Articulations Philosophie et Psychanalyse

Reste

Séminaire de recherche organisé et animé par Dorothée Legrand

Archives Husserl, CNRS, Ecole normale supérieure,

Paris Sciences et Lettres Research University

dorothee . legrand [at] ens . fr

Reste. Ce qui est encore présent. Ce qui n’est pas perdu, jeté, abandonné, détruit, malgré la destruction, l’abandon, le rejet, la perte. Reste. Ce qu’il reste de l’enfance, ce qu’il reste après la mort, ceux qui restent, encore, ce qui survit, subsiste, persiste, demeure, ce qui hante, résiste, encore. Reste. Ce qui excède la soustraction : la différence, le fragment, le reliquat, la relique. Reste. Le vestige, la ruine, le débris, le détritus, la cendre, le cadavre. Reste. Ne meurt pas, n’y reste pas, reste : demande, prière. Reste. Encore. N’en restons pas là, il reste à dire, il reste à faire.

Si l’étymologie lie reste à la stabilité et à l’arrêt, la fertilité de ce seul mot reste nous invite plutôt à le lire comme la trace d’un geste, comme un tracé qui aura toujours déjà commencé et n’aura encore jamais été achevé. C’est ce tracé qui orientera notre travail cette année.

Pour l’année 2018-19, ce séminaire se tiendra

à l’Ecole Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris,

Salle Beckett

de 20 à 22 h, les jeudis

20 septembre

18 octobre

15 novembre

29 novembre

13 décembre

10 janvier

7 février

14 mars

11 avril

16 mai


Programme


Jeudi 16 mai

Restes de la langue

« L’inconscient […] est fait de lalangue, cette lalangue dont vous savez que je l’écris en un seul mot, pour désigner ce qui est notre affaire à chacun, lalangue dite maternelle, et pas pour rien dite ainsi. […] L’inconscient est le témoignage d’un savoir en tant que pour une grande part il échappe à l’être parlant. Cet être donne l’occasion de s’apercevoir jusqu’où vont les effets de lalangue, par ceci, qu’il présente toutes sortes d’affects qui restent énigmatiques. Ces affects sont ce qui résulte de la présence de lalangue en tant que, de savoir, elle articule des choses qui vont beaucoup plus loin que ce que l'être parlant supporte de savoir énoncé » (Jacques Lacan, Séminaire XX : Encore (1972-73), Points Seuil, 1975, p. 174-5).

« Folle comme l’Un de l’unique. Une mère, une relation à la mère, une maternité est toujours unique et donc toujours lieu de folie (rien ne rend plus fou que l’unicité absolue de l’Un ou de l’Une) » (Jacques Derrida, Le monolinguisme de l’autre, ou La prothèse d’origine, Paris, Galilée, 1996, p. 100).

« on ne vit et on ne parle qu’en tuant l’infans en soi (en autrui aussi), mais qu’est-ce que l’infans ? Évidemment, cela qui n’a pas encore commencé à parler et jamais ne parlera […] D’où la difficulté à proprement parler “folle” : pour ne pas rester dans les limbes de l’infans et de l’en-deçà du désir, il s’agit de détruire l’indestructible et même de mettre fin (non pas d’un coup, mais constamment) à ce à quoi on n’a pas, n’a jamais eu, ni n’aura accès – soit la mort impossible nécessaire. Et, à nouveau, nous ne vivons et ne parlons (mais de quelle sorte de parole ?) que parce que la mort a déjà eu lieu, événement insitué, insituable » (Maurice Blanchot, L’écriture du désastre, Gallimard, 1980, p. 110-111).


Jeudi 11 avril

Riens

« […] être intégralement au péril du rien, d’où croit ce qui sauve »,

« du vide et du rien, désencombrés du trop plein du monde […]

c’est à ce rien que l’existence prend son origine »

Henri Maldiney, Penser l’homme et la folie, p. 259 et 105.

« Par quel étrange mouvement ce qui détruit prodiguerait aussi la possibilité de ce qui sauve ? ».

« C’est quelque chose qui passe par le corps, et implique un changement d’état.

Aucun bénéfice, là-dedans, pour la subjectivité, aucune prime d’identité. […]

C’est au contraire une expérience de dessaisissement. Cette dimension implique qu’on laisse être le vide »

Yannick Haenel (avec François Meyronnis), Prélude à la délivrance, p. 95 et 28.


Jeudi 14 mars

Manon Piette

(doctorante en philosophie, ENS, Université Bordeaux Montaigne)

avec

Dorothée Legrand

L'homme sans nom ou l'insistance du corps :

(sur)vivre à partir de riens

Dans la continuité de cette séance

le vendredi 15 mars, 20h, salle Dussane, ENS

avec la participation de Chantal Crousel et Marie-Laure Gilles

nous nous invitons à la projection du film de

Wang Bing

"L'homme sans nom"

La caméra suit une seule personne, un homme seul.

On ne connaît pas son nom.

Le jour, il rôde dans des ruines de villages abandonnés, il travaille la terre ; le soir, il dort dans une grotte.

Il construit sa propre survie.

Jeudi 7 février

Destination

« un reste à chercher

du côté de la pierre - elle

fut hospitalière, elle

ne coupa pas la parole »

Paul Celan

Strette

(traduit de l'allemand par Martine Broda)



Jeudi 10 janvier

Line Ryberg Ingerslev

(Département de philosophie, Universität Wein & Universität Würzburg)

On memory and time in grief

Mémoire et temps dans le deuil

Le dialogue aura lieu en français et en anglais

(lien)


Jeudi 13 décembre

Passeur

Du reste de ce qui n’est plus à ce qui reste à venir

comment passer?

Institution

« Le corps propre de l’enfant [est] perçu à travers celui des parents en rapport d’identification avec leur corps. Déception, frustration [sont impliquées dans la] rupture de cette unité. Castration [signifie] réduction du corps propre au corps propre ». « Les corps sont vie instituée ». « Institution [signifie] établissement dans une expérience […] de dimensions […] par rapport auxquelles toute une série d’autres expériences auront sens et feront une suite, une histoire. Le sens est déposé […]. Mais non comme objet au vestiaire, comme simple reste ou survivance, comme résidu : [il l’est] comme à continuer, à achever, sans que cette suite soit déterminée ». « Il n’y a pas de rails, mais relance d’une histoire par elle-même ». « Le dépassement conserve ». « La sédimentation est cela : trace de l’oublié et par là même appel à une pensée qui table sur lui et va plus loin ». « Constituer en ce sens est presque le contraire d’instituer : l’institué a sens sans moi, le constitué n’a sens que pour moi et pour le moi de cet instant » (Maurice Merleau-Ponty, L’institution. Notes de cours au Collège de France (1954-1955), Belin, 2003, pp. 56, 66, 38, 60, 54, 99 et 37).

Construction

« On n’a pas encore assez apprécié ce caractère peut-être général de l’hallucination d’être le retour d’un évènement oublié des toutes premières années, de quelque chose que l’enfant a vu ou entendu à une époque où il savait à peine parler […] la folie non seulement procède avec méthode, comme le poète l’a déjà reconnu, mais [elle] contient aussi un morceau de vérité historique […] Que le passé oublié soit transporté dans le présent ou dans l’attente de l’avenir, c’est ce qui arrive régulièrement aussi chez le névrosé […] Les délires des malades m’apparaissent comme des équivalents des constructions que nous bâtissons dans le traitement psychanalytique […] l’effet de notre construction n’est dû qu’au fait qu’elle nous rend un morceau perdu de l’histoire vécue » (Sigmund Freud, Constructions dans l’analyse (1937), in Résultats, idées, problèmes, t. II, PUF, 1998, p. 279).

Trahison

« voir ce que la création peut faire de la mémoire […] Voilà donc quelle serait la voie d’une réconciliation avec notre contemporain : lire le monde d’images et de sons qui nous entourent comme un texte sacré, ayant matérialisé, sédimenté une égale profondeur spirituelle. Et voir en même temps le chagrin (la destruction) qu’il y a dans nos désirs d’affranchissement de la lignée, du genre, de l’identité, et la joie (l’utopie) de ce qui pourrait naître d’une pédagogie de l’absence et du dépassement de l’identité » (Camille de Toledo, Le hêtre et le bouleau. Essai sur la tristesse européenne. La librairie du XXI° siècle, Seuil, 2009, p 112 et 129).

Jeudi 29 novembre

Marguerite Papazoglou

(Danseuse chorégraphe)

Danser: vers une phénoménologie de la porosité.

(lien)



Jeudi 15 novembre

Emmanuel Falque

(Doyen honoraire de la Faculté de Philosophie de l'Institut Catholique de Paris)

Le reste du Ça. Lecture philosophique de Freud.

(lien)


Jeudi 18 octobre

Assomption

« L’enfant, encore privé de moi, subit des états bouleversants (les agonies primitives) qu’il ne peut connaître puisqu’il n’existe pas encore, qui se produiraient donc sans avoir lieu, ce qui conduit plus tard l’adulte, dans un souvenir sans souvenir, par son moi fissuré, à les attendre (soit pour les désirer, soit pour les redouter) de sa vie qui s’achève ou s’effondre. [Mais ceci] n’est qu’une explication, du reste impressionnante, une application fictive destinée à individualiser ce qui ne saurait l’être ou encore à fournir une représentation de l’irreprésentable, à laisser croire qu’on pourra […] fixer dans le présent d’un souvenir […] la passivité de l’inconnu immémorial » (Maurice Blanchot, L’écriture du désastre, Gallimard, 1980, p. 109).

« Par la mémoire, je me fonde après coup, rétroactivement : j’assume aujourd’hui ce qui, dans le passé absolu de l’origine, n’avait pas de sujet pour être reçu et qui, dès lors, pesait comme une fatalité » (Emmanuel Levinas, Totalité et infini : essai sur l’extériorité (1961), Le livre de poche, 1990, p. 49).



Jeudi 20 septembre

Expulsion

La phénoménologie aura été inaugurée en faisant du reste un commencement : en extrayant méthodiquement de toute contingence mondaine un « résidu phénoménologique », Husserl aura identifié l’ego transcendantal comme irréductible fondement, indubitable origine (Idées directrices pour une phénoménologie et une philosophie phénoménologique pures. t. I, § 50). Ce geste phénoménologique, pourtant, ne se sera pas développé explicitement comme philosophie du reste.

La psychanalyse, quant à elle, aura assumé de se développer à partir des restes, ce qui dégoûte, ce que l’on rejette ou néglige, les ratés, l’incontrôlable, l’incompréhensible, l’insensé l’inavouable : Freud aura su accueillir de manière inédite rêves, trébuchements de la langue, actes manqués, et aura d’abord consigné leurs nouveautés en autant de comptes rendus de « dreckologie » (je remercie ici Françoise Gorog pour avoir souligné la richesse d’un tel terme, construit à partir du yiddish dreck : merde, et/ou de l’allemand dreck : crasse ; voir les lettres de Freud à Fliess de décembre 1897 et janvier 1898).

Nous l’entendons déjà, la fécondité de ce seul mot reste tient à sa polysémie et, loin de chercher à l’inscrire dans une épistémologie qui en contraindrait le sens a priori, nous chercherons d’abord à reconnaître le cadre de travail qui aura donné au reste une fécondité théorique et clinique. Pour cette première séance, nous nous appuierons notamment sur les textes dont sont issues les citations ci-dessous.

« A l’origine le Moi inclut tout, plus tard il exclut de lui le monde extérieur. Par conséquent, notre sentiment actuel du Moi n’est rien de plus que le résidu pour ainsi dire rétréci (ratatiné – eingeschrumpter Rest) d’un sentiment d’une étendue bien plus vaste, si vaste qu’il embrassait tout, et qui correspondait à une union plus intime du Moi avec son milieu » (Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation (1930), PUF, 1971, p. 10).

« Ce qui revient à dire dans le langage des premières tendances pulsionnelles orales : je veux manger ceci ou je veux le cracher, et dans une transposition plus large : je veux introduire ceci en moi ou l’exclure hors de moi. […] Ce qui est mauvais, ce qui est étranger au Moi, ce qui est hors de lui, lui est d’abord identique » (Sigmund Freud, La négation (1925), in Revue Française de Psychanalyse, 7, 2, 1934, p. 175-6).

« Ce qui, du dedans du sujet, se trouve à l’origine porté dans un premier dehors […] le Ding comme Fremde, étranger, et même hostile à l’occasion, en tout cas comme le premier extérieur, c’est ce autour de quoi s’oriente tout le cheminement du sujet […] orienté vers ce qui servira à l’occasion à atteindre das Ding. […] il est clair que ce qu’il s’agit de trouver ne peut pas être retrouvé. C’est de sa nature que l’objet est perdu comme tel. Il ne sera jamais retrouvé. Quelque chose est là en attendant mieux, ou en attendant pire » (Jacques Lacan, Séminaire VII : L’éthique de la psychanalyse (1959-60), Seuil, 1986, p. 65).



RESTE

(points de départ)

Hospitalité

« Il y a des raisons de douter […] de la frontière entre le présent, la réalité actuelle ou présente du présent et tout ce qu’on peut lui opposer : l’absence, la non-présence, l’ineffectivité, l’inactualité, la virtualité ou même le simulacre en général, etc. Il y a d’abord à douter de la contemporanéité à soi du présent […] Le spectre pèse, il pense, il s’intensifie, il se condense au-dedans même de la vie, au-dedans de la vie la plus vivante, de la vie la plus singulière (ou, si l’on préfère, individuelle). Celle-ci dès lors n’a plus, et ne doit plus avoir, pour autant qu’elle vit, de pure identité à soi ni de dedans assuré » (Jacques Derrida, Spectres de Marx. L’État de la dette, le travail du deuil et la nouvelle Internationale, Galilée, 1993, p. 71-2 et 177).

« L’hospitalité absolue exige que j’ouvre mon chez-moi et que je donne non seulement à l’étranger (pourvu d’un nom de famille, d’un statut social d’étranger, etc.) mais à l’autre absolu, inconnu, anonyme, et que je lui donne lieu, que je le laisse venir, que je le laisse arriver, et avoir lieu dans le lieu que je lui offre, sans lui demander ni réciprocité (l’entrée dans un pacte) ni même son nom. » (Jacques Derrida (avec Anne Dufourmantelle), De l’Hospitalité. Calmann-Lévy, 1997, p. 29).

Incorporation, introjection

L’introjection « cherche à introduire dans le Moi, en l’élargissant et en l’enrichissant, la libido inconsciente, anonyme, refoulée ». Au contraire, « en compensation du plaisir perdu et de l’introjection manquée, on réalisera l’installation de l’objet prohibé à l’intérieur de soi. C’est là l’incorporation proprement dite ». « La “guérison” magique par incorporation dispense du travail douloureux du remaniement. […] c’est refuser de savoir le vrai sens de la perte, celui qui ferait qu’en le sachant on serait autre, bref, c’est refuser son introjection » (Nicolas Abraham et Maria Torok, L’écorce et le noyau, Flammarion Champs Essais, 2014, pp. 236, 237 et 261).

« Bouleversement de toute ma personne. […] ma poitrine s’enfla, remplie d’une présence inconnue […] dans un désir fou de me précipiter dans ses bras, ce n’était qu’à l’instant – plus d’une année après son enterrement, à cause de cet anachronisme qui empêche si souvent le calendrier des faits de coïncider avec celui des sentiments – que je venais d’apprendre qu’elle était morte […] je venais, en la sentant pour la première fois, vivante, véritable, gonflant mon cœur à le briser, en la retrouvant enfin, d’apprendre que je l’avais perdue pour toujours. Perdue pour toujours ; je ne pouvais comprendre et je m’exerçais à subir la souffrance de cette contradiction […] cette contradiction si étrange de la survivance et du néant entrecroisés en moi. […Mais il y a bien loin de ce chagrin aux] chagrins véritables comme était celui de maman – qui vous ôtent littéralement la vie pour bien longtemps, quelquefois pour toujours, dès qu’on a perdu l’être qu’on aime […] fondue, figée en une sorte d’image implorante, elle semblait avoir peur d’offenser d’un mouvement trop brusque, d’un son de voix trop haut, la présence douloureuse qui ne la quittait pas. Mais surtout, dès que je la vis entrer dans son manteau de crêpe, je m’aperçus […] que ce n’était plus ma mère que j’avais sous les yeux, mais ma grand-mère » (Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, V : Sodome et Gomorrhe, II, 1, Les intermittences du cœur (1922), Folio, 1988, p. 152 sqq.).

Images

« C’est ici qu’est la folie […] ma certitude est immédiate […] La Photographie devient alors pour moi un médium bizarre, une nouvelle forme d’hallucination […] image folle, frottée de réel » : « la chose a été là », « cela que je vois s’est trouvé là […] ; il a été là, et cependant tout de suite séparé ; il a été absolument, irrécusablement présent, et cependant déjà différé ». « D’un corps réel, qui était là, sont parties des radiations qui viennent me toucher, moi qui suis ici ; peu importe la durée de la transmission […] Une sorte de lien ombilical relie le corps de la chose photographiée à mon regard : la lumière, quoique impalpable, est bien ici un milieu charnel, une peau que je partage avec celui ou celle qui a été photographié ». « Qu’est-ce qui va s’abolir avec cette photo qui jaunit, pâlit, s’efface et sera un jour jetée aux ordures » ? (Roland Barthes, La chambre claire, Note sur la photographie, Gallimard, 1980, pp. 177, 120, 121, 126-7, 147).

Tombes

« En abandonnant la magie de la présence, [la représentation mimétique] est devenue à proprement parler une image, c’est-à-dire une évocation qui se sait être l’évocation d’une absence ». « L’image, qui est l’ombre qui reste, se conçoit comme ce qui a été soustrait à la vie pour ne pas basculer dans la mort ». « Le portrait est le nom du visage. En extrayant le visage du flux du temps, et en rendant les traits singuliers et uniques qui le forment, le portrait retient le visage […] tel qu’il est, unique, ressemblant, ne ressemblant qu’à lui » (Jean-Christophe Bailly, L’apostrophe muette. Essai sur les portraits du Fayoum. Hazan, 1997, pp. 80, 108 et 151).

Ecritures

« “Qu’est-ce qui reste ? Reste la langue maternelle” […] “Toujours”, dit [Arendt] […] comme si l’expérience du “toujours” et de la fidélité à l’autre comme à soi supposait la fidélité indéfectible à la langue », et ce alors même que « la mère de la langue dite “maternelle”, il faut aussi qu’elle puisse devenir ou avoir été folle […] Une mère, une relation à la mère, une maternité est toujours unique et donc toujours lieu de folie (rien ne rend plus fou que l’unicité absolue de l’Un ou de l’Une) » (Jacques Derrida, Le monolinguisme de l’autre, ou La prothèse d’origine, Galilée, 1996, pp. 100-109).

« Brusquement, ma mère nous faisait taire […] Maman cherchait un mot. Tout s’arrêtait soudain. Plus rien n’existait soudain ». Le nom sur le bout de la langue, c’est « la détresse devant ce qui est acquis ». « Ecrire, c’est entendre la voix perdue […] C’est rechercher le langage dans le langage perdu […] c’est parvenir de nouveau, grâce à la défaillance, jusqu’à la berge du langage ». « J’ai écrit parce que c’était la seule façon de parler en me taisant » (PascalQuignard, Le nom sur le bout de la langue, Folio, 1995, pp. 55, 57, 94-5, 62).