Croix Glorieuse

La Croix Glorieuse 

A première vue, cette croix ressemble à un crucifix.

Toutefois, on est rapidement frappé par quelques détails inhabituels :

Le Christ n’est pas mort ni appesanti par le poids de son propre corps, ses yeux sont ouverts, son expression sereine et méditative.

Il n’est pas non plus cloué sur le bois de la croix. Au lieu des coulées de sang habituelles, deux rayons sortent de son côté… .

L’icône du mystère de la Foi

Ces quelques détails sont significatifs de l’intention de l’œuvre : ils font de cette croix une synthèse de la Foi chrétienne. 

Il est mort sur la croix.

S’appliquant à lui-même l’enseignement qu’il nous a donné – il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis – il choisit d’offrir sa vie pour racheter tout péché.

Il est ressuscité selon les Écritures.

Comme il l’avait annoncé. À l’époque de son ministère, la résurrection était déjà enseignée ; mais en l’incarnant, Jésus a pris par surprise tous ses disciples.

Il reviendra. 

L’action du retour du Christ est multiple :

Déjà, dans le cœur de chacun, il revient individuellement par la prière, les sacrements et tout acte d’amour authentique.

Il revient dans son Eglise à laquelle il donne la puissance de l’Esprit Saint. Et finalement, à la fin des temps, il achèvera son œuvre de Salut pour que se réalisent toute justice et l’avènement de son Règne.

Dans la liturgie Eucharistique, au cœur même de la prière, formant un seul Corps, nous sommes tous invités à proclamer en une seule phrase la synthèse de notre Foi : l’anamnèse.

Cette croix est l’icône de l’anamnèse de la Foi chrétienne. 

La Croix Glorieuse

Le premier élément de cette peinture est la croix. Cette silhouette sombre et austère nous rappelle les conditions tragiques de la mort du Christ. Le deuxième élément, outre le liseré d’or qui entoure la croix, est le fond jaune lumineux. Cette association d’or et de lumière évoque clairement l’intention de représenter une croix glorieuse, celle qui a traversé la mort et a été exaltée.

Ce grand paradoxe féconde toute la spiritualité chrétienne : Dieu a choisi ce qui est le symbole de l’échec et de l’humiliation pour en faire l’instrument du Salut.

Le tombeau d’Adam

Tout en bas de la croix, se trouve une représentation du tombeau d’Adam. L’obscurité qui s’en dégage évoque spontanément la mort. Mais, le fait que ce tombeau apparaisse sous les pieds de Jésus, signifie aussi explicitement le pouvoir qu’il a sur la mort. Traditionnellement, dans la culture du Moyen Orient, être situé sous les pieds, c’est la posture de l’ennemi vaincu, comme lorsque David pose le pied sur la nuque du géant Goliath. Par sa mort, Jésus a vaincu toute mort.

Mais c’est aussi le tombeau d’Adam. La tradition, en effet, situe la crucifixion de Jésus sur le Golgotha – le lieu du Crâne – tombeau d’Adam. La composition fait alors apparaître Jésus comme le Nouvel Adam, comme si l’humanité renaissait avec sa Résurrection. Cette image de Jésus comme Nouvel Adam va surtout s’imposer lors de la première apparition au matin de Pâques à Marie-Madeleine, au jardin des oliviers.

Les deux Séraphins

Les séraphins représentent l’ultime rempart entre Dieu et nous. À la fin de la séquence du récit d’Adam et Eve dans le jardin, Dieu place un séraphin (ange de feu) pour interdire l’accès au jardin d’Eden. Mais sur cette Croix Glorieuse, les séraphins ne sont pas représentés comme faisant obstacle, au contraire, ils semblent s’écarter, comme pour nous laisser désormais passer… . Avec la mort et résurrection du Christ, le ciel s’ouvre, le voile du Temple se déchire en son milieu, l’ultime rempart s’écarte, la pleine communion à Dieu nous est offerte.

Entre les deux séraphins, l’écriteau porte, en latin, l’inscription que Pilate avait ordonnée : « Jésus le Nazaréen, le Roi des Juifs ».

Sainte Marie

Marie, la mère de Jésus, se tient à sa droite. Elle est représentée dans la plus ancienne attitude de prière que nous lui connaissons : celle dite de « l’Orante ». Bras levés et mains ouvertes, en prière, elle rend grâce et en intercède tout à la fois.

Elle porte le manteau pourpre de la royauté, le voile blanc de sa pureté et les vêtements bleus de sa maternité céleste.

Les deux rayons lumineux qui sortent du côté du Christ – et qui symbolisent le don de l’Esprit – sont orientés très naturellement vers Marie comme icône de l’Église.

Saint Jean

La vocation fondamentale de l’Eglise est de garder et de transmettre la Bonne Nouvelle. Saint Jean en est ici le symbole éclatant. Par l’attitude de ses deux mains, il crée le lien entre l’Évangile qu’il vénère en le tenant dans son manteau et le Christ qu’il montre comme l’auteur de l’enseignement qu’il contient.

Le Christ

Le but de l’iconographie chrétienne, est d’exprimer la Foi, ainsi Jésus est-il représenté vivant : il est Le Vivant de toute éternité.

Son expression le place au-delà de tout sentimentalisme réducteur. Il est là. Il nous regarde. Et à elle seule, sa présence paisible est un acte d’amour.

Sa chair est peinte comme étant transfigurée. C’est une chair de lumière. Son pagne, par sa blancheur, accentue la glorification de la Révélation.

Dans l’auréole, en hébreu, les quatre lettres saintes désignent le nom que Dieu à révélé à Moïse au buisson ardent.

A sa droite, IC XC sont les abréviations grecques de Jésus Christ.

Prière au Christ de la Croix Glorieuse :

Seigneur Jésus, donne-moi la grâce d’être nourri par l’essentiel.

Tant de bonnes choses sur cette terre finissent par me distraire de mon intention profonde de vouloir aimer mon prochain, en apportant à ce dernier la Paix et la Joie que j’ai apprise de Toi.

Je suis si oublieux de la fragilité de ma vie terrestre, que j’agis comme si je ne pouvais mourir. Le péché, la mort, c’est l’isolement. S’approcher de Toi, c’est entrer en communion avec tous.

Par la grâce de ta Croix Glorieuse, apprends-moi d’abord à prendre pleinement conscience de ma condition terrestre.

Ta résurrection n’est qu’une idée mystérieuse tant que je ne l’incarne pas dans des choix de vie concrets. Ce sont les actes de Foi qui transforment le concept de la Résurrection en Bonne Nouvelle.

Nous passons alors, avec Toi, de l’hypothèse à la Foi, de l’incertitude à l’Espérance.

Par ta Croix Glorieuse, Seigneur, donne-moi la force de risquer ma vie pour devenir le témoin de ton amour.

Enfin, Seigneur, ma vie est visiblement habitée par un manque. Et après avoir essayé de le combler par différents biens terrestres, je me rends à l’évidence : ce manque ne peut être comblé que par Toi, mon Créateur. C’est Toi qui m’as voulu, c’est Toi seul qui peux me combler.

Par ta Croix Glorieuse, donne-moi de pouvoir combler, par Toi, ma soif d’amour et de communion. Ainsi ma vie sera-t-elle progressivement habitée par la joie de ton attente.

Jacques Bihin, 2010