Y Dossiers - E.T en Basquie

E.T en Basquie

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Box Meuledor et Nana Secoulit viennent de terminer une longue enquête. Nos deux héros sont bien décidés à profiter de leur semaine annuelle de congé non payé.

Secoulit est venu rejoindre Meuledor devant son squat du XXe arrondissement, pour charger les nombreux bagages dans la "Deuch" de Box.

Sitôt fait, ils prennent la route. Direction: la cote d'azur et ses mystères.

De son côté, la gardienne du squat, une charmante cinquantenaire de 1,5 mètre cube, prépare ses bagages dans des sacs de supermarchés qu'elle entasse devant la loge.

4 Heures d'embouteillages plus tard, Box et Nana franchissent les portes de Paris.

Pour passer le temps, Nana a kidnappé un jeune passant qui lui semblait délicieusement suspect. Sur la banquette arrière encombrée de bagages, elle effectue une fouille corporelle dans les règles.

Sur l'autoroute, Meuledor s'inquiète du nombre pharamineux d'automobilistes prenant la même direction que lui. Il subodore une indiscrétion quant à l'itinéraire secret de ses vacances. Le fait que la majorité des véhicules qui l'entourent soient étrangers n'est pas fait pour le rassurer. Apparemment, une invasion se prépare.

Sa suspicion est renforcée par le fait que quelqu’un a intentionnellement créé des travaux factices sur l'autoroute afin de l'empêcher d'arriver à temps pour avoir une place au camping municipal de Palavas-les-Flots. (Tous les hôtels 1 étoile étaient complets). Il compose un numéro sur son téléphone cellulaire.

Sur la banquette arrière, le téléphone de Nana sonne. Elle jette le jeune suspect épuisé par le toit ouvrant de la Deuch et répond. Box lui fait part de ses angoisses. Secoulit confirme l'étrangeté de ces travaux sur l'autoroute, car elle n'a pas encore aperçu un seul travailleur musclé dégoulinant de sueur.

Aussitôt, Nana branche son téléphone sur l'ordinateur portable rangé dans la boîte à gants. Elle se connecte sur internet et fait une recherche booléenne sur les termes: travailleur+musclé+dégoulinant+sueur

Après 15 heures de route sous un soleil de plomb et une dizaine d'auto-stoppeurs et stoppeuses violés par Nana, la Deuch arrive en vue de la côte. Stoïque, Box continue à conduire avec un masque NBC (Nucléaire, Biologique, Chimique) sur la figure, car l'odeur d'un couple de putois dans leur tanière n'est rien à côté de l'ambiance olfactive de stupre généré par Nana et ses partenaires.

À l'entrée du camping "Soleil à volonté", une immense étendue plate sans un seul arbre, Box retrouve sa gardienne de squat qui a visiblement trouvé un job pour les vacances: gardienne de camping. Sans commentaire superflu, elle lui alloue les 4 mètres carrés réglementaires pour deux personnes.

Ayant un petit creux, Box et Nana commandent à la buvette du camping deux sandwichs "light" à prix "heavy".

Pendant que Meuledor s'énerve à monter la tente, Secoulit part en étude ethnologique dans la mégalopole de toiles et de caravanes qui est en train de se constituer dans le camping.

À l'intérieur de la tente, Box constate son insonorisation médiocre. S'il utilise son téléphone portable pour joindre son chef Skippeur, il risque fort d'y avoir des oreilles indiscrètes. Il fait aussitôt un essai en se glissant au fond d'un duvet pour étouffer la conversation, mais ce procédé artisanal manque d'efficacité, car il est très difficile de parler quand on suffoque.

Box envisage dans un premier temps de creuser une salle secrète à 8 mètres sous sa tente. Dans un deuxième temps, un dôme de béton et une enceinte de barbelés électrifiés seront nécessaires.

Pour les moustiques qui inoculent le paludisme méditerranéen, il verra plus tard.

Pour l'heure, il est temps pour nos deux héros d'aller se baigner avant que le soleil ne se couche, car la plage est à plus de 5 kilomètres.

Face à la mer, sous leur parasol, Meuledor et Secoulit goûtent à la quiétude du lieu, tout comme les 17 000 personnes qui les entourent.

Secoulit bronze avec application. Elle est vêtue d'un maillot très parisien, constitué de trois tickets de métro, habilement répartis sur son corps voluptueux.

Box, en maillot trois-pièces, a juste emporté le strict minimum à la plage. Son téléphone cellulaire, son micro portable, une télé 24 pouces et sa coupole de réception satellite, une radio multifréquences, etc. Mais pour l'instant, il espionne les conversations des vacanciers à l'aide d'un micro-canon.

À quelques pas de là, telle une montgolfière échouée sur la plage, la concierge bronze.

Un gosse court sur le sable et s'empare du béret d'un petit vieux faisant sa promenade. Le gosse lance le béret comme un Freesbee. Le couvre-chef plane un moment dans l'air et passe à hauteur des yeux de Meuledor. L'objet volant est immédiatement identifié par Box qui s'élance à sa poursuite, avec la vélocité d'un gastéropode cocaïnomane. En se levant, il renverse son parasol sur lequel s'empale le petit vieux qui courrait après son béret.

En rampant sur le sable, Box approche et analyse l'OVI (Objet Volant Identifié… par Box !) qui a fini par se poser. Il n'a jamais vu une soucoupe volante aussi petite. Il ausculte l'objet avec précaution et constate que celui-ci est vide. Sans doute une sonde automatique, conclut-il.

Il se renseigne auprès des autochtones sur la fréquence de ce type d'apparitions. Le troisième type qu'il rencontre lui donne des infos de première main. À plusieurs reprises, l'homme a vu des vieux Basques porter ce type de trucs sur la tête.

Nana ayant constaté le décès du petit vieux a rejoint son coéquipier pour l'informer que l'autopsie pratiquée sur la plage n'a pas révélé de caractères extraterrestres. Box précise aussitôt que le vieux était un basque, donc un humain. "Rien n'est moins sûr!" lui rétorque Nana. En effet le peuple basque a une langue et une origine qui reste mystérieuse. Son capital génétique n'a pas été modifié pendant des milliers d'années. Ils sont comme protégés par une force mystérieuse. De plus, il paraît qu'il y a un nid de Basques à la frontière franco-espagnole.

Soudain tout s'illumine pour Meuledor. Voilà pourquoi ils ont eu tant de mal à arriver dans le sud. Les embouteillages, les travaux, les hôtels soi-disant complets, les tarifs prohibitifs, la bouffe dégueulasse. C'est sûr, on veut nous empêcher d'approcher les Basques et de découvrir une affaire qui dépasse l'imagination.

Mais quels liens existe-t-il entre les Basques et les minuscules ET?

Meuledor et Secoulit décident de partir dès le lendemain pour la BASQUIE.

(à suivre)

Texte : Skar

Illustrations : Nicolas Malherbe