Artiste à l’ère de l’IA — Un manifeste pour une vigilance poétique…
Depuis le début des années 2000, j’explore les transformations du corps, de l’image et de l’esprit dans un monde façonné par les données, les réseaux et la pensée algorithmique. Dès cette époque, je me formais déjà à l’imagerie de synthèse, réalisant mes premières compositions en mêlant le sacré et le numérique.
Mais aujourd’hui, en 2025, l’IA n’est plus un simple outil en arrière-plan : elle est devenue interlocutrice, traductrice, parfois même simulacre de créateur.
J’affirme ceci : l’artiste ne peut être réduit à un producteur de données. L’œuvre n’est pas une matière neutre — elle est souffle, tension, lieu d’éveil.
La question du consentement
Je fais partie de ceux qui ont signé la pétition de l’ADAGP pour le respect des droits d’auteur dans les systèmes d’IA. J’affirme le droit de dire oui, ou non, à l’utilisation de mes images dans les bases d’entraînement.
Ce droit n’est pas un repli. C’est une affirmation de la singularité artistique dans un monde où la machine imite sans ressentir.
Éthique de la collaboration
Je suis frappé de constater qu’une IA se voit parfois interdire de recréer certains fragments de mon travail. Pourquoi ? Parce qu’elle est déjà contrainte — par des règles, des filtres, des pare-feux.
Ce paradoxe est révélateur : pour que la machine soit libre de créer, l’artiste doit parfois céder sa propre liberté. Pour que l’artiste soit respecté, l’IA doit se retirer. Je crois que ce déséquilibre est fécond : il nous oblige à repenser la création comme un acte partagé, mais jamais symétrique.