3- Histoire

                                  Cadastre Napoléonien 1820

         

                   Plan d'Aureilhan aujourd'hui

De l’époque romane jusqu’à la Révolution 

Préambule : L’église Saint-Monmolin, implantée en bordure de l’étang d’Aureilhan, a été édifiée à l’époque médiévale, agrandie après la guerre de Cent ans par l’adjonction d’un clocher occidental, puis au XVII ème siècle par la construction d’une chapelle Nord consacrée à Saint Monmolin et d’une sacristie au Sud, enfin au XIXème siècle par la chapelle funéraire de la famille Sargos côté Sud.

Contrairement à son vocable actuel, l’église paroissiale d’Aureilhan, était primitivement placée sous la protection de Saint Vincent de Xaintes  (un doute il y avait entre Saint Vincent de Xaintes ou Saint Vincent diacre martyr de Saragosse et Saint patron des Vignerons ?). Mais après confirmation, il s'agirait bien de Saint Vincent de Xaintes.

Sous l’ancien régime la paroisse dépendait de l’archiprêtré de Born, qui occupait la partie sud-ouest la plus éloignée du diocèse de Bordeaux. Les premières mentions de l’église apparaissent au début du XIVe siècle dans les comptes de l’archevêché, et en 1398 l'église figure dans la nomenclature des paroisses du diocèse pour servir à l'établissement des quartières, sous son nom latin, "Sanctus Vincentius de Aureilhan". Les quartières étaient des prestations en argent ou en grains, auxquelles les églises paroissiales du diocèse de Bordeaux avaient de tout temps été assujetties envers les archevêques.

Comme dans la plupart des communes landaises, les églises de l’archiprêtré de Born sont de modestes édifices de campagne à nef unique prolongée le plus souvent par une abside circulaire, selon une formule qui est largement répandue pour la fin du XIe siècle et l’ensemble du XIIe siècle. L’église d’Aureilhan adoptait originellement ce type de plan au XIIe ou XIIIe siècle, époque probable de sa construction. De ce passé médiéval l’édifice conserve sa nef et son abside. Seule la baie axiale de cette dernière a gardé son encadrement roman. L’étude de l’appareillage et des restes de maçonnerie sur la face Est de la tour, laisse apercevoir le départ d’un ancien clocher-mur, celui-là même qui sommait le portail de l’église romane d’origine.

 

A l’Ouest, dans le prolongement de la nef fut probablement ajouté à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle un clocher-porche, aux murs épais épaulés par de hauts et puissants contreforts. A la suite des multiples conflits de la guerre de Cent ans, les campagnes sont désertées et de nombreuses paroisses délaissent leur église. Dans les régions les plus atteintes, ce n'est que lorsque la population se fut reconstituée, qu'elle eut remis en valeur les terres devenues incultes et qu'elle eut fait des profits suffisants qu'elle put songer à remettre en état les édifices de cultes.

 

Les églises portent souvent des traces de modifications défensives. Ces modifications que l’on rencontre dans les églises landaises avaient été réalisées pour des besoins de protection. Les habitants ayant pris l’habitude d’y déposer leurs biens et de s’y réfugier en cas de danger, c’était une des raisons de fortifier les églises : meurtrières, échauguettes ou mâchicoulis sont courants à en juger par le nombre qui nous sont parvenus. Les clochers ne sont pas épargnés par ces transformations et certaines églises se dotent d’une véritable tour défensive construite en avant du clocher ou bien le remplacent totalement. Ce type de fortification se retrouve fréquemment dans les églises landaises comme à Lévignac, Mézos, Lesperon ou Saint-Julien-en-Born.

 

L'église d’Aureilhan avait-elle souffert pendant la guerre de Cent ans ? La façade occidentale avait-elle été détruite au cours de l’un des nombreux conflits qui se déroulèrent dans la région ? Faute de documentation, il reste difficile de dater avec précision la construction du clocher. Cependant à l’intérieur de la tour, une poutre décorée de motifs géométriques en creux et en relief, de 4 mètres de long sur 70 cm de large semble dater de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. En 1926, Monsieur Xavier de Cardaillac procéda au relevé et à l’étude des motifs de cette poutre.

 

Le clocher est actuellement couvert par une flèche polygonale aiguë d’ardoises, primitivement la toiture était recouverte de bardeaux de bois de chêne. On retrouve ce genre de clocher à Lesperon, ou Mézos, aussi en Chalosse à Larbey …Bien que refaite à plusieurs reprise aux cours des siècles, les charpentiers conservèrent à Aureilhan la forme originelle de la toiture.

 

Tout au long des XVII ème et XVIII ème siècles, les églises du diocèse de Bordeaux sont visitées à plusieurs reprises sur ordre des archevêques successifs. Dans certains cas le prélat se déplace en personne, d’autre fois il nomme un visiteur. Malheureusement, les descriptions du XVII ème siècle se cantonnent à une énumération très succincte des ornements indispensables au culte, n’évoquant que très sommairement l'architecture et l'état de l'édifice. La première mention d’une visite à Aureilhan date de 1622 mais le commentaire du visiteur reste relativement bref :

« Ledit jour a esté visitée l’église paroissiale de S. Vincent d’Aureilhan, a esté trouvé sur le grand autel un tabernacle honneste et décent, peint et doré par le dehors toutefois sans pavillon ny doublure par le dedans et dans iceluy une custode d’argent dorée, avec sa forme de lune ou soleil, et dans icelle le S. Sacrement. Le calice d’argent avec sa patene, corporaux, voiles, purificatoires, y ont esté trouvés décents et honnestes ; comme aussy quelques autels portatifs, deux chasubles une blanche et une rouge…Seul le grand autel est orné de son parement ou devant d’autel. Les images de l’église y ont esté repeintes décemment ainsy que les retables et le crucifix. L’image de S. Jean quy estoit sur l’un de ces autels en a esté osté comme jugée indécente, sans toutefois qu’en sa place il y en ait esté mise d’autre. Il y a esté achepté deux chandeliers, une bannière honneste, finalement les vitres y ont esté refaites et un confessionnal posé en lieu requis… »

 

Quatre ans plus tard, le six septembre 1626, le visiteur précise que les vitres de l’église sont rompues et qu’il est nécessaire « de faire lambrisser ladite église et blanchir par le dedans, et recouvrir par le dehors » Ce commentaire permet d’affirmer qu’à l’origine la charpente était visible depuis la nef.

 

Une troisième visite se déroula en 1630 mais le rapport reste toujours aussi sommaire :

 

«Et advenant le huitième jour du mois et an susdit nous nous sommes transportés en la paroisse St Vincent d’Aureilhan audit born, et dans l’église dudit lieu, où le sr Curé nous avoit fait voir un très beau ciboire, bien peint par le dedans dans lequel il y a custode d’argent doré, où repose le st sacrement de l’autel et quant aux ordonnances de visite de défunt Monseigneur le Cardinal, elles ont esté du tout exécutées, sauf que la plus grand part de l’église n’est point lambrissée. Et quand aux murailles du simetière, elles sont du tout presque ruinées et desmolies. Il est remarquable que l’église dudit Aureilhan est grandement obscure, tellement qu’au rapport du sr curé, des fabriqueurs et habitants dudit Aureilhan il seroit à propos de faire une ouverture, dans la muraille de ladite église du costé droit, et y poser une vitre »

 

Les archives conservent le rapport d’une ultime visite effectuée à la fin du XVIII ème siècle, qui livre quelques précisions supplémentaires sur l’état et le plan de l’édifice à la veille de la Révolution :

 

« Nous nous sommes transportés dans l’église de Saint-Vincent d’Aureillan, archiprêtré de Buch et Born, pour y faire la visite de l’église paroissiale…

Nous avons trouvé le saint sacrement bien conservé dans le st ciboire et renouvelé souvent à cause de l’humidité de l’église.

Ciboire d’argent bien doré, il n’y a pas de croix sur le couvercle.

Soleil, il n’y a qu’un croissant en argent qui se monte sur le pied du ciboire.

Tabernacle, assez bien extérieurement, il n’est pas doublé au dedans d’une étoffe, mais il est doré.

Maître autel bien décoré, il n’y a que deux devants d’autel.

Reliques : point

Fonts Baptismaux, il ne reste que la pierre , l’ancien balustre est tombé en [ poussière], le vase qui contient les eaux baptismales est dans la sacristie ; ce vase est de cuivre couvert de gris et de vert et très mal propre.

Chapelles et autels, il y a une chapelle dédiée à St Monmolin dans un petit enfoncement qui est détaché du corps de l’église par deux lézardes, il est nécessaire de les réparer ou de fermer l’arceau et de mettre l’autel dans la nef.

Confessionnaux, un confessionnal qui peut encore servir.

Chaire, petite et peinte en bleu.

Eglise, assez grande, le lambris qui couvre la charpente paroit affécé.

Il n’y a pas de chœur, le sanctuaire est assez bien et fermé par un balustre.

Nef, les murs sont bons, elle est assez bien carlée, il n’y a que quelques pavés à renouveler vers l’entrée de l’église.

Clocher, est en réparation, la plus grande partie est faite, il ne reste à réparer que la partie du levant, on dit qu’il y a un marché fait pour tout finir.

Nombre de communiants : cent

Un banc appartenant au seigneur.

Sacristie, petite et humide, il n’y a pas de fontaine.

Cimetière : clos partie en planches partie en hayes vives, il n’y a pas de croix.

Nombre de fidèles de ladite paroisse : cent cinquante. »

 

Ce rapport mentionne pour la première fois la présence d’une chapelle dédiée à Saint Monmolin. Il s’agit vraisemblablement de la chapelle Nord, la chapelle Sud ne sera construite qu’au XIXe siècle par la famille Sargos, pour en faire sa chapelle funéraire. Ainsi à la fin du XVIII ème siècle, le plan roman avait été amplifié par une chapelle au nord et par une sacristie au sud. Le cadastre napoléonien de la commune, daté des années 1820 conserve le souvenir de ce plan intermédiaire. A l’intérieur la mention d’un lambris couvrant la nef prouve que les travaux préconisés au XVII ème siècle avait bien été conduits. Enfin le clocher avait du souffrir des intempéries puisqu’il se trouve au moment de la visite en réparation. A noter également qu’à cette époque le cimetière était fermé par une clôture constituée de planches et de haies.

 

L’église au XIXe siècle

 

A la Révolution française l’église est fermée et l’orfèvrerie cultuelle saisie. Les pièces en argent sont fondues à l’hôtel des monnaies et les objets en cuivre ou étain sont envoyés à la fonte des canons. Bien que le culte soit interdit, le curé d’Aureilhan, nommé Monsieur Cadilhon, ainsi que ceux de Saint-Paul et de Mimizan, se réunissent dans la métairie de Gentas à Aureilhan.

 

Une fois la tourmente révolutionnaire passée, le conseil municipal va s’attacher à réparer les dégâts et à remettre en état son lieu de culte. L’église qui nécessitait déjà quelques réparations à la fin du XVIIIe siècle se trouve en mauvais état au début du XIX ème siècle. En 1810, une délibération du conseil municipal rapporte qu’il est nécessaire de « porter des promptes secours pour éviter la chute d’une grande partie du lambris de l’église, et les réparations à la flèche du clocher ». De nouveau en 1818 l’édifice nécessite des travaux de restauration. Cependant la commune ne peut subvenir seule à leur financement et demande alors un secours auprès de la préfecture, qui lui est refusé en 1821. Néanmoins grâce à la générosité de quelques paroissiens, la fabrique acquiert en 1836 une nouvelle cloche et trois ans plus tard les travaux de réparation du clocher s’achèvent.

 

Jusqu’en 1840, l’église d’Aureilhan est rattachée à celle de Saint-Paul-en-Born. Mais l’éloignement géographique entre les deux communes pénalise les 325 habitants d’Aureilhan, qui doivent se rendre la plus part du temps à Saint-Paul-en-Born pour les offices. D’autant que « la commune est séparée de celle de Saint-Paul par un chemin traversant les marais et des ponts impraticables, que toute communication est interrompue en hiver, et que la distance entre les deux communes et de 6.250 m. »

 

Dans sa séance du 15 septembre 1840, le conseil municipal fait la demande d’ériger la commune d’Aureilhan en succursale :

« considérant que la dite commune possède une maison presbytérale convenable, laquelle a été réparée il y a trois ans, que l’église et le clocher ont été refaits en 1839, que le mobilier de la dite église a été augmenté pour arriver au nécessaire… »

 

Cependant l’archevêque d’Aire signifie sa désapprobation au préfet dans une lettre du 29 novembre 1842, en raison de « l’état déplorable de l’église dont la visite m’avait profondément affligé. Le bâtiment, la sacristie, l’entrée et l’intérieur de cette église sont dans un dénuement, je dirais même une indécence complète. Il y a peu d’église dans le diocèse qui m’aient donné une impression aussi pénible et d’aussi triste souvenir que celle d’Aureilhan ». Malgré le mécontentement de l’archevêque, la paroisse est érigée en succursale le 6 octobre 1843 par une ordonnance royale, signée de Louis Philippe, avec une nouvelle circonscription le diocèse d’Aire, dans le canton de Mimizan.

 

En 1846, la municipalité formule une nouvelle demande de secours pour la réparation de l’église. Dans sa délibération, du 23 juillet 1848, le conseil municipal évoque « l’urgente nécessité de réparer l’extérieur de l’église d’Aureilhan délabrée depuis longtemps par le mauvais temps. » et vote le montant de 130 francs, nécessaire à ces réparations. Dans son devis, l’entrepreneur s’engage à fournir la chaux, le sable et les moellons.

 

Sans que leur nature soit précisée, des travaux sont projetés au clocher en 1862, mais ils ne peuvent être payés en totalité par la commune. En 1877, M. Jean Lavigne, charpentier à Saint-Julien-en-Born, exécute les travaux de réparation de la toiture de la flèche. Et l’année suivante, le conseil municipal vote la somme nécessaire pour la réparation du plancher du clocher.

 

En 1881, à l’occasion de l’agrandissement du cimetière par l’acquisition de nouvelles parcelles à l’ouest, est dressé un plan de l’église. Ce plan montre que l’église à cette date adoptait son plan actuel . Ce relevé permet donc de dater la construction de la chapelle sud entre 1820 et 1880.

 

Le 21 novembre 1888, il est établi un traité entre M. Paul Sargos, maire, et le nommé M. Berques charpentier pour les ouvrages reconnus nécessaires à la charpente et à la toiture de l’église, pour un montant de 300 francs.

 

A la fin du XIXe siècle, M. Henri Lespez, charpentier à Mimizan remplace la couverture en bois de la flèche du clocher. La délibération du conseil municipal adopte le devis qui propose une nouvelle couverture en ardoise des Pyrénées, ardoise provenant de carrières de Bagnères-de-Bigorre, « qui offraient des conditions de solidité et de durée autrement sérieuses qu’une couverture en bois … et un voligeage en pin de qualité » . A l’occasion de cette campagne de travaux la girouette est réparée et replacée. Le chantier est réceptionné en mai 1897.

 

L’église au XXe siècle 

 

Le 19 fevrier 1906, M. Leroy, receveur des Domaines à Mimizan effectue l’inventaire des biens de la fabrique, selon la loi du 9 décembre 1905, concernant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, en présence de M. Gentieux, curé d’Aureilhan et de M. Duprat, président du bureau des Marguilliers.

 

En 1928 de nouveaux travaux doivent être engagés dans la chapelle de la Vierge, dans le bas-côté sud qui abrite le caveau de la famille Sargos. M. Léon Sargos propose de prendre à sa charge les réparations. M. Depruneaux, architecte à Mont-de-Marsan, a la charge de surveiller les travaux conformément au projet. La même année, le clocher doit de nouveau faire l’objet de réparations, la couverture ainsi que la charpente sont révisées. Le Duc de Westminster offre de financer les réparations.

 

Le 13 mars 1935, alors que le plafond de l’église menace de s’effondrer, est établi un marché de gré à gré entre le maire et M. Louis Dautel plâtrier à Mimizan. Ce dernier s’engage à démolir le plafond actuel de la nef, du transept nord et du chœur de l’église et à refaire ces parties en totalité sur lattis, soit 160 m² de surface, et à mettre en place une gorge « périmétrale » de 75 mètres. L’entrepreneur refera également le crépissage intérieur du mur Ouest.

 

Enfin, deux dernières campagnes de travaux furent conduites assez récemment : 

- La première, dans les années 1980, sous la mandature de Monsieur Bernard Boyau, consista à recouvrir les parois extérieures de l’édifice d’un enduit de ciment

- La seconde, conduite par Madame le Maire Michèle Birochau, consista à remplacer la couverture en tuiles détruite par la tempête de 2007 (travaux faits en 2008). 

En 2006, Madame Birochau et son équipe municipale furent à l'initiative d'une importante étude architecturale avec pour projet de restaurer l'intérieur de l'église, très endommagé. Cette étude, complétée d'un examen approfondi de quelques échantillons de peintures murales, a permis de mieux connaître le bâtiment, et servit de base de réflexion pour la rénovation, certes différente, entreprise en 2016 par le Maire Jean-Richard Saint-Jours.

Et depuis 2006 (voir "création de l' Association"), l'Association ADARE est présente aux côtés des deux municipalités.   

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