La Plaine de Plain
palais, à Genève, est l’une des plus grandes places de Suisse (78'135 m2). En forme de losange (640 m. de long x 200 m. de large) et située au cœur de la ville, elle accueille les fêtes foraines et les cirques, dont le cirque Knie, depuis le XIXe s.
Un peu d’histoire
D’abord zone de marécage, dont elle tire d’ailleurs son nom (en latin, plana planus signifie « plaine marécageuse »), elle devint durant le Moyen Age une zone de culture maraîchère puis au XVIIe s., un lieu de promenades et de loisirs : les Genevois y jouaient au mail, une sorte de croquet. Peu à peu entourée de maisons, la Plaine de Plainpalais devint au XIXe s. une place d’accueil pour les cirques, les forains et de grandes manifestations comme la Fête fédérale de tir (1887) ou de gymnastique (1925) et l’Exposition nationale de 1896 (l’équivalent national des expositions universelles). A deux reprises (1875 et 1902), la Plaine de Plainpalais a accueilli le cirque Barnum.
Arènes en plein air
Avant la généralisation des chapiteaux (le premier chapiteau du cirque Knie date de 1919), la Plaine de Plainpalais a accueilli de nombreuses troupes de cirque se produisant en plein air. Une carte postale (voir ci-dessous) éditée à Genève à la fin du XIXe s. ou au début du XXe s. (cachet postal de 1901) et intitulée « Le dimanche à Plainpalais » a immortalisé l’une de ces troupes. Aucune inscription ne permet d’identifier de quelle troupe il s’agit. Il est toutefois quasiment exclu qu’il s’agisse de l’Arène Knie car celle-ci avait l’habitude de se produire sur une estrade en bois comme l’attestent d’autres photos de cette époque. D’après les éléments présents sur cette carte postale, il est possible de déduire que ces artistes présentaient notamment un équilibre de chaises, des acrobaties aux agrès et des entrées clownesques. Il est probable que le spectacle était accompagné musicalement par un orgue de foire comme c’était la coutume à l’époque, même si on n’en voit pas sur cette image. A l’arrière-plan, on aperçoit des roulottes en bois et quelques tentes. Peut-être y avait-il une petite ménagerie ou peut-être servaient-elles seulement à abriter les chevaux chargés de tracter les roulottes.
L’unique cirque en dur de Suisse
De 1880 à 1955, les abords de la Plaine de Plainpalais ont également accueilli l’unique cirque en dur de Suisse, le cirque Rancy (ou cirque de Plainpalais). Construit à la place d’un cirque plus ancien, en bois, et exploité par le Français Théodore Rancy (1818-1892), spécialiste du dressage équestre, puis par ses enfants, il devint en 1907 un cinéma. Ce bâtiment a malheureusement été détruit en 1955.
Cirques étrangers
Au cours du XXe s., la Plaine de Plainpalais a accueilli, outre les cirques suisses, quelques cirques étrangers comme Barnum (1875 et 1902), le cirque Bouglione en 1962 (sous le nom de City Circus) avec son son célèbre programme « La perle du Bengale », une féérie (revue) avec 25 danseuses et 500 costumes, le cirque Grüss en 1965 et 66 ou encore le cirque Sabine Rancy en 1976. Plus récemment, le cirque du Soleil s’y est installé en 2006.
De 1978 à 1980, une moitié de la Plaine de Plainpalais fut momentanément éventrée pour permettre la construction d’un parking souterrain dont la première pierre fut posée par un éléphant du cirque Knie (en 1978).
De 2009 à 2012, par étapes, la Plaine de Plainpalais a été assainie et réaménagée, avec notamment un revêtement en ghorr du Beaujolais (identique à celui de la Place Bellecour à Lyon). Durant une partie des travaux, les cirques de passage à Genève ont été relogés sur la pelouse de la caserne des Vernets (ce fut le cas du cirque Knie en 2009).
François Beuret
Texte paru dans la revue Circuszeitung (allemand) 4/2013
Le cirque du Soleil sur la Plaine de Plainpalais en 2006. Photo F. Beuret