Céphalopodes
Coraux
Gastropodes
Spongiaires
Bajocien supérieur, zone à Parkinsoni, sous-zone à Bomfordi
Notice de la carte géologique de Grancamp-Maisy (BRGM)
jic. Bajocien supérieur (sommet). Calcaire à spongiaires (Oolithe blanche des anciens auteurs). Ce calcaire blanchâtre à l'affleurement, gris en sondage, contraste avec l'Oolithe ferrugineuse de Bayeux, rouille, et les Marnes de Port-en-Bessin, grises qui l'encadrent. Epais en moyenne de 9 à 12 m, il forme la base des falaises littorales et une partie du platier rocheux entre Colleville-sur-Mer et Port-en-Bessin. Dans les terres, il occupe le fond de la dépression du Cirque de Commes, affleure aux fosses
du Soucy, à l'extrémité orientale de la vallée de l'Aure inférieure. De plus, il a été reconnu en forage dans de nombreux ouvrages et à l'affleurement, au fond de la vallée du ruisseau le Véret, à la traversée des villages d'Englesqueville et de Cricqueville, ainsi qu'à l'Ouest de la Nouvelle Martinière (x = 352,2 ; y = 1 191,5) et au lieu-dit Saint-Félix (x = 351,75; y = 1189,6), là où autrefois, sur la feuille Saint-Lô à 1/80 000, étaient cartographiées seulement les Marnes de Port-en-Bessin du Bathonien inférieur à moyen. D'après l'ensemble des données de terrain, le Calcaire à spongiaires tend à s'épaissir du Sud au Nord. A l'affleurement, ce calcaire est décalcifié par endroits, en particulier sous les différents dépôts quaternaires ou tertiaires du plateau entre Cardonville et Formigny (trous creusés à la tarière) et dans la vallée de l'Aure : il donne alors des boues argileuses beige clair. D'autre part, sur toute la surface de ses affleurements, cette formation est creusée d'un karst important guidé par les nombreuses fractures qui la découpent.
Typiquement, le Calcaire à spongiaires, est formé de gros bancs massifs, d'épaisseur métrique à hémimétrique à la partie inférieure, de bancs bien réglés, à délit plus argileux et d'épaisseur décroissante à la partie supérieure. Ce calcaire biomicritique, boueux, contient encore à la base quelques oolithes phylliteuses et pyriteuses au-dessus de l'Oolithe ferrugineuse de Bayeux (couche d) et sur toute la hauteur, des pellétoïdes argilo-ferrugineux dont les petits cristaux de pyrite oxydés donnent des
taches roussâtres sur les surfaces exposées à l'air. Les bancs sont plus riches en matrice boueuse à la partie inférieure ; les bioclastes sont plus fréquents dans les couches médianes, où ils montrent une tendance à la silicification (bivalves, oursins, brachiopodes). Des arrêts de sédimentation, parfois perforés ou encroûtés, recoupent cette formation et tendent à se rapprocher vers le sommet de ces calcaires. La formation est d'ailleurs tronquée par une surface durcie, avec épifaune sessile et indices d'érosion (gravelles calcaires à la base du Bathonien inférieur). Le cortège des minéraux argileux est encore dominé par l'illite (5/10) et la smectite (4/10), la kaolinite (1/10) ; par endroits des traces de chlorite les accompagnent.
La faune est caractérisée par l'abondance des éponges et surtout par l'apparition de nombreux groupes d'invertébrés et de vertébrés qui s'épanouissent au cours du Bathonien : ce renouvellement de la faune benthique, en particulier, est contemporain de la différenciation de la plate-forme carbonatée sur la marge nord-orientale du bloc armoricain. Les éponges, grandes, siliceuses, en écuelles, en coupes (démosponges, hyalosponges) et petites, calcaires, encroûtantes, (Enaulofungia, Limnorea,
Corynella, Peronidella), sont d'ordinaire encroûtées par de nombreux épibiontes sessiles (thécidées, serpules, bryozoaires, bivalves) et accompagnées d'une faune commensale de brachiopodes (Sphenorhynchia plicatella, Morrisithyris phillipsi) et d'oursins réguliers (Stomechinus bigranularis, "Cidaris " honorinae). Ces éponges ne construisaient pas de récifs, mais se développaient côte à côte sur les fonds sablo-vaseux peu profonds, en prairies, comme celles qui peuplent actuellement les fonds de 5 à 15 m autour des îlots des Bahamas. Parmi les autres invertébrés, des lignées de brachiopodes (Dictyothyris, Flabellothyris, Eudesia), d'oursins, de bivalves font leur apparition ou se développent dans ces calcaires ; pour les vertébrés, il en est de même pour quelques poissons, pour les crocodiliens (Teleosaurus sp.) ; ces lignées se poursuivent dans tout le Bathonien.
Les ammonites sont relativement rares et surtout mal conservées : Parkinsonia parkinsoni, P'. depressa (Durotrigensia), Oppelia, Cadomites, Polyplectites à la base, et Parkinsonia bomfordi, P. schloenbachi, Procerites, Lobosphinctes, Oxycerites au sommet. Ces ammonites indiquent la partie supérieure de la zone à P.parkinsoni, sous-zone à P. bomfordi, mais la partie inférieure du Calcaire à spongiaires renferme un assemblage différent, intermédiaire entre celui de la sous-zone à Densicosta et celui de la sous-zone à Bomfordi.
En sondage, à l'Est de Deux-Jumeaux en particulier, une argile de décalcification du calcaire à Spongiaires a été traversée sur 1 à 1,5 m d'épaisseur, sous les limons.
Notice de la carte géologique de Bayeux-courceulles-sur-mer (BRGM)
j2Cs. Formation des Calcaires à spongiaires (sommet du Bajocien supérieur). Dernier membre du triptyque bajocien, les Calcaires à spongiaires forment une unité très caractéristique du paysage géologique de ces régions de Normandie. Il correspond à l'Oolite blanche des anciens auteurs. C'est un calcaire blanc, peu stratifié, riche en éponges siliceuses. Il se traduit généralement en surface par un semis de cailloutis calibrés de tailles décimétriques, parmi lesquels il n'est pas rare de trouver des éponges préservées en forme de cupules de taille décimétrique. La cassure présente un aspect porcelané. Très carbonaté, cet ensemble est fréquemment karstifié. Le paysage qu'il constitue est souvent parsemé de dolines ou d'entonnoirs de dissolution obturés par un résidu argileux. On peut en observer de grandes étendues en rive droite de la Seulles, entre Tilly-sur-Seulles et Creully ou, encore, aux environs de Cheux. En profondeur, ce niveau carbonaté constitue un aquifère de type karstique.
Les bancs calcaires, mal définis, d'épaisseur métrique à pluridécimétrique, sont bioclastiques, constitués essentiellement par un empilement d'éponges en débris ou intactes, en forme de coupe, percés, encroûtés. Le ciment est biomicritique,
parfois marneux, riche en grumeaux limonitiques (pelloïdes argilo-ferrugineux). La faune est dominée par des peuplements d'éponges siliceuses et calcaires non constructives, disposées en prairies et accompagnées d'une faune commensale de bryozoaires, brachiopodes, oursins et mollusques dont de rares ammonites. La base est plus boueuse, bioturbée à gros bancs et grosses éponges. Dans la coupe de Bretteville-sur-Odon, elle est constituée par une micrite bioclastique (pelbiomicrite à oolites phylliteuses, ferrugineuses à texture wackestone/packstone) blanchâtre mal stratifiée, avec quelques rares oolites ferrugineuses. Vers le sommet, les lits d'éponges s'amincissent, et leurs tailles diminuent au profit de la matrice. Le sommet des Calcaires à spongiaires est un calcaire blanc à grumeaux argileux et pyriteux souvent oxydés en limonite, bioturbé au sommet (pelbiomicrite à texture de wackestone) et se terminant par une surface d'érosion nettement
visible dans la zone des falaises littorales (surface de Port-en- Bessin 1, in Rioult et al, 1991 et Dugué et al., 1998).
L'épaisseur de ce membre avoisine les 10 m dans la région de Caen et s'épaissit vers l'Ouest (20 m à l'Ouest de Bayeux, sur la feuille Grandcamp-Maisy).
Séparé de l'Oolite ferrugineuse sous-jacente par une discontinuité, le sommet de la formation est érodé (surface de Port-en-Bessin 1, in Rioult et al, 1991) par les « couches de passage » qui marquent la base du Bathonien. Au plan biostratigraphique, elle correspond à la partie supérieure de la zone à Parkinsoni, subzone à Bomfordi du Bajocien supérieur.
Après l'épisode à caractère condensé de l'Oolite ferrugineuse, le faciès des Calcaires à spongiaires dénote un accroissement du taux de sédimentation. On assiste à un retour progressif vers une sédimentation carbonatée de mer ouverte, en limite distale de plate-forme interne subsidente. La tranche d'eau s'épaissit. Le fond est peuplé essentiellement par des prairies d'éponges vivant dans un milieu de décantation de boue micritique. Ces prairies à spongiaires se trouvaient en dessous du niveau des actions des houles ordinaires, mais étaient atteintes par les vagues de tempête capables de retourner complètement des éponges de 30 cm de diamètre.
Les Calcaires à spongiaires s'étendent vers l'Ouest où ils forment la base de la falaise littorale sur la feuille Grandcamp-Maisy. Leur épaisseur est là de 9 à 12 m. Vers le Sud, en direction de falaise, l'épaisseur de ces dépôts se réduit et ils passent progressivement à des calcaires micritiques à Acanthothiris spinosa. Vers l'Ouest, dans les sondages du synclinal de Ranville, cette formation avec des caractères identiques a été recoupée sur 10-12 m. Au Nord-Est, elle a été retrouvée en sondages en baie de Seine et jusque dans le pays de Caux.
MÉGNIEN Françoise, 1980 - Synthèse géologique du bassin de Paris N°103 - Volume III: Lexique du nom de formation - 5.p173
Cette formation carbonatée distinguée sous le nom d'Oolithe blanche à la partie supérieure de l'Oolithe inférieure de Normandie par les premiers géologues régionaux ne contient que très peu d'oolithes blanches, qui sont plus souvent phylliteuses que carbonatées: en réalité, c'est avant tout le contraste de couleur avec l'Oolithe ferrugineuse de Bayeux qui a frappé les auteurs régionaux. Le terme de Calcaire à spongiaires nous a paru mieux convenir à la formation (M. Rioult, 1962), carte à 1/80 000 feuille CAEN (3é édition).
Définition
Formation calcaire composée de gros bancs de biomicrite blanc grisâtre, à passées marneuses et contenant de nombreux spongiaires calcaires ou siliceux, non constructeurs, ainsi que des oolithes d'argile grise ou des pelletoïdes plus ou moins oxydés et des bioclastes hétérogènes et mal classés, souvent noircis. Cette formation repose sur l'arrêt de sédimentation qui limite l'horizon d’où sur un des horizons de l'Oolithe ferrugineuse de Bayeux, ou bien sur le Conglomérat de Bayeux, sur les écueils, elle peut recouvrir directement les écueils de grès ordoviciens (Mayé-sur-Orne). Plusieurs arrêts de sédimentation recoupent cette formation, mais ils semblent limités latéralement ; ces arrêts sont plus rapprochés à la partie supérieure à bancs moins épais. Au sommet, le Calcaire à spongiaires est terminé par une surface d'érosion, perforée et encroutée, supportant par endroits des petits galets calcaires à la base du premier banc bathonien (Couche de passage a, à la base des Marnes de Port-en-Bessin)
Gisement
Le Calcaire à spongiaires affleure très bien dans les falaises et sur l'estuaire entre Sainte-Honorine-des-Pertes et Port-en-Bessin.
Lithologie et sédimentologie
Ces calcaires boueux, massifs, bioclastiques, à pelletoïdes et oolithes correspondent aux dépôts contemporains de l'installation du régime carbonaté sur la plate-forme armoricaine. Ils annoncent le faciès du Calcaire de Caen par endroits, dans les secteurs abrités par les écueils. Les bioclastes très variés (mollusques, brachiopodes, bryozoaires, échinodermes et spongiaires) sont mal triés, noyés dans une matrice abondante, marneuse ou calcaire. Ces bancs, métriques à la base et bioturbés, contiennent des alignements de spongiaires calcaires ou siliceux (plus ou moins épigénisés en calcite) dans la partie moyenne: les bancs supérieurs tendent à diminuer d'épaisseur. La stratification reste plane et l'énergie des courants reste généralement faible, pourtant certaines accumulations de spongiaires et autres invertébrés mélanges et visiblement transportés pourraient bien représenter des intercalations déposées.
Paléontologie
Il est avant tout intéressant de constater qu'un grand nombre de lignées de vertébrés et d'invertébrés apparaissent dans cette formation et se développeront au cours du Jurassique moyen (Teleosaurus, crocodiliens, éponges, polypiers, mollusques, brachiopodes (Dictyothyris, Flabellothyris), oursins, bryozoaires, crustacés.
Les spongiaires sont abondants et variés, mais leur conservation n'est pas toujours favorable à l'étude du squelette spiculaire: les calcisponges (Eudea, Limnorea, Peronidella, Corynella) sont souvent en épibiontes sur des éponges siliceuses (Calathiscus, Craticularia, Stauroderma, Platychonia, Leiodorella), avec des bryozoaires (Stomatopora bajocensis et S.dichotomoides, Diastopora, oncousoecia, Ceriocava, Ripisoecia), des serpules, des bivalves (Atreta, Liostrea, Plcatula, Spondylus) et des brachiopodes (Rioultina bajocensis). Autour de ces prairies d'éponges, en positions de vie à l'interface, se rencontre une faune commensale de mollusques et d'oursins.
Parmi les bivalves: pectinidés (Entolium silenus, Eopecten, Ctenostreon pectiniforme, Limatula et déjà Stegocardia ampla; les gastropodes sont surtout des pleurotomariidés, Amphitrochi duplicata, Pictavia bajocense. Les oursins sont variés: cidariidés, Holectypus hemisphaericus, Pygomalus ringens, Pygorhytis ovalis et surtout Stomechinus bigranularis.
On note en outre quelques rares polypiers solitaires et des crinoïdes; les brachiopodes sont Acanthothyris spinosa et Goniothyris phillipsi entre autres. Les premiers restes de crocodiliens (Teleosaurus) se rencontrent précisément dans cette formation, ainsi que des restes de poissons et d'autres reptiles et des bois fossiles. Les ammonites sont des moules internes de Parkinsonia, Dimorphoceras, Lobosphinctes, oppeliidés; les belemnites (Selennopsis) et les nautiles (Cenoceras) sont présents.
Age
La faune est caractéristique de la sous-zone à Bonfordi, c'est à dire de la partie supérieure de la zone à Parkinsoni, au sommet du Bajocien supérieur.
Milieu de sédimentation
Fond carbonatés à prairies de spongiaires sur la plateforme interne en eaux calmes mais probablement turbides et soumis à des remaniements à la limite d'action des houles. Le Calcaire à spongiaires matérialise l'installation du régime carbonaté du jurassique moyen sur la plate-forme armoricaines. (Le Calcaire de Durtal dans le Maine-et-Loire présente avec lui des traits communs.)
M.Rioults