M. Dupont-Degoud

09 mars 2009

Les actualités du 9 mars 1909

Deux aéronautes finissent dans l'Escot

Peu s'en est fallu que le martyrologe de l'aéronautique française ne s'augmentât, dimanche de deux nouveaux noms : ceux de MM. Henri Leblanc et Louis Dupont-Degoud qui, partis de Rueil à 6 heures et demie du matin a bord du ballon Risque-Tout cubant 900 mètres cubes, sont allés échouer, vers midi, en plein Escaut, à Dath, près d'Anvers.

On put heureusement, les sauver. Apres avoir reçu les soins que nécessitait leur état, ils ont regagné Paris dans la matinée d'hier. Dans la soirée nous avons pu joindre M. Louis Dupont-Degoud et recueillir de sa bouche l'émouvant récit de l'aventure dans laquelle faillit perdre la vie:

Nous étions partis, nous dit-il, dans d'excellentes conditions, et, de suite, nous atteignîmes une altitude fort élevée, que nous devions conserver pendant tout le voyage. Nous filions à une moyenne de 50 à 60 kilomètres à l'heure.

Notre ascension s'annonçait comme un succès. Je faisais part à Leblanc de mon projet de traverser la Manche quand, soudain, la couche de nuages sur laquelle nous semblions planer s'entrouvrit et nous aperçûmes, distinctement, les contours d'un littoral et partout ailleurs de l'eau, à perte de vue.

Nous étions, alors, à 2900 mètres d'altitude. Je me suspendis à la soupape. Lentement d'abord, puis plus vite, le Risque-Tout se mit à descendre. Mais une nouvelle couche de nuages nous enveloppa subitement, nous masquant la terre. Puis ce fut une rude bourrasque qui se déchaîna et nous entraîna a nouveau. Au lieu d'atterrir, nous tombâmes dans l'eau, a cinquante mètres au moins du rivage.

Nous nous croyions en mer. Fort heureusement, nous n'étions que dans l'Escaut. Il est vrai, qu'a cet endroit — la passe de Dath — le fleuve a une grande largeur, et qu'avec le brouillard, l'illusion était complète. Dans celle position critique, nous n'eûmes qu'une pensée : remonter dans les airs.

Mais l'ancre s'était échappée de la nacelle et s'était enlisée dans le sable. Accrochés aux cordages, nous nous efforçâmes de nous maintenir au-dessus de l'eau, mais bientôt le ballon poussé par le vent se courba et, à trois reprises, nous projeta dans les flots. Heureusement, nos mains n'avaient pas lâché prise, et nous parvînmes à nous maintenir a la surface. J'avais de l'eau jusqu'au cou. Leblanc en avait jusqu'à la ceinture et s'efforçait de me soutenir.

Nous étions découragés, quand un grand coup de vent coucha de nouveau notre ballon et l'entraîna. La nacelle suivit et nous approchâmes d'une sorte de digue. Quelques instants plus Lard, nous abordions : nous étions sauvés... Le Risque-Tout, allégé de notre poids, s'éleva rapidement et disparut dans les airs. Après une demi-heure environ dune marche pénible dans l'eau glacée, nous arrivâmes, enfin, à la côte, sans force, littéralement gelés...C'est là que nous fumes sauvés par les passagers du yacht Joconde qui nous ramenèrent à Anvers.

Le Petit Parisien – 10 mars 1909

de archivist Jérôme - 1803

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DUPONT-DEGOUD (Dupont, Louis- Juste-Armand) D. 21-12-1908.

•demeurant a Paris, est autorisé à ajouter à son nom patronymique celui de

Degoud et à s'appeler légalement, à l'avenir, Dupont-Degoud an lieu de Dupont ...