Prévention de l'exploitation sexuelle

L'éducation à la sexualité permet de développer le jugement critique des jeunes afin de les habiliter à faire des choix favorables pour leur santé et leur sécurité. En prévention de l'exploitation sexuelle, le rôle du parent doit être bienveillant et accueillant par rapport aux erreurs de leur jeune qui doivent se sentir à l'aise de se confier à leurs parents. Garder un lien de communication avec son enfant, faire preuve d'ouverture, permet de les aider et peut-être même d'arrêter le plus tôt possible des situations dans lesquelles ils pourraient se faire prendre. Certains jeunes ont peur des réprimandes de leurs parents, de se faire confisquer leur cellulaire, alors que les conséquences peuvent être plus grandes d'envoyer des photos compromettantes ou de se faire prendre dans un réseau de prostitution. Avec l'accès facile à Internet, il ne faut pas laisser une situation à risque s'amplifier car les conséquences peuvent arriver rapidement. Les jeunes doivent savoir qu'ils peuvent se confier à un adulte de confiance. Parfois il y a plus de conséquences à laisser aller une erreur qu'on fait sur Internet que d'en parler à ses parents.

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L'EXPLOITATION SEXUELLE DES JEUNES FILLES TOUCHE TOUTES LES CLASSES SOCIALES

Dernière mise à jour: 8 mai 2018
Par Corinne Germain, conseillère pédagogique, responsable du déploiement des apprentissages obligatoires en éducation à la sexualité et de la prévention en matière d'exploitation sexuelle - Révision linguistique : Isabelle Bienvenu, enseignante de français, École secondaire De Rochebelle

Dans l'imaginaire collectif, empreint de préjugés et de stéréotypes, on pourrait croire à tort que la prostitution juvénile touche uniquement les jeunes filles des milieux défavorisés. En réalité, tous les milieux sociaux sont de plus en plus touchés par l'exploitation sexuelle depuis l'arrivée de Facebook, Instagram, Snapchat et j'en passe.

Le terme "exploitation sexuelle" est de plus en plus utilisé à la place de "prostitution juvénile" puisque les jeunes filles sont généralement victimes de proxénètes qui les manipulent. L'enjeu est d'autant plus d'actualité avec la venue du G7 dans Charlevoix l'été prochain et le Grand Prix de Montréal puisqu'il y aura une hausse du recrutement, comme pour chaque événement d'envergure. Raison de plus pour mieux comprendre le phénomène, s'informer et faire appel à la vigilance de la population.

D'abord, il faut prendre conscience que l'exploitation sexuelle des jeunes filles, c'est près de nous: dans nos écoles, aux centres commerciaux ou dans une chambre d'hôtel pas très loin de chez nous. À ce sujet, il y a eu le reportage à Télé-Québec Ma fille n'est pas à vendre (voir le lien ci-dessous). Comme la majorité des gens se sent peu concernée, à moins de devoir intervenir dans une situation ou d'être témoin de près ou de loin d'une problématique, nous ne sommes pas très à l'affut. Et pourtant, plusieurs intervenants sont déployés sur le terrain et doivent intervenir quotidiennement auprès des adolescentes. Les services sociaux, les centres jeunesse, les commissions scolaires, les services de police et plusieurs organismes qui viennent en aide aux jeunes filles se mobilisent dans les villes et à travers le pays afin de maintenir leur expertise à jour, rester en communication pour connaître, entre autres, les déplacements des filles et les phénomènes émergents. L'objectif est d'agir en amont.

Certains indices peuvent aider les parents, l'entourage et les intervenants en milieu scolaire à reconnaître une situation problématique. La Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle a créé le document S'outiller pour mieux comprendre: Guide d'information destiné aux proches des victimes d'exploitation sexuelle (voir le lien ci-dessous) où sont présentés des signes observables de comportements qui peuvent potentiellement être associés à des victimes d'exploitation sexuelle, mais pas nécessairement dans tous les cas, d'où l'importance de se garder une réserve et d'agir avec délicatesse.

D'ailleurs, la série "Fugueuse" à TVA (voir les liens ci-dessous) est vraiment réaliste en lien avec le processus de recrutement des jeunes filles par les proxénètes. Cette série met en lumière certains indices pour rester à l'affut et permet d'informer les parents, les ados, les intervenants, etc. afin de briser le tabou et le silence. Mais il faut savoir aussi que la majorité du recrutement qui se fait maintenant c'est par les réseaux sociaux. Il n'a jamais été aussi facile d'entrer dans nos foyers et de profiter de la vulnérabilité d'adolescentes en conflit avec leurs parents ou en recherche de réconfort pour améliorer leur estime d'elles-mêmes. L'arrivée du prince charmant avec qui tout semble possible, les cadeaux très chers qui s'ensuivent, c'est très attrayant, délivrant.

En effet, les photos parfois très suggestives mises en ligne dans les réseaux sont très invitantes et rendent la tâche facile aux proxénètes pour cibler les jeunes filles et les inviter à un party "VIP" dans un penthouse où l'alcool est fourni, à des auditions pour être mannequin, à jouer dans un vidéoclip, etc. : tout pour que les jeunes filles se sentent privilégiées. C'est alors qu'elles rencontreront des jeunes hommes charmants, un peu plus vieux, avec beaucoup d'argent pour les gâter, mais surtout qui les feront sentir si merveilleuses et importantes. (C'est la métaphore moderne du conte de fée de Cendrillon).

Autre fait surprenant, c'est que parfois les jeunes filles invitent leur nouvel amoureux chez elles et celui-ci est accueilli par la famille à souper, sans l'ombre d'un doute. Les proxénètes maîtrisent généralement si bien l'art de manipuler et de charmer qu'ils peuvent aisément berner les parents aussi. Un proxénète peut ainsi exploiter plusieurs jeunes filles en même temps, alors que pour chacune il est le seul et unique amoureux.

Le stratagème amène la jeune fille à faire peu à peu une coupure avec sa famille, au fur et à mesure que le proxénète a de l'emprise (surtout s'il y a des conflits familiaux et une autorité trop contrôlante à la maison puisque la jeune fille a besoin de se sentir comprise, libre et accueillie). L'intrusion dans l'illégalité est sournoise, à travers des petits crimes et des secrets. Le sentiment d'appartenance au gang de son amoureux s'intensifie, comme une nouvelle famille qui devient l'endroit paradoxalement sécurisant et accueillant.

L'industrie du sexe est présentée comme banale, partie prenante. La désensibilisation au sexe passe généralement par des relations sexuelles entre les membres du gang. La perception est telle qu'ils ont tissé des liens si serrés qu'ils se prêtent aussi leurs femmes! Par la suite, tant qu'à y être, la jeune fille est incitée à faire du sexe pour gagner de l'argent et avoir un réel pouvoir de s'acheter ce qu'elle veut, mais surtout pour rembourser ce qu'elle doit (puisque les cadeaux ne sont plus gratuits et parfois la dépendance à la drogue coûte très cher!). Bref, elle devient une femme-objet pour rapporter de l'argent à son proxénète de qui elle est amoureuse, ce qui rend difficile la dénonciation et même tout processus judiciaire lorsque la jeune fille sort du réseau.

C'est pourquoi certains organismes tentent actuellement de faire approuver une loi fédérale où il serait permis d'arrêter un présumé proxénète incapable de justifier son rythme de vie (penthouse, belle voiture, restaurants chics, vêtements de marques, bijoux, etc.) avec la profession et le salaire déclaré officiellement à l'impôt. L'objectif serait d'enlever le fardeau de la preuve à la victime.

De nos jours, la technologie dépasse les connaissances de plusieurs adultes et il n'y a pas encore de normes sociales établies, de balises claires, pour encadrer les jeunes puisque ça change trop vite.

Bien entendu, les adolescents en profitent comme nous l'aurions probablement fait à leur âge. Toutefois, en tant qu'adultes, intervenants ou parents, il faut être vigilants face aux jeunes qui ont accès aussi facilement à ce qu'il y a de mieux et à ce qu'il y a de pire sur Internet. Donner un téléphone cellulaire à un mineur, c'est un grand privilège et une liberté sociale qui obligent à prendre ses responsabilités comme adolescents, mais surtout comme parents responsables d'un adolescent qui n'a pas une pleine conscience du danger.

Les consignes doivent être claires: le téléphone n'est pas le journal intime privé de l'adolescent! Il faut l'informer de ce qui est acceptable ou non de faire derrière son écran et que tout ce qui est publié en ligne peut avoir un impact important dans la vie d'une personne et des gens qu'elle aime. Il faut être conscient que ce qui s'affiche sur Internet (dans les réseaux ou les messages privés), c'est comme l'afficher sur le babillard de l'école ou au centre commercial. Les jeunes doivent aussi considérer les conséquences possibles sur leur famille ou leur futur emploi, car les écrits et les photos envoyés par textos ça reste! Des captures d'écrans peuvent être transférées quand il y a des amitiés brisées ou des ruptures amoureuses. Elles peuvent aussi être utilisées pour faire du chantage. Effectivement, trop de jeunes subissent des conséquences pour des gestes qui semblaient sans grande importance ou pour le fun. Par exemple, transférer une photo intime d'une personne mineure à ses amis, c'est faire de la distribution de matériel de pornographie juvénile et c'est un crime. Malheureusement, la plupart des adolescents n'en sont pas conscients.

C'est pourquoi il faut conscientiser les adolescents qui ont accès de plus en plus jeune aux téléphones cellulaires, car certaines conséquences peuvent être graves. Bien qu'il y ait de la sensibilisation à l'école, les parents ont la plus grande part de responsabilité: ils doivent s'intéresser à ce que font leurs enfants avec leur téléphone et dans les réseaux sociaux. Un encadrement parental assidu est nécessaire lorsque l'enfant est autorisé à avoir son propre appareil intelligent (même s'il l'achète avec son argent!). Quelques conseils.

Pour mieux comprendre

GuideMieuxComprendreExploitationSexuelle-FINAL.pdf

Whatsapp, Tinder, Facebook, Instagram, Snapchat, Airbnb...: rares sont les applications, réseaux sociaux ou messageries instantanées à ne pas avoir été "détournées de leur destination à des fins de prostitution", constate l'étude, qui a passé 35 pays à la loupe.

Websérie Les faces cachées de la prostitution

Pour visionner les capsules, cliquer ici.

Table régionale de prévention de l'exploitation sexuelle

dépliant Table régionale.pdf

Voici les pivots qui sont formés en prévention de l'exploitation sexuelle dans chaque école secondaire du Centre de services scolaire des Découvreurs *

  • École secondaire De Rochebelle : Geneviève Lampron, intervenante en prévention des dépendances

  • Polyvalente de L'Ancienne-Lorette : Véronique Noreau, psychologue

  • École des Pionniers : Geneviève Lampron, intervenante en prévention des dépendances

  • Collège des Compagnons : Christian-René Leduc, Psychoéducateur et Renée Fiset, psychologue

  • Phénix: Michel Rousseau - secteur jeune et Anita Meyerhans - secteur adulte

  • Coordonnatrice des pivots de la commission scolaire : Corinne Germain, conseillère pédagogique responsable du dossier de l'éducation à la sexualité

*Pour connaître les pivots des écoles secondaires des autres centres de services scolaires de la région de la Capitale-Nationale, contactez les directions des écoles concernées.