Madame la maire d’Évian les Bains et conseillère départementale de Haute-Savoie. Mesdames et messieurs les élus, les représentants des associations patriotiques, Mesdames, Messieurs les représentants des forces de l'ordre et des services départementaux d'incendie et de secours, mesdames messieurs les porte-drapeaux, mesdames messieurs en vos rangs, grades et qualités, soyez assurés du dévouement de notre association le Souvenir Français de Haute-Savoie la plus ancienne association patriotique française qui a vu le jour il y a 138 ans de cela en 1887.
Aujourd’hui grâce à vous monsieur René Picot nous rendrons dans un instant un hommage à votre père Monsieur Lucien Picot.
En ce 15 août, la ville d’Évian les bains nous rassemble, non pour flatter les vanités, ni entretenir l'oubli, mais pour nous rappeler, à travers la gravité de cette matinée, ce qu’exige notre mémoire, ce qu'elle nous promet, et ce qu'elle mérite.
Le 15 août n'est pas une date anodine.
Le 15 août 1944 célèbre une victoire, une victoire militaire, alors que la garnison allemande capitulait, Évian devenait la première ville libérée de Haute-Savoie par les forces de la Résistance. Ce jour historique marque un tournant dans notre mémoire collective, empreint de dignité, de reconnaissance et de transmission.
15 août commémore un sursaut. Il honore un refus : le refus de la soumission, le refus de l'injustice, le refus de l'arbitraire. En ce sens, il n'appartient pas au passé, il appartient à l'élan. Il est ce moment unique où un peuple choisit de devenir acteur de son destin, où l'histoire cesse d'être subie pour devenir voulue. Depuis 81 ans, cette date éclaire notre chemin.
Le 15 août ne nous dit pas que tout est acquis, Le 15 août nous dit au contraire que tout reste à préserver. Car ce qui fut conquis peut-être perdu. La liberté peut se faner si nous cessons de la nourrir. L'égalité peut devenir un leurre si l'autorité n'est plus respectée. Et la fraternité peut disparaître si l'ordre est méprisé.
Voilà pourquoi le 15 août n'est pas la fête d'une victoire, mais la célébration d'un combat jamais achevé. La République, disons-le, n'est pas un confort. Elle est une exigence.
Aujourd'hui, devant le poste de police d’EVIAN les Bains, nous sommes réunis pour nous souvenir et transmettre le courage de ces 28 217 femmes et hommes appartenant à 51 pays, dont 4381 Français et parmi eux il y a 107 hauts Savoyards dont vous Monsieur Lucien PICOT qui avait été honoré le 18 avril 1989 du titre de juste parmi les nations représentant la plus haute distinction civile de l'État d'Israël.
Monsieur Lucien PICOT vous avez désobéit pour sauver.
Monsieur Lucien PICOT vous étiez inspecteur de police ici même à Évian les Bains, et durant l’occupation vous avez enfreint la loi inique de l’état de Vichy et de l’occupant nazi pour sauver de nombreuses vies, en mettant en sécurité enfants, femmes et hommes persécutés par l’occupant et les hommes de Pétain, qu’ils soient juifs ou résistants.
Monsieur Lucien Picot du fait de vos fonctions vous étiez informé des rafles en préparation, et ainsi vous avertissiez les personnes recherchées, fournissant papiers d’identités et cartes d’alimentations.
Monsieur Lucien PICOT vous avez aidés ces proscrits, en utilisant votre coupe fil de police, afin de faire franchir clandestinement la frontière franco-Suisse, permettant ainsi d’échapper aux rafles, aux arrestations, à l’emprisonnement, aux tortures et à la déportation, de ces personnes recherchées, on parlera souvent à l’issue de la guerre du réseau de la région du Léman.
Monsieur Lucien PICOT vous avez fait preuves d’un courage exemplaire dans une période dangereuse ou la délation était monnaie courante. Votre prédécesseur ayant été arrêté et déporté pour être venu en aide aux personnes recherchées.
Monsieur Lucien PICOT la moindre erreur pouvait vous couter la vie.
Monsieur Lucien PICOT, nombreux sont ceux qui grâce à vous ont échappé à la mort.
Le devoir de savoir précède le devoir de mémoire et il est nécessaire de le transmettre, c'est dire la vérité. La vérité, c'est que ce crime fut pensé par l'occupant nazi, mais avec le zèle des autorités françaises. Car la chasse aux juifs, fut ordonnée par l'État de Vichy et menée par des miliciens, GMR, policiers et gendarmes français. Des hommes qui portaient un uniforme, l’uniforme français, mais qui, malheureusement, ne servaient plus la République.
Il y avait environ 320.000 juifs en France en 1940. 76.000 ont été déportés, 2551 seulement sont revenus, et parmi ces derniers aucun enfant.
Merci à vous Monsieur Lucien Picot que cette modeste plaque soit le témoignage de notre reconnaissance car :
« Qui sauve une Vie sauve l'humanité entière »