2007: Hollande, à pied avec un Carrix

Petites vacances improvisées au dernier moment suite à un ras le bol de la région parisienne, du Rer dans lequel aucun respect des autres n’existe, du bruit omni-présent, il était temps de faire un break ! Je retrouve ce compagnon de toujours, ma coquille d’escargot, mon "vrai" chez moi: le Carrix ! Merci François (son inventeur).

La Hollande se dessine grâce à un prix intéressant du Thalys sur internet, et aussi la volonté de connaître un pays dans lequel à priori je ne suis pas favorable: pas de montagne, il pleut beaucoup.... L’avenir va me prouver le contraire…

Premiers pas effectifs avec mon nouveau carrix chargé à 16-20 kg (le premier je l’avais donné à un argentin après la Patagonie). D’abord franchir le bras de "mer" en ferry, qui me sépare de la partie nord d’Amsterdam et de la route pour remonter vers le nord. Ce ferry est gratuit, se trouve de l’autre côté de la gare centrale: environ cinq minutes de traversée au milieu des vélos et des hollandais allant à leur travail.

  • 1er Jour

Amsterdam -> Uitdam

~ 16,8 Km ~ 2h45 de marche effective ~ Grand Beau / Chaud /Orage le soirUne gentille hollandaise m’indique le bon chemin pour rejoindre le chemin côtier. Ainsi mes premiers kilomètres sont avalés en ville, dans une petite forêt. Je traverse un petit pont et rejoint Durgerdam, charmant petit village côtier au bord de cette mer intérieure fermée grâce à une digue en 1932. Ce balader est un plaisir, d’autant que c’est sur une piste cyclable (il y en a autant que de route aux pays bas), les maisons sont côtes à côtes, colorées, en bois, et chacun sur sa terrasse y prend le temps de vivre, de boire un bière ou simplement de discuter. De nombreux canaux de l’autre côté ponctuent la platitude des lieux et assurent aux vaches du coin une herbe verte et grasse comme il faut.

Il y a aussi ces péniches aménagées, ces éoliennes brassant le vent. La piste devient alors plus monotone, en plein cagnard. Qui a dit qu’il pleuvait en Hollande ? Un cycliste me demande: "Où sont tes chiens pour tirer ton traineau ?" , "les chiens ? c’est moi !". Après seize kilomètres huit cent, arrêt au camping d’Uitam, qui fait aussi office de port. Bière, douche et "bouquinage". Dodo... Vraiment une belle journée !!!

  • 2ème Jour

Uitdam -> Marken -> Monnickendam-> Edam

~ 30,9 Km + 2 km (visite d’Edam) ~ 5h35 de marche effective ~ Grand Beau / ChaudChaude et belle journée, après un sacré orage cette nuit. Réveillé à 6h30, je me lève à 8h. Après tout je suis en vacances. Je sort de Uitam, et par une longue digue, rejoint l’ile de Marken, où je prend par la droite et vais rejoindre à un phare, à son extrémité. Magiquement posé, on dirait le mont Saint Michel. Pour le rejoindre, c’est une piste pavée avec pleins de moutons et de taons... On longe cette mer d’eau douce de 3 mètres de profondeur, dont l’histoire est étonnante: En 1916, de graves inondations conduisent les hollandais à envisager des mesures radicales de protection des polders, ces immenses étendues de terre gagnées sur les eaux.

En 1932 les Hollandais fermèrent ainsi l'entrée du Zuiderzee (cette mer intérieure) par une digue, créant ainsi l'Ijsselmeer. Les eaux du fleuve Issel repoussèrent l'eau de mer créant ainsi un lac. Entre 1930 et 1968 des digues intérieures furent construites autour des cinq portions de l'Ijsselmeer. Les polders furent asséchés à l'aide de pompes. Des roseaux poussèrent naturellement sur l'ancien fond marin. Les Hollandais les laissèrent se développer pour accélérer l'assèchement. La transpiration contribua à éliminer l'eau plus rapidement que n'aurait pu le faire la seule évaporation. Quand le sol fut sec les roseaux furent remplacé par du colza. Le colza fut ensuite remplacé par des céréales. Les polders ont été cultivés ainsi pendant cinq ans avant que la terre ne soit propre à supporter des cultures commerciales. Les terres ont ensuite été affermé à des exploitants agricoles ou réservé à l'aménagement urbain.

Le petit village de Marken rejoint, je me balade le long de ses petits canaux et ses nombreux petits ponts-levis qui permettent la circulations des nombreux bateaux adossés à chaque maison. Ici calme rytme avec charme, avec délicatesse. Tout est agencé avec soin, entretenu au milimètre. Pas très loin, cette mer intérieure, juste onduleuse, permet le repos des longs voils blancs. Quels bras brassent l’air. C’est ensuite une longue piste, qui longe un lac et m’amène à Monnickendam, petit village aux maisons typiquement hollandaise. Une immense ligne droite le long d’un canal où se cotoient vaches, petits canaux adjacents, plaines à l’infini verdoyantes.Edam se dessine avec de nouveaux canaux, d’innombrables petits ponts, de petites maisons donnant sur l’eau, aux portes soignées, aux fenêtres fleuries nappées de broderies. Le camping au bord de la "mer" me donne une vue imprenable…

  • 3ème Jour

Edam -> Hoorn -> Wijdenes

~ 28,2 Km ~ 4h55 de marche effective ~ Couvert, maussade…Etape longue, temps maussade, mais je sais maintenant ce qu’est un polder, une digue, un moulin et ca en vaut le coup. La piste est de l’autre côté de la digue (côté polder), en dessous du niveau de la mer. Paysages plats, entrecoupés de canaux où le charme des maisons hollandaises rompt avec la monotonie et la platitude du lieu. Il y a toujours une barque, une nappe brodée à la fenêtre, une jardinière fleurie.

Hoorn est surprenante. Son port est charmant avec sa tourelle médiévale signalant l’entrée, ses nombreux ponts levis et ses bateaux aux quilles latérales formant des nageoires pectorales de poisson. Fondée vers 1300, elle doit sa prospérité au commerce d’outre-mer et à la pêche. C’est à Hoorn qu’est tissé, en 1416, le premier grand filet à Harengs, origine de l’industrie florissante des filets de pêche. En octobre 1573 a lieu au large du port la fameuse bataille navale dite "bataille du Zuiderzee", à l’issue de laquelle des flottes de Hoorn, Enkhuize,, Edam et Monnickendam, villes acquises aux Gueux, défont l’amiral espagnol Bossu. Au 17e s, elle connait sa splendeur comme centre administratif et commercial de toute la Hollande au nord d’Amsterdam.

C’est aussi l’un de six ports de la Compagnies des Indes orientales. La décadence hollandaise du 18e s est particulièrement ressentie par la ville qui doit attendre deux siècles pour se relever... C’est ensuite au-dessus du niveau de la mer, plein Est, durant huit kilomètres, que je rejoint le camping à la ferme de Wijdenes, en ayant un peu mal partout.

  • 4ème Jour

Wijdenes -> Hoorn -> Edam

~ 29 Km + 2 km (ravito à Edam) ~ 5h14 de marche effective ~ Couvert, pluie, beau au camping !Etape faite à un rythme plus cool, douleurs tendineuses oblige, il faut que je m’économise. L’intérêt quand on prend le même chemin, c’est de prendre et faire attention aux détails que l’on à pas vu à l’aller. Les couleurs des polders changent, le temps orageux oscillant avec la percée du soleil. La réserve faunique de Wijdenes est extraordinaire de vie avec ses milliers d’oiseaux migrateurs dont ses centaines d’oies et leurs petits suivant à la queue-le-le. Le parc d’Hoorn longeant la côte est un havre de tranquillité, et même la police se met au vert en faisant ses surveillances en vtt.

De retour au camping d’Edam, mes voisins me demande si j’ai survécu, souriant, sympa, la Hollande comme je l’espérait pas. Moutons aux longues cornes torsadées, visite de canards curieux à ma tente, d’une merle, d’une bergeronnette.

  • 5ème Jour

Edam -> Volemdam -> Monnickendam --> Uitam -> Amsterdam

~ 34,5 Km + 2 km ~ 6h16 de marche effective ~ Couvert, pluie, soleil et orage violent au camping !

16h01, à l’abri sous ma tente, c’est l’orage max. Juste eu le temps de la monter, quelle chance ! 16h30, l’orage à l’air de se calmer, je dois trouver du Pq. Marrant le GPS passe sous le toit de la tente, avec une précision de cinquante mètres. Y à un ronfleur dans la tente d’à côté, ca promet. Bienvenue à Amsterdam.

Etape de retour donc, et le manque d’entrainement se fait sentir, même après quatre jours de marche. Je longe les canaux qui vivent sur un grand bateau me disent bonjour. Il me parle de leur bateau dont les fameux ailerons dont je vous parlait plus haut, servent à le stabiliser en haute mer, car il est a fond plat pour pouvoir naviguer dans cette mer intérieure, qui n’a que trois mètres de profondeur. Je rejoint ensuite l’écluse de l’autre côté du camping, qui permet d’accéder au lac. Une immense digue m’emmène à Volendam superbe petit port, dont la pêche à l’anguille autrefois fut la principale activité. Suivant les rives, je rejoins Monnickendam, toujours aussi jolis. Les faugbourds d’Amsterdam et c’est le camping, à trois kilomètres du centre historique, bruyant !

  • 6ème Jour / 7éme Jour

Amsterdam (visite) & Retour

~ 15 km + ou - ~ 6h16 de marche effective ~ Couvert, pluie, soleil, pluieRéveil à 7h du mat, il ne pleut plus ou presque, je vais prendre une douche chaude. Rangement des affaires (le carrix est dans ma tente, nous sommes en ville: un minimum de précautions est necessaire). Direction la gare (toujours à pieds) via le ferry (l’eau est froide pour traverser à la nage :-). Je me renseigne sur le compostage des billets de train pour le retour, il ne faut pas le faire (plus simple et moins con qu’en France). Temps pluvieux et pas agréable, ou c’est moi qui n’aime pas les villes.

19h56, sous la tente, il fait doux, de belles éclaircies dans le ciel, des pies qui se balladent autour, deux fançaises gonflent un gros matelas pour leur tente. Entre deux bières je me rememore ma journée touristique:Histoire de me reconcilier avec cette ville que je trouve déjà trop bruyante, je part en croisière le long des canaux, j’en ferais deux d’ailleurs, la première étant plutôt une prise de notes et de photos, la seconde pour regarder plus attentivement après une journée de visite. C’est donc à 50 cm du niveau de l’eau que cette ville se découvre à mes yeux. Vu de cette façon, elle a du charme, et sait marier maison flottantes, jolis ponts voutés et maisons anciennes. Après la croisière, laissant un peu le guide du routard, je visite la tête en l’air comme j’en ai l’habitude: Une église et je me retrouve devant la maison d’Anne Franck que je ne visite pas faute de monde, c

omme une immense tour antique. Mieux vaut lire le bouquin une nouvelle fois. Je reviens vers le centre, mange une immense part de frittes et me retrouve en flanat dans le "quartier rouge" où les prostituées sont derrières des vitrines en tenues légères. Je finit par une dernière croisière et le musée de l’érotisme.Finallement je préfère le calme du nord !