En ce qui concerne Sissi Meynet et moi, nous nous mîmes au travail immédiatement. Les autorité et notamment le préfet avaient entériné notre nomination par le comité de libération. et on avait mis à notre disposition la propriété « le Chablais », qui est devenue une clinique par la suite. Nous avions du personnel : secrétaires, dactylos et des militaires FFI chargés de la garde des prisonniers. Toutes les affaires que nous avions à traiter étaient des affaires de collaboration. Plus ou moins graves. On nous amenait des gens en « vrac », à nous de les interroger et de déterminer s’il étaient coupables. On devait établir dans la mesure du possible les motifs, le degré de culpabilité, prendre les déclarations par procès-verbal et le transmettre au procureur de la République à Thonon. Notre travail était intense, il fallait discerner les affaires importantes, réaliser des procédures logiques établies sur des faits matériels et des témoignages absolument sûrs. Il est à regretter que parmi ces affaires, il se glissait des règlements de compte, des animosités entre voisins et parfois entre parents. Nous avons eu à démêler quelques affaires sordides qui n’avaient aucun rapport avec la collaboration et si nous ne relâchions pas immédiatement les victimes de ces dénonciations, c’était par mesure de sécurité pour elles. Nous le faisions ressortir dans nos procès-verbaux, ce qui leur a permis par la suite de sortir sans dommage de cette mauvaise passe.