L'alibi du bio pour un projet industriel

Nous sommes tous interpellés par un tel projet d’engraissement de 2000 porcs, à moins qu’un aveuglement matérialiste nous rende indifférents.

Face aux différentes positions, il est important de nous écouter les uns les autres, de bien comprendre qu’il s’agit d’un différend contre l’implantation d’une porcherie et non contre des pesonnes. A une moindre échelle, nous sommes tous responsables de notre avenir et de celui de nos enfants. Cela doit donc stimuler notre raison.

Il est des projets personnels qui n'impactent que l’environnement propre et qui ne concernent que notre responsabilité individuelle. D’autres, plus amples, impactent l’environnement collectif sous plusieurs formes : pollutions et autres…. Et surtout la façon économique dont s’organise la production envisagée : des agriculteurs contraints en partie d’abandonner leur emploi aux puissants de ce monde, ce qui illustre la main mise de la finance sur le travail.

Pour ceux qui ont eu l’occasion de lire Pierre Rabhi, l’aérobiologie, ce ne peut pas être l’industrialisation des surfaces et des élevages qui a des effets pervers sur la ruralité et entraîne l’exclusion et le chômage.

Ce projet de porcherie a des apparences trompeuses cachant des tenants et des aboutissants dommageables !

Nos inquiétudes s’inscrivent dans un courant de pensée tout à fait actuel et justifient notre opposition.

Qui peut nous écouter et répondre à nos questions ? Un tel nombre d’animaux nous fait réagir. L’utilisation massive de produits sanitaires est inévitable ; de même que la pollution olfactive, la pollution des nappes phréatiques et la consommation de grands volumes d’eau. Cette surconsommation d’eau est en concurrence avec l’irrigation alors que l’on connaît de plus en plus une sécheresse chronique.

Quel est l’impact sur les « petits éleveurs bio » de la région alors que seulement 2 emplois sont annoncés pour le projet en discussion ?

Qui prendra les décisions ? Les actionnaires majoritaires (70 %), représentants l’élevage porcin breton dont les nuisances ont été largement dénoncés ou les agriculteurs locaux porteurs du projet qui ne « pèsent » que 30 % sans même détenir la gérance de la société ?

Voici quelques temps déjà, des agriculteurs de Charroux ont déversé du fumier sur les parking des grandes surfaces pour manifester leur mécontentement face à des abus ; d’autres se sont mobilisés pour créer des circuits courts afin de mieux vivre. La philosophie de cette démarche est liée à une agriculture paysanne et à l’agrobiologie.

L’empreinte carbone de l’élevage bio envisagé à Charroux

Les porcelets naissent à Derval (Loire-Atlantique). Toutes les 6 semaines, ils sont transportés en camion 300 kms plus loin, à Charroux, pour y être engraissés. D’autres camions les chargeront pour leur dernier voyage, toujours de 300 kms, mais cette fois pour La Guerche de Bretagne (Ile et Vilaine) où ils seront abattus.

Au bénéfice de qui ?

Le donneur d’ordres du projet sans lequel le financement de 6 millions d’euros n’aurait pu être obtenu auprès de plusieurs banques, c’est ….. INTERMARCHÉ !

La totalité de la production sera en effet livrée à Gâtine Viandes, une filiale d’Agro Mousquetaires, un des bras armés du groupe Intermarché.

Ce qui fait écrire Xavier Benoit (La Nouvelle République du 16/12/2017) :

« A Charroux, la guerre de la bio a déjà commencé. Elle oppose puristes, pionniers d’un modèle agricole où « dix petites fermes valent mieux qu’une grande » et les pragmatiques, opportunistes des investissements de la grande distribution décidés à participer au « manger sain ».