Le risque industriel dans la région Grenobloise, où en est-on ?

Date de publication : 23 oct. 2018 14:27:32

Conférence organisée par l’Institut des Risques Majeurs (IRMa) - Vendredi 12 octobre 2018 - Muséum de Grenoble

Avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Département de l’Isère, LAHGGLO, Grenoble Alpes Métropole et la Ville de Grenoble.

Vendredi 12 octobre avait lieu une matinale de l'Institut des Risques Majeurs (Irma), sur le thème du risque industriel dans la région grenobloise. Cette conférence était l'occasion pour Claire Marie N'Guessan et Corine Thievent de la Direction de l'Environnement de l'Aménagement et du Logement (DREAL) de présenter leur travail.

LAHGGLO était partenaire de ce temps fort qui s’adressait en particulier aux habitants de la Métropole.

Retrouvez la vidéo par ce lien

Cadre et contexte Isérois

Après une rapide présentation de la DREAL, Madame N'Guessan fait état du contexte spécifique du département de l'Isère : population importante, contraste Nord/Sud, forte présence naturelle (sismicité, barrages, sécheresse, rivières importantes, biodiversité, parc naturels) et bon dynamisme industriel (certaines plateformes ont 100 ans et de nouvelles installations Seveso apparaissent tous les ans). Tous ces facteurs sont à prendre en compte dans la gestion des risques industriels en Isère.

Actuellement le département compte 33 sites Seveso seuil haut, 20 sites Seveso seuil bas, 4 plateformes chimiques, 70 établissements relevant de la directive européenne IED (relative aux émissions industrielles), 80 carrières et plusieurs milliers de kilomètres de canalisations. Ces sites sont couverts par 12 Plans de Prévention des Risques Technologiques (PPRT) dont 10 sont approuvés et 20 Plans Particuliers d'Intervention (PPI).

2 bassins ont une couverture nettement plus importante que les autres : Vencorex (16km de rayon), Arkema (10km de rayon).

Bases de la gestion des risques industriels

La gestion des risques industriels vise à agir sur l'intensité des phénomènes possibles, leur probabilité et la vulnérabilité des enjeux exposés (humains et matériels). Elle s'appuie sur quatre piliers :

    • La maîtrise à la source dont l'objectif est de limiter la quantité de produit stocké sur le site et de faire en sorte que le placement du stockage soit le plus loin possible des habitations et autres enjeux.
    • La maîtrise de l'urbanisation dont l'objectif est d'empêcher la construction de nouveaux enjeux dans la zone de risque ou d'adapter ceux déjà existant. Cette maîtrise est notamment possible grâce aux PPRT.
    • La maîtrise des secours, dont l'objectif est de préparer au mieux la réponse des secours en cas d'accident. Elle n'a pas été abordée ici.
    • Et enfin la sensibilisation dont l'objectif est d'informer au mieux les habitants des risques présents sur leur territoire et des comportements à adopter en cas d'accident.

Cette conférence a été l'occasion d'approfondir principalement la question de la maîtrise de l'urbanisation et celle de la sensibilisation.

Maîtrise de l’urbanisation

La maîtrise de l'urbanisation se fait différemment selon la dangerosité de l'établissement dont il est question.

    • Quand un établissement est classé Seveso seuil bas, la seule action nécessaire est la réalisation d'un Porter à Connaissance (PAC) auprès du Maire. La gestion du risque revient ensuite à la Mairie
    • Quand un établissement déjà existant est classé comme Seveso seuil haut, on met en place un PPRT.Enfin quand un nouvel établissement est classé Seveso seuil haut, on fait un arrêté préfectoral de servitude pour figer l'urbanisation. C'est le statu quo en attendant la suite.

Ainsi, dans sa définition classique, le PPRT est un outil au service de l'aménagement du territoire qui permet de résorber les situations préoccupantes héritées du passé et de préserver l'avenir. Après avoir identifié les risques et évalué les enjeux, le PPRT permet de réglementer l'utilisation du sol si la réduction du risque à la source n'a pas été suffisante. Des actions sont ensuite prises au fur et à mesure et le PPRT évolue en fonction de la réglementation.

Parmi les actions possibles on compte : l'interdiction de créer une nouvelle installation Seveso dans le périmètre de risque, la protection des habitations et en dernier recours l'expropriation des habitants en danger. Le coût des travaux chez les particuliers est remboursé à 100% (pour un montant maximum de 20 000€ ou de 10% de la valeur vénale du bien).

La parole a ensuite été passée à madame Thievent pour aborder la question de la sensibilisation.

Sensibilisation

Corinne Thievent a commencé par la présentation du Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions et des risques dans la région grenobloise (SPPPY). Les SPPP sont apparus dans les années 70, il y en a quinze en France et celui de Grenoble existe depuis 2011. Ce dernier est composé de cinq commissions : risques majeurs, environnement santé, qualité des milieux et biodiversité, climat air énergie, aménagement du territoire et économie durable.

Le SPPPY a la charge de réaliser une campagne d'information tous les cinq ans sur les risques industriels (c'est une obligation réglementaire).

Pour cette campagne, l'une des actions majeures va être la distribution d'environ 1,7 millions de brochures pour 2,9 millions de personnes touchées sur 400 communes. Ces brochures sont différentes en fonction de l'exposition des territoires (12 à 30 pages selon la commune concernée). Elles contiennent des informations sur les établissements et les risques associés, le signal d'alerte et les consignes à suivre en cas d'accident. De plus, 90 000 affichettes seront apposées dans les lieux publics, entreprises, et immeubles de plus de 50 appartements.

En plus des documents réglementaires, le SPPPY a créé un magnet "mémo" à coller sur le réfrigérateur par exemple. Ce dernier rappelle les comportements à adopter en cas d'alerte. La création d'un label "bons réflexes" permettra de mettre en avant les actions pédagogiques entreprises par des partenaires (ex: concours, pièce de théâtre, bus inforisque).

Enfin, un film de lancement de campagnes (2 minutes) est disponible sur facebook.

Le SPPPY a la volonté d'étaler la campagne sur cinq ans et non de la faire tous les cinq ans. L'idée étant de distiller les informations en permanence pour qu'à terme la population soit mieux sensibilisée aux risques industriels.

Bien informés du contexte isérois, des bases de la gestion des risques industriels et des stratégies adoptées par la DREAL, cette présentation a été suivie d’un temps d'échanges entre la salle et les intervenantes (animé par François Giannocarro, directeur de l'IRMa) avant de conclure la matinée.

Interventions

Comment les potentielles agressions extérieures sont-elle prises en compte dans la gestion des sites ? Même si elle est sur les radars de la DREAL, la problématique de la malveillance ne fait pas l'objet d'une réglementation qui oblige la DREAL à intervenir. Jusqu'à présent celle-ci reste du ressort des forces de police et des établissements.

Quelle réponse apporter à l'augmentation des Transports de Matières Dangereuses (TMD) qui fait inévitablement suite aux réductions des capacité de stockage sur site (réduction du risque à la source) ? 90% des flux de TMD sont générés par neuf établissements. Un livret des itinéraires empruntés par ceux-ci a donc été créé.

On parle souvent des Plans Particulier de Mise en Sureté (PPMS) pour les établissements scolaires mais qu'en est-il des Etablissements Recevant du Public (ERP)(mairies, bibliothèques, etc.) et des lieux de travail où les gens passent une bonne partie de leur temps ? Il est possible de mettre en place un Plan d’Organisation de Mise en Sûreté (POMSE) selon une méthodologie proposée par l’IRMa (accessible ici).

Un projet de remise en fonction d'une canalisation (enterrée quasiment sur la totalité) entre Pont de Claix et Jarrie pour le transport d'hydrogène à été évoqué. L'hydrogène est excédentaire sur la plateforme de Pont de Claix et déficitaire sur celle de Jarrie.