SPORT ET CROISSANCE DU JEUNE CHEVAL

        Depuis plusieurs mois des articles alertent sur les réseaux, sur le travail trop précoce du jeune cheval.  Je ne suis pas en accord avec certains raisonnements et je vais faire le parallèle avec l’entrainement des jeunes enfants en ma qualité de kinésithérapeute et d’ostéopathe humain et équin.

      🟢 La photo montre des radiographies d’un jeune cheval avec des plaques de croissances. Ces plaques permettent la croissance des os longs, donc leur allongement. Cette zone se referme progressivement et les radios (poignet ou bassin chez l’enfant) permettent de connaitre précisément l’âge osseux de l’enfant parfois en décalage avec son âge civil. Donc, il n’y a donc pas de lien avec la structure purement articulaire et une future arthrose.

       Une étude sur des poulains a montré sur plusieurs groupes avec des activités variables : soit nulles, soit minimes, soit régulières (marche soutenue quotidienne) que le groupe ayant une activité supérieure présentait à 3 ans, moins de lésions du cartilage articulaire (lésions d’ostéochondroses ou chips) que les autres. Logique, la densité du cartilage est proportionnelle à ses sollicitations. 

▶️Un poulet de batterie n'a pas la même densité osseuse et n'a pas la même résistance ligamentaire qu'un Poulet de plein air 

Dans tous les cas , le cartilage peut se fragiliser en cas d’hyper-sollicitation brutale.

        Dans l’espace, le manque de contraintes sur le squelette en apesanteur diminue de façon considérable la densité des os. Penser qu’il faut laisser grandir totalement son cheval avec peu de contraintes, donc créer une densité osseuse et cartilagineuse minimale puis d’accélérer le travail presque adulte et d’augmenter le poids de la masse musculaire n’est pas cohérent.

        Un cheval est dit adulte à la fin de ses 6 ans (plus tardif pour les P.R.E.), l’homme à 18 ans. En équivalent, un cheval de 2 ans aurait 6 ans. Dans le monde sportif de niveau régional et national, les enfants s’entrainent 4 à 5 fois par semaine. Les études montrent sur des gymnastes de niveau national qu’une activité sportive très intense ne réduit pas la croissance mais la décale dans le temps. Un suivi postural podologique, ostéopathique a toujours été associé et ainsi qu'une alimentation de qualité.

        🟢Mais il n'y a pas que la notion ostéo-articulaire pour le sportif : le développement du volume cardiaque est maximal jusqu’au 14-15 ans de l’enfant par un travail d’endurance (de basse fréquence dit cycle d’endurance fondamentale) .Sans se travail spécifique jeune le moteur sera bridé. La capacité d’éjection du sang, donc la puissance cardiaque se travaille par des fractionnés. Le sportif avec un gros cœur et puissant peut développer un rendement maximal. Le travail, court et intense, trop précoce permet des résultats rapides mais limite le potentiel dans le temps. 

         🟢Les jeunes sportifs font des courtes pauses dans leur entrainement, environ 3 semaines  à 1 mois maximum car les capacités physiologiques diminuent rapidement. La coupure est aussi mentale. La reprise après une longue coupure, même progressive entraine des douleurs ligamentaires, musculaires, et le retour au niveau physique d’avant l’arrêt est définit comme l’équivalent au temps de pose. Ainsi, une trop grosse coupure limitera trop la progression physique.

En résumé :

 Dès 2 ans, chez le jeune cheval, un travail peut être mis en place, régulier, d’intensité légère, avec un travail d’éducation (longues rênes, travail à pied), et progressivement en fonction de son physique et du poids du cavalier : un travail de base monté et d’endurance fondamentale.

Les sollicitations précoces,  adaptées, progressives  et régulières  va permettre au  cheval de densifier son système ostéo-articulaire et tendino-ligamentaire en corrélation avec sa masse musculaire. Les trotteurs pour se qualifier à 2 ans doivent finir leur dernier 1000 m en mois de 1.23mn  et gagneront des courses l'année suivant en 1.18min. Leur système de travail parait pour le coup beaucoup trop intense. 

 L’idée d’une pause très longue d’été ou 3 mois au champ pour qu’il réfléchisse à son débourrage n’est pas cohérente mais très adapté à un modèle financier et d’exploitation du cheval.  Dès qu’il est sorti du pré, c’est pour bosser et comme on paye une pension et un professionnel on optimise  alors que 2 séances  courtes par semaine puis 3, n’est pas rentable .

L'idée est bien  de construire pouvoir construire physiologiquement  son cheval, autant d'un point de vu de sa résistance cartilagineuse par des solliciations variees,