PROGRAMME :
17 octobre : Entrez
Entre temps, entre autres, entre nous, entre impossibilité et nécessité, entre exil et hospitalité, parfois une charnière, parfois un charnier... ça tient à un « e », une disparition, ou à un fil, une filiation, « une filiation au langage, tout simplement ».
28 novembre : Sabine Huynh <lien>
« Rien n’est juste une seule chose », a dit dans un entretien la poète américaine Diane Seuss (dont Sabine Huynh a traduit le travail). Cette citation pourrait résumer le parcours de Sabine Huynh. Devenue étrangère dès son plus jeune âge, elle l’est restée toute sa vie par choix, en s’imposant des exils, en refusant l’appartenance identitaire et en rejetant l’enfermement des définitions. Cette conscience aiguë de la multitude que le soi contient a mené Sabine Huynh sur les chemins de l’errance et de la réinvention constante d'elle-même, mais aussi sur la voie de l’écriture, de la poésie autobiographique, du plurilinguisme et de la traduction littéraire, des lieux d’ancrage dont elle nous présentera des exemples.
19 décembre : Derrida, Freud et Souleymane : je n'ai qu'un récit de vie et ce n'est pas le mien
Je n’ai qu’une langue et ce n’est pas la mienne, dit Derrida. Quelle langue un demandeur d’asile parle-t-il donc quand il doit faire le récit de son exil ? Comment sa langue – fût-elle mensongère – peut-elle garder trace du passage de la vérité ? Nous lirons Derrida avec Freud pour écouter Souleymane au-delà de la bipartition du vrai et du faux.
Jacques Derrida, Le monolinguisme de l’autre, ou la prothèse d’origine.
Sigmund Freud, Constructions dans l’analyse.
Boris Lojkine (réal.), L’Histoire de Souleymane.
16 janvier : Line Ryberg Ingerslev <lien>
The Ethical Motivation of Memory Work. In his Zürich Lectures from 1997 W.G. Sebald argued that there is a lacuna in German literature concerning the Allies’ firebombing of German civilians and German cities during WW2. According to Sebald, the German writers did not write about what they had been witnessing and for that reason a whole generation did not have any shared, collective memory of these events. The traumatic memories had not been inscribed into language, to use a very helpful phrase from Dorothée Legrand. In cases where a group has experienced and participated in traumatizing events, it might be the case that such events are misrepresented or not represented at all in the collective memory. I want to consider whether in such cases, we can talk of collective amnesia, as it allows me to focus on some of the mechanisms at stake in collective memory. Further, I will argue that what I call memory work involves an active commitment to self-understanding also at a collective level. Once we understand better the notion of memory work, we can understand why and how it is ethically motivated.
13 février : Retour - aux frontières de la vie
Exil : plus d’un lieu, plus d’un temps, plus d’une vie.
Exil : plus d’un.e.
Ici - et là-bas insiste
Maintenant - et avant insiste
Vie - et mort insiste
Insiste, reste, revient sans cesse, hante – fait retour.
Comment dire, comment écouter, comment accueillir ces revenances, ces survivances ?
13 mars...Excès de vie qui résiste à l'anéantissement - encore
Par l’exil, la vie est coupée en deux – au moins deux – et la vie insiste encore, parfois face à l’invivable et quand la mort menace, quand la mort insiste. Quelle est la structure psychique de ces insistances ? A l’écoute des personnes en exil, nous entendrons que, parfois, la mort vécue est une manière déplacée de manifester une survie – un excès de vie qui résiste à l’anéantissement. Refusant de réduire ces mots à des métaphores dont abuserait la philosophie, nous chercherons au contraire à les mobiliser, depuis et avec la philosophie, jusqu’à la pratique psychanalytique, jusqu’à un espace de déploiement de la parole.
10 avril... Dire mourir - et survivre
« Du moins, avons-nous cela, cette certitude sur nous-mêmes, ce savoir de ce qui nous est le plus particulier et le plus intime, […nous] connaissons l’écharde dans la chair où elle est encore, étant remontés vers ces moments premiers où quelque chose de nous est resté fixé et où nous nous sommes attardés indûment. Voilà donc où tout aurait commencé. Oui, s’il s’agissait de moments réellement premiers. Mais c’est la force de l’analyse de dissoudre tout ce qui semble premier en une antériorité indéfinie […]. Et [le moment premier] est-ce qu’il a jamais eu lieu réellement ? Il n’importe, car ce qui compte, c’est que […] peu à peu nous devenions capables d’en parler, d’en faire le récit, de faire de ce récit un langage qui se souvient et de ce langage la vérité animée de l’événement insaisissable » (Maurice Blanchot, « La parole analytique », dans L’Entretien infini, Gallimard, Paris, 1969, p. 347).
15 mai : salon de lecture ⚠️ salle des Actes
chacun.e est convié.e à partager un texte qu'il ou elle aura rencontré cette année au grès de ses lectures, au fil des séances de l'année, quelques mots, quelques lignes, quelques pages qui feront écho au travail mené ensemble au cours du séminaire.