Y Dossiers - En vérité... On nous ment !

Dans les méandres labyrinthiques des rayons d'un supermarché, Box Meuledor et Nana Secoulit font un constat accablant : certaines personnes affirment que les gens vieillissent dans notre chère France! Qui y a-t-il de vrai dans ces propos antinationalistes. Nos deux zéros se lancent dans une course contre le temps.

 

  

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En vérité… On nous ment !

 

 

Dans un supermarché de la chaîne "Moins cher que ça… C'est gratuit !", Box Meuledor et Nana Secoulit achètent, chacun de leur coté, les produits de première nécessité pour la semaine.

Caché dans un présentoir de produits surgelés, lunettes noires sur les yeux, l'homme à la sucette les espionne, déguisé en poisson pané.

Pendant que Box achète une série de livres sur "La psychologie culinaire extraterrestre", Nana remplit son caddie au rayon "Lingeries affriolantes".

Plongé dans sa lecture, Box est soudain sauvagement bousculé par un centenaire voulant atteindre un livre intitulé "je m'euthanasie moi-même … Y a qu'ça qui m'intéresse !". Box s'apprête à  lui asséner un violent coup de karaté, pour lui apprendre à vivre, mais il stoppe soudain son geste. Il vient de reconnaître son arrière-grand-oncle Albert qu'il n'a pas vu depuis 72 ans. (La dernière fois, c'était dans l'album de famille des Meuledor.  Sur la photo, Albert était un solide gaillard de 25 ans).

Box est étonné de l'aspect chétif, rabougri et vieux de son arrière-grand-oncle et lui en fait part. Celui-ci s'en excuse, mais, d'après son docteur, il paraîtrait que cela vient de la vieillesse. Meuledor entre alors dans une rage folle. "Alors, vous écoutez tout ce qu'on vous raconte et vous vous laissez aller à vieillir ! Un peut de volonté que diable !" Il désigne un enfant courant dans les rayons. "Vous croyez qu'il s'en soucie de la vieillesse lui ? Bien sûr que non ! Et il est en pleine santé. Regardez-vous ! À 25 ans vous mesuriez 1m85, aujourd'hui vous culminez avec peine à 1m44. Cette pseudo-vieillesse dont vous parlez ne peut expliquer votre état lamentable. Il y sûrement une autre explication que l'on vous cache".

Au bout du rayon, lunettes noires sur les yeux,  l'homme à la sucette les espionne, déguisé en Playmate testant une machine à bronzer.

Nana rejoint Box avec un chariot rempli de sous-vêtements en dentelles de latex et cuir fluo. Elle s'inquiète de la nervosité de Box et lui propose un massage intégral immédiat. Meuledor lui montre alors la cause de son émoi. En voyant le vieux Albert, Nana ne peut réprimer un "Ou la la, le gravas ! Il a le métabolisme dans un état d'altération complètement métastasé ! "

Box lui expose le problème. Nana avoue avoir vu, pas plus tard qu'il y a 5 minutes, au rayon "Conserves garanties avec conservateurs", une femme encore plus vieille et petite.

Nos deux zéros comprennent tout d'un coup que le phénomène se généralise et qu'il n'y a pas un instant à perdre.

Ils embarquent tous les vieux du supermarché dans des caddies et passent les caisses sans payer.

Sur le parking du supermarché, ils font une autre moisson de petits vieux rabougris.

Pendant que Box fait chauffer le moteur de la "Deuch", Nana attache le train de caddies à l'arrière du véhicule et vérifie que les vieux sont confortablement installés, les uns sur les autres.

À quelques pas de là, lunettes noires sur les yeux, l'homme à la sucette les espionne en éternuant, déguisé en affiche publicitaire pour médicament.

La Deuch et son train de caddies bourré à craquer démarrent en trombe, direction : le domicile du premier vieux pour relever les indices.

 

 

En vérité… On nous ment ! II

 

À quelle vitesse peut aller un caddie chargé de centenaires ?

Pourquoi l'homme à la sucette porte-t-il des lunettes ?

Comment se faire respecter de sa moquette ?

Dis ! Tu la sens ma grosse paroi intestinale ?

Les réponses, tout de suite !

 

 

Box Meuledor et Nana Secoulit font le tour de Paris à un train d'enfer en tirant derrière leur Deuch une colonne de caddies remplie de vieux.

Au cours de cette chevauchée trépidante, certains vieux ont été éjectés, mais dans l'ensemble, ceux qui ont réussi à s'accrocher sont contents de la ballade.

Collé au bitume, lunettes noires sur les yeux, l'homme à la sucette espionne leur parcourt, déguisé en ligne continue.

Chacun des vieux est posé par Box et Nana directement dans sa chambre exiguë, sa cave, son taudis, son mouroir collectif (rayer les mentions inutiles).

À chaque halte, Meuledor et Secoulit en profitent pour inspecter les lieux et faire subir un interrogatoire poussé aux vieux pour savoir qu'est-ce qui les pousse à être vieux, rabougris et petits. C'est vrai quoi ! Dans un beau pays comme la France, y a pas de raison !

Chez un des vieux, lunettes noires sur les yeux, l'homme à la sucette espionne les conversations de nos zéros, déguisé en pot de fleurs posé sur un guéridon. Box s'approche du guéridon, voit la paire de lunettes posée sur le vase et les saisit pour les essayer. Il reconnaît alors aussitôt l'homme à la sucette. Le pot de fleurs lui conseille de laisser tomber cette enquête qui le dépasse ou sinon, il ne fera pas de vieux os. Puis il se déguise en courant d'air et fuit par la fenêtre entrouverte.

Meuledor est maintenant persuadé de la conspiration et redouble sa terminale son attention.

À la fin de leur parcourt, Meuledor et Secoulit font le point sur les indices communs à tous ces vieux.

Mis à part le fait qu'ils aient tous dans leurs toilettes, le portrait de Pascal Sevran ou Dorothée, Box et Nana constatent qu'il y avait de la moquette dans chacune des habitations, à l'exception d'une.

Nana ayant subrepticement découpé 2 mètres carrés de moquette dans l'une des habitations, ils entreprennent de l'étudier à la loupe dans le squat de Meuledor. Ils en inspectent les moindres recoins. Nana est très excitée par le fait d'être accroupie sur ce carré poilu en compagnie de Meuledor. Des tas d'idées lui viennent en tête et soudain, avec la fulgurance d'un coït de lapin angora, l'explication explose dans sa tête.

Elle réveille Box qui, accroupis et tête en avant, s'est endormi sur la moquette, l'œil posé sur la loupe. Elle lui demande si les poils et les boucles de la moquette ne lui rappellent rien. Box la regarde avec un air d'autant plus ahuri qu'il a maintenant la loupe coincée dans l'orbite, à la manière d'un monocle.

"L'INTÉRIEUR DE LA PAROI D'UN ESTOMAC !" Hurle-t-elle. L'estomac qui est chargé de digérer et puiser l'énergie nécessaire au corps, dans les aliments qui sont en contact avec lui. Meuledor se réveille d'un seul coup. Ainsi, les moquettes que l'on croyait totalement inoffensives sont en réalité douées d'une vie propre et digèrent le genre humain pour subsister. Le processus doit être progressif, c'est pour cela que l'on ne s'en est pas aperçu jusqu'à présent.

Et très long, précise Nana, c'est pour cela qu'il faut au moins 75 ans pour devenir vieux. Avec le temps, les humains se rabougrissent, pompés de leur énergie vitale par cet être vil et plat. Leur taille diminue, car ils sont rongés par les pieds et ils finissent par mourir, digérés par leur propre moquette.

Et celui qui n'avait pas de moquette chez lui ? S'enquiert  Meuledor.

Il portait des Charentaises doublées de poils bouclés. C'est encore pire ! Précise Secoulit.

Meuledor pâlit. "C'est horrible ! Cela veut dire que depuis des millions d'années, les humains meurent bêtement de vieillesse sans savoir exactement pourquoi !"

Box et Nana décident aussitôt d'informer les populations du globe en écrivant un article dans la gazette gratuite du quartier.

Puis, dans la foulée, ils font voter une loi au parlement européen, obligeant tous les fabricants à inonder leurs moquettes de pansements gastriques pour en annihiler les effets néfastes.

En se promenant dans la rue, Box et Nana prennent des résolutions.

Elle va arracher immédiatement la moquette à l'intérieur de sa baignoire.

Lui décide d'arrêter d'en fumer.

Un courant d'air à lunette passe au-dessus de Meuledor et Secoulit.             FIN

 

Skar