Voie des Anglais
La voie littorale, ou voie des Anglais, n'est pas mentionnée parmi les quatre grands itinéraires de pèlerinage traversant la France pour rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle, les Voies de Tours, de Vezelay, du Puy et d'Arles.
C'EST UN ITINÉRAIRE SECONDAIRE EMPRUNTÉ PAR CEUX QUI, DE TOUT LE NORD DE L'EUROPE, GAGNAIENT L'ESTUAIRE DE LA GIRONDE EN BATEAU AVANT DE REJOINDRE L'ESPAGNE.
S'il est moins connu que les voies principales, partout, le long du littoral, il a laissé un riche patrimoine spécifique qui permet de suivre la trace du passage des «Jacquets ».
Le départ de votre parcours se situe au débarcadère du bac du Verdon-Pointe de Grave.
Vous rejoignez rapidement Soulac-sur-Mer, où vous découvrez l'église abbatiale Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres.
Ce magnifique édifice roman des XI' et XI le siècles avait presque entièrement disparu sous le sable de la dune avant d'être sauvé à la fin du XIXe siècle. Les ruines qui l'entourent pourraient être celles d'un hôpital destiné aux pélerins.
Vous descendez ensuite vers Grayan-et-l'Hôpital, dont le nom seul évoque le pèlerinage, puis, après avoir traversé Montalivet vous atteignez Hourtin Plage.
Vous longez ensuite, jusqu'à Maubuisson, le lac d'Hourtin et ses rives enchanteresses, anses sablonneuses, eau limpide, végétation luxuriante et faune omniprésente. L'église du bourg de Carcans possède une jolie statue de Saint-Jacques pèlerin, en bois polychrome du XVII' siècle.
Vous arrivez ensuite à Lacanau Océan, temple du surf, après avoir aperçu le petit étang de Cousseau et sa nature préservée. L'église du bourg remplace celle qui se situait au village de Talaris, déplacée par le fait de la montée des eaux. Elle abrite également une statue de Saint-Jacques.
Par l'étang de Lacanau, vous descendez ensuite vers Le Porge, en empruntant un chemin longeant le canal des Etangs baptisé « chemin de Levade ». Selon plusieurs documents du XII' siècle, une chapelle se dressait à proximité du chemin.
Vous arrivez ensuite à Lège-Cap Ferret où vous entamez le tour du Bassin d'Arcachon par la Réserve Naturelle des Prés Salés d'Arès. Vous traversez Arès pour rejoindre Andernos par la Réserve Naturelle de Saint-Brice-Les Quinconces.
L'église romane Saint-Eloi, en bordure du Bassin, construite sur les fondations d'une villa gallo-romaine était une possession du chapitre Saint-Seurin de Bordeaux rattachée au prieuré Saint-Jacques du Barp.
Vous longez ensuite les plages et ports de Taussat-Cassy- Lanton, pour entrer dans les Domaine de Certes et Graveyron, espaces naturels sensibles, paradis des oiseaux migrateurs, avant de rejoindre Audenge. Près du Port des Tuiles, se situait l'important prieuré de Comprian, aujourd'hui en ruines, qui fut fondé en 1085 pour servir d'hôpital pour les pèlerins et les marins. Quelques éléments sculptés romans et gothiques provenant de Comprian sont conservés au musée d'Arcachon.
Vous franchissez ensuite le delta de la Leyre, rivière des Landes qui se jette dans le Bassin d'Arcachon. Vous y trouverez un relais nature qui vous proposera des visites guidées de cet espace exceptionnel à la végétation et à la faune rares.
Du relais nature du Pont de Lamothe, le chemin vous mène à la fontaine Saint-Jean. Celle-ci se trouve sur l'ancienne voie romaine appelée « chemin de port de By à la station de Lugo », fréquentée par les pèlerins. Beaucoup de voyageurs se sont reposés et désaltérés à cette fontaine. On a trouvé au fond de cette dernière une pierre creusée en forme de coquille pour bénitier. L'église Saint-André-du-Teich, bâtie en style néo-médiéval en 1923-1924, abrite une statue de Saint-Jacques pèlerin en bois polychrome du XVlle siècle.
Au Sud du Bassin d'Arcachon, la voie littorale se poursuit vers Sanguinet dans le département des Landes, en traversant la coulée verte de Cantaranne sur la Commune du Teich, puis en longeant la base aérienne de Cazaux.
Toutefois, la voie des Jacquets se séparait là du littoral pour rejoindre par Mios et Salles la commune de Belin-Beliet. Une fois réparées les fatigues et les dévotions accomplies à l'église de Vieux-Lugo, les marcheurs se dirigeaient vers le prieuré de Saint-Pierre-de-Mons, point de jonction avec la Voie de Tours.
Soulac-sur-Mer: la basilique Notre-Dame de la Fin-des-Terres
Classée Monument Historique le 20 juillet 1891.
Classée au patrimoine mondial Unesco en 1998 au titre des chemins de Saint-Jacques de-Compostelle.
Elevé à l'emplacement d'un oratoire plusieurs fois reconstruit avant l'an mil, le prieuré bénédictin de Soulac, dépendant de l'abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux et son église abbatiale dédiée à Sainte-Marie de la Fin-des-Terres, sont respectivement attestés en 1035 et 1079.
L'église romane, bâtie en petit et moyen appareil sur un vaste plan basilical à trois nefs et chapelles orientées, n'est pas achevée avant le début du Xlle siècle. L'entrée principale se trouvait alors sur le flanc sud, la façade ouest exempte de décoration étant probablement masquée par les bâtiments monastiques. Au nord subsistent les vestiges du cloître.
Au XIVe siècle, l'invasion des sables et la remontée des eaux contraignent à relever de 3,6o m le niveau du sol intérieur. La porte d'entrée gothique est alors percée à l'ouest. Le chevet roman est découronné pour laisser place à un chevet gothique plus élevé. Le clocher carré date de la fortification de l'église durant les guerres de Religion au XVIe siècle. Une nouvelle progression des sables au XVIIIe siècle provoque l'abandon de l'église jusqu'à son désensablement en 1.86o sous l'impulsion du cardinal Donnet. Classée Monument Historique le 20 juillet 1891, sa restauration est achevée en 1910 par la restitution des deux absidioles.
Le chevet présente une division en niveaux que soulignent le bandeau de billettes et le cordon en rinceaux, motifs présents sur les chevets de Bégadan et de Moulis-en-Médoc ainsi qu'à Saint-Nicolas de Mornac-sur-Seudre, tous du premier quart du Xlle siècle. Les grandes fenêtres de l'abside aux extrados et tailloirs ornés de palmettes et de rinceaux sont surmontées d'arcatures géminées alternant avec de larges pilastres à impostes qui s'apparentent à ceux de la cathédrale d'Angoulême.
La proximité des ateliers charentais, l'influence des abbayes de Saint-Sever et de Sainte-Croix, ainsi que l'activité des pèlerinages, font de l'église de Soulac un sanctuaire remarquable encore serti dans son écrin de sable. Les vitraux, oeuvre du maître verrier Chigot de Limoges, installés en 1954, illumine l'édifice de leur lumière colorée.