ALIMENTATION

Indices et charges glycémiques

Indice glycémique et charge glycémique des principaux aliments.

La table est fournie à titre indicatif : on trouve toujours des variations d’une table à une autre. D’autre part, l’indice glycémique doit être mis en regard de la quantité de glucides pour 100 g.

Nous vous conseillons donc simplement de retenir la hiérarchie suivante (du plus fort au plus faible indice glycémique) :

  1. Aliments industriels, céréales raffinées

  2. Céréales complètes, fruits

  3. Légumineuses

  4. Légumes

Légende

  • Glu. Glucide(s) en g pour 100 g

  • IG Indice glycémique

  • CG Charge glycémique (= IG × Glu ÷ 100)

Indice glycémique élevé

Indice glycémique moyen

Indice glycémique faible

Denis RICHE explique Le régime dissocié scandinave, RDS, et les raisons pour lesquelles ce régime n'a pas duré.

LE REGIME DISSOCIE SCANDINAVE :

Ce mode d’alimentation caricaturale, mais très populaire au cœur des seventies, est né en Scandinavie au début des années 60. Il a été conçu dans l'idée d'accroître la capacité de stockage en glycogène des muscles. Rappelons que cette forme de mise en réserve des glucides (ou « sucres ») est relativement limitée, alors qu’elle permet de soutenir des efforts intenses. D’où l’intérêt potentiel qu’il y aurait à en accroître la disponibilité. Grâce à l’invention d’une nouvelle technique permettant le prélèvement de petits échantillons de tissus musculaires, Bergström et ses collègues suédois ont pu faire notablement avancer nos connaissances. Lors d'une expérience restée célèbre, il a demandé à des sujets peu entraînés d'effectuer une séance intense sur une bicyclette particulière, munie d'une seule pédale. Ce système permet d'épuiser les réserves de glycogène d'un seul côté, celui de la jambe gauche par exemple, la droite servant alors de "contrôle". A l'issue de ce premier test, les cobayes se reposaient trois jours aux cours desquels ils recevaient une alimentation particulièrement riche en glucides. Des biopsies étaient ensuite effectuées à droite et à gauche qui montraient un taux de glycogène dans la jambe gauche presque deux fois supérieur au taux normal de la jambe droite. Ils en déduisirent que la combinaison d'un effort épuisant et d'un régime riche en glucides permettait l'élévation des capacités de stockage. Ces chercheurs en déduisirent alors, peut-être de manière abusive, que les performances s’en trouveraient améliorées… comme si, chez le sportif, seuls les muscles et les réserves d’énergie décidaient des résultats en compétition ! Aujourd'hui encore, beaucoup d'athlètes observent ce principe en se livrant à un effort épuisant trois jours avant la date fatidique de la compétition.

La suite se complique un petit peu. En effet, les chercheurs scandinaves imaginèrent des protocoles de plus en plus complexes avec la combinaison d'efforts et de régimes parfaitement artificiels qui consistaient à exclure tantôt les graisses, tantôt les sucres. Ils aboutirent ainsi à ce qui fut appelé le Régime Dissocié Scandinave (RDS) tel qu'il fut appliqué par Ron Hill à l'occasion des Championnats d'Europe de marathon à Athènes en 1969. Celui-ci se décline en trois phases:

1/ sept jours avant l'épreuve, on épuise littéralement l'organisme avec un exercice long et intense (*)

2/ Ensuite, pendant trois jours, on adopte un régime pauvre en glucides (- de 10% de la ration énergétique) et on compense par une alimentation très grasse.

3/ Enfin, les trois derniers jours, on passe soudainement à des rations hyperglucidiques (+ de 70% de la ration énergétique), soit 10 grammes de glucides environ par kilo et par jour.

Selon les auteurs, l'association effort-carence-abondance devait élever les réserves musculaires en glycogène au-delà de leurs niveaux habituels. De fait, on obtint des résultats étonnants en laboratoire.

Sur le terrain, en revanche, la méthode a toujours rencontré un certain nombre de critiques. Il s'agit d'un régime, au sens le plus strict et le plus contraignant du terme: une arme à double tranchant. Celui qui l'impose espère un impact mental sur les sportifs. Mais celui qui le subit peut très bien le ressentir comme une contrariété, voire même une punition.

"La motivation est un point essentiel", expliquait le marathonien Jean Michel Charbonnel, un adepte de la première heure (**). "Car ce régime est difficile à suivre. Il présente un effet anxiogène qui implique une forte volonté". Malgré quelques exemples largement médiatisés, il est faux de croire que, dès le début, le RDS a rallié de manière unanime les spécialistes. Parmi ses détracteurs figurait, à l’époque, le Pr Creff, que j’ai eu la chance de côtoyer dans son service en 1984. « Je suis défavorable à ce régime, exprimait-il, car je suis convaincu qu’appliqué à l’échelle de la population il ne contribuerait pas à une amélioration de l’état de santé des Français », discours certes décalé des préoccupations de performance de ceux qui en faisaient l’apologie, mais finalement extrêmement précurseur, aujourd’hui, à la lumière des problèmes dramatiques rencontrés par le sport de haut niveau, qu’il s’agisse de cyclisme ou pire encore d’athlétisme.

Au fil des années, les positions se sont radicalisées. Ceux qui attaquaient le régime soulignaient son caractère artificiel et potentiellement néfaste sur le plan digestif. On contestait aussi l'idée de soumettre les organismes à un effort épuisant sept jours avant l'épreuve. Le problème, c'est que les travaux initiaux de Saltin & Hermansen qui avaient permis de démontrer qu'un épuisement préalable des réserves était indispensable au phénomène de surcompensation, ne tenaient pas compte du niveau d'entraînement des sujets testés. Or, c'est un point crucial! Lors d'autres expériences, il est apparu en effet que les mécanismes de régulation glycogénique ne répondent pas exactement de la même manière selon qu'il s'agit d'individus sportifs ou de sédentaires.

Dans le courant des années 80, des travaux faisant appel à des marathoniens entraînés (85 km/semaine en moyenne) ont montré qu'avec trois jours d'entraînement modéré puis trois jours de repos associés à un régime riche en glucides, les réserves atteignaient un niveau similaire à celui obtenu après un régime dissocié scandinave. Ainsi, contrairement aux pionniers des années 60, on ne demande plus aujourd'hui à un marathonien de s'imposer, à quelques jours de l'objectif, une séance aussi risquée. Il sera tout aussi efficace de lever le pied lors de la dernière semaine et d'augmenter leurs apports en glucides. Cela suffira largement pour saturer en douceur ses réserves de « super ».

Une variante du « RDS » existait sous la forme du régime de Haas, très populaire dans les années 80- 90. Il consistait tout simplement à appliquer 365 jours par an une ration hyperglucidique, restreinte en graisses (au point de jeter les jaunes d’œufs et de consommer une seule cuillerée à café d’huile par jour dans sa forme la plus sévère). Il garantissait une amélioration des résultats qui effectivement, à court terme, s’observait bel et bien. Mais, dans la durée, des conséquences défavorables s’ensuivaient.. Appliqué de manière chronique, cette forme de « RDS » a révélé et confirmé les inconvénients d’une ration largement déséquilibrée. Comme le souligne Barry Sears dans son ouvrage « The Zone », le premier à oser mentionner à nouveau les bienfaits de certains lipides, on a découvert, par ces inconvénients, que l’excès de glucides, même sous forme de sucres « lents », peut poser autant de problèmes, sinon plus, que les rations renfermant trop de gras. Finalement, ce régime a fait long feu

La phase hyperlipidique allait ensuite être remise en question. Dans leurs travaux originels, les auteurs scandinaves indiquaient que celle-ci devait impérativement faire suite à l'effort épuisant et précéder le régime hyperglucidique. Ils recommandaient alors un régime sans sucres ni féculents, similaire à celui d'Atkins qui connut un immense succès dans les années 60 et 70 avant d'être décrié par la suite, notamment en raison des risques élevés de maladies cardio‑vasculaires. Pour les athlètes naturellement portés sur les pâtes en temps normal, ces trois jours gras étaient évidemment difficiles à vivre. Aujourd'hui, on est unanimement convaincu que c’est une phase inutile et dangereuse. Le scientifique américain Roberts, qui avait déjà souligné l'inutilité de l'effort préalable épuisant, s'est attaqué cette fois-ci à la partie lipidique du régime. Il démontra ainsi que la saturation des réserves de glycogène s'observait aussi bien lorsque l'apport glucidique des trois premiers jours était proche de 3 grammes par kilo et par jour -soit près de 200 grammes pour un sujet de 70 kilos- que pour les 30 grammes prévus initialement. Exit l'effort épuisant, exit la phase hyperlipidique: décidément, il ne restait plus grand chose du Régime Dissocié Scandinave, sinon la phase hyperglucidique à laquelle beaucoup de spécialistes restent attachés aujourd'hui.

Pourtant, là aussi, il y aurait à redire. Et d'abord que cette recommandation ne convient pas aux sédentaires. Acheson a démontré ainsi que la réalisation du "RDS" par des non-sportifs ne s'accompagnait d'aucune augmentation du niveau de réserve en glycogène. Chez eux, le gavage aux pâtes aboutit seulement à leur faire prendre du gras. Même chez les sportifs, on s'aperçoit que les choses sont plus complexes que ce que l'on avait imaginé de prime abord. En fait, cette mise en réserve du glycogène ne se déroule jamais de manière parfaitement linéaire mais obéit aux processus dits des fenêtres métaboliques. Au bout du compte, la seule chose véritablement importante consiste à rapprocher la prise d'aliments de la fin de l'effort et à consommer suffisamment de glucides pour faire le plein des réservoirs en vue du grand voyage.

Plus fort encore, certains auteurs mettent désormais en doute cette sacro-sainte phase hyperglucidique avant l'effort et recommandent de conserver en toute occasion une alimentation normale constituée à 60% de glucides. A partir de là, on comprend que la seule chose dont doit se préoccuper l'athlète sera d'éviter les problèmes digestifs en mangeant de la façon la plus saine et la plus équilibrée possible. Ce discours est relativement neuf en matière de nutrition sportive. Jusqu'au début de l'année dernière, on conseillait encore de démarrer le régime hyperglucidique le mercredi soir et de le poursuivre durant trois jours, en mettant en exergue l'extrême importance des premières 24 heures.

Aujourd'hui, on s'aperçoit qu’au-delà de ces premières 24 heures, les hypothétiques bienfaits de cette recommandation ne contrebalançaient pas forcément ses désagréments. Car on court un danger à trop modifier ses habitudes alimentaires (diarrhée, constipation). Les sucres dans l'intestin risquent d'autant plus de fermenter qu'on se trouve dans un grand état de nervosité avant une échéance aussi importante. Quant à la réduction des apports lipidiques, elle ne paraît pas non plus tellement indiquée, surtout lorsqu'elle touche les acides gras essentiels qui, parmi leurs multiples fonctions, assurent le contrôle de la glycémie, garantissent la solidité des membranes cellulaires et servent à la production de toute une série de composés qui interviennent dans les fonctions organiques: circulation, inflammation, etc. Pour toutes ces bonnes raisons, la phase "hyperglucidique" est elle aussi en train de passer à la trappe au profit d’une ration « riche en glucides » sans que, curieusement, cela ne se traduise par une détérioration des performances. Bref, après 40 ans de débat, un consensus émerge lentement parmi les scientifiques pour déconseiller ces manipulations de l'alimentation. L'exécution d'un effort exténuant quelques jours avant l'épreuve ne se justifie pas. Le régime hyperlipidique non plus. Reste la phase hyperglucidique que certains proposent d'observer (en version adoucie) quitte à la décaler légèrement dans le temps pour qu'elle se termine trois jours avant l'objectif.