SEMINAIRE ACCUEIL 2025

SEANCE 1

EDGAR LALOUM – à l’invitation de JOËLLE NAÏM

LA HALTE HUMANITAIRE DIDEROT, 164 Bd Diderot, 75012 Paris.

Vendredi 4 avril 2025, 16-18h

Projet Fondation de France piloté par le Chêne et l’Hibiscus, accueilli par la Fondation Armée du Salut, avec le soutien de la Mairie de Paris.

Quelques mots (à compléter ab libitum) en échos à la première séance du séminaire ACCUEIL qui a eu lieu vendredi 4 avril (2025), à la Halte Humanitaire Diderot. D’abord un vif merci à Joëlle Naïm pour tout le travail fourni pour préparer cette séance avec Edgar Laloum. Et un grand merci à lui pour sa présence. Nous nous retrouvons un peu avant 16h à la Halte, avec Joëlle, Edgar, Doriane, Hinde, moi-même. Une affiche annonce le séminaire, mais les jeunes ne semblent pas au courant, ou avoir oublié. Nous passons un temps au rdc pour aller leur parler, un par un ou en tout petit groupe : les inviter au séminaire. Les jeunes se montrent intéressés, de manière plus ou moins distanciée. On craint d’abord leur réticence – restera-t-on « entre soi » ? Nous resserrons le cercle de parole… mais aurons à le ré-élargir plusieurs fois et à apporter des chaises supplémentaires. Finalement, plus de 10 jeunes (12, je crois) montent au premier étage et nous rejoignent dans la salle d’activité. Des étudiants et étudiantes en visite à la Halte ce jour-là complètent le groupe – ainsi que nos quelques invités, et Héléna, coordinatrice « culture » des Haltes, et une autre jeune femme, également membre de l’équipe de la Halte Diderot (dont j’ai oublié le prénom – pardon). Nous formons un groupe bigarré – et pourtant équilibré : les jeunes ne sont pas invités en étrangers à rejoindre un groupe déjà constitué où ils seraient minoritaires. Edgar Laloum prend la parole, avec verve ; le propos est vif, ardu. Le silence autour est dense, attentif – aucun portable ! Un jeune reçoit un appel, sort, revient. Un autre vient chercher son ami, mais reste plutôt avec nous. Les langues se délient et disent à quel point l’écoute aura été soutenue : les questions sont précises, circonstanciées. Les témoignages arrivent petit à petit, puis s’intensifient. Les jeunes impressionnent par l’intensité de leur présence, de leur écoute, de leurs questions, de leurs expériences partagées avec beaucoup de… sagesse : intelligence, nuance, calme, respect, ouverture, curiosité, fermeté…  Nous partons de loin : des « villages de la tolérance » qui auront rassemblé des jeunes Israéliens, Palestiniens et Français dans les années 90 jusqu’à l’an 2000 – leur point de rencontre : leur jeunesse, leur humanité, le partage d’actions communes, malgré et avec leurs différences. L’initiative aura duré près de 10 ans, et les jeunes devenus moins jeunes se rencontrent encore – sauf quand ils en sont empêchés par les décisions politiques, les idéologies, les préjugés qui ferment les frontières. Nous partons de loin, et nous arrivons ici, maintenant : ces jeunes qui écoutent les histoires d’autres jeunes, ces jeunes qui connaissent « le collectif de Belleville » mais ne connaissent pas Belleville ni les autres jeunes qui y habitent, ces jeunes nous expliquent qu’ils n’habitent pas ici : ils ne savent pas où ils dormiront cette nuit – ou plutôt ils le savent : à la rue. Edgar Laloum s’est présenté : juif arabe. Deux heures plus tard, sans y revenir, on lui répond : il n’y a pas d’arabe ici – car, on le sait (le sait-on ?), les jeunes arabes sont, eux, pas nous, reconnus mineurs, protégés et aidés par l’ASE – accueillis, eux, pas nous. Il faut un temps pour réaliser et se dire – immédiatement après la fin de cette séance, alors que la discussion continue dans les couloirs – un temps pour se dire : pourrait-on, comment pourrait-on faire pour que les jeunes rencontrent les jeunes – qu’ils soient mineurs ou pas, qu’ils soient africains ou pas, arabes ou pas, français ou pas, noirs ou pas, blancs ou pas… qu’ils soient et africains et arabes et français et noirs et blancs et mineurs et majeurs et et … ? Comment accueillir – autrement qu’entre soi ?

Tous les jeunes sont venus un par un nous serrer la main – à tous les participants. Écho à ce qu’Edgar Laloum avait raconté deux heures avant : une paix qui avait commencé par une poignée de mains ? A la prochaine fois nous disent – demandent ? – les jeunes en sortant. C’est l’heure de fermeture de la Halte, ils sortent dans/à la rue.

… La prochaine fois, donc ?

 

D. Legrand, 5.04.2025