Mardi 07/04/09
Petit déjeuner à l'abri dans la tente car il pleuviote.
On a mal dormi, le vent a fait battre les pans de notre abri toute la nuit.
Bref, on prend notre temps pour décoller....
Nous roulons vers Clarens et en qq km le ciel se dégage : comme souvent ce sont les montagnes qui accrochent les nuages.
J'ai lu qu'il n'était pas partout facile de trouver du carburant au Lesotho, aussi faisons-nous le plein (le réservoir fait 160l!) avant d'y entrer par le poste frontière de Calendonspoort.
Les formalités s'effectuent rapidement et nous quittons la jolie plaine vallonnée de l'Etat Libre d'Orange pour partir à l'ascension des montagnes du Lesotho.
L'ensemble du pays se situe au-dessus de 1400 m d'altitude, ce qui en fait le pays dont l'altitude moyenne est la plus élevée sur notre planète. Il culmine à 3482 m à l'est du Royaume.
La partie ouest est la plus urbanisée mais en quelques dizaines de km nous nous retrouvons au milieu des montagnes arides et croisons de nombreux villages de huttes rondes.
Quelle harmonie!
La lessive est une activité sociale à part entière. Ce doit être moins fun en hiver!
Le cheval est le fidèle compagnon du Basotho: il y en a partout, tous ont fière allure mais leur usage est réservé aux hommes.
Quelques ânes, chèvres et vaches également.
Les bergers sont presque tous chaussés d'énormes bottes en caoutchouc et drapés dans une grande couverture de laine.
Il y a des gens partout : impossible de s'arrêter sans que surgisse en qq minutes un berger qui abandonne ses 3 biques pour venir nous voir et quasi systématiquement tendre la main.
Seule la présence des adultes empêche les enfants de se livrer à ce « petit jeu » qui n'est pas sans danger quand ils courent pour prendre la voiture de vitesse.
Il faut dire que les 2/3 de la population vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
Aussi avant de partir avions-nous rassemblé quelques vêtements, chaussures et livres en anglais pour les donner dans une école.
Depuis qq centaines de mètres nous croisons de petits groupes d'écoliers tous en uniforme : nous approchons d'une école. C'est la fin de la récréation et le « principal » nous demande de l'attendre un peu car il est en train de préparer les fêtes de Pâques avec sa classe de grands : 140 élèves!
Nous devenons aussitôt l'attraction locale pour les petits qui ont fini la classe et les enfants se bousculent pour se faire prendre en photo.
Chacun veut avoir son portrait. Certains sont désespérés de ne pas pouvoir être seul sur la photo car tous s'agglutinent pour y figurer.
Ils prennent le plus souvent la chose très au sérieux.
Les cours se font en anglais dès l'école primaire et les enfants sont très contents de pouvoir utiliser leur savoir pour communiquer avec des étrangers!
Nous nous retrouvons tous les 5 avec les paumes décorées de prénoms exotiques à rallonge.
Echange de bons procédés, nous inscrivons à notre tour nos prénoms sur d'innombrables petites paumes rosées.
Au bout d'un moment, une dame âgée vient dire aux enfants qu'il est temps de rentrer chez eux car leurs parents risquent de s'inquiéter : certains habitent à plusieurs km de l'école et mieux vaut rentrer avant la nuit. Une bonne partie des enfants obtempère.
Certains préfèrent rester et se donner en spectacle!
Les petits aussi, très impressionnés, ont droit à leur portrait!
Ça fait 2 heures qui nous attendons le principal et nous aussi nous aimerions arriver à notre étape du soir avant la nuit : toujours pas de principal en vue....
Une jeune fille un peu timide d'une vingtaine d'année engage la conversation : elle est étudiante à Maseru la capitale et vient tenir la boutique de son frère pendant quelques jours. Elle tient à nous montrer ses propres photos sur son « laptop »!
Ça alors! Si je m'attendais à voir un portable ici, dans cette région dépourvue d'eau courante et d'électricité!
C'est un honneur qu'elle nous fait d'allumer son PC car elle ne pourra pas recharger sa batterie avant d'avoir regagné la ville. Elle nous montre avec fierté les photos de sa promotion d'étudiants et de son université.
Nous n'avons pas bien compris ce qu'elle étudiait, les Basotho ayant pour habitude de parler tout doucement, en murmurant sur un ton monocorde un anglais bizarre. Impossible de savoir où commence et où finit une phrase!
Finalement devant le sérieux de la jeune fille nous lui remettons les affaires que nous avions apportées en la chargeant de les distribuer : elle est très fière de notre confiance et je suis persuadée qu'elle s'acquittera de cette tâche difficile du mieux possible.
Après un ultime échange d'adresses email, nous quittons Mapholaneng et reprenons la route, pensifs....
Parmi tous ces enfants, combien sont orphelins du Sida? Combien sont eux-mêmes malades?
Au Lesotho (source OMS), 1 adulte sur 4 est contaminé.
43000 enfants sont orphelins de père et de mère à cause de cette maladie.
1 sur 6 a perdu au moins l'un de ses 2 parents.
29% des femmes enceintes sont porteuses du virus.
Tous les jours dans ce petit pays de 1, 8 millions d'habitants, 63 personnes meurent du Sida.
L'espérance de vie n'atteint pas 40 ans!
Et pourtant, quels sourires, quelle joie de vivre....
Nous traversons la rivière Orange (Senqu en Sesotho)
qui roule ses diamants jusque sur la côte atlantique de l'Afrique du sud. Elle est bien maigrelette comparée aux cataractes puissantes des Augrabies Falls que nous avions découvertes il y a presque 10 ans dans l'ouest de l'Afrique du sud.
Mais son lit est superbe!
Vu l'heure déjà avancée nous décidons de nous arrêter au Molumong Lodge au sud de Mokhotlong.
Je sais qu'on peut aussi y camper au cas où ce serait complet. Il reste de la place dans le dortoir, très rustique mais assez propre
et dont la vue achève de nous convaincre.
Je sais aussi qu'on peut y faire des randonnées à cheval et les filles y comptent bien!
La petite demi-douzaine de sudafricains présents nous proposent de nous joindre à eux pour le braï mais nous sommes trop crevés et préférons nous coucher avec les poules.
Rendez-vous est pris pour partir en rando demain à 8h.