J20 : Mardi 28 juin 2016
A ce stade de notre voyage, nous voici à nouveau bien calés dans notre planning. En réalité, nous avons même une demi-journée de retard, car hier soir nous aurions dû nous trouver à proximité d'Evenes, aux portes des îles Vesteralen et Lofoten. Est-ce pour cette raison que notre réveil interne sonne à 3 heures du matin pour un départ deux heures plus tard ?
Il n'y a pourtant pas urgence. Nous avons toute la journée pour faire le trajet et sept jours au total à consacrer à l'archipel, d'autant que la météo n'est pas spécialement enthousiasmante. 12 degrés et des nuages bas. :-(
Avec sept jours d'affilée de beau temps dans ces mêmes îles lors d'un séjour idyllique en juin 2014, la barre est placée très haut. Atteindrons-nous le même degré de satisfaction cette fois ? Nous l'espérons.
Allez, c'est parti sur la route E10 du début jusqu'à la fin. Dans l'immédiat, elle nous fait passer des montagnes à la mer en sinuant dans un environnement minéral couvert de lacs sombres bordés de coquettes maisons aux couleurs pimpantes.
Après avoir passé le premier et seul tunnel payant de notre voyage, nous atteignons les bords de fjord, pas loin de Narvik.
Cela fait moins de deux heures que nous sommes partis que déjà une sieste s'impose du côté d'Evenes. Le conducteur pique un roupillon pendant que la copilote étudie le plan de la journée.
A ce propos, je sens qu'il va falloir activer la variante B voire C. En effet, une fois passé le pont reliant le continent à l'île de Hinnøya (Vesteralen), la pluie se mêle de la partie et la circulation s'intensifie à l'approche des Lofoten.
Les nuages bas cachent les sommets, laissant juste apparaître, de façon furtive, quelques reliefs fantomatiques. Pour l'instant, les paysages des Lofoten se montrent pudiques, sans doute pour mieux se dévoiler plus tard.
La route E10, classée route touristique nationale, est de ce fait jalonnée de sites d'intérêt, tous mis en valeur par des aménagements de points de vue et d'aires de repos.
Austnefjord est l'un d'entre eux. Nous l'atteignons à midi, et malgré quelques gouttes, grimpons jusqu'au point de vue. Mouais... sous le soleil, il aurait sans doute meilleure allure, mais aujourd'hui on va s'en contenter.
C'est aussi le moment de déjeuner, bien à l'abri dans le camping-car. Personnellement, en cas de mauvais temps, je déteste pique-niquer dans une voiture, coincée entre le volant et la boîte de vitesses alors dans le cas présent, j'apprécie le camping-car +++
A ce propos, quel est le plan pour cet après-midi ? Heu... en réalité, il n'y en a pas vraiment, nous naviguons à vue et décidons sur l'instant.
Alors dans l'immédiat, nous décidons de dédier la suite de l'après-midi à la logistique afin d'en être débarrassés dès le retour du soleil.
Comme nous avons déjà nos repères dans les îles, nous savons que dans le centre de Svolvær se concentrent plusieurs enseignes de supermarché et que la WIFI est disponible à la bibliothèque. Si en même temps on pouvait faire une lessive…
Alors va pour Svolvær et ses facilités avant de finir l'après-midi à Kabelvag par une petite balade en bord de mer sous un timide rayon de soleil. En arrière-plan, quelques crêtes mythiques dévoilent un pan de leurs flancs.
Au final, avec toutes ces occupations, la journée a filé à toute vitesse. Quel est le plan pour la soirée et la nuit ? Pour une fois, c'est Hervé qui prend la main, il souhaiterait pêcher à Henningsvær comme en 2014. Ben… y a qu'à demander !
Direction Henningsvær et le ponton d'une résidence au bout du bout du village.
Notre pêcheur n'aura pas à patienter bien longtemps. Très vite un, deux, trois… quatre petits poissons (qui finiront dans l'estomac des goélands) mais surtout deux beaux cabillauds mordent à l'hameçon.
Le pêcheur et sa prise !
Directement du fjord à la poêle, c'est le sort de nos cabillauds que nous espérons cuisiner et déguster immédiatement. Mais c'est sans compter sur l'arrivée du jardinier de la résidence chargé de la tonte de la pelouse qui nous intime de quitter les lieux sur-le-champ. Alors après avoir suspendu la cuisson, nous nous déplaçons de deux kilomètres jusqu'au parking de l'entrée du village déjà bien couvert de camping-cars. En arrivant tard, on ne va pas faire les difficiles et on s'en accommodera.
Après le dîner, petite promenade vespérale dans la Venise des Lofoten, heureux de pouvoir clore cette journée sous un ciel un peu plus clément et persuadés que le meilleur est à venir ! Alors vivement demain !
Distance parcourue dans la journée : 300 kilomètres.
J21 : Mercredi 29 juin 2016
Le meilleur est à venir, oui, mais pas tout de suite. Il a plu toute la nuit, nous encourageant à faire une grasse matinée et à ne quitter notre stationnement qu'à 10 heures.
Nuages bas et ciel menaçant nous obligent encore aujourd'hui à revoir notre copie. Pas de randonnée envisageable dans l'immédiat.
Pour cette fin de matinée, l'idéal serait de faire du tourisme de base : s'arrêter par-ci, par-là pour un arrêt photo, au mieux pour un petit tour à pied dans un village sur terrain stabilisé (en veillant à garder nos chaussures sèches). Pour la suite, on avisera le moment venu. Chaque chose en son temps !
Quelle est alors la destination qui pourrait répondre à un tel cahier des charges ? Depuis Henningsvær, je propose de nous écarter dès que possible du flot de véhicules de la route touristique pour prendre la jolie petite route 815, plus confidentielle, longeant le bord de mer. Certes nous l'avons déjà parcourue une fois dans chaque sens en 2014, mais quand on aime, on ne compte pas.
A son extrémité, le petit village de Stamsund, que nous ne connaissons pas, pourrait être le prétexte à une petite balade sur le bitume. Aussitôt dit, aussitôt fait !
A Stamsund, le temps toujours maussade laisse songeur même le troll de service.
Dans le port, de jeunes goélands cherchent eux aussi le meilleur moyen de s'abriter.
Sous ce ciel chargé, la montagne voisine prend des allures de volcan. Les fumerolles qui ont l'air de s'en échapper annoncent-elles un cataclysme imminent ?
Heureusement les couleurs vives des maisons de pêcheurs, tranchant avec le gris du ciel, ragaillardissent les touristes de passage.
Après Stamsund, la route fait le tour de la péninsule avant de finir à Leknes. Dans cette petite ville aussi nous avons déjà quelques repères, notamment la station-service doublée d'une aire de service pour les camping-cars et le parking du supermarché voisin pratique à l'heure du déjeuner.
C'est aussi l'heure de faire un point sur la suite à donner à l'après-midi. Ma foi, à notre grand étonnement, le ciel commence à se découvrir au loin. Le meilleur a l'air d'arriver. Mais pour le trouver à coup sûr faut-il aller plein sud ou revenir un peu vers le nord ?
Après une longue phase d'hésitation, nous optons pour la direction du nord-ouest pour une balade qui n'était absolument pas prévue mais qui semble pouvoir répondre à nos critères du moment : courte (car la météo reste incertaine), en bord de mer (car en altitude il reste des nuages) et sur un sentier bien tracé (pas envie de nous embourber).
En 2014, nous avions expérimenté le début d'un parcours en bord de mer reliant en 7 kilomètres Eggum à Unstad sur un large chemin bien tracé. Je propose donc de le commencer cette fois à Unstad (que nous ne connaissons pas) et sans prétendre vouloir rallier Eggum, au moins marcher autant qu'il nous chante.
Voilà une bonne idée ! Unstad est un petit hameau au fond d'une vallée accessible par un tunnel, au bord d'une longue plage de galets réputée pour le surf et au pied de belles montagnes tombant à pic dans la mer.
En arrivant à proximité à 14 h 30, le beau temps se précise. Le ciel se dégage progressivement même si le soleil doit encore se battre avec les nuages qui tentent de résister sur les reliefs.
Au bout d'une vingtaine de minutes de marche, le village nous semble déjà très loin. La couleur du ciel témoigne de la bataille que se livrent nuages et éclaircies.
Comme attendu, le début de la randonnée se fait sur un sentier large et bien tassé en longeant le bord de mer. Mais rapidement, il se transforme en sente étroite s'élevant en surplomb de l'océan sur un terrain en dévers rendu glissant par les pluies récentes et jonché de crottes de moutons. Des chaînes aident ponctuellement à traverser les flancs les plus exposés. Hervé, sensible au vertige, ne se sent pas au mieux sur ce sentier un peu "aérien" (pour lui).
Le phare marque par conséquent le terminus de notre balade. Nous avons parcouru moins de 2 kilomètres.
Le retour permet de revoir le film sous un angle un peu différent.
Toujours des nuages enrubannant les montagnes et ce même chemin agrippé à la pente !
Toujours des moutons aux alentours !
Toujours une vue imprenable sur la baie et le village, cette fois sans avoir à se retourner. Bel aperçu aussi du sentier et des chaînes qui facilitent le passage.
Le soleil a maintenant plus largement pris le dessus. Les pics typiques des Lofoten apparaissent dans toute leur splendeur.
Devant nous s'ouvrent des vallées insoupçonnées d'où émergent des sommets invisibles il y a encore quelques heures. Le soleil fait des miracles.
Je me pose pour un moment de contemplation.
Nous sommes ravis de cette modeste randonnée (sur un terrain moins facile qu'attendu) qui permet de renouer avec la magie des Lofoten. Avec le retour du soleil, nous restons sur place cette nuit car ce beau temps nous laisse tous les espoirs de pouvoir nous mesurer aux crêtes demain. Le meilleur est donc encore à venir ;-)
En attendant, pour la suite de la soirée, nous trouvons une place pour le fourgon juste en face de la plage de galets. Comme de parfaits camping-caristes, nous délimitons notre espace en y déployant nos chaises pliantes pour assister, amusés, au spectacle des surfeurs, nageurs, campeurs et autres dronistes qui en cette belle soirée ensoleillée fréquentent les lieux en nombre jusqu'à pas d'heure.
Distance parcourue dans la journée : 98 kilomètres.
Le cadre de notre bivouac sous le soleil de 10 heures (du soir) !