Date de publication : May 02, 2015 5:27:51 PM
Vanessa Voisin interviendra le mardi 5 mai 2015 de 11 à 13 heures au CRHS et présentera la manière dont l’exposition « Filmer la guerre. Les Soviétiques face à la Shoah » a été préparée et conduite.
Un travail collectif et transdisciplinaire : l'exposition "Filmer la guerre. Les Soviétiques face à la Shoah, 1941-1946".
Entre 1941 et 1945, des centaines d’heures de film ont été tournées par les opérateurs soviétiques sur l’ensemble du front Est afin de dénoncer la barbarie nazie et d’attester auprès de l’opinion internationale l’ampleur des massacres et destructions commis par l’occupant. Entrées en URSS pour coloniser un territoire au mépris d’une population jugée inférieure, les troupes du IIIe Reich se livrent rapidement à une guerre d’extermination impitoyable, qui débute par l’assassinat planifié des Juifs.
Comme dans le Livre noir d’Ehrenbourg et Grossman, la litanie des massacres et des dévastations captés sur pellicule raconte une guerre d’une violence totale, que l’Europe n’a ni expérimentée, ni même imaginée. Les images filmiques de ce crime de masse, dont certaines sont présentées au procès de Nuremberg en février 1946, ont rarement été utilisées, même par les Soviétiques. Les bobines conservées jusqu’à nos jours dans les archives russes ont été négligées parce que leur contenu ne correspondait pas à la vision des souffrances de l’URSS en guerre que souhaitait promouvoir le Kremlin. Quant aux Occidentaux, ils sont restés marqués par les quelques cas célèbres de désinformation soviétique, comme Katyn.
Comment et dans quels buts ont été tournées, montées et projetées ces images en URSS pendant la guerre ? Pourquoi les Soviétiques ont-ils minimisé, en dépit des faits, la spécificité des Juifs parmi les victimes des exactions nazies ? Que nous apprennent sur la Shoah ces films pour la plupart inédits ?
La présentation, fondée sur des extraits de l'exposition, soulignera les enjeux du sujet et les approches méthodologiques de l'équipe de commissaires.
Vanessa Voisin a soutenu en 2011 sa thèse sur l'épuration de guerre en Union soviétique (Paris 1 Panthéon Sorbonne, dir. Marie-Pierre Rey), à paraître en mai 2015 aux Publications de la Sorbonne. Elle travaille à présent sur l'image documentaire et la guerre, de 1935 à 1989, en URSS, notamment dans le cadre du projet "Cinésov, 1939-1949" (coord. Valérie Pozner, ARIAS) soutenu par l'Agence Nationale de la Recherche.