Le travail normal d’un policier dans un pays en paix est d’arrêter les auteurs de crimes et de délits. Ce travail là, nous devions le faire, mais dans des conditions particulièrement difficiles.
Les crimes et délits que les auteurs essayaient de mettre sur le dos de la résistance venaient s’ajouter aux affaires engendrées par la guerre.. C’est ainsi que nous avons dû élucider un crime particulièrement horrible. Nous avons été prévenus vers 6 heures du matin qu’un homme gisait au bord de la route au dessus de l’X. Nous nous sommes immédiatement rendu sur les lieux avec la « traction » du service. L’homme était étendu au bord du fossé, le crâne en bouillie, des morceaux de cervelle avaient été projetés jusque de l’autre coté de la route. Il était méconnaissable. Nous avons recherché sur place tous les indices et nous avons trouvés l’arme du crime, un énorme gourdin sur lequel adhérait encore un morceau de cuir chevelu. Nous avons rapidement identifié la victime, Il s’agissait de P.B*******. de Vérossier, qui était descendu le jour même à Evian pour placer de la viande car il se livrait à l’abattage clandestin. Au cours de l’enquête, nous avons appris qu’il avait rencontré au cours de son retour les frères D******, D****** et C******. Il faisaient aussi de l’abattage clandestin. Cette affaire n’avait rien à voir avec la Résistance et les quatre inculpés furent présentés au juge d’instruction de Thonon , Me. Pfimelin qui , par la suite, est devenu Président du Conseil sous la quatrième république. Les quatre inculpés furent condamnés à de lourdes peines de prison.