Comme la France, l’Angleterre a ses colonies. Il est ici question des Treize colonies qui se sont installées entre l'Atlantique et les Appalaches. La religion détient une place importante dans la vie des colons anglo-américains. Ils sont protestants. Les Treize colonies sont beaucoup plus peuplées que la Nouvelle-France.
La métropole des Treize colonies est l'Angleterre.
Alors qu'en Nouvelle-France la colonie a été mise sur pied par le roi, dans les Treize colonies, c'est un peu différent. Quelques colonies, à charte, ont été créées par une compagnie. D'autres colonies sont créées par un lord propriétaire, un individu auquel le roi permet de créer puis de gouverner une colonie. Enfin, quelques colonies ont été créées directement par le roi.
Avec le temps, le roi d'Angleterre tente de prendre plus de contrôle sur ses colonies. En 1745, toutes les colonies relèvent du roi, sauf la dernière à être fondée, la Géorgie. Mais même sous autorité royale, les colonies anglaises ont plus d'autonomie politique et économique que les colonies françaises.
Un siècle et demi après sa fondation, la Nouvelle-France peut difficilement survivre sans la France. De leur côté, les Treize colonies sont autonomes pour le commerce et le gouvernement local. Elles ont seulement besoin de l'Angleterre pour les défendre contre les Français.
Entre l’Atlantique et les Appalaches
Monsieur l'intendant,
Je viens de visiter le territoire anglais au sud de la Nouvelle-France. Leur espace est restreint et compte treize colonies indépendantes les unes des autres, mais qui ont en commun leur lien à l'Angleterre. Les Treize Colonies sont situées entre l'océan Atlantique et la chaîne de montagnes des Appalaches. La population augmente tellement vite qu'elle n'a presque plus de terres disponibles pour s'établir. Elle aimerait étendre son territoire au-delà des Appalaches mais cette région est contrôlée par les Français.
Les Treize colonies peuvent être divisées en trois parties :
Les colonies du Nord ou Nouvelle-Angleterre
Du Massachusetts au Rhode Island, le paysage ressemble à la Nouvelle-France. L'hiver, le climat est plus froid et il y a de la neige à certains endroits. La végétation est mixte, il y a des feuillus et des conifères. En fait, on pourrait se croire en Nouvelle-France, sauf que les sols sont plus rocheux et moins fertiles. Cependant, les cours d'eau ne gèlent pas, ce qui facilite beaucoup les communications. Il est possible de naviguer et de commercer à l'année, ce qui est un très grand avantage.
Les colonies du Centre
Le centre est occupé par les colonies de New York, New Jersey, Delaware et Pennsylvanie. Le climat est un peu plus doux et les terres sont excellentes. C'est là qu'on produit le plus de blé, de maïs et qu'on élève le plus de bétail et de porcs.
Les colonies du Sud
Au sud, il fait beaucoup plus chaud et la végétation est bien différente. Du Maryland à la Géorgie, il ne neige presque jamais. Les terres sont souvent sablonneuses ou marécageuses. Plusieurs arbres ne perdent jamais leurs feuilles. On peut y faire pousser des plantes qui ne peuvent pas arriver à maturité chez nous : le tabac de Trinidad, le riz et l'indigo. On est très loin des érables à sucre et des épinettes.
Votre dévoué serviteur,
Jacques Choquette
Dans les Treize colonies, le territoire est divisé en cantons. Les colons sont entièrement propriétaires de leurs terres. Ils n'ont pas à payer de rentes à un seigneur, car les seigneuries n'existent pas.
Dans les colonies du Nord, un groupe de colons établit un « township » ou canton. Les cantons sont presque carrés. Dans un canton, il y a environ 2000 fermes. Chaque colon possède une terre qui mesure environ 100 terrains de football. Un espace est réservé pour le village et les colons construisent ensemble une salle de réunion. Les habitants d'un même canton se rencontrent dans la salle de réunion, le « township hall », pour discuter des questions locales, comme les routes.
Si le canton est menacé d'attaques par les Autochtones, les gens construisent leurs maisons dans un village regroupé. Plus le canton est en sécurité, plus les gens vont construire leurs maisons éloignées les unes des autres.
Nous sommes 1 000 000.
Les colons anglais sont-ils 5 fois, 10 fois ou presque 20 fois plus nombreux que les colons français? Avec un million d'habitants, ils sont presque 20 fois plus nombreux que les 55 000 colons français. Dans la seule colonie du Massachussetts, il y a trois fois la population de toute la Nouvelle-France!
Comme en Nouvelle-France la majorité de la population habite la campagne mais il y a aussi de grandes villes, comme Philadelphie ou Boston.
Ces gens viennent d'un peu partout en Europe. La majorité est anglaise, mais il y a aussi des Hollandais, des écossais, des Allemands, des Français. Il ne faut pas oublier les milliers d'Africains amenés de force en Amérique pour servir d'esclaves. Dans les colonies du sud, un habitant sur cinq (un habitant sur deux en Caroline) est esclave.
L'augmentation rapide de la population s'explique par l'attrait économique de ces colonies. Les plus pauvres peuvent y trouver du travail ou une terre pour s'établir. Les plus riches peuvent s'y enrichir grâce au commerce ou en cultivant de grandes plantations. Les Treize Colonies sont aussi un refuge pour les groupes religieux qui ont fui leur pays d'origine pour échapper aux persécutions : Puritains et Quakers anglais, Mennonites et Maroviens allemands, et même des Protestants français.
L’anglais, langue commune
Les colons des Treize Colonies ne viennent pas seulement de l'Angleterre. On peut rencontrer des gens originaires d'Allemagne, des Pays-Bas, de Suède, d'Irlande, d'Écosse et de la côte ouest de l'Afrique. Les Hollandais de New York et les Allemands de Pennsylvanie conservent leur langue pendant quelques générations, mais s'assimileront quand même à la majorité anglaise.
Quant aux esclaves noirs, ils apprennent l'anglais dans le nord, mais les grands propriétaires du sud veulent limiter leur éducation. Ces esclaves n'apprennent donc pas complètement la langue anglaise, seulement les quelques mots nécessaires pour communiquer avec leurs maître
Les colons anglais forment toujours la majorité et dominent la société, l'économie et la politique. La langue anglaise est devenue la langue commune de la population.
Le protestantisme
Les colons venus d'Europe pour s'installer en Amérique sont tous chrétiens. Cependant, ils ne pratiquent pas tous la religion chrétienne de la même manière.
En Nouvelle-France, la plupart des gens pratiquent la religion selon les rites de l'Église catholique romaine. On dit qu'ils sont catholiques.
Dans les Treize Colonies, il y a une très grande variété de pratiques religieuses. Tout en étant chrétiens, ces colons n'acceptent pas les règles de l'Église catholique romaine ni l’autorité du Pape. On dit qu'ils sont protestants. Cette croyance se reflète de différentes façons dans la pratique de leur religion. Par exemple, chaque personne a un lien direct avec Dieu, sans passer par l’Église. Les protestants se réfèrent aussi directement à la Bible sans que le prêtre leur dise comment l’interpréter. Il y a aussi plusieurs détails différents comme le fait que les pasteurs peuvent se marier, chose interdite chez les catholiques.
Il existe plusieurs groupes différents de protestants. Les anglicans sont plus nombreux dans le sud. C'est aussi la religion principale en Angleterre. Dans le nord, ce sont les puritains, ou congrégationalistes, qui sont plus importants. Au centre, la Pennsylvanie a été fondée par des membres de la Société des Amis. Ce sont des pacifistes qu'on surnomme quakers. Les immigrants allemands qui les rejoignent amènent avec eux une autre pratique, le luthéranisme. De leur côté, les colons hollandais de New York sont calvinistes.
Dans les Treize Colonies, il y a quelques catholiques au Maryland, mais ils sont peu nombreux. La diversité religieuse domine et deviendra encore plus grande avec le développement des méthodistes et des baptistes. Cette variété de religions est très différente de la situation en Nouvelle-France ou presque tous les habitants pratiquent la même religion : le catholicisme.
Les Treize Colonies ont un site géographique idéal pour le commerce grâce à de nombreux ports ouverts à l'année sur la côte atlantique.
Tout comme la France, l'Angleterre met l'accent sur le mercantilisme, c'est-à-dire que les colonies produisent des matières premières qui sont vendues à la métropole. Celle-ci envoie des produits finis dans les colonies. Les Treize Colonies, surtout celles du nord et du centre, développent une grande autonomie en matière de commerce.
Les ports importants des Treize Colonies sont Boston, New York et Philadelphie. À partir de leur expertise dans les pêches, les marchands de Boston exportent du blé, du bois, des navires et sont impliqués dans de grands circuits commerciaux triangulaires. En approvisionnant les Antilles, ils obtiennent du sucre qui est expédié en Angleterre en échange de divers produits vendus en Afrique où ils achètent des esclaves qui seront vendus dans les Antilles et dans les colonies du Sud.
Philadelphie, alors la plus grande ville des Treize Colonies, exporte une variété de produits : porc, boeuf, poisson, divers grains et de la farine. La moitié de la farine exportée des Treize Colonies passe par Philadelphie. Le commerce est tellement développé dans les Treize Colonies qu'elles vendent plus qu'elles n'achètent. De son côté, la Nouvelle-France achète presque toujours plus qu'elle ne vend.
Les colonies du nord et du centre connaissent rapidement un développement des industries. Grâce à la croissance de la population et des liens commerciaux très développés, les industries suffisent à peine à fournir à la demande.
Certaines industries sont reliées à l'exploitation d'une ressource naturelle. En Nouvelle-Angleterre, la pêche et la chasse à la baleine ont permis le développement de la construction navale. Cette activité amène aussi le développement de l'industrie du bois et de la fabrication de cordages et de goudron.
La production de fer est très importante dans les colonies, surtout au Massachusetts et en Pennsylvanie. Les colonies ont alors autant de haut-fourneaux et de forges que la mère-patrie, laquelle est à la veille de se lancer dans la Révolution industrielle.
Un peu partout, on fabrique de l'alcool dans des brasseries et des distilleries. Les premières utilisent le houblon et l'orge, des produits agricoles locaux. Les secondes fabriquent du whisky à partir du blé ou produisent du rhum à partir de mélasse importée des Antilles.
Les moulins sont encore plus courants que les brasseries et les distilleries. Ces moulins servent à transformer les produits locaux : le bois en planches et le blé en farine. Répartis à travers la campagne, ils sont au cœur des villages qui se développent dans les colonies.
Lorsque le médecin Alexander Hamilton a visité Philadelphie pour la première fois en 1744, il a été surpris d'y voir deux mondes très différents. Philadelphie se développe alors rapidement, car c'est le port le plus important pour exporter les produits agricoles.
Hamilton est familier avec le monde des marchands et des professionnels de son rang. Les Quakers, membres d'une confession religieuse pacifiste, dominent la colonie depuis sa fondation. Malgré cette richesse, ils mènent une vie très simple, ce qui fait de Philadelphie une ville avec peu de divertissements.
L'autre monde de cette ville est composée d'une variété d'immigrants de langues diverses, dont un grand nombre d'Allemands, qui se sont installés dans la colonie. Selon Hamilton, cette « racaille » est ignorante et est incapable de s'exprimer correctement en anglais.
Un fossé commence à se creuser dans les villes des Treize colonies. Dans les maisons les plus riches, on retrouve de la vaisselle fine importée d'Angleterre, des chaises, des couteaux et des fourchettes. Quelques décennies plus tôt, la vaisselle était faite de terre cuite, les gens utilisaient des bancs et n'avaient que des cuillères.
S'il y a peu de pauvreté dans les campagnes, la vie en ville peut être très difficile. Le revenu annuel d'un journalier est insuffisant pour faire vivre une famille. Pendant les bonnes années, les autres membres de la famille doivent aussi travailler. Un accident ou une maladie peut réduire la famille à mendier dans les rues. Si le père est en bonne santé, la pauvreté urbaine est une étape avant d'obtenir une terre à la campagne, symbole d'indépendance. Les femmes chargées de plusieurs enfants peuvent toutefois difficilement échapper à la pauvreté. Le docteur Hamilton a vu peu de femmes Quaker en public, mais il a croisé les blanchisseuses, domestiques et vendeuses qui parcourent les rues de la ville.
Le propriétaire de la plantation est le maître incontesté de son domaine. Sa famille habite dans une belle grande maison. Les maisons des maîtres sont blanchies pour qu'elles soient moins chaudes. Les esclaves habitent à l'écart dans de petites huttes.
Chaque plantation vise à être autosuffisante, c'est-à-dire de produire tout ce qu'il lui faut pour répondre à ses besoins. Environ 10 à 20% des esclaves ont donc des tâches particulières : forgeron, charpentier, cordonnier, domestique, sage-femme. Le reste des esclaves travaillent aux champs.
La présence d'un grand nombre d'Africains influence la vie sur les plantations. Le climat chaud et humide de la Virginie, de la Caroline et de la Géorgie ressemble à celui de l'Afrique de l'Ouest. Comme en Afrique, les gens travaillent tôt le matin et tard le soir, mais se reposent pendant la mi-journée. Alors que les Puritains du Nord condamnent les loisirs et le repos, les habitants du Sud apprennent un mode de vie plus lent.
Soumis aux volontés de leurs maîtres, les esclaves tentent de conserver une certaine autonomie. Les familles peuvent être séparées suite à la vente d'un des parents. La famille étendue devient donc très importante pour s'occuper des enfants. Au moins, une fois le travail pour le maître terminé, les esclaves peuvent cultiver leur propre jardin, élever des poules, chasser et pêcher. Ils peuvent ainsi compléter le menu habituel de maïs et de porc salé. Quelques rares individus arrivent même à accumuler assez d'argent pour acheter leur liberté, cette liberté à laquelle ils rêvent toujours...
En 1745, un système postal joint les colons du Massachusetts à ceux de la Virginie. Ce système est sous contrôle royal depuis 1711. Il permet d'envoyer une lettre de Boston à Philadelphie en six jours. Les courriers à cheval se relaient d'une ville à l'autre. En Nouvelle-France, le gouvernement possède un système de courrier entre Québec et Montréal, mais il n'y a pas de système postal pour la population.
Dans les Treize colonies, il y a un meilleur système d'éducation qu'en Nouvelle-France. Il y a une plus grande population et un grand nombre de gens bien éduqués. Le système postal leur permet de communiquer entre eux et de discuter de questions commerciales et politiques. Avec la création d'un système postal intercolonial, les dirigeants des différentes colonies développent graduellement des intérêts communs.
Les colons anglais n'ont pas besoin d'attendre que le fleuve et le golfe Saint-Laurent soit libres de glaces pour lancer leurs bateaux. Situées sur l'Océan Atlantique, les Treize colonies sont accessibles à l'année aux navires. Les grands ports coloniaux, Boston, New York, Philadelphie et Charleston, sont près de la mer. Ces ports ont aussi l'avantage d'être près des grands courants maritimes, ce qui accélère les communications avec l'Europe. Dans le cas de Boston, le port a aussi un accès facile aux grands bancs de morues situés au large de Terre-Neuve.
L'importance du transport par bateau stimule la construction navale et la création d'une marine marchande qui sillonne l'océan entre les Treize colonies, les Antilles, l'Afrique, l'Angleterre et l'Écosse, Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse.
Le transport par bateau n'est pas limité aux océans. Les navires transportent facilement des marchandises entre les colonies. Quelques baies profondes (Delaware) et quelques rivières (Hudson) permettent aussi de pénétrer à l'intérieur des terres par bateau. La première permet de se rendre à Philadelphie alors que la seconde mène de New York à Albany.
Sur la terre ferme, les cantons créent un quadrillage sur le territoire au lieu des étroits rectangles qui se succèdent en Nouvelle-France. Dans cette Nouvelle-France, on retrouve un long chemin principal avec des embranchements. Dans les Treize colonies, il y a un réseau très dense de chemins qui relient ensemble les cantons et les villes. Ce quadrillé facilite le transport par charrette. Les cultivateurs peuvent donc facilement vendre leurs produits dans les villages, les villes et les grands ports de mer.
Des militaires de plus grand nombre
Grâce à une population nombreuse et une économie florissante, les Treize Colonies ont une puissance militaire potentielle plus grande que celle de la Nouvelle-France. Chaque colonie peut fournir plus de miliciens que les 10 000 hommes de la Nouvelle-France.
Toutefois pendant longtemps, les divisions entre les colonies et le peu d'appui de la part de l'Angleterre les ont laissés vulnérables face aux Français et à leurs alliés. Ajoutons à cela que la Nouvelle-France peut se défendre grâce à une meilleure connaissance des combats en forêt et surtout grâce à ses alliances avec les Amérindiens.
Les colonies montrent leur puissance en 1744. Le gouverneur du Massachusetts a pu envoyer une expédition contre la forteresse française de Louisbourg, sur l'île Royale (île du Cap-Breton). 4 000 miliciens, quinze navires du Massachusetts et onze navires anglais attaquent la ville. Après un siège de sept semaines, les Français se rendent. La plus grande forteresse française en Amérique est capturée par des miliciens coloniaux!
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