Je meurs d'envie d'aller voir le parc national de Sehlabathebe, situé dans une région paumée du Sud est du Lesotho. Son accès est difficile et constitue « une aventure » en soi-ai-je lu... Ce serait « un joyau méconnu ». Alléchant non?
Après concertation avec le propriétaire du lodge nous décidons d'y aller par la piste passant par Sehonghong : « not so bad » nous dit-il...
En effet la piste est très roulante jusque Sehonghong, escaladant patiemment chaque repli de ce vaste territoire montagneux.
Une carte est toutefois nécessaire car depuis que nous avons quitté la route A1 à Mokhotlong nous n'avons pas vu le moindre panneau indicateur.
Très peu de voitures circulent sur ces routes: principalement des taxis collectifs pleins à ras-bord.
Cependant chaque carrefour (ils sont finalement très peu nombreux vu la faible densité du réseau routier) est un lieu de rassemblement où les gens attendent qui un taxi, qui un client pour lui vendre ses 3 légumes. La plupart semble être là pour passer le temps en voyant du monde.
Tous vous renseignent volontiers pour vous confirmer la bonne direction : mieux vaut ne pas se tromper vu les temps de parcours dans ce relief montagneux et les difficultés d'approvisionnement en essence.
Les seuls panneaux ponctuant notre parcours sont ceux qui indiquent la présence des écoles : « primary school du district de Sehonghong », par exemple, ce qui est bien utile au voyageur pour le rassurer dans ses choix.
Car en effet, il y a eu des moments où on s'est demandé si on était bien sur une « vraie piste » en particulier après Sehonghong. Nous n'avions jamais parcouru une piste aussi difficile : des déclivités incroyables, des cailloux énormes, des crevasses dans tous les sens.
Il nous a fallu 5 heures pour faire les 50 derniers km!
Mais quels paysages! Un mélange de sud-ouest américain et de nord-ouest argentin!
Nous sommes précédés d'un taxi collectif type combi VW dont on se demande comment il arrive à passer. En fait il va nous distancer de plusieurs km, impressionnant!
Finalement nous franchissons le Matebeng Pass et entamons la descente vers Sehlabathebe.
Il nous faut une bonne demi-heure depuis l'entrée du parc (gratuite et matérialisée par un panneau déglingué) jusqu'au lodge.
Le soleil se couche alors que nous arrivons...
Ouf! Quel parcours en effet! Le Sehlabathebe se mérite! Je pense qu'il doit être plus facilement accessible en passant par la route qui longe tout le sud du Lesotho (à vérifier)
En arrivant nous sommes accueillis par un homme et 3 femmes qui s'occupent du lodge : nous sommes les seuls clients. Nous nous installons dans ce qui pourrait ressembler à une résidence d'été pour le roi : grand salon avec profonds canapés brodés de fils d'or, cheminée design au centre. Salle à manger avec longue table cernée de chaises très rustiques lourdingues dont l'une placée à une extrémité paraît encore plus « royale » que les autres. Nappe et napperons en dentelle.
Portraits de rois et de princes figurant en bonne place dans le salon. Bibliothèque vitrée avec bocaux contenant différents serpents formolés.
C'est vraiment très moche et incongru mais finalement assez confortable. Pas d'électricité donc l'éclairage est fourni par un système de lampes à gaz dont le réseau court dans les plafonds (tout ça fuit un peu et il faut veiller à aérer!). La cuisine est équipée pour faire à manger pour au moins un roi et sa cour. Il y a 4 SDB!
Les 3 hôtesses sont visiblement très fières de s'occuper d'un tel endroit dans ce pays de huttes le plus souvent sans aucune commodité...
Le fond de l'air est très frais à 2400 m et nous sommes bien contents de ne pas avoir à camper!
Jeudi 09/04/09
Ciel un peu couvert ce matin...
Nous avons bien dormi dans notre lit royal « king size of course » avec tête de lit ornée d'une tapisserie encore recouverte de son plastique d'origine.
Nous partons pour une grande balade dans le parc. Pas de plan, pas de carte, l'homme du lodge nous montre du doigt quelques points remarquables et c'est parti!
Nous déambulons dans un dédale de formations rocheuses variées :
arches,
« mushrooms », pools, pozzines
avec en toile de fond les pics du Drakensberg et l'Afrique du sud.
Mélange incroyable d'Irlande, de Sud-ouest américain, de Corse, de Mongolie (enfin il me semble)
Nous avons quelques rayons de soleil, quelle chance!
Plus loin nous rencontrons quelques chevaux destinés à la rando (mais nos postérieurs ne sont pas encore tout à fait remis!)
Dès qu'on s'éloigne un peu les sentiers disparaissent
et la marche dans les hautes herbes n'est pas de tout repos
mais quel régal.
Après avoir fait nos adieux à nos hôtes qui vont retrouver leur solitude loin de tout, nous reprenons la piste vers le col de Ramatselisao
qui doit nous ouvrir les portes de l'Afrique du sud.
Nous manquons de rater le poste frontière, pas signalé.
Le tronçon de piste entre le poste du Lesotho et celui de l'Afrique du sud fait penser à une épreuve de sélection avant d'être jugé apte à descendre au-delà du col : complètement défoncé!
Arrivé au poste sudaf : 100 m de pavés autobloquants parfaitement alignés puis nous retrouvons une piste digne de celle de la veille. Epique!
Nous croisons plusieurs taxis collectifs bondés qui négocient la piste avec une maîtrise incroyable.
Comment font-ils?