Homélie

Homélie du Père Brisebois


Le récit qu’on vient d’entendre raconte deux épisodes différents. D’abord, les disciples sont réunis le soir de Pâques, pour prier et pour parler de ce qui vient de se passer, ce qui est arrivé à leur ami Jésus. Mais Thomas n’est pas là et il refuse de croire ce que ses frères lui disent, que le Christ est ressuscité ! Il veut des signes, des preuves et il le dit à tout venant :«Si je ne vois pas…non je ne croirai pas ».

Le problème de Thomas, ce n’est pas d’avoir des doutes, de chercher la vérité. La foi n’est jamais évidente. Son problème, c’est qu’il est absent, il n’est pas avec les autres apôtres, il cherche des preuves et des signes qui l’amèneraient à croire. Mais croire, ce n’est pas voir. C’est faire confiance à quelqu’un. Pour que Thomas devienne croyant, il lui faut joindre la communauté, prier avec elle, partager la parole et le pain, partager le don de la paix et l’amour de tous les jours. Si Thomas pense faire sa route seul, il n’est pas sur le bon chemin.

La semaine suivante heureusement, Thomas est là. Il s’est joint au groupe et il est là quand le Seigneur apparaît. Il comprend alors que le Christ Ressuscité est bien celui qu’on a crucifié, qu’il est bien le Jésus qu’il a connu. Il n’a pas besoin de mettre la main aux blessures comme Jésus le lui demande, non, il a confiance, il croit ! « Mon Seigneur et mon Dieu ! » crie-t-il.

Dans l’Église d’aujourd’hui, bien des gens disent avoir perdu la foi. Parfois c’est vrai, mais la plupart de temps, c’est faux. La foi, c’est pas comme un trente sous qu’on trouve et qu’on perd. Mais ça peut arriver que nous nous posions des questions. Rien de plus normal. Notre drame à nous, c’est d’abandonner la communauté, de cesser de pratiquer. Nous cessons de venir à la messe et de prier ensemble. Nous cessons de participer à toute rencontre et à tout partage. Nous cessons d’aider les autres, de les soutenir. C’est comme ça que la foi diminue peu à peu, qu’elle se vide de son contenu. Elle se résume à des formules vides. La foi n’est pas une doctrine, c’est une pratique, c’est une marche avec d’autres.

Pour nous chrétiens, la résurrection de Jésus est bien sûr un enseignement auquel on doit adhérer, et Saint Paul nous le dit bien :« Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine ». Mais ce n’est pas pour autant une vérité abstraite, réservée aux théologiens. C’est d’abord et avant tout, une expérience. Une expérience que Thomas a faite en rejoignant les autres disciples, une expérience que nous devons faire à notre tour. On peut dire merci à Thomas de ne pas avoir voulu croire d’abord mais de s’être rattrapé après. On lui ressemble beaucoup !