8. Septembre 2021

Lettre du mois de septembre 2021


Accueil des familles de réfugiés : où en est-on ?

Chers amis,

Grâce à la générosité des donateurs et au travail de nombreux bénévoles, le travail entrepris sur notre secteur pour aider plusieurs familles réfugiées en France depuis cinq ans a porté de beaux fruits que nous souhaitons partager avec vous qui en avez été les acteurs.

Provenance Homs (Syrie), novembre 2016 : la famille Dakhil

Antwan et Manar Dakhil et leurs deux enfants Léonor et Lionel, habitent depuis cet été dans un logement social de La Queue-lez-Yvelines composé de deux chambres et d’un séjour, dans les nouveaux immeubles derrière la jardinerie Poullain.

Antwan et ses enfants, qui avaient obtenu la nationalité française l’année passée, sont partis en Syrie vers la fin juillet. Manar les a rejoints en août aussitôt qu’elle a obtenu une carte de résidente de 10 ans. Cette carte sur laquelle le mot de « Réfugié » n’existe plus lui permet maintenant de voyager normalement. Et alors qu’Antwan est resté deux semaines en Syrie, Manar et les enfants ne sont revenus que le 4 septembre. Ils sont tous très heureux d’avoir pu revoir leur famille.

Après l’obtention de son niveau B1 en langue française l’année dernière, il reste encore à Manar une dernière étape à franchir pour obtenir à son tour la nationalité française : un entretien et diverses questions portant sur l’organisation de la société…française.

Dès leur retour de Syrie, les parents ont repris leur travail : Antwan à Auchan et Manar dans une fabrique locale de masques.

Léonor est entrée en CM2 et Lionel en moyenne section de Maternelle.

Avec un logement tout neuf au loyer raisonnable (dont ils assument seuls la charge financière), un emploi en CDI pour les deux parents et des enfants bien insérés à l’école, la famille Dakhil espère bien rester de nombreuses années à La Queue-lez-Yvelines. Ils sont totalement intégrés et les relations que nous avons avec eux sont maintenant d’ordre amical.

Provenance Mossoul (Irak), septembre 2017 : la famille Shamoon

Du côté de Viroflay, où les Shamoon vivent désormais, depuis janvier 2020, Adeeb a une activité bénévole à la paroisse et son épouse Azhar recherche du travail dans le domaine artistique.

L’ainée des filles, Sarah, a obtenu son BTS et un CDD de six mois dans l’entreprise où elle faisait son alternance. Cette réussite l’amène à envisager sereinement sa vie d’adulte et à prendre son envol hors du nid familial.

La seconde, Sally, recherche également un travail après avoir effectué une année de licence en langues orientales à la Sorbonne (langues’O). Elle a validé cette 1ère année de façon tout à fait honorable et est prête pour une 2ème année. Elle a cependant bien conscience que le plus important pour sa famille actuellement est de faire rentrer de l’argent pour devenir autonome ; elle est donc à la recherche d’un travail.

Noor, la dernière, passe en terminale au lycée Jules Ferry de Versailles.

Côté logement, une demande de logement social est en cours d’instruction et devrait aboutir en 2022. Ce qui devrait alléger significativement le poids du loyer dans le budget familial.

A noter que les 3 filles ne pèsent plus sur le budget familial et font « pot commun » pour leur vie quotidienne avec le seul salaire de Sarah.

Quant au soutien financier de notre association, nous poursuivons le plan de dégressivité convenu. Notre participation est prévue pour s'achever à l'été prochain. La famille devrait à ce moment-là avoir recouvré sa totale autonomie financière.

L’équipe du Secours Catholique de Viroflay a pris notre relais sur place pour assurer présence et accompagnement afin de poursuivre et achever l'intégration de la famille.

Provenance Maroc, à LQLY depuis juin 2020 : la famille Namry

Depuis maintenant un an, nous aidons une réfugiée marocaine, Amina, avec son fils de 7 ans, Ali, qui a obtenu auprès de l'OFPRA le statut de « Protégée subsidiaire ».

Avec le soutien financier de l’association, ils sont logés depuis début août dans l’appartement qu’occupaient précédemment les Dakhil à La Queue-lez-Yvelines.

L’objectif qu’Amina a poursuivi depuis son arrivée en France était de reprendre des études en vue de devenir infirmière ; dans ce but, elle a donc fait un essai comme auxiliaire de vie en vacation à l'EHPAD La Maréchalerie de La Queue-lez-Yvelines ; toutefois, cette activité ne lui permettant pas de présenter un dossier de candidature à l'école d'infirmière, elle étudie d’autres orientations professionnelles qui pourraient s'offrir à elle : secteur hospitalier, secteur social, autre chose... (elle est très débrouillarde dans les domaines de l’informatique et de la téléphonie) ?

Comme elle est francophone et dynamique, et qu’elle a un Bac marocain reconnu en France, nous lui faisons confiance pour trouver sa voie, et nous la soutenons dans ses recherches.

Son fils Ali vient de rentrer en CE1.

Et maintenant ?

Voilà pour l’activité que nous avons menée depuis 5 ans. Mais les récents évènements nous rappellent que notre mission n’est pas finie. La prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan va faire fuir de nombreuses personnes coupables « d’occidentalisation », le cataclysme d’Haïti nous fait réfléchir à l’accueil de bacheliers talentueux qui mériteraient de poursuivre leurs études en France.

Il faut aussi penser aux régimes totalitaires de plus en plus nombreux sur la planète qui rendent la vie insupportable, notamment pour les femmes.

Ceci n’est cependant que la face éclairée de l’actualité ; la crise climatique déclenche de plus en plus de conflits, la raréfaction des richesses, des terres, de l’eau, des ressources halieutiques monopolisées par quelques-uns, poussent des populations entières à l’exode.

Grâce au ciel, et quelles que soient les difficultés que chacun rencontre dans un monde de plus en plus difficile, notre pays est encore relativement épargné et ce serait faire fi de notre humanité que de ne pas ouvrir nos portes à ceux qui à bon escient le demandent.

Accueillir est une chose, intégrer en est une autre, beaucoup plus longue, qui demande patience, énergie, compréhension et moyens. Les résultats positifs et l’intégration réussie des familles Syriennes et Irakiennes que nous avons accompagnées depuis cinq ans grâce à votre générosité et au travail des bénévoles, ainsi que l’urgence qui frappe à notre porte, nous incitent à continuer notre travail.

N’oublions pas non plus que beaucoup de populations du Proche Orient n’arrivent à vivre que grâce à l’aide qui leur vient des membres de leurs familles accueillis dans les pays occidentaux.

C’est en priorité vers l’accueil de celles qui sont les pauvres parmi les pauvres, les persécutées parmi les persécutées que notre action devrait se tourner. L’exemple de cette femme marocaine courageuse obligée de fuir pour sauver sa vie en est un exemple. Ceci sans exclusive.

D’une Rive à l’Autre a commencé à établir des contacts vers l’Afghanistan et Haïti. Nous ne serons pas en mesure de recevoir toute la misère du monde, nous nous efforcerons simplement d’offrir un meilleur avenir à quelques personnes. Puissions-nous être à la hauteur.

L’équipe d’accueil des familles de réfugiés