6 - Le statuaire Edme Auguste Suchetet
Enfin, une lueur d’espoir apparut à l’horizon, Suchetet apprit, un jour, avec la plus grande satisfaction, que son mortel ennemi avait quitté l’Administration des Beaux-Arts. Ce fut, pour lui l’occasion de rentrer, dans la place par l’intermédiaire d’un ami influent.
En effet, à quelque temps de là, Mr Larroumet, étant nommé Directeur des Beaux-Arts lui fit confier la reconstitution et la copie de la “ Nymphe à la coquille “ de Coysevox que l’on avait retirée des jardins du Palais de Versailles pour la rentrer au Louvre.
Nous sommes en l’année 1892, l’atmosphère devenant plus sereine, Suchetet va renaître à une vie nouvelle. Successivement, il sera appelé, d’abord, à exécuter le buste en bronze à cire perdue de son ancien professeur d’anatomie à Lyon, Mr le Dr Tripier, puis, dans cette même Cité, à concevoir et à faire édifier le monument destiné à commémorer le souvenir du remarquable poète Josephin Soulary.
Le successeur de Mr Larroumet, à l’Administration des Beaux-Arts, Mr Roujon, confia ensuite à Suchetet de grands travaux pour Versailles, ainsi qu’à Lyon où il lui fit exécuter deux Hauts-Reliefs : “ La Physiologie et la Pathologie “ pour l’Ecole Nationale Vétérinaire.
La Ville de Lyon le chargea également de l’exécution du monument à Pierre Dupont, cet original poète et compositeur français dont la plupart des chants rustiques sont encore, de nos jours, bien en vogue.
Auguste Suchetet se chargea aussi de l’exécution du monument de Jules Joffrin, au cimetière Le Père la Chaise et de quelques motifs décoratifs, pour l’église de Château Vieux (Loir et Cher).
Toute cette affluence de commandes contribua à apporter plus de bien être dans la vie du statuaire qui, tout en faisant construire un atelier, se constitua un petit pécule, assez important, toutefois, pour lui permettre d’envisager l’avenir avec plus de confiance. Dès lors, Suchetet n’ayant plus de soucis d’argent, se disposa de s’adonner entièrement à son Art et de réaliser enfin ses rêves de jeunesse.
Pendant les années 1900 et 1901, le Maître travaillait avec acharnement, à une esquisse dont-il avait depuis longtemps arrêté les grandes lignes. C’était le Rapt. Enfin, en 1902, cette œuvre était à peu près terminée et en 1903, il envoyait le modèle plâtre au Salon.
Lors de cette Exposition, les Critiques d’Art jugeaient que le Rapt devait, à l’un des prochains Salons, concourir sous la forme définitive en marbre, pour la Médaille d’Honneur.
Aussi la Ville de Paris fit-elle l’acquisition de ce groupe en plâtre et passa à l’auteur, commande du marbre.
“ Le Rapt “ parut donc, en marbre, au salon de 1907 et obtint 76 voix pour la Médaille d’Honneur, mais elle ne put être décernée à Suchetet et plus du reste, qu’à son concurrent, en raison des nouveaux règlements qui venaient d’être modifiés, pour cette année même, et qui stipulaient qu’il fallait obtenir la majorité des suffrages, tandis que les années précédentes cette haute récompense avait été accordée au 1/3 des voix, si bien qu’en 1907, Mrs Gose et Suchetet l’auraient, tous deux obtenue, avec les règlements antérieurs. (extrait du journal “ la Marbrerie et l’Art décoratif “).
Alors que le Rapt figurait au Salon de 1907, Suchetet y avait exposé en même temps un groupe en marbre d’une fraicheur exquise “ L’Enfant au Canard “, j’ignore quelle fut la distribution de cette œuvre.
L’année précédente au Salon de 1906, Suchetet avait présenté “ le Rêve de Psyché “ qu’il modifia dans la suite et l’énorme “ Le Nid d’Amour “. A peine le Rapt était-il installé au Petit Palais à Paris où il recueillit, nous l’avons vu, le plus grand succès, que Suchetet entrait en relations avec la Ville de Troyes, afin que ce groupe fut coulé en bronze et édifié sur l’une de nos places ou de nos jardins publics.
On envisagea divers emplacement, puis on décida que “ le Rapt “ occuperait, Place de la Préfecture, le centre d’un bassin situé au milieu d’un square spécialement aménagé à cet effet. (Le Rapt fut définitivement mis en place, fin septembre 1911).