J6 : L'étape


23 KM

Départ de la cale du port de Langoiran : 15 h  30

Pause au port de Bègles : 17 h

Arrivée au ponton d'Honneur de Bordeaux Fête le Fleuve : 18 h 30

Fin de l'étape chez les Marins de La Lune (écosystème Darwin) : 20 h

9h: La soirée d'hier a tourné à l'orage et la nuit a changé la donne pour ce dernier jour. La fraîcheur et la pluie sont annoncées jusqu'en fin de journée. 

Nous passons la matinée à organiser cette dernière journée, qui s'annonce compliquée. Vent, pluie ne sont les bienvenus pour naviguer sur cette portion de Garonne. Rien ne doit être improvisé sur cette étape courte et technique.

Il y a d'abord les horaires des marées. Il faut attendre que la marée soit haute, puis qu'elle commence à se retirer pour se mettre à l'eau pour descendre avec elle.

Il y a aussi le vent, qui peut décaler la marée quand il est fort.

Il y a ensuite le débit du fleuve qui amplifie ou atténue le phénomène naturel des marées.

Il y a enfin le Pont de Pierre, cet obstacle artificiel qui délimite le domaine maritime. Après lui, c'est la mer qui commence. Pas exactement, mais en terme de navigation, si, un peu. Nous naviguons depuis Toulouse sur des kayaks de mer. Long et effilés, ils sont adaptés pour ces eaux.

Au niveau des piles du Pont de Pierre, la vase limoneuse de l'estuaire s'accumule et créé un relief important sur le fond du lit de la Garonne. Il y a plusieurs mètres de dénivelé entre l'amont et l'aval du pont.

Les piles sont nombreuses et larges, ce qui accentue les remous et "marmites tourbillonnantes"  qui se forment à la sortie du pont à marée descendante.

Le phénomène est le plus dangereux à mi marée par fort coefficient, avec gras débit de Garonne et par jour de vent.

Aujourd'hui Garonne pousse, il y a du vent. Heureusement le coéficient est faible (entre 50 et 60). Il faudra être prudent, et surtout pas trop pressé d'arriver.

 

12h: Portets, de nouveaux amis navigants ont prévus de nous accompagner sur la dernière et plus courte étape. Notre arrivée au coeur de Bordeaux Fête le Fleuve est prévue à l'issue du départ du prologue de la course du Figaro. Impossible pour nous d'arriver avant 17h. L'étale haute de la marée devait se positionner vers 16h. Nous avons calculé 2h30 pour rejoindre le Belem sur le ponton d'honneur, quai Louis XIIX. 

Casse croute improvisé dans la grange du chateau avec nos nouveaux amis aventuriers.


14h: Port de Portets, Dominique et ses amis des Marins de la Lune, Serge et Gérard un habitué que l'on peut voir naviguer sur la Garonne tous les mardis et jeudis matin*, Nathalie de la Rivière, Jeff de Bestofkayak et la sympathique équipe de la Paddle School du bassin d'Arcachon venus avec une authentique pirogue polynésienne.

15h: Las d'attendre l'étale haute, nous décidons pour ne pas prendre froid de nous activer et de partir. Nous sentons immédiatement le flot contraire dans nos bras, mais le plaisir d'être ensemble pour cette dernière après-midi nous transporte. La première demi-heure montre qu'il est difficile de rester en convoi groupé avec autant d'embarcations différentes. Le plus difficile est a venir et prend la couleur gris foncé des nuages qui nous font face. L'averse et les bourrasques nous font comprendre que Bordeaux est encore loin et qu'il va falloir être patients. 

Le groupe est désormais atomisé. Chacun se met à l'abri, rive gauche pour certains, rive droite pour d'autres avec un projet différent pour passer l'île d'Arcins. Rejoindre le port de Bègles sera une épreuve, les creux se forment dès que l'on s'éloigne du bord, le vent d'ouest nous ralenti, les conditions sont rudes, s'arrêter n'est une option pour personne.

18h: nous avons rejoint le port de Bègles en 3h, au lieu de 2h. Le soleil se décide enfin à percer les nuages. On se rassemble sous un carrelet, dans la crème: nous voulons finir groupé, ensemble.


Nous passons le Pont d'Arcins, longeons la rive gauche et ses voies rapides, et déjà se profilent le pont de chemin de fer, puis le pont St Jean et enfin le tant attendu Pont de Pierre. 

Nous sommes sur l'eau et en ville. Le bruit des voitures est très présent, nous l'avions oublié. 

Nous échangeons un bonjour avec des basketeurs qui interrompent leur partie, sur le Parc des Sports de Saint-Michel, aussi surpris que nous de nous trouvés si proches. 


Pas le temps de se déconcentrer, le Pont de Pierre se rapproche. L'obstacle redouté, marque la frontière officielle entre le monde fulvial et maritime (auquel nous venons de goûter avant l'heure). 

Son franchissement sera l'ultime difficulté et aussi notre ligne d'arrivée, symbolique. 

Nous avions convenus de l'ordre de passage. 

Chacun se positionne bien au centre de la première arche, rive gauche et se lance en évitant les remous. 


Les amis et la famille sont sur le pont, ils nous attendent depuis bientôt 2 heures. Nous visons à contre jour le Belem qui nous offre son ventre en récompense, pour l'effleurer de notre main gauche. 

Nous nous posons sur le ponton d'honneur. En haut la fête bat son plein. 

Nous sortons des bateaux, un peu hagards, mais fiers de nous : on l'a fait !


Plus que 2 kilomètres pour rejoindre la rive gauche et la cale des Chantiers de la Garonne pour finir l'aventure.


*Nous reverrons Gérard, lors des éditions qui ont suivies (elles n'étaient même pas dans notre imagination à ce moment de 2017), toujours avec un grand plaisir. Son efficacité sur l'eau et sa technique était vraiment impressionnantes. L'homme était, simple, discret et attachant. Il disparaitra en 2023, dans la Garonne à son retour d'une de ses sorties hebdomadaires, dans un accident tragique. Adieu Gérard.

Il existe d'infinis raisons et points de départ pour rejoindre l'aventure des 6 JOURS DE GARONNE mais la promesse de l'arrivée doit être forte. Participer à la Fête qui chaque année anime les quais de la ville de BORDEAUX.

Les 6 JOURS DE GARONNE étaient intégrés au programme de la Fête du Fleuve en 2017. Elle avait pour thème "Les Aventuriers" ! Cet intégration nous a garanti une arrivée festive et cadrée. D'abord sur la rive gauche pour le symbole et le prestige du ponton d'honneur où stationnent les plus beaux navires de la planète. 

Ensuite sur la rive droite, après une ultime traversée de Bordeaux pour "ranger" l'aventure et son matériel avec les Marins de la Lune à la cale des Chantiers de la Garonne, qui disposent d'un grand parking adapté. Le club-house en mezzanine et sa terrasse offrent un des plus beaux panorama pour admirer un coucher de soleil ou un feu d'artifice. 

Nos amis de Bord'Ostéo sont là pour "détendre" les aventuriers et constater tout les bienfaits réparateurs de 6 jours de navigation sur les organismes. Le lieu qui se trouve au sein de l'écosystème DARWIN, est donc idéal pour de débriefer les 6 JOURS DE GARONNE, autour d'un verre.


L'aventure est réussie, tout le monde à le sourire et déjà nous entendons les premières notes d'une musique que nous ne cesserons plus d'entendre. "C'est quand la prochaine édition ?"