2009: Maroc, Tour et ascension du Toubkal en solo avec un Carrix

Tour et ascension du Toubkal en solo à pied avec un carrix

Avec un Carrix, ce raid en autonomie, s'est déroulé dans des conditions passionnantes grâce aux nombreuses rencontres avec les marocains, dans des paysages splendides avec de nombreuses vallées encaissées. Les conditions météorologiques furent cependant dures: 2 à 3 heures d'orage par jour avec de la grêle, de grosses rivières à traverser. L'ascension du Toubkal fut une expérience d'équipe multinationale: Norvégiens, Danois, Français, Allemands....

  • Lundi 15 Juin 2009

Imlil - TachdirtMétéo: Pluie / Beau / Orage et Grêle

Dénivelée + : 906 m

Dénivelée - : 287 m

Heure de Marche : 8h26

Nombre de Montées / Descentes : 2

A faire attention: pluies violentes….

Réveil vers 6h30, le temps de tout ranger, c’est finalement à 8h15 après le petit déjeuner que je part et en compagnie de Françoise, rencontrée la veille, qui elle aussi est en retard !!!

Nous montons tranquillement et profitons de ce merveilleux paysage de la vallée, parsemée de somptueux villages où se balade les chèvres et où les pentes sont pourvues de canaux d’irrigation.

De jeunes femmes portent le foin sur le dos que leurs maris ont coupé précédemment à l’aide d’une serpette en acier. Un arrêt pour admirer les champs d’Orge et de Blé, et c’est ensuite le col puis la descente sous la pluie . Un arrêt au soleil pour manger à côté de superbes orchidées et nous recommençons la montées sous de nouveau une pluie battante. Un premier gué en travaux où les ouvriers m’aide à porter le carrix dans la rivière car la pelleteuse a créé une tranchée monstrueuse (la route doit prochainement être goudronnée pour permettre aux futurs touristes d’arriver en car ou en bus) ; un second gué me force à passer pieds nus !!! L’arrivée au village se fait quand à elle en contournant entièrement la vallée (d’où le temps de marche). Il nous faut quitter la piste qui aboutit a un cul de sac par un sentier raide en descente pour arriver au gîte où nous allons passer la nuit, car le temps est à l’orage et il n’y a aucun endroit pour planter la tente. Installation, et diner avant le thé et la douche enfin, après la préparation du matériel, car pour moi demain, l’aventure va prendre un sens particulier avec le passages de sentiers et nombreux cols a plus de 3000 m d’altitude, seul la plupart du temps….

  • Mardi 16 Juin 2009

Tachdirt - Tizi-n-eddi - OukaïmedenMétéo: Pluie au lever, Beau, pluie en arrivant, éclaircie, Orage et tempête la nuit

Dénivelée + : 880 m

Dénivelée - : 627 m

Heure de Marche : 5h50

Nombre de Montées / Descentes : 2

A faire attention: orage et vent violent….

Dure journée, par une montée exténuante depuis Tachdirt où il faut sans cesse chercher où cela passe, notamment dans la première partie légèrement ascendante depuis le village. Chercher le chemin à vue, repérer le minuscule trait, la sente, la ravine qui va me permettre d’avancer. Je rencontre un berger et lui demande « c’est où Tizi-n-eddi ? »: il me montre à gauche et en haut !!! Je m’arrête toutes les dix minutes tant les virages sont raides. Le Carrix chargé à 6 kg se bloque à chaque caillasse, portant le reste du sac sur le dos pour faciliter la progression. 4 heures d’efforts après le départ, je me repose enfin. Au col j’entame la descente par une piste de ski (Oukaïmeden est réputée dans tout le haut Atlas et possède même un télésiège qui monte à plus de 3000 m d’altitude), accompagné par un marocain qui m’a rejoint au col équipé d’une simple veste mamut et d’espadrilles en plastique. Il m’explique que c’est grâce à elle qu’il est allé au sommet du Toubkal. . Cahin-caha, la station de ski se fait de plus en plus proche. Une mobylette, une voiture de français, on me propose des bracelets en tout genre, difficile de faire comprendre que je n’en veut pas tant il insiste. Une heure plus tard, je bois deux coca au refuge du CAF où Michèle la gardienne me donne de précieux conseils pour l’itinéraire de demain et me parle des scorpions pas si méchants selon elle. Installation dans le pré proche. Je fait mes achats d’eau et de piles car le panneaux solaire ne fonctionne pas avec ce temps orageux !!

Il est vingt et une heure quand la pluie qui a commencée après mon repas, semble se calmer. J’entends au loin les grenouilles dans le lac, elles font un sacré barouf !!!

A 23h35, de gros éclairs impressionnants, un vent de tempête m’obligent à m’isoler sur mon matelas et a tenir les parois de la tente qui à tendance à s’affaisser sous les rafales. Je me sent petit, fragile, si démunît face aux éléments, tant ma puissance du ciel est impressionnante !!

  • Mercredi 17 Juin 2009

Oukaïmeden - Azib Tiferguine - Col non marqué à 3100m - Agoun -Timounnar -Anemiter -Tingguist -Timichi

Météo: Beau / Orage et rivière qui monte dangereusementDénivelée + : 589 m

Dénivelée - : 1228 m

Heure de Marche : 7h09

Nombre de Montées / Descentes : 1

A faire attention: rivière qui monte à cause des pluies

Après la nuit mouvementé et très peu reposante au final à cause des rafales de vent très forte jusqu’à 3 hure du matin, le réveil à lieu dans un bordel infini à 6 heure du mat avec un lever à 6h30. Le réchaud fonctionne après un long préchauffage car je tourne au diesel et je peux enfin prendre un petit déjeuner copieux et chaud à base de muesli. Direction ensuite la piste jusqu’au lac, cette fois les chiens qui hier lors de ma courte reconnaissance étaient plutôt du genre « j’aimerai bien manger ton mollet, qu’il est appétissant », sont en train de dormir. Le chemin remonte à droite en longeant une belle rivière parsemée de très nombreuses orchidées violettes, passe à côté d’un village, prend à gauche et remonte en zig-zag jusqu’à 3000 mètres d’altitude. Il longe la vallée en hauteur et je découvre alors que la station de ski est en fait sur un plateau qui domine une plaine désertique et aride. En atteignant les 3100m après de nombreux kilomètres la vallée de l’Ourika se dessine encaissée, étroite. Une nouvelle piste en zig-zag encore plus étroits y descend et je m’y engage avec prudence…

Les différents orage de ces derniers mois ont raviné le sentier, et le carrix escalade ne nombreux blocs, contourne des ravins, mes pieds arrachent au sol la terre et la poussière... Le premier village est difficile d’accès, le chemin qui à remplacé la piste de plus en plus étroit, et les villageois que je rencontre petit à petit, se demandent qu’elle est cette mule que je traine derrière moi ? Premier gué profond, , je passe en rive droite chaussures trempées et perd un sac. Une jeune femme me le rapporte accroché à sa serpette. C’est ensuite dans de l’eau parfois jusqu’au genoux, car la rivière gonfle avec la pluie qui redouble depuis une heure, que je rejoint Timichi et le gîte ou je dort abrité du gonflement de la rivière. Le tajine le soir est somptueux, à l’abri d’une petite lumière éclairé au gaz. L’ambiance y est chaleureuse parmi les randonneurs présents….

  • Jeudi 18 Juin 2009

Timichi - Aguerd-n-Ourtene - l’bbassene -Col à 3172 m -Tachdirt

Météo: grand soleil, brume, pluie l’après midiDénivelée + : 1189 m

Dénivelée - : 874 m

Heure de Marche : 5h30

Nombre de Montées / Descentes : 1

Réveil à 6h30, petit déjeuner à 7h, le Carrix est chargé sur une mule, c’est la solution de sécurité que j’ai choisie pour parer aux inondations qui ne me permettes pas, ce matin de passer par l’itinéraire prévu.J’apprendrais plus tard qu’une Marocaine est morte emportée par la rivière en crue, ainsi que la tente et les affaires de deux suisses, et une autre mule. Aujourd’hui je passe un col à 3172m (demain à 3615 m) et me permettre de réaliser mon parcours en toute sécurité. Bien plus tard, je me fait encore plus peur et cette fois seul…. Le temps est idéal pour cette traversée mais me donne un gout amer. D’abord ca monte raide et mon muletier à décidé de courir un marathon. Mon petit sac à dos doit être chargé à 7 kg, dont 3 litres d’eau pour la journée. On passe d’abord le nouveau village et le sentier monte, tantôt en balcon, tantôt en lacets raides, s’enfonce dans une gorge profonde cultivée est verte. Le village de l’Bbasene se découvre en passant d’abord par des cultures de pommes de terre juste en dessous du chemin, on le traverse alors au milieu (il y a un gîte dans le village au fait) et après une raide montée, on prend à gauche un nouveau chemin en balcon qui permet de bien voir les étagements des cultures du village. Superbe images du muletier. Apres une longue traversée à flanc, on rejoint la rivière que l’on traverse plusieurs fois. En rive gauche, plusieurs petits refuges/bergeries en pierres sommaires, permettent de s’abriter en cas de besoin. J’ai entendu des gens crier, c’est donc que cela doit être de temps en temps habité. Cela continue de monter raide et l’on atteint un col a plus de 3100 mètres d’altitude. Juste le temps de quelques photos et c’est la descente. De temps en temps je passe devant le muletier, rencontre un groupe d’autrichien avec qui je discute.

Durant la descente maintenant encaissée, je redécouvre au loin le col passé le premier jour et rejoint la route par un petit chemin où la mule ne passe pas !!! La fin est de la désescalade. La route qui mène a Tachdirt depuis Imilil est maintenant partiellement goudronnée sur 500m. Dans quelques mois elle permettra aux touristes d’arriver en 4X4, la fin d’une époque…. Je décide de dormir au gite (130 Dirham la demi pension) avec le gardiennage de mes affaires dont le Carrix que pour la première fois je vais abandonner durant quelques jours car il ya trop de passages raides sur ce tour. Le refuge du CAF juste en dessous n’est qu’un simple dortoir sans eau ni électricité et sanitaire. Au village les cultures sont nombreuses et permettent aux habitants de vivre: pommes de terre, maïs, cerisiers, noyers. Dans ma chambre je prépare mes affaires pour les sept prochains jours. J’apprend qu’un groupe de touristes n’a pas pu passer à cause du niveau d’eau, ce sera à moi de faire mes preuves demain, car après le col à 3600 mètres je serai seul. J’ai comme voisin de l’autre côté de la rue, une maison où le sous sol fait office de bergerie, un habitant me fait un signe « attention », j’imagine que c’est interdit de photographier !!! Je charge les piles, fait la lessive mais le temps se couvre et la pluie recommence. Le problème c’est que cela gonfle les rivières empêchant tout passage !!!

  • Vendredi 19 Juin 2009

Tachdirt - Tizi-n-likemt -Azib likemt - Assif Tinzart - Tizi-n-Ouraï - Amsouzart

Météo: Beau / Orage Violent / beau / pluie drue / beauDénivelée + : 1871 m

Dénivelée - : 2407 m

Heure de Marche : 9h46

Nombre de Montées / Descentes : 2

A faire attention: pluies violentes….

6h37, le sac est prêt, les deux autres sacs avec le carrix sont stockées à l’auberge. Je suis juste mort de trouille pour l’étape d’aujourd’hui car je m’élance dans l’inconnu non décrit dans les topos. On me dit de suivre un cours d’eau, mais qu’en est-il exactement? Apparemment c’est un jour sans pluie, ca devrait le faire, même si la journée s’annonce super longue. Après cette longue journée passée à marcher, il y a tant de choses à dire. Elle fut belle, variée, amusante. D’abord le petit dej prit un chouia en retard (Omar le gérant dormait) et le cuisinier s’en va chasser la perdrix (c’était surement elle, hier dans le Tajine). Ensuite le chargement du sac sur la mule et enfin la piste courte du village. Pour rejoindre le col à 3600 m où le muletier me laissera seul, on traverse la piste et on fonce quasi tout droit . L’immense vallon est raide et le muletier préfère prendre les lacets courts qui coupe les longs, un peu plus faciles. Forcement ca va plus vite et comme je suis en forme j’ai tôt fait de le distancer et de l’attendre souvent. Faut avouer aussi que je ne porte pas pour l’instant mon sac. Mais sur les 1200 mètres de dénivelée positif que j’avale, je ne bois pas un seul litre d’eau (sur la mule) et ne mange rien. Mon endurance revient, la forme arrive je me sent bien! Les paysages sont superbes et je me rend bien compte de l’itinéraire un tant soit peu chaotique prit mardi dernier pour mon premier col à 2900 m. Le col atteint, un gros névé en barre l’accès et une fois la mule reposé, le sac déchargé, je règle le muletier qui ne veut pas dormir à Tachdirt (au final une journée de moins pour lui, je me suis bien fait avoir au niveau du tarif, j’aurai payé 3 jours pour 2 effectifs, plus le couteau laguiole en cadeau). Mais au final qu’est ce que cela par rapport à notre niveau de vie à nous ? Donner cela fait aussi plaisir.

Embrassades chaleureuses, il aura été mon amis durant deux jours. Une fois le sac chargé sur mon dos, je descend en courant, euphorique, rejoindre le village d’azib likemt en croisant un troupeau de chèvres et de moutons, prend à droite dans les terrasses dorées de culture et un petit vallon. Un pont et je remonte à gauche pour m’engager dans une étroite gorge ( pas plus de 50 m de large) tout en regardant encore cette vallée fertile où de nombreuses maisons et habitations la parsème. Des marocains sont devant, je croise deux mules chargées de poules vivantes où seul la tête dépasse et m’engage sérieusement dans l’Assif Tinzart où la pluie commence à tomber, la rivière assez forte chantant sa danse de la liberté. Le chemin serpente en rive droite, assez facile. Sauf que 1/4 d’heure après c’est l’orage, le déluge ! Ca vibre de partout, tonne au maximum de sa puissance. Couvert de la veste, je continue à avancer et retrouve les 4 marocains. L’orage se calme, mais le niveau de la rivière à recouvert en de nombreux endroits la sentier que des muletiers auparavant m’avait dit de surveiller et de marcher vite pour éviter d’être emporté par la rivière.. Mes nouveaux compagnons et moi, faisons maintenant route ensemble. Le chemin est inondé. Durant les quelques pauses ils regardent les chèvres et les bergers dans les pentes. Il me disent « Salam » et je comprend pour moi qu’il est temps de partir continuer ma route seul, pour monter depuis le confluent de l’Iferouāne, sur le second col de la journée, le Tizi-n-Ouraï. Pas bien longtemps ! Trois jeunes me rattrapent et c’est en leur compagnie que nous le gravissons. Au col ils descendent directement au village au fond d’une vallée composées de superbes terrasses, magique qui se dessine, sauvage et belle. Je prend un peu plus à gauche pour rejoindre la crête, que je vais suivre en descendant sur son fil, jusqu’à un premier village, puis en retraversant la rivière, enfin Amousouzert où je dort au second gite. Le premier coutait 40 dhr et avait des douches chaude, le second, mon choix, avec une ambiance plus vivante et 3 touristes espagnols avec qui je discute, c’est 30 dirhams, douche froide (ca fait du bien). Je la lave aussi mon slip car je me rend compte que c’est le seul que j’ai pris. Cuisine dans une pièce aménagée en face d’un coq très chantant… Rassasié je part entre deux averses, faire la reconnaissance à la rivière que je dois traverser demain et qui à gonflée à cause des pluies récentes. Je m’amuse aussi à imiter une vache et fait rire tous les jeunes villageois. Un jeune qui parle anglais couramment me propose de traverser avec lui. L’Ambiance est comme je l’aime, conviviale. J’accepte sa proposition et c’est assez facile. Retour seul sous les encouragement des marocains. Vraiment une belle journée avec tout de même deux cols a plus de 3000 m.

  • Samedi 20 Juin 2009

Amsouzart  Lac d’IfniMétéo: volé à 6h41

Dénivelée + : 721 m

Dénivelée - : 201 m

Heure de Marche : 4h30

Nombre de Montées / Descentes : 1

A faire attention: pluies violentes….

Bonne nuit, j’ai juste la trouille de cette rivière. Je met tout en sac étanche (il est 6h42), le slip est toujours trempé, il va sécher sur moi !!! Vers 7h30 je sort du gîte après avoir petit déjeuné, le réchaud ne voulait pas s’arrêter, ca m’a pris plus de temps que prévu. Petit déj au muesli cappuccino sympa !!!

J’arrive à la rivière, dont le niveau à augmenté et je cherche un passage avec un petit marocain. Je garde les chaussures pour plus de stabilité et me retrouve avec de l’eau jusqu’aux cuisses. Check up, je reprend mon appareil photo que j’avais mis dans un sac étanche et je commence la montée dans les villages, le long d’un vallon assez vert, à priori des noyers et d’autres feuillus aux odeurs très persistantes. De temps en temps des jeunes me demandent « stylos, bonbons », etc.…. La piste est assez nette, quelques fois coupées par les ravinements dus aux orages… La vallée s’éclaircie , s’élargie et l’on devine la vallée d’ Amsouszart où je suis arrivé hier. A un virage sur la piste bien marquée, après avoir rencontré deux jeunes filles avec des bébés dans leur dos, je rencontre un homme, la soixantaine, qui m’accompagne d’office. Sauf que je le trouve un peu collant, il m’attend toujours, c’est extrêmement gentil. J’ai envie de discuter mais pas avec lui. Sur ses conseils je prend un chemin qui s’avère plus court et raide alors que je préfère les longs lacets ! Je lui fait comprendre qu’il ne m’attende plus ! Sans doute ai-je été un peu grognon, je m’en veut un peu. Je rencontre ensuite deux belges et un jeune marocain qui descendent du refuge du Toubkal (après l’avoir fait il y a deux jours, avec beaucoup de neige) Ils ont bivouaqué au lac et redescendent sur le village pour remonter dans la vallée à gauche. Demain ils dorment à l’Azib Likemt. Le chemin se fait alors plus grimpant, passe un premier verrou et arrive au lac, que je n’imaginait pas aussi grand ! J’achète de l’eau à un petit marchand dans sa minuscule boutique sur la rive sud du lac, en hauteur. Il me dit de ne pas dormir là bas, au bout du lac car il va beaucoup pleuvoir (j’ai vu !). Je continue sur le sentier qui passe rive gauche en balcon et arrive après un demi-heure à l’emplacement de bivouac sur la moraine du lac, où quelques emplacement sans pierre ont été réalisé, légèrement en hauteur par rapport au lit des rivières quand il pleut...

Aparté:15h00, sous l’orage qui salit ma tente avec les éclaboussures de boue. Je me demande ce que fait le groupe de 3 espagnols avec leur mules qui devait venir au lac et dormir proche de mon bivouac... Pas rassurant, en face de moi et de ma tente s’est crée une grosse rivière marron, rendant le franchissement dangereux pour rejoindre le sentier en hauteur. De l’autre côté c’est plus calme mais l’eau commence aussi à monter. En 10 minutes je me prépare à une évacuation d’urgence. Par chance j’avais emmené tous mes sacs étanches. Fin prêt je me remet à dormir par tranche de dix minutes. Cette tente est exceptionnelle car malgré les tonnes de flotte sui lui tombe dessus, elle résiste et aucune goutte ne vient transpercer, même pas les fermetures éclair…. Après 4 heures d’intenses et chaudes émotion, je recommence à mettre le nez dehors, la pluie commence à se calmer enfin, et la rivière ne monte plus, elle s’est arrêté à 10 cm de ma tente !!! Première fois qu’en 20 ans de montagne et de grimpe je me prend un orage aussi fort sur la figure…. Je vais en reconnaissance pour demain et prend quelques photos de la tente et de la rivière en crue. Je rencontre des marocains qui travaillaient plus haut sur des bergeries, et je leur demandent conseils. Il me disent que pour demain cela risque d’être limite de passer par le col pour rejoindre le refuge du Toubkal. Le chemin est en effet dans un gorge très encaissée et très raide.

Par précaution je décide démonter la tente et de l’installer dans une de ces baraques en hauteur que je ne pouvais rejoindre à cause de la rivière en crue. Je suis du bon côté pour le sentier demain. J’installe une chaise, mon bivouac est fin prêt. Réveil demain à 4h du mat.

  • Dimanche 21 Juin 2009

Lac d’Ifni - Tizi-n-Ouanooms - Refuge Toubkal du Caf (3207 m)

Météo: Grand beau / Grêle à partir de 16hDénivelée + : 1322 m

Dénivelée - : 5347 m

Heure de Marche : 5h33

Nombre de Montées / Descentes : 1

A faire attention: nombreux gués à traverser

Lever à 4h30, départ à 5h30 à la frontale. La nuit à été belle, calme , sereine même si j’ai beaucoup regardé la météo à travers la porte de la moustiquaire de ma tente. Après avoir tout rangé, y compris la chaise que j’avais emprunté (à la période touristique, ces petits cabanes servent aussi de petits magasins et de bar où on sert des coca frais au touristes ou au marocains venus s’y détendre). Mais en 2004, le niveau est monté d’environ 20 mètres et à détruit toutes les constructions en bordure du lac, je part dans cet immense vallon, immense replat pierreux en suivant bien la rive gauche, je croise le troupeau de moutons et de chèvres qui dorment près de la bergerie plus haut: à la frontale cela fait briller des milliers d’yeux qui me regardent avec curiosité. En longeant ensuite de très près la paroi de la vallée au risque de me prendre des pierres, je trouve mon premier cairn, puis les suivants qui s’engagent avec le chemin dans cette étroite et oppressante gorge. Avec le lever du jour, c’est tout de suite plus facile de suivre ce chemin qui passe d’une rive à l’autre, en traversant une rivière avec de l’eau souvent jusqu’aux genoux. Cela se redresse, le lever du soleil donne aux crêtes des couleurs rouge carmin et orange.

J’en bave, le sentier est raide, soutenu par moment par de petits murets de pierre. Les traversées de rivières sont éprouvantes. On passe plusieurs endroits de bivouac possible, avec une petite grotte qui semble aménagée de l’autre côté, et le sentier encore plus raide fait de grands lacets vers la droite, avant, enfin, de revenir sur la gauche et atteindre ce col, passage tant convoité depuis plusieurs heures. En plein soleil, c’est l’apothéose. De l’autre côté, face Ouest, que de la neige ! Le sentier est moins raide, mais glissant. Une fois les difficultés passées, je rejoint un replat et essore mes chaussettes. Le refuge est à 3207 m. Je retrouve un guide marocain et un français avec qui je discute. L’ambiance est chaleureuse. Au menu ce soir, fondu au 4 fromages et potins divers. Demain c’est un groupe hétéroclite qui part pour le sommet, si le temps se maintient.

  • Lundi 22 Juin 2009

Refuge du Toubkal - Toubkal -Refuge du Toubkal

Météo: Beau et grêleDénivelée + : 1057 m

Dénivelée - : 1074 m

Heure de Marche : 6h26

Nombre de Montées / Descentes : 1

A faire attention: vire aérienne juste avant le sommet

Départ à 5h30 précise, après un réveil à 4h30/4h45. Le groupe est composé de 10 personnes, bientôt huit car deux personnes refusent de traverser la rivière. Dès le début on monte raide, pour rejoindre le sentier qui zig-zag jusqu’à un premier replat. De nouveau raide, un nouveau permet d’atteindre un cirque ou des somptueuses parois rocheuses se détachent. Il est temps d’attaquer la partie technique de l’ascension, même si celle-ci ne présentent pas de difficultés majeures. La partie raide terminée, l’épaule enneigée est rejointe. Elle se gravit par la gauche en de nombreux lacets, puis vers 4000 m, une traversée exposée en neige dure, avec 200 m de gaz en-dessous, permet de rejoindre l’épaule finale avec son cairn sommital, pyramidal.

Le temps est superbe et le vent que l’on a eu peu à peu s’estompe. Sommet atteint à 8h30, en 3 heures d’ascension. Après plus d’une heure au sommet, on prend notre temps, photo de groupe, d’autant que d’autres français s’amusent à faire une pyramide humaine. La descente dans la neige est quand à elle plus délicate pour les deux allemands en tennis. Et surtout pour Mohamed un marocain du groupe qui n’est pas à l’aise dans la neige. J’assure donc l’allemand derrière et Mohamed devant.

Vers 11h30 nous sommes au refuge non sans avoir descendu en « ramasse » quelques névés. J’installe ma tente sur un replat, comme les groupes des tours opérators. Un groupe de français d’ailleurs s’installent, ils ont du modifier leur itinéraire en fonction des crues et des rivières à traverser. L’après midi est longue, mais calme entre les diverses discussions avec les randonneurs et les espagnols qui devait me rejoindre au lac d’Ifni. Ils ont du faire un méga détour pour me rejoindre. Je suis le seul à être passé !

  • Mardi 23 Juin 2009

Refuge Toubkal - Azib Tamsoult supérieur (2409m)

Via l’Aguelzim, Un col, Refuge Tazarhart (Lipini), gorges et cascades inférieures

Météo: Grand beau et aversesDénivelée + : 750 m

Dénivelée - : 1553 m

Heure de Marche : 5h14

Nombre de Montées / Descentes : 3

A faire attention: passage de gués

Après une bonne nuit, sauf une bonne piqure à l’épaule, je part prendre mon petit déjeuner au refuge. Le temps est beau, je discute avec une jeune femme néerlandaise qui à laissé ses amis monter au Toubkal, elle est trop fatiguée et fait des études de médecine. Je récolte les dernières infos auprès du gardien et d’un guide local et prépare mon sac. Le sentier part sur la gauche bien en dessous du « Refuge des mouflons ». Je traverse dans la caillasse pour le rejoindre (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué). C’est ensuite un superbe chemin, qui monte en balcons, prend quelques lacets en murets de pierre sèches, rejoint une épaule, et reprend en une longue et belle traversée pour rejoindre l’épaule de l’Aguelzim. Panorama superbe sur la vallée du Toubkal, Imilil. On voit même la pyramide du sommet du Toubkal. Plein nord ensuite par le sommet de l’Aguelzim. Panorama génial à 360 degrés, car ce n’est pas le sommet le plus haut. Retour au col, puis descente dans la combe Ouest en un nombre interminable de lacets… Le sentier traverse sur la gauche. On voit le bivouac en contrebas, mais le sentier continue en suivant a peu près la même courbe de niveau. A unembranchement, je décide de monter au refuge Lipini (accueil très moyen du gardien qui veut faire du change de monnaie, et d’un groupe d’un tour opérator qui me dit même pas bonjour quand j’entre dans le refuge, alors que j’étais venu justement le leur dire). Les muletiers sur place sont plus sympas et me confirme mon itinéraire vers le bas !!! Je retrouve ma bifurcation que j’avais laissé pour monter au refuge et je descend en lacets raides avec de magnifiques vues sur la rivière qui passe à proximité du refuge. M’engage sur la droite dans une gorge étroite bordées de somptueuse cascades (la plus grosse doit bien faire 30 m de haut), c’est splendide mais je ne tarde pas la météo n’est pas sure. Un premier gué avec de l’eau jusqu’à mi cuisse me calme et enfin après une partie en rive gauche plus calme où la vallée s’élargie j’arrive en rive droite au lieu de bivouac, en terrasses, avec un bâtiment qui a même des douches chaudes.

Le système est composé d’un feu de bois qui chauffe une chaudière en fonte, avec un système de tuyauterie qui amène l’eau aux douches et une soupape de sécurité.. Accueil sympa avec du thé. Un groupe de TA est là, sympa. Belle petite averses le soir, je creuse en urgence une rigole avec une bèche pour éviter que l’eau arrive directement sur ma tente du chemin. Ce soir au menu: Aligot Aveyronnais !!!!

  • Mercredi 24 Juin 2009

Azib Tamousoult - col de Tizi Imzic - Imlil Tizai - Tamatert -Tachdirt

Météo: Pluie, BeauDénivelée + : 1137m

Dénivelée - : 1093 m

Heure de Marche : 6h57

Nombre de Montées / Descentes : 3

A faire attention: scorpions

La journée commence fort, le groupe de TA trouve un gros scorpion jaune très dangereux, quoiqu’un peu endormit, sous une de leurs tentes. Au moins 10 cm de long et ca me refroidit grave. Quelques gouttes de pluie, juste le temps d’avaler mon petit dej et le thé que m’offre le proprio du site, et direction le bas pour rejoindre le sentier en balcons, au milieu des genévriers centenaires, de terre ocre qui surplombe la vallée. Cela invite au repos de l’âme, à la méditation.. L’esprit vague dans ces paysages magnifiques. Le col est atteint sans difficultés particulières. Il y a un petit cabanon. Un berbère fonce le rejoindre à toute vitesse, l’ouvre et sort à mon arrivée et à celle des muletiers des tours opérators qui rejoignent le refuge du Toubkal par un itinéraire plus facile que les randonneurs, des fantas, des cocas, de l’eau minérale… La descente se fait sans problème, avec la vue sur Imlil, Tizi Tamatert et Mezic, premier village en rive gauche. Superbe ! L’arrivée à Imlil se fait par le haut. Il est à peine 11h30, je décolle pour rejoindre Tachhedirt après quelques courses. Ensuite direction le gîte où mon carrix m’attends.

La descente par l’autre vallée pour rejoindre Asni me tente et c’est moins fréquenté. En montant au col, je croise un couple et un gros groupe d’ados et d’adultes de l’école anglaise de Paris qui connaissent bien le vieux campeur où je travaille. Je prend alors le sentier direct par de raides lacets proches de la rivière, qui évite la piste à moitié chemin. Je soigne en passant un berbère et je rejoint le gîte où je retrouve Pierre Martin qui est bloqué dans ses ascensions par les conditions météorologiques, et son copain qui semble avoir une gastro.

  • Jeudi 25 Juin 2009

Tachdirt -Ouanskra -Tamegguist-Ikis Imsker-Asni

Météo: Grand beau et chaud Dénivelée + : 100 m

Dénivelée - : 650 m

Heure de Marche : 7h

Nombre de Montées / Descentes : 1 et 30 Km

A faire attention: Piste défoncée par endroits

Le petit dej prêt, je charge le Carrix et descend dans cette superbe vallée. Le Carrix retrouve ses marques, le chargement est équilibré, la descente commence bien. La piste est bonne, les villages rencontrés superbes. La seule difficulté vient des rivières asséchées ou non, dont le lit est défoncé par les différents orages, encombrés de gros blocs et je les franchit donc avec précautions. Après quelques kilomètres je rejoint Amet et deux clients à lui qui m’invite à prendre le thé. Pour rejoindre le village c’est une microscopique chemin que j’empreinte où le carrix passe mais de justesse. A l’invitation du propriétaire, c’est un petite fille qui me montre le petit chemin en balcons pour rejoindre la piste qui descend vers Asni, tant le village est étroit. La piste, elle, se balade ensuite de rives en rives, jalonnées par de splendides villages, de merveilleuse maisons, où les enfants sont très présents des mon arrivée. Cependant c’est grâce un petit groupe de 4 que je franchit un pont construit à moitié, il manque les accès droit et gauche. Petite séance gâteaux et lavage de mains. De l’autre côté de la rive ils m’aide à trouver le bon chemin, tant le manque d’indication rend la chose relativement délicate, vu la précision des cartes qui datent des années 70.

Le chemin se continue alors en rive gauche, entre noyers, chants des criquets et de sauterelles. La Provence que j’aime n’est pas si loin.. La terre est rouge et je croise même, le longs des murets de pierres, de petits écureuils rayés comme au canada., le long d’une magnifique piste sauvage. Je croise un camion qui vient du bas (vers le haut sa passe plus), et me di qu’Asni, mon point d’arrivée et le début de la route goudronnée pour Marrakech est à 4 km. Tu parles !!! Il y en a au moins 10. Je traverse un nouveau pont, avec un gros troupeau de chèvres noires, rejoint la piste q’Oukaïmden que je laisse sur la droite et enfin après environ 30km de descente, rejoint Asni. Quelle belle journée…. Un mini bus me ramène alors a Marrakech où j’attend Bénédicte, qui arrive de Paris, pour la seconde partie du séjour au Maroc, toujours à pied: la traversée Nord/Sud du Moyen et haut Atlas Central.