Comté de Barcelone

Le comté de Barcelone (du latin Barcinonensis Comitatus1) est à l'origine une subdivision duroyaume wisigoth en Hispanie. Conquis par les Maures à la fin du viiie siècle, reconquis parCharlemagne en 8011, il est intégré à la marche d'Espagne, province frontière face aux musulmans d'Al-Andalus. Des comtes nommés par les souverains carolingiens se succèdent à la tête de ce comté, considéré comme le plus important de la marche.

À l'extinction de la dynastie carolingienne, les comtes se succèdent de façon héréditaire dans la descendance du comte Guifred, dit le Velu. Cette dynastie domine également les comtés de Girone et de Ausone, et rassemble peu à peu sous son autorité directe ou indirecte tous les comtés formant l'actuelle Catalogne : Besalú, Cerdagne, Empuries, Pallars, Roussillon et Urgell.Histoire

Le nom comté de Barcelone en vient à désigner l'ensemble de ces territoires, prédécesseur de l'expression principauté de Catalogne(Principat de Catalunya) et de celle de généralité de Catalogne.

En 985, Al-Mansur, le calife de Cordoue, situé au sud de l'Hispanie, attaque et pille Barcelone, emmenant avec lui de nombreuxesclaves. Le comte Borrell II demande de l'aide à son suzerain Hugues Capet. Sans réponse de ce dernier, le comte prend une indépendance de fait. Paradoxalement, cet évènement marque le début d'une phase de développement de la Catalogne qui entraîne les autres états de la marche espagnole. Dans le pays ravagé, les paysans louent leurs services comme mercenaires du calife. Revenus en Catalogne, ils s'organisent pour s'autodéfendre, utilisent les techniques agricoles connues dans le califat de Cordoue et réinjectent leur solde dans l'économie. Ils construisent des moulins, irriguent la terre. Les échanges commerciaux avec le califat augmentent rapidement. Il en résulte une poussée démographique et technique dès la fin du xe siècle. La poussée monastique et le développement du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle permettent la transmission de cette avancée technique aux autres états de la marche espagnole, puis au reste de l'Europe. Culturellement, les connaissances circulent aussi. Gerbert d'Aurillac, futur pape sous le nom de Sylvestre II, considéré comme l'homme le plus cultivé de son temps, étudie à Barcelone, où il complète sa formation dans le domaine scientifique. Il remet à l'honneur la culture antique à travers Virgile, Porphyre de Tyr, Aristote, Cicéron etBoèce. C'est par ce dernier qu'il s'initie à l'arithmétique. De là, il aborde les calculs pratiques et fabrique une table à compter, l'abaque dite de Gerbert. Autre fait majeur, la présence de paysans-soldats, propriétaires de leur moulin, va conduire à une interprétation non-absolutiste du féodalisme. Les rois d'Aragon devront composer avec un parlement fort. Par le Traité de Corbeil (1258) signé entre les représentants du roi Jacques Ier d'Aragon et ceux du roi de France Louis IX, celui-ci renonce à ses prétentions sur la Catalogne.

Après l'intégration à la monarchie espagnole au xve siècle, la région perd de son importance tant politique qu'économique, ce qui explique qu'en 1641, les Catalans révoltés font appel au roi de France Louis XIII et lui confèrent le titre de comte de Barcelone. En effet ce titre, non féodal mais de souveraineté, est toujours attaché à ceux de la monarchie hispanique.

Notes et références

    1. a et b Charles Maty & Michel-Antoine Baudrand, Dictionnaire géographique universel, 1701, page 145 [archive]

Voir aussi]

Articles connexes

Histoire de la Catalogne