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DEMEDICALISER L' ACCOUCHEMENT

textes issus du site http://accoucherautrement.free.fr/demedicalisation.htm

En France, l'accouchement eutocique est trop souvent pris en charge comme s'il s'agissait d'un accouchement pathologique. Le "pack" classique à votre arrivée à la maternité comprend :

- pose d'une perfusion

- monitoring foetal

- injection d'ocytocine

- pose d'une péridurale- rupture artificielle de la poche des eaux

- gestion active du travail

- épisiotomie

- délivrance artificielle

Des pratiques courantes auxquelles peuvent se rajouter : déclenchement artificiel du travail, extraction instrumentale, révision utérine etc. Alors que la plupart de ces pratiques devraient être limitées dans leur usage à des indications particulières et aux accouchements pathologiques, elles restent la norme en france.

En fait, il y a une grande différence en France entre les connaissances actuelles en obstétrique et la réalité sur le terrain (c'est à dire les pratiques dans les hôpitaux). Les maternités françaises sont à la pointe point de vue médicalisation de l'accouchement, mais c'est justement là que le bât blesse... alors que l'OMS ou des congrès de gynécologie obstétrique soulignent l'inutilité de certains actes pratiqués de routine, les accouchements en France continuent à être hyper médicalisés en application de protocoles hospitaliers parfois rigides...

Les données périnatales en France indiquent :

- une progression du nombre d'échographies : 53.9% des femmes ayant accouché en 1998 ont subi plus de 3 échographies contre 48.5% en 1995

- une augmentation des hospitalisations prénatales : 21.6%

- une augmentation de la taille des structures d'accueil : volonté nationale de fermer les petites structures jugées moins sûres

- une hausse de la participation aux cours de préparation prénatale

- une médicalisation accrue de l'accouchement : plus de césariennes, plus de péridurales, plus d'épisiotomies.

Mais aussi une augmentation de la prématurité et de la proportion d'enfants de poids inférieur à 2.5 kg, en 1998 2 fois plus de mères restent hospitalisées plus de 24h en service de réanimation ou de soins intensifs par rapport à 1995(0.6% des femmes) etc...

Les statistiques périnatales nous placent dans la moyenne européenne en terme de décès infantiles et en queue de peloton en terme de décès maternels :

Source : Peristat OCDE 2003

Statistiques détaillées pour la France des décès périnataux et infantiles :

Décès entre le 7è mois de grossesse et le 6è jour de vie : 6.5 pour 1000

Décès avant l'âge de 1 mois : 3 pour 1000

Décès avant l'âge de 1 an : 4.8 pour 1000

Handicaps sévère liés à une cause obstétricale : 1.1 pour 1000

Source : Peristat OCDE 2003

Depuis 1993 le taux de mortalité maternelle varie quant à lui de 9 à 13 pour 100 000, ce qui veut dire que chaque année 75 à 80 femmes décèdent des suites de la grossesse. Le rapport du Comité National d'Experts sur la mortalité maternelle a estimé que 50% de ces décès étaient évitables ...

NB : l'INSERM estime ces statistiques largement sous évaluées, en analysant 68 dossiers de morts maternelles, l'INSERM s'est rendu compte que seuls 41 avaient été comptabilisés par l'INSEE : selon eux, le véritable taux de mortalité maternelle serait de 18 pour 100 000.

On observe donc deux phénomènes apparemment contradictoires : un "meilleur" suivi de la grossesse accompagné d'une forte médicalisation de l'accouchement d'une part (le nombre d'interventions obstétricales a doublé entre 1979 et 1995), et de mauvaises statistiques périnatales d'autre part.

Hyper médicalisation de l'accouchement ne rime donc pas nécessairement avec sécurité.

La plupart des spécialistes s'accordent même à dire que moins on intervient dans un accouchement normal, moins il y a de complications... inutile donc de considérer systématiquement la grossesse comme une pathologie et l'accouchement comme une situation à risque. D'autant que 90 à 95% des accouchements ne présentent pas de risque particulier.

Le décalage entre les recommandations de l'OMS et les statistiques françaises devrait d'ailleurs nous inviter à réfléchir sur les actes médicaux pratiqués habituellement dans les maternités françaises et à démédicaliser partiellement l'accouchement.

Il ne s'agit pas de rejeter en bloc tous les actes médicaux habituels mais de discerner entre pratique de routine (sans indications thérapeutique) et pratique éclairée de ces actes.

Le point sur certaines de ces pratiques :

A noter également que le respect de la physiologie de l'accouchement, apporte de nombreux bénéfices à l'enfant et à la mère :

- de meilleurs scores APGAR

- de meilleures performances neurologiques durant le premier mois de vie

- un sentiment de confiance : des bébés qui pleurent moins et une maman moins angoissée

- un taux d'allaitement plus élevé et un allaitement plus long

- une moindre consommation médicale pendant la première année de vie

A lire :

Le mythe de la sécurité de l'accouchement à l'hôpital par Jack Doubleday

Enquête nationale périnatale (2003)

Enquête nationale périnatale (1998)

La maternité sous influence médicale

Naître aujourd'hui : les dérapages (septembre 2001) par Bénédicte Fiquet

Accouchement physiologique : paradoxes, recherches et conclusions provisoires par Blandine Poitel (document PDF)

L'accouchement inopiné : un texte destiné aux secouristes afin de les guider dans la conduite à tenir en cas d'accouchement inopiné ... qui affirme qu'il faut intervenir le moins possible ... et qui prouve le contraire !

Prise en charge des complications de la grossesse et de l'accouchement : Document PDF ou version html : les indications de l'OMS