Un des aspects les plus importants des volumes pour qu'ils aient l'air d'exister dans un espace réel est l'éclairage, c'est-à-dire la présence d'une source de lumière et des ombres qu'elle crée. L'interaction entre les volumes qu'on dessine et l'éclairage donne l'impression de substance à l'image.
Avant de nous lancer dans les nuances de l'éclairage, nous allons rester un peu plus longtemps avec la perspective linéaire et son impact sur l'éclairage, en examinant le sujet des ombres portées.
Tout simplement, l'ombre portée est la zone de la surface (le sol, par exemple) que les rayons lumineux ne peuvent pas atteindre directement à cause du volume. En gros, la lumière projette ses rayons à partir de sa source (la chose qui crée la lumière, comme une lampe ou le Soleil), et le volume, en bloquant ces rayons lumineux, définit une zone d'ombre derrière ou en-dessous de lui. C'est là notre ombre portée.
Vous vous demandez peut-être en quoi la perspective se rapporte à la question de l'éclairage. La réponse est qu'étant donné la nature de la lumière, qui projette ses rayons en ligne droite*, nous pouvons utiliser la perspective linéaire pour prévoir, mesurer et dessiner les ombres portées. Par comparaison à ce que vous avez déjà vu dans les deux premiers cours, les techniques pour ce faire sont même relativement simples!
*Scientifiquement parlant, la lumière ne voyage pas toujours en ligne droite, mais ce n'est pas important en arts visuels.
Lorsqu'on dessine en perspective, la source de lumière devient essentiellement un objet de la scène. Imaginez un lampadaire invisible, et vous aurez peut-être une bonne idée de la manière dont nous allons manipuler notre éclairage : la source de lumière a une base - il faut la traiter comme si elle reposait sur le plan de sol - et une hauteur, soit un point à partir duquel elle va émettre la lumière (pensez à l'ampoule d'une lampe). Ce point sera situé directement au-dessus de la base.
Nous avons maintenant une ligne droite verticale (qui, en perspective à trois points de fuite, sera alignée avec le troisième point de fuite) à deux extrémités, l'une desquelles est sur le plan sol. Ces deux extrémités vont agir comme de nouveaux points de fuite qui serviront seulement pour mesurer les ombres portées. Voyez l'image à droite pour lire les étapes du dessin de l'ombre portée.
Le Soleil pose un problème particulier, en ce sens qu'il est incroyablement lointain (et donc forcément à une distance immense de nos volumes) et aussi incroyablement puissant comme source de lumière.
Sa distance veut dire que nous devons le placer le plus loin possible des volumes, et donc que sa base doit se trouver sur la ligne d'horizon, parce que - si vous vous rappelez ce détail - la ligne d'horizon marque le point où tout est tellement lointain qu'on ne peut pas en distinguer la taille avec nos yeux.
Cela signifie aussi qu'on doit prendre des raccourcis, parce qu'il est impossible de mesurer sa distance exacte dans toutes les situations.
Si le Soleil se situe directement au-dessus des volumes, la distorsion de la perspective sur les rayons lumineux devient essentiellement nulle. Le Soleil est une source de lumière tellement lointaine que les rayons ont l'air d'être parallèles les uns avec les autres.
Cette règle s'applique d'ailleurs même si le Soleil est placé plus à droite ou à gauche par rapport aux volumes, tant qu'il reste sur le même axe horizontal (l'axe X, en termes de 3D).
Dans ce cas, puisque les rayons ne convergent pas vers un point de fuite unique mais restent parallèles, choisissez un angle de rayonnement pour la lumière et appliquez-le à tous les rayons qui toucheront les volumes (voyez l'image à droite pour en avoir des exemples).
Vous vous êtes peut-être demandé comment mesurer les ombres portées causées par le Soleil quand il est placé derrière l'observateur si la base du Soleil se trouve sur la ligne d'horizon, et c'est une bonne question!
La solution est d'inverser la hauteur du Soleil en plaçant notre source de lumière en-dessous de la ligne d'horizon. Pour être plus précis, prenez la hauteur de la source de lumière au-dessus de la ligne d'horizon, et placez-la à la même distance en-dessous de la ligne d'horizon, à la même position.
(Vous verrez dans les exemples à droite que le point de mesure pour la source est en fait placé du côté opposé du volume d'où serait la source de lumière, et c'est parce que le point de mesure est en quelque sorte notre point de fuite pour les rayons lumineux. Il doit donc forcément être placé dans la position inverse par rapport au volume.)
Ensuite, faites vos mesures de la même manière qu'avant, sauf que l'ombre portée sera sur le sol entre le volume et la ligne d'horizon au lieu d'être de l'autre côté du volume.
Ci-dessus, on peut voir que les rayons du Soleil, s'ils sont sur le même axe horizontal que les volumes, créent des ombres portées assez simples à illustrer, avec moins de travail de perspective.
Notez que l'angle des rayons peut varier énormément; les cas dans l'image ci-dessus ne sont que des exemples choisis.
Pour obtenir l'ombre portée d'un volume à trois points de perspective, la seule différence serait qu'il faudrait que la ligne verticale de la source de lumière soit alignée avec le point de fuite vertical. Autrement, le processus est le même.
Les volumes arrondis posent un problème particulier pour la mesure de l'ombre portée : puisqu'ils n'ont pas de sommets, comment fait-on pour juger l'étendue de l'ombre portée?
En fait, la réponse est relativement simple : il faut utiliser les techniques apprises dans les premiers cours pour indiquer des points le long de la courbe à l'intersection des rayons lumineux et du volume. Plus vous aurez de points de référence sur votre courbe, plus l'ombre portée sera précise et exacte.
(Évidemment, c'est plus facile à dire qu'à faire, mais vous verrez, vous vous y habituerez!)
Ci-dessus, des exemples du processus pour dessiner les ombres portées de volumes arrondis, chacun dans une perspective différente. Notez que les étapes sont foncièrement les mêmes une fois que vous vous habituez au dessin en perspective et à la logique des volumes.