J22 : Jeudi 30 juin 2016
Une fois n'est pas coutume, nous ne sommes pas encore levés à 8 heures alors qu'il fait déjà grand bleu dehors. Piaffant d'impatience, je finis par préparer pour une fois le petit déjeuner afin que nous soyons d'attaque à 9 heures. Le Vany ne bouge pas, lui.
Au programme, les crêtes de Nonstinden, une randonnée en boucle, de difficulté moyenne, estimée à 8 kilomètres en 4 heures, répertoriée sur le site rando-lofoten.
Le départ se fait dans le village de Unstad.
Il fait 13 degrés mais à peine partis, nous transformons rapidement nos pantalons en shorts sous les rayons du soleil.
Nous empruntons pour commencer l'ancienne voie d'accès à la vallée avant la construction du tunnel jusqu'à un col.
Du col, la vue sur la baie, la vallée et le village est unique ! Waouh ! C'est beau !
A ce niveau, nous sommes incommodés par une forte odeur très désagréable. Les moutons ? Non, certainement pas. Réponse au virage suivant quand nous découvrons ceci…
Oui… des séchoirs à poissons. C'est une des activités majeures des Lofoten.
Nous sommes encore plus surpris de trouver à côté des séchoirs des dizaines de personnes descendues de deux bus touristiques. L'endroit conjuguant vue sur la baie et activité traditionnelle est manifestement bien placé sur le parcours des tour-opérateurs.
Une fois les cars repartis, nous revoilà tout seuls, prêts à poursuivre notre marche.
Petite précision : il n'y a aucun balisage sur le parcours. Nous suivons une trace GPS téléchargée sur le site Internet indiqué plus haut.
Après le col, nous contournons la montagne sur une sente en léger dévers. Jusque-là pas trop de difficulté. Ensuite ça se corse quand il faut grimper hors sentier dans une pente buissonneuse très raide jusqu'au sommet.
Dure dure la montée, mais arrivés là-haut quel panorama ! Nous en avons le souffle coupé !
D'un côté une vue spectaculaire sur la baie et le village !
De l'autre côté un panorama exceptionnel sur le Steinfjord avec à l'arrière-plan toute la chaîne montagneuse des Lofoten.
A partir de ce point de vue, nous suivons la ligne de crête tout en profitant des vues incroyables sur les deux versants. Les deux lignes droites sur la gauche de la photo matérialisent l'une l'ancienne piste (celle que nous avons suivie au départ), l'autre la route.
Nous flirtons toujours avec les sommets, nous déplaçant tels des funambules en équilibre sur un fil, jusqu'à hauteur du lac Utdalsvatnet dont nous dominons les eaux couleur nuit que le vert vif des pentes herbeuses alentour rend encore plus intense.
Nous continuons à avancer prudemment, persuadés que le plus dur est derrière nous. Or c'est une boucle, il va falloir redescendre. Pardi, mais par où allons-nous devoir passer ? La descente va effectivement nous réserver quelques surprises.
Une fois l'extrémité de la ligne de crête atteinte, le passage devient de plus en plus scabreux en perdant de l'altitude jusqu'à un point où Hervé décrète, vertige oblige, qu'on ne pourra pas aller plus loin. Quoi ? On ne va quand même pas faire demi-tour si près du but.
Après avoir évalué la difficulté, je juge qu'elle n'est pas aussi infranchissable qu'il n'y paraît. Je propose de ranger nos bâtons afin de nous aider des mains dans cet éboulis rocheux vertical. Quand le sentier est à nouveau en vue, nous soufflons, les jambes un peu tremblantes après ce passage exposé, mais ravis d'avoir surmonté la difficulté.
Nous sommes de retour à 12 h 45 après moins de 4 heures pauses comprises en ayant couvert 8 kilomètres et franchi un dénivelé de 550 mètres. Une randonnée exceptionnelle, vraiment la plus belle depuis le début de notre voyage, mais que nous classerions plutôt dans la catégorie difficile.
A ce propos, une randonnée vraiment difficile, ça ressemble à quoi ? Pour le moment, nous préférons ne pas le savoir.
D'ailleurs pour la suite de la journée et avant que je n'aie le temps de sortir une nouvelle randonnée de mon chapeau, Hervé annonce la couleur, l'après-midi sera voué au farniente. Ok, ok !
C'est dans cet esprit qu'après le déjeuner et une bonne douche, nous quittons la plage d'Unstad vers 15 heures pour une autre 45 kilomètres plus loin, celle de Ramberg que nous avions foulée en 2014, bonnet vissé sur la tête, sous un vent et des températures glaciales malgré un soleil radieux. Aujourd'hui, nous l'arpentons sous 22 degrés, en tenue estivale, trempant au passage nos pieds dans l'eau (certes fraîche) avant de prendre le soleil, allongés sur le sable en maillot de bain (si, si !).
Après la plage, un peu de pêche ? Sur le port immédiatement voisin où nous avions passé deux nuits lors de notre précédent séjour, nous avions également fait une bonne pêche. L'endroit est maintenant interdit au stationnement de nuit mais rien n'empêche d'y passer quelques heures. Hervé espère tirer comme avant-hier le dîner du fjord, mais peine perdue, il a beau lancer sa ligne avec détermination, pas même un petit alevin ne daigne mordre à l'hameçon. C'est du réfrigérateur qu'il faudra sortir le dîner.
Et si on se mettait d'abord à la quête d'un coin adéquat pour la nuit ?
Je suggère Fredvang (que nous ne connaissons pas encore). En cours de route, nous tombons sur une belle aire de repos au bord d'un bras de mer et au pied d'un pic rocheux où sont adossées quelques habitations isolées que le soleil inonde d'une douce lumière à cette heure.
C'est devant ce tableau que nous dînons, quand même un peu inquiets de la couleur du ciel, en espérant pour les prochains jours d'aussi belles expériences que celles d'aujourd'hui.
Distance parcourue dans la journée : 64 kilomètres.
J23 : Vendredi 1er juillet 2016
Comme le laissait craindre la couleur du ciel hier soir, il a plu une partie de la nuit et il pleut toujours en ce tout début de matinée. Dans ce cas, pas d'urgence, autant rester sous la couette.
Nous sommes donc d'autant plus surpris de voir le ciel se découvrir subitement alors que nous venons juste de nous attabler devant notre petit déjeuner. Fichtre, une telle amélioration nous prend un peu de court. Ce début de matinée pluvieux nous avait déjà fait renoncer à notre activité dans le Reinefjord pour laquelle il aurait fallu anticipé notre départ.
Alors qu'est-ce qu'on fait ? J'ai bien quelques idées mais avant que je n'aie pu émettre la moindre suggestion, Hervé me coupe l'herbe sous le pied. Il fait une fixette sur un itinéraire repéré sur la carte du GPS dont le point de départ se trouve tout près d'ici. Il y tient, alors je me plie à ses désirs… pour cette fois ;-)
On déplace le fourgon de quelques centaines de mètres jusqu'au parking de Ytresand.
En réalité, deux itinéraires partent de ce point. L'un vers les crêtes, mais il est hors de question pour Hervé de se laisser entraîner là-haut, il a suffisamment donné hier. Un autre indiqué Mulstøa a l'air de suivre la côte. Jusqu'où ? C'est ce que nous allons découvrir.
Le chemin passe d'abord à côté de cette jolie maison traditionnelle, toit végétalisé, poissons séchant au balcon, drapeau national fièrement arboré, idéalement située au bord du fjord avec une vue à faire pâlir d'envie les vacanciers de passage.
En nous retournant, nous voyons toute une troupe de randonneurs se préparer, les uns à nous suivre, les autres à prendre la direction des crêtes. Quand ils finissent par se rapprocher et parce que en groupe ils manquent de discrétion, nous comprenons qu'ils sont français. En faisant plus tard une recherche sur le Web, j'ai vu que ces itinéraires figurent au programme de tous les TO français du type Allibert, UCPA et compagnie.
Nous ne serons donc pas seuls, mais avons un peu d'avance !
Après avoir longé la côte pendant trois quarts d'heure environ, nous débouchons sur une petite crique idyllique au bord de laquelle un couple de kayakistes suédois profite du calme et de la vue après une nuit sous la tente. Nous les prévenons que leur tranquillité va bientôt prendre fin. ;-)
Pendant que nous trempons les pieds dans l'eau, un peu à l'écart, la troupe envahit la plage. Certains stimulés par l'effet de groupe se jettent à l'eau sous les applaudissements des autres. Les kayakistes lèvent le camp.
Quant à nous, après avoir pris un peu de hauteur pour une vue d'ensemble, nous tournons le dos à la plage pour être de retour au parking pour le déjeuner.
Fin d'une balade sans prétention mais très belle d'environ deux heures (avec les pauses) qui nous a permis de profiter en douceur et sans stress des magnifiques paysages côtiers de l'archipel.
Pas de stress non plus pour le reste de la journée. L'idée consiste à gagner le sud de l'île de Moskenesøya, sans objectif très précis, en se laissant porter par nos envies. Il fait grand soleil malgré un petit vent frais qui ne fait pas dépasser les 18 degrés au thermomètre.
Premier arrêt à Hamnøy où la poissonnerie Anita's Sjømat retient notre attention. Envie de morue séchée ?
Non, pas à cette heure, mais d'un expresso et d'une part de gâteau, volontiers, la poissonnerie faisant aussi salon de thé.
Nouvel arrêt quelques kilomètres plus loin, devant la vue la plus photographiée des Lofoten… le village de Reine, encadré de pics prestigieux ! Quel plaisir de revoir ce somptueux décor ! J'ai l'impression que la vue est encore plus belle que la fois précédente.
Après avoir laissé le fourgon sur le parking au bord de la E10 nous poursuivons la visite du village à pied. Tout au bout du hameau (nous n'avions pas poussé jusque-là en 2014), à côté des séchoirs à poisson, nous tombons sur une aire de stationnement doublée d'une aire de service pour camping-cars, récemment créée.
Voilà notre lieu de bivouac tout trouvé. Nous nous dépêchons de rapatrier le Vany jusqu'ici. Toute une brochette de camping-cars sont déjà alignés, les plus chanceux au bord de l'eau, les autres en deuxième ligne. Nous glissons notre fourgon entre deux véhicules plus gros sur le seul emplacement encore disponible à l'avant-scène.
Le Reinefjord nous prodigue un spectacle sans cesse renouvelé dont on ne se lasse pas.
Le fjord est également un excellent spot de pêche. Ça n'échappe pas à notre pêcheur invétéré qui ne tarde pas à déployer sa canne pendant que je déplie ma chaise. Son essai est vite transformé avec la prise d'un beau cabillaud et deux petits lieus noirs. Le dîner est donc assuré.
Le soleil brille largement jusqu'à minuit. Espérons qu'il en sera encore ainsi demain !
Distance parcourue dans la journée : 28 kilomètres.