; il se croit des talents et de l’esprit.
Il est riche.
Phédon a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre ; il dort peu, et d’un sommeil fort léger ; il est abstrait, rêveur, et il a avec de l’esprit l’air d’un stupide : il oublie de dire ce qu’il sait, ou de parler d’événements qui lui sont connus ; et s’il le fait quelquefois, il s’en tire mal, il croit peser à ceux à qui il parle, il conte brièvement, mais froidement ; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire. Il applaudit, il sourit à ce que les autres lui disent, il est de leur avis ; il court, il vole pour leur rendre de petits services. Il est complaisant, flatteur, empressé ; il est mystérieux sur ses affaires, quelquefois menteur; il est superstitieux, scrupuleux, timide. Il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre ; il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent.
Il n’est jamais du nombre de ceux qui forment un cercle pour discourir ; il se met derrière celui qui parle, recueille furtivement ce qui se dit, et il se retire si on le regarde. Il n’occupe point de lieu, il ne tient point de place ; il va les épaules serrées, le chapeau abaissé sur ses yeux pour n’être point vu ; il se replie et se renferme dans son manteau.
Il n’y a point de rues ni de galeries si embarrassées et si remplies de monde, où il ne trouve moyen de passer sans effort, et de se couler sans être aperçu.
Si on le prie de s’asseoir, il se met à peine sur le bord d’un siège ; il parle bas dans la conversation, et il articule mal ; libre néanmoins sur les affaires publiques, chagrin contre le siècle, médiocrement prévenu des ministres et du ministère. Il n’ouvre la bouche que pour répondre ; il tousse, il se mouche sous son chapeau, il crache presque sur soi, et il attend qu’il soit seul pour éternuer, ou, si cela lui arrive, c’est à l’insu de la compagnie : il n’en coûte à personne ni salut ni compliment. Il est pauvre.
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Sur « la caricature » :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Caricature
Une caricature est un portrait peint, dessiné ou modelé qui amplifie certains aspects d'un sujet. Souvent humoristique, la caricature est un type de satire graphique quand elle charge des aspects ridicules ou déplaisants. Devant être comprise au premier coup d'œil, elle s'appuie sur la connivence avec son public, sur un ensemble de codes communs liés aux sensibilités, aux traditions et au partage d'une vision identique de la société. Quand le sujet est une personne, elle utilise l'exagération de caractères physiques comme métaphore d'une idée. Quand il s'agit d'une situation, elle présente les mœurs ou le comportement de certains groupes humains sous une forme visiblement exagérée.
Par extension, en littérature, une caricature est une description qui charge certains traits, dans des genres comique ou satirique. En ce sens, on peut également parler de caricature au théâtre, au cinéma, en bande dessinée, etc. En particulier, la satire caricature volontiers une personne ou un personnage ridicules par leur prétention à vouloir être ce qu'elles ne sont pas.
http://www.espacefrancais.com/la-caricature/
Caricature et charge ont le même sens et la même étymologie (en italien, caricare, charger). La caricature s’applique au dessin ou à la peinture et également aux œuvres littéraires. Elle désigne la représentation graphique et grotesque soit d’une personne, soit d’un fait qu’on veut ridiculiser. La caricature se dit de tout trait qui ajoute à la nature quelque chose de forcé, d’exagéré, de bouffon. [...] La caricature utilise la déformation physique comme métaphore d’une idée en s’appuyant sur la relation caractère − morphologie. Les personnages des caricatures peuvent être en situation et l’on a, alors, la caricature de situation, d’événement, de mœurs...
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Sur « l'honnête homme » :
https://www.espacefrancais.com/etre-honnete-homme-au-xviie-siecle/
Être "honnête homme" au XVIIe siècle.
https://commentairecompose.fr/honnete-homme/#:~:text=Au%20XVII%C3%A8me%20si%C3%A8cle%2C%20%C2%AB%20honn%C3%AAte%20%C2%BB,qui%20sait%20briller%20en%20soci%C3%A9t%C3%A9.
L'honnête homme du XVIIe siècle. L’honnête homme est un idéal du 17ème siècle qui incarne parfaitement l’esprit du classicisme.
Qu’est-ce qu’un honnête homme ?
Contrairement à ce qu’on est tenté de penser, « honnête homme » ne veut pas dire « homme honnête ». Au XVIIème siècle, « honnête » voulait dire « convenable, mesuré ». L’honnête homme, c’est donc l’homme convenable, modéré, cultivé, qui sait briller en société.
Un homme qui brille en société
L’honnête homme est tout d’abord un homme qui sait plaire en société. Raffiné, élégant, cultivé, il maîtrise à la perfection l’art de la conversation. Sa culture est très large : il s’intéresse aux lettres, aux arts, au théâtre, aux langues... Il s’adapte à la personne à qui il s’adresse et n’ennuie jamais son auditoire. Il a de l’esprit, son humour est fin.
Un homme modéré, mesuré
L’honnête homme est modéré en toute chose. Il fuit l’excès, recherche le juste milieu. Par exemple, un honnête homme ne montre pas sa mauvaise humeur, sa colère ou ses sentiments ! Cet idéal de l’honnête homme se retrouve dans les comédies de Molière. Vous remarquerez que dans les pièces de Molière, les personnages excessifs et colériques sont ridicules, alors que les personnages mesurés attirent la sympathie. Par exemple, dans Le Misanthrope, les emportements d’Alceste suscitent le rire. En revanche, son ami Philinte, aimable et tempéré, suscite la sympathie. Dans Le Misanthrope, Philinte incarne l’idéal de l’honnête homme.
Un homme naturel
L’honnête homme fuit les artifices et n’essaie pas de paraître pour ce qu’il n’est pas. Il doit rester simple et naturel. Par exemple, l’honnête homme est très cultivé. Mais il n’utilise pas sa culture pour impressionner son interlocuteur. Il ne cherche jamais à se mettre en valeur. Être naturel, c’est aussi rester fidèle à soi-même. L’honnête homme n’est donc pas un flatteur. Il sait faire des compliments, mais naturellement. Il peut aussi critiquer la société, mais avec tact et mesure, sans jamais s’emporter.
Mais où se cache l’honnête homme ?
C’est très simple : l’honnête homme n’existe pas ! Eh oui, L’honnête homme est un IDÉAL. C’est l’homme idéal du 17ème siècle. L’homme auquel les courtisans de l’époque aspiraient à ressembler. Mais cet idéal nous en dit long sur l’esprit du classicisme.
L’honnête homme est mesuré, ordonné, naturel, cultivé, raisonnable, élégant et n’ennuie jamais son auditoire. Les auteurs classiques nous présentent souvent des contre-modèles de l’honnête homme, comme Alceste dans Le Misanthrope de Molière, ou Arrias dans Les Caractères de la Bruyère : ces personnages incarnent l’intempérance et la démesure. Ils étaient des contre-modèles.
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le jeudi 9 NOVEMBRE
THÈMES DU JOUR ET ORGANISATION DE LA SESSION :
JEAN DE LA BRUYÈRE. LES CARACTÈRES, SUITE :
L’art du portrait et de la caricature : « Arrias », « Acis », Les Caractères de Jean de La Bruyère (1688-1696)
TEXTES À LIRE POUR LA DISCUSSION EN CLASSE :
I. SUR LES CARACTÈRES DE LA BRUYÈRE, suite.
L’art du portrait et de la caricature : « Arrias », « Acis », Les Caractères de Jean de La Bruyère (1688-1696).
« Arrias», « De la société et de la conversation », 9.
Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c'est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraitre ignorer quelque chose. On parle à table d'un grand d'une cour du Nord : il prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils savent ; il s'oriente dans cette région lointaine comme s'il en était originaire ; il discourt des moeurs de cette cour, des femmes du pays de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu'à éclater. Quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur : "Je n'avance rien, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache original : je l'ai pris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance." Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée, lorsque que l'un des conviés lui dit : "C'est Sethon à qui vous parlez, lui même, et qui arrive fraichement de son ambassade."
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« Acis », « De la société et de la conversation », 7.
Que dites-vous ? Comment ? Je n’y suis pas ; vous plairait-il de recommencer ? J’y suis encore moins. Je devine enfin : vous voulez, Acis, me dire qu’il fait froid : que ne disiez-vous : « Il fait froid » ? Vous voulez m’apprendre qu’il pleut ou qu’il neige ; dites : « Il pleut, il neige ». Vous me trouvez bon visage, et vous désirez de m’en féliciter ; dites : « Je vous trouve bon visage. »
— Mais répondez-vous, cela est bien uni et bien clair ; et d’ailleurs, qui ne pourrait pas en dire autant ?
Qu’importe, Acis ? Est-ce un si grand mal d’être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? Une chose vous manque, Acis, à vous et à vos semblables, les diseurs de phébus ; vous ne vous en défiez point, et je vais vous jeter dans l’étonnement : une chose vous manque, c’est l’esprit. Ce n’est pas tout : il y a en vous une chose de trop, qui est l’opinion d’en avoir plus que les autres ; voilà la source de votre pompeux galimatias, de vos phrases embrouillées, et de vos grands mots qui ne signifient rien. Vous abordez cet homme, ou vous entrez dans cette chambre ; je vous tire par votre habit et vous dis à l’oreille : « Ne songez point à avoir de l’esprit, n’en ayez point, c’est votre rôle ; ayez, si vous pouvez, un langage simple, et tel que l’ont ceux en qui vous ne trouvez aucun esprit : peut-être alors croira-t-on que vous en avez. »
DOCUMENT D'APPUI :
Sur la PRÉCIOSITÉ et le langage précieux :
***(1) https://www.lettres-et-arts.net/histoire-litteraire-17-18eme/preciosite+135
La préciosité est un art de vivre et une esthétique qui s'épanouit entre 1650 et 1660 au sein de l'aristocratie parisienne. Les codes de ce courant de pensée s'élaborent dans des salons, tel que celui de Madeleine de Scudéry, qui réunissent les écrivains et beaux esprits du temps. La préciosité, dominée par les femmes, se caractérise avant tout par un raffinement extrême du comportement, des idées et du langage. [...]
Les précieuses, attachées à l'élégance et à la singularité de l'expression, auront une influence sur le langage et la production littéraire du temps. Un langage précieux apparaît, caractérisé par la recherche de l'effet. [...]
Le langage précieux se caractérise avant tout par la recherche de l'effet. Somaize, dans son Grand dictionnaire des Précieuses, note que les précieuses sont « celles qui inventent des façons de parler bizarres par leur nouveauté et extraordinaires dans leur signification. » Cette nouvelle langue a de quoi surprendre les non initiés. Le langage des précieuses, compliqué et codé, se veut hermétique. En effet, les précieuses réservent le sens de leurs propos à un groupe restreint. Elles ne peuvent donc se contenter d'un langage ordinaire. [...]
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[DES EXPLICATIONS SUPPLÉMENTAIRES :]
https://commentairecompose.fr/les-caracteres-la-bruyere/
I. Quels sont les thèmes importants dans les livres V à X des Caractères de La Bruyère ?
L’honnête homme
Dans Les Caractères, La Bruyère fait le portrait indirect de l’honnête homme (idéal de l’homme au XVIIème siècle) : un homme mesuré, convenable, cultivé, qui n’essaie pas de paraître pour ce qu’il n’est pas. Ainsi, les portraits satiriques sont à lire comme des contre-modèles de l’honnête homme. Par exemple, Théodecte (V, 12) est trop théâtral. Il veut être le centre de tout et a des gestes et des tons de voix excessifs, qui manquent de discrétion. Narcisse (VII,12) ne se soucie que de lui-même. L’honnête homme, au contraire, se caractérise par sa modestie, sa mesure et sa maîtrise des relations sociales et de la conversation (livre V, « De la société et de la conversation »).
La Bruyère représente le monde comme un théâtre, Le théâtre du monde
La Bruyère représente le monde comme un théâtre, thème traditionnel dans la littérature moraliste du XVIIème siècle. Le monde est théâtral car chacun met en scène sa richesse et sa fortune, dans une société régie par l’artifice et la superficialité. Ainsi, le regard est omniprésent dans Les Caractères. Tout est spectacle et destiné à être vu : « L’on se donne à Paris (...) pour se regarder au visage et se désapprouver les uns les autres » (VII, remarque 1). La Bruyère décrit même un « spectateur de profession » (VII, remarque 13) qui passe sa vie à fréquenter la Cour et la ville pour voir et être vu. Sur cette scène, chaque courtisan est un acteur « maître de son geste, de ses yeux et de son visage » (VIII, remarque 2) Cette comédie sociale est néfaste car l’art de la dissimulation détruit le « naturel », très important au XVIIème siècle.
La Cour et la ville
Dans le livre VIII, La Bruyère s’intéresse particulièrement à deux espaces qui amoindrissent les vertus de l’homme et font ressortir ses vices : la Cour et la ville. Pour La Bruyère, ce sont les lieux du changement perpétuel. Rien n’y est stable, tout y est en mouvement, ce qui ne peut que déplaire au moraliste qui souhaite l’équilibre, la raison, et la perpétuation de la tradition. Le champ lexical de l’agitation caractérise par exemple le portrait de Cimon et Clitandre qui « portent au vent, attelés tous deux au char de la fortune et tous deux fort éloignés de s’y voir assis ». (VIII, remarque 9) La Cour et la ville sont également dominées par la figure de la Roue de Fortune qui fait et défait les destins à l’aveugle. Celui qui vient d’être placé à un nouveau poste en sera rapidement déchu (VIII, remarque 32). Dans ces espaces, les hommes sont en esclavage : « Qui est plus esclave qu’un courtisan assidu, si ce n’est un courtisan plus assidu » (VIII, remarque 69)
L’argent
Dans le livre VI « Des biens de Fortune », La Bruyère dénonce la supériorité de l’argent sur la vertu. En effet, l’argent perturbe l’ordre social censé être régi par le mérite aristocratique. Ainsi, Giton représente l’allégorie des fortunés se donnant tous les droits sur les autres en raison de sa richesse (VI, remarque 83). Celle-ci ne semble pourtant pas le fruit d’un travail abondant : « « il dort le jour, il dort la nuit » ! L’argent est devenu un instrument de décadence. Dans une société où l’argent est le fondement de l’individu, celui qui n’en possède pas est exclu, comme Phédon que la pauvreté rend inapte à toute interaction sociale (VI, remarque 83).
L’art de gouverner
Dans le livre X « Du Souverain ou de la République », La Bruyère réfléchit au meilleur gouvernement possible. Il critique la tyrannie, « manière la plus horrible et la plus grossière de se maintenir » (X, 2) ainsi que la guerre et le désir de conquête de certains princes (X, remarques 9 et 10). Le roi doit être le « Père du peuple » (X, remarque 27) et assurer la paix et la tranquillité publique au lieu de poursuivre sa gloire personnelle (X, remarque 24). Dans la remarque 29, La Bruyère représente même le Roi comme un berger qui conduit son peuple avec justice, fermeté mais surtout sobriété et humilité. Le prince idéal doit avoir « une parfaite égalité d’humeur », « le cœur ouvert et sincère » (X, 35), le sens de la mesure, le souci de tous et de chacun. On reconnaît aisément dans cette remarque la transposition de l’idéal de l’honnête homme en politique. Le Roi doit aussi savoir s’entourer. Quand il sélectionne ses ministres, c’est en songeant à ceux qu’aurait choisis son peuple (X, remarque 23) : « C’est un extrême bonheur pour les peuples quand le Prince admet dans sa confiance et choisit pour le ministère ceux qu’ils auraient voulu lui donner s’ils avaient été les maîtres ».
II. Quelles sont les caractéristiques de l’écriture de La Bruyère ?
Dans les Caractères, La Bruyère veut étudier l’homme et l’âme humaine. Pour cela, il adopte une écriture prenant la forme de maximes souvent brèves, faisant penser aux Maximes de La Rochefoucauld (1665) , un autre célèbre moraliste du XVIIème siècle. Les maximes correspondent à une affirmation à valeur universelle, au présent de vérité générale : « Un caractère bien fade est celui de n’en avoir aucun» (V, remarque 1). C’est une écriture qui vise la clarté mais aussi l’abstraction comme le montre l’important vocabulaire philosophique. Mais Les Caractères relèvent avant tout d’une écriture satirique. La Bruyère a souvent recours au portrait en action qui lui permet de brosser rapidement une caricature. La juxtaposition de propositions et les énumérations créent un effet cumulatif qui montre la démesure et l’impolitesse choquante des personnages décrits (« il rit, il crie, il éclate » ou « il mange, il boit, il conte, il plaisante » dans le portrait de Théodecte, livre V, remarque 12).
III. Que signifie le parcours « La comédie sociale » ?
Dans Les Caractères, La Bruyère dénonce la comédie sociale : sur le théâtre du monde, chacun essaie de paraître pour ce qu’il n’est pas. Les hommes vivent dans l’hypocrisie permanente et s’éloignent de l’idéal de l’honnête homme.
Le monde est un théâtre
La Bruyère invite le lecteur à être le spectateur amusé d’une comédie sociale. Cette comédie a une scène : la Cour et la ville. Ce sont les lieux de la superficialité et de l’artifice. Quand Arfure, dont le mari s’est enrichi, arrive à l’église, c’est dans « un char » et en portant une robe à « lourde queue », comme dans une scène de spectacle baroque. (VI, remarque 16) Cette comédie possède également ses acteurs, les courtisans, « vrais personnages de comédie » (IX, 50) qui maîtrisent leur rôle à la perfection. Le champ lexical du regard, omniprésent dans Les Caractères, suggère que les hommes sont tous respectivement acteurs et spectateurs de leur propre vie.
Une écriture théâtrale
Pour mieux dénoncer la comédie sociale, l’écriture de La Bruyère se fait volontiers théâtrale. C’est ainsi que certaines remarques adoptent la forme de dialogues, comme dans le portrait d’Acis : « Que dites-vous ? Comment ? Je n’y suis pas ; vous plairait-il de recommencer ? J’y suis encore moins. Je devine enfin : vous voulez, Acis, me dire qu’il fait froid ». (V, remarque 7) D’autres portraits s’apparentent à de véritables saynètes de comédie, tel celui d’Arrias qui se termine par un coup de théâtre : Arrias énonce des erreurs qu’il affirme avoir apprises de Séthon alors que Séthon se trouve justement en face de lui ! (V, remarque 9)
La satire sociale
Derrière la comédie sociale, se cache néanmoins la satire sociale. L’hypocrisie, la rivalité, la jalousie pointent sous l’artifice et la superficialité. « L’air de Cour est contagieux » écrit La bruyère dans la remarque 14 du livre VIII. Cette métaphore de la maladie suggère que ce théâtre du monde, amusant à regarder, n’en reste pas moins un espace de corruption et de déchéance.
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***D'AUTRES MORALISTES :
A. François de La Rochefoucauld. [LES MAXIMES]
https://www.espacefrancais.com/la-rochefoucauld/
François de La Rochefoucauld, né le 15 septembre 1613 à Paris et mort le 17 mars 1680 dans la même ville, est un moraliste français, surtout connu comme auteur de maximes, à travers lesquelles il souligne le rôle essentiel de l’« amour-propre » dans les relations sociales et tente de caractériser l’« honnête homme ».
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http://www.alalettre.com/la-rochefoucauld-oeuvres-maximes.php
I. Les Maximes de La Rochefoucauld.
La Maxime :
Avant de parler des Maximes, arrêtons-nous sur la maxime : le terme de " maxime " vient de la forme latine maxima (sententia), littéralement la " sentence la plus grande, la plus générale ". Cette forme brève, tout comme l'aphorisme, ou le proverbe, tient un discours universel à propos de l'homme. [...] La maxime est une appréciation ou un jugement très général. La brièveté de l'énoncé doit en favoriser la mémorisation, mais également frapper l'esprit.
La maxime se caractérise également par sa " pointe ", c’est-à-dire sa chute. L’effet de surprise qu’elle génère doit piquer l’intérêt du lecteur et l’inciter à méditer les raisons de cette surprise, ou à en rire, selon les maximes. On peut ainsi citer cette maxime de La Rochefoucauld : " L’intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé. " (M. 39), ou : " Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui. " (M. 19), ou bien encore : " On ne donne rien si libéralement que ses conseils. " (M. 110) [...] Or, si l’on en croit la maxime 203, " Le vrai honnête homme est celui qui ne se pique de rien. "
Petit florilège de maximes, par ordre d’apparition dans les Maximes :
M. 102 : " L’esprit est toujours la dupe du cœur. "
M. 122 : " Si nous résistons à nos passions, c’est plus par leur faiblesse que par notre force.
M. 157 : " La gloire des grands hommes se doit toujours mesurer aux moyens dont ils se sont servis pour l’acquérir. "
M. 191 : " On peut dire que les vices nous attendent dans le cours de la vie comme des hôtes chez qui il faut successivement loger ; et je doute que l’expérience nous les fît éviter s’il nous était permis de faire deux fois le même chemin. "
M. 218 : " L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu. "
M. 250 : " La véritable éloquence consiste à dire tout ce qu’il faut, et à ne dire que ce qu’il faut.
M. 308 : " On a fait une vertu de la modération pour borner l’ambition des grands hommes, et pour consoler les gens médiocres de leur peu de fortune, et de leur peu de mérite. "
M. 409 : " Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent. "
En guise de conclusion : La Rochefoucauld s’approprie le jeu mondain qu’était la maxime pour en faire un instrument de dévoilement, et propose, en lieu et place des valeurs aristocratiques rendues obsolètes par les événements historiques, un nouvel art de vivre en société, fondé sur l’honnêteté, et un nouvel idéal, le développement et le perfectionnement de l’esprit. Engendrées par une vie sociale enrichissante et par le travail acharné d’un esprit profond et curieux, les Maximes de La Rochefoucauld sont, elles, souvent neuves, et plus consolantes qu’on ne l’a dit.
Clémence Camon
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B. Jean de La Fontaine. [LES FABLES]
https://www.espacefrancais.com/jean-de-la-fontaine/
Jean de La Fontaine, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry et mort le 13 avril 1695 à Paris, est un poète français, le plus grand fabuliste de l’époque classique. Il est surtout connu pour ses Fables (1668-1694). -----------------------------
Extrait : La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf
Empruntant à une tradition antique la forme mineure et populaire de la fable, La Fontaine en fait une pièce raffinée quoique naturelle. « La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf », fable en vers mêlés, extraite du premier livre des Fables, est traditionnelle par certains aspects (personnages d’animaux incarnant des travers humains, lexique simple, forme dialoguée, répartition entre récit exemplaire et morale explicitée), mais novatrice, malgré sa brièveté, par sa qualité narrative (vivacité, ironie, travail sur le rythme). Quant à la morale, assez banale, elle vaut surtout par le rapprochement humoristique entre la grenouille du récit et des personnages importants de la société du temps.
Une grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi. N’y suis-je point encore ?
— Nenni. — M’y voici donc ? — Point du tout. — M’y voilà ? — Vous n’en approchez point. » La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ;
Tout petit prince a des ambassadeurs ;
Tout marquis veut avoir des pages.
(Jean de La Fontaine, Fables, 1668, 1678 et 1694)
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https://www.lefigaro.fr/culture/2009/03/20/03004-20090320ARTWWW00396-les-dix-fables-de-la-fontaine-selectionnees-par-le-figaro-.php
Le loup et l'agneau
La raison du plus fort est toujours la meilleure ;
Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
«Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage ;
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vais désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,
Et que par conséquent en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau ; je tette encore ma mère.
- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
- Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos Bergers, et vos Chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge.»
Là-dessus au fond des forêts
Le Loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
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https://www.espacefrancais.com/jean-de-la-fontaine-et-la-fable/
Le but premier de La Fontaine est, en effet, de « plaire toujours » pour mieux instruire.
Le récit et la moralité La fable traditionnelle comprend deux parties que La Fontaine, dans la « Préface » de son recueil, présente ainsi : L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme. Le corps est la fable, l’âme la moralité.
Mais les combinaisons de ces parties sont très variées dans les Fables. L’ordre le plus fréquent place le récit au début et la morale à la fin. Cependant, la disposition inverse est très largement représentée. Il en est ainsi par exemple dans « Le Loup et l’Agneau ».
Parfois la morale est citée au début et reprise à la fin ; il arrive enfin que celle-ci soit implicite, exprimée d’une manière voilée par l’un des personnages.
Les personnages On peut les classer selon qu’ils appartiennent au monde animal, humain, végétal ou mythologique.
Conception et structure de la fable La fable peut donc être considérée comme un mini-drame, à la structure théâtrale fortement marquée : le décor, campé en quelques vers ou en quelques mots, l’intrigue exposée rapidement et progressant suivant des « actes » vers le dénouement, conformément à la psychologie des personnages. À titre d’exemple, la fable « Les Animaux malades de la Peste » est structurée comme une pièce dramatique.
Les thèmes
Certaines fables de La Fontaine visent directement la société du XVIIe siècle dont on trouve une image presque complète. Les Fables évoquent aussi la noblesse de province qui exploite sans vergogne les paysans.
Par ailleurs cet auteur s’est également illustré dans la fable philosophique. C’est à Ésope et à ses prédécesseurs qu’il a commencé par emprunter les préceptes étroits de la sagesse des peuples. Mais par la suite, n’écoutant que son tempérament, c’est sa propre sagesse qu’il exprime. Elle est toute d’équilibre et de modération dans les désirs. La Fontaine accepte les décrets de la Providence et cherche le bonheur dans la simplicité et le repos.
L’art de La Fontaine La transformation de l’apologue en poème ou en petit drame versifié se fait grâce aux nombreuses innovations que La Fontaine apporte à la langue et à la prosodie.
LA PROSODIE
La Fontaine pratique largement une versification libérée des contraintes classiques. Il utilise une variété de mètres, l’alexandrin et l’octosyllabe aussi bien que les vers très courts, les faisant alterner dans la même fable. Cette « liberté » donne aux fables une grande souplesse et permet de souligner les effets de surprise ou les « pointes ».
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COMPETITION LA BRUYÈRE 2023 : ÉCRITURE CRÉATIVE
"L’art de la caricature et du portrait dans les Caractères de La Bruyère combine des éléments d’une littérature morale et d’une satire sociale (=critique sociale par le biais de moqueries, parodies et surtout, de caricatures.) Il correspond bien aux principes de l’esthétique classique : instruire et plaire. En effet, le caractère pittoresque et amusant du portrait rend la critique d’autant plus percutante et efficace. On y retrouve une vérité générale incarnée dans la représentation de traits de caractère, de « types » sociaux spécifiques."
En réfléchissant au commentaire ci-dessus, faites un « portrait » d'une dizaine de phrases [10+] d’un « type » contemporain dans les réseaux sociaux, à l'université, en politique, etc. (par exemple : l'influenceuse, le nerd ou l'intello, le snob, le Trumpiste, le cybernaute, etc.) dans le style des Caractères de La Bruyère.
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le mardi 14 NOVEMBRE - le jeudi 16 NOVEMBRE
THÈMES ET ORGANISATION DES SESSIONS :
THÈME I : LE THÉÂTRE AU XVIIe SIÈCLE : Introduction générale. La Littérature Française de A à Z. Analyses Littéraires. Le Théâtre Classique (XVIIe siècle).
THÈME II :***VOCABULAIRE ET THÈMES/CONCEPTS DU CLASSICISME AU THÉÂTRE : LA RÈGLE DES TROIS UNITÉS, LA VRAISEMBLANCE, LES BIENSÉANCES
THÈME III : LE THÉÂTRE DE CORNEILLE. ANALYSE DE LA PIÈCE. ***ACTE I, scènes I-VI.
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I. LE THÉÂTRE AVANT CORNEILLE ET APRÈS.
***ATTENTION: VOICI LE PREMIER TEXTE QUE NOUS ALLONS DISCUTER EN CLASSE***:
***THÈME I : LE THÉÂTRE AU XVIIe SIÈCLE :Introduction générale. La Littérature Française de A à Z. Analyses Littéraires. Le Théâtre Classique (XVIIe siècle).
Longtemps concentré dans les mystères sacrés [MOYEN ÂGE], c'est à la RENAISSANCE, dans la ferveur de la redécouverte de l'Antiquité et particulièrement de l'oeuvre des grands tragiques grecs et latins, que s'inventent ces nouvelles " tragédies " dont la grande référence est Aristote. [***CECI SERA LA BASE DU THÉÂTRE DU XVIIe SIÈCLE AUSSI.]
(1) Jodelle avec sa Cléopâtre captive (1553), Garnier avec les Troyennes (1579) et les Juives (1583) inaugurent ce nouveau théâtre : des pièces en cinq actes, en alexandrins - vers nobles au rythme bien balancé - qui mettent en scène de grands personnages plongés dans le malheur par des puissances qui les dépassent, dieux ou fatalité.
(2) Le conflit est au coeur de l'intrigue : conflit de l'homme avec les dieux, conflit des hommes entre eux, conflit de l'homme avec lui-même. Selon les Grecs, les spectacles tragiques avaient une vertu particulière: la catharsis, c'est-à-dire la purification, la guérison des passions (les souffrances) par la crainte et la pitié qu'ils éveillaient dans le coeur des spectateurs.
***(3) Pour garantir cet effet de crainte et par réaction à la Tragi-comédie baroque (voir les oeuvres de Rotrou) ou Corneille, le théâtre classique réagit par la reprise rigoureuse de la distinction entre les deux genres, la Tragédie et la Comédie et instaure la règle des unités (unité de lieu, unité de temps, unité d'action) ; Vraisemblance, Bienséance, Alexandrin. Ces règles, loin de brider l'imagination du poète, ont dès les origines pour fonction de concentrer l'émotion car il s'agit de faire vite et fort, l'attention du spectateur ne devant pas se disperser.
***Corneille écrit des comédies, puis surtout des tragédies, qui évoluent du Baroque (l'Illusion comique) au respect de l'Esthétique classique (à partir des Horaces en 1640). Les tragédies de Racine sont considérées comme le modèle du Classicisme.
Molière quant à lui s'offre volontiers des libertés et son Dom Juan ne respecte aucune règle des Trois Unités.
Les scènes du XVIIe siècle accueillent aussi des Comédies qui font place à la musique et à la danse : les Comédies- ballet. Héritières des ballets de Cour, elles sont d'abord un spectacle réservé à la Cour royale, avant d'être présentées au public parisien. Musique, danse et chant s'ajoutent aux dialogues pour créer un spectacle complet :"le Bourgeois Gentilhomme" fait partie de cette veine qui aboutira à l'Opéra-comique.
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B. https://geudensherman.wordpress.com/lit-17-fr/le-theatre-au-17e-siecle/le-theatre-avant-corneille/
Le théâtre avant Corneille. Dates importantes pour les salles de théâtre et les troupes :
1628 : l'Hôtel de Bourgogne
1629 : fondation du Théâtre du Marais
1673-1680 : La troupe de Molière travaille dans une salle du Palais Royal
***1860 : création de la Comédie Française avec l'union de la troupe de Molière avec la troupe du Théâtre du Marais
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http://www.regietheatrale.com/index/index/thematiques/histdestheatres/3-17eme1.html
Paris et ses Théâtres. Début du XVII ème siècle. Les rivalités entre l'Hôtel de Bourgogne et le Théâtre du Marais.
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https://www.espacefrancais.com/histoire-et-regles-de-la-tragedie/
Histoire et règles de la tragédie. EspaceFrancais.com
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POUR LA DISCUSSION EN CLASSE :
***THÈME II : VOCABULAIRE ET THÈMES/CONCEPTS DU CLASSICISME AU THÉÂTRE
Les modèles aristotélicien [ARISTOTE] et horacien [HORACE], les règles, surtout la règle des trois unités : les unités de temps, de lieu et d'action, l'unité de ton, la vraisemblance, les bienséances, la catharsis, la versification dans le théâtre classique : l'alexandrin et les stances, la division stricte des genres (tragédie, comédie, et la tragi-comédie problématique), l'influence du cartésianisme, l'honnête homme, le classicisme comme littérature sociale, harmonie, équilibre, ordre, discipline, régularité, raison vs passion, sobriété...
https://www.phosphore.com/tout-pour-le-bac/methodo/fiches-de-cours/bac-fiche-francais-les-regles-du-theatre-classique/
Bac fiche français : les règles du théâtre classique :
***Au XVIIe siècle, les doctes entreprennent de «codifier» le théâtre et tout particulièrement la tragédie. C’est principalement après la «querelle» du Cid (1636), qui opposa partisans d’un théâtre réglementé et tenants d’une création de liberté, que s’est constitué un ensemble de règles inspirées, pour la plupart, de La Poétique d’Aristote (IVe siècle av. J.-C.). On prétend fonder les règles sur la vraisemblance et la raison.
***LA RÈGLE DES TROIS UNITÉS : Le développement de la pièce classique doit obéir au principe d’unité défini par Boileau (Art poétique, 1674) : «Qu’en un lieu, en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli». La règle des trois unités vise à renforcer l’illusion théâtrale en réduisant l’écart entre action et représentation.
L’UNITÉ D’ACTION. Elle vise à supprimer les intrigues secondaires et à concentrer l’intérêt dramatique autour d’une action unique.
L’UNITÉ DE TEMPS. Elle resserre les faits et les limite à vingt-quatre heures. Cette règle cherche à entretenir l’illusion d’une coïncidence entre la durée de la fiction et le temps de la représentation.
L’UNITÉ DE LIEU. Elle résulte des deux premières. L’action se déroule dans un espace unique (ex. : la salle d’un palais).
Ajoutons l’unité de ton* qui découle de la volonté de séparation des genres chez les classiques (tragédie d’un côté, comédie de l’autre) et impose à chacun sa spécificité en matière de sujet, de héros et de niveau de langue et de ton.
LES RÈGLES DE(S) BIENSÉANCE(S). Les bienséances s'appuient sur la vraisemblance psychologique et historique, et respectent les goûts et les tendances du public de l'époque. Les bienséances exigent de la tragédie une gravité constante et une solennité soutenue.
LA VRAISEMBLANCE. Elle veut que l’impression de vérité s'impose. L’action dramatique doit être crédible : «L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas» (Boileau).
LA BIENSÉANCE. Elle conduit au respect des usages et des conventions. Il s’agit, d’une part, de ne pas choquer le public. D’autre part, les agissements et les sentiments du héros doivent, naturellement, être conformes à son rang.
MOTS CLÉS : vraisemblance/probabilité/nécessité/plausibilité/acceptabilité/cohérence/propreté
***ce qui se souscrit à l'opinion dominante en matière de raison, de goût, de morale ; ce qui est conforme à l'attente du public ; ce qui est conforme à l'idée qu'à chaque époque le public se fait du vrai probable. bienséances vs préjugés.
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***Autour du concept de "catharsis" chez Aristote et dans le théâtre classique français
https://vep.lerobert.com/Pages_HTML/CATHARSIS.HTM
Le mot katharsis [κάθαρσις] est d'abord lié aux rituels de purification, avant de devenir un terme hippocratique relevant de la théorie des humeurs. Il a été investi par la Poétique d' Aristote, qui a infléchi son sens en soutenant, contre Platon, que la tragédie et le théâtre peuvent soigner l'âme en lui donnant du plaisir. Sous la traduction consacrée de « purgation », il relève du discours classique sur la tragédie (Corneille, 1660), avant de réapparaître sous sa forme grecque dans les textes de Lessing, critiquant Corneille critique d' Aristote (le grec, déjà présent dans l'anglais, revient alors dans le français à propos de Lessing, 1874, voir DHLF, s.v. « Catharsis »). [...] Entre purification et purgation, l'oscillation du sens, sous la constante d'un mot qui a traversé les langues, n'a cessé de donner matière à polémiques et à réinterprétations. [...]
***Purgation des passions et purification des mœurs dans le théâtre classique***
[...] En effet, dans une perspective chrétienne, ce sont les passions elles-mêmes, et non plus seulement leur excès, qui sont considérées comme mauvaises. Il ne s'agit plus de purifier les passions mais de se purifier des passions, c'est-à-dire de purifier les mœurs. Ce que les auteurs du XVIIe siècle entendent par « purgation des passions » n'a donc pas tout à fait le sens qu'avait la katharsis chez Aristote. Les Français accentuent l'aspect moral et surtout pédagogique attaché à l'idée de katharsis théâtrale. « La fin principale de la poésie est de profiter […] en purifiant les mœurs », écrit ainsi le père Rapin (Réflexions sur la Poétique, IX). « La poésie est un art qui a été inventé pour l'instruction des hommes […] On traite des malades, et la tragédie est le seul remède dont ils soient en état de profiter, car elle est le seul divertissement où ils puissent trouver de l'agréable avec l'utile », écrit de même Dacier dans la préface à sa traduction française de la Poétique d'Aristote (1692). [...]Racine est l'un des rares à être fidèle à Aristote : « La tragédie, écrit-il, excitant la pitié et la terreur, purge et tempère ces sortes de passions, c'est-à-dire qu'en émouvant ces passions, elle leur ôte ce qu'elles ont d'excessif et de vicieux, et les ramène à un état modéré et conforme à la raison » (Œuvres complètes, t. 2, p. 919, cité par J. Tricot dans sa traduction de la Politique d'Aristote, Vrin, 1970, t. 2, p. 583, n. 3) — il est vrai que, à la différence de Corneille, Racine comprenait le grec, et qu'il traduisit et annota des passages entiers de la Poétique et de l'Éthique à Nicomaque.
(Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture [1719], section 44, « Que les poèmes dramatiques purgent les passions », rééd. ENSBA, 1994, p. 148).
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***Définition de tragédie chez Aristote :
***"La tragédie est l'imitation (mimêsis) d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'une espèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation (katharsis) propre à pareilles émotions."
Aristote, La Poétique.
https://www.universalis.fr/encyclopedie/aristote/9-la-poetique/
La poésie est, d'une façon générale, « imitation » (mimêsis), par quoi il faut entendre non un simple décalque de la réalité, mais une sorte de re-création de cet « acte » (énergeia) qui constitue la vie. En particulier, la tragédie « imite non pas les hommes, mais une action et la vie, le bonheur et l'infortune ; or le bonheur et l'infortune sont dans l'action, et la fin de la vie est une certaine manière d'agir, non une manière d'être » (6, 1450 a 15). D'où l'importance de l'action dans la tragédie : les caractères viennent aux personnages « par surcroît et en raison de leurs actions », non l'inverse. Aristote conseille d'emprunter l'action de la tragédie à l'histoire, mais seulement parce que l'histoire est garante de la vraisemblance des faits présentés. Même dans ce cas, le poète est créateur, parce que, en choisissant tel ou tel événement réel, il le recrée comme « vraisemblable et possible » (9, 1451 b 27). La poésie diffère en cela de l'histoire : l'histoire raconte ce qui est arrivé ; la poésie présente ce qui pourrait arriver à chacun d'entre nous et, même lorsqu'elle prend pour thème ce qui est en fait advenu, elle le présente comme pouvant arriver toujours de nouveau ; la poésie atteint par là l'universel et est en cela « plus philosophique que l'histoire » (9, 1451 b 5-6).
Aristote fournit aux auteurs de tragédie de nombreuses règles techniques, dont le classicisme français fera son profit.
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Horace : "Celui qui joint l'utile à l'agréable recueille tous les suffrages." Art poétique (c.19 avant J.C.). Instruire et plaire. Pédagogie/Enseignement et Divertissement. ***Le théâtre classique comme une école des moeurs idéalisées par l'époque.
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***RÉCAPITULATION : Histoire et règles de la tragédie.
https://www.espacefrancais.com/histoire-et-regles-de-la-tragedie/
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***Les règles de la versification et le vers du théâtre classique : l'alexandrin et les stances. Mots clés : la syllabe, l'hémistiche (m.), la coupe, la césure, l'enjambement (m.), le rejet, octosyllabe, décasyllabe, hexasyllabe, pentasyllabe, tetrasyllabe.
www.ac-grenoble.fr/disciplines/lettres/podcast/logotype/glossaire/Versification.htm
Versification. Fiche méthode.
La poésie française est syllabique : on compte les syllabes. Le nom d'un vers vient normalement du nombre de syllabes qui le composent:
- octosyllabe: huit syllabes - décasyllabes: dix syllabes
- alexandrin: douze syllabes - Le mot ''alexandrin'' vient du Roman d'Alexandre, épopée médiévale en vers de douze syllabes.
La césure :
Dans l’alexandrin classique, la césure est la coupe centrale du vers, qui oblige le lecteur à marquer une pause nette. Elle sépare le vers en deux moitiés égales ou hémistiches. Le rythme d’ensemble qui en résulte est dit binaire.
Le rythme de l’alexandrin peut devenir ternaire lorsque le vers se constitue de trois groupes de mots ; c’est le cas du trimètre romantique ; la césure disparaît (à l’oreille) au profit de deux coupes marquées (Baudelaire) :
Chacun plantant, //comme un outil, //son bec impur
L'hémistiche :
Normalement un alexandrin est divisé en deux hémistiches séparés par une césure qui tombe après la sixième syllabe. Chaque hémistiche aura une coupe dont la place est variable. Notez toutefois que la question de césure est controversée parce que parfois une pause après la sixième syllabe est impossible (à cause d'une liaison obligatoire).
L'enjambement et le rejet :
Un vers comprend généralement une idée complète. Si cette idée se poursuit dans le vers suivant, il y a enjambement. La partie qui se trouve dans la deuxième vers est en rejet.
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***Un cas exceptionnel : Les stances [le terme vient de l'italien stanza, qui signifie "demeure", parce qu'il faut qu'il y ait un sens complet et un repos à la fin de chaque stance]. Au théâtre, les stances sont une forme versifiée de monologue, marquées par un rythme particulier. On identifie les stances avec le lyrisme. VOIR LES STANCES DANS LE CID.
https://www.ralentirtravaux.com/lettres/sequences/quatrieme/cid/versification.php
La versification dans les stances du Cid. Acte I, scène 6.
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***RÉCAPITULATION II
L’écrivain classique doit respecter certains grands principes :
(1) Se conformer à la raison, c’est-à-dire s’en tenir à des vérités qui puissent être admises par la plupart de ses contemporains ;
(2) Insister sur la vraisemblance des caractères dépeints ;
(3) Imiter des Anciens, sans renoncer à faire oeuvre personnelle ;
(4) Plaire et instruire (dépassement de l’individu pour atteindre un Homme éternel, un Beau idéal, une vérité universelle) ;
(5) Assurer la séparation des genres ;
(6) Respecter les règles : UNITÉS, VRAISEMBLANCE, BIENSÉANCE ;
(7) Chercher l'équilibre, la mesure, l'ordre, la simplicité, le naturel dans le style ;
(8) Susciter/provoquer la terreur et la pitié nécessaires pour purger/purifier (=la catharsis) les émotions/les passions.
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THÈME III : LE THÉÂTRE DE CORNEILLE.
I. INTRODUCTION AU THÉÂTRE DE PIERRE CORNEILLE.
https://geudensherman.wordpress.com/lit-17-fr/02-1640-1660/corneille/corneille-vie-et-oeuvre/
Vie et oeuvre de P.Corneille. VIE [1606-1684]
OEUVRE [1629-1674]
***Fond. Corneille est le créateur du drame français, tragédie et comédie, qu’il assujettit aux règles de l’art, de la raison, de la décence et du bon goût. Son cachet est la grandeur d’âme ; son ressort est l’admiration excitée par l’héroïsme de la vertu ; il se plaît aux héros surhumains et aux situations extraordinaires qui mettent en relief leur énergie un peu farouche. A ses yeux l’histoire est le cadre obligé de la tragédie; un grand caractère, le pivot; l’amour, l’accessoire. Toujours la passion cède à l’honneur, à la raison, au devoir.
***Forme. Sa langue, semée de traits sublimes, a la vigueur ferme et sobre du latin ; son alexandrin est d’une structure simple et solide.
La carrière littéraire de Corneille comprend une trentaine de pièces et se divise en trois périodes :
I — Dans sa période d’essai (1629-1636) il donne 7 comédies peu remarquables, Mélite (1629), et une tragédie déjà meilleure, Médée (1635).
***II — Dans sa période de gloire (1636-1652) il donne 10 tragédies, 2 comédies et un opéra.
1636 Le Cid, tragi-comédie, tragédie.
1640 Horace, tragédie.
1641 Cinna, tragédie.
1642 Polyeucte, tragédie.
1644 La mort de Pompée, tragédie héroïque; Rodogune, tragédie
1645 Théodore, tragédie.
1647 Héraclius, tragédie.
1650 Andromède, opéra; Don Sanche, comédie
1651 Nicomède, tragédie.
1652 Pertharite, tragédie.
III — Dans sa période de déclin (1658-1674) il donne 9 tragédies de moindre valeur et un opéra : Œdipe (1659), Agésilas (1666), Attila (1667), Tite et Bérénice (1670), etc.
***En somme la véritable période de génie de Corneille se borne à 7 ans (1636-1643). C’est alors qu’il écrit son chef d’œuvre par excellence Le Cid, et ses autres tragédies de premier ordre Horace, Cinna, Polyeucte. Par Le Menteur il inaugure, 15 ans avant Molière, la comédie de caractère. Ses tragédies de second ordre sont Pompée, Rodogune, Héraclius, Nicomède.
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II. LE CID [1636/7] - Nous allons utiliser l'édition de 1682.
http://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/CORNEILLEP_CID.pdf
Pierre Corneille : Le Cid, Tragi-comédie. (1637) [pièce complète]. Tragédie. Théâtre classique.fr. Édition 1682. [C'est l'édition que nous utiliserons dans le cour.]
ACTE I [résumé de l’Acte]
Chimène aime Rodrique et reçoit d'Elvire, sa gouvernante, la confirmation de l'amour réciproque de Rodrigue. Toutefois, devant son père, elle se garde de faire paraître sa préférence entre Rodrigue et Don Sanche qui est un autre prétendant. Tout en sachant que son père a une bonne opinion de Rodrigue, Chimène est inquiète (scène I, v. 1 à 58). L'Infante, fille du roi, confie, elle aussi, son amour pour Rodrigue à Léonor, sa gouvernante. Malheureusement, elle est fille du Roi de Castille et Rodrigue simple chevalier et elle ne peut pas l'aimer. Pour cette raison, elle soutient l'amour de Chimène et Rodrigue... mais elle en souffre. Elle part rejoindre Chimène (scène II v. 59 à 150).
Le Comte, Don Gomès, félicite avec amertume Don Diègue, père de Rodrigue, de sa nomination au poste de gouverneur du Prince de Castille. Jaloux de Don Diègue, le Comte lui dit qu'il est trop vieux et que c'est lui, Don Gomès, qui représente le présent. Malgré leur accord, Don Gomès refuse la proposition de mariage entre sa fille Chimène et le fils de Don Diègue, Rodrigue. Les deux hommes se querellent sur le mérite de chacun. Le Comte gifle Don Diègue ; celui-ci tire son épée mais la perd : il est humilié. (scène III, v. 151 à 236). Monologue de Don Diègue, qui se plaint seul de la honte d'avoir perdu son épée (scène IV, v.237 à 260). Son fils Rodrigue arrive et Don Diègue demande à celui-ci de venger cet affront malgré son amour pour Chimène (scène V, v. 261 à 290). Monologue de Rodrigue. Les stances de Rodrigue. Seul, Rodrigue se plaint de son sort. Après avoir analysé la situation, il choisit de venger son père. (scène VI, v. 291 à 350 - Stances).
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RAPPEL !
Les règles de la versification et le vers du théâtre classique : l'alexandrin et les stances. Mots clés : la syllabe, l'hémistiche (m.), la coupe, la césure, l'enjambement (m.), le rejet, octosyllabe, décasyllabe, hexasyllabe, pentasyllabe, tetrasyllabe.
Les figures de style et de rhétorique : une métaphore, une comparaison, une synecdoque/une métonymie, une litote, une périphrase, une maxime/une sentence, une stichomythie, un monologue, un dialogue, un récit, un aparté.
Les différentes types de scène : scène d'exposition, scène informative, scène de transition, scène de conflit, scène qui fait avancer l'action, scène pour révéler l'intériorité du personnage (=monologue ou dialogue avec un confident), scène de délibération, scène de dénouement, etc.
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THÈMES DU JOUR ET ORGANISATION PRÉVUE DE LA SESSION :
***ACTE I, scènes I-VI.
***ANALYSE DE LA PIÈCE : Le Cid, comme objet-texte/objet de lecture et objet-spectacle/objet de représentation théâtrale. Voir la relation entre ces deux dimensions de la pièce.
ACTE I, scènes I-II.
L’EXPOSITION [=présentation de tous les éléments/les renseignements nécessaires (par exemple, identification /première caractérisation des personnages, situation de l'action dans le temps et dans l'espace, introduction du conflit, premiers moments de l'intrigue, etc.) à la compréhension de la situation initiale de la pièce ; double fonction d'informer le spectateur et d'attirer son attention / de l'intéresser, etc.).
***ACTE I, scènes I [Chimène, Elvire] et II [L’Infante, Léonor]. *Dialogue des personnages féminins et leurs gouvernantes/confidentes.
*Identifiez et caractérisez ces quatre personnages.
*Examinez les parallélismes entre ces deux scènes.
*Voir le rôle des récits dans ces scènes. Quelle est la fonction de ce type de scène ?
*Quelle est la conception de la femme qui se dégage de ces scènes ?
*Quelle est la conception de l'amour qu'on présente dans ces scènes ?
*Voir les effets stylistiques/figures de style tels que les métaphores, les litotes (=art d'exprimer le plus en disant le moins), les périphrases (=dire autrement, indirectement, surtout pour parler de la réalité matérielle) , les synecdoques/les métonymies (=expressions où le tout est désigné par la partie, le contenu par le contenant <ou vice versa>, celui qui joue un instrument par l'instrument lui-même, la cause par l'effet, un concept par un autre, etc.; expression qui comprend deux objets sous le nom d'un seul).
*Voir la versification en alexandrins et les stances.
IMPORTANT : scène d'exposition / parallélismes entre les scènes / rôle des gouvernantes, suivantes, servantes comme confidentes / rôle des récits / conception de la femme / conception de l'amour / les effets stylistiques et les figures de style / la versification (les alexandrins et les stances).
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ACTE I, scène III.
L'ACTION CENTRALE COMMENCE :
***ACTE I, scène III [Le Comte, Don Diègue]. C'est une scène très importante pour l'intrigue/l'action centrale de la pièce. Il s'agit justement de la scène qui déclenche l'action.
*Examinez le duel verbal entre ces deux personnages qui déchaine l'action centrale/le conflit de base de la pièce.
*Identifiez les vers qui sont des espèces de maximes /sentences (=formules qui résument un principe de morale, une règle de conduite ou un jugement d'ordre général, une "vérité" ou une opinion exprimée comme/avec la force d'une vérité). Ces maximes/sentences correspondent à la dimension éthique de la pièce.
*Regardez aussi l'effet dramatique des stichomythies (=dialogue où chaque réplique s'étend seulement un vers).
*Comparer les stichomythies avec les tirades (=ce qu'un personnage récite d'un trait sans être interrompu) qui dominent dans la plupart des scènes du théâtre classique.
IMPORTANT : scène de conflit / scène qui déclenche l'action/ duel verbal / conflit / maximes ou sentences /effet dramatique / dimension éthique / stichomythies / tirades.
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II. ACTE I [résumé des scènes IV-VI de l’Acte I].
Monologue de Don Diègue, qui se plaint seul de la honte d'avoir perdu son épée (Scène IV, v.237 à 260). Son fils Rodrigue arrive et Don Diègue demande à celui-ci de venger cet affront malgré son amour pour Chimène (Scène V, v. 261 à 290). Les stances de Rodrigue. Seul, Rodrigue se plaint de son sort. Après avoir analysé la situation, il choisit de venger son père. (Scène VI, v. 291 à 350 - Stances).
ANALYSES DES SCÈNES :
**ACTE I, scène IV [Don Diègue]. Le monologue de Don Diègue. Analysez-le. Étudiez les figures de style/de rhétorique et leur relation avec la dimension éthique/morale/psychologique/émotionnelle/sentimentale de la pièce.
***ACTE I, scène V [Don Diègue, Rodrigue]. Analysez l'aspect dramatique de leur échange verbal.
****ACTE I, scène VI [Rodrigue]. Les stances de Rodrigue. ***Celui-ci est un des moments les plus importants de la pièce. C'est le moment où le personnage exprime ses pensées et ses sentiments les plus intimes. C'est la réflexion à voix haute qui précède l'action. Il s'agit du monologue délibératif de Rodrigue, un moment de dilemme, de conflit intérieur important, de choix. Étudiez la versification et les figures de style/de rhétorique dans les stances et leur relation avec la dimension éthique/morale/psychologique/émotionnelle/sentimentale de la pièce.
RÉCAPITULATION ET VUE D'ENSEMBLE DE L'ACTE I :
Nous reprendrons toutes les scènes importantes de l'Acte I en les comparant entre elles : scènes III/V [=les échanges verbaux entre les personnages et l'effet des stichomythies], scènes IV/VI [=les scènes de monologue]. Dans les quatre scènes, nous étudierons le sens et l'effet des maximes/sentences.
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RAPPEL DES DÉFINITIONS :
les maximes/les sentences (=formules qui résument un principe de morale, une règle de conduite ou un jugement d'ordre général, une "vérité" ou une opinion exprimée comme/avec la force d'une vérité)
les stichomythies (=dialogue où chaque réplique s'étend seulement un vers)
les tirades (=ce qu'un personnage récite d'un trait sans être interrompu)
les stances (=au théâtre, c'est une forme versifiée de monologue lyrique ou délibératif, marquée par un rythme particulier)
les périphrases (=dire autrement, indirectement, surtout pour parler de la réalité matérielle. Elle permet également de mettre en avant certaines caractéristiques de l'objet ou de la personne décrite, qu'un seul mot n'aurait pu mettre à jour. La périphrase fait partie de la catégorie des figures de substitution et des figures d'emphase.)
les litotes (=art d'exprimer le plus en disant le moins)
l'hubris/l'hybris (=notion grecque/trait de caractère/comportement qui désigne un sentiment inspiré par l'orgeuil et l'arrogance démesurée et les actions qu'il provoque. C'est un excès, le contraire de la tempérance, de la mesure, du contrôle de soi. C'est la faute par excellence de la culture grecque qui a été reprise par le théâtre classique français. Il est considéré comme une espèce de crime et correspond à un manque d'acceptation de l'autorité et des limites.)
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ACTE II [résumé des scènes I-VIII de l’Acte II] : Dialogue du Comte avec son confident, Don Arias. Le Comte ne regrette pas son geste et ne craint pas la colère du roi (scène 1). Rodrigue retrouve l'offenseur de son père et réussit à le convaincre de se battre avec lui (scène 2). Chimène, en visite chez l'Infante, craint que Rodrigue ne tue son père ou ne soit tué par lui. L'Infante propose d'emprisonner Rodrigue pour éviter l'irréparable. Chimène accepte (scène 3). Hélas, il est trop tard. Un page annonce qu'on a vu le comte et Rodrigue partir ensemble (scène 4). La passion de l'Infante pour Rodrigue se réveille. Tout en pleignant Chimène, elle imagine que la gloire qui auréolerait le vainqueur du comte, célèbre guerrier, permettrait à une infante de l'épouser (scène 5). Le roi, de son côté, informé de l'insolence de don Gomès (le Comte), est décidé à le punir. Il s'inquiète également de la présence de quelques navires à proximité des côtes espagnoles (scène 6). Un messager vient annoncer la mort du Comte, tué par Rodrigue. On apprend que Chimène souhaite rencontrer le roi (scène 7). Chimène et Don Diègue arrivent et demandent justice au roi. Ce dernier ne leur dit pas quelle va être sa décision (scène 8).
ANALYSES DES SCÈNES :
***ACTE II, scène I : C'est une des scènes les plus importantes de la pièce. C'est une scène qui met en vitrine le caractère du Comte. Examinez la manière dont l'hubris/l'hybris du Comte se manifeste (hubris/hybris = notion grecque/trait de caractère/comportement qui désigne un sentiment inspiré par l'orgueil et l'arrogance démesurée et les actions qu'il provoque. C'est un excès, le contraire de la tempérance, de la mesure, du contrôle de soi. C'est la faute par excellence de la culture grecque qui a été reprise par le théâtre classique français. Il est considéré comme une espèce de crime et correspond à un manque d'acceptation de l'autorité et des limites.).
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ACTE III [résumé des scènes I-VI de l’Acte III] Rodrigue, après le duel, cherche à voir Chimène. Elvire demande à Rodrigue de se cacher, lui déconseillant cette entrevue (scène 1). Chimène arrive et se lamente de la mort de son père et du fait qu'elle n'arrive pas à haïr son assassin. Son honneur l'oblige à se venger, son amour lui impose de pardonner (scène 3). Rodrigue réapparaît et s'offre à la vengeance de Chimène. Elle refuse de lui donner la mort : "Va, je ne te hais point." (scène 4). Pendant ce temps, Don Diègue cherche son fils en se plaignant qu'on ne peut jamais être pleinement heureux (scène 5). Il rencontre Rodrigue qui reçoit tièdement ses louanges. Rodrigue souhaite être seul pour pouvoir réfléchir à ses malheurs. Son père lui dit que ce n'est pas le moment car les Maures sont sur le point d'envahir la ville (scène 6).
ANALYSES DES SCÈNES :
ACTE III, ***scène III : Il s'agit d'un dialogue très court entre Chimène et Elvire, la confidente. C'est une scène de révélation du conflit intérieur qui se livre dans le coeur de Chimène. Cette scène met en vitrine le dilemme chez Chimène. Les mots clés : honneur, gloire, générosité vs honte, faiblesse, déshonneur.
***ACTE III, scène IV : C'est une des scènes les plus importantes de la pièce. Cette scène est une espèce de dialogue d'opéra entre Rodrigue et Chimène en présence d'Elvire. Rodrigue sort du lieu où il se cachait pendant les scènes antérieures et révèle à Chimène qu'il a entendu tout. Mots clés : haine, peine, souffrir, mourir, punir, cruel devoir, sang. Quelle est la fonction de la présence d'Elvire dans cette scène du point de vue de la bienséance ? Quelle est la fonction dramatique de la scène ? Expliquez le vers de Chimène : "Va, je ne te hais point." Expliquez l'importance de cette scène en ce qui concerne l'aspect éthique et l'aspect dramatique.
ACTE III, scène V : Monologue de Don Diègue.
***ACTE III, scène VI : C'est une autre scène des plus importantes. Dialogue entre Don Diègue et Rodrigue. Mots clés : hélas, soupirs, faiblesse, maîtresse, amour, plaisir, infamie, amant vs guerrier, gloire, généreux, courage, audace, race, honneur, devoir. Expliquez le sens et la fonction dramatique et éthique de ces oppositions. La dernière réplique de Don Diègue, quelle en est la fonction ? Quelle en est son effet ?
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ACTE IV [résumé des scènes I-V de l’Acte IV] : ***Scène de récit. Elvire rapporte à Chimène que tout le monde parle du héros Rodrigue et raconte ses exploits dans la bataille contre les Maures. Chimène tente de ne pas oublier ses devoirs et de ne pas céder à son amour (scène 1). L'Infante déconseille à Chimène de poursuivre son vœu de vengeance : "Tu poursuis en sa mort la ruine politique" (scène 2). Le roi reçoit Rodrigue en héros et lui demande un récit de bataille : " Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort / Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port, " (scène 3). Chimène vient demander justice au roi. Le roi fait sortir Rodrigue (scène 4) et fait ensuite croire à Chimène que Rodrigue vient de mourir. Chimène blêmit et le roi en conclut que son amour n'est pas mort. Chimène refuse cependant à renoncer à obtenir justice. Elle demande un champion pour se battre contre Rodrigue et la venger. Elle offrira sa main au vainqueur. Don Sanche, amoureux de Chimène, accepte de se battre (scène 5).
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ACTE V [résumé des scènes I-VII de l’Acte V] : Rodrigue annonce à Chimène qu'il ne combattra pas vraiment contre don Sanche : "Je vais lui présenter mon estomac ouvert / Adorant en sa main la vôtre qui me perd." Mais Chimène le persuade en lui avouant qu'elle ne veut pas épouser don Sanche. Rodrigue retrouve sa vaillance (scène 1). L'Infante se désespère de voir son amour pour Rodrigue grandir. Elle regrette que le "destin a permis / Que l'amour dure même entre deux ennemis." (scène 2). Léonor vient anéantir tout espoir pour l'Infante : "Puisqu'il faut qu'il y meure, ou qu'il soit son mari / Votre espérance est morte, et votre esprit guéri." (scène 3). Chimène se lamente : "Elvire, que je souffre, et que je suis à plaindre" (scène 4). Don Sanche se présente devant elle avec l'épée tâchée du sang de Rodrigue. Elle le repousse (scène 5). Chimène avoue au roi qu'elle aimait encore Rodrigue. Don Sanche explique qu'il y a un malentendu car en fait il a été vaincu par Rodrigue (scène 6). Rodrigue demande pardon au roi. Ce dernier donne du temps à Chimène pour son deuil mais lui impose d'épouser Rodrigue, conformément à sa promesse d'épouser le vainqueur (scène 7).
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le 21 NOVEMBRE
THÈMES DU JOUR :
(1) VUE D'ENSEMBLE DU CID ET RÉCAPITULATION DE CORNEILLE
(2) INTRODUCTION À l'OEUVRE DE RACINE
I. VUE D'ENSEMBLE DU CID ET RÉCAPITULATION DE CORNEILLE
LE TRAGIQUE CHEZ CORNEILLE
https://www.espacefrancais.com/histoire-et-regles-de-la-tragedie/
[...] la morale de Corneille est profondément optimiste. Pour lui, qui insiste tant, dans ses pièces, sur le contraste entre les héros et les médiocres, l'individu supérieur peut dominer ses passions, et par là son destin, échappant ainsi à l'engrenage catastrophique de la tragédie. [...] C'est la grandeur héroïque, pour Corneille, qui est la base du tragique. L'essentiel est de voir le héros aux prises avec les forces de l'adversité ; c'est ce combat (=le dilemme cornélien), et non pas l'issue heureuse ou malheureuse, qui constitue l'essence du tragique. ***Corneille remplace volontiers le malheur par le sublime. ***Le sublime, plus que le malheur, est donc chez Corneille l'essence du tragique.
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Le recours au tragique est en effet, chez Corneille, le recours au péril de mort, la mise en danger des personnages, et, via l'examen en actes des contradictions, le dépassement, ou non, des périls pour qu'un dénouement ait lieu.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Ph%C3%A8dre_(Racine)
CATHARSIS ET ÉDIFICATION/GRANDEUR ET BIENSÉANCE DANS LE THÉÂTRE CLASSIQUE
Selon Aristote, « La tragédie est l’imitation d’une action grave et complète. » La tragédie classique se doit d’être un genre noble qui met en scène la vie de nobles devant des nobles. Elle se nourrit du sublime, c’est-à-dire qu’elle a à voir avec la grandeur, l’exaltation, le pathétique ou le lyrisme, le dépassement des contingences humaines, les forces de la nature et la puissance des Dieux. L’auteur de tragédies classiques veille à ne jamais heurter le bon goût et les sentiments élevés.
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LE HÉROS ET L'HÉROÏSME CORNÉLIEN
L'importance de l'auto-affirmation, de l'image et de la reconnaissance du héros dans le théâtre de Corneille. Les mots clés : honneur/gloire/devoir/noblesse/mérite/grandeur/générosité/vertu. L'héroïsme cornélien défini comme acte de volonté suprême, dépassement de soi, action hors du commun, victoire sur soi-même et sur les autres, supériorité/aristocratie morale, exemplarité qui suscite de l'admiration, de l'éblouissement, exigence morale de perfection, des qualités humaines portées à leur plus haut degré. Le héros cornélien se construit lui-même, se lance dans une quête/un parcours d'auto-affirmation, met son énergie vitale à se réaliser en tant que héros.
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SUJETS DE DISCUSSION ET EXEMPLES DE SUJETS DE DISSERTATION
(1) Le Cid est plus un drame héroïque de l'exemplarité qui suscite/inspire de l'admiration qu'une tragédie qui provoque de la terreur et/ou de la pitié. Êtes- vous d'accord avec cet avis? Expliquez votre opinion là-dessus et illustrez-la avec des exemples.
(2) Faîtes le portrait caractérologique des personnages suivants : Rodrigue, Chimène, le Comte, le Roi. On dit que Rodrigue et Chimène exemplifient un nouveau type d'héroïsme. En quoi consisterait-il ?
(3) Expliquez le rôle des maximes/sentences dans cette pièce, surtout dans leur rapport avec la conception des personnages.
(4) En quoi la rime et les associations entre les mots qu'elle aide à établir contribue-t-elle à la construction du sens dans la pièce. Analysez des exemples concrets de cet élément poétique en démontrant son effet sémantique.
(5) La querelle du Cid correspond à la polémique qui a suivi la première représentation du Cid. Voici la liste des accusations qu'on a dirigées à Corneille et par rapport auxquelles il a dû se défendre : a) le plagiat des oeuvres de Guillén de Castro et b) le manque de respect des unités [temps, lieu, action, ton] et des règles de la vraisemblance et surtout de la bienséance. Comment peut-on défendre Corneille de ces reproches, surtout ceux qui concernent la vraisemblance et la bienséance. Le rôle de l'Infante, par exemple, fait-il tort à l'unité d'action ? Comment peut-on le justifier ? Et la bataille contre les Maures ? Et l'amour de Chimène pour Rodrigue, un amour qui survit malgré toutes les règles de la bienséance ?
(6) On considère que le théâtre de Corneille répond plus au code chevaleresque [=la notion de prouesse, des exploits héroïques et des grandes épreuves, le code de l'honneur et de la générosité, le courage, la loyauté, la noblesse d'esprit, la morale impeccable, etc.] et de l'amour courtois [=le respect de la dame, l'obéissance aux ordres de la dame, la force de l'amour, etc.], tel qu'il apparaît dans les romans de Chrétien de Troyes qu'aux conventions du classicisme. Qu'en pensez-vous ?
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D'AUTRES CONSIDÉRATIONS
(1) Confrontation/Conciliation de valeurs éthiques, idéologiques et esthétiques
(2) L'aspect politique de la pièce : le devoir du sujet envers son souverain, le rôle/la fonction du roi, la lutte/la rivalité entre les deux "pères" et la question politique de la fondation de l'État, etc.
(3) Le problème du dénouement : cette pièce a-t-elle un vrai dénouement ? "L'hymen différé", est-il un vrai dénouement ?
(4) La rencontre baroque/classicisme dans la pièce
(5) Des mots clés : grandeur, générosité, devoir, honneur / Des concepts clés : force, volonté, énergie
(6) Quel est la conception de l'homme que vous avez dégagée de cette pièce ?
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EXEMPLE DE DISSERTATION SUR LE CID :
https://guillaumeclaude.files.wordpress.com/2017/02/introduction-dissertation.pdf
SUJET À DÉVELOPPER : « Dans le théâtre de Corneille, on ne naît pas héros, on le devient. Et c’est toujours douloureusement. » Hubert Curial. Après avoir clarifié cette citation (introduction), étudiez l’attitude de Rodrigue dans Le Cid à la lumière de cette remarque. N’oubliez pas de citer le texte à l’appui de votre réflexion.
INTRODUCTION :
En janvier 1637, Corneille fait jouer pour la première fois sa pièce Le Cid au théâtre du Marais à Paris. La pièce connaît immédiatement un succès immense qui permettra au dramaturge provincial d’obtenir ses lettres de noblesse. Homme de théâtre de génie, Corneille est aussi inventeur de nouvelles normes théâtrales. Il ne cesse par exemple de redéfinir la place du héros au sein de ses pièces. En effet, pour Corneille, il ne suffit pas d'être le personnage principal ni même faire preuve d'une bravoure exceptionnelle pour être un véritable héros. Corneille exige d'avantage de ses héros. [...] [CONTEXTUALISATION GÉNÉRALE ET TRANSITION]
Dans le Cid, Corneille donne justement à voir des nobles tiraillés entre leurs passions personnelles et le soucis de défendre leur honneur familial. Rodrigue, jeune noble épris d'amour pour Chimène se voit contraint d'affronter en duel le père de celle-ci pour sauver l'affront d'un soufflet donné à son père. C'est en ce sens que le critique littéraire Hubert Curial dit : « dans le théâtre de Corneille, on ne naît pas héros, on le devient. Et c’est toujours douloureusement. » Par cette assertion, le critique met le doigt sur la nécessité, pour le héros cornélien, d'accomplir de hauts faits ou d'adopter une noble posture morale afin de triompher des épreuves et réaliser son destin. [CLARIFICATION DE LA CITATION INITIALE]
Le présent travail se propose de pousser la réflexion sur le sujet de l'héroïsme cornélien en centrant l'analyse sur le personnage de Rodrigue. Il s'agira, dans un premier temps, de questionner la notion de héros à travers le prisme des exploits de Rodrigue. En somme, quelles actions accomplies par le fougueux noble permettent à celui-ci d'accéder au statut de héros ? Dans un second temps, notre analyse se penchera sur la question de la douleur. En somme, nous nous demanderons en quoi et comment la souffrance de Rodrigue lui permet d'accéder au statut de héros ? [HYPOTHÈSE ET PLAN]
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(2) ***INTRODUCTION À l'OEUVRE DE RACINE
https://www.babelio.com/auteur/Jean-Racine/3683
Biographie de Jean Racine (1639-1699)
Né à : La Ferté-Milon (Aisne) le 22/12/1639 Mort à : Paris le 21/04/1699
Jean Racine est un poète tragique français considéré comme l’un des deux plus grands tragédiens classiques en France sous le règne de Louis XIV avec son aîné et rival Pierre Corneille.
Issu d'une famille de petits notables et vite orphelin, il est éduqué par les « Solitaires » de Port-Royal** et reçoit une solide éducation littéraire et religieuse (marquée par les nuances théologiques du jansénisme*). Il choisit ensuite de se consacrer à la littérature et particulièrement au théâtre en faisant jouer "La Thébaïde" en 1664 et "Alexandre le Grand" en 1665, qui fut son premier succès et qui lui valut le soutien du jeune roi Louis XIV.
Il connut son premier succès d'importance avec "Andromaque", considérée comme son premier chef-d'oeuvre. Il rédigea ensuite la comédie "Les Plaideurs", puis les tragédies "Britannicus", "Bérénice", "Bajazet", "Iphigénie", "Mithridate" et "Phèdre". Après avoir abandonné l'art du théâtre, il y revint avec ses tragédies bibliques "Esther" et "Athalie". Il obtint de grands succès publics.
***Le théâtre de Racine peint la passion comme une force fatale qui détruit celui qui en est possédé. On retrouve ici les théories jansénistes : soit l'homme a reçu la grâce divine, soit il en est dépourvu, rien ne peut changer son destin, il est condamné dès sa naissance. Réalisant l'idéal de la tragédie classique, le théâtre racinien présente une action simple, claire, dont les péripéties naissent de la passion même des personnages.
Les tragédies profanes (c'est-à-dire "Esther" et "Athalie" exclues) présentent un couple de jeunes gens innocents, à la fois unis et séparés par un amour impossible parce que la femme est dominée par le roi ("Andromaque", "Britannicus", "Bajazet", "Mithridate") ou parce qu'elle appartient à un clan rival (Aricie dans "Phèdre"). Cette rivalité se double souvent d'une rivalité politique [...].
Désigné historiographe officiel de Louis XIV, Racine est nommé "gentilhomme ordinaire de la chambre du roi", un titre honorifique prestigieux, rarement accordé aux gens de lettres.
Il abandonna finalement le théâtre, puis y revint avec "Esther" et "Athalie", et se réconcilia avec les jansénistes à la fin de sa vie.
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https://geudensherman.wordpress.com/lit-17-fr/03-1660-1685/jean-racine/racine-1639-1699/
Ouvrages de Racine :
La carrière littéraire de Racine comprend une douzaine de pièces et se divise en trois périodes.
1 — Dans sa période d’essai (1664 — 1666) il donne 2 tragédies, l’une héroïque à la Corneille, La Thébaïde (1664), l’autre romanesque Alexandre (1665).
***II — Dans sa période de gloire (1667 — 1677) il donne sept tragédies et une comédie. 1667 – Andromaque , tragédie; 1672 – Bajazet, tragédie; Les Plaideurs, comédie; 1673 – Mithridate, tragédie; 1669 – Britannicus, tragédie; 1674 – Iphigénie, tragédie; 1670 – Bérénice, tragédie; 1677 – Phèdre, tragédie.
III — Dans sa période biblique (1689 — 1692) il donne deux tragédies sacrées avec choeurs à la grecque : Esther (1689); Athalie (1692).
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[INFLUENCE SUR LE THÉÂTRE DE RACINE]
A. SUR LE JANSÉNISME ET PORT-ROYAL :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jans%C3%A9nisme
*le jansénisme : Le jansénisme est une doctrine théologique à l'origine d'un mouvement religieux, puis politique et philosophique, qui se développe aux xviie et xviiie siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l'Église catholique et à l'absolutisme royal. La définition même du jansénisme s’avère problématique, car les jansénistes ont rarement assumé cette appellation, se considérant seulement comme catholiques. Ils possèdent toutefois quelques traits caractéristiques, comme la volonté de s’en tenir strictement à la doctrine de saint Augustin sur la grâce conçue comme la négation de la liberté humaine, pour faire le bien et obtenir le salut. Cela ne serait possible selon eux que par le biais de la grâce divine. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme moral et leur hostilité envers la compagnie de Jésus (jésuites) et sa casuistique (=forme d'argumentation), comme envers un pouvoir trop grand du Saint-Siège. Dès la fin du xviie siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes. Le jansénisme naît au cœur de la Réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornelius Jansen, auteur de son texte fondateur : l’Augustinus, publié de façon posthume à Louvain en 1640.
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https://www.port-royal-des-champs.eu/histoire.html
**Port-Royal : Fondée en 1204, l'abbaye de Port-Royal des Champs devient dès le début du XVIIe siècle un haut lieu de la réforme catholique sous l'impulsion de la fameuse Mère Angélique, qui y rétablit l'observance stricte de la règle de saint Benoît. Transférée à Paris en 1625, la communauté passe sous la juridiction de l'archevêque de Paris et devient, en 1647, Port-Royal du Saint-Sacrement. Vers 1635, l'abbé de Saint-Cyran devient le directeur spirituel du monastère, favorise la constitution du groupe des « solitaires », installé à Paris puis aux Champs, et inspire la fondation des « petites écoles » qui font de Port-Royal l'un des creusets de la pédagogie moderne. Ami de Cornelius Jansen, Saint-Cyran est, avec Antoine Arnauld, frère de la Mère Angélique, le chef de file d'un courant théologique, retournant à la lecture des pères de l'Eglise, principalement de saint Augustin. Condamné par Rome en 1642, l'Augustinus de Jansenius devient l'objet d'âpres polémiques, dont Antoine Arnauld et les solitaires de Port-Royal se font les porte-parole. ***Principal foyer de la pensée janséniste en France, Port-Royal apparaît comme un lieu de résistance au pouvoir royal, que Louis XIV ne parvient pas à réduire, pendant tout son long règne.
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[IMPORTANT POUR LA CARACTÉRISATION DES PERSONNAGES CHEZ RACINE, EN PARTICULIER, POUR COMPRENDRE LA RELATION ENTRE LE PHYSIOLOGIQUE ET LE PSYCHOLOGIQUE.]
B. LE THÈME DES HUMEURS :
Élaborée peu à peu par Hippocrate (460 env.-env. 370 av. J.-C.) et les auteurs du Corpus Hippocraticum, puis par Galien (129-env. 201), la doctrine médicale de la théorie des humeurs a joué un rôle prépondérant dans l'histoire de la médecine jusqu'à la fin du XVIIIe siècle environ.
La théorie humorale considère que la santé de l'âme comme celle du corps réside dans l'équilibre des humeurs — sang, phlegme/flegme, bile jaune, bile noire — et des qualités physiques — chaud, froid, sec, humide — qui les accompagnent. Toute maladie, due à un dérèglement du jeu de ces éléments, est ainsi susceptible d'une explication purement physique. C'est à une telle causalité que l'Antiquité recourt pour rendre compte notamment de la mélancolie (cf. le problème XXX, attribué à Aristote).
La pathologie hippocratique distingue trois phases dans le déroulement du processus morbide : sous l'effet de facteurs internes ou externes (l'alimentation, par exemple), la proportion des humeurs se modifie et il se forme des humeurs viciées spécifiques ; l'organisme réagit à cette modification par de la fièvre et l'état général du malade se détériore ; le cycle s'achève soit par le dépôt des humeurs viciées dans une partie adéquate du corps et leur évacuation, ce qui amène le rétablissement de l'équilibre, soit par la mort du patient. La pathologie hippocratique a l'intérêt de tenir compte, outre les facteurs humoraux, de faits géographiques et climatiques, et de données spécifiques à l'individu telles que son sexe, son mode de vie et son régime, son désir ou non de guérir. La thérapeutique qui en découle est marquée par la confiance en une nature « médicatrice » et par l'importance du pronostic qui permet de prévoir l'évolution du mal et les délais de la crise ; par ailleurs, les principes essentiels sont de ne pas nuire, de combattre le mal par son contraire et d'agir avec modération.
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SYNTHÈSE :
[...] La théorie des humeurs décrit la manière dont celles-ci contrôlent le comportement de l'humanité et, selon leur combinaison, déterminent le tempérament de chaque individu : sanguin, colérique, flegmatique, mélancolique.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_humeurs
Pour les Anciens, il existe quatre humeurs :
le sang : produit par le foie et reçu par le cœur (caractère sanguin ou jovial, chaleureux) ;
la pituite ou phlegme/flegme ou lymphe : rattachée au cerveau (caractère lymphatique) ;
la bile jaune : venant également du foie (caractère bilieux, plutôt enclin à la violence. Il est dit des bilieux qu'ils dégagent une impression de force et de contrôle) ;
l'atrabile ou bile noire : venant de la rate (caractère mélancolique/anxieux).
Ces humeurs correspondent aux quatre éléments, eux-mêmes caractérisés par leurs propres qualités :
le feu : chaud et sec
l'air : chaud et humide
la terre : froide et sèche
l'eau : froide et humide.
Selon leur prédominance, ces éléments vont déterminer les quatre tempéraments fondamentaux :
le bilieux (feu, chaud et sec), est « enclin à la colère » ;
l'atrabilaire (terre, froid et sec), « se dit de celui qu'une bile noire et aduste rend triste et chagrin » ;
le flegmatique (eau, froid et humide), "se dit de l'homme calme et imperturbable, qui garde son sang-froid. presque apathique" ;
le sanguin (air, chaud et humide), « Celui en qui le sang prédomine sur les autres humeurs. Il est d'humeur gaie, parce qu'il est sanguin, d'un tempérament sanguin ».
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le mardi 28- jeudi 30 NOVEMBRE
THÈME DU JOUR :
(1) ***INTRODUCTION À PHÈDRE
(2) ANALYSE DE L'ACTE I DE PHÈDRE
(3) PORTRAIT CARACTÉROLOGIQUE DES PERSONNAGES ET CONCEPTION DE L'AMOUR (ACTES I-III)
le jeudi 30 NOVEMBRE
(4) ***ON ANNONCE LES 3 PORTRAITS GAGNANTS DE LA COMPÉTITION LA BRUYÈRE 2023.
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(1) ***INTRODUCTION À PHÈDRE
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ph%C3%A8dre_(Racine)
Phèdre est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine créée le 1er janvier 1677 à Paris et représentée à l'Hotel de Bourgogne sous le titre Phèdre et Hippolyte. Racine n'adopta le titre de Phèdre qu'à partir de la seconde édition de ses Œuvres en 1687. La pièce comporte 1 654 alexandrins. Inspirée de la mythologie grecque, la pièce met en scène l'amour incestueux conçu par Phèdre, femme de Thésée, pour Hippolyte, fils de Thésée et d'une Amazone.
***C'est la dernière tragédie profane de Racine. Elle suit Iphigénie, écrite en été 1674. Elle est suivie d'un long silence de douze ans au cours duquel Racine se consacre au service du roi Louis XIV (il est son historiographe) et à la religion. Une nouvelle fois, il choisit un sujet de la mythologie antique déjà traité par les poètes tragiques grecs et romains.
SOURCES
Dans la préface de 1677, Racine évoque ses sources, et principalement le poète grec Euripide (484-406 av. J.-C.), qui dans sa tragédie Hippolyte porte-couronne (428 av. J.-C.) avait traité le mythe de Phèdre après l’avoir traité dans Hippolyte voilé, aujourd’hui perdu. Dans la pièce conservée, le héros est poursuivi par la déesse de l'amour, Aphrodite, qui dès les premiers vers clame sa fureur d'être délaissée par le jeune homme au profit d'Artémis. Dans Phèdre, Vénus s'acharne contre la famille de la reine dont l'ancêtre, le Soleil, avait révélé les amours coupables de la déesse et de Mars. La fatalité prend ainsi la forme de cette haine implacable attachée à toute la descendance du Soleil.
Sénèque, philosophe et poète romain du Ier siècle apr. J.-C., est également l'auteur d’une Phèdre. Le récit de Théramène, dans toute son horreur, doit beaucoup à cette source sur laquelle Racine insiste moins. Les ravages de la passion comme maladie de l'âme, ont été également explorés par les Anciens. Citons encore les Héroïdes d’Ovide, et l’Énéide de Virgile, en particulier Les Amours de Didon et Énée.https://www.port-royal-des-champs.eu/histoire.html
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(2) ANALYSE DE L'ACTE I DE PHÈDRE
***ATTENTION :
VOICI LE LIEN POUR L'ÉDITION QUE NOUS UTILISONS :
https://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/RACINE_PHEDRE.pdf
https://geudensherman.wordpress.com/2015/09/15/phedre-racine-resume-analyse-commentaire/
Phèdre (1677). Résumé : Acte I (5 scènes)
Hippolyte, fils de Thésée qui a disparu et dont on est sans nouvelles depuis six mois, annonce à son confident, Théramène, son intention de partir à la recherche de son père. Il quitte Trézène pour fuir sa belle-mère, Phèdre, qu’il déteste et surtout pour fuir son amour pour Aricie, sœur des Pallantides, un clan ennemi. Phèdre, seconde épouse de Thésée, avoue à Œnone, sa nourrice et confidente, la passion coupable qu’elle ressent pour son beau-fils Hippolyte. On annonce la mort de Thésée.
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DISCUSSION
(1) Examinez l'Acte I, scène 1, comme scène d'exposition (=informations données : personnages, cadre spatio-temporel, intrigue ; format de la scène : dialogue avec un confident, début in medias res, création du suspens, éveil de la curiosité ; les grands thèmes : l'amour, la fuite).
*(2) On a fait attendre l'apparition de Phèdre depuis deux scènes. Enfin elle apparaît dans la scène 3 de l'Acte I, qui est la première grande scène de la pièce : la scène de l'aveu de Phèdre à Oenone/scène des confidences. Analysez-la et comparez-la avec la scène 1 de l'Acte I. Faites le portrait caractérologique de ce personnage. Quel est le rôle d'Oenone dans cette scène ? Attention à la conception de l'amour qui se dégage de l'aveu de Phèdre. Comparez-la à la conception de l'amour exprimée dans ce maxime de La Rochefoucauld : “Si on juge de l’amour par la plupart de ses effets, il ressemble plus à la haine qu’à l’amitié.”
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https://www.lepetitlecteur.fr/phedre/presentation/
Analyse de Phèdre
***L’oeuvre de Racine s’inscrit parfaitement dans le genre tragique. Ce dernier est un genre codifié : la pièce de théâtre doit absolument être en 5 actes et écrite sous la forme de vers en alexandrins. La pièce doit obéir également à la règle des trois unités : unité d’action, unité de temps et unité de lieu.
Le premier acte présente les personnages principaux in medias res, c’est à dire en plein milieu de l’action. Le deuxième acte sert d’introduction aux péripéties (=événement imprévu, incident qui intervient dans le déroulement d'une action, marquant un changement; rebondissement dont le déroulement vient perturber une situation initiale; revirement) et fait monter la tension dans la pièce. Le troisième acte, quant à lui, est l’acte où se réunissent les tensions, les oppositions et les péripéties. Il annonce la fin de la pièce. Le quatrième acte fait encore monter la tension de l’intrigue et pousse les personnages vers leur destin fatidique. Dans l’acte 5, la tension est à son paroxysme. Dans les oeuvres tragiques, le dernier acte doit dévoiler les destins de tous les personnages principaux.
La pièce de Phèdre tourne autour de l’amour impossible. L’amour tragique et douloureux de Phèdre pour Hippolyte a des conséquences irrévocables sur le destin de tous les protagonistes. Les vers en alexandrins ajoutent un rythme lourd et suscitent la compassion du lecteur. Le rythme de la tragédie imposé par Racine vient renforcer l’idée de fatalité de cet amour.
Dans sa préface, Racine annonce la complexité du personnage de Phèdre : « Phèdre n’est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente ». Le personnage de Phèdre est à la fois contradictoire et ambiguë. Son personnage est très complexe et passe par toute une palette de sentiments amoureux au fil du texte : désespoir, amour, violence, déchéance, remords et culpabilité. C’est cette complexité qui fait de Phèdre le personnage tragique par excellence.
https://www.lepetitlecteur.fr/phedre/personnages/
Le personnage de Phèdre
[...] Phèdre est touchée par une fatalité et elle est consciente de la faute qu’elle a commise. Manquant de vertu et peu résistante, elle cherche elle même à se punir. L’enseignement semble donc évident. Les solitaires de Port-Royal ont réagi suite à la lecture de cette tragédie. Ils ont alors accordé leur pardon à leur ancien disciple. Racine a mis ce qu’il avait de plus raisonnable sur scène.
[MOTS CLÉS : fatalité, faute]
Ce rôle théâtral est l’un des plus beaux et des plus profonds. La notion de fatalisme est alors revisitée. Très présente chez les modernes et les anciens, c'est une notion à laquelle Racine a donné une nouvelle dimension. [...] C’est le malheur qui va pousser les personnages à la tragédie. Racine a donné à Phèdre un caractère plus attachant que celui qu’elle possède dans les anciennes tragédies. Effectivement, il a décidé d’enlever les accusations de Phèdre en ce qui concerne Hippolyte afin de les remplacer par celles de la nourrice. Il souhaite donner un rôle plus attachant et plus profond à son personnage.
[...] Il convient de préciser également que Racine a également changé des traits de caractères d’Hippolyte. Les anciens l’avait dessiné comme un véritable philosophe sans imperfection. Il reprend cependant les scènes de Thésée avec son fils, la déclaration d’amour de Phèdre ou encore la mort d’Hippolyte. Dans la pièce d'Euripide ce n’est pas Phèdre elle même qui déclare son amour mais la nourrice. Racine s’est donc inspiré de la tragédie de Sénèque pour la rédaction des aveux de Phèdre, qu’elle réalise elle même à Hippolyte. Le fait qu’Hippolyte soit descendu aux enfers, ou encore que l’épée d’Hippolyte soit un témoignage contre lui-même, vient également de la tragédie de Sénèque. En effet, ces passages sont plus profond que dans la version d’Euripide, qui, par exemple, fait référence à une lettre injurieuse. [...] Enfin, Racine a reprit la version de Virgile en ce qui concerne Aricie, dont Hippolyte a eu un fils.
[LES SOURCES DE L'ANTIQUITÉ : Euripide, Sénèque, Virgile]
Il est certain que l’acte où Thésée apprend la mort de son fils a fait couler beaucoup d’encre. Certains en ont fait l’éloge alors que d’autres l’ont vivement critiqué. Racine s’est en effet improvisé poète pour cette scène qui, concrètement, semble réussie. Elle constitue l’une des plus belles scènes dans le domaine de la poésie descriptive française et peut être considérée comme un franc succès. [...] Il a alors créé un rôle sublime et émouvant. [...] La scène où Phèdre est désespérée par le fait d’avoir une rivale est pleine de poésie. [...] Les vers se veulent subtils et réfléchis.
Les enjeux de la pièce
***Racine a décidé d’évoquer la punition qui va être la conséquence de chaque erreur dans sa préface. Sa pièce cherche à montrer les différentes facettes du crime. En effet, la pièce parle de passions qui sont à l’origine de vices, se révélant par la suite fatales. Son exposé montre le vice sous toutes ses formes. Racine choisit de répondre aux nombreuses accusations qu’il est possible de recevoir. [...] C’est la vertu qui est donc mise en avant en développant les effets qu’un vice peut entraîner. Il cause un désordre irrémédiable qui se révèle souvent fatal. Racine a alors affirmé que le vice est partout dans la pièce et fait haïr la difformité.
Dans cette pièce, Phèdre est dépeinte comme une femme sensée, qui est consciente d’avoir fauté. Les dieux sont continuellement présent. Leur rôle est de punir les personnes immorales, et déshonorées. Ainsi, la nourrice partage la culpabilité avec l’héroïne car elle réalise de fausses accusations délibérément et incite Phèdre à mentir. Phèdre renonce rapidement, elle avoue ses tords.
***En réalité, Phèdre est détruite par une passion intense. Cette dernière peut être considéré comme une vraie maladie, aussi bien du corps que de l’âme. Celle-ci va mener à sa perte. Racine évoque précisément les effets de cette passion, en affirmant par exemple, que c’est la « folie » qui s’empare de Phèdre. Elle-même emploie ce terme quand elle s’adresse au fils du roi. L’héroïne va jusqu’à comparer son amour interdit à un empoisonnement. C’est justement comme cela qu’elle décide de mettre fin à ses jours. Effectivement, elle a recourt à un poison fourni par Médée. Ce symbole est primordial, car ***c’est donc le poison qui représente ici la passion qui va l’achever et non l’épée des monstres. En y regardant de plus près, de nombreux philosophes avaient décrit la passion comme étant une réelle maladie. Ce sont principalement les stoïciens qui avaient évoqués cette idée, tel que Sénèque.
[VOIR LA THÉORIE DES HUMEURS, LE RAPPORT POISON-PASSION ET LA REPRÉSENTATION DE LA PASSION COMME UNE MALADIE DU CORPS ET DE L'ÂME ]
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(2) PORTRAIT CARACTÉROLOGIQUE DES PERSONNAGES ET CONCEPTION DE L'AMOUR (ACTES I-III)
https://geudensherman.wordpress.com/2015/09/15/phedre-racine-resume-analyse-commentaire/
Résumé : Acte II (6 scènes)
Hippolyte propose à Aricie de lui rendre le trône d’Attique, laissé vacant par la mort de Thésée, et lui avoue son amour. Leur entretien est interrompu par Phèdre, venue prier Hippolyte de prendre soin de son fils mais celle-ci finit par lui révéler son amour. Comprenant son erreur, elle prend l’épée d’Hippolyte pour en finir avec la vie mais Œnone l’arrête. Théramène annonce qu’on a peut-être vu Thésée.
Acte III (6 scènes)
Thésée, qui n’est pas mort, arrive à Trézène et s’étonne de recevoir un accueil si froid : Hippolyte, qui envisage d’avouer à Thésée son amour pour Aricie, évite sa belle-mère ; Phèdre est submergée par la culpabilité.
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DISCUSSION
(1) Conception de l'amour chez Hippolyte et Aricie. Caractérisation d'Hippolyte et d'Aricie.
(2) Continuez à faire le portrait caractérologique de Phèdre, surtout à partir de l'aveu de Phèdre à Hippolyte (Acte II, scène 5). ***L'amour-passion et ses effets chez Phèdre. Comparer les scènes des confidences et des aveux ( (=déclarations, confessions) : Acte I, scène 3/Acte II, scènes 1 et 2 /Acte II, scène 5).
(3) Caractérisation et fonction du personnage d'Oenone.
(4) Thèmes divers : le rôle du destin/ du sang/de l'hérédité/ des dieux, parler ou taire, champs sémantique de la lumière et de l'obscurité, la notion du tragique.
(5) GRÂCE vs LIBERTÉ, PRÉDESTINATION vs CHOIX, PASSIONS vs VOLONTÉ.
(6) DIEUX DE L'ANTIQUITÉ/PECHÉ ORIGINEL/HÉRITAGE FAMILIAL/THÉORIE DES HUMEURS.
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le jeudi 30 NOVEMBRE
***ON ANNONCE LES 3 PORTRAITS GAGNANTS DE LA COMPÉTITION LA BRUYÈRE 2023.
(A) PORTRAIT CARACTÉROLOGIQUE DES PERSONNAGES, SUITE.
Actes IV et V.
(B) ACTE V et RÉCAPITULATION : REPRISE DES GRANDS THÈMES.VOIR LES THÈMES DE LA SESSION ANTÉRIEURE.
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Résumé :
Acte IV (6 scènes)
Œnone, qui craint que sa maîtresse ne se donne la mort, déclare à Thésée qu’Hippolyte a tenté de séduire Phèdre en la menaçant, donnant pour preuve l’épée qu’elle a conservée. Thésée bannit Hippolyte et prie Neptune, dieu de la mer, de le venger. Phèdre veut le faire changer d’avis mais elle apprend qu’Hippolyte aime Aricie. Furieuse d’avoir une rivale, elle renonce à le défendre.
Acte V (7 scènes)
Hippolyte part après avoir promis à Aricie de l’épouser hors de la ville. Thésée commence à avoir des doutes sur la culpabilité de son fils, mais avant de pouvoir éclaircir la situation, la nouvelle de la mort d'Hippolyte, causée par un monstre marin, survient. Après avoir chassé Œnone qui, de désespoir, s’est jetée dans les flots, Phèdre révèle la vérité à Thésée ; ayant pris auparavant du poison, elle meurt.
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(B) PORTRAIT CARACTÉROLOGIQUE DES PERSONNAGES, SUITE.
RAPPEL DE LA SESSION PRÉCÉDENTE :
GRÂCE vs LIBERTÉ, PRÉDESTINATION vs CHOIX, PASSIONS vs VOLONTÉ.
DIEUX DE L'ANTIQUITÉ/PECHÉ ORIGINEL/HÉRITAGE FAMILIAL/THÉORIE DES HUMEURS.
EFFETS DE LA VISION DU MONDE JANSÉNISTE.
ACTES III-V. Reprise de la caractérisation des personnages à partir des scènes des aveux (monologues et dialogues). Conception de l'amour-passion, l'amour-maladie et la théorie des humeurs. L'union du psychologique [=du caractère] et du physiologique [***THÈME DES "HUMEURS"]. Le rôle du destin et de la fatalité/ du sang/de l'hérédité/ des dieux/ des malédictions. D'autres thèmes : parler ou taire/couvrir ou découvrir/cacher ou révéler/poison-passion ; les champs sémantiques de la lumière et de l'obscurité/du jour et de la nuit ; la notion du tragique (=intensité émotive, dramatique, alternance entre l'angoisse et l'espoir, rôle du suspens, effets de style <hyperboles, superlatives, exclamations, apostrophes, interrogations, style saccadé, stichomythies>; et du monstrueux/de la violence et de la cruauté/de l'injustice.
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(2) Acte V ET RÉCAPITULATION : reprise des grands thèmes. VOIR : La conception de l'amour-passion, l'amour-maladie et la théorie des humeurs. L'union du psychologique [=du caractère] et du physiologique. Le rôle du destin et de la fatalité/ du sang/de l'hérédité/ des dieux/ des malédictions. D'autres thèmes : parler ou taire/couvrir ou découvrir/cacher ou révéler/poison-passion ; les champs sémantiques de la lumière et de l'obscurité/du jour et de la nuit ; la notion du tragique (=intensité émotive, dramatique, alternance entre l'angoisse et l'espoir, rôle du suspens, effets de style <hyperboles, superlatives, exclamations, apostrophes, interrogations, style saccadé, stichomythies>; et du monstrueux/de la violence et de la cruauté/de l'injustice.
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Ainsi, Racine a su réaliser une oeuvre incomparable avec une parfaite maîtrise de l’alexandrin, une rigueur sans égal et une analyse approfondie. Phèdre est un véritable modèle en matière de tragédie classique française.
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le 5 DÉCEMBRE
THÈMES DU JOUR :
NOUVEAU : (1) ANALYSE CARACTÉROLOGIQUE DU PERSONNAGE DE PHÈDRE À PARTIR D'UNE ÉTUDE PLUS APPROFONDIE DE CERTAINES SCÈNES :
ACTE I, scène 3 (pp. 12-15*)
ACTE II, scène 5 (pp. 25*-26*)
ACTE IV, scènes 5-6 (pp. 42*-44*)
ACTE V, dernière scène (pp. 53-54*)
(2) RÉCAPITULATION : COMPARAISON CORNEILLE-RACINE ET PRÉPARATION POUR L'EXAMEN FINAL.
(3) VUE D'ENSEMBLE DU SIÈCLE.
(4) ÉVALUATION DU COURS.
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I.COMPARAISON GÉNÉRALE CORNEILLE (dans Le Cid) ET RACINE (dans Phèdre)
Style et ton :
Corneille, dans "Le Cid", est souvent associé à un style plus épique et héroïque. Son ton est grandiose, avec des héros aux caractères forts et des actions héroïques. "Le Cid" est un drame de l'honneur et de la loyauté, mettant en scène le conflit entre l'amour et le devoir.
Racine, en revanche, est considéré comme plus tragique, dans le sens aristotélicien, et intimiste. "Phèdre" explore des thèmes plus sombres tels que la passion, la culpabilité et la fatalité. Le ton est plus introspectif et les personnages sont souvent en proie à des tourments intérieurs.
[CONFLITS/DILEMMES <CORNEILLE> VS TOURMENTS <RACINE>]
En résumé, bien que Corneille et Racine partagent certains éléments en tant que dramaturges classiques français, leurs styles, leurs approches de la tragédie et la manière dont ils traitent les personnages diffèrent de manière significative. "Le Cid" et "Phèdre" illustrent ces différences, offrant deux perspectives distinctes sur la nature humaine et le drame.
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II. COMPARAISON DE LA VISION DU TRAGIQUE CHEZ CORNEILLE (dans Le Cid) ET RACINE (dans Phèdre) -
LIBRE ARBITRE - CHOIX - GRANDEUR MORAL DE L'HOMME - RÉCONCILIATION [CORNEILLE]
VS
FATALITÉ - l'HOMME VICTIME DES PASSIONS - PAS DE CHOIX - FAIBLESSE/MALHEUR [RACINE]
Vision du tragique chez Corneille :
Conflits moraux et héroïsme : Corneille voit souvent le tragique comme le résultat de conflits moraux et de dilemmes éthiques auxquels sont confrontés ses héros. Ses personnages, qui sont des héros nobles et vertueux, sont poussés à faire des choix difficiles entre l'amour, le devoir et l'honneur. La tragédie naît du conflit intérieur du personnage et de la tension entre des valeurs nobles et des exigences contradictoires.
Triomphe moral : Contrairement à une vision purement pessimiste du tragique, Corneille offre souvent une perspective plus optimiste. Même dans la défaite ou la mort, le héros cornélien peut triompher moralement. La grandeur morale du personnage persiste malgré la tragédie, soulignant ainsi la valeur des choix vertueux même face à l'adversité.
Réconciliation des contraires : Corneille cherche souvent à concilier les oppositions apparentes. Les conflits dramatiques ne sont pas simplement des forces destructrices, mais surtout des occasions de transcender les contradictions. Les héros cornéliens cherchent souvent à réconcilier des valeurs en apparence inconciliables, créant ainsi une résolution tragique mais harmonieuse.
Vision du tragique chez Racine :
Force irrésistible du destin : Chez Racine, la vision du tragique est marquée par une conception plus sombre et fataliste. Les personnages raciniens sont les victimes des forces qui les dépassent (= le destin/la fatalité, l'héritage familiale, ou des forces d'ordre physiologique et psychologique). La tragédie découle de l'inéluctabilité des événements, créant une atmosphère de désespoir et/ou de résignation.
Dominance des passions : La passion, en particulier la passion amoureuse, joue un rôle central dans les tragédies de Racine. Les personnages sont dominés par des émotions intenses qui les conduisent à des actions tragiques. Cette exploration des passions humaines donne une tonalité plus intense et psychologique à la tragédie racinienne.
Absence de rédemption : Contrairement à Corneille, Racine n'est pas enclin à offrir une rédemption morale à ses personnages tragiques. Les conséquences de leurs actions, souvent dictées par des forces inévitables, peuvent mener à une fin sans réconciliation ou réparation morale. La tragédie est souvent vécue comme une descente inévitable vers le malheur.
VUE D'ENSEMBLE DU SIÈCLE.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_France_au_XVIIe_si%C3%A8cle
L'Histoire de la France au xviie siècle est marquée par l'apogée du pouvoir royal, qui devient absolu. Après la paix des Pyrénées (1659), le royaume de France devient une puissance dont le rayonnement s'étend à une grande partie de l'Europe.
Cette période est marquée, en Europe, par la guerre de Trente Ans (1618-1648), et par un ensemble d'autres guerres par lesquelles les rois ou princes des différents pays cherchent à détrôner les rois étrangers afin de récupérer un maximum de pouvoir.
Mais c'est aussi une période de très grands changements du point de vue culturel. La culture française rayonne en Europe, dans tous les domaines, appuyée par la création d'Académies : la littérature, les arts, les sciences. Le français est confirmé comme la langue des grands écrivains (Molière, Corneille…). La peinture, la sculpture, l'architecture, et la musique sont florissantes. Les scientifiques français tiennent une place très importante en Europe (astronomie, mathématiques, physique, optique), avec Fermat, Pascal, Descartes...
Les artistes et les intellectuels français sont alors au cœur des réseaux culturels européens.
C'est la raison pour laquelle le xviie siècle est quelquefois appelé en France le Grand Siècle.
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le 12 DÉCEMBRE : 14:30 - 16:00.
L'EXAMEN