Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant. Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.
(Rimbaud, lettre du 15mai 1871 à Paul Demeny)
J’ai dit à la narine : Eh mais! tu n’es qu’un nez !
J’ai dit au long fruit d’or : Mais tu n’es qu’une poire !
(Hugo, « Réponse à un acte d’accusation », Les Châtiments)
Dans les nacelles de l’enclume
Vit le poète solitaire
Grande brouette des marécages
(Char, « L’Artisanat furieux »)
Le poète est ascension furieuse ; la poésie, le jeu des bergers arides.
(Char, « Feuillets d’Hypnos » 56, Fureur et Mystère)
Après avoir souffert, il faut souffrir encore ;
Il faut aimé sans cesse après avoir aimé.
(Musset, Nuit d’Août)
La chasseresse sans chance
De son sein choie son sang sur ses chasselas
(Desnos, « Chanson de chasse »)
Mort d’immortels argyraspides
La neige aux boucliers d’argent
(Apollinaire, « La Chanson du mal-aimé, Alcools)