SEMINAIRES  EHESS printemps 2022 

Histoire de l’assentiment

Séminaire annuel 2021-22 (hebdomadaire 16 séances de 3h du 21 février au 18 juin, salle A803, 54 Bd Raspail)

  Ce dernier séminaire de recherche de la chaire « Connaissance, raison et normes » a porté sur la notion d’assentiment et s’inscrit dans la continuité du séminaire de 2017 sur les attitudes épistémiques et des séminaires précédents sur la croyance. Il a proposé une brève histoire de la notion d’assentiment en philosophie, en partant des théories des stoïciens sur la sunkatathèsis , de la double conception de l’assentiment chez les sceptiques, des distinctions augustiniennes sur la foi et la croyance, pour examiner les positions thomistes et occamistes, puis les théories cartésiennes du jugement et de l’erreur, celles de Leibniz et de Spinoza, l’éthique de la croyance de Locke et de Hume, la classification des modes du croire chez Kant, puis celle qu’on trouve chez Newman, Brentano et Meinong , enfin la synthèse de Russell, Ramsey et des premiers pragmatistes. Les questions qui ont été au centre du séminaire se construisent autour de trois problèmes. Le premier est celui de la nature  et de la variété de ce que l’on peut appeler les attitudes doxastiques telles que: croyance, assentiment, jugement, supposition, présomption, certitude, doute,  foi, connaissance. Le second est celui de la nature des entités qui sont en relation avec ces attitudes : représentations, propositions, idées, phrases. Le troisième est celui de savoir si ces attitudes sont déterminées par les raisons ou les preuves, et si elles peuvent être sous le contrôle du vouloir et ainsi relever de la responsabilité des agents. Les différentes taxinomies des attitudes varient en fonction des réponses à ces questions. On a mis particulièrement l’accent sur deux oppositions majeures : l’une entre les théories, essentiellement empiristes, qui visent à unifier les attitudes doxastiques autour de la notion de croyance, et les théories, essentiellement rationalistes, du jugement, qui sont plus attentives aux diverses formes d’assentiment et plus attentives au rôle de la volonté, l’autre entre les théories qui expliquent l’unité de la proposition comme une prédication opérée par l’esprit, et les théories qui reconnaissent d’emblée la relation entre le jugement et ses objets propositionnels. Le fonctionnalisme en philosophie de l’esprit, de Ramsey à David Lewis, est l’héritier des premières. Les conceptions plus proches de la phénoménologie de Brentano sont les héritières des secondes. Ces questions de psychologie philosophique interfèrent de manière complexe avec celles métaphysiques, sur la nature de la liberté dans le jugement, et celles épistémologiques, des conditions de la connaissance.