Les Sicre face à l'Inquisition

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Au XIII éme siècle,ce patronyme est très souvent cité dans les enquêtes de l’inquisition :

En 1204, le célèbre ministre cathare Guilabert de Castres avait sa principale résidence à Fanjeaux et y excerçait son ministère.

Plusieurs prédications avaient lieu chez lui et on peut affirmer que toute la noblesse de Fanjeaux et des alentours y assistait.

On y voyait : " ceci d'après les extraits du cartulaire de Prouilles qui est un compte rendu inquisitorial, " ; sur cette liste d’une quarantaine de notable (certains suivront les Mirepoix à Montségur), figure :

Raymond Sicre de Lasserre.

Lasserre de Prouille est à quelques kilométres de Fanjeaux.

Un certain Pons Sicre d’Ilhat et signalé comme sergent d’arme lors de la chute de Monsegur en 1229.

Un témoin nommé Sicre de Casals de Carcossonne, en 1240, est cité dans un procés.

Arnaud Sicre, qui est forgeron à Villefloure, admet, la même année, avoir hébergé à son domicile un hérétique.

Un dénommé Guillaume Sicre de Cornèze sera entendu le 17 avril 1259 par les inquisiteurs.

Son cousin Guillaume de Cavanac,et sa mère seront martyres de leur foi en 1259.

Enfin en 1321 Arnaud Sicre, notaire à Tarascon d’Ariège et agent double, permet l’arrestation de Guillaume Bélibaste.

Il espérait ainsi récupérer les biens de sa mère Sibille Bayle brulée sur le bûcher pour avoir refusé d’adjurer sa foie.

Vers 1240 le nombre des adeptes a sérieusement diminué.

Malgré leur abjuration, on trouve encore quels familles qui n’hésitaient pas à ce compromettre.

Chez les Sicre à Cavanac les parfaits qui sillonnaient en secret le pays trouvaient en leur maison un lieu sûr.

Le lien familial qui unit le parfait et le croyant potentiel est un ciment très fort, dont les bonhommes savent parfaitement jouer.

Pour être proche des fidèles il faut être intégré au tissu familial et vivre avec ces gens.

L’inquisition le comprendra vite, qui cherchera autant à détruire les réseaux familiaux qu’à mettre la main sur les ministres cathares.

Guillaume, sa mère Alazaïs, sa sœur Adalaïs ( qui porte déjà la croix jaune de l'infamie ), son autre sœur Bellisen et son beau-frère Guillaume de Preixan sont cités par les témoignages obtenu par l’inquisiteur.

Les 15 mars 1259 Guillaume Sicre de Cavanac est interrogé en confession.

Le chef de famille, qu’on appelait Sicre tout court, essaya bien de tromper l’official de Carcassonne quand Baudouin de Montfort

l’interrogea à Couffoulens.

Il admet ensuite que des hérétiques ont séjournés chez lui deux à trois jours, l’an passé.

Mais assure qu’il ne les a pas adorés.

Après deux jours dans les cachots de Carcassonne suffirent à le convaincre de parler.

Le 17 mars 1250 , Pierre de Caucers ,Vital, Raymond Tocaire , tous trois de Cavanac et Guillaume Aigabeu de Malives , se rendent caution devant l’évéque de Carcassonne pour Guillaume Sicre de Cavanac sous peine de 30 livres melgoriennes

Ce jour est enregistrée la confession de Guillaume Sicre.

Guillaume Sicre de Cavanac sera brulé au bûcher.

Sa mère Azalaïs terminera sa vie dans les cachots du "Mur" de Carcassonne.

Leurs biens seront confisqués par les éclesiatiques.

Par contre Raymond Sicre, fils de Pierre Arnal Sicre prêtera serment en 1268 et 1270 à l'église Saint Pierre de Cavanac

devant le recteur et l'assemblé.


Historique

« Eglise cathare du Carcassès »

L’Eglise du Carcassès telle qu’elle a été définie lors du concile cathare de Saint-Félix-de-Caraman en 1167 dépasse largement le cadre des environs immédiats de Carcassonne, qui correspond au Carcassès historique, héritier du pagus carolingien.

L’hérésie cathare en Languedoc est bien structurée autour d’une hiérarchie composée de diacres et d’évêques; celle du Carcassès ne fait pas exception à la règle.

Les dates extrêmes où est attestée l’Eglise cathare du Carcassès.

En 1167, se tient à Saint-Félix-de-Caraman un concile cathare qui, entre autres décisions, entérine la transformation de la communauté hérétique du Carcassès en une Eglise, dirigée par un évêque et dont les limites sont alors fixées au nord et à l’ouest.

C’est du début du xive siècle que datent les dernières enquêtes menées contre des personnes du Carcassès.

Entre ces deux jalons, les membres de l’Eglise cathare du Carcassès ont connu une histoire extrêmement fluctuante, depuis la vie au grand jour et en toute tranquillité dans les principaux castra de la région au début du xiiie siècle, jusqu’à la clandestinité, l’exil et la disparition dans la deuxième moitié du xiiie siècle et au début du siècle suivant.

L’hérésie dans la partie occidentale de l’évêché

L’hérésie cathare dans la partie occidentale de l’évêché du Carcassès

Les registres d’Inquisition permettent de reconstituer l’implantation géographique et l’organisation ecclésiale et l’existence d’une véritable structure de l’hérésie dans la première moitié du xiiie siècle.

Il ne faut cependant pas y voir une réplique servile de l’organisation de l’Eglise romaine. Si les cathares ont des diacres et des évêques, ceux-ci se réclament du modèle de l’Eglise primitive, non de celui de l’Eglise romaine que les hérétiques dénoncent.

Les différentes périodes que connaît l’hérésie durant la première moitié du xiiie : après une phase de totale liberté, les bonshommes subissent de plein fouet les effets de la Croisade. La sécurité dont ils bénéficiaient lorsqu’ils vivaient au vu de tous dans les castra n’est plus qu’un souvenir.

Désormais, l’hérésie va progressivement reculer, malgré une courte embellie dans les années 1220.

L’hérésie dans l’évêché cathare du Carcassès a permis de vérifier la pertinence de ce modèle général.

Certaines périodes restent très mal connues, comme les années 1210-1220, pendant lesquelles Simon de Montfort sillonne le pays.

Les années 1220 voient la réinstallation des bonshommes dans les castra à la faveur des victoires occitanes.

Néanmoins, cette situation est très précaire: il ne s’agit en aucun cas d’un retour à la situation antérieure à 1209.

Les bonshommes reviennent ou réapparaissent au grand jour dans de nombreux lieux de la région car ils bénéficient de la protection des seigneurs; là où celle-ci ne leur est pas donnée, les bonshommes ne viennent pas.

La carte des castra où les hérétiques font leur réapparition coïncide avec celle des places tenues par des seigneurs favorables à la cause occitane.

L’exemple le plus éclatant est sans doute Cabaret, castrum dans lequel l’évêque du Carcassès s’installe à demeure durant la décennie 1220.

Carcassonne, quartier général de Simon de Montfort et de l’armée croisée depuis le début des opérations militaires, n’est plus alors le siège de l’évêché cathare du Carcassès, s’il l’a jamais été.

Lorsque les hérétiques s’aventurent hors de ces refuges, ils risquent d’être capturés, comme ce fut le cas pour l’évêque Pierre Isarn.

La fin des années 1220 marque le retour définitif à un état d’insécurité généralisée.

Les places fortes dans lesquelles s’abritaient les hérétiques passent dans la main du roi.

Désormais, les bonshommes doivent solliciter les croyants à titre individuel: il n’est plus question qu’un seigneur accueille au grand jour des hérétiques sur ses terres.

Les années 1240 marquent une autre étape sur la longue route de la clandestinité.

Les bonshommes sont souvent contraints de se réfugier dans les bois ou dans des grottes.

Leur situation est de plus en plus précaire. Les hérétiques ne peuvent plus s’appuyer sur le réseau des maisons dans lesquelles la formation des novices était assurée; le recours aux fidèles est de plus en plus difficile et risqué, tant pour les ministres cathares que pour les croyants; les réseaux de solidarité sur lesquels ils s’appuyaient sont systématiquement détruits par l’Inquisition, qui manie avec une grande efficacité la déstabilisation psychologique des croyants et fait éclater les liens familiaux.


La lutte contre les Cathares

Le concile de Toulouse, réuni au mois de novembre 1229, décrétant dix-huit canons concernant la lutte contre les hérétiques.

Quant au catharisme, son recul à Toulouse et dans les environs à partir de 1229

- les parfaits quittant la cité dès les lendemains de la signature du traité

- résultera de ce manque de sécurité, renforcé par la présence dominicaine et la construction des églises des Jacobins et des Cordeliers.

Les cathares, devenus clandestins mais soutenus par des seigneurs dépossédés et hors-la-loi, les faydits, n’auront qu’une seule solution : organiser des réseaux, une résistance et trouver des soutiens parmi les seigneurs rebelles encore maîtres de leurs châteaux.

Si la paix avec la Couronne semblait définitivement faite, la paix de l’Eglise devenait une autre affaire ...



Dans la nuit du 28 mai au 29 mai 1242, un brutal coup d’arrêt - en lien avec les rébellions récentes des aristocrates languedociens - est mis au zèle inquisitorial dans le Languedoc.

Les inquisiteurs Guillaume Arnaud et Jean de Saint-Thibéry, lors d’une enquête qui les mène à Avignonet, sont assassinés, ainsi que leur suite, par un commando venu de Montségur.

L’assassinat, bien préparé, aurait été commis avec l’accord de Toulouse et avait pour objectif d’enrayer l’action inquisitoriale dans la région. Afin de contrer les enquêtes en cours, les registres récupérés par les membres du commando seront remis à des parfaits cathares.

La réponse de Rome est cinglante : le pape prononce l’excommunication du comte de Toulouse Raymond VII et de tous ses alliés parmi lesquels figurent les comtes de Comminges et de Rodez, Raymond Trencavel et Olivier de Termes.

Si les Dominicains restent dans leur ensemble effrayés par cet acte – refusant même un temps de poursuivre leur mission - la prise de position du souverain pontife les rassure.

Dans un même temps, les défaites du roi d’Angleterre Henri III à Taillebourg et à Saintes devant les armées royales ruinent les espoirs du comte de Toulouse qui avait mis la main sur Albi et Narbonne. La paix de Lorris de janvier 1243 oblige en effet Raymond VII à se soumettre définitivement au Roi de France. Non seulement le comte s’engage à faire prêter serment au roi par tous ses barons, châtelains, chevaliers, et aux consulats mais il livre aussi au roi, pour cinq ans, différentes villes dont Penne d’Agenais, Najac, Laurac et Penne d’Albigeois. De Lorris, Raymond VII écrivit à Blanche de Castille et lui promit de purger ses états de la dissidence cathare. Cette paix permet aux Frères Prêcheurs de répondre à l’attentat et de relancer avec détermination les enquêtes inquisitoriales en Languedoc, avec le soutien du nouveau pape Innocent IV (1243-1254). En novembre 1243, malgré l’hostilité de l’évêque d’Agen et du comte de Toulouse, Bernard de Caux et Jean de Saint-Pierre prennent ainsi en charge les diocèses d’Agen et Cahors, ainsi que la partie Nord du Toulousain, organisant des enquêtes jusqu’en 1247. Guillaume Raimond et Pierre Durand les rejoignent l’année suivante, avec l’inquisiteur de Carcassonne Ferrer qui se chargera en partie des interrogatoires des assiégés de Montségur. Ce dernier avait déjà sévi dès 1242 dans le Lauragais où les interrogatoires qu’il avait laissés apportaient les informations les plus complètes sur le catharisme connues à cette époque. L’assassinat d’Avignonet n’a pas servi la dissidence cathare comme beaucoup l’auraient souhaité. L’Inquisition quadrille désormais les diocèses languedociens, les derniers nids d’hérétiques sont connus par l’Eglise, ainsi que ses défenseurs. Isolés, il ne reste désormais plus qu’à les détruire.

Le sénéchal de Carcassonne en est conscient : le danger vient de Montségur ; c’est donc cette forteresse, considérée par Rome comme le grand sanctuaire de l’hérésie, qui doit être réduite de force.


Le drame de Montségur




Noyau hérétique identifié, Montségur devient alors le principal objectif des armées d’Hugues des Arcis, sénéchal de Carcassonne, appuyées par les hommes de l’archevêque de Narbonne et de l’évêque Durand d’Albi.

Commencé en avril-mai 1243, le siège de la forteresse, marqué surtout par de brefs combats et embuscades puis poursuivi par de longues négociations, s’achève en février 1244 après l’occupation d’une crête voisine du château. La reddition de la forteresse le 15 mars 1244 met fin à un long siège et se solde par la disparition du principal refuge de la hiérarchie cathare. Seuls ceux qui feront profession de foi catholique pourront sortir libres de la place forte. Quant aux autres, ils seront condamnés à mourir. Plus de deux cents cathares seront ainsi brûlés le 16 mars 1244 au pied des remparts tandis que les inquisiteurs, sous la direction du dominicain Ferrer, devenu officiellement inquisiteur de Toulouse après les événements d’Avignonet, interrogent les otages et les survivants selon une procédure inquisitoire originale rapportée dans les dépositions de Montségur qui nous sont parvenues. Ce registre que laisse Ferrer sera le premier registre d’inquisition qui adopte un style dans la forme et l’organisation des dépositions. Ce sera cette norme de rédaction que Rome approuvera dans les années suivantes. C’est aussi le premier document qui, en marge des dénonciations et des accusations diverses habituellement rencontrées dans les dépositions, apporte les informations les plus intéressantes sur la vie quotidienne des cathares à Montségur, leurs rites religieux et les événements marquants de l’histoire du mouvement dissident durant les précédentes années.

À la suite de la chute de Montségur, le Lauragais subit de nouveau la présence inquisitoriale avec Bernard de Caux et Jean de Saint-Pierre. L’enquête menée par l’Inquisition conclue paradoxalement à une présence hérétique relative qui ne touche plus que 10 à 15 % de la population, dans une région pourtant fortement cathare dans les premières années du XIIIe siècle.

Plus de 5 000 personnes seront interrogées par les inquisiteurs dans une centaine de localités de la région. Décapité par la chute de Montségur, le catharisme subit un quadrillage serré de la part de l’Institution qui se professionnalise. Les cathares clandestins et leur hiérarchie émigrent par vagues successives vers la Lombardie.

Par ailleurs, la procédure inquisitoriale, construite et codifiée par les conciles provinciaux successifs, de Narbonne en 1235 à Valence en 1248, se normalise au travers des manuels rédigés par des inquisiteurs pour leurs collègues. Fort de la série d’enquêtes sur Cahors, Agen, Toulouse et le Lauraguais entre 1243 et 1247, l’inquisiteur Bernard de Caux élabore en 1249 un système de procédure inquisitoriale qu’il présente sous la forme d’un manuel, le Processus Inquisitionis. Dans cet ouvrage, à la demande du pape Innocent IV, l’inquisiteur précisera les usages et les règles suivis par l’Inquisition dans le midi de la France et proposera un processus type, procès-verbal d’interrogatoire basé sur une énumération de visions détaillées, permettant d’établir par le tribunal la liste précise des délits du déposant.

Les dépôts d’archives et les tribunaux annexes de l’Inquisition jouent progressivement un rôle déterminant dans la poursuite et l’arrestation des communautés hérétiques, malgré les attaques contre l’Inquisition. Les dissidents en sont conscients. En 1248, on apprend ainsi par une bulle pontificale qu’un clerc et qu’un courrier de l’Inquisition ont été assassinés à Caunes et leurs registres détruits.

La recherche de l’aveu devient une priorité pour l’inquisiteur qui, plutôt que la preuve par témoin, préfère utiliser la détention, devenue une pénitence canonique pour la participation active à l’hérésie.

Ce sont les "mur large" (cellule commune) et "mur étroit" (cellule plus petite et chaînes pour le prisonnier) que l’on retrouve dans les prisons inquisitoriales carcassonnaises à la fin du XIIIe siècle.

La pratique de la torture, autorisée en mai 1252 par le pape Innocent IV est modérée et le personnel inquisitorial sincèrement peu convaincu de ses résultats. Outils non négligés par l'Inquisition, les informateurs jouent leur rôle dans la traque de l’hérétique.

Ce sont parfois d’anciens Cathares "retournés" par les inquisiteurs, tristes personnages comme Arnaud Sicre, proche de l’Inquisition dès 1274, Arnaud Pradier, ancien diacre cathare, Bernard de Lagarrigue, ancien fils majeur de la secte en l’Albigeois ou encore Sicard de Lunel, qui feront tomber jusqu’au début du XIVe siècle les principaux dignitaires hérétiques, infiltrant les communautés clandestines et les réseaux de la diaspora cathare.

Le premier, notaire et témoin, cathare converti, sera un des plus constants informateurs de Jacques Fournier et sera félicité en 1322 par les inquisiteurs Jean de Beaune et Bernard Gui.

Le dernier cité, ancien cathare de l’Albigeois, converti et résidant à Toulouse aux frais de l’Inquisition, apparaîtra à plusieurs reprises dans les dépositions comme informateur et conseiller pour l’institution jusqu’en 1284.

La Pénalité inquisitoriale

Extrait de l’ouvrage de Charles Molinier

L’inquisition dans le Midi de la France au XIII et XIVème siècles

IIIe Partie - ChapitreIV

La seconde mention qui nous a est fournie de la même pêne est tout aussi brève.

Elle concerne un certain SICRE , de Cavanac, qui se trouve assez longuement interrogé par les inquisiteurs.

A l’aube de ces interrogatoires probablement il est condamné à la prison perpétuelle. C’est, du moins, ce que noue indique une note ajoutée eu tête de ses dépositions.

Mais, quel­ques lignes plus bas, son nom se trouve surmonté du même signe que nous venons d'indiquer.

Sur de nou­velles preuves de sa culpabilité, plus accablantes que les premières, ou même sans motif nouveau, comme elle s'en attribuait le droit l'inquisition aura réformé son jugement antérieur, et appliqué au coupable le châtiment suprême de sa pénalité.

Ces indications sur un point si important sont fort légères, nous en convenons.

Toutefois, nous ne saurions admettre qu'on dut conclure de leur rareté;

que la peine de mort ne se trouvât presque jamais appli­quée par les inquisiteurs.

Les documents sont bien assez nombreux pour attester qu'ils n'avaient aucun scrupule à ce sujet,

et peut-être moins encore à cette époque que plus tard.

C'était, en effet, le temps de ces juges que les admirateurs de leur fanatisme impi­toyable ont décorés, ainsi que nous l'avons vu,

du nom de marteaux des hérétiques.

La seule conclusion qu'il faille tirer de tout cela, en somme, c'est une conclusion en quelque sorte négative, par laquelle nous noue bornerons à constater une lacune, dans un manuscrit d'ailleurs singulièrement précieux, ce que nous croyons avoir prouvé de reste.

Mais cette lacune, encore une fois, ne saurait nous étonner.

Nous n'avons pas affaire à un livre de. sentences, comme celui qu'a publié é Limborch, ou comme le recueil de la bibliothèque nationale.

Cela dit, noua n'insisterons pas davan­tage, et nous passerons à la troisième de ces peines, ne des plus considérables du répertoire inquisitorial, la prison.

Ici, nous en avons déjà fait la remarque, nous som­mes plus à l'aise.

Les détails, s'ils n'abondent pas précisément, sont, du moins, en quantité suffisante.

Nous pouvons en tirer une idée assez complète de la peine que nous voulons étudier.

Avec quelques secoure empruntés à des documente voisins, il nous est possible surtout de nous figurer, une chose des plus inté­ressantes, le régime auquel étaient soumis les captifs de l'Inquisition.

Avant tout, nous devons constater, d'après des indications expresses, l'existence d'un certain nombre de condamnés à la prison perpétuelle. En effet, las interrogatoire de quatre hérétiques débutent par une note indiquant qu'ils ont été enfermé' pour le reste de leurs Jour. ( intrusi ).

Parmi ces quatre prisonniers, il y a trois hommes, R. Vilaudriz, Sicre, tous deux de Cavananc, B.Carcassés, de Villefloure, et une femme, Dame Fais, de Cornéze..

II va s’en dire que beaucoup d'autres nous sont désigné. tout aussi incon­testablement, bien que d'une manière indirecte, ainsi que noue allons voir à l'instant.

Dans quelles circonstances et pour quelle sorte de crimes se trouve appliqué ce châtiment, considéré par l'inquisition elle-même comme très rigoureux, cela ne fait pas question.

C'est, bien entendu, toujours pour des faits d'hérésie proprement dite, ou bien pour des délits dans lesquels se montre une complicité plus ou moins manifeste avec des hérétiques;.

Voila, du moins, ce que noua donnent à connaître les déposi­tions des prévenus, dont le procès se termine par une condamnation à la peine dont il s'agit

Mais, d'autre part, ces mêmes dépositions sont trop peu nombreuses, dans le manuscrit dont nous faisons l'analyse, pour que nous soyons suffisamment éclairé sur un autre point d'un intérêt supérieur.

Nous voulons parler de la proportion, en quelque sorte, dans laquelle les accusés doivent s'être rendus coupables des crimes que poursuit l'inquisition, pour que celle-ci leur inflige 1a prison perpétuelle.

Ce que nous savons de l'arbitraire des inquisiteurs, arbitraire qu'ils affichaient, du reste, hautement, ainsi que nous l'avons remarqué, nous autorise à croire sans crainte de leur faire tort, que leur appréciation à cet égard devait beaucoup varier.

Au surplus, nous reconnaissons volontiers qu'une mesure fixe en pa­reille matière était chose fort délicate, sinon impos­sible â établir.

Quoi qu'il en soit, il nous a semblé que c'était en général pour des délits d'une gravité à peu prés équivalente, que le tribunal de Carcassonne, dont nous avons le tableau dans le manuscrit de Clermont, et celui de Toulouse, que nous montre à la même époque le recueil des sentences de la Bibliothèque nationale, enfermaient pour toujours un certain nom­bre de prévenus dans les cachots mis à leur disposition

Sévères dans la teneur de la sentence, les peines inquisitoriales étaient souvent atténuées

dans la pratique. Les prisonniers, même à vie, voyaient souvent s'adoucir leur captivité.

Ils obtenaient parfois des vacances qu'ils allaient passer chez eux, sur la promesse qu'ils

reviendraient au premier appel.

« A Carcassonne, le 13 septembre 1250, à la demande de Guillaume, abbé de Saint-Hilaire , l'évêque Guillem II permet à Alzais Sicre, emprisonnée pour hérésie, un congé de 15 jours, jusqu'à la Toussaint avec permission d'aller

partout où elle voudrait, en toute liberté,

« quod possit esse extra carcerem ubicumque voluerit }}.