Extrait de la notice géologique de la feuille d'Alençon (BRGM):
Gédinnien. Grès à Platyorthis monnieri. Ces grès fins, bien classés, feldspathiques, de teinte sombre à patine rousse admettent des passées d'argilites noires micacées. Le passage avec la formation précédente paraît continu. Fréquemment fossilifères, ces grès se rencontrent :
— dans le synclinal de Sées où l'unique lambeau s'étend entre la Bellentière et la Haute-Folie; un gisement fossilifère est repéré à 150 m au Sud-Est de cette dernière ferme (x = 432,00; y = 101,10), avec Plathyorthis monnieri, Pleurodictyum sp., entroques et plaques de Cystidés;
— dans le synclinal de Saint-Nicolas-des-Bois où trois témoins de la formation s'échelonnent depuis le Hamel (la Ferté-Macé, 1/50 000) jusqu'au bois de la Haie du Froust. Ils ont livré au Hamel et au Sud de Saint-Nicolas-des-Bois :
Pleurodictyum constantinopolitanum, Stropheodonta explanata, Leptaena thisbe, Parahomalonotus, Acaste, entroques et plaques de Cystidés. Cette faune, antérieurement attribuée au Siegenien inférieur, est placée dans le Gédinnien en fonction d'informations complémentaires issues de la succession de Saint-Céneré (Mayenne).
Extrait du bulletin de la société Linnéenne de Normandie ser 4. V2: LETELLIER M.(1888)
3° DÉVONIEN INFÉRIEUR.
Les cinq lambeaux de terrain dévonien, figurés sur la carte dans la commune de St-Nicolas, n'avaient pas été reconnus par les anciens géologues. Cependant Boblaye, qui avait étudié la contrée, tout en dirigeant les opérations pour la carte de l'état major, signalait à la Société géologique, en 1837. « les empreintes nombreuses d'Orthis, les articulations d'Encrines et de Trilobites, les petites avicules » qu'il y avait découvertes. Blavier, dans le même temps, écrivait : « La bande de schiste pailleté qu'on trouve (à St-Nicolas) avant d'atteindre la région du quartz grenu, tient en grande abondance des débris de corps organisés fossiles. On y a trouvé particulièrement des empreintes d'Orthis et d'Encrines » (Etudes, p. 25). — Ils avaient l'un et l'autre traversé le premier lambeau, celui de l'O., au S. du Hamel, commune de St-Nicolas.
Lors de mes premières courses géologiques, à cet âge où l'on ne craint pas de revenir chargé, j'avais réuni un assez grand nombre d'échantillons représentant à peu près toutes les espèces que contient ici ce terrain. M. de Verneuil, à la vue de ma petite collection, reconnut sans peine le dévonien inférieur, et nous partîmes sur le champ, avec M. Triger, pour visiter la localité.
Je ne connaissais alors que la parcelle de l'O. ; j'ai trouvé les autres dans ces derniers temps. Elles sont alignées de l'O. à l'E. sur une longueur totale de 5 kilomètres et sur le flanc méridional de cinq collines , aux altitudes moyennes de 220 mètres. Elles sont isolées l'une de l'autre par de profondes et larges vallées d'érosion, en partie recomblées par des alluvions quartzeuses.
La roche est une grauwake micacée, gris noirâtre, terne, à cassure raboteuse, nullement feuilletée et facile à distinguer des psammites et des autres schistes qui l'environnent. Elle est grossièrement stratifiée , et les couches penchent principalement vers l'O.
En un endroit seulement, sur le lambeau de l'O., près du village du Hamel. la roche est littéralement lardée de fossiles , tous à l'état d'empreinte, et trop souvent par fragments ; mais les empreintes sont parfois d'une rare perfection. Dans les échantillons que je lui ai remis en 1878, M. de Tromelin a reconnu :
Homalonotus, des anneaux, R.
Dalmanites, têtes, A. R.
Murchisonia, R.
Orthis Monnieri, G.
Leptaena Thisbe, OEhl., A. C.
Strophomena, R.
Spirifer Roussean, R.
Crinoïdes, tiges et plaques, T. C.
Pleurodictyum problematicum, A. G.
Ce pleurodictyum est toujours dépourvu du tube serpuliforme ; mais je connais deux exemplaires où ce tube est remplacé par un corps semblable à une coquille turriculée. L'un est dans ma collection, l'autre au Musée de Caen.
J'ai recueilli, depuis lors, un Cryphaeus et Rhynchonella cypris OEhl.
Le deuxième lambeau, près de La Pommeraie, est suffisamment caractérisé par la roche, mais je n'y ai vu que des Crinoïdes, très rares.
Le troisième, entre l'église de St-Nicolas et la Drouardière, est, comme le premier, riche en fossiles. J'y ai recueilli les anneaux d'Homalonotus, la Rynchonella cypris, les Orthis, les Crinoïdes (tiges et plaques calcinales) et les Pleurodictyum.
Le quatrième, sur le versant de la Butte du Froust, est. comme le deuxième, à peu près azoïque ; je n'y ai vu que des Crinoïdes, en très petit nombre.
Le cinquième enfin, au N. du village du Val, à l'extrémité orientale de St-Nicolas, entre les altitudes de 215 et 240 mètres. Ce lambeau , que je n'ai vu qu'à la fin d'août 1888, n'a pas moins de 200 mètres de l'O. à l'E. et presque autant du S. au N., en montant la rampe escarpée de la forêt. J'y ai recueilli des articulations d'encrine, une plaque du calice et une belle empreinte d'Orthis Monnieri. Ce sont là, jusqu'à ce jour, les seuls vestiges du dévonien qu'on ait rencontrés dans le département de l'Orne, et on n'y trouve rien des autres terrains primaires.