Stess et Tabac

STRESS ET TABAC

Vous avez pris votre décision ! Vous avez décidé de vous arrêter de fumer. Bravo ! Mais, sachez que vous (et votre entourage) devrez vous armer de courage les premiers jours. En raison de la dépendance à la nicotine, le sevrage tabagique est, en effet, souvent source d’énervement et d’anxiété.

Des ex-fumeurs irritables

Il n’est ainsi pas rare que les ex-fumeurs soient irrascibles, agressent leur entourage ou se plaignent de fatigue. Néanmoins, ne vous inquiétez pas trop. Ces troubles sont certes fort désagréables mais font partie du syndrome de manque en rapport avec l’absence de nicotine. Ils disparaîtront peu à peu et peuvent dans tous les cas être atténués par la prise de substituts nicotiniques (patchs, gommes).

Le sommeil, qui est souvent déjà de moins bonne qualité chez les fumeurs, est aussi fréquemment perturbé pendant quelques semaines. Les réveils sont plus courants durant la nuit. Il est habituel que les ex-fumeurs se lèvent une heure plus tôt le matin, durant la première semaine tout en ayant l’impression d’avoir mal dormi. Patience. Là aussi, tout reviendra peu à peu à la normale.

Prévenir les symptômes de "manque"

Pour limiter l’apparition de toutes ces phénomènes d’humeur, mieux vaut ne pas choisir le jour “J” dans une période d’intense activité professionnelle ou si vous avez des problèmes personnels ou vous sentez fragile.

Préférez un moment calme comme les vacances. Parlez de votre projet à vos proches, et inscrivez-vous à une consultation de sevrage tabagique comme il en existe aujourd’hui dans de nombreux hôpitaux. Grâce à des techniques de psychothérapie de groupe comportementale et cognitive, vous aurez plus de chances de réussir votre tentative et vous supporterez mieux les inconvénients inéluctables du sevrage.

Les médecins pourront apprécier :

  • Votre degré de motivation, qui conditionne la réussite de l’arrêt du tabac ;

  • Votre degré de dépendance psychologique et physique à la cigarette qui influence l’apparition des “effets secondaires” après l’arrêt.

Ils pourront vous aider à mieux accepter cette période difficile en vous prescrivant pendant 3 mois des timbres transdermiques à la nicotine, adaptés à votre niveau d’intoxication, ce qui permettra de diminuer les symptômes de manque. Attention, toutefois aux abus et il est bien sûr préférable de ne pas fumer sous patch. Un excès de nicotine délivré par un patch peut de façon paradoxale, provoquer l’apparition de troubles du sommeil.

Les gommes à mâcher ou les pastilles à sucer à la nicotine vous permettront aussi de surmonter l’envie de la cigarette, quand celle-ci se manifeste de façon inopinée au moment de la journée.

Tabagisme et symptômes dépressifs sont souvent associés

De plus en plus, les spécialistes du sevrage tabagique recherchent, notamment chez les gros fumeurs, la présence d’une anxiété ou de symptômes dépressifs. Ces derniers sont, en effet, deux fois plus répandus chez les fumeurs. Lorsqu’ils sont trop importants, les médecins peuvent tout bonnement conseiller aux fumeurs de différer le sevrage. Supprimer la cigarette est malgré tout une épreuve. Il serait imprudent d’arrêter de fumer quand on présente une authentique dépression, car cela risquerait de la majorer et d’entraîner un déplacement vers d’autres formes de dépendance.

Dans d’autres cas, ces spécialistes vous proposeront de prendre pendant quelque temps un tranquillisant ou un antidépresseur sérotoninergique pour vous soutenir. Le Zyban ®, composé d’hydrochloride de bupropion, commercialisé par les laboratoires GlaxoSmithKline est spécifiquement destiné à l’arrêt du tabac. Plusieurs études ont montré qu’il diminue les symptômes d’irritabilité en rapport avec la suppression de la nicotine.

Des petits moyens souvent bien utiles

L’hygiène de vie joue un rôle essentiel pour lutter contre les manifestations désagréables du sevrage tabagique. Il est ainsi particulièrement recommandé de modérer sa consommation de café ou de thé, qui sont des excitants du système nerveux et accroissent l’anxiété. Attention aussi à l’alcool ou à la nourriture !

En revanche, la pratique d’une activité sportive aura l’avantage de vous calmer tout en permettant de lutter contre la prise de poids favorisée par l’arrêt du tabac. C’est le moment d’aller de nouveau à la piscine, de vous programmer de grandes balades… tous les sports qui procurent un effet important de détente. Pourquoi ne pas essayer de faire quelques séances de relaxation, seul(e) ou avec un professionnel ? Pourquoi ne pas prendre une tisane le soir pour faciliter l’endormissement ?

Et surtout, restez optimiste. Une forte motivation est la clef du succès.

Dr Corinne Tutin

Les cigarettes fonctionneraient comme des antidépresseurs

La cigarette chez les personnes déprimées serait-elle une forme d'automédication ? Telle est la surprenante hypothèse de départ d'une étude américaine. Pour la vérifier au niveau physiologique, ces chercheurs ont exploré une partie du cerveau associée à la dépression : le locus coeruleus. Les dépressions majeures et les tentatives de suicide ont été reliées avec de fortes concentrations de deux protéines noradrénergiques dans cette zone cérébrale.

On sait également que les modifications chimiques occasionnées par la nicotine à l'origine de la dépendance psychique et physique sont localisées en partie dans cette région.

Après avoir autopsié le cerveau de 7 fumeurs et de 9 non-fumeurs (tous ayant souffert de dépression majeure), les chercheurs ont observé que les accros à la cigarette présentaient des changements neurochimiques similaires à ceux d'animaux traités avec des antidépresseurs (concentration beaucoup plus faible des deux protéines noradrénergiques recherchées).

Cette étude apporte un nouvel éclairage sur les liens entre dépression et tabagisme. Elle pourrait expliquer le grand nombre de fumeurs et la difficulté du sevrage chez les personnes dépressives.

Mais la cigarette est-elle à l'origine de ces changements ou ces caractéristiques prédisposent-elles un individu au tabagisme ? Des études sur l'animal devront répondre à cette question. En attendant ces prochains résultats, les chercheurs s'empressent de rappeler qu'en aucun cas, leurs résultats ne doivent encourager au tabagisme. Ils espèrent simplement qu'ils permettront la mise au point de meilleures techniques de sevrage tabagique.

David Bême