2 De Paris à Madrid à bicyclette en 1893

Résumé de Paris-Madrid à bicyclette en 1893 Edouard de Perrodil. Editions le Pas d’oiseau 2006

Les illustrations sont des dessins d'Henri Farman figurant dans l'édition originale de 1894 reproduits dans la réédition de 2006

Du dimanche 25 juin au dimanche 2 juillet 1893

Le voyage de Paris à Madrid décrit par Edouard de Perrodil (journaliste au Petit Journal) et illustré par Henri Farman (âgé de 19 ans plus connu comme aviateur) publié par les éditions Flammarion en 1894 réédité par les éditions Pas d’oiseau en 2006 n’est certes pas une randonnée de cyclotourisme car le but de cette expédition était de relier au plus vite les deux capitales.

Cependant les conditions du voyage étaient très éloignées de celles des compétitions actuelles et même de celles des courses de cette époque. L’assistance était limitée à un accompagnateur transportant le matériel en train et à celui de cyclistes de clubs locaux aux environs des principales villes ce qui a allégé quelque peu leur peine dans les étapes venteuses. Cependant, nos aventuriers roulaient généralement à 2 (de Perrodil et Henri Farman) ou en groupe de 3 à 5 sur quelques étapes, souvent seuls.

Conditions

Bicyclettes de 12 kg à pignon fixe (quel développement ? Probablement 5 m environ). Pneumatiques (excellents car le narrateur n’a subi aucune crevaison sur 1400 km et son compagnon Henri Farman une seule). Les 2 voyageurs roulaient légers avec cependant au moins le matériel pour les petites réparations et Henri Farman avait une sacoche de victuailles au départ.

Etapes de 200 km en moyenne avec parcours de nuit sans éclairage. Sommeil de 4 h en moyenne en hôtel, une nuit en dortoir et une par terre. Repas copieux dans la journée mais départ le plus souvent à jeun. Faim et soif en Espagne.

Conditions climatiques défavorables dans l’ensemble, tempêtes, vent de face au cours des premières étapes, canicule en Espagne.

Bonnes routes en majorité (cependant leur surface au mieux un peu rugueuse n’est pas celle de nos voies goudronnées) avec des tronçons importants caillouteux, sableux. Parcours très accidenté en Espagne.

Jeudi 29 juin Mont-de-Marsan-San Sébastian : 150 km.

Une agréable journée

Départ 8 h. Le narrateur roule seul par temps très agréable mais sur une mauvaise route défoncée et rugueuse jusqu’aux environs de Dax où plusieurs cyclistes le rejoignent.

Dans ce groupe, Maurice Darmon est un compagnon gai et très agréable qui continuera de conserve sur plusieurs étapes.

Dîner à Dax où Farman arrive.

Après le repas, douche aux thermes.

Départ de Dax à 15 h et arrivée à Bayonne à 17 h 30.

Départ de Bayonne à 18 h 30. On longe la côte basque sur une bonne route. Courte pause à Saint-Jean-de-Luz.

Cette étape agréable à tous points de vue est la plus facile du voyage.

Passage à la frontière vers 20 h 30 (20 minutes de formalités douanières).

Collation au buffet d’Irun. Arrivée à Saint-Sébastien à 22 h 30. Coucher à 23 h dans un dortoir.

Peu de sommeil (bruit, bavardages)

Vendredi 30 juin St-Sébastien-Miranda do Ebro : 170 km.

Les Pyrénées

Lever 3 h. Départ 4 h le ventre vide (une tasse de thé). Parcours à 5.

Tolosa (28 km) à 6 h 30.sans s’arrêter. Route onduleuse jusqu’à 9 h à vélo.

Puis 12 km de montée en grande partie à pied sous la chaleur.

Faim, soif (rien absorbé depuis le départ). Pas d’habitation. . Une auberge au col. Collation de 20 mn (pain, vin, jambon et heureusement de l’eau).

A Alusuada pause dans une auberge : vin sucré et chocolat immangeable. Toujours faim.

Enfin vers 13 h une posada avec repas correct

Départ 13 h 30 arrivée à Vittoria vers 14 h dans une fournaise (125 km depuis le matin). Sieste dans un hôtel jusqu’à 17 h 30 puis bain et dîner. Départ de Vittoria à 19 h. Arrivée à 21 h 30 à Miranda do Ebro.

Samedi 1er juillet

Miranda do Ebro-Mojados : 225 km.

Le brasier et la soif

Départ de Miranda à 5 h après 6 h de sommeil. Etape en 2 groupes de 2.

Mauvaise route montueuse,sa surface devient abominable (8 cm de poussière mêlée de cailloux, racines sur les bas côtés).

Arrêt vers 8 h. Lait et pain sans levain au goût peu agréable. Arrivée à Burgos à 10 h 20 collation.

Départ 11 h 15. Traversée de la plaine de Vieille-Castille (44° à l’ombre) mais bientôt avec le vent de dos sur une bonne route mais la chaleur est implacable.

Arrêts tous les 7 ou 8 km , tête et mains dans l’eau, mouchoirs mouillés sur la nuque. Arrêt buffet de gare de 16 h 30 à 17 h.

Le narrateur boit une bouteille de Champagne exécrable et tiède. La route est ensuite atroce, énormes cailloux et marécages de poussière.

Séjour de plus de 3 h à Valladolid dîner, douche suivis de plusieurs réceptions avec absorption de diverses liqueurs.

Départ à 22 h 45. Malgré la température délicieuse, la qualité de la route, l’absence de vent, les 5 cyclistes sont sans force après les banquets.

Après avoir pensé passer la nuit dehors nos amis se traînent au prochain village où ils trouvent l’hospitalité d’une chambre sans lit. On étale une couverture et on s’effondre.

Dimanche 2 juillet

Mojados-Madrid. 165 km.

Les tortures de la faim et une arrivée triomphale.

Après une courte nuit où le sommeil de notre narrateur est troublé par un chat, départ 5 h.

Route caillouteuse jusqu’à Olmedo à 20 km. Arrêt pour boire du lait et manger un œuf cru.

Le chemin empire, les pierres se mêlent aux cailloux. Aucune victuaille disponible dans les villages.

Le narrateur trouve du lait il en absorbe 2 litres mais rien de solide. Enfin une posada, une auberge espagnole où il n’y a rien.

En insistant on trouve du jambon de consistance granitique. La chaleur est presqu’aussi insupportable que la veille.

Les compagnons lâchent prise et De Perrodil et Farman se retrouvent à 2. A 11 h 30 une borne Madrid à 100 km.

Des groupes de cyclistes arrivent de Madrid.

Après la traversée du Guadarrama à pied (montée de 6 km et descente très pentues, la machine du narrateur n’avait pas de frein), on devine Madrid au milieu d’une grande plaine.

Arrivée triomphale à 19 h : foule enthousiaste, acclamations journalistes, réceptions de clubs vélocipédistes, visite à l’ambassade de France.

Pièce en vers publiée dans le numéro spécial de Veloz-Sport de Madrid

du 3 juillet 1893 lendemain de l’arrivée (traduction)

De Paris à Madrid à bicyclette

Perrodil et Farman, héros de France sont parvenus à parcourir cette grande distance avec leurs muscles d’athlètes. Pleins de bravoure, de vigueur et inaccessibles à la crainte, ils ont accompli leur voyage de touristes à travers les vastes Pyrénées. Franchissant les plaines et escaladant les montagnes, avec les ailes de leur magique instrument, non pas courant mais volant à fleur de terre, ils ont découvert les horizons de l’Espagne. Ils sont venus à Madrid et le peuple, plein d’un frénétique enthousiasme, les acclamés, contemplant leur triomphe et leur offrant l’hospitalité en son sein. Perrodil et Farman, vaillants champions dont la venue, qu’aucun nuage n’a troublée, forme un lien qui renoue indissolublement l’amitié des deux peuples.

Dimanche 25 juin 1893. Paris-Orléans-Tours 246 km

Départ de la Porte Maillot à 6 heures le ventre vide (cependant Farman avait des victuailles dans une sacoche), accompagnés de cyclistes pour quelques km.

Pont et côte de Suresnes, Versailles, côte de Buc, St-Rémy-lès-Chevreuse, Molières (crevaison de Farman).

Les derniers accompagnateurs parisiens rebroussent chemin. Dourdan, traversée de la Beauce à deux. Vent de face de plus en plus violent.

Cet itinéraire par Versailles, St-Rémy et Dourdan qui semble compliqué est pourtant celui conseillé par les guides au début du XXème siècle.

Peut-être en raison des pavés de la route directe.

Arrivée à Orléans à 13 h 30. Déjeuner, départ 14h 45. Toujours vent violent. Arrivée à Blois à 18 h 10. Dîner. Départ 18 h 40.

Le vent se calme et des cyclistes accompagnent à partir d’Amboise. Arrivée à Tours à 22 h 30. Rien à manger à l’hôtel.

En insistant poulet froid et bouillon. Coucher à 23 h 30.

Lundi 26 juin Tours-Poitiers-Angoulême 210 km.

Lever 5 h. Départ de Tours à 6 h sans d’accompagnateurs. Tempête, pluie torrentielle vent de face, route boueuse, graviers.

La pluie cesse après 20 km mais le vent de sud-ouest persiste. Halte à Ste-Maure de 9 h à 9 h 20.

Arrivée à Châtellerault à midi. Repas. Le narrateur repart seul, Henri Farman étant occupé par une jeune actrice rencontrée à l’hôtel.

Cependant de Perrodil roule avec un entraîneur jusqu’à Poitiers à 15 h. Faman arrive à l’hôtel. Mauvais repas. Farman qui prend les devants quitte encore de Perrodil.

Le temps s’améliore et avec la nuit, le vent tombe. Ruffec à 21 h où les 2 amis se retrouvent. Farman épuisé par sa journée décide d’arrêter là.

De Ferrodil repart seul de Ruffec après manger à 22 h 40 mais rencontre un cycliste qui l'accompagne jusqu’à Angoulême.

Arrivée à Angoulême à 2 h. Coucher à 3 h.

Mardi 27 juin Angoulême-Bordeaux : 132 km

Bain puis coiffeur. Départ après 8 h. Parcours seul. Beau temps. Barbézieux. 10 h 30. Déjeuner à Chevanceaux à midi.

Départ de Chevanceaux avec un entraîneur. Le vent de face revient.

Collision avec l’entraîneur à 7 km de Libourne. Rayons cassés. Des accompagnateurs arrivent et prêtent une machine. La monture cassée est emmenée à la gare de Libourne pour être réparée à Bordeaux.

Pause café à Libourne. Départ 17 h15. Parcours seul de Libourne à Bordeaux. Arrivée place des Quinconces à 19 h.

Télégramme de Farman « pars d’Angoulême à 6 h arriverai à 11 h ». (soit une moyenne de 26 km/h mais personne n’y croit). Il arrivera à 2 h sous l’orage et malade (indigestion).

Mercredi 28 juin Bordeaux-Mont-de-Marsan : 160 km.

Un orage dans les Landes

Matinée repos à Bordeaux (hydrothérapie, coiffeur). Bon repas puis le narrateur récupère sa monture réparée.

Départ 13 h 30. Farman est remis. Beau temps chaud. Langon 15 h 30. Casteljaloux 18 h. Diner. Départ 19 h. Orage.

Chutes dans une nappe de boue imprévue dans l’obscurité. Pas de dégât. Farman est arrêté par une douleur à la jambe droite.

Friction alcool à la lueur d’une chandelle.

Pendant l’opération une vieille (sic) s’approche, une vieille telle qu’on pouvait se figurer les fées de nos contes d’antan (resic) examine la jambe et dit en hochant la tête :

« C’est du repos qu’il faudrait, c’est du repos ! »

Nouveau départ mais après quelques km Farman est incapable de continuer.

Le narrateur abandonne son ami en promettant de faire envoyer un entraîneur de Mont-de-Marsan. Arrivée escortée de 20 cyclistes sous la pluie à Mont-de-Marsan à 1 h.

Cet itinéraire par Casteljaloux est un important détour.

C'est pourtant celui conseillé par les guides au début du XXème siècle y compris pour les automobilistes.

Le guide Joanne de 1907 mentionne la route plus directe par Bazas et Roquefort mais celle-ci est pavée.

Aux environs de Blois

Deuxième étape

Tours-Poitiers-Angoulême 210 km

La tempête

Première étape

Paris-Orléans-Tours 246 km

Aux environs de St-Rémy-lès-Chevreuse

Départ de Tours

Troisième étape

Angoulême-Bordeaux : 132 km

Quatrième étape

Bordeaux-Mont-de-Marsan : 160 km

Un orage dans les Landes

Pause à Chevanceaux

Guide Joanne de 1907.

La carte indique les routes cyclables et les routes pavées

Cinquième étape

Mont-de-Marsan-San Sébastian : 150 km

Une agréable journée

Soins à la jambe d'Henri Farman

Sixième étape

St-Sébastien-Miranda do Ebro : 170 km

La traversée des Pyrénées

A St-Jean-de-Luz

Septième étape Miranda do Ebro-Mojados : 225 km

Le brasier et la soif

Huitième et dernière étape

Mojados-Madrid. 165 km

Les tortures de la faim et une arrivée triomphale

La porte de fer à Madrid

Pour en savoir plus

Paris-Madrid à bicyclette en 1893 Edouard de Perrodil

Présentation de Vélo ! Toro ! Editions le Pas d’oiseau 2006 d’après l’édition originale publiée chez Flammarion en 1894

www.lepasdoiseau.com